It's a horrible birthday ~♫

La soirée n’avait pas encore commencée, que sa préparation avait été particulièrement houleuse. Louciane était à l’image d’un gosse boudeur. Lorsqu’il avait appris que Kaisa était invitée à l’anniversaire de ce sale môme, il avait clamé haut et fort que rien ni personne ne le ferait mettre un orteil à cet évènement. Quand bien même il était parfaitement contre que sa fille y aille. Seulement ça, il ne pouvait pas l’en empêcher. Cependant, c’était bien avant qu’il ne s’y trouve convié par Georges Seymour en personne, prétextant un pseudo soutien entre Veilleurs. Quel soutien pouvait-il apporter dans une soirée gargantuesque, digne du sale petit con prétentieux qu’était son fils cadet ? Aucun. Ce vieux bouc avait-il donc oublié qu’il le détestait, et que la chose était réciproque ? S’il prenait les Howard pour des chiens de garde, il allait vite lui remettre les points sur les i, puis lui faire comprendre que ce soir, la menace serait interne et non externe.
Le Howard n’avait aucune espèce d’envie de faire le moindre effort, de vêtement comme d’humeur. Le combat avait démarré là-dessus, lorsqu’il avait vu Kaisa dans la tenue qu’elle comptait porter ce soir.
- « Ton placard s’est fait attaqué par des mites ou quoi ? T’as plus rien à te mettre sur le dos que de la ficelle ? » Qu’il avait attaqué, sans gants ni préambule.
Ce à quoi elle avait trouvé une remarque bien sentie, concernant son jean quelque peu délavé et son t-shirt. Une tenue qu’il avait bien l’intention de porter sur place, afin de bien afficher son désintérêt profond pour l’événement. Ainsi que son manque d’envie d’être présent. Cependant, Kaisa n’était pas sa fille pour rien.
Tous deux c’étaient disputés pendant plus d’une heure, la jeune femme le travaillant au corps pour qu’il mette une chemise. Finissant par capituler, le Veilleur opta pour un jean noir, une chemise anthracite, puis une veste décontractée, tout aussi noire que son humeur. Enfilant les santiags offertes par sa sœur, il décida d’envoyer bouler la cravate, puis de déboutonner les deux premiers boutons. Il ne fallait pas exagérer. Et quand Kai lui fit remarquer qu’il pourrait éviter de donner l’air d’aller à un enterrement, en mettant sa chemise bleue, parce qu’il avait déjà la tête de l’emploi, il lui rétorqua que si elle souhaitait ressembler à une call-girl de luxe, il pouvait bien ressembler à croque mort. Ceci étant une remarque acerbe à peine volée, concernant certaine de ses fréquentations.
Sans doute n’aurait-il pas dû entamer sa soirée, de façon solitaire, au moment où elle regardait ailleurs, il aurait été certainement moins méchant avec elle. Peut être qu’elle le soupçonnerait de s’être octroyé un verre, ou peut être pas. Car son humeur était particulièrement massacrante depuis le début du mois. De toute manière, si elle lui posait la question, il nierait. Et puis il avait prit soin de brosser les dents sur le tard, pour que ça ne se sente pas.

Ils s’étaient disputé tellement fort, que les deux chiens n’avaient même pas osé se pointer pour faire mine de les empêcher de partir. Il fallait avouer que, le bruit particulièrement singulier du chargement de la chambre de son arme de poing, n’incitait pas à venir réclamer des caresses.
Le vieille Rover P6 3500s ronronna dans l’allée, tandis que la tension s’installa un peu plus entre les deux Howard. Une tension qui ne fut pas réellement dissipée par la question :
- « T’as pensée à prendre le cadeau ? »
Une question à laquelle Louciane répondit par un rire jaune, pas sincère pour deux sous. Il serrait déjà les fesses pour une facture de vétérinaire. Alors le seul cadeau qu’il pourrait être à même de lui offrir, était un flacon de mercure.

Une fois sur place, son visage ne s’était pas détendu d’une seule ride. Ou si, peut être une toute petite, en voyant Cassi dans une somptueuse robe de couturier, sortant du taxi. Il aurait put passer la prendre, cependant ils s’étaient assez disputé comme ça sur le moyen de transport. Louciane ayant refusé de prendre le taxi, pour une question économique, puis refusant la charité de la part de sa cadette. Esquissant un pâle sourire l’homme s’arrêta sur le pas de la porte, pour rentrer avec les femmes de sa vie.
La seule chose qui pouvait éventuellement le ravir, fut du constater qu’à cette heure-ci, il n’y avait pas encore foule. Entrer dans le lieu, pour lequel il ne s’attarda pas du tout sur le décor, fut donc un jeu d’enfant, pour l’heure. Le Howard s’annonça, pour trois, d’une manière des plus concises et sèche, larguant son manteau au vestiaire. Il récupéra tout de même – et le plus discrètement du monde -  le paquet de sèche qu’il avait acheté pour l’occasion. Sans doute ne l’ouvrirait-il pas. Sans doute le viderait-il avant le milieu de cette soirée. C’était ça, soit la flasque d’un alcool qui le mettrait KO en deux gorgées.
Attendant que les jeunes femmes se délestent à leur tour de leurs effets, le brun traversa la grande salle à large enjambée, se dirigeant d’instinct vers le bar, prétextant vouloir saluer une tête brune, qu’il connaissait si bien. De toute manière, il n’avait pas franchement l’intention de quitter ce périmètre du Cosmic Ballroom. A moins d’y être obligé. Au moins ici, on savait où le trouver… Balayant l’assistance du regard, il chercha à voir s’il ne pouvait pas repérer de suite, des personnes à éviter pour le reste de la soirée. Pianotant quelques secondes sur le comptoir, le Howard fit signe au tenancier, pour se commander un grand verre de whisky, sans glace ça allait de soit. Kaisa et Cassie pourraient bien lui faire les gros yeux, il fallait bien ça pour le détendre. Puis il avait besoin d’avoir quelque chose dans les mains. Et le verre que l’homme lui tendit était bien mieux que son arme.

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Le bar
Anakin Hawk

être invité est une chose, les Seymour n'étaient pas une famille de clochards connus pour leurs chiens pleins de puces, quand on parle des Seymour, on met une majuscule, même oralement. Cette famille est riche, comme a pu l'être la mienne. Enfin, les Hawk sont toujours riches, mais il n'y a plus vraiment de famille, disons plutôt "Le" Hawk. Calixte et moi nous sommes connus enfants, dans les grands galas auxquels participaient nos parents, puis à l'adolescence je suis partis faire mes études. Lorsque je suis revenu, ce fut un plaisir de le retrouver, souvent à mon bar bien sur. Même si depuis un certain temps, une sorte de distance et de tension était palpable entre nous, sans que je sache vraiment pourquoi. Donc oui, être invité c'est une chose, mais être premier fournisseur, s'en est une autre.
Depuis plusieurs jours déjà je m'affairais avec mes employés à préparer les stocks, des litres et des litres d'alcools en tout genre, mais aussi d'accompagnements, diluants... Heureusement que mes employés sont au courant de ma mutation, j'aurais eu du mal à la cacher dans un Rush pareil. Quelques heures avant l'ouverture au public, la camionnette du Cocktail Colors était garée devant l'entrée et nos bras s'affairaient à décharger la plupart de ce qui allait être bu ce soir. Bien sur d'autres fournisseurs étaient là aussi, par exemple un Français qui proposait une grande quantité de vins différents, pour les gens au palais plus raffiné. Le vin demande un traitement particulier que je ne peux pas offrir, par conséquent je n'en propose pas ou peu, cette collaboration va donc être utile ! Il y avait aussi un spécialiste des Whisky, même si moi aussi j'en faisait, mais ce qui est bien dans les spécialistes, c'est que leur travail sort du lot, et que nous nous complèterons parfaitement ce soir, même si mes cocktails risquent d'être plus demandés je pense. Voilà pourquoi Ed et Jess mes deux employés, étaient avec moi ce soir.
Après avoir installer tout ce que nous avions sous le coude, nous étions prêts. Techniquement, je n'avais pas à tenir le bar moi-même, je devrais pouvoir me balader gentiment un cocktail à la main. Mais pour l'heure, j'étais en jean basket, et les vestiaires n'attendaient que de me voir me changer. Ce soir, j'avais opté pour le bleu, le bleu est élégant selon moi, alors j'avais rasé ma barbe naissante de quelques jours, un peu de gel dans les cheveux histoire de ne pas passer mon temps à faire des mouvements de tête pour les rabattre, chaussures noires, dents blanches, un beau sourire, j'étais prêt.

A l'heure annoncé, j'étais pour ma part déjà à l'intérieur avec mes deux employés et les autres fournisseurs de la soirée. Ed et Jess étaient bien entendu derrière le comptoir ainsi que les employés des autres fournisseurs, mais même si j'avais la liberté de me balader dans la grande salle ou dans les autres pièces, j'étais tout de même soucieux de rester près du bar, mon élément, ma responsabilité. Même si dans le cas présent, ce bar-ci n'était absolument pas ma responsabilité, je le prenais comme. Trop habitué peut-être, depuis 6 ans que j'ouvre le mien chaque jour, dès que je vais dans un autre bar, chez un ami, je me sens obligé de filer un coup de main.

Après un peu de temps, les invités commençaient à arriver. J'eus la nette impression que le bar se remplissait bien plus vite que la grande salle. Impression due à la superficie peut-être, ou bien tout le monde était avide t’étancher une soif mirage. Très vite, je vis les barman et barmaid s'activer, et mon pied ne pu s'empêcher de battre un rythme soutenu. Je n'arrivais simplement pas à regarder faire mes amis et employés, sans aider. Alors rapidement comme je m'y attendais, je passais derrière le comptoir. Ed me lança un regard interrogateur, et Jess masqua un petit rire moqueur. "Aucun commentaire" Dis-je avec un sourire en coin. J'étais bien mieux de ce côté de toute façon. Ce n'est que peu de temps après que je reconnu la silhouette patibulaire de l'ami Louciane, à l'autre bout du bar, commandant quelque chose un whisky sans l'ombre d'un doute connaissant l'homme. ça tombe bien qu'il y ait les employés de ce spécialiste américain, Louciane allait être servit. Je fis sortit de mes pensées par la voix douce de se fille, Kaisa, qui était venue me saluer. "Kaisa ! Bien le bonsoir ! On n'a pas souvent l'occasion de se croiser, cela me fait d'autant plus plaisir !" Dis-je en lui adressant un grand sourire sincère. "Le seul conseil que je peux te donner pour une bonne boisson, c'est de me dire ce que tu aimes, et je me charge du reste !" Bien sûr il y avait une carte des cocktails, je n'étais pas venu les mains vides, mais improviser un cocktail perso était un peu ma spécialité à moi, et en plus ça faisait toujours plaisir à la personne. Je me rappelle du jour où j'ai créé le Rosamund, le but est que la personne ne puisse qu'aimer ce qu'elle boira.
   

Cachée sous un parapluie à attendre le taxi qui la mènerait à la soirée, Cassidy soupira en se disant qu’elle aurait tout aussi bien pu rester chez elle à boire du vin. La fête à laquelle elle se rendait toute entière pouvait être sous-titrée “de la chance de n’être que la cadette”. Merveilleux titre : “L’anniversaire de Seymour : de la chance de n’être qu’une cadette”. Elle n’aurait même pas dû y aller… Mais voilà, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même pour ses regrets de dernière minute : elle s’était plaint qu’elle n’avait pas été invitée en entendant parler de l’occasion. Heureusement que Louciane, dans un élan de quelque chose -masochisme ? Bonne humeur ? Inspiration divine ?- avait décidé de l’inviter en guise de +1, sans quoi Cassidy aurait été entendue à hurler jusqu’à Londres, au moins.
Parce qu’elle adorait les soirées, même si elle aimait moins avoir à s’y rendre. Et participer à une petite sauterie organisée par une autre famille de Veilleurs était légèrement plus rare que d’être invitée en boite de nuit par un ami ou un autre.
Elle s’était donc mise sur son 31 le soir de la fête, avait sorti les Jimmy Choo hors de prix de leur boite à chaussures, récupéré une de ses jolies robes de grand créateur dans son dressing. Puisqu’elle arriverait au bras de son frère et que ce dernier ne ferait sans doute pas le moindre effort vestimentaire, elle tâcha de rester très sobre, juste élégante. Le temps maussade en voulait juste à ses choix vestimentaires.

Ce fut donc définitivement aristocratique, absolument pas vulgairement vêtue, qu’elle descendit de son taxi pour retrouver son frère et sa nièce devant la porte de la Cosmic Ballroom. Ils ne mirent heureusement pas des heures à la repérer et elle put les saluer d’un sourire de circonstances en s’approchant. Kaisa était absolument merveilleuse dans sa robe, et Lou était… En chemise. C’était déjà pas mal.

- Bel effort, frère. Kai, tu es radieuse.

Et un nouveau sourire pour la jeune femme, avant de rentrer dans l’arène.
Une fois sa veste et son parapluie posés, elle suivit les deux autres Howards jusqu’au bar. Son cadeau rejoignit celui de Kaisa sur la pile, parfaitement enveloppé dans un paquet immaculé. Elle espérait sincèrement que Calixte comprendrait le très peu subtil message caché et qu’elle serait invitée en bonne et dûe forme pour ses 40 ans. S’il survivait jusque là.
Les obligations accomplies, elle vint jusqu’au comptoir pour rejoindre le reste de sa petite famille, scrutant attentivement les autres invités par réflexe.

- Déjà ?

Cass venait de voir le verre de liqueur que tenait son frère, et lui balança son beau regard désapprobateur qui lui donnait sérieusement le même visage que leur mère. S’il ne voulait pas venir, il n’avait qu’à ne pas le faire, plutôt que de noyer son agacement face au mondain dans l’alcool.
Heureusement, il n’était pas le seul à être là. Il y avait sa fille, et… Tiens, la tante Howard avait l’impression d’avoir déjà vu l’homme brun avec qui elle parlait. Où l’avait-elle croisé… ? Le souvenir de frites roses lui sauta au nez. C’était au bar pour la saint-Valentin. Le barman derrière le comptoir. C’était donc un ami de la famille, à sa manière ? Très bien, elle devait se présenter. Louciane se récolta donc un discret coup de coude dans les côtes et un rapide regard de côté.

- Tu me présentes à l’ami de Kai, ou je le fais moi-même ? Il a l’air sympathique. Tu le laisses parler à ta fille comme ça, sans le menacer ?

Ce n’était pas une première, mais pas loin.

It's a horrible birthday ~♫

Le regrettait-il d’être un odieux connard ? En règle générale, absolument pas. Quand c’était avec sa fille, oui, il le regrettait, dans la seconde. Sauf que, ce qui était dit était dit. Il allait le regretter plus tard, c’en était certain, puis ce serait amplement mérité. Pour l’heure, il s’agissait de survivre à cette soirée.
Etant donné qu’on lui faisait une remarque, sur n’importe lequel de ces pets de travers, Louciane s’étonna que, ni l’une, ni l’autre, ne souligne le fait qu’il ne se soit pas arrêté devant l’espace prévu pour les cadeaux, pour y déposer le siens. C’est vrai qu’il avait des idées pourtant, puis sans vraiment se forcer. La boite de biscuit pour chien, une tapette à sourit, une pelote de ficelle, et d’autre merdier qui pouvait traîner dans son garage. Quoi que, il ne serait pas quoi en faire…  Mais non, ça aucunes d’elles ne l’avait souligné. Que ce soit de Kai, par son rire jaune dans la voiture, ou de Cass maintenant.
Par contre, son « Déjà ? » il se le prit comme un coup de poing dans les chicots. Se pinçant les lèves, il lui offrit un pâle sourire pour toute réponse. Oui, déjà. Enfin déjà, si elle savait… Ce serait plutôt « encore ? ». Un encore qui devrait retentir à ses oreilles également, si elle voyait le paquet de clope, de retour dans la poche interne de sa veste. Comme une vieille habitude adolescente, qui revenait encore et encore. Depuis combien de temps avait-il arrêté déjà ? Six mois ? Huit mois ? Bon, cette rechute était un petit plus rapide que les autres, cependant il ne comptait pas vraiment, cette soirée devant le cocktail color, l’autre fois. Quoi que, le paquet, il l’avait seulement acheté, il ne l’avait pas encore ouvert. Cependant quelque chose lui disait, qu’il allait y passer.

Le reproche dans les yeux de sa sœur, il le voyait bien. Celui qui lui disait « pourquoi être venu ? ». Pourtant il lui avait dit non ? Parce que George Seymour lui avait demandé, et que part diplomatie, ou comme un con, il avait accepté. Sans doute avait-il un peu trop bu ce jour là… C’est bien pour ça qu’elle était présente. Mais son manque d’envie d’être ici, n’était bien là que le sommet de l’iceberg de ce qui le poussait à prendre un verre maintenant. Comme cette musique atroce, dont il devrait connaitre le titre, si seulement il s’intéressait un temps soit peu à la musique actuelle. Si l’on pouvait qualifier ça de musique…. Louciane ne savait pas ce qui le retenait, d’enfoncer ses boules quies dans ses oreilles, jusqu’à en devenir sourd.
Portant le verre à ses lèvres, il manqua se le renverser dessus, lorsque la brune lui flanqua un coup de coude dans les côtes, renonçant encore à une gorgée du liquide ambrée.
- « Hilarant. Lâcha-t-il, en penchant la tête de côté dans sa direction. Je rigolerais bien, mais ça donnerait l’air que je passe un bon moment. Il lui offrit un pâle sourire. C’est le proprio du Cocktail Colors. Tu sais, les frites roses…
En plus, à la base il était venu au bar pour le saluer, histoire de faire moins l’alcoolo de base qui se jette sur son poison. Néanmoins, cette magnifique bouteille, emprisonnant une fabuleuse robe irlandaise, lui avait fait de l’œil. Pour le moment, tout ce qu’il pouvait dire c’est que le parfum était plaisant. La tirant par le bras, il l’entraina vers Kaisa. De façon très solennelle, le Howard tendit une main vers Anakin pour le saluer, puis posant le verre sur le comptoir, lui donna une tape amicale sur l’épaule de l’autre. Il était peut être mutant, mais ce soir l’homme faisait partit de ces rares personnes qui lui faisait plaisir à voir ici.
- Tu connais Kaisa, mais laisse moi te présenter la fabuleuse Cassidy Howard. Qu’il présenta, forçant le ton, quoi qu’un peu moqueur envers Cassie. C’était de bonne guerre. Cassie, Anakin Hawk, le propriétaire du Cocktail Color. Je suis sûr qu’il sera ravi de te faire ce caipirinha, que tu aime tant. »
Louciane sourit à sa sœur de façon un peu plus appuyé, quelque peu hypocrite. Sans doute qu’elle le lâcherait un peu, si elle aussi avait un cocktail dans les mains. Néanmoins, se mettre à dos sa fille et sa sœur ne semblait pas vraiment des plus indiqué ce soir. Reprenant machinalement son verre, l’homme s’approcha un peu plus de la jeune femme, passant discrètement une main dans son dos, effleurant furtivement sa chair exposée à l’arrière de sa robe. Un geste fugace et maladroit, qui se voulait à la fois affectueux et protecteur.

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Le bar
Anakin Hawk

"Promis, la prochaine sortie des internes, on vient dans ton bar ! " Elle m'arracha un sourire heureux, non pas heureux de la promesse d'un futur chiffre d'affaire, si je voulais de l'argent, je ne pratiquerai pas des prix si bas. J'étais simplement heureux de pouvoir discuter avec elle, là ou à la prochaine sortie des internes. "J'en serais ravi ! ça me fait toujours un bien fou de voir du monde !" C'est vrai que quand le bar se trouvait vide, j'avais tendance à déprimer un peu. Du coup j'inventais de nouveau cocktails pour passer le temps jusqu'à la fermeture, quand il y a du monde, le bar est en vie, et ça me donne l'impression de faire quelque chose de bien. "Il est vrai que je peux profiter de cette soirée pour te donner mon numéro, ton père n'est pas armé au moins ?" Ajoutais-je en rigolant et en griffonnant les chiffres sur le dos d'un ticket de caisse avant de lui tendre.

Lorsqu'elle me décrit ce qui lui ferait plaisir comme boisson, mon cerveau s'activa, il y avait bien mon Cocktail "Safari" avec liqueur de fruit exotiques, malibu, jus d'ananas, et sirop de fraise ! Mais je n'étais pas là pour faire un cocktail à la carte. J'attrapais mon Shaker, pour y mettre du malibu saveur passion, un très léger fond de liqueur de mangue, et le jus d'ananas. Après avoir déposé le tout dans un verre, je parsemais le dessus de sucre de canne et de quelques copeaux de chocolat noir, avec bien sûr la tranche d'orange sur le côté du verre. Oui je tiens à la présentation. "Voilà ma demoiselle ! Spécialement pour toi, celui-là n'est pas sur la carte !" J'aimais vraiment inventer les cocktails sur l'instant pour une personne en fonction de ses gouts, c'est toujours meilleur quand c'est fait avec attention non ?

Louciane arriva à ce moment là accompagné, et me présenta à cette personne que je reconnaissais bien. La soirée de St Valentin, Louciane et elle étaient ensemble. "Cassie, Anakin Hawk, le propriétaire du Cocktail Color. Je suis sûr qu’il sera ravi de te faire ce caipirinha, que tu aime tant." A ces mots, je souris, rinçais mon shaker et sans attendre je me mis au travail. "Enchanté de vous rencontrer plus amicalement !" Le sucre de canne était encore là, j'ajoutais le Cachaça qui est un alcool peu commun dans les cocktails, avant de mettre le jus de citron et de mélanger. Vient ensuite la glace pilée et les tranches de citron vert, pour la présentation, une double feuille de menthe posée directement dessus. Je tendis le cocktail offert, car les trois premières consommations sont offertes. "Et un Caipirinha pour Madame Cassie Howard !" Je ne savais pas que Louciane avait une femme avant de le voir chez moi à la St Valentin. Elle est donc sûrement la mère de Kaisa. Kaisa qui me proposa de lui accorder une danse un peu plus tard dans la soirée. "Je n'y voit pas d'inconvénient si j'arrive à sortir de mon milieu naturel !" dis-je en roglant, alors que Ed, mon employé qui passais derrière moi à ce moment, me bouscula légèrement, l'air de me dire de quitter le comptoir pour profiter de la soirée.

Soudain j'entendis mon nom comme appelé, je me retournais pour voir s'il s'agissait d'un de mes employés, ou d'un collègue fournisseur, mais personne. Je tendis l'oreille au cas où la personne se manifeste de nouveau. J'entendis encore mon nom au loin, sans trouver qui m'appelait. "Vous n'entendez pas quelqu'un m'appeler ?" Soudain, je vis quelqu'un rentrer dans le coin bar, c'était une cliente régulière du Cocktail Colors qui était devenue une amie depuis le temps. "Anakiiiin ! Il se dit partout qu'il n'y a plus d'alcool au bar !!" Hein ? Mais... quoi? D'où ça pouvait bien sortir cette histoire, la soirée n'avait commencé que depuis près d'une heure, si quelqu'un cherchait à lancer une fausse rumeur, il aurait mieux fait d'attendre la fin de soirée... "C'est totalement faux, je ne laisserai pas une telle chose arriver voyons !" Dis-je avec un sourire réconfortant. "C'est juste un petit malin qui doit vouloir se rendre intéressant rien de plus, moi et les autres sommes loin d'être à court !" Soulagée, elle repartit, sans doute pour estomper la mauvaise blague. Je me retournais auprès des Howard "Désolé pour ce petit interlude, il y en a qui n'ont vraiment que ça a faire il faut croire..."


   

- Les frites roses, je m’en souvenais très bien. Pauvres pommes de terre…

Elle répondit au sourire de son frère par un froncement de son adorable nez, une moue de dégoût qu’elle n’utilisait que lorsqu’on parlait de cuisine. La Howard était une conservatrice lorsqu’il s’agissait de plats et il ne lui serait jamais venu à l’idée de mettre du colorant dans quoi que ce soit, même si elle devait avouer que l’idée était amusante. Mais non, elle avait été élevée à apprécier ses patates beiges, éventuellement violettes, voilà où s’arrêtait sa tolérance. La cuisine créative pouvait bien aller se faire frire un oeuf bleu.
Mais elle n’allait pas partir dans un long monologue culinaire. Non, elle allait suivre Louciane vers les deux plus jeunes gens, et elle allait prendre son air adorablement sociable. Même pas l’ombre d’un faux pas : une inclinaison de tête, un sourire enjôleur, elle fit honneur à son nom même en l’absence de musique pour accompagner l’instant.

Du silence pour les présentations… Comme la coïncidence était amusante, et parfaitement agréable. Cassidy doutait que le DJ se soit concerté avec son frère pour lui laisser de l’espace sonore, mais le moment était savoureux comme il était venu. Et l’inconnu qui n’en était plus était charmant lui aussi. Pas étonnant que son ainé l’aime bien.

- Enchantée également de vous rencontrer !.

Elle l’observa au travail, ignorant les membres de sa famille quelques instants. Le moins qu’elle pouvait dire, c’est qu’il s’en tirait parfaitement bien avec un shaker et si elle se fiait à sa précédente expérience, il avait la main pour doser aussi. Elle le remercia donc d’une nouvelle inclinaison de la tête en prenant son cocktail légèrement snob, se retourna… Et vit arriver un afflux de personnes vers le bar. Ses paupières s’étrécirent, son dos se tendit et elle se dégagea du milieu pour laisser passer les gens inquiets.

- Je crois que c’est quelqu’un de ce lot qui vous en veut, Anakin.

Il n’y a plus d’alcool.
Sourcil levé. Et elle avait quoi dans la main, là ? De quoi provoquer une émeute ? Cass sirota son mélange délicieusement acide comme elle aurait mangé un bonbon dans le dos de son père, avec un air de sale môme.
Malheureusement, il n’y eut pas de nouveau mouvement de foule pour essayer de lui voler son alcool. Le barman-ami de Louciane-type aimable parvenait à s’en sortir avec la rumeur, coupant court aux rêves d’action de la Veilleuse droguée à l’adrénaline. C’était presque dommage… Enfin, il y avait d’autres sujets de conversation faciles.
L’absence de son par exemple.

- Le DJ est français… ?

Question générique, destiné à personne en particulier… Ou peut-être au-dit DJ, qu’elle fusillait du regard. Il y avait bien moyen qu’il soit originaire de l’autre côté de la Manche, s’il décidait comme ça de faire grève en plein milieu de la soirée.

- Parce que j’avais envie de danser… Avec quelqu’un. Ca te tente aussi, n’est-ce pas, Lou ?

La question s’adressait à son frère, mais son regard beaucoup trop amusé allait droit à Kaisa. Elle pourrait apprécier l’effort pour faire bouger le vieux bouquetin mieux que personne.

It's a horrible birthday ~♫

Son regard se posa sur Kaisa, lorsqu’il sentit son dos se coller contre son bras, plutôt que de s’en éloigner. Ce genre de regard qu’il n’avait que pour les personnes qui lui étaient vraiment chères, et qui valait bien plus que des mots. Un regard qui ne durait jamais bien longtemps, qu’il n’avait pas souvent, puis surtout, comme ses élans sincère d’affection, qu’il ne fallait pas louper. Un regard qu’il n’aurait pas eut, si la réaction de sa fille avait été autre. Cependant – et heureusement - la jeune Howard n’était pas comme lui sur ce plan là. Elle était rancunière oui, mais elle savait se mesurer quand il le fallait, comme en cet instant. Son père savait parfaitement qu’il allait le payer, d’avoir été particulièrement odieux avec elle avant d’arriver, mais pas maintenant. Pas à la soirée.

Ses doigts se firent un peu plus présents dans son échine, le pouce effleurant doucement le tissu, tandis que son attention dériva immanquablement dans la même direction que celle de Kaisa, laissant Anakin à son shaker. Les sourcils de l’homme se froncèrent instantanément, tandis que son visage se rembrunit. Balayant aussi rapidement qu’il n’était venu, l’air tendre qui avait su détendre ses traits. S’il s’était attendu à croiser Alexander ici… Remarque, rien de bien étonnant en soit, il faisait partit d’une famille aisée, et le Seymour avait prit soin d’inviter tout le gratin de Killignworth, Newcastle et ses environs.
Ce gamin, Louciane ne l’appréciait pas plus que ça. Il ne le détestait pas non plus. Disons qu’il le tolérait, à petite dose. Et de loin. Ce qu’il n’appréciait pas dans son comportement, c’était sa proportion à être bien trop possessif. Lui pourrait dire qu’il n’était que protecteur. Sauf qu’étouffer Kaisa ce n’était pas être protecteur. Sans doute que ses sentiments à son égard aurait également put être différent, si cette chère Francès n’avait pas eut le projet de les fiancer. Projet avorté dans l’œuf, lorsque son propre fils l’avait menacé de faire flamber la baraque, elle avec, si elle comptait encore diriger la vie de sa fille. Lui faisant comprendre qu’être sa grand-mère, ne lui donnait aucun droit sur elle. Irrationnel qu’il était lorsqu’il s’agissait de sa gamine.
Il y avait de ça, puis le fait qu’il l’appelle "Love". Ça avait le don de lui donner envie de vomir. Accrochant le regard de l’homme, son bras affirma bien plus sa présence, dans le dos de sa fille, sa main se posant doucement sur son épaule, dans un geste bien plus protecteur qu’affectueux. Lui faisant ainsi comprendre que ce soir, il pouvait bien se concentrer sur sa blonde, il était déjà là et n’avait nullement besoin de lui.

Son regard se reporta sur Anakin, lorsqu’il tendit son cocktail à Cass, se montrant à la fois bien trop formel et bien trop amical à son goût en l’appelant "Madame Cassie". Ses iris se plantèrent sur lui, se durcissant quelque peu. Mais lorsque que Kaisa l’invita à une prochaine danse, sa main pressa un peu plus son épaule, un sourire crispé étirant son visage, d’autant plus lorsqu’Anakin accepta l’invitation. Ses paupières clignèrent assez lourdement, pencha quelque peu la tête de côté. En cet instant, et si le barman avait le courage d’affronter son expression, le Veilleur le mettait actuellement en garde, de la proximité qu’il comptait avoir avec sa fille, avec lui dans les parages. Un regard qui voulait également lui rappeler qu’il était flic, et armé. En permanence… Même ce soir… Surtout ce soir… Quelque chose lui disait qu’il en aurait besoin.  
- « Ce qui risque d’être compliqué… Sans musique… » Qu’il s’autorisa à glisser, après s’être éclaircit la gorge, et avoir prit pleinement conscience de l’arrêt de cette abomination sonore.
Néanmoins, ce n’était pas vraiment l’interruption musicale qui mit le plus la plèbe en émois. Apparemment, une rumeur courait qu’il n’y avait plus d’alcool ? Louciane eut à peine le temps d’échanger un regard interrogateur avec sa cadette, lorsque plusieurs personnes s’insurgèrent presque entre eux, afin de s’assurer que l’information se trouvait infondée. Vraiment, en début de soirée… C’était prendre l’organisateur pour le plus parfait des incompétents, ainsi que les tenanciers du bar. Ce qui était particulièrement insultant. Pour les tenanciers…

S’écartant en même temps que Cassie, le Sergent se fit quelque peu bousculer par un jeune homme, bien plus empresser d’étancher sa soif, que de faire attention aux personnes se trouvant sur son passage. Et après c’était lui l’alcoolique, n’est ce pas…
Levant son bras, afin d’épargner sa sœur d’une éventuelle douche alcoolisée, le Howard sentit néanmoins une partie du liquide s’échapper de son récipient, se répandant sur ses doigts. Les portant à sa bouche, il retint une remarque particulièrement acerbe envers l’énergumène qui finit par s’éloigner, puis finit par s’autoriser une véritable gorgée de whisky.
- « Ben voyons… Qu’il lâcha un peu plus franchement, en fusillant quelque peu Cassidy du regard. Tu crois peux être qu’ils vont diffuser quelques danses soporifiques de salon, dont nos parents nous assommaient lors de leurs soirées mondaines ? Finissant pas relâcher l’épaule de Kaisa, il s’écarta quelque peu d’elle, cherchant un mouchoir dans sa poche. Remarque, ça viderait sûrement l’endroit de quelques indésirables… »
Il pouvait grogner le Howard, visant sans vraiment les citer quelques personnes, dont les deux jeunes femmes verraient très bien de qui il voulait parler. D’ailleurs, en parlant de grogner, une exclamation dans son dos attira son attention, tandis qu’il trouvait enfin ce qu’il cherchait, dans une des poches de sa veste. Se tournant dans la direction de l’éclat de voix, Louciane prit sur lui pour garder le minimum de contenance qu’il pouvait avoir, face à un homme qu’il ne s’attendait pas du tout à voir ici. Un homme visiblement victime d’un accident malencontreux, venant de son propre verre. Quel dommage d’avoir gâcher un si bon whisky sur sa veste. Bien que le fait que ce soit tombé sur lui soit un fabuleux coup du sort. L’important, c’est qu’il avait épargné sa sœur. Pour Camden, il ne pouvait que retenir son sourire, lui offrant un faux air contrarié, puis lui tendant ce mouchoir qu’il destinait au départ à ses doigts.
Néanmoins, s’il n’y avait que ce gâchis d’alcool, en plus de se trouver face à l’agent Baxter, qui pouvait le contrarier. Car le DJ semblait avoir retrouvé le fonctionnement platine, à son grand regret, déversant une nouvelle musique inconnus pour lui, mais dont la voix du chanteur ressemblait plus à celle d’un chat qu’on passe dans un mixeur. Il allait lui falloir un second verre…

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La rumeur d'alcool manquant s'est tellement bien répandue que c'est une marrée humaine qui se dirige vers le bar pour s'y éclater, comme une grosse vague s'étalant sur un massif de rocher. On me bouscule, un espèce de grand dadet en goguette dont je dépasse l'âge doublement. Malgré-moi, je me retrouve entraîné vers les personnes se trouvant près du lieu-dit, dans un torrent d'épaules et de coudes. L'un d'eux, particulièrement virulent, achève la course de sa main contre ma veste, avant de s'écarter comme il était venu. Mes yeux se baissent vers mon vêtement, je pousse un soupir, tandis que la foule autour de moi se disperse. J'ignore quel est le con qui n'a pas été foutu de garder sa main où elle était, mais une chose est sûre. Déjà que je ne supporte pas de porter des costard, c'est pas pour qu'un demeuré s'amuse à renverser son eau de vie sur moi. Je pose mes doigts sur ma veste, les porte à mes narines, un quart de seconde seulement. Du whisky. Cette blague.

- Putain, tu peux pas faire attention ?

Cette phrase, lancée au départ à l'inconnu qui vient de me renverser sa boisson n'attendait pas spécialement de réponse. Une réflexion à l'intention de l'importun juste pour lui faire sentir à quel point ça pouvait me faire chier. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il s'agisse de la dernière personne que je pensais croiser ce soir, encore moins si je prends en compte ce qu'il m'a dit du Seymour. Un faible rictus semble se tracer sur ses lèvres avant qu'il ne le dissimule par air contrarié, qui n'a pas l'air des plus sincères. Est-ce qu'il se fout de ma gueule ?
Il me tend un mouchoir, je m'en empare en baragouinant un « merci ». Je prends garde à ne pas dévoiler le flingue contre mon thorax en épongeant ma veste, avant de relever la tête vers lui.

- J'avais pas vu que c'était toi.

La musique à reprit, je crois y reconnaître du français. Je ne suis absolument pas friand de ce genre d'air, et pour être honnête, malgré mon côté studieux, j'ai toujours eu du mal à retenir la langue des mangeurs de grenouille. Je crois néanmoins y comprendre la phrase « mais mon esprit veut s'envoler ». Je retiens un rire. Franchement, si je pouvais m'envoler à cet instant, j'en serais bien heureux. C'est à croire que le barbu qui écrit les lignes du destin est un enfoiré.
Je rends son mouchoir au Howard, puis jette un œil aux deux femmes présentes derrière lui. L'une d'elle est loin d'être une inconnue. Il s'agit de l'interne qui s'est occupée de mon bras, et que j'ai d'ailleurs revu récemment pour le suivi. Kaisa, il me semble. Je me doutai assez qu'elle avait un lien de parenté avec le sergent, et il faut dire qu'étant donné son âge, ce ne serait même pas étonnant qu'elle soit sa fille.
Parfois, les membres d'un même foyer ont des airs, des habitudes, des gestuelles communes et similaires. Alors, lorsque je la vois aux côtés de mon récent collègue, le lien génétique est encore plus flagrant. J'accroche un large sourire à mes lèvres et tends la main vers elle.

- Bonsoir miss Howard, comment allez-vous ?

Je lève le visage vers la seconde, et je sens mes muscles se tendre sensiblement. Elle aussi, semble proche de Louciane. J'ai déjà remarqué au poste qu'il avait tendance à toucher son annulaire, comme s'il lui manquait quelque chose. J'en déduis ce soir qu'il doit probablement ôter son alliance au travail pour éviter tout désagrément, mon hypothèse est confirmée par la femme dont la proximité est tangible. Je passe à elle, tends la main comme pour le jeune fille, force la politesse en tentant de paraître le plus agréable possible.

- Camden Baxter, je suis un collègue de Louciane. Je suis ravi de rencontrer la femme qui le supporte au quotidien, ça ne doit pas être toujours facile d'être Mrs Howard.

J'accompagne ma phrase d'un rire, pour adoucir le moment qui, malgré-moi, fait grimper ma gêne.

Le bar
Anakin Hawk

Il y avait de l'animation ce soir !  Bien plus que ce dont j'ai l'habitude au Co-co ! il arrive même que des fois, je passe une soirée au bar avec trois ou quatre personnes qui viennent tenir les murs, et pourtant d'autres soirées où nous sommes plus d'une trentaine dans cette même pièce ! Là, je n'osais imaginer le nombre de personnes présentes, Calixte avait tapé dans la quantité ET la qualité ! Ce qui ne m'étonnait pas du tout du personnage.
Kaisa avait l'air ravie de son cocktail, ainsi que Cassidy, ce qui m'allait droit au coeur, oui il ne m'en faut pas plus. J'essuyais néanmoins un regard glacial de la part de Louciane lorsque j'acceptais la danse proposé par sa fille. Je le trouve beaucoup trop protecteur, il sait pourtant que je ne risque pas de lui voler sa fille ou lui faire de mal, et je pense qu'au vu du père qu'elle a, elle doit quand même avoir quelques notions d'auto-défense au cas où. Mais bon, si je devais être rancunier, ce serait bien triste !

La musique repris, pour laisser place à quelque chose d'étrange, même si le brouhaha des gens au bar la masquait en partie et que je ne discernait pas les paroles, je compris rapidement que c'était un chanteur Français. Lorsque Kaisa souligna le fait que mes employés seraient ravis de me jeter du bar à coup de pompe dans le derrière, elle me fit rire parce que c'était totalement vrai et que je vis Jess, qui avait entendu la réflexion, acquiescer de la tête exagérément."Seulement quand ils auront enfermé de DJ alors !" Dis-je en riant, parce que entre Despacito que l'on entend partout, un grand blanc, et maintenant ça, je sens que Calixte doit s'arracher les cheveux !

C'est après avoir renvoyé la rumeur de l'absence d'alcool d'où elle venait que je Kirk arriver au bar en même temps qu'un autre homme qui m'était inconnu, mais qui semblait connaître les Howard. Laissant trainer une oreille, j'entendis qu'il était le collègue de Louciane, avant d'engager la conversation avec le jeune Kirk. "Salut Kirk ! Figure toi que je suis sensé profiter de la soirée, et ne pas m'occuper du bar, mais que veux-tu, chassez le naturel..." C'était tellement vrai... Je ne me voyais pas être de l'autre côté du bar et commander un cocktail à mes employés... Je ne sais pas... Non ça va pas, je suis mieux ici ! Kirk me demanda quelque chose de sans alcool, et il a bien raison, s'il doit rentrer en voiture, c'est mieux ! Ou peut-être n'a-t-il tout simplement pas envie d'alcool. Je me retournais pour attraper une de mes cartes que j'avais emmené, celle des cocktails sans alcool, pour lui tendre."Regarde et dis moi ce qui te ferais plaisir, sachant que si tu veux quelque chose d'un peu plus personnalisé, tu n'as qu'à demander !" Si Kirk était là, je ne doutais pas que Byron devait être dans le coin aussi, ils sont inséparable ces deux là. "Si byron est dans le coin, tu lui diras que tant qu'il n'a pas 18 ans, il  sera au régime sans alcool lui aussi !" ajoutais-je en riant, mais le jour de ces 18 ans, je lui offrirais ses consommations c'est promis !

ayant suivi d'un oeil ce qui avait pu se passer avec le vers de Louciane et l'arrivée de son collègue, j'attrapais la bouteille du whisky qui lui avait été servit pour remplir à nouveau son verre à échelle de sa perte. "Et à monsieur le collègue, qu'est-ce qui lui ferait plaisir à boire ?" Pour ceux qui se le demande, non je n'arrête jamais, tant que je sers des cocktails, je me sens bien. C'est quand je ne sers plus personne que je me sens inutile, alors autant poser la question !

   

- Oh tu sais, je peux aussi danser sur de la pop horriblement sucrée. Tu ne m’échapperas pas, vieux carcajou.

Tout comme Kaisa, elle était immunisée au regard noir de son frère. Aucune chance que Cassidy se laisse intimider par des sourcils froncés et une fusillade oculaire en bonne et dûe forme alors qu’elle avait affronté bien plus terrifiant en la personne de leur père. Elle manqua de lui faire remarquer, la phrase juste au bout de la langue, l’acidité dans le ton toute trouvée, mais elle fut interrompue par l’éclat de voix.
Comme un chat effrayé, elle tourna la tête pour voir ce qui se passait. Qui osait être aussi malpoli alors qu’ils discutaient juste tranquillement en famille ? La réponse était visiblement un inconnu relativement banal qu’elle ne prit pas la peine de plus détailler que ça, persuadée qu’il était un invité lambda.

Parfois, elle se trompait. Il semblait que c’était le cas ce soir, puisque Monsieur Malpoli paraissait bien connaître Lou et au moins aussi Kaisa. Etait-ce un ami du travail de son frère ? Avec la tête qu’il avait il ferait un bon détective rugueux, aucun doute. Il ne manquait plus que la flasque, une de celles que Louciane avait toujours sur lui peut-être, et il se fondrait parfaitement dans le moule qu’elle imaginait être celui des policiers divers et variés...
Sauf qu’il n’était pas une lumière. Un des sourcils impeccablement dessinés de la Howard se leva pour exprimer sa surprise, mais elle fit l’effort de lui serrer la main sans plus réagir aux informations.
Il la prenait pour la femme du grognon-en-chef ? Il s'appelait Camden ? Comme dans le Camden, le seul, le secret de son frère ?
Heureusement qu’elle avait appris à rester calme et indéchiffrable en toutes circonstances, sans quoi Cass aurait probablement laissé filer quelque chose, un petit bout de la tempête présente dans son esprit. C’était l’anarchie là haut, sous les cheveux noirs. Tout se disputait son attention, Camden, l’idée qu’elle soit prise pour la femme de Louciane, l’horrible musique du DJ. Il fallait qu’elle fasse un choix de priorité…

- Monsieur Baxter ! Enchantée ! Lou me parle souvent de vous, je suis ravie de vous rencontrer.

Très bien, si elle devait jouer l’épouse parfaite, elle s’y collerait. Et elle s’en amuserait en plus, puisqu’elle semblait avoir l’aide de Kai. Captant son regard, elle lui offrit un immense sourire affectueux pour lui affirmer son plein soutien dans le plan consistant à casser les noix du troisième membre de la famille.

- Elle a raison... Vous avez qu’à aller danser maintenant, je vous accompagne avec monsieur Baxter. Comme ça tu ne t’inquiètes pas pour moi et je peux te voir faire danser Kai comme quand elle était petite.

Est-ce qu’il en fallait plus ? Peut-être son regard de gamine un peu triste, celui qu’elle faisait bien d’en dessous pour taper droit dans les instincts protecteurs de son frère ? Elle s’y tenta sans vergogne, implacable dans son numéro de charme.

- S’il te plait, Lou.

Il ne manquait plus qu’une dernière touche… Qu’elle s’appliqua à poser en prenant Camden par le bras et en faisant un premier pas vers la piste de danse. Cassidy Howard n’était pas du genre à attendre les autres pour prendre ses décisions.

- Vous m’accompagnez ? Je ne vais pas vous marcher sur les pieds si vous avez besoin d’être rassuré.

It's a horrible birthday ~♫

Il considéra le mouchoir qu’il lui tendit de nouveau, sans le reprendre, avant de lever un regard indéchiffrable vers lui. Il ne s’attendait pas à le voir ici, dans une situation pareille, dans évènement pareil. Aussi loin que pouvait remonter ses souvenirs, Baxter n’aimait pas ce genre ce fête. Alors qu’est ce qu’il pouvait bien foutre dans cette galère ? Ses pupilles furent attirées par quelque chose à l’intérieur de sa veste, au moment où il la réajusta. Cela même qu’il portait à la cheville. Ainsi donc il s’attendait à trouver le Poison Prince ici ? Et bien qu’il fasse la queue, comme tout le monde.
Ses yeux se levèrent de nouveau vers son visage, se plantant dans les siens, sans rien ajouter de plus. Que pouvait-il dire de toute manière, alors qu’accrochant un sourire à son visage, et tendant une main vers sa chère sœur, il le vit s’enfoncer tout seul.

Un rictus étira les propres lèvres du Howard, prêt à répliquer, prêt à démentir tout ce qu’elles pourraient dire. Sa sœur comme sa fille. Parce qu’il savait très bien qu’il en prendrait pour son grade, cependant il ne s’entendait pas à ce que le retour de bâton arrive si tôt.
Kaisa ouvrit le bal, un regard complice pour sa tante, lui indiquant que ça ne servait à rien qu’il se débatte. Ravalant sa verve alors qu’il scrutait le visage de la brune, dont l’expression ne trahissait en rien sa surprise, face à la rencontre du fameux Camden. Ce fameux Camden d’il y a trois décennies, dont il lui avait parlé alors que la gamine n’avait pas encore onze ans. Et même si elle avait toujours su si aisément le percer à jour, elle avait toujours été une vraie tombe.
Un sourire pincée étira ses zygomatiques, se contenant pour ne pas foudroyer sa gamine du regard, attaqué si sournoisement par l’utilisation du mot papa. Ça ne le dérangeait pas, au contraire, elle l’appellerait "père" et lui donnerait du "vous", que ça le ferait grincer aussi sûrement qu’une vieille voiture prête à rendre l’âme. Seulement elle ne l’utilisait pas en publique sans une raison valable.
- « Bien sûr. Lâcha-t-il avec la plus grande ironie. Et tu ne te plaindras pas si je te broie quelques arpions, en me mouvant sur ce qu’il m’est difficile de qualifier de musique. Il marqua un léger temps de pause, à la fin de sa tirade des plus mielleuses. Parce qu’il en est absolument hors de question. » Acheva-t-il d’un trait, noyant presque ses mots dans une gorgée de whisky.

Ses yeux ne savaient plus vraiment sur qui se poser. Entre ces deux traitresses, dont il savait qu’être l’objet de leur jeu se trouvait être amplement mérité, ou de cet homme qui avait certainement commis la plus belle bourde de sa vie, en présence des deux femmes Howard. Cependant, son attention fut quelque peu détourner par Anakin, qui dans un élan de zèle, remplaçant d’un geste habile, l’alcool qui avait échoué malencontreusement sur la veste de l’agent. Une perte qu’il déplora bien plus que sa présence.
Puis il fallu que Cass en rajoute une couche, manquant le faire s’étouffer avec sa propre salive. Elle voulait donc jouer à ça, en l’affublant du sobriquet – qui lui était si représentatif – de cet animal. Sa main droite se glissa dans son dos, s’ancrant sur sa taille, il la regarda plus comme un amant qu’un frère.
- « Je sais surtout que je pourrais toujours te faire danser sur Stairway To Heaven. Le Veilleur colla un baiser sur sa joue. Cette dernière valse je pourrais toujours te l’accorder. »
Bien sûr qu’il venait de lui faire une allusion particulièrement déplacée, compte tenu de leur lien familial. Mais c’était de bonne guerre entre eux, elle voulait jouer ? Louciane n’allait pas lui donner la satisfaction de se débattre comme un moucheron dans sa toile.

Non il ne voulait pas danser, il n’en avait pas l’intention, il n’était pas venu pour ça. Juste pour boire au frais de la princesse, en conservant un minimum de dignité. Juste assez pour marcher droit et garder un peu de contenance, sans se faire pointer du doigt.
Seulement, c’était bien mal connaître sa sœur, que de croire qu’elle le lâcherait comme ça. Sa supplique parlait d’elle-même, comme cette main qu’elle posa sur le bras de son collègue imposé. Un geste qui lui laissa un gout amer en travers de la gorge. Comme le fait qu’elle ne laissa aucun choix, à l’un comme à l’autre. Ok, il s’était comporté comme un gougnafier avant d’arriver, cependant ça allait quand même se payer.
- « J’accorde cette danse à Kaisa, si tu m’offre la deuxième. Dit-il doucement, détachant presque chaque mot, comme s’il lui coûtait réellement de les sortir. Il est hors de question que je laisse trop longtemps, ma femme, au bras d’un autre que moi. »
A ces mots, son regard se porta à la fois sur sa fille, puis sa sœur, avant de se planter dans ceux de Camden. Comme s’il le mettait au défi d’accepter. Ou même de refuser.

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Je lève les sourcils en constatant que la musique affreuse vient de recommencer, puis je pousse un léger soupir, plutôt discret. Ainsi donc, je ne me suis pas trompé. La jeune interne est la fille de Louciane, et la femme qui les accompagne est son épouse. Je force un sourire en replaçant ma veste, répondant à Kaisa.

- Très bien, je ne pensais pas qu'il y aurait autant de monde ce soir.

La femme Howard serre ma main à son tour, m'accordant un large sourire. Je blêmis quelques instants à sa phrase, mon sourire figé. Il lui parle souvent de moi ? Je préfère penser qu'il s'agit d'une formule de politesse, parce qu'honnêtement, je ne vois pas ce qu'il pourrait affirmer sur ma personne, dans un sens mélioratif, j'entends. Je ne pense pas qu'il ait sauté de joie le soir où il a appris notre collaboration, et je ne pense pas non plus qu'il lui ait parlé de notre relation passée, quand bien même leur proximité. Ça m'étonnerait fortement de la part de Louciane. Enfin, sait-on jamais.

Louciane me lance un regard indéchiffrable, un sourire crispé aux lèvres. Est-ce que c'est le fait d'être dans une telle situation qui le crispe à ce point ? Ou bien le fait que sa fille lui impose de danser.
Mon fil de pensée est interrompu par le barman, que je toise un instant. L'esprit en pleine tempête, je reste un quart de seconde muet de mots avant de prendre la parole. Je force un nouveau sourire en approchant de l'homme, lui tends un bon billet d'avance.

- Je voudrais trois cocktails, en réalité. Un pour un type sur la terrasse du nom de Merlin, un autre pour le Seymour qui fête son anniversaire ce soir, j'imagine que vous devez connaître ses préférences en la matière. Et pour moi... C'est possible d'avoir quelque chose à base de bourbon ou de whisky ? Vous pouvez garder la monnaie.

Ouais, clairement, il me faut un alcool fort si je veux pouvoir survivre à la soirée. D'autant plus si je dois la passer en compagnie de mon ancien amant qui n'a absolument pas l'air ravi de me voir. Je sursaute lorsqu'une main se pose sur mon bras, me ramenant dans la conversation.
Je toise la femme, mes paupières s'écarquillent un instant. Danser. Moi, danser ? Non, non et non. Je n'ai dû danser que trois fois dans ma vie, et seulement parce que j'y étais obligé. Les valses romantiques, les slows, ou tout autre mouvement visant à onduler son corps sur une musique, c'est très peu pour moi.
Je m'apprête à répondre pour décliner l'invitation lorsque le Howard se rapproche significativement de son épouse. Décidément, je ne suis pas fait pour les réceptions bondées. Les démonstrations d'affection en public entre mari et femme ont plutôt tendance à me mettre mal à l'aise. J'aurais mieux fait de rester sur la terrasse.

Le regard de mon collègue insiste à nouveau sur le mien. J'essaie de comprendre ce qu'il tente de me traduire, mais pour être honnête, j'ai l'esprit en plein champ de bataille. Je suppose qu'il se souvient de ma sociabilité légendaire, et cherche à me faire comprendre que c'est impoli.
Je force un nouveau sourire, puis reporte mon attention sur la Howard, son bras passé autour du mien.

- Bien entendu, ce serait mal venu de refuser une danse à la charmante épouse de « Lou ».

J'aurais pu me passer de reprendre le surnom attribué à mon collègue par sa moitié. Mais si je dois me forcer à danser pour les beaux yeux de son épouse ou les siens, je peux bien en profiter pour me moquer de lui.