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Ven 27 Avr - 2:15
Louciane J. Howard
non tatoué
Louciane J. Howard
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It's been a very long fuckin' time
Camden ft. Louciane



Le papier se froissa sous ses doigts, tandis que ses yeux défilaient sur les lignes du journal, ses sourcils se fronçant à mesure qu’il lisait les informations. A la fin de l’article, ils formaient presque une ligne parfaite. Louciane se demandait encore pourquoi il s’obstinait à lire le journal. Un peu comme il se demandait pourquoi il possédait une télé, alors qu’il ne l’allumait presque jamais. Ça l’énervait aussi sûrement qu’un bleu traînant dans ses pattes. Ça lui rappelait à quel point il se trouvait au point mort dans cette affaire. Appuyant à chaque fois là où ça faisait mal.
Ses instincts de flic, mais aussi de Veilleur, lui disaient que ce ne pouvait être qu’un mutant. L’autre hypothèse étant qu’il s’agissait de nouveaux dealers, s’implantant sur le marché avec une nouvelle drogue. Sauf qu’avec cent pour cent de décès, où se trouvait le bénéfice ? Le principe étant de rendre accro les acheteurs, pour qu’ils reviennent plus vite. Quel intérêt y avait-il de les tuer ? A moins qu’il s’agissait de psychopathe, cherchant à supplanter les tueurs en séries les plus prolifiques de l’histoire…  Des pistes aussi stupides que farfelus.
Ce qui l’énervait, ce n’était pas tant le fait qu’ils aient omis son foutu grade – c’est un peu comme dire pompier, non c’est sapeur pompier, sinon ça n’a aucun sens – c’était plutôt cette capacité à donner des noms aux criminelles. Une chose qu’il n’avait jamais compris. Le but était de flatter leur égo ? Parce que si ce n’était pas le cas, ça marchait fort bien… Poison prince… Sérieusement. Ça sonnait groupe de glam métal. Cripple prince plutôt. Parce qu’après qu’il lui ait mit la main dessus, pour sûr qu’il ferait un cadavre exquis.

Repliant le journal, le flic le roula par dépit, puis tapota nerveusement avec sur la table, tandis qu’il finissait son café. Une grimace étira ses lippes : il était déjà presque froid. Tant pis… Son regard tombant sur Yron, l’animal le regarda d’un air particulièrement intéressé. Sifflant entre ses dents, Vane rappliqua du salon, se dirigeant tout droit vers son homologue canin. Sauf que celui-ci n’était pas vraiment disposé à jouer, montrant quelque peu les crocs au husky. Il était terrible de voir, à quel point le berger belge malinois ressemblait à son maître…
Déroulant de nouveau le papier, il le sépara en deux puis le balança aux chiens, qui partirent avec sans demander le reste. L’homme allait sûrement le regretter en rentrant, mais qu’importe. Ça les occuperait le temps que ça durera. Jetant un œil à sa montre, le brun poussa un long soupir. Fallait qu’il se presse s’il ne voulait pas être en retard. Poussant les deux bestiaux dehors, avec ce qu’il restait des nouvelles, il tomba sur un bout d’article, sur lequel il avait fait l’impasse. Ce cher événement du 14 février…
Entre ça, et l’anniversaire de Henry Sale Môme Calixte Seymour, le Howard préférait encore se prendre une balle, plutôt que d’assister à l’un ou l’autre de ces évènements. Il serait passé sur le deuxième, en jouant parfaitement l’innocence sur le fait de savoir quand et où cela se passait, si Georges Seymour ne l’y avait pas convié en personne. Ce vieux bouc était, soit particulièrement sadique, soit complètement Alzheimer… Il fallait vraiment qu’il se prenne une balle, pour avoir une raison valable d’échapper à ça.

L’humeur de l’homme n’était pas au beau fixe, lorsqu’il gara la vieille Rover sur le parking du poste. Alors qu’il claqua la portière, son téléphone vibra contre sa poitrine. Râlant pour la forme, il le sortit de la poche de sa veste et fronça les sourcils en voyant le nom s’afficher. Que lui voulait donc Gretchen de si bon matin ?

« Ca discute sec depuis ce matin dans le bureau des chefs. Y a une nouvelle tête, en cuir de moto et corps à croquer. Mais je crois que tu ne vas pas aimer les raisons de sa présence… »

Ses sourcils se froncèrent un peu plus. Ah Gretchen… Qu’est ce qu’elle pouvait bien raconter ? Sûrement un nouveau bleu, qui ne savait pas du tout dans quoi il s’embarquait, et repartirait aussi sec, la queue entre les jambes. Tant qu’on ne le lui collait pas dans les pattes, il s’en fichait pas mal de ce "beau mec en cuir de moto". Qu’est ce qu’elle pouvait être désespérante parfois ! Rangeant le mobile dans sa poche, l’attention du Howard fut attirée par une vieille Harley, narguant les autres quatre roues, que pouvait se payer un salaire de flic. La scrutant quelques instants, il secoua la tête, rabattit le col de son manteau sur sa nuque, puis entra dans le poste de police. Ha c’était bien de frimer en moto. Mais si c’était pour ce geler les gonades en plein hiver… Encore un jeune con qui pensait sauver le monde. Il allait vite déchanter…
Saluant sommairement les personnes déjà présentent, le flic se dirigea tout droit vers son bureau, balayant le lieu du regard afin de repérer la légiste. Mais point de Gretchen à l’horizon. La jeune femme était une personne pétillante et assez expressive, avec qui le Howard avait prit l’habitude de travailler. On ne pouvait pas vraiment dire qu’il l’appréciait, ni qu’il la détestait non plus. Disons qu’il la supportait. Elle était très gentille, mais affreusement commère. Ça ne l’aurait pas étonné de la voir fureter autour du bureau, prétextant un dossier à faire signer expressément, pour voir ce fameux nouveau de plus près avant tout le monde. Jetant ses clefs dans le tiroir, il fit un crochet par les vestiaires pour y larguer ses effets, puis se ceindre de sa plaque, ainsi que de son arme, réajustant celle de sa cheville. Quelque chose lui disait qu’il allait en avoir besoin, aujourd’hui.

Cherchant à se faire oublier, le Howard fit un crochet par la cuisine, pour se servir ce qui devait être son troisième café, depuis qu’il était levé. De toute façon, ce n’était pas ici qu’on allait lui faire la leçon là-dessus.
Le nez dans sa tasse, jouant à celui se trouvant dans les locaux depuis longtemps, le brun accéléra le pas en direction de sa chaise, lorsqu’il entendit la porte du bureau s’ouvrir.
- « Howard !
- Et merde… Jura-t-il pour lui-même.
Qu’on lui foute la paix, il n’avait pas le temps de jouer. Eux aussi devaient lire les journaux non ? "La justice piétine", ça leur rappelait quelque chose ? Se tournant vers eux, Louciane s’efforça d’afficher un semblant de sourire. A peine une esquisse.
- C’est bien que vous soyez là, Sergent-Détective, nous avions à vous parler ! S’exclama l’Inspecteur, qui semblait bien plus enthousiaste que l’Inspecteur-Détective.
L’inspecteur Rhys Tomasson  était un homme grand, de quarante sept ans, mais à qui on en aurait donné facilement trente neuf ans. C’était un gars futé, qui aurait encore sa place sur le terrain, s’il n’était pas homme de carrière. D’ici quelques années, il serait promu à un rang supérieur. Et peut être même plus tôt, s’il parvenait à résoudre l’affaire du Poison Prince.
L’Inspecteur-Détective Edwin Duncan, le supérieur direct de Louciane, avait roulé sa bosse depuis longtemps. A soixante-deux ans, il aurait déjà dut être Surintendant-Détective en chef et proche de la retraite, s’il n’était pas un homme d’action. Contraint de rester derrière un bureau à cause d’une mauvaise blessure à la hanche, il y a sept ans, alors qu’il était encore un agent actif des stups. Une blessure qui le faisait encore boité, de temps à autre. Cette vieille carne avait vu le Veilleurs intégrer l’uniforme, jusqu’à atterrir sous son commandement. Tous deux avaient du mal à se voir comme des amis. Bien que du genre paternaliste avec ses collègues, envers Louciane, il se montrait plus comme…. Une sorte de grand frère. Des grands frères qui s’engueulaient souvent. Un peu comme avec Jensen, sauf que ce n’était pas comme avec Jensen. Il ne s’était jamais sentit proche de son aîné.  
- Et bien, je suis là depuis ce matin. Répondit l’homme dans un demi-mensonge, écartant le bras qui ne tenait pas la tasse. C’était en partie vrai, puisque c’était encore le matin. Après, ils n’étaient pas obligé de savoir qu’il venait juste d’arriver. Mais s’il fallait que je participe à votre petite sauterie, j’ai un téléphone.
Il ne pouvait pas s’empêcher d’être particulièrement insolent. Le Sergent sentait venir l’entourloupe et il n’appréciait pas qu’on lui fasse des petits dans le dos. S’il devait être présent, sus été aimable de le prévenir assez longtemps à l’avance, et de ne pas venir faire semblant de lui reprocher de ne pas avoir été là. A côté, Duncan n’osa pas réellement piper mot, voyant les nuages s’amonceler derrière ses yeux, annonçant un orage imminent.
Faisant abstraction de son impertinence, l’Inspecteur fit un pas de côté et tendis une main derrière lui.
- Je vous présente l’agent de renseignement Camden Baxter. Il nous a été envoyé par le NCA, en tant qu’agent de liaison pour l’affaire du Poison Prince. Il se tourna vers l’homme. Agent Baxter, le Sergent-Détective Louciane Howard, en charge de l’affaire au CID.
Baxter… Camden Baxter… Louciane n’avait pas entendu ce nom depuis trente deux ans. Trente deux putain d’années. Et ça, il ne s’y attendait pas vraiment. D’ailleurs, il n’avait plus rien à écouté après le nom Baxter.
- Mais vous avez fait partie de la SOCA pendant sept ans, vous savez comment ça se passe…
A cet instant, le Veilleurs leva vers lui un regard aussi noir que la céramique. Ça le démangea de lui envoyer le mug en travers de la figure, pour la lui faire cracher sa pastille. Un sourire étira ses lèvres. Un de ces rictus qui se voulait poli en façade, mais pour qui le connaissait savait parfaitement que ça signifiait « va bien te faire foutre, connard ».
- Evidemment. Il tendit une main vers ce fantôme d’un passé qui se voulait révolu. Ravis de te voir de retour en Angleterre. Et désolé pour ta mère…
Une poignée de main rapide, une phrase sincère pour noyer le poisson de son hypocrisie. Il l’avait lu dans la presse, cependant jusqu’à maintenant, il n’avait pas fait le lien entre le Baxter de l’école, et l’incendie de Bristol.
- Vous vous connaissez ? Intervint soudain Edwin, brisant son propre silence.
- Brièvement… On à fait l’école de police ensemble. Mais c’était il y a plus de trente ans. Le temps a passé. Son regard se planta quelques secondes dans les yeux de Baxter, avant de se poser sur les deux supérieurs, puis il prit une longue inspiration. Mais bon, c’est sympas tout ça. Enchanté, et cætera… Mais si la récréation est finie, y en a qui ont du travail.
Tendant un pouce vers son bureau, le brun n’eut aucun scrupule à tourner les talons, portant le café à ses lèvres, il s’en autorisa une gorgée avant que celui-ci ne soit froid.
- Justement, l’interpella Tomasson, si vous vous connaissez, il sera plus facile pour vous de travailler ensemble. L’agent Baxter à été au FBI, il aura peut être de nouvelles choses à vous apprendre.
Le liquide fit un allé retour assez rapide, de sa bouche au récipient, manquant le vaporiser dans toute la pièce. Il venait de faire vibrer la corde sensible, et s’il n’avait pas eut son supérieur direct à côté de lui, le flic lui aurait fait avaler sa cravate, avec son petit sourire de carriériste condescendant de merde. S’essuyant la bouche d’un revers de main, Louciane prit sur lui pour conserver un ton bien plus poli que ses mots.
- Si c’est une blague, elle est aussi mauvaise que ce putain de café ! Lâcha-t-il, sans gant ni filtre. Je travail seul, j’ai pas besoin de chaperon ! »
Ah celle là, il ne l’avait pas vu venir. Gretchen lui avait dit qu’il n’apprécierait pas. Et elle n’avait absolument pas tort. Néanmoins, il aurait apprécié qu’elle lui dise tout de suite pourquoi, il y avait cette foutue moto garée sur sa putain de place de parking…

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Dim 29 Avr - 22:07
Camden A. Baxter
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It's been a very long fuckin' time






Louciane J. Howard
&
Camden A. Baxter

Mes yeux s'ouvrirent brusquement, mon corps figé dans le lit. La pénombre encore présente sur le plafond, la sourdine du cauchemar dans les oreilles. La sensation du drap contre mon corps trempé, la respiration éreintée. Cette nuit encore, Neo m'a parlé. Il s'est infiltré dans ma tête, et m'a refait vivre la nuit où il m'a torturé. L'odeur du hangar dans lequel nous nous trouvions est encore présente, le goût du cuivre se fait sentir dans ma bouche, comme si le sang y coulait à flot.

Je me redresse, pousse une longue expiration en plaquant les mains sur mon visage. J'ai tout essayé pour le faire taire. La méditation, l'hypnose, des séances avec un psychiatre du FBI, des cachets. Pour l'instant, l'une des seules choses qui semble fonctionner, et encore sur un temps limité, reste le whisky. Mais très franchement, je ne suis pas ravi de noyer ce problème en suivant le chemin de mon père. Franck était une pourriture, l'alcool l'était encore plus. Je ne tiens pas à marcher dans ses pas.

Je pose pieds à terre, passe mes doigts dans mes cheveux en jetant un œil au réveil. Quatre heures du matin. Au final, j'aurais dormi cinq heures cette nuit. C'est plutôt un record. Le point positif à tout ça c'est que je serais suffisamment réveillé et reposé pour assurer le rendez-vous au poste de police de Killingworth. Après un bon café et une bonne douche, tout devrait rouler.

Je me dirige vers la salle de bain, me débarrasse de mon sous-vêtement sur le chemin. Le point positif de vivre seul et tout en haut d'une tour. Mes baies vitrées ont beau être immense, si je voulais passer ma vie à poil personne ne risquerais de me voir. Il faudrait un hélicoptère pour avoir un vis-à-vis. J'entre dans la douche, enclenche le robinet en me jetant tête la première sous le pommeau, ferme les yeux pour savourer l'eau brûlante.
Je ne me suis pas couché très tard hier soir, contrairement à mes habitudes. J'ai passé une partie de ma soirée à faire des recherches sur les mutants répertoriés de Killingworth, mais en toute honnêteté, ça ne m'a pas beaucoup avancé. Le « Poison Prince », comme la presse aime à l'appeler – allons y gaiement, donnons des noms aux criminels comme s'ils étaient des super vilains de Marvel afin de dynamiser leur ego – reste un gros mystère. Les autorités locales semblent penser qu'il s'agirait d'un dealer ou d'un mutant. Pour ma part, je ne penche que pour la seconde possibilité. Franck était capable de synthétiser du feu, et Neo m'a prouvé à quel point les mutants pouvaient être perfides. Alors, l'hypothèse qu'un mutant soit capable de créer un poison et de l'insuffler à ceux qu'il choisit est tout à fait tangible. La seule chose qu'il me manque, ce sont des preuves. Et un visage à coller à ce déchet.

Je sors de la douche, enfile un large peignoir en m'extirpant de la salle de bain. La direction vers la cafetière semble être un chemin tout tracé. Je verse le liquide brun dans un large mug, me laisse tomber dans un fauteuil en allumant ma télévision, attrape mon paquet de cigarette posé sur la table. Mon regard se perd un instant sur les images du télé-shopping bidon où une femme présente un robot cuiseur-mixeur capable de tout. Ceux qui gobent ça sont vraiment stupides. J'aimerais croire que personne n'appelle leur numéro surtaxé en se jetant dessus parce qu'une présentatrice au grand décolleté dit que ce jour là, exceptionnellement, l'electro-ménager est soldé à 70%. Enfin, il faut croire que si ce genre d'émission continue d'exister, c'est parce qu'il y a des cons pour acheter.  

J'allume ma clope, inspire la première latte, puis avale une longue gorgée de café avant de recracher la fumée. Aujourd'hui, je rencontre le département de sécurité de Killingworth. J'ai rendez-vous au poste à huit heures tapante. J'ignore ce que valent ces types, mais je ne m'attends pas à quelque chose d'exceptionnel. Quand je vois le nombre de mutants qui vivent ici, je me demande ce qu'ils foutent. Si ça ne tenait qu'à moi, il y a longtemps que je leur aurais mis des puces pour les pister et les éliminer au moindre faux pas. Je reconnais que certains possèdent des mutations pas franchement inquiétantes, mais d'autres le sont bien plus. Il n'y a qu'une limite à franchir pour qu'ils deviennent dangereux. L'exemple du braquage de la banque dont ils parlent dans le journal en est l'exemple même. Une prise d'otage, au moins trois mutants impliqués, des traces d'explosif sans explosifs, des amnésies, le système de surveillance qui défaille. Quand je vois ça, je ne peux que me demander ce que fais la police ici. C'est à croire qu'ils préfèrent leur pauses café.

J'avale une grande goulée de boisson, tire sur ma cigarette une nouvelle fois. Il est temps que je me prépare.


Je gare ma Harley sur le parking du poste de police, en descends rapidement, ôte le casque. C'est loin d'être la grande classe, mais formation oblige, j'aurais fait un bien mauvais flic si j'avais conduis sans protection. Quoique ça ne m'ait pas toujours empêché de le faire.

Je jette un œil à ma montre, puis à l'entrée du bâtiment. Mes insomnies ont tendance à bien trop décaler mon rythme journalier, si bien qu'arriver en avance est devenu monnaie courante chez moi. Si je n'avais pas rendez-vous d'aussi bon matin, j'aurais passé plus de trois heures à regarder la télévision en enchaînant les cafés. Peut-être qu'avec de l'acharnement, j'aurais fini par vouloir acheter le multi-cuiseur.
Mon paquet de Marlboro en main, j'en extirpe une et la coince entre mes dents, cherche un instant mon briquet dans ma veste en cuir. Par miracle, je ne mets pas très longtemps à le trouver, et encore moins à flamber le bâton de nicotine. Quelques voitures sont d'ores et déjà présentes sur le parking, ce qui me fait penser qu'au moins je n'aurais pas à attendre une paye que quelqu'un se décide à venir ouvrir.

Une portière claque dans mon dos, puis j'entends des bruits de talons approcher de moi, le son d'une démarche précipitée, vraisemblablement. Je me tourne un instant, pour voir une femme entre la trentaine et la quarantaine, ses cheveux châtain aux vents, emmitouflée d'un épais manteau. Elle s'arrête face à moi, puis sa voix s'élève.

- Excusez-moi, mais ce parking est réservé aux employés...

Je visse ma sèche entre mes lèvres, les étirent un peu en tendant la main vers elle. Visiblement, elle doit bosser ici.

- Camden Baxter, j'ai rendez-vous avec Duncan et Tomasson ce matin.

Elle fronce les sourcils un instant, prends ma main pour la serrer brièvement.

- Vous êtes de la police aussi ?

J'inspire une goulée de tabac, puis la recrache sur le coté pour ne pas l'intoxiquer. Elle me lorgne de la tête aux pieds.

- Je travaille pour la NCA, je suis chargé de l'affaire du « Poison Prince ».

Un rictus ne peut s'empêcher de se tracer sur mes lippes en évoquant le petit surnom que la presse à donné au criminel actuel. Vraiment, ils auraient pu s'abstenir. On dirait le nom d'un super-vilain de Marvel. Après Spiderman et le Bouffon vert, Camden et le Poison Prince. Une blague de mauvais goût, c'est tout ce que ça m'inspire.
L'inconnue semble se décontracter, sa bouche se fends d'un sourire. Elle semble rassurée. Cela dit, avec ce que la ville endure depuis ces derniers jours, je ne peux pas la blâmer d'être méfiante. Entre le braquage et l'homme mystère qui fait un bon nombre de victime, il y a de quoi avoir peur.

- Eh bien, enchantée ! Vous voulez entrer ? Je vais vous faire un café.

J'opine doucement de la tête, puis jette le mégot en l'air avant de m'embarquer à sa suite, mon casque sous le bras.

La dite Gretchen m'indique un endroit où déposer mes affaires, puis me propose de m'installer sur un siège en attendant que les chefs soient disposés à me recevoir. Mon gobelet de café à la main, je toise un instant ma tenue, pensif. N'étant franchement pas fan des costumes, j'ai décidé d'y aller en mode décontracté aujourd'hui, mais je commence à me demander si je n'aurais pas dû opter pour un truc plus formel, style chemise/cravate. J'ai quand même fais le choix de mettre une chemise, mais une noire, en jean. Toute assortie à un pantalon de la même fabrique, accordé à des boots militaire. De toute manière, mon insigne de la NCA sera suffisant pour leur prouver que je ne suis pas un branque qui se la joue pour obtenir un scoop.

La porte pivote sur ses gonds, un type d'une soixantaine d'années me fait signe d'entrer. Je me lève sans un mot, me contente de lui serrer la main pour le saluer rapidement. Les présentations seront vite faites, et tant qu'à faire, je préfère autant qu'elles se fassent une fois en condition dans le bureau.
Je pose le gobelet de café sur l'imposant meuble, sors le porte carte décoré de l'insigne de la NCA, ainsi que mon pass, pour les tendre à l'homme.
Il les attrapes un instant, observe la photo de la carte, puis lève le regard vers moi à plusieurs reprises, comme pour vérifier que je suis bien la même personne. Voyant que le silence s'installe progressivement, je prends la parole.

- Camden Alexander Baxter, né le 10 décembre 1967 à Bristol. Je suis engagé à la NCA depuis plus de quatre ans, j'ai auparavant travaillé pour le FBI à Chicago et précédemment à New York. On m'a mis en charge sur l'affaire du Poison Prince. En temps qu'agent de renseignement mon rôle est d'assurer la liaison entre vos informations et celles de la NCA afin de résoudre l'enquête au plus vite.

Un type – que je n'avais pas encore remarqué jusque là – approche du bureau et pose les mains sur celui-ci, l'air contrarié. Il est plus jeune que moi. Mais il a la tête du parfait bureaucrate. Typiquement le genre de petit baveux qui m'insupporte.

- Attendez, est-ce que ça veut dire que vous reprenez l'affaire ?

Je nie de la tête, attrape mon café avant de m'asseoir en croisant une de mes jambes, plaçant ma cheville au niveau de mon genou. J'avale une gorgée de café, retiens une grimace. J'aime le café, et, en terme général, je ne suis pas du genre à faire la fine bouche. Mais celui-ci est particulièrement dégueulasse.

- Pas pour le moment. Mon rôle est de reléguer les informations à la NCA et de vous assister dans l'enquête. Bien sûr, s'il y a besoin d'aide sur le terrain vous pouvez compter sur moi, je ne suis pas fana de l'administration.

JJe lance un discret regard au plus jeune des deux, hausse les sourcils puis les pointes successivement du doigt.

- J'imagine que vous devez être Duncan et Tomasson mais j'ignore lequel des deux est qui.

Le plus vieux se racle la gorge, finit par se présenter. J'apprends qu'il se nomme Edwin Duncan, et est inspecteur-détective et qu'il est agé de soixante-deux ans. L'autre, Rhys Tomasson en a quarante-sept – bien qu'il soit loin de les paraître – et se trouve être inspecteur. Ce fut lui, qui parla principalement. Il commença par me questionner sur mes activités au sein de la NCA, puis enchaîna sur une montagne d'informations, par forcément des plus utiles. Il m'informa qu'il avait de bons contacts parmi les Stups, ainsi qu'au Vice squad et que, de ce fait, il pouvait collecter facilement des éléments pour avancer sur l'enquête. Lorsqu'il annonça que je pourrais collaborer avec le sergent-détective qu'il avait placé en charge de l'affaire, je remarquais une toux exagérée de la part du plus agé.
Alors que la discussion touchait à sa fin, et que je les questionnais sur de potentiels suspect, la conclusion fut qu'il fallait demander au sergent pour des réponses plus concrètes. C'est à cet instant que Duncan prit la parole :

- Enfin, pour en référer au dit Sergent-Détective, c'est moi qui suit son supérieur, au CID.

Il insista lourdement sur le mot "détective" ainsi que l'abréviation, puis jeta un regard appuyé à son homologue, ce qui me fit froncer les sourcils. Semblant faire l'impasse sur la correction de son collègue, le dit Tomasson s'élanca vers la porte du bureau qu'il ouvrit vivement, sa voix raisonnant comme un écho dans ma tête

Howard.

Un nom que je n'ai pas entendu depuis des années. Un nom qui me fit tout à coup perdre toute mon assurance tandis que j'avalais la dernière gorgée de la caféine infâme. Un nom que j'aurais préféré ne jamais ravoir à entendre. Un nom que je savais n'être absolument pas anodin, encore moins dans un poste de police.
Une part de moi espéra fortement qu'il s'agirait seulement d'une coïncidence. D'un homonyme.
Pourtant, la voix qui râla depuis l'autre côté de l'inspecteur était loin de me rassurer. Elle était différente de celle que j'avais connu, bien sûr. Plus endommagée par le temps, plus marquée. Mais le timbre était le même. En tout point le même que celui de Louciane.
Les présentations se font, tout comme celle de deux étrangers. Mon rythme cardiaque déraille.

Mes yeux se posent sur le fantôme de mon passé, redécouvrent son visage, bien marqué par le temps qui s'est écoulé. Trente deux ans. Il aura fallu trente deux ans pour qu'on se retrouve ici, face à face dans un poste de proximité, comme deux parfaits inconnus. Son regard m'évite, presque pensif. Il se pose furtivement sur moi lorsqu'il me tends la main.

- Ravis de te voir de retour en Angleterre. Et désolé pour ta mère…

Ma gorge se serre un instant. Alors comme ça, il a fait le rapprochement entre l'incendie de Bristol et ma mère ? Son « de retour en Angleterre » signifie clairement qu'il sait que je n'y vivais plus. J'ignore s'il en est véritablement ravi. Tout comme je doute de la manière dont je suis censé réagir. Il sait ces choses sur moi, et n'a jamais jugé bon de me contacter ? Ou bien est-ce qu'il s'agit d'un moyen de jouer une fausse sympathie en incluant des condoléances absolument impensées ? J'aurais tendance à pencher pour la seconde. Ma mâchoire se contracte tandis que nos mains se serrent un bref instant.

Je reste muet lorsque Duncan prends la parole en demandant si on se connaît. Le Howard s'empresse de lui répondre.

-  Brièvement… On à fait l’école de police ensemble. Mais c’était il y a plus de trente ans. Le temps a passé.

J'ai la rancune tenace. Mais je suis capable de laisser couler lorsque le temps passe. Jusqu'alors, je n'avais jamais eu à me soucier de ce que je ressentais encore, ou non, pour Louciane. Je n'avais même pas à m'en préoccuper d'ailleurs. Ça avait été l'histoire de deux mois, quelques mois de déprime intense, puis il avait fini par devenir une image, un spectre appartenant à mon passé, dont la réapparition serait extrêmement mince. Pourtant, je mentirais en affirmant que sa phrase ne me fais pas grincer des dents. « Brièvement ».
Nos regards se croisent, mes poings se serrent encore une fois, je hausse les sourcils en le toisant. Il détourne les yeux, se reporte sur ses supérieurs.

- Mais bon, c’est sympas tout ça. Enchanté, et cætera… Mais si la récréation est finie, y en a qui ont du travail. 

Si les circonstances avaient été autres, son attitude m'aurait probablement fait rire. Si, tout simplement, la phrase d'avant n'avait pas contenu le terme « brièvement » et qu'il n'avait pas évoqué ma mère, les choses auraient été bien différentes.  
Il marque un temps d'arrêt lorsque Tomasson évoque mon passage au FBI, je penche la tête de côté en plissant les yeux. J'ignorais complètement son séjour à la SOCA, mais j'imagine que si son supérieur se permet de lui préciser que j'y suis allé et pourrait lui apprendre des choses, c'est qu'il n'a pas réussi à suivre mon parcours. Il lui aurait déjà fallu devenir citoyen américain. En soit, travailler aux états-unis durant cinq ans, ou, la méthode facile, épouser une citoyenne américaine et y rester marié durant trois. Mais si mes souvenirs sont bons, il me semble avoir vu dans une actualité qu'il s'était marié, il y a un bout de temps. Les mariages de bourges, ça fait parler.

Je relève la tête lorsqu'il s'énerve, clamant qu'il n'a pas besoin de chaperon. Il n'a pas tort sur un point, le café est vraiment pourri.

J'avance vers eux après un regard vers le supérieur plus âgé qui semble sur le point d'imploser. Si l'ambiance est tout le temps aussi tendu, y'a de quoi se taper de méchants ulcères.

- Je pense qu'on a déjà bien parlé ensembles, maintenant je pense que ce serait mieux si je m'entretenais directement avec Louciane pour voir ce qu'il en est de l'affaire et mettre nos informations en commun.

J'ai pas du tout l'habitude d'appeler mes collègues par leur prénoms, et encore moins ceux que je viens à peine de rencontrer. Mais en l’occurrence, c'est une vieille connaissance, et une connaissance que je ne me suis jamais fais chier à appeler par son nom de famille. Alors il va vraisemblablement falloir que je m'y habitue. Je me tourne vers Tomasson, me contente de le lorgner un instant puis reprends :

- Vu que le sergent-détective Howard est sur l'affaire, je pense qu'il sera le plus à même de m'aider. C'est davantage un travail d'équipe que de supervision, après-tout.

Je m'arrête face à mon vieil amant, le fixe un moment. Il me dépasse de quelques centimètres.

- Allons dans ton bureau.

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Sam 5 Mai - 21:40
Louciane J. Howard
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It's been a very long fuckin' time
Camden ft. Louciane



Une cocotte minute sur un feu ardent, que l’on ne cesserait d’alimenter. Voilà ce qu’était le Howard en cet instant. Son humeur faisait déjà un sacré yoyo depuis quelque temps. Depuis qu’il piétinait sérieusement, puis que cet empaffé de Tomasson lui mettait un peu plus la pression. L’Inspecteur avait réellement du mal à saisir cette différence, entre travailler avec lui et pour lui. Et depuis quelque temps, il semblait prendre un malin plaisir à piétiner la spécificité "détective", inscrite sur son badge. L’homme rongeait son frein, en silence, faisant son possible pour l’éviter, laissant à l’Inspecteur-Détective Duncan, le soin de lui remettre les points sur les i. C’était son boulot après tout. S’il se trouvait là, et non à Newcastle, c’est bien parce que la tête de mule qu’était le Sergent-Détective, avait refusé la direction des cinq agents du CID qui lui était alloué. Et aussi parce que Duncan n’aimait pas particulièrement les bureaux de Newcastle, et se sentait bien plus proche du terrain ici. Alors gérer Tomasson, c’était son boulot. Pas le siens.
Le flic jouait à l’anguille, ce qui était préférable, compte tenu de son tempérament, auquel cas ça n’aurait pas été le même son de cloche. Il aurait put continuer à l’éviter ce matin, ça avait faillit marcher, si les hautes instances n’avaient pas décidé de leur envoyer Monsieur FBI…
Franchement, merci pour ce beau cadeau. Qu’ils étaient bon prince ! Ils devaient estimer que la petite police de Killingworth commençait à être trop manche. Comme s’ils n’étaient pas assez sur le coup. Surtout que, le service en charge principale du Poison Prince c’était les stups, pas le CID. C’est bien parce qu’il avait usé des ses états de service, d’un coup de tête et d’un caprice, qu’il pouvait enquêter là-dessus. Alors si le NCA devait faire la sangsue quelque part, il s’était trompé de maison. Et surtout de pigeon…

Puis, pourquoi lui ? Pourquoi Baxter ? De tous leurs putains d’agents, il était le seul disponible ? Il avait perdu un pari ? A la courte paille ? C’était une punition ? Ou il se faisait tellement chier derrière ses écrans, qu’il s’était porté volontaire ? On l’avait sacrifié en martyr ? Ou bien était-ce un bizutage ? Tant de questions qui pourraient trouver réponse, s’il daignait avoir la politesse de les lui poser. Mais, pour être honnête, il n’en avait rien à foutre. Quelque part, Louciane s’y attendait à ce que le NCA débarque, cependant, il espérait n’être que mauvaise langue sur ce coup. Ce qui le mettait le plus en colère, ce n’était pas tant d’avoir en face de lui un type qu’il n’avait pas revu depuis trois décennies – ça c’était juste un bonus, fournit avec les karmas merdiques – mais plutôt qu’on lui foute dans les pattes la bouche en cœur, comme on refilerait le cadet à l’aîné, alors qu’ils ont dix d’écart. Que l’on décide comme ça pour lui, pour eux, sans regarder le cadeau particulièrement empoisonné qu’on leur faisait, à l’un comme à l’autre. Sauf s’ils voulaient un fait divers au poste de police de Killingworth, le Veilleur avait ses cibles en tête. Et ce n’était pas garantit que les cadavres soient propres.

En voyant sa réaction, le brun se dit sur le tard qu’il aurait du se contenter d’un simple « enchanté », ou bien d’un « comme on se retrouve ». Ça aurait certainement évité de futures conversations désagréables. La vérité, c’est qu’il savait qu’il avait quitté le pays. Parce qu’après avoir finit l’école et obtenu brillamment son diplôme, grâce au coup de pied au cul qu’il lui avait filé, le Howard avait voulu le recontacter. Cependant, c’en n’était resté qu’au stade du désir fugace, s’évaporant tandis qu’il quittait le pays. Après ça, il n’avait pas cherché à renouer contact, passant à autre chose, se concentrant sur sa carrière et ses ambitions de l’époque. Concernant sa mère, bien qu’il ne l’ait jamais rencontré, les temps qu’avait duré leur histoire, de ce que Camden lui avait parlé, cette femme ne méritait pas de finir comme ça. Et aussi brève furent-elles, ses condoléances étaient réellement sincère.

Seulement, l’heure n’en était pas à la réminiscence de quelconque sentiment ou amitié révolu. C’était plutôt l’heure des éclats de voix, puis des mornifles qui se perdaient. En d’autre circonstance, le Sergent aurait salué la clairvoyance de l’agent, sur la façon dont il tenta d’apaiser les choses. En d’autres circonstances oui…. Si l’Inspecteur n’avait pas jeté de l’huile sur le feu, préparant à envoyer le couvercle de la cocote sur orbite. Si Baxter n’avait pas employé son prénom, de façon si familière devant les deux supérieurs, puis s’il ne lui avait pas donné ce qui, à travers sa colère bouillonnante, ressemblait le plus, pour lui, à un ordre. La main gauche pressés sur la hanche, Louciane le foudroya du regard, prenant une profonde inspiration pour les envoyer tous se faire se foutre.
L’Inspecteur Tomasson ouvrit la bouche au même instant, prêt à ajouter quelque chose, quand un agent fit éruption au milieu du groupe. Tous les regards se plantèrent instantanément sur lui, et le pauvre homme put mesurer toute l’ampleur de la tension, qui régnait entre les quatre hommes. Un sourire profondément gêné étira ses lèvres, tandis que ses yeux faisaient le tour de l’assistance, ne sachant sur qui se poser. Puis il fini par lâcher un « Bonjour » des plus crispés, avant de se tourner vers Tomasson.
- « Pardonnez moi de vous déranger mais, Inspecteur Tomasson, miss Gretchen pour vous sur la ligne deux.
S’étonnant, Rhys s’excusa auprès des trois autres, puis partit en direction de son bureau, deux paires de regard plantés dans son dos comme des poignards. Louciane soupçonnait Gretchen d’avoir fureté dans les parages, puis d’avoir éloigner l’Inspecteur, pour limiter les pots cassés. La légiste était un peu comme un ange gardien. Un ange gardien dont on ne voulait pas toujours, mais qui pouvait s’avéré fort utile. Sauf peut être pour le pauvre messager.  Messager qui malheureusement oublia de suivre le sillage de son inspecteur, s’attirant les foudres du sergent.
- Et bien ? Tu te prends pour un épouvantail, ou tu te crois au spectacle ? Qu’il cracha à son attention, le faisant détaler instantanément.
Les sourcils froncés en une ligne droite, noircissant son regard qui se porta à la fois sur Duncan puis sur Baxter, un rictus indescriptible étira quelque peu ses lèvres, puis il repartit d’un pas raide vers la cuisine. Lâchant un profond soupir, Duncan s’excusa auprès de Baxter, puis lui emboita le pas.

- Tu me dis me calmer, et je t’envois cette tasse en travers de la tronche. Attaqua le subordonné, sans préambule. Je suis sûr que ça ferait sur ta chemise une bien meilleure tâche, que ce n’est un putain de café vraiment dégueulasse.
Edwin s’adossa au placard les bras croisés, sa main fourrageant dans sa barbe dans un geste à la fois anxieux et quelque peu agacé. Sur son visage, on pouvait aisément lire son regret d’avoir du quitter les stups pour ce poste, mais surtout qu’il se faisait trop vieux pour ces conneries.
- Je ne vais rien te dire. Finit-il par lâcher, le lorgnant par-dessus son épaule, considérant la tasse de café qui rendait son jus dans l’évier. Comme si voir le liquide s’écouler doucement dans le siphon suffisant à calmer leur deux esprits particulièrement échauffé. Je partage tout à fait ton point de vu, et je te vois venir à des kilomètres. Laisse-moi gérer Tomasson. Et si tu dois faire un meurtre entre lui et monsieur FBI, pitié fait ça hors du poste, ou proprement. Les tâches de sang ici, ça fait désordre.
Penché au dessus de l’évier, ses doigts agrippés au rebord se détendirent quelque peu, puis un sourire entre deux expressions tordit son visage. Voilà pourquoi, de tous ceux avec qui il pouvait travailler, l’Inspecteur-Détective Duncan se trouvait de ceux qui pouvait le mieux remplir ce rôle. Malgré leurs engueulades, ils étaient pareils. C’était surtout qu’il savait comment l’approcher. Et il le savait pertinemment que les grandes phrases moralisatrices ne fonctionnaient pas sur cette tête de bois. Ça ne fonctionnait pas sur lui.
- Et arrête d’insulter ce pauvre ce café. Il est mauvais mais c’est pas de sa faute. Y a pire que lui mais on ne peut pas avoir mieux. Mets du sucre, ou du bourbon, je ferais comme si j’avais rien vu.
Vidée et rincée, la tasse claqua sur la partie prévue à la vaisselle, plissant les yeux, Louciane le regarda quelque peu amusé et intrigué à la fois.
- Incitation à l’ivresse au boulot ? Et c’est moi qui aie les pires casseroles dans mon dossier. Il tendit un pouce derrière lui. Et si je filais plutôt à l’anglaise, tu me couvrirais ?
L’homme secoua la tête pour toute réponse, ses cheveux grisonnant tiré en arrière balayant doucement ses épaules.
- Rêves… Va jouer avec ton ancien copain, et soyez sage les enfants. Il se décolla du meuble, posant une main sur le haut de sa cuisse quelques secondes, avant de se remettre en mouvement. Je vais dans mon bureau, tu sais pour ce que tu as toujours en retard. Je ferme la porte, si je vous entends au travers, ça va chier ! »
Se pinçant les lèvres, le Howard baissa quelque peu la tête, puis haussant les sourcils, il murmura un « Oui maman », que seul l’inspecteur put entendre. Une réflexion qui lui valut un coup dans l’épaule.
Dépassant Baxter, l’homme lui pressa doucement l’épaule en signe d’encouragement, puis après lui avoir glissé qu’il serait dans son bureau, au besoin, s’éloigna vers le dit bureau en boitant légèrement.

Toujours énervé, mais peut être un peu plus détendu, Louciane se dirigea vers l’agent puis planta son regard dans le siens, avant de reprendre sa route. Ça suffisait pour dire « par ici ».
Son bureau se trouvait calé entre le mur, et un autre, séparé de presque deux mètre, encadré par deux autres postes. L’espace rudimentaire du lieu ne permettait pas d’avoir de réelle séparation entre chaque poste de travail. Puis, leur boulot nécessitant avant tout une cohésion d’équipe, mettre des cloisons n’aurait eu aucun sens. Un ordinateur, qui n’avait de récent que sur le fait de ne pas ressembler à une télé cathodique, se trouvait relégué au coin droit du plan de travail, un écriteau gravé "Sgt-Det L. J. Howard" se trouvant à côté, presqu’en bordure du chant plat, prêt à être précipité dans le vide. La cause de ce flirt avec la gravité : le téléphone, avec lequel il aurait bien étudié les théories de Newton.  La seule différence entre son poste de travail, et celui de ses voisins – hormis la pile un peu plus conséquente de dossier – résidait dans le fait qu’il était vierge de tout objet personnel. Il n’avait pas de plante – qu’il tuait de toute façon – de bibelots, de photos personnelle… rien de tout cela. Le Veilleur ne mélangeait jamais vie privée et travail. Et il ne tenait pas particulièrement à parler de sa fille. Pas qu’il en avait honte, bien au contraire, tous les jours il se demandait comment il pouvait avoir une fille aussi formidable, compte tenu du père atroce qu’elle pouvait avoir. Seulement, il ne voulait pas la mêler à tout ça. Car lorsqu’il rentrait chez lui, elle était encore le seul sujet qui lui permettait de penser à autre chose qu’à son boulot, ou à la veille.

Refermant d’un coup sec le tiroir, qu’il avait oublié de fermer tout à l’heure, et dans lequel son genou avait faillit s’encastrer, le flic se laissa tomber sur sa chaise, posa la tasse de café fumant à côté du clavier – qu’il s’était resservit avant de quitte la cuisine, à croire qu’il ne s’en était pas encore fait totalement son opinion – puis vida deux dosette de sucre dedans. A défaut de pouvoir y mettre du bourbon. Son regard se leva vers Baxter, tandis qu’il touillait la boisson d’un air distrait, balayant les papiers du sucre dans la corbeille. Son index pointa la chaise face à lui, pour l’inviter à s’assoir. Lui ne fit aucun commentaire sur son espace de travail, laissa le bon soin à l’homme de s’en charger pour lui, préparant tout de même quelques répliques bien senties pour toute réponse. Il aurait put lui proposer un café, mais pour ça, il faudrait qu’il se lève de sa chaise et refasse le chemin en sens inverse, si tant est qu’il accepte. S’il en voulait un, qu’il fasse comme tout le monde : en utilisant ses pieds, puis ses mains. Il était doué avec ça…
S’octroyant une gorgée de café, le Sergent grimaça quelque peu puis reposa le mug d’un air presque boudeur.
- « Bon… Lâcha-t-il d’un ton lourd, comme on lâche un pavé dans une marre. J’aime pas parler pour rien, et j’pense que t’aime toujours pas les rediffusions. Sa main balaya l’air. On va passer sur le vouvoiement, par contre… son regard s’ancra profondément dans le siens… on va s’en tenir à Agent Baxter et Sergent-Détective Howard. Insista l’homme, soulignant soigneusement les deux grades, avant de se laisser retomber dans le dossier de sa chaise. Ensuite, le plus simple, je pense, serait que tu me dises ce que l’autre imbécile de Tomasson t’as bavé. Ça nous évitera de perdre notre temps. »
Il ne savait pas quoi dire de plus. Qu’y avait-il à dire de plus, au bout de trente deux ans ? Je suis désolé ? Il ne l’était pas. C’était comment l’Amérique ? Il s’en foutait, et puis il lisait la presse mondiale. T’as trouvé quelqu’un ? En quoi ça pouvait bien le regarder ? Franchement… Le NCA ne pouvait-il pas envoyer quelqu’un d’autre que lui ?

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Jeu 10 Mai - 13:45
Camden A. Baxter
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Métier : Agent de renseignement au NCA
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Louciane J. Howard
&
Camden A. Baxter
L'une des particularités des êtres vivants, qu'ils soient humains, animaux ou végétaux, c'est que tout ce que l'on vit, tout ce que l'on subit au cours de notre existence, nous laisse des marques. Physiques comme psychiques. Qu'il s'agisse d'épreuves émotionnelles ou de trace des années qui défilent, les conséquences se répercutent sur nous, et finissent par s'y graver. En l’occurrence, mon visage est à présent défini de quelques rides, des expressions encrée à vie qui démontrent ce que j'ai vécu d'une manière subtile. Le Howard en possède également.
Lorsque nous nous sommes connus, il n'avait déjà pas un caractère des plus facile. Il ne fallait pas lui chercher des noises longtemps au risque de se retrouver envoyé chier en retour, et encore, ça, c'était la partie la plus aimable. En revanche, il était capable de l'écraser quand la situation l'y contraignait. Notamment quand nous nous sommes séparés, ce qui en soit, est l'exemple le plus parlant que je possède dans ma réserve de souvenir.
Mais ce que j'en vois aujourd'hui est tout autre. J'y vois un homme qui, vraisemblablement, est encore moins agréable que dans ses mauvais jours, il y a trente deux ans. J'imagine que de son côté, il a dû vivre beaucoup de choses, et probablement en endurer tout autant, au point que ça impacte sa personnalité. Parce que oui, s'il y a bien une chose que j'avais comprise quand j'ai rencontré Louciane, c'est qu'il savait poser ses mots et envoyer paître ceux qui lui gâchaient son précieux temps. Je comprends ce jour qu'il s'agit d'un trait de caractère qui n'a pas changé. Tout du moins, la base est restée la même. Les années passées semblent avoir ajouté leur grain de sel, sont venues l'étoffer comme pour le rendre plus virulent qu'il ne l'était à l'époque.

Le fait d'apprendre que nous allons collaborer n'a pas l'air de le ravir, et le fait que je tente d’apaiser la situation en épiloguant la conversation n'a vraisemblablement pas aidé malgré ma volonté première ; encore moins le fait que je l'appelle par son prénom devant ses supérieurs.
Ma vieille connaissance semble bouillonner de l'intérieur, et visiblement, ce n'est pas parti pour s'arranger. Je me demande même un instant s'il ne va pas me foutre son poing dans le tarin. Encore plus quand il me balance un regard des plus noir. En un sens, je peux tout à fait concevoir le fait que de se voir chaperonné dans une affaire qui lui appartient ne le ravisse pas, d'autant plus par le NCA. C'est comme lui balancer un parpaing d'incompétence dans la face. Alors, si en plus cette fameuse pierre ravive d'anciens souvenir et lui est familière, ça ne peut pas aider. Encore moins quand il s'agit de la dernière brique qu'il aurait voulu voir dans un édifice qu'il se fait chier à construire.

Cela dit, moi-même, je ne pensais pas qu'en poussant la porte du poste de police de Killingworth ce matin, je me retrouverais face au « sergent-détective Howard » aka, un homme avec qui j'ai couché pendant une bonne période il y a trente deux ans, qui plus est, et que j'ai aimé à m'en sentir crever quand notre relation s'est achevée. J'aurais pu m'acharner, m'entêter, attendre comme un bon petit chien qu'il se décide à ouvrir les yeux. Mais autant être honnête, à quoi ça aurait bien pu me servir ? Tout comme pour moi, des événements lui sont probablement arrivés, et qui sait, entre temps il pourrait très bien s'être marié et posséder une ribambelle de gosses, il aurait eu le temps. Il est peut-être même déjà grand-père à l'heure qu'il est. Je ne suis pas du genre à ravaler mon orgueil pour un espoir dont le potentiel est de quelques infimes pourcentages, et même si, à l'époque, mes propres sentiments étaient d'une sincérité et d'une profondeur sans borne, les siens sont demeurés nébuleux, et franchement pas assez exprimé pour que je puisse en déduire une quelconque réciprocité. Même avec le recul de trente années plus tard.

Je jette un coup d’œil presque désolé envers le pauvre agent qui a interrompu l'abat imminent de la colère de Louciane, mais qui a quand même eut le loisir d'éponger une partie de sa contrariété. Pauvre gosse. Quand je vois l'ambiance qui règne ici, je me demande si l'éclate y est toujours au rendez-vous. Avec un rabat-joie pareil comme collègue, si ce gamin termine l'année sans faire une dépression, ce sera un miracle.
Le coléreux m'accorde un rictus crispé, puis tourne les talons sans un mot en se dirigeant vers le coin où, un plus tôt, ladite Gretchen m'a emmené le temps de me servir un café. Ce même liquide brunâtre au goût infâme qui peu à peu, tiédit dans son gobelet, toujours entre mes doigts et bien entamé à défaut de son goût. Duncan s'excuse brièvement auprès de moi avant d'emboîter le pas au sergent-détective, tandis que je porte le récipient de plastique à mes lèvres. Je grimace légèrement.

Je ne suis pas du genre à écouter aux portes, malgré mon passif dans le FBI, ça ne m'a jamais amusé de jouer les fourbes à l’affût d'informations ou de scoop comme peuvent le faire les journalistes. Mais autant dire ce qui est, le commissariat est petit, la cuisine attenante franchement pas très éloignée, et l'isolation des cloisons laisse à désirer. Alors ouais, concrètement, même une personne dure d'oreille entendrait la conversation qui se trame à côté.
À présent seul dans la pièce, je tente néanmoins de ne pas prêter attention aux bribes de mots que je perçois dans les éclats de voix de Louciane et le ton, plus calme de Duncan. Ce type à l'air de bien le connaître, il doit bosser avec lui depuis un paquet de temps.
De ce que j'en ai vu tout à l'heure, l'inspecteur-détective à l'air d'être professionnel, et à l'écoute de son équipe. L'autre en revanche, Tomasson, semble plutôt être du genre fourbe et imbuvable. Le style de petit con comme on en voit beaucoup quand on bosse en tant qu'assistant du directeur général adjoint au sein du FBI de Chicago. Le fameux adjoint, en outre, était exactement le genre d'empaffé à qui j'aurais bien fait bouffer son bureau et les piles de dossiers dont il se déchargeait en me les confiant.

Je hausse un sourcil en entendant le petit surnom que le plus vieux me décerne, puis pousse un léger soupir en portant une nouvelle fois le verre à mes lèvres. Monsieur FBI ? Je ne pense pas me la péter au point de mériter un si sympathique pseudonyme. M'enfin, si ça les amusent, il peut tout aussi bien me surnommer Pamela que je serais plus à ça près. Je pense avoir atteint le summum du karma merdique en retombant sur Louciane aujourd'hui ; et en comprenant que ce serait avec lui principalement que je devrais traiter de l'affaire du Poison Prince. Ça de plus ou de moins, ça ne change plus grand chose. À moins que mon père ne ressuscite d'entre les morts et me tende une bouteille d'Aberlour, je pense que plus rien ne pourra m'étonner.

« Va jouer avec ton ancien copain, et soyez sage les enfants. »

À l'entente de cette phrase, je manque de recracher la gorgée de café présente dans ma bouche et me force à l'avaler dans un bruit de déglutition des plus charmant, puis retiens une toux en remerciant le ciel d'avoir été seul dans ce moment de gloire. Cette phrase porte franchement à confusion quand on connaît mon passif avec Louciane. Elle porte tellement à confusion qu'elle me fait un instant douter sur sa volonté première. Est-ce que c'est une façon sympa de détendre l'atmosphère en instaurant une dimension paternelle, ou est-elle volontairement sous-entendu ? Ce serait supposé que le Howard lui en aurait parlé. Ce qui en soit, est absolument impossible. Il n'assumait déjà pas à l'époque où nous sortions ensembles, il n'assumerait pas des années plus tard, tous ponts coupés.
Je m'essuie les lèvres d'un revers de bras lorsque Duncan passe devant moi, me gratifiant d'une main bienveillante sur l'épaule. Preuve qu'effectivement, il connaît bien le sang-chaud de son co-équipier. Il me glisse rapidement qu'au besoin, il sera dans son bureau, puis s'éloigne, d'une démarche boîtante. Je suis un instant ses pas du regard, fronce les sourcils. Une vieille blessure à la jambe ? Ça pourrait expliquer ce pourquoi, à son âge, il est encore dans un poste de police aussi petit, il n'a pas l'air d'être mauvais dans son domaine.

Le bruit de pas s'arrêtant devant moi me fait dévier de mon attention, je la reporte vers Howard, planté devant moi, ses iris perçant les miennes quelques secondes. Ma gorge se contracte sensiblement, il m'intime de le suivre.
Je lui emboîte le pas, découvre une pièce emplie de bureaux. Je n'avais pas pensé à ce détail tout à l'heure, en lui proposant de nous y rendre. Principalement dû au fait que ça fait de nombreuses années que je n'ai pas travaillé dans une structure comme celle-ci, et que, depuis Chicago, j'ai toujours disposé de mes propres quartiers. Quand je travaillais au poste de police de New-York, l'endroit où nous bossions avait le même genre de composition. Une grande pièce dans laquelle s'entassait différents offices, chacun distinct par des affaires personnelles telles qu'une plante verte ou des cadres photo. Le mien n'en possédait pas, principalement parce qu'être enfermé toute la journée m'arrivait bien rarement et que la seule photo importante que je possédais se trouvait et se trouve toujours dans mon porte-feuille. Vieillie et usée par le temps. Il s'agit d'une photographie argentique de ma mère et moi, lorsque j'avais quatorze ans. L'un des rares clichés qui a survécu à toutes ces années d'existence. L'une des seules utilités de mon paternel dans sa pitoyable vie, celle d'avoir appuyé sur le déclencheur pour immortaliser le visage souriant de Rachel Holmes, son bras autour de l'épaule de son fils en train de faire la gueule avec un œil au beurre noir. Peut-être que si j'avais su que ce cliché durerait autant de temps, j'aurais forcé un sourire.

Je tire le siège pour m'installer face au bureau du sergent puis balaie un instant la surface du regard. Un ordinateur, une plaque gravé « Sgt-Det L. J. Howard » en apesanteur à côté d'un téléphone qui semble, lui aussi, prêt à être propulsé dans le vide ; ainsi qu'une pile conséquente de dossier. Rien d'autre. Aucun effet personnel pouvant laisser imaginer la vie de l'homme qui occupe ce poste.

J'accueille les mots de mon futur collègue en soutenant son regard, hausse sensiblement les sourcils. Que je n'aime toujours pas les rediffusions, oui, c'est un fait. Je n'ai jamais été friand de paroles qu'on me rabâche dix fois, ça ne pouvais décemment pas s'arranger avec le temps. Qu'il me demande de passer au vouvoiement pour le professionnalisme, là, en revanche, ça ne peut que me faire tiquer. Je n'ai jamais réussi à vouvoyer mes subordonnés ou mes collègues, à moins que leur échelon soit plus élevé que le mien, et encore. Le directeur adjoint que je secondais durant mon service à Chicago pouvait bien se torcher avec mon respect. Je ne me serais jamais plié pour un sale petit merdeux qui se la jouait gamin pourri gâté.
Mes yeux s'attardent un instant sur les doigts de la main droite de Louciane, qui viennent un quart de seconde tripoter son annulaire gauche. Il ne porte pas d'alliance. Pourtant, il me semblait avoir lu qu'il était marié. Un divorce, ou bien question de praticité ? La question finira peut-être par venir, mais étant donné la contenance qu'il semble s'efforcer d'avoir, il ne vaut peut-être mieux pas que je le titille là-dessus, d'autant plus s'il s'agit d'une séparation. Mieux veut m'en tenir à la raison première de ma présence, ancien amant ou pas.

Je rejoins une nouvelle fois le regard du Howard, un rictus étire mes commissures. Je me laisse retomber davantage contre le dossier de la chaise, jette un coup d’œil rapide à la tasse de café de mon homologue, puis à mon verre vide. Je sais qu'il n'aura pas la délicatesse de m'en proposer un nouveau, ça, sans compter la quantité de sucre qu'il vient de mettre dans le sien.

- Je comprends, je ferais l'effort d'employer ton nom de famille dorénavant. Tu sais comme moi que tu ne m'as pas habitué à tant de familiarité.

Je lui lance un regard appuyé, tout comme il l'a fais juste avant en soulignant nos grades respectifs, sans retenir un sourire plus amusé l'espace de quelques secondes.

- Mais très franchement, je ne vais pas m'emmerder longtemps à citer ton grade dés que je dois m'adresser à toi. J'ai conscience que tu es bien gradé, et crois-moi que je te respecterais en tant que tel quand il le faudra. En revanche pour ce qui est du vouvoiement, ne me demande pas des choses que tu n'assumera pas toi-même. Honnêtement, je ne vouvoie déjà pas les autres agents du NCA, alors je risque vraiment d'avoir du mal à te vouvoyer, sans offense.

J'inspire profondément en lorgnant une nouvelle fois mon café évaporé, me fais la réflexion qu'un nouveau serait le bienvenu, ainsi qu'une clope. J'aurais dû profiter du moment où ils étaient partis converser pour en griller une. Je ne pensais pas parler aussi longtemps avec les deux autres, encore moins tomber sur le Howard juste après. Je fouille mes poches, à la recherche de mon paquet de cigarettes.

- Pour ce qui est de Tomasson, je t'avoue que son aide n'a pas été des plus utiles. Il a pas mal brodé en m'expliquant plus ou moins que vous piétiniez un peu dans l'affaire, et qu'il pouvait voir auprès des Stups et du Vice-Squad parce qu'il y aurait des contacts qui pourraient potentiellement aider. Au final, il a conclu la quasi-totalité de mes interrogations par « il faudra demander au sergent-détective ». En soit, je pense que tu seras plus à même de me répondre quant aux suspects potentiels, les pistes que vous avez écartées, et celles sur lesquels vous vous penchez. Bien entendu, si tu as besoin de mon aide pour quoi que ce soit, je me tiens à ta disposition, c'est donnant-donnant.

Lorsque mon explication s'achève, je médite un instant sur la tournure de ma dernière phrase puis décide de balayer mon interrogation d'un mouvement de tête. Je sors enfin mon paquet, l'ouvre un instant puis toise mon ancienne connaissance, mon rythme cardiaque déraille. Un souvenir d'un sèche grillée de concert, lorsque nous étions plus jeunes, me frappe le temps d'une seconde, assez puissant pour figer mes doigts sur les filtres. Parfois, je me dis que j'aurais aimé que Neo grille les neurones capable de retenir aussi bien les souvenir dans ma caboche, plutôt que de s'infiltrer dans ceux nécessaires à mon sommeil. Hésitant un instant, je montre le paquet au sergent, comme pour lui en proposer une.

- Tu fumes toujours ?

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Lun 28 Mai - 14:18
Louciane J. Howard
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La moutarde lui montait aux narines, aussi sûrement que s’il venait d’y plonger le tarin et la colère bouillonnait doucement au fond de ses entrailles, comme s’il venait d’avaler un piment entier, lui brûlant l’estomac à chaque mots entendus et prononcés. C’est bien parce qu’il avait promis à Edwin de se tenir, qu’il n’avait encore rien balancé à travers de la pièce, en visant plus ou moins certaines personnes, dont citer le nom serait franchement inutile.
Les deux hommes devaient se poser les mêmes questions. Tout du moins, au moins une plus que similaire : Pourquoi lui ? Bien qu’il soit nettement plus légitime, pour le Howard, de se poser cette interrogation. Après tout, lui était né et avait grandit ici. Il n’y avait rien d’étonnant de l’y retrouver, ancré dans son quotidien. Pourtant il avait songé, à une époque, à partir. A s’éloigner de Killignworth et Newcastle. Pousser vers l’Ecosse, quitter l’Angleterre… Mais cela n’était resté qu’une pensée fugace. Il démarrait à peine au Vice Squad, il venait juste de se marier et d’avoir un enfant. Elsie s’était déjà déraciné une fois, le faire une seconde fois n’aurait sans doute pas été très judicieux. Puis il n’était pas certain de retrouver le même poste en partant…
Plus tard, le Howard avait bien faillit demander sa mutation, après la mort d’Hayden. Au final, il n’y avait gagné que ses insomnies et son alcoolisme. Sans doute aurait-il du partir, la première fois. Cela aurait été sans doute bien plus judicieux. Mais il ne l’avait pas fait et il se trouvait là. Derrière un bureau encombré, d’un petit poste de police. Et ça lui allait très bien.
Pour ce qui était de Baxter… C’est lui qui avait quitté le pays, pour des raisons qui n’appartenaient qu’à lui. Et c’est lui qui avait décidé de revenir, trente ans plus tard. Pour quoi ? Sa mère sans doute. L’autre question étant, pourquoi être resté alors que plus rien ne le retenait ici ? S’en retourner aux Etats-Unis aurait été bien plus simple pour tout le monde…

Mais non. Il se trouvait là, exhibant sous son nez l’insigne d’un service dont il aurait voulu faire partit. Un service dont il aurait du faire partit. Si son frère, ce cher frère si parfait aux yeux de leur père, n’avait pas été un tel accros au jeu qu’il en avait renvoyé sa famille à l’âge de pierre. Et après c’est lui qui crachait sur leur nom, en épousant une fille de ferme… Si le Duc avait put être encore en vie… Ah Louciane aurait donné cher pour entendre et voir la réaction de son père. Voir toutes ses espérances s’effondrer comme un château de carte. Mais il avait eut l’indécence de casser sa pipe avant d’avoir vu ça. Remarque, s’il était encore de ce monde, jamais Jensen n’aurait eut les rennes de la famille, jamais il n’aurait à ce point salit leur blason. Il aurait simplement été un flambeur parmi tant d’autre. Et sans doute aurait-il finit déshérité. Ça lui aurait fait plaisir tiens…
C’était peut être cruelle comme pensée, néanmoins, le Howard n’avait jamais réussi à être très touché par la disparition de ces derniers.
Seulement, à bien y repenser, s’il avait fait partit du NCA, à l’heure actuelle, il aurait été obligé de travailler tous les jours avec Baxter. Alors que dans sa position présente, il pouvait râler, mais il pouvait également le renvoyer bouler comme bon lui semblait. Après tout, à part se faire un peu taper sur les doigts par ses supérieurs, qu’est ce qu’il risquait ? Pas grand-chose. De toute manière, ce ne serait ni la première fois et encore moins la dernière. Alors oui, le brun avait une certaine amertume, coincé en travers de la gorge, vis-à-vis de leur poste respectif, cependant, il avait réussit à en faire "son deuil" depuis quelque temps.

Pour l’heure, son agacement du moment se porta sur son ordinateur. S’il pouvait qualifier ça d’ordinateur… Cette bécane devenait plus lente qu’un escargot porté par une tortue avec le temps, ça en devenait presque agaçant. Quand il ne se transformait pas en fusée ou en tracteur au moindre coup de chaud. Ce truc était bon pour la casse, comment voulait-il qu’ils travaillent correctement avec ça ? Laissant son collègue imposé s’installer face à lui, puis digérer ses mots, le Sergent retroussa les manches de son t-shirt, jusqu’aux coudes, révélant son tatouage en chiffre blanc, ainsi que quelques cicatrices. Puis d’un geste agacé, il gratifia le côté de l’écran d’une claque, pour lui remettre les pixels en place, la page de démarrage se mettant à montrer quelques faiblesses. Le logo du CID s’afficha enfin nettement, lui faisant quelque peu défroncer les sourcils. Du dos de la main, l’homme éloigna quelque peu la tasse du clavier. Clavier qu’il recentra mécaniquement, puis tapotant sur les touches pour rentrer son mot de passe, il l’écouta d’une oreille distraite.
Soupirant face au rond de chargement, le Veilleur se laissa retomber dans le dossier, croisant son regard au moment où son interlocuteur lui en lança un similaire au siens, quelques secondes plus tôt. Le mot "familiarité" le fit particulièrement tiquer, tout comme son sourire des plus amusés.
Sérieusement ? Il voulait jouer à ça ? Après trente deux putains d’années ? Lui balancer des piques en travers de la figure au sujet de leurs ébats adolescents, dans le cadre professionnel. C’était petit, c’était mesquin et profondément bas. De son niveau sans doute. Il avait certainement du s’aligner sur celui de ses anciens collègues américains… Cependant, Louciane s’efforça de ne pas le noter, se contentant de cligner lourdement des paupières, pour reporter son regard sur l’écran, qui affichait enfin le bureau. Un bureau informatique tout aussi ordonné que sa table de travail, et au fond d’écran vierge. Juste un gris presque anthracite, qui agressait bien moins les yeux que le "bleu windows" classique.

Sa seconde réplique par contre, figea son geste en direction de la souris, avortant sa décision de consulter ses mails. Son sourcil droit se leva, suivit du gauche, puis d’un très léger rire. Franchement, le sergent se demandait parfois pourquoi il gaspillait sa salive en parlant aux gens. Il n’avait rien écouté ou quoi ? Ou seulement entendu ce qu’il voulait entendre ? Se redressant sur son siège, l’homme lui lança un regard en coin. Dur, néanmoins avec un très léger soupçon de malice.
- « C’est pour cette raison que j’ai dit "passer sur" et non "repasser au", vouvoiement. Lâcha-t-il, appuyant un peu plus sur le mot "passer". Mais c’est vrai que "passer sur", ça n’a jamais été ton truc…
Petit, mesquin et bas… Oui il venait juste de le critiquer inconsciemment, mais s’il se souvenait de sa "familiarité", il devait aussi se souvenir qu’il était dangereux de lui tendre de telle perche et de l’amener sur ce terrain plus que glissant.
- Et non, je ne suis pas particulièrement bien gradé, rectifia-t-il reprenant d’un coup tout son sérieux, je ne suis que l’échelon deux. Duncan, vaut mieux le vouvoyer, Connard Tomasson, sauf si tu veux passer pour son lèche cul, vaut mieux le vouvoyer aussi. Me concernant, je sais que Sergent-Détective Howard ça doit faire un peu long pour toi. Il fronça que très légèrement le nez, frottant machinalement quelques secondes son annulaire gauche entre son pouce et son index. Du coup Howard ou Sergent-Détective m’ira très bien. Son attention se reporta son ordinateur. Et crois tu que je te réclamerais du vous, alors que je te donne du tu ? Ecoute et réfléchis un peu. Il le regarda de nouveau. Sans offense…
Reportant toute attention sur le matériel informatique, le flic alla ouvrir sa boite mail. Il attendait des réponses d’un ancien collègue du Vice Squad, qui était passé aux stups, avec lequel il avait gardé de bon contact. Tous deux s’échangeaient régulièrement des infos sur l’enquête, sans que leur supérieur respectif ne soient vraiment au courant. Cependant, il n’avait pas encore eut de nouvelles depuis quelque temps. Il devait être occupé, ce qui n’était pas très étonnant, compte tenu de la conjoncture actuelle.
Mais en entendant la réponse de Baxter, quant à sa question première, sur ce qu’Edwin et Rhys lui avaient lâché, son sang ne fit qu’un tour, ses doigts manquant bien broyer la souri entre ses doigts. Quel sal petit fouille merde… Louciane ferma les yeux, posant de nouveau son dos dans le fond de sa chaise, il pinça l’arrête de son nez entre son pouce et son index. Le brun inspira et expira profondément plusieurs fois, afin de s’éviter d’exploser. Rouvrant les paupières, il posa ses deux mains sur le bureau, tapotant nerveusement dessus avant de répondre.
- Ça m’étonne que tu n’ais pas fait tes devoirs, avant de te pointer ici. Parce que si tu avais pris le temps de te renseigner un minimum, tu aurais su que l’Inspecteur Rhys Tomasson n’est jamais allé ailleurs que dans la police. Sans spécificité, ni aucune autre ambition que celle de gravir les échelons. Son seul contact aux stups doit être avec les ressources humaines. Ce mec est un connard arriviste, qui se hisse au dessus qu’en marchant sur la tête des autres. Et s’il ramasse les lauriers de la résolution de l’affaire du Poison Prince, il passera Inspecteur chef, ou Surintendant, qu’en sais-je. Il doit connaitre les huiles des autres services, mais ça s’arrêtent là. Personne ne lui dira jamais rien. Prenant une légère pause, afin de calmer son agacement, il reprit sur un ton bien plus posé. Concernant l’Inspecteur-Détective Edwin Duncan, il a démarré aux stups et à toujours fait partit des stups. J’ai un peu bossé avec lui à l’époque. C’est un bon et s’il a atterri ici, c’est bien que parce qu’il n’y a qu’une balle qui pourra le foutre en retraite, au cimetière. Il a été blessé il y a sept ans, il n’a pas eut le choix que de changer de crèmerie. Quant à moi, j’ai donné seize ans au Vice Squad, j’ai bossé avec les stups et j’ai fait sept ans à la SOCA. Il se pencha un peu plus sur son bureau. Par conséquent, je sais très bien comment fonctionne son fiston qu’est le NCA. Il marqua un nouveau temps de pause, son ton se faisant bien plus glacial. Et ni le CID, ni les stups n’avons sollicité votre aide. Alors ton donnant-donnant, tu peux te torcher avec, pour ce que ça m’inspire. J’ai assez de réseau pour ne pas avoir besoin de toi. Alors merci, mais non merci. »
Louciane resta quelques secondes à le mirer dans le blanc de l’œil, avant de se poser une dernière fois dans son dossier, d’où il ne comptait plus vraiment bouger. Attrapant sa tasse d’un geste sec, il touilla le liquide dans le récipient, puis s’en octroya une gorgée. En étant au NCA, il savait que Camden aurait sans doute les accréditations pour consulter leur dossier, à tous les trois, et dans le détail. C’est pour ça qu’il n’en dit pas vraiment plus sur son propre parcours. Surtout sur le fait qu’il ait été infiltré. Ses missions étant pour la plupart non officielle. Alors il pouvait bien consulter aussi ses casseroles, pour ce que ça pouvait lui importer. En sachant comme ça se passait aux Etats-Unis, question mutant, il ne devait pas non plus être tout blanc, donc très mal placé pour émettre le moindre le jugement. Tant que l’envie ne lui prenait pas de consulter son dossier psychiatrique. Même si ça, techniquement, il ne pouvait pas y avoir accès. Après il ignorait totalement à quel genre de passe droit il pouvait bien avoir accès. Il s’en fichait un peu aussi.

Observant son manège, ses sourcils se froncèrent de nouveau en lorgnant le paquet de clope. Sérieusement, est-ce que c’était vraiment le moment pour ça ? Il ne pouvait pas y aller, pendant leur aparté avec Duncan ? Serrant la tasse entre ses doigts, Louciane le lorgna par-dessus le bord, retenant une grimace en plongeant de nouveau ses lèvres dans le breuvage au gout discutable. Quoi qu’avec les deux doses de sucre, ça passait un peu mieux. Mais avec du bourbon, ça aurait été bien plus digeste. Au moins, ce café avait seulement le mérite d’être assez fort pour le faire tenir la journée. Après le troisième, c’était sûr qu’il assurerait, puis ce ne serait certainement pas le dernier de cette journée, qui s’annonçait affreusement longue. Des fois il se disait qu’il ferait mieux de rester coucher, aujourd’hui il aurait du appliquer ce qui ne lui viendrait jamais à l’esprit de faire.
- « Tu rigole ou quoi ? Lâcha-t-il un peu trop sur le ton du père qui dispute son gamin, baissant un peu le mug. T’es comme ces gamins qui ne peuvent pas retenir leur vessie, deux secondes après être entrée en classe ?»
Ça ne répondait pas vraiment à la question, cependant il n’avait pas réussi à retenir sa réflexion. Puis quoi lui répondre ? Techniquement non. Techniquement… Seulement pour lui qui passait sa vie à arrêter puis reprendre, selon ses humeurs et son taux de stresse, qu’il gérait aussi bien que son sal caractère, on ne pouvait pas vraiment dire qu’il avait arrêté de fumer. Enfin, ça avait été le cas, depuis plus de six mois, jusqu’à l’autre soir. Mais est ce que ça comptait réellement, sachant qu’il n’y avait pas touché depuis ? Son regard glissa de sa boite de réception vide, à l’horloge du bureau, puis à sa pile de dossier. Il avait de la paperasse en retard, dont il comptait s’acquitter d’une partie ce matin, des dossiers en attente… Il n’avait vraiment pas le temps. Seulement là, il estimait qu’il avait besoin d’air.
- « Non… » Lâcha-t-il après l’avoir observé un long moment.
Vidant sa boisson d’un trait, Louciane réajusta les manches de son t-shirt sur ses poignets, puis se leva et attrapa sa veste. Repasser par les vestiaires pour y prendre son manteau aurait été bienvenu, mais l’air frais du dehors lui ferait le plus grand bien. Sans savoir s’il le suivait ou pas, le flic se dirigea vers la sortie. Il ne sut vraiment dire pourquoi, cependant d’un coup il avait l’impression que s’il ne sortait pas de suite, il allait exploser. Manquerait plus qu’il devienne cardiaque tiens…

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Lun 28 Mai - 17:12
Camden A. Baxter
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Camden A. Baxter
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Louciane J. Howard
&
Camden A. Baxter
Je hausse les sourcils à la réponse du Howard, ma mâchoire glissant indéniablement sur le côté. Touché. J'aurais dû me douter que les années n'auraient pas gommé sa répartie ni sa finesse lorsqu'il s'agissait de recadrer quelqu'un, voir même l'auraient amplifié. En l’occurrence, il semblerait que ma réflexion quant aux « familiarités » auxquelles il m'a habitué lui soit restée en travers de la gorge, et qu'il n'a pas manqué l'occasion de me la faire payer. « Passer sur ça n'a jamais été ton truc ». Il faudrait être sourd pour ne comprendre le double sens de cette phrase, et le sous-entendu on ne peut plus subtile – très ironiquement – qu'il vient de me balancer. Une part de moi a bien envie de lui rétorquer que si mes souvenirs sont exacts, il a eu l'air d'apprécier la fois où je suis « passer sur », mais je suis assez intelligent pour comprendre qu'il me le fera payer au centuple si je sors de la tournure subliminale.

Je ne peux retenir un léger sourire lorsqu'il me parle de son grade, de « connard Thomasson » et du vouvoiement. C'est justement parce que j'ai réfléchi que je lui ai dit de ne pas me demander de me tenir à quelque chose que lui-même ne respecterait pas. Mais manque de sommeil et de caféine de mon côté, défaut de compréhension oblige. Je l'observe s'énerver sur son ordinateur, pince les lèvres. J'ignore si c'est tout simplement l'amalgame de phrases que nous nous échangeons, mêlé à la surprise d'être confronté au Howard et de devoir bosser avec lui, la situation plutôt comique de le voir maltraiter le coucou-suisse informatique, ou bien mes nerfs qui lâchent ; mais je me retrouve à poser mes doigts sur mes lèvres quelques secondes pour réprimer un rire.

J'écoute néanmoins sa réponse avec attention, m'enfonçant davantage dans le dossier de la chaise, croisant les bras. S'il savait. Mon temps personnel est occupé par mes propres recherches sur les mutants des villes de Killingworth et Newcastle, alors non, je n'ai franchement pas que ça à foutre que de chercher à connaître le passé des deux « dirigeants » du poste de Police de Killingworth. Premièrement, parce que je m'en moque complètement, mais également parce que je ne pensais pas avoir à m'attarder autant ici aujourd'hui. Concrètement, je m'étais imaginé qu'ils me fourniraient sans mal les détails de leur enquête, et que je repartirais comme j'étais venu, afin de pouvoir continuer mon investigation sur le Poison Prince de mon côté, et seul, d'autant plus.
Alors oui, effectivement, si l'on m'avait dit que je devrais me référer au sergent détective, aka Louciane Howard, une personne que je n'ai pas vu depuis trente-deux ans et qui plus est, mon ex petit ami, je me serais renseigné bien avant. J'aurais peut-être même demandé à être placé sur une autre affaire.
Parce qu'il faut être honnête et savoir voir les situations telles qu'elles le sont. Notre histoire ne s'est pas terminée en grands sourires, étreintes et des « prends bien soin de toi et à la revoyure ». Elle s'est achevée d'une manière brutale, inattendue, avec amertume et un goût de désespoir de mon côté. Alors non, je ne m'attendais pas à le voir dans un petit poste de Police, et je ne l'ai encore moins cherché. Je suis même à peu près certain que si l'on me l'avait proposé en mentionnant ce détail, j'aurais immédiatement refusé. Je pousse un bref soupir, fini par me redresser sur le siège, en plaçant mes mains sur le bureau avant de les lier entres elles, parlant d'un ton plus bas.

- Si tu veux tout savoir, j'ai été un peu trop débordé pour me préoccuper du curriculum vitae des membres des forces de l'ordre du comté. Cela dit, tu as raison, si j'avais pris le temps de me renseigner un minimum, tu ne m'aurais probablement jamais vu ici. Mais rassure-toi, je suis assez perspicace pour comprendre que les fameux contacts de Thomasson étaient du vent, j'ai suffisamment bossé avec des guignols dans ce genre les reconnaître à mille lieues.

J'enchaîne avec une pause, échappe un nouveau soupir, plante mon regard dans le sien quelques instants, puis reprends :

- Concernant Duncan, il semble bon, en effet. Ça se voit que ça fait un paquet de temps que vous bossez ensembles, c'est regrettable qu'il ait été blessé.

D'où sa démarche boiteuse, mais ça, je me garde de le préciser. J'aurais pu finir dans le même état lorsqu'une balle avait atterri dans ma cuisse à New-York, ce qui m'aurait handicapé dés le début de ma carrière. Cependant, j'ai eu la chance de m'en tirer sans trop de désagrément, celle-ci n'ayant touché aucune connexion nerveuse. D'autres s'en tirent bien plus mal.

- Félicitations pour ton parcours, en tout cas. C'est probablement plus glorieux que mes années à New-York ainsi qu'à Chicago avant d’atterrir au NCA. Mais sache une chose Howard, - j'insiste un instant sur son nom - c'est que si je me pointe ici pour coopéré, c'est bien parce que je compte coincer le Poison Prince et pour se faire, je pense que rassembler les informations de chacun ne pourra que nous faire progresser dans l'enquête plutôt que d'avancer en étant divisés. Je n'ai pas non plus sollicité ton aide, et, compte tenu de notre passif, si j'avais pensé devoir me retrouver à collaborer avec toi, j'aurais demandé à être muté sur une autre affaire, afin de ne pas altérer le déroulement de ce cas, de quelques manières.

J'achève ma tirade sans le lâcher des yeux. En temps normal, je me serais peut-être abstenu d'en déballer autant sur mes motivations à me retrouver à cet endroit dans le moment présent. Mais sa manière de m'envoyer paître étant tout aussi fidèle à ce que je connais de lui, il peut bien faire l'effort de comprendre que moi aussi, je n'allais pas m'assagir avec le temps. Une personne est capable d'évoluer, mais le changement radical n'existe pas.
Mon attention se reporte à nouveau son annulaire vide tandis que je me renfonce sur le dossier, puis coince une cigarette entre mes lèvres, haussant seulement les sourcils face à sa réflexion. Je fumais déjà beaucoup lorsque nous nous sommes rencontrés, ça ne s'est pas arrangé avec le temps. Pour tout dire, j'aurais pu me passer de cette clope si je m'étais retrouvé en compagnie d'un sergent-detective lambda. Le fait que le concerné se trouvant être Louciane Howard a fortement influencé mon besoin de nicotine.
Malgré sa négation, il avale son café d'une traite et se lève, se dirigeant vers la sortie. Je marque une courte pause en rangeant mon paquet puis me redresse. Balayant l'idée de passer par le vestiaire pour y récupérer ma veste, je m'engage à sa suite, poussant la porte du commissariat.

J'inspire une grande bouffée d'oxygène une fois à l'extérieur. Je n'avais même pas remarqué à quel point l'ambiance était pesante à l’intérieur de la bâtisse. J'extirpe le briquet de ma poche, l'enclenche, puis allume ma sèche. La première taffe glisse dans mes poumons, filtre dans mon hémoglobine, détendant mes muscles dans la seconde.
Je m'adosse au mur avoisinant, calant ma tête contre celui-ci quelques instants, soufflant ma fumée en l'air. L'univers a vraisemblablement décidé se payer ma tête aujourd'hui, et les négociations avec le Howard semblent plutôt mal parties. Je tourne la tête vers lui, plaquant le filtre contre mes lèvres.

- Comment va ta vie à part ça, tu vis toujours sur Killingworth ?

C'est une conversation bateau, un sujet des plus simples pour détendre l'atmosphère. Je me doute qu'il vît encore dans les environs, autrement, il ne travaillerait pas ici. N'importe qui prendrait ce sujet d'une manière posée, et trancherais pour se recentrer en se calmant, flatté par le fait d'y trouver l'intérêt de son interlocuteur. Cependant, le Howard étant ce qu'il est, je ne suis pas certain de la bonne réception de cette accroche.

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Mer 11 Juil - 21:57
Louciane J. Howard
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Camden ft. Louciane



Il y avait un fait sur lequel les deux hommes pouvaient parfaitement s'accorder, c'était que l'un comme l'autre n'était absolument pas ravis de se retrouver face à face. Leur passif jouait pour beaucoup, avant de tabler sur la guerre qui se déroulait entre service.
S’ils devaient vraiment se nommer par des noms d’oiseaux, le NCA se trouvait être sans conteste un coucou. Parasitant les affaires d’autrui par leur présence, alors qu’elle n’avait été nullement réclamée, passant au dessus des chefs de service, avant de s’approprier par la suite la dite affaire, se jugeant plus apte à la mener à bien. Le NCA avait cette réputation, pour le moins véridique, qui ne plaisait absolument pas à tout le monde. Pour ne pas dire à personne. Il ne fallait pas s’étonner que certaine collaboration se trouvaient caduques…
L’inspecteur Thomasson allait certainement leur mener la vie dure, après le départ de l’agent du NCA, bien qu'il soit plus venu pour coopérer, en tant qu’agent de liaison, que pour leur voler le fruit de leur labeur.
Cependant quelque part, et peut être stupidement, Louciane n'avait pas franchement envie de contribuer au partage des informations du CID sur l’affaire qui le menait ici. Plus pour la raison qu'il avait un agent du NCA en face de lui, que parce que cet agent en question se trouvait être Camden. Il avait bossé durant des semaines, pour récolter des pistes plus que maigres - pour ne pas dire quasiment rien - et il se pointait la bouche en cœur en prétextant la collaboration ? Qu'il aille se faire voir. Le Howard avait sa réputation de sale con, que son homologue ne lui connaissait que trop bien, et il comptait bien ne pas y déroger. Il était sûr que Camden avait hâte de découvrir à quel point, cette facette de sa personnalité avait empiré avec l’âge.
Mais ce qui agaçait le plus le Veilleurs, outre sa présence, ainsi que son fichu ordinateur de la préhistoire, fut de constater que le brun semblait un peu plus amusé que lui par la situation présente. Il fallait dire que, contrairement à lui, Camden avait toujours eut l’air d’être bien plus à l’aise que lui par leur relation passé. Comme s’il acceptait bien plus ses attirances. Ils n’en avaient jamais vraiment parlé entre eux, ce n’avait jamais vraiment été le sujet de leur discussion, mais sans doute avait-il toujours été de l’autre bord ? Seulement, il existait une réelle différence entre eux, c’est que Louciane avait toujours été une autruche, enfouissant bien plus les problèmes qu’il ne les affrontait réellement. Contrairement à son ancien ami. Hélas, cet état de fait n’avait pas réellement changé. Aujourd’hui, il préférait encore le fuir sauvant les apparences, que de l’affronter directement.

Un flot d’émotion contradictoire bouillonnait au fond de ses tripes. De la colère surtout, mais une certaine culpabilité à son égard, du regret pour la façon dont ils s’étaient quitté. Tout lui revenait en plein visage, alors qu’il scrutait sa boite mail désespérément vide. Le Veilleurs avait l’amer impression d’être de nouveau dans la peau de ses dix ans huit révolus, tandis qu’il se morfondait dans sa chambre, suite aux mots de Camden, suite à ce qu’il lui avait cédé. Et Cassi qui avait été son seul réconfort face à la décision qu’il avait du prendre. Renoncer définitivement à lui, plutôt que risquer de perdre sa petite sœur. Ce qu’il craignait encore plus à l’époque, que de perdre son nom.  
Tant de sensation qu’il pensait avoir définitivement enfoui et oublié il y a de plus de trente ans. Se rendre compte que cette page n’avait jamais été tournée, lui mettait une bien plus grosse claque que d’être dépouillé de son affaire.
Il avait l’impression d’étouffer s’il restait plus longtemps dans cette pièce, face à lui. Soutenant son regard, supportant ses mots, bien plus posé que son propre fiel, qu’il lui avait craché sans aucune retenu en plein visage. Sa langue claqua entre ses dents à la mention d’arrêter de le Poison Prince. S’il savait le sort qu’il lui réservait. Pour ce mutant, le Howard comptait bien oublier qu’il était flic, mais juste un Veilleurs qui faisait son devoir. Ce mutant là, lorsqu’il le trouvera au bout du canon de son arme, son doigt pressera la détente sans aucune hésitation.
- « La moindre des choses, quand on se rend quelque part, avant de jouer les coucous de malheur, c’est de savoir à qui l’on va s’adresser. » N’avait-il put s’empêche de rétorquer, après la tirade de son interlocuteur, avant de l’invectiver sur son envie de nicotine soudaine.
Ce qui était quelque peu risible en soit, sachant que lui-même ne faisait absolument pas cet effort. A la différence, c’est qu’il savait parfaitement donner le change, et n’offrait jamais l’impression de ne pas avoir fait ses devoirs, avant le moindre déplacement.

L’air fraichement matinal de ce début de février le saisi tout entier, lorsqu’il franchit les portes du poste de police à l’inverse. Inspirant une grande goulée d’éther, Louciane eut l’impression que celui-ci lui brûlait la gorge ainsi que les poumons. Son cœur battant soudainement plus vite, comme s’il venait de courir un marathon, son corps se pencha en avant, posant les mains sur ses genoux.
Ce n’était pas la première fois que sa tension lui jouait des tours, depuis quelque temps. Pourtant son médecin l’avait prévenu, de faire attention s’il ne voulait pas que ça s’aggrave en problème cardiaque plus sérieux. Lui indiquant fortement de lever le pied sur le café, ainsi que l’alcool. Cependant, le flic pouvait bien arrêter la cigarette – encore une fois – mais renoncer à la boisson chaude du matin, ainsi qu’au seul carburant, aussi infecte soit-il, du poste et surtout à l’alcool, c’était lui réclamer la lune. De toute manière, il fallait bien mourir de quelque chose. Si ce n’était pas d’une balle, ce serait du cœur. Ça ferait un joli pied de nez, à tous ceux qui se plaisaient à dire qu’il n’en avait pas…
L’homme tenta de se reprendre, se redressant de toute sa hauteur un épais nuage de buée s’échappa de ses lèvres, trahissant un profond et long soupir. Derrière lui,  le briquet claqua en même temps que la porte, allumant le bout de la cigarette de son homologue et remplissant l’air d’une odeur qui lui était un peu trop familière. Quelque part, le Howard aurait préféré qu’il ne le suive pas. Seulement face à son envie d’en sécher une, s’il avait souhaité un moment de calme, c’est dans les toilettes qu’il aurait du s’enfermer. Comme un adolescent timide.

L’observant en chien de faïence, ses sourcils se froncèrent fortement face à sa question. Un léger rire s’échappa de ses lèvres, où l’on pouvait déceler une légère pointe de mépris. Si dans la bouche de Camden cette question semblait des plus innocentes, aux oreilles du Sergent c’était un peu comme s’il venait de l’insulter. Comme s’il allait lui répondre, en lui parlant ouvertement de sa vie. Car sauf s’il l’avait oublié, l’agent devait savoir que pour le faire dialoguer, il fallait lui tirer les vers du nez. Ce fait n’avait pas changé depuis leurs dix huit ans. Puis, très honnêtement, que lui répondre ? Que sa vie était un désastreux chaos, dont il était la cause principale ? Non, Camden n’avait pas envie de l’entendre, et lui n’avait pas envie de le dire. Encore moins de prendre la peine d’inventer un mensonge déguisé, pour paraître un minimum poli.
Pour toute première réponse, Louciane ravala la distance qui les séparait, puis s’empara de la cigarette vissée entre ses lippes. Portant le filtre aux siennes, il tira une latte salvatrice, recrachant la fumée dans l’air de cette affreuse matinée, retrouvant pour la première fois depuis longtemps, le goût de ses lèvres.
Le brun aurait put se contenter d’une bouffée et de lui rendre, ou bien de lui en réclamer une, prétextant avoir changé d’avis, après avoir si abruptement refusé, en faisant par la même occasion comprendre qu’il avait arrêté. A la place il la conserva. Comme dirait le dicton "il vaut mieux demander pardon, que la permission". Sauf que même le pardon, le Veilleur ne le demandait pas. Combien de fois s’étaient-ils, par le passé, partager des cigarettes ou volées celles de l’autre, directement au bec ? Il ne les avait jamais comptées… Voilà ce que l’on sème à vouloir trop remuer le passé.
S’adossant à son tour au mur, il croisa son bras gauche sur son ventre, reposant le coude sur son poignet. Relevant la jambe droite, il posa son pied contre la brique, réprimant un frisson. Il avait chaud et froid à la fois. Son palpitant ne cessait de cogner contre sa poitrine, faisant se resserrer fortement ses doigts contre son flanc.
- « Je vais t’éviter d’user de tes cours de sociabilité, qui t’ont été donné à Quantico. Parce que je pense que tu n’as pas du assister à la moitié. Oui, c’était l’hôpital qui se moquait doucement de la charité, mais il assumait pleinement. Je ne crois pas que nos vies respectives soient le propos… Son pouce frotta mécaniquement contre son annulaire vierge. On va s’épargner tous les deux. Je ne veux pas de toi dans mes pattes dans cette affaire et réciproquement. On va prévenir le vice de procédure, et rester chacun de notre côté. Ses yeux le lorgnèrent en coin, tirant une nouvelle fois sur la clope. Je ne suis pas stupide, je sais comment ça fonctionne ici. Si tes supérieurs t’ont envoyé quémander ici, c’est parce que les stups les ont envoyé balader. C’était un peu leur spécialité, ici ils n’aimaient pas du tout se faire marcher sur leurs plates-bandes. Et ils sont visiblement mieux renseignés que toi. Mais je ne jouerais pas les tampons entre les deux. Vous avez les moyens, démerdez vous… »
Tant de mots gaspillés pour dire simplement « allez vous faire foutre, je ne lâcherais pas mon dossier ». Cependant le Howard savait parfois se montrer diplomate. Même si c’était très souvent de la diplomatie parpaing.

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Jeu 2 Aoû - 16:27
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&
Camden A. Baxter
"La moindre des choses, quand on se rend quelque part, avant de jouer les coucous de malheur, c’est de savoir à qui l’on va s’adresser. " 

Cette phrase me tourne encore en tête lorsque je passe la porte du commissariat, la clope dans la bouche. Oui, bien sûr qu'en temps normal, je l'aurais fait. Je me suis contenté de savoir le nom des dirigeants du commissariat de Killingworth, et ceux de Newcastle. En l'occurrence, pour ce dernier, la secrétaire sur laquelle je suis tombé semblait totalement ignorante et je dois dire qu'elle semblait même débarquée d'une autre planète puisqu'incapable de savoir qui était en charge du poste.
Lorsqu'on m'a annoncé l'affaire concernait le Poison Prince, ce serait mentir que de dire qu'elle ne m'a pas emballé. En revanche, j'ai été bien plus préoccupé à l'idée de me renseigner sur les mutants de la ville plutôt que par les agents d'un poste de Police qui semblaient ramer sur une affaire. Concrètement, j'ai merdé sur ce point.

La température glace mes bras, mais je me contente de tirer pensivement sur ma clope, juste après avoir lancé mon sujet de conversation des plus banale. J'observe le Howard à sa sortie, les sourcils froncés. La manière dont il se penche vers l'avant, ses mains apposées sur ses genoux, comme s'il venait de sortir d'un sprint. Il aurait été en surpoids, un tel geste n'aurait rien eu d'étonnant. L'activité de se lever, marcher plutôt vite vers la sortie, le conflit de température entre l'intérieur du commissariat et l'extérieur de fin d'hiver. Mais ce n'est pas le cas. Sa carrure est loin d'être celle d'un gringalet, mais on est bien loin de l'obésité ou d'un simple excès lipidique. Alors l'évidence est plutôt simple à déterminer.

Au vu de nos âges respectifs, il y a un phénomène à accepter, malgré la vivacité d'esprit ou le simple fait que le tempérament de chacun est déterminé par son mental, le corps, lui, ne pardonne pas. Si quelque chose merde à un endroit, qu'on le veuille ou non, ça aura des répercussions. Pour mon cas, j'avoue ne pas être à plaindre. Je n'ai pas de cholestérol, pas de diabète, pas de problème de tension. J'ai parfois quelques soucis au niveau articulaire, mais à part de vagues douleurs qui dure un à deux jours au maximum, je me porte relativement bien. Si on omet l'état probablement douteux de mes poumons qui m’occasionne des toux pas forcément agréables certains matins, à cause de mon tabagisme omniprésent. Pour Louciane, en revanche, il semblerait qu'il ait quelque chose qui déconne quelques part, bien plus indépendant que sa volonté et de son mode de vie.

Malgré le fait que ma question portait plus sur un moyen d'engager la conversation plutôt que de satisfaire une curiosité – qui, à contrario de ce que je m'autorisais à penser lorsque je l'ai posée, est bien présente – je sens mes sourcils se hausser lorsqu'un rire lui échappe. S'il y a bien une chose que Louciane possédait plus jeune, c'était la faculté à faire entendre son mépris à ses interlocuteurs. Ce point ne semble pas avoir changé, bien au contraire. Évidemment, une part de moi se doutait qu'il serait compliqué de parler de nos vies personnelles, d'échanger des anecdotes ou de discuter du temps passé depuis toutes ces années. Mais je dois admettre qu'une infime part de moi pensais qu'au vu de notre situation, il serait moins compliqué de briser la glace.
Glace que j'imaginais plus simple à briser de cœur à cœur que de corps à corps. Car je me serais attendu a beaucoup de réaction de sa part, tout autre que celle à laquelle il me confronte. Lorsque ses doigts viennent s'emparer de la clope coincée entre mes lèvres, avant qu'il ne la porte aux siennes. Je sens mon rythme cardiaque dérailler sensiblement sur le coup, mais reste impassible, le toisant de la manière la plus calme qui soit, malgré le faible écarquillement se surprise de mes paupières.

Lors de notre relation, c'était un geste des plus courant. Je m'allumais une clope, il me la volait. Il s'en allumait une, s'était mon tour de lui dérober. Lors de moments solitaires la plupart du temps, dans des endroits isolés, dans une de nos chambres, ou dans un lit.
Je me racle légèrement la gorge pour chasser mes vieux souvenirs, en le toisant s'adosser au mur, croisant un bras sur son ventre. Ses doigts se resserrent près de son flanc, il se décide enfin à me répondre.

Le fait même de mentionner Quantico me témoigne ses renseignements quant à l'accès au FBI, donc la possibilité qu'il ait probablement envisagé de l'intégrer un jour. Une pique teintée d'une pointe de jalousie, peut-être, ou simplement le fait qu'il s'imagine que je suis bien « Monsieur FBI » comme son boss m'a si gentiment nommé plus tôt.
Ses doigts, qui viennent, une nouvelle fois triturer son annulaire, me font véritablement penser que son mariage, encore d'actualité ou achever, ne le laisse toutefois pas insensible. Mais je ne dis rien, et me contente de l'écouter déblatérer son venin dopé par son Ego.

Je me redresse à mon tour, pour venir m'emparer de ma clope qu'il semble vraisemblablement avoir décidé de garder. Un électrochoc active mes nerfs lorsque le filtre rejoint ma bouche. Retrouver le goût des lèvres de Louciane au travers d'un mégot, après trente-deux années d'absence. Quoi de plus étrange.

- Les cours de sociabilité à Quantico m'auraient peut-être été utiles si j'en avais eu, ça m'aurait peut-être permis de ne pas te faire prendre la mouche à chaque parole.

J'accompagne ma phase d'un rire avant de tirer une nouvelle fois sur la nicotine, relâchant la brume de mes poumons.

- Pour ce qui est de l'affaire, tu ne me veux certes pas dans tes pattes, mais le fait est que cette affaire m'intéresse, sans quoi je ne l'aurais pas accepté. Je ne me suis pas amusé à me taper un tas d'information sur les mutants de cette ville pour abandonner le cas pour la raison que mon ex petit-ami d'il y a trente-deux ans bosse dans le commissariat avec lequel je suis censé faire la liaison. Alors si tu préfères qu'on bosse chacun de notre côté pour ne pas s'imposer la vision de l'autre, à ta guise, mais je ne pense pas que ce mutant – oui, parce que je pense clairement qu'il s'agit d'un mutant – en aura quelque chose à foutre que les agents qui se chargent de son cas aient un passif difficile à assumer. Ça ne le fera pas ralentir pour autant, et bien au contraire si ça lui venait aux oreilles. Après-tout, il n'y a rien qui prouve que l'administration ne contient pas le Poison Prince lui-même.

Je porte une nouvelle fois la clope à mes lèvres, tente de dissimuler léger sourire.

- Puis, entre nous, j'me demande bien ce à quoi ressemblerait ta déclaration pour le vice de procédure, t'étais déjà pas prêt à assumer une relation à dix-huit ans, j'te vois mal l'assumer à cinquante, même en mettant ça sur le compte d'une crise d'adolescence tardive.

Cette fois, je ne peux contenir mon rire, expirant un épais nuage de fumée grisâtre dans les airs. Louciane à la délicatesse d'un camionneur, mais j'ai l'honnêteté et l'humour d'un bulldozer.
Je lui tends la main, comme pour lui proposer la cigarette, cette fois, à défaut qu'il me la vole directement du bec.

- Il ne tient qu'à toi de décider si cette collaboration forcée se passera agréablement ou non. Dans mon cas, je pense être en mesure de passer outre.

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Dim 19 Aoû - 18:29
Louciane J. Howard
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It's been a very long fuckin' time
Camden ft. Louciane



Le médecin lui avait souvent dit que la clope, contrairement à ce qu’on pourrait croire, augmentait le stresse. Alors pourquoi avait-il ressentit cette profonde léthargie, la première fois qu’il en avait porté une à ses lèvres, inondant ses poumons de la première bouffée, puis s’étouffant comme tout débutant qu’il était ? Et pourquoi ça avait le mérite de le calmer chaque fois qu’il s’y remettait ? Sans doute parce que ce n’était que purement psychologique. De la poudre de perlimpinpin, comme n’importe quelle médecine alternative.
Parce qu’en cet instant, il avait beau retrouver le goût de ce cancer en bar, il ne se sentait pas plus apaisé pour autant. Sans doute que cela devait aussi être dû au café qu’il alignait, comme on pourrait se gaver de soda. Son cœur ne semblait pas vouloir se calmer et ses nerfs encore moins. Sa patience s’envolait aussi sûrement que le peu d’envie qu’il pouvait avoir de coopérer.
Camden pouvait bien dire ce qu’il voulait, il ne leur filerait pas son dossier. Et puis, de toute manière, il savait très bien comment le NCA fonctionnait. Ça ne devait pas vraiment avoir changé de l’époque où ce service s’appelait SOCA. Le Sergent-détective se doutait très bien qu’ils avaient déjà ouvert leur enquête en sous marin, sans rien dire à personne, ni rien communiquer. Mais maintenant, avec les proportions que cette histoire commençait à prendre, le loup se décidait à sortir du bois, pour montrer patte blanche, glaner ce qu’ils pouvaient récupérer, puis décréter qu’ils étaient bien plus compétent que tout le monde, pour mener à bien cette affaire et arrêter le coupable, bien plus vite que les autres. C’est ce qui était en train de se passer, Louciane le savait très bien. Seulement, il ne fallait pas compter sur lui pour leur faciliter la tâche. Non seulement, il avait sa réputation de sale con à tenir, mais être considéré comme une vache à lait, très peu pour lui. Qu’ils continuent comme ils avaient commencé, et qu’ils les laissent en paix. Sauf si on lui collait une assignation, ou un mandat – et encore – ou à moins qu’ils débarquent en personne, avec les fanfares et tout le patin-couffin, peut être qu’à cet instant – peut être – il coopérerait. En attendant… Qu’ils aillent tous se faire voir !

Louciane ne réagit pas, lorsque l’homme récupéra sa clope, de la même façon qu’il lui avait piqué. De toute manière, il s’y attendait. Et ce n’était pas comme si ce geste n’était pas une vieille manie, à laquelle ils s’étaient tous les deux habitués depuis longtemps. Comme quoi, elles avaient la vie dure. Hélas, ce n’était pas pour autant que les deux flics allaient se tomber dans les bras et parler de la pluie et du beau temps, en mettant un mouchoir sur leur ancienne rancœur.  
Au contraire, plus les secondes s’égrainaient, plus il avait envie de le frapper. Ou de s’enfuir, tout simplement. Sauf qu’aucune des deux solutions ne serait très intelligente. Et pourtant, lorsque Camden ouvrit enfin la bouche, la lui faire fermer avec un bourre-pif, lui sembla être une solution des plus envisageables, et des plus agréables. Surtout pour ses nerfs.
La mention du mot petit-ami, sortit comme ça, de but en blanc, sans aucune discrétion, en plein milieu du parking de son lieu de travail, le fit fortement grincer. Les allusions voilées ne le dérangeaient pas plus que ça, parce que personne ne pouvait les comprendre. Mais là, il ne fallait pas trop pousser mémé dans les orties, ça ne passait pas du tout.
Serrant les poings, jusqu’à s’en blanchir les jointures, le Howard prit sur lui pour ne pas répondre tout de suite. Pressant sa mâchoire, comme s’il s’imaginait lui briser les os entre leur étau. Quel sale petit con… A sa deuxième phrase, son poing manqua bien partir. Il lui fallut un effort surhumain pour le retenir. Le foudroyant du regard, le brun réprima un tremblement de colère, alors que celle-ci lui brûlait les tripes. Son cœur s’emballa de nouveau, ne semblant pas vouloir se clamer un seul instant.
Puis ses mires tombèrent de nouveau sur la cigarette qu’il lui tendit, comme s’il s’était un agit d’un putain de calumet de la paix. Sérieusement ? Le prenait-il à ce point pour un con ? Lui qui semblait se vanter de le connaître si bien, après s’être fréquenter quelques mois ? S’il le connaissait si bien que ça, Camden saurait qu’il était allé trop loin, surtout maintenant qu’il avait clairement perdu son calme.
Et bien cet imbécile heureux allait découvrir que trente deux années supplémentaires ne l’avaient en rien arrangé.

Attrapant la clope, Louciane la laissa tomber parterre, observant sa chute comme si cela pouvait lui provoquer une réelle satisfaction. Puis ses iris se plantèrent dans le fond de ses yeux, son regard se faisant aussi froid que leur couleur.
- « Franchement ? Je vois pas du tout ce que je pourrais faire sans toi, vraiment. Lâcha-t-il d’un ton faussement sincère. Tu pense que c’est un mutant ? Vous êtes vachement fort au NCA, parce que sans toi, j’y aurais jamais pensé ! Alors vu que t’es si intelligent que ça, monsieur FBI… Il aurait préféré ne pas utiliser ce surnom, un peu rabaissant, cependant qui sème le vent… ouvre donc un journal et lis les gros titres. Si tant est que tu sache lire bien sûr. C’est écrit noir sur blanc : "la police de Killingwoth piétine", "la police de Killingworth n’a rien". Ça t’aurait épargné le voyage !
Posant la pointe de son pied sur la cigarette, le Sergent l’écrasa, faisant pivoter sa chaussure dessus trois fois, histoire de bien illustrer le fond de sa pensée, de façon parfaitement symbolique.
- Alors si t’es assez débrouillard pour faire les quatre coins de la ville, pour courir après les mutants, comme un clebs après son os, t’as pas besoin de venir pleurer après un dossier vide. Je te demande pas de lâcher l’affaire, je te demande de me lâcher les basques ! »
Se décollant du mur, il retira son pied, puis butta dans le cadavre du talon, pour l’envoyer plus loin. Passant devant Camden, il s’apprêta à rentrer dans le poste sans rien ajouter de plus, mais il n’en resta pas là.
- « Et encore une chose. S’approchant un peu plus de lui, il baissa assez le ton pour que lui seul l’entende. Ici, c’est là où je bosse, c’est la où j’ai ma vie. Alors déballe encore une fois ce genre de chose, et je te refais le portrait. Tu connais pas les raisons, donc comme dirait l’adage, quand on ne sait pas on se tait. Alors tu seras gentil de ne pas venir foutre le bordel dans ma vie. Je m’en charge très bien tout seul. » Siffla-t-il.
Puis d’un pas raide, Louciane retourna vers l’intérieur, bousculant presque la personne qui en sortait. Dans son élan, il claqua la porte si fort, que le carreau manqua bien se briser.

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