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Bad things have an end too • Nikhel Empty Bad things have an end too • Nikhel

Sam 20 Oct - 22:09
Helena M. Percy
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Si Helena avait su se mentir, elle serait allée voir Nikola pour lui donner sa lettre de changement de service en main propre. Si elle avait su se mentir elle se serait dit que ça lui permettrait de l’affronter, que ça ferait d’elle quelqu’un de courageux ou juste de poli. Elle se serait dit que c’était la meilleure des choses à faire voire la seule chose à faire... Mais Hel ne savait pas se mentir, ou trop rarement, et elle était parfaitement consciente que si elle était allée voir Nikola avec cette nouvelle, ça aurait été pour voir si son bon côté se montrait. Celui qui aimait son travail sans conditions, celui qui lui avait offert un thé, celui qui l’avait prise dans ses bras après le Cosmic, celui qui l’a troublait plus que nécessaire... Mais ça risquerait de la faire douter, ça risquerait de la faire changer d’avis et de tomber encore une fois dans le cercle vicieux de son supérieur - ancien supérieur maintenant - ballotée entre son bon et son mauvais côté, tiraillée entre ses changements d’humeur. 
Sa décision était prise : Helena préférait être transférée au service du premier étage et se sentir mal jusqu’à ce qu’elle soit assez concentrée pour oublier la hauteur, plutôt que de rester avec Nikola comme chef et de le voir encore tous les jours. 

Alors elle été allée voir la direction, directement. Elle avait fait sa demande qui avait été acceptée après quelques jours. Et puis elle avait prit sa liasse de feuilles avec les modifications de son contrat, en avait fait une copie et puis l’avait glissé dans le casier Nikola en fin de journée vendredi soir, en espérant qu’il serait déjà parti ou ne jèterait pas de coup d’œil avant qu’Helena s’en soit en allée. 

Mais elle n’avait pas encore changé de bureau. Averti ses collègues oui, et ils n’avaient même pas demandé de justification : les coups d’éclat entre Helena et son patron n’étaient des secrets pour personne entre des murs si peu épais. Mais une fois le vendredi soir arrivé, le dernier jour au service de Stepanovic, Hel avait craint de le croiser avec un carton entre les mains. Que ce soit avant ou après avoir déposé l’avenant à son contrat. La belle blonde avait juste glissé les papiers puis s’en était allée. 

Alors elle était arrivée tôt en ce lundi matin. Plus tôt que n’importe qui. Tellement tôt qu’elle avait dû éteindre l’alarme de l’entreprise. De toute façon, ce n’était pas comme la jeune femme avait beaucoup dormi de la nuit. Ce n’était pas comme si elle avait beaucoup dormi de tout le week-end d’ailleurs. 

Il n’était même pas encore six heures alors que la belle blonde empilait ses affaires dans son petit carton. Pas les dossiers, eux allaient changer en même temps que son service. Mais ses affaires personnelles, ses crayons favoris, une photo de sa petite sœur et d’elle sur une terrasse en été. 
Même si elle avait prit ses précautions avec les horaires, Helena ne pouvait empêcher son cœur de battre à tout rompre. Elle ne voulait pas le croiser. Elle en avait peur. 
Hel n’avait qu’un aller à faire. Ensuite elle serait en sécurité dans son nouveau bureau. Retrouver son ancienne vie et le plaisir d’aller au travail. Enfin. Mais pour ça elle devrait monter d’un étage. Et peut être que l’aînée des Percy appréhendait cela autant que le fait de croiser son ancien patron. 
Le cœur toujours battant, mais la tête haute et le regard droit, la jeune femme traversa le couloir qui menait jusqu’à l’ascenseur et appuya sur le bouton. Resserrant le carton sous son bras, la fille du Duc de Northumberland attendait avec une impatience qu’elle dissimulait tant bien que mal l’horrible machine qui devrait l’emmener à sa destination tout en essayant de lui faire oublier qu’elle avait prit de la hauteur. Évidemment, les escaliers étaient parfaitement à proscrire. Déjà les mains libres, Hel avait du mal à se rappeler comment elle faisait pour ne pas chanceler sur une marche... Alors avec une main en moins... C’était impensable ! Et prendre des calmants ou quoi que ce soit pouvant de près ou de loin ressembler à de la drogue n’était pas non plus envisageable. 

Enfin, les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et Helena put s’engouffrer à l’intérieur de la boîte. Il n’aurait plus manqué qu’elle soit claustrophobe pour parfaire le tout ! 
Avant d’appuyer sur le bouton du premier étage, la jeune femme hésita un instant. Elle prit une grande inspiration pour tenter d’apaiser son rythme cardiaque, puis sa main libre actionna le mécanisme. L’appareil se mit en branle quasiment sans secousse et après quelques secondes à peine, les portes s’ouvrirent de nouveau. 
Si Helena avait apprit à maîtriser quelque peu sa phobie ou à l’oublier parfois, elle n’avait cependant pas su la faire taire totalement. Mais elle allait devoir s’y faire maintenant. Peut être que dans quelques mois, quand la belle blonde prendrait cet ascenseur, elle n’arriverait plus avec des gouttes de sueur perlant sur ses tempes et le cœur au bord de ses lèvres. 
Quand la jeune Percy franchit le seuil, son pas était chancelant. Mais il se fit plus ferme à mesure qu’elle avançait vers son nouveau bureau. Un box à plusieurs personnes au centre de la pièce, loin des fenêtres. Le plus loin possible. Pour en oublier la hauteur. 
Enfin, la belle blonde entra dans son nouveau bureau, posa ses affaires sur le bois sombre et s’assit sur la chaise à roulettes en se laissant un instant reverser en arrière en soupirant. 
Il n’y avait personne. Elle était seule. Elle était à l’abri. Helena allait pouvoir recommencer à aimer son travail, à être heureuse de nouveau. Enfin. 

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Mar 23 Oct - 23:46
Nikola D. Stepanovic
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Helena
Nikola
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Je l’avais trouvée sur mon bureau en revenant d’une réunion particulièrement tendue m’opposant à ma supérieure directe, à quatre représentants de nos principaux clients et aux différents plannings des mois à venir, des plannings bien trop chargés, bien trop denses, bien trop complets pour que je puisse tolérer qu’un soupçon de susceptibilité – même valant des milliers d’euros – ne viennent les alourdir davantage.

Je l’avais trouvée dans mon casier, mise en évidence, n’attendant que moi, n’attendant que d’être ouverte et lue, déchiffrée, comprise, assimilée, encaissée. Elle m’avait échappé des mains une première fois, m’avait forcé à poser mes affaires, de l’ordinateur encore ouvert, toujours bouillant d’une trop grande utilisation, à mes dossiers maladroitement empilés. Elle m’avait forcé à m’asseoir, une fois ramassée, pour la relire plus lentement.

Changement d’affectation. Demande provenant d’Helena Marjory Percy. Changement d’affectation prenant effet dès le lundi qui suivrait. Celui qui allait voir le jour après le week-end, un week-end déjà bien entamé si j’en croyais l’heure plus que tardive, les bureaux et locaux vides. Des locaux trop vides.

J’avais été obligé de m’asseoir sur l’un des fauteuils et canapés qui me servaient à recevoir en privé certains interlocuteurs, alors que dans un sourire éclatant, perdue dans un cadre posé sur la bibliothèque qui me faisait face, Polina effectuait une arabesque sur la glace – photo prise en entraînement par son professeur de patin. Au moins avais-je été seul pour encaisser la nouvelle. Prévisible, une nouvelle qui me pendait au nez, que j’avais provoquée, quelque part, par mon comportement instable, par cette incapacité que j’avais eu de faire la part des choses, par… tout ça.  Tout ce que j’avais été incapable de faire, tout ce que je n’avais pas réussi à faire, toutes les décisions auxquelles je n’avais pas réussi à me tenir…

En revenant au travail le lundi matin, je ne savais plus à quoi m’en tenir. Le week-end s’était perdu entre mes doigts, l’esprit ailleurs, nerveux, des mails d’excuse écrits et effacés, des lettres tapées à l’ordinateur, écrites sur une feuille blanche, toutes supprimées sans l’ombre d’une hésitation, alors que j’envisageais même de juste présenter moi-même ma démission aux RH de l’entreprise, avant que la raison ne l’emporte ; pour une fois. En poussant la porte, montrant mon badge à la sécurité alors que l’heure, matinale, ne m’offrait que des locaux déserts, aussi déserts que ceux que j’avais pu croiser vendredi soir, je ne savais toujours pas quelle allait être, très exactement, mon attitude. Que pouvais-je faire ? Que pouvais-je dire ? Que pouvais-je faire et dire de plus que tout ce que j’avais déjà pu faire comme erreurs ? Devais-je laisser le temps s’écouler quelques jours encore, quelques semaines, pour qu’il emporte ces quelques mois passés à travailler ensemble, l’un contre l’autre ? Devais-je…

Je m’arrêtai devant son bureau. Vide. Il n’y restait rien, si ce n’était une petite plante en pot, sèche depuis longtemps, abandonnée dans un angle, ayant certainement échappé au rangement minutieux appliqué par Helena. Un bureau trop vide, trop proche du mien, remplacé par un bureau trop plein, trop loin du mien. Un goût âcre satura ma gorge. Des excuses lui succédèrent, contenues. Je m’adossai à la paroi la plus proche, de manière voir la porte de mon propre bureau, ouverte sur mon ordinateur, sur mes livres, sur mon fauteuil, tentant de me mettre à la place d’Helena. Tentant de voir ce qu’elle avait vu. Tentant de comprendre comment nous avions pu, l’un comme l’autre, en arriver là. Comment j’avais pu en arriver là : j’étais l’unique responsable de tout ça.

En voulant la protéger, je l’avais mise en danger. En voulait la préserver, j’avais déstabilisé son monde, son univers, sa sécurité, sa sérénité. Pensif, je retournai dans mon bureau, effleurai du bout des doigts le porte-clef qu’elle m’avait offert, des années plus tôt, mon rythme cardiaque accélérant de douleur et de culpabilité. De remords. Je n’étais pas son superman. Et… mes ongles accrochèrent le reflet du petit objet métallique. Je me glissai devant mon écran, connectai une clé USB qui ne me quittait jamais, récupérai en quelques clics les dossiers d’une sélection de photos clés de ma vie que j’avais choisies de toujours avoir avec moi, comme pour mieux me souvenir de tout ce que j’avais pu détruire, de ces instants immortalisés de ces quelques mois qui nous avaient vu nous aimer, aux premiers clichés de Polina, retrouvée et découverte en Croatie. Et ces photos que j’avais pu faire, pour elle, avec elle… j’en sélectionnai une, sa préférée, sans savoir exactement vers où je me dirigeai ; lançai l’impression sur le papier de qualité que l’on avait en stock, sans savoir exactement ce que je comptai faire avec ça.

Et lorsque je montai les escaliers en trottinant, une demi-heure plus tard, je n’étais toujours pas véritablement certain de mes propres intentions. Il n’était pas encore huit heures. Les locaux et les étages étaient toujours aussi vides, vides de bruit, vides de mouvement. Mon cœur aussi était vide : vide de désillusion ; plein de culpabilité. Je tenais entre les mains la photo, passée dans une enveloppe ; anonyme. Des excuses écrites de mon écriture serrée. Une nouvelle plante de bureau. Un paquet cadeau, contenant un porte-clef. Wonder Woman, similaire en tout point à celui qu’elle m’avait offert, que je m’étais acheté en début de moi pour mon anniversaire. Un ensemble qui avait tout d’un au revoir, il fallait bien se l’avouer : un au revoir que j’aurais dû lui concéder depuis longtemps. Il fallait que j’arrête. Que je la laisse partir. S’échapper. Que j’accepte, définitivement, l’idée que je l’avais perdue, irrémédiablement perdue, le jour où j’avais cédé à la pression exercée par Irina. On ne pouvait plus revenir sur le passé. Il n’y avait plus rien à préserver. Et, après tout, je ne savais que détruire. J’ouvris la porte de l’étage, certain que le bruit des ordinateurs en veille, des imprimantes jamais éteintes, de la ventilation calme, ne masquait aucune présence. Juste l’absence d’employés. Sans mal, je reconnus son bureau, à la photo qui trônait à côté de ses crayons. Absente. Mon cœur se serra, je laissai glisser l’enveloppe, la plante, le paquet, avant de m’enfuir.

De tenter de m’enfuir. Je m’arrêtai au milieu du couloir en la voyant revenir armée d’un café. Mon visage se décomposa. Malaise, malheureux.  

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Mer 24 Oct - 22:08
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Toujours mal à l’aise, Helena continuait à reprendre un semblant de calme, renversée sur sa nouvelle chaise, tout en tentant d’oublier l’altitude, le sol qui pouvait s’ouvrir à tout moment sous ses pieds pour lui faire rejoindre plus vite que prévu la terre... 
Au bout d’un moment, quand elle estima qu’elle s’était suffisamment apaisée, qu’elle avait reprit le contrôle de son corps à défaut d’avoir celui de sa tête, Hel se leva doucement et traversa la pièce jusqu’à la cafétéria en évitant de jeter des coups d’œils par la fenêtre. 
Elle allait se préparer quelque chose à boire, puis commencer à travailler sur un des nouveaux dossiers qu’on lui avait affecté. A coup sûr ça saurait l’occuper assez pour qu’elle en oublie tout le reste autour. Puis s’il restait quelque chose à occulter, ses nouveaux collègues et l’ambiance animée devraient suffire à faire le nécessaire. 
Arrivant à la cafétéria, la jeune Percy alluma la bouilloire et trouva dans la boîte à thé un sachet d’English Breakfast dont elle se servit.
Le ressenti était celui d’un jour anormal. De ceux qui ressemblait à un nouveau départ, avec plein de nouveaux repères a retracer. Et Helena aurait sûrement apprécié tout cela davantage si elle n’avait pas été poussée à tant de changements, contrainte à en arriver là ... Mais elle ne devait plus y penser, ça ne servait à rien. Elle allait retrouver sa passion maintenant - tout du moins elle l’espérait. 
Laissant choir le sachet dans sa tasse dessinée d’un kangourou, Helena versa l’eau brûlante et poussa la porte pour rejoindre sa nouvelle place. 
A mi chemin, elle se retrouva nez à nez avec Stepanovic.
Son corps entier se figea, glacé. Comme si son vertige n’était pas déjà suffisamment difficile à contrôler, il fallait en plus que son pire cauchemar du moment vienne faire obstacle entre elle et son bureau. Elle et sa nouvelle vie. Elle et sa vie tout court, encore une fois. Alors qu’elle pensait lui avoir échappé, alors qu’elle espérait maintenant pouvoir juste tranquillement travailler et l’oublier lui, oublier tout. Oublier ce qu’il avait dit de son travail, manquant de lui faire perdre sa précieuse confiance en sa créativité, oublier les reproches et puis oublier toutes les fois où il avait fait battre son cœur plus rapidement, faisant chanceler toutes les certitudes d’Helena sur son patron tyrannique.
Sa main se resserra autour de l’anse alors que la jeune femme remarquait que son supérieur... que son ancien supérieur - elle nota avec une pointe de soulagement - avait l’air d’une souris prise au piège. Allait il lui refaire la scène du gentil Nikola ? De tout façon, c’était trop tard à présent. 

‹‹ Vous cherchez quelque chose ? ››

Elle asséna d’une voix impersonnelle, comme s’ils ne se connaissaient pas, sans rajouter de nom ni aucune forme de salutations. Helena ne voulait pas franchement jouer à ce jeu là, prendre l’avantage maintenant qu’elle n’était plus à son service... Mais la rancoeur de la belle blonde était tenace et savait prendre le dessus sur sa raison quand elle le jugeait nécessaire - ce qui arrivait un peu trop souvent les derniers temps. 
Et puis comme pour signifier son absence de crainte, son absence de chaînes qui la rattachaient à lui, Helena passa à côté de son ancien patron, tout en prenant soin d’être la plus éloignée possible, sans un seul regard. Avant de se retourner quand elle avait presque atteint son bureau, dans une attitude qui indiquait clairement qu’elle ne comptait pas discuter des heures durant. 

‹‹ Vous m’excuserez, j’ai du travail. ››

Pour finir de parfaire le tout, pour être sure qu’il comprenne qu’elle ne voulait plus aucun lien avec lui. Le temps où il avait un pouvoir sur elle était révolu. 

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Ven 26 Oct - 0:17
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Helena
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Je m’immobilisai au milieu du couloir. Si j’avais, à un seul instant, cru être le seul de présent dans les locaux, si j’avais manqué les indices pourtant évident – de ses affaires à son manteau suspendu – j’avais à présent la preuve du contraire. Parce qu’elle était devant moi, un café entre les mains, le regard aussi glacial que son attitude pouvait être figée de surprise. Je m’immobilisai au milieu du couloir, tétanisé par le malaise que je pouvais ressentir à contempler celle que je voulais à tout prix protéger et que par deux fois, au moins, j’avais véritablement blessée. Parce que c’était ce qu’il s’était passé. Je l’avais blessée, poussée à bout, sans m’en rendre compte, sans le savoir, sans le comprendre, pour qu’elle en vienne à demander un changement de service, pour qu’elle en vienne à réclamer le premier étage alors que j’étais le premier à connaître cette phobie plus qu’handicapante qui lui interdisait jusqu’aux plus petites hauteurs. J’avais mis du temps à m’en rendre compte, j’avais mis du temps – à l’époque – à mesurer à quel point même quelques centimètres pouvaient l’angoisser, de trois ou quatre marches séparant le trottoir du perron d’une maison au fait de monter sur un tabouret pour changer une ampoule à la perspective de devoir monter dans un ascenseur. J’avais mis du temps à comprendre, à mesurer tout ça, et maintenant, je constatais qu’elle préférait malgré tout s’imposer une torture chaque jour plutôt que de continuer à travailler avec moi. Je voulais la protéger. J’étais forcé d’admettre que c’était tout le contraire qui s’est produit. Je déglutis, muet, incapable de prononcer un mot, incapable de la regarder dans les yeux, incapable également de ne serait-ce que me décaler pour la laisser passer. ‹‹ Vous cherchez quelque chose ? ›› Sa voix m’arracha une crispation sur l’ensemble du visage, comme si elle venait de planter dans mon torse un tazer allumé. Elle s’avança, je parvins à être suffisamment lucide pour faire un pas sur le côté, la laissant m’effleurer sans un regard dans ma direction. Je fis un pas en arrière, manquai de sursauter lorsque mon dos heurta le mur le plus proche, que je considérai brièvement d’un regard apeuré, avant que toute mon attention ne se redirige dans sa direction. ‹‹ Vous m’excuserez, j’ai du travail. ››

Elle s’était tournée vers moi, à quelques centimètres de son bureau, mais malgré tous les espoirs futiles que j’aurais pu avoir, je ne pus même pas l’ombre d’une seconde y voir l’ombre d’une ouverture. C’était le complet contraire : elle verrouillait tout. Elle tranchait tout. Les ponts que j’avais jetés – et sabotés – pendaient misérablement, cordes coupées et nœuds défaits. Je frissonnai, avant d’ouvrir la bouche, de tenter de prononcer un mot, un seul, avant de la fermer, la gorge sèche d’un mutisme étranglé. Parce qu’il n’y avait strictement rien à dire. Strictement rien à dire de plus que tout ce qui avait pu être dit jusque-là. J’ai du travail. J’avais envie de faire le curieux, de lui demander le nouveau projet sur lequel elle allait travailler, si les parfums allaient lui manquer, si elle avait déjà pu avoir une discussion avec sa nouvelle équipe, s’il y avait la moindre chance pour qu’elle me pardonne un jour, si… si… Mes épaules s’affaissèrent de détresse et de malaise, encore. Il n’y avait rien à dire, véritablement rien à dire. Je détournai le regard, avant que ce ne soit d’elle dont je me détourne, résigné à la laisser tranquille. Parce que c’était tout ce que je pouvais faire, pour le moment. N’était-ce pas ce que j’avais en tête, en revenant ? N’était-ce pas tout ce que j’avais voulu faire, depuis le début, que d’établir entre elle et moi une distance de sécurité pour la protéger ? Il fallait peut-être ça, une coupure franche, pour que les choses ne s’améliorent, pour que je puisse me concentrer sur Polina, et qu’elle puisse continuer à s’épanouir. Comme si une rose aux pétales déjà déliées et aux couleurs déjà éclatantes pouvait davantage encore s’embellir. J’appuyai sur le bouton de l’ascenseur.

Jetai un regard par-dessus mon épaule. Dans sa direction. Je ne faisais pas ce qu’il fallait. C’était une certitude. Pendant une fraction de seconde, je caressai la douce idée de faire une chose que je n’avais pas faite depuis des années : contacter mes parents pour avoir un conseil. Pendant une fraction de seconde, je… « Tu sais très bien ce qu’ils te diront » Mon murmure, à peine plus audible qu’un soupir, se fraya un passage dans l’ascenseur dont la porte venait de s’ouvrir devant moi.

Je fis volteface. Revins vers Helena en de grandes enjambées dont l’élasticité et la vivacité diminuèrent au fur et à mesure que je me rapprochai de son bureau. Je pris mon inspiration : nous étions encore seuls dans les bureaux. « Je sais que c’est à cause de moi que vous avez demandé à changer de service et… » Je me fendis d’un léger et bien triste sourire. « Je comprends. » Je regardai un instant mes doigts, nerveux. « Je suis désolé. Que ça se soit aussi mal passé. Pour ce que vaut ma parole… je… J’apprécie beaucoup votre travail, et votre investissement, et votre créativité. Même si je n’ai pas su vous le montrer comme vous le méritiez. Et… voilà. » Voilà, l’aveu de celui qui ne savait plus comment poursuivre. Dans un sourire crispé, Je me forçai à la regarder dans les yeux, avant de reculer d’un pas. Et d’inspirer. Et de ne surtout pas regarder ce que j’avais laissé un peu plus tôt sur son bureau : ni plus ni moins que de ridicules excuses. Pas le moins du monde suffisantes.

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Lun 29 Oct - 21:34
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C'était une mince satisfaction que d'avoir mit de la distance entre elle et Stepanovic. Parce que quelque part, Helena  ne s’était pas totalement sentie libérée. Elle ne le sentait toujours pas. Et Helena avait sûrement eut raison puisqu’elle se retrouvait maintenant de nouveau face à lui, déséquilibrée seulement par sa présence. La belle blonde se sentait mal. Elle aurait mieux fait de changer totalement d’entreprise. Elle était restée trop près.
Et assénant ses coups, se débarrassant de Nikola et voyant qu’elle avait gagné, Helena ne s’en sentie pas plus soulagée. Pas mieux. Pas plus heureuse. Pourtant elle ne recula pas, il n’était pas le temps de faire marche arrière. Alors voyant que Nikola n’avait rien à ajouter, la belle blonde rejoignit son bureau pour y travailler comme elle l’avait annoncé. Mais à l’entrée, elle se figea à nouveau. Sur son tout nouveau bureau étaient posés une lettre, un paquet cadeau et une nouvelle plante. Vu le monde qui trainait dans le coin, il était difficile de ne pas savoir de qui tout cela venait. Après encore un instant mais sans un regard en arrière, Helena se mit de l’autre côté de son bureau pour observer les présents. Honnêtement, l’ainée des Percy aurait voulu être du genre à pouvoir tout prendre et faire voler d’un coup de main dans la poubelle. Mais elle n’en était pas capable. Pas même avec Stepanovic. Elle avait trop de compassion, trop de tendresse malgré sa piquante rancune. 
Laissant la plante et le paquet de côté, la jeune femme prit le temps de s’asseoir (la hauteur était déjà moindre quand elle était reliée au sol par une chaise) avant de s’emparer de l’enveloppe qu’elle déchira précautionneusement. 
A ce moment-là, Hel n’avait jamais été aussi heureuse d’être seule dans les locaux, alors que le souffle court, le cœur battant une incompréhensible chamade, elle tirait du papier cartonné ce qui ressemblait à une photo. La jeune femme termina de déplier la feuille pour voir apparaître un oiseau qui semblait prendre son envol du milieu d’un tas de feuilles mortes. La photo réveilla chez la belle blonde une nostalgie qu’elle n’aurait pas su expliquer, mais qu’elle avait déjà ressenti face à des œuvres qui la touchaient profondément. La photo était magnifique, la lumière qui tombait sur la scène presque irréelle et on aurait sûrement pu passer des heures en interprétations du tableau que tout cela traçait. 
L’ainée des Percy avait encore l’oiseau sous les yeux quand la porte de son bureau s’ouvrît à nouveau devant Nikola, mettant brutalement un terme à toutes ses rêveries. 
Dans un geste rapide, la jeune femme reposa la feuille, comme prise sur le fait. 

« Je sais que c’est à cause de moi que vous avez demandé à changer de service et… Je comprends. »

Une nouvelle fois, la jeune femme hésita à s’abandonner à ses paroles, à la confiance qu’il lui inspirait. Mais ne lui avait il pas déjà joué cette scène de trop nombreuses fois ?

« Je suis désolé. Que ça se soit aussi mal passé. Pour ce que vaut ma parole… je… J’apprécie beaucoup votre travail, et votre investissement, et votre créativité. Même si je n’ai pas su vous le montrer comme vous le méritiez. Et… voilà. »

Un instant la jeune femme en resta muette. Observant le beau blond dans l’encadrement de la porte avec l’impression qu’elle pourrait le faire partir d’un mouvement de tête et la certitude qu’elle ne le ferait pas. 

‹‹ Pourquoi...  ››

S’échappa de ses lèvres, comme un éternel refrain entre eux. Même Helena commençait à en avoir marre. Ou en avait elle marre depuis longtemps ? 
Même elle ne savait plus comment commencer ses interrogations. Elles se mélangeaient dans la mélasse gluante de ses émotions incompréhensibles. Comportement glacial et attirance brûlante. Helena ne savait plus où donner de la tête. Il l’avait perdue. Et elle détestait ça. 
L’ainée des Percy s’éclaircit la gorge et se redressa sur sa chaise avant de planter son regard dans celui de son vis à vis.

‹‹ Maintenant que je ne travaille plus pour vous, dites moi pourquoi vous m’avez traité comme ça. Moi et pas les autres. Est ce que c’était pour me pousser à faire toujours plus ?  ››

Oui elle s’était sentie une privilégiée bien pitoyable entre ses mains. Parce que les autres avaient beau parler de quelques sauts d’humeur de la part de leur patron, ils étaient loin d’avoir subi le même désagréable traitement que la fille du Duc de Northumberland. Et ces faveurs n’étaient pas de celles qui l’avaient vu jalousée... 

‹‹  Et c’est quoi tout ça ?  ››

Elle jeta un geste de la main qu’elle voulait dédaigneux mais qu’elle remarqua surtout tremblant au dessus des présents. Même sa voix n'arrivait pas vraiment à avoir l'écho d'un reproche... En réalité, Helena savait de quoi il s’agissait. C’était pour lui demander pardon. Mais elle devait savoir, de ses lèvres, car c’était incohérent. Tellement incohérent. Avec au moins trois quart de l’étrange personnalité de son ancien patron. 

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Sam 10 Nov - 16:31
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J’avais tout détruit. Le peu qui avait pu survivre à son amnésie, à l’impact et aux conséquences durables de ce que j’avais pu lui infliger, aux années, à la distance, au silence, le peu qui avait pu se construire en quelques mois et survivre à tout ce que je nous avais imposé, je l’avais détruit. C’était évident, ça m’apparaissait comme une évidence, à cet instant. Face à moi, elle s’affirmait, elle affirmait son malaise, elle affirmait sa décision, sa prise de décision, elle affirmait ce besoin qu’elle avait eu de mettre le plus de distance possible entre elle et moi, pour se protéger, se protéger de moi, se protéger de toutes mes maladresses, inexcusables. Je me mordis la lèvre. Je peinais à respirer, tout en parlant, tout en essayant de lui permettre de comprendre. Pas mes raisons, pas mes excuses, pas mes justifications, non ; il n’y en avait aucune de suffisantes pour éclaircir ces quelques mois. Mais pour qu’elle puisse avoir au moins les clés pour comprendre. Parce qu’elle méritait que je prenne sur moi, elle méritait tout, absolument tout, et certainement pas ce que je lui avais fait subir. Et peu importait, au final, ce voile de bonnes raisons dans lequel j’avais tenté de m’envelopper… je n’avais pas agi comme j’aurais dû le faire. En voulant être impartial, j’avais été injuste. En voulant me protéger, je l’avais blessée, malmenée. En voulant mettre de la distance, j’avais creusé un gouffre. Et parce qu’elle n’avait pas accepté de se laisser tomber dans le ravin tracé par ma bêtise, elle avait pris sur elle pour reculer. Et moi, j’étais maintenant à genoux, à essayer de jeter quelques poussières pour combler un vide. Pitoyable.

Elle méritait bien plus. Bien plus que moi, naturellement, bien mieux que moi, bien mieux que tout ce que je pouvais et voulais lui offrir. Mais plus encore, elle méritait d’être heureuse. Et si j’avais un jour peut-être pu la rendre heureuse, aujourd’hui… il fallait que j’accepte de tourner définitivement la page. Et m’excuser. Encore. Lui dire que je comprenais, bien sûr. Qu’elle avait raison, même si mon avis n’avait qu’un bien faible poids - s’il n’était pas complètement inexistant. Que j’avais eu tort. Et qu’elle était douée, créative, intuitive, patiente, minutieuse, précise, perfectionniste, attentive, investie, qu’elle avait bien trop de qualités pour que je ne parvienne à les énumérer d’une seule traite, et j’étais bien forcé de me rendre compte qu’à aucun moment je ne m’étais autorisé à les lui dire.

Je suis désolé. Mes parents m’avaient toujours encouragé à m’excuser, à faire le premier pas pour percer les abcès, éviter qu’ils ne se chargent de rancoeur, éviter qu’ils ne s’enveniment puis qu’ils nous empoisonnent. Ils m’avaient toujours encouragé à me confier, à m’exprimer, à leur dire, simplement, ce que je ressentais. Et j’avais à ce point perdu l’habitude de le faire que je ne savais plus comment m’y prendre. Comment juste… m’excuser, avec sincérité. M’exposer. Me montrer vulnérable et risquer quelque chose, aussi. Risquer de la perdre. Risquer de l’avoir déjà perdue. Risquer de ne rien arranger. Risquer d’échouer. L’échec, ce n’est qu’une illusion, malo velika : c’est ce que tu en fais qui détermine si c’était un frein ou un moteur, avait l’habitude de répéter ma mère, lorsqu’à mes efforts ne résultait que du vide ou un mauvais résultat, lorsque, pour toute mon énergie dépensée à vouloir bien agir, je ne récoltais que des déceptions. Et ça aussi, je l’avais perdu de vue. Tout ce que j’avais vu, ces derniers mois, c’étaient les démons de ma culpabilité. Tout ce que j’avais entendu, ces derniers mois, c’étaient les petites voix qui me chuchotaient que je ne mettais pas assez de distance entre elle et moi, que j’allais la blesser si je ne la repoussais pas le premier, si je ne l’éloignais pas le premier. Que si Irina réapparaissait, encore une fois, les choses recommenceraient, encore et encore.

J’eus envie de me réfugier dans le croate rassurant de mon enfance, je me contentais de murmurer des excuses, encore. Je suis désolé. Avant de me taire. Et d’attendre le moindre signe de sa part pour partir, définitivement, et surtout la laisser tranquille. Un signe qui ne vint pas, suspendu dans son silence, le temps d’une poignée de battements de coeur. Pourquoi… Pourquoi ? La réponse me vint naturellement, elle resta pourtant bloquée dans ma gorge alors qu’elle se redressait, attirant mon regard sur le bureau, sur l’oiseau qui prenait son envol, sur la plante, sur mes tentatives maladroites de… m’excuser. Qu’elle ne me déteste pas trop. Maintenant que je ne travaille plus pour vous, dites-moi pourquoi vous m’avez traitée comme ça. Moi et pas les autres. Est ce que c’était pour me pousser à faire toujours plus ? Et c’est quoi tout ça ?

Elle désigna les trois objets que j’avais déposés un peu plus tôt, je fus une nouvelle fois forcé de les regarder, de les laisser me serrer le coeur avec malaise. C’était encore une bien mauvaise idée que j’avais eue là. A choisir précisément cette photo-ci, qui réveillait des souvenirs bien vivaces de notre premier baiser. A me séparer de ce porte-clef que j’avais acheté pour penser à elle, pour faire écho à ce qu’elle représentait à mes yeux. A ce que j’avais pu représenter aux siens. A choisir précisément ce moment pour… Moi, et pas les autres. Toutes les réponses qui me vinrent me parurent insuffisantes. Ridicules. Défaillantes. Et pourtant, elles étaient tissées de sincérité, entrelacées de ce que je ne disais pas. Pourquoi en étions nous arrivés là, tous les deux ? Vous vous étiez étonnés que nous ne nous soyons jamais croisés, durant notre scolarité. J’avais rétorqué une bêtise sur un fond de différence de classe sociale. Ce n’était… pas qu’un mensonge. Contrairement à ce faux, cette pâle imitation de ce que j’aurais voulu être capable de lui dire. Une toile brodée de mensonges, celle-là. Pour couvrir la vérité. Vous m’intimidez. Je vous… je vous connaissais, de l’université. Même si vous ne m’avez pas remarqué, je vous admirais, et quand j’ai postulé pour ce poste, je n’avais aucune idée que j’allais devenir votre responsable, j’ai été pris au dépourvu, je… Je me perdais, dans un équilibre précaire entre vérité déformée, améliorée, modifiée, pour fleurter avec ce qui s’était réellement passé, et ce que je voulais lui cacher. J’imagine que j’ai voulu me convaincre que je méritais mon poste, aux dépens évidents de votre bien-être. C'est… irresponsable et injuste de ma part. En craignant de faire une exception et de me montrer partial, je l’ai justement été. Mais... Pas dans le bon sens. De crainte de la favoriser, je l’avais écrasée. En perdant toute raison, toute lucidité. Je me mordis à nouveau la lèvre, les yeux glissant sans cesse en direction de la photographie, en direction de mes mains, de son gobelet - du thé, naturellement, pas du café - et du sol. Mais pas en direction de ses yeux. Pas en direction de son visage. Je comprends que vous me détestiez. Mais j’espère, sincèrement, ne pas avoir fait de dégâts… durables dans votre confiance en vous. Vous faites du bon travail, Helena. Bien meilleur que le mien.

Et pour cause : je ne me sentais pas vraiment légitime à mon poste. Désespéré à l’idée de ne pas pouvoir élever Polina dans de bonnes conditions, dans une situation trop précaire pour son propre équilibre, j’avais triché. Et Helena avait, en partie, payé le prix de cette triche. J’ai été pris un peu de court, mais je tenais à m’excuser, sincèrement. Et… Ma main désigna ce que j’avais posé sur sa table. Je ne vous déteste pas, je ne vous méprise pas, bien au contraire. Ma voix n’était qu’un filet d’air. Je m’accrochais au vouvoiement comme un funambule pouvait s’accrocher à son balancier comme une béquille pour conserver son équilibre, pour ne pas me laisser aller à une chute mortelle. Je m’accrochais au vouvoiement pour me tenir à distance.

by marelle

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Jeu 15 Nov - 13:01
Helena M. Percy
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Il y avait quelque chose dans les traits du beau blond, quelque chose comme des regrets ou de la mélancolie qui dès leur première rencontre, avait empêché Helena de le détester totalement. Et quelque part, la jeune femme avait le sentiment que c’était ça la clef. C’était comprendre la raison de cet émotion qui tirait douloureusement son visage qui lui permettrait de le comprendre lui tout entier. Comme c’était souvent le cas. Il suffisait de connaître les douleurs traversées par quelqu’un pour savoir comprendre son comportement... Mais Helena ne savait rien de sa vie et elle n’avait en réalité plus aucune raison de la lui demander. Pourtant ils étaient là, de nouveau face à face, peut être dans une dernière tentative maladroite de se comprendre. Et après les interrogations virulentes de la belle blonde, elle cru un instant qu’elle n’aurait pas de répondre. Elle cru que l’homme figé à la porte allait juste finir par disparaître ou bien se débrouiller pour ne pas avoir à répondre et la faire virer à la place... Mais Nikola fini par parler.

« Vous vous étiez étonnés que nous ne nous soyons jamais croisés, durant notre scolarité. J’avais rétorqué une bêtise sur un fond de différence de classe sociale. Ce n’était… pas qu’un mensonge. »

Les lèvres closes, la jeune femme attendait, gardant sa surprise bien enfermée loin de ses traits, loin de ses lèvres. Prenant son mal en patience.
Alors ils se connaissaient ? Ou il la connaissait ? N’était ce qu’une histoire de vieille rancune après tout ?

« Vous m’intimidez. Je vous… je vous connaissais, de l’université. Même si vous ne m’avez pas remarqué, je vous admirais, et quand j’ai postulé pour ce poste, je n’avais aucune idée que j’allais devenir votre responsable, j’ai été pris au dépourvu, je… »

C’était tout ? C’était juste ça ? Tout ça pour ça ? Hel se concentra sur sa respiration qu’elle devait s’efforcer de rendre calme. Ce n’était pas son côté rancunier qui devait prendre le dessus. C’était l’altruiste, le compréhensif. Après tout Stepanovic ne pouvait plus l’atteindre maintenant. Elle n’était plus à ses ordres, il ne pourrait pas la virer sans un très sérieux motif. Une tension méfiante continua à occuper l'esprit de la belle blonde malgré tout.

« J’imagine que j’ai voulu me convaincre que je méritais mon poste, aux dépens évidents de votre bien-être. C'est… irresponsable et injuste de ma part. En craignant de faire une exception et de me montrer partial, je l’ai justement été. Mais... »

Les sourcils d’Helena étaient froncés dans une expression perdue entre le doute et l’incompréhension. Cette explication ne lui plaisait pas. Déjà parce qu’elle ne croyait pas à cette histoire dont elle serait la princesse inaccessible. Et puis aussi parce que l’idée avait germé dans sa tête que peut être sa belle mère était derrière toute ça. Insidieuse, même si paranoïaque, la pensée ne pouvait plus quitter l’esprit de la belle maintenant qu’elle y avait enraciné ses sombres prémices. Quel aurait vraiment été son plan ? Helena n’en savait trop rien. Mais la piste n’était pas à écarter. Et dans ce cas, là seule et unique solution sera définitivement de mettre un terme à tout contact avec cet homme.

« Je comprends que vous me détestiez. Mais j’espère, sincèrement, ne pas avoir fait de dégâts… durables dans votre confiance en vous. Vous faites du bon travail, Helena. Bien meilleur que le mien. »

Ça non plus l’aînée du Duc de Northumberland ne pouvait pas vraiment le croire. Même si les mots étaient agréables. Même si elle aurait voulu pouvoir les apprécier à leur juste valeur... Mais le revirement était trop soudain, trop violent pour qu’Helena risque de se laisser tromper par un écran de fumée. Sûrement si ça avait été une autre personne que lui, un autre homme que Nikola, la jeune femme aurait elle prit les compliments qu’elle aurait poliment accepté tout en rejetant toute autre attache. Mais elle se souvenait encore de comment son corps avait réagit à l’étreinte de son ancien patron. Elle se souvenait encore du frisson quand leurs mains s’étaient croisées la toute première fois... Et parfois elle se rappelait avoir vu une lueur dans son regard. Une lueur qui aurait pu la faire chavirer si elle avait duré plus longtemps. Alors elle ne pouvait pas réagir. Ni prendre ni donner.

« J’ai été pris un peu de court, mais je tenais à m’excuser, sincèrement. Et… Je ne vous déteste pas, je ne vous méprise pas, bien au contraire. »

Bien au contraire... On aurait dit une déclaration.  Les mots semblèrent flotter dans les airs alors qu’Helena ne savait plus baisser son regard du beau blond. Elle craignait que ce faisant elle perdre totalement pieds. Il allait la rendre folle. Comment pouvait il avoir une telle influence sur elle ? Était elle fatiguée à ce point ? Étaient ce tous les autres événements qui la chamboulaient ainsi ? Sa sœur, sa belle mère, les frères Seymour, Marcus... Helena avait passé un temps fou à se pencher sur le mal-être de chacun d’entre eux, sans jamais vraiment leur trouver de solution. Qu’étaient ses problèmes professionnels à côté de ceux de ses amis et de sa famille ?
La jeune femme fini par soupirer, abdiquant, trouvant du ridicule dans toute l’agitation qu’elle avait fait pour ça, pour lui.

‹‹   Vos excuses sont acceptées. ››

Même elle ne croyait pas à ses paroles à peine soufflées. Il n’y avait aucune sincérité dans sa voix. Mais Helena ne savait pas mentir, et après tout lui ne semblait pas vraiment avoir été sincère non plus. Pas aux yeux de l’ainée des Percy. Alors la seule chose qu’elle voulait maintenant, était qu’il disparaisse. Le temps de faire le point, de mettre ses idées au clair. Le temps de voir s’il allait cesser de lui pourrir la vie quand elle le tenait à distance.

‹‹   Maintenant, si vous voulez bien, j’ai du travail. ››

Elle lança un sourire qui ne semblait pas beaucoup plus vrai que ses mots de pardon et puis baissa ses yeux vers son bureau, coupant enfin le contact. C’était peut être ça qui lui permit de trouver la force de faire le reste.

‹‹  Oh. Et merci mais c’était pas la peine. ››

Saisissant le pot de fleur d’une main et le paquet cadeau dans l’autre, Helena se leva pour s’approcher de Stepanovic et lui rendre ses présents. Si elle n’avait fait que les pousser vers lui sur la table, sûrement aurait il refusé de les reprendre... Ou alors c’était à cause de cette irrépressible envie de sentir ses mains effleurer les siennes au moment où il prendrait les cadeaux ?
Pour l’encourager plus encore à se saisir des présents, le regard d’Hel s’était fait froid, décidé comme il savait l’être.
Derrière elle, la photo était restée sur le bureau, comme oubliée.

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Dim 2 Déc - 20:24
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Helena
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Je suis désolé. Trois mots. Lourds de sens. Lourds d’un sens vertigineux, dans lequel je craignais de me plonger. Lourds, si lourds, comme trois pierres posées sur ma poitrine, que je ne pouvais soulever et qui m’asphyxiaient de plus en plus. Des pierres que j’y avais moi-même posées. Qu’elle seule avait le pouvoir de faire tomber : et je ne me faisais aucune illusion, il était certain qu’Helena n’esquissera jamais le moindre geste pour les en déloger. Et c’était bien normal, c’était si normal, même. Comment aurait-il pu en être autrement ? Elle avait résumé en quelques mots ce que j’avais fait, j’avais répondu dans mon esprit en quelques mots, toutes mes excuses. Mais… ce n’était pas suffisant, et ça ne le serait jamais. Il y avait tout simplement des actes que l’on ne pouvait pas effacer, il y avait tout simplement des mots que l’on ne pouvait pas enlever, il y avait tout simplement des décisions qui laissaient des traces et des marques indélébiles, comme pour rappeler, encore et encore, que non, les erreurs ne disparaissaient pas avec le temps. Les tatouages permanents qui noircissaient ma peau à de nombreux endroits en étaient des preuves tangibles et irréfutables. Je suis désolé, ces trois mots j’hésitais à les redire, encore et encore. Je restai silencieux, de peur qu’ils ne perdent de leur puissance à force d’être usés en vain. Elle ne voulait pas des excuses. Elle voulait des raisons. Dites-moi pourquoi.

Et moi, je refusais de les lui donner, je refusais de lui donner la vérité. Elle désigna les trois objets, je sentis mon cœur se serrer de culpabilité, de terreur, de malaise et de regret. Je n’avais ni le droit de rester silencieux, ni le droit de… le mensonge se révéla être encore une fois la voie du lâche, je me consolai en me disant qu’au moins, je lui concédais une part de vérité. Non, nous ne nous étions pas jamais croisés. Non, je ne la méprisais pas. Non, je ne la détestais pas. Et oui, il y avait bel et bien une part d’insécurité dans le pourquoi de mon attitude, une absence complète de légitimité et une volonté accrue de mériter mon poste, de mériter ma place, de mériter un salaire que je ne méritais pas. Mais était-ce pour autant suffisant ? Les sourcils froncés d’Helena m’encouragèrent à ne surtout pas m’arrêter là. Et pourtant, je ne trouvais rien de plus à dire qu’un résumé de ce que je venais d’expliquer. Je ne vous déteste pas ? Bien au contraire.

Son silence se prolongea, me laissant dans le doute et l’incertitude. Il était beau, le docteur en psychologie. Il était beau, le directeur artistique. Il était beau, l’aîné d’une fratrie, le trop sérieux Stepanovic, le père d’adoption de Polina, le mutant, ah ça oui, il était beau. Et bien ridicule. Je me mordis la lèvre, cherchant un signe, le moindre geste, me donnant au mieux une raison de rester, au pire l’ordre de partir. Elle finit par soupirer. ‹‹   Vos excuses sont acceptées. ›› Je la regardai dans les yeux, cherchant un peu de mensonge dans ses prunelles : il n’y avait strictement aucune sincérité. A croire que je l’avais définitivement perdue en quelques mois. J’entendis presque Irina en rire aux éclats, pour me féliciter d’avoir réussi sans le vouloir ce qu’elle avait vivement souhaité huit ans plus tôt ; je me contraignis à un doux sourire compréhensif et désolé. « Merci » Autant l’un que l’autre, nous ne pouvions donc qu’être certain que le message était passé. Il n’y avait pas d’excuses acceptées. ‹‹   Maintenant, si vous voulez bien, j’ai du travail. Oh. Et merci mais c’était pas la peine. ››

Mes mains tremblèrent. Incapables de se tendre, de faire le geste si simplement qu’elle attendait pour, qu’en effet, je reprenne ce que j’avais pu lui apporter. D’un mouvement de tête, je refusai. « Offrez-les à qui vous voulez, à votre fiancé, votre voisin, votre chat… qui vous voulez si vous ne les acceptez pas, mais je n’ai pas pour habitude de reprendre les présents que j’offre. Ils sont à vous désormais. » Au moins avait-elle oublié de me tendre la photographie, cet oiseau criant de liberté, d’émancipation, de vie et de mouvement. Figé dans un envol, immortalisé dans la vivacité de son battement d’ailes. Je fixai la photo, sans pouvoir en détacher mes yeux : il était bien plus simple de la regarder elle, plutôt que de fixer Helena dans les yeux.

Huit ans plus tôt aussi, elle me repoussait. Et je m’étais accroché, parce que je savais, je sentais, j’étais persuadé que je pouvais l’aider. Aujourd’hui, j’étais incapable de la laisser alors que c’était justement de ça dont elle avait besoin pour reprendre son envol. Je me sentis comme un enfant, qui voulant aider un oiseau tombé du nid le prenait dans ses mains, et coupait en ce faisant justement toutes les chances qu’avait encore l’oisillon de retrouver ses parents. « Est-ce que vous me détestez, Helena ? » Je ne pris pas tout de suite conscience que j’avais posé la question à haute voix. Comme à mon habitude, il ne me fallut guère plus d’un battement de cœur pour regretter mon intervention. Je fis un pas en arrière, m’appuyant d’une main au mur le plus proche. « Non, ne répondez, je crois que je préfère ne pas savoir la réponse à cette question. » Ca non : je préférais lâchement rester dans le doute plutôt que de l’entendre me dire que oui, elle me détestait. A juste titre. Je reculai dans le couloir, marmonnai un vague « Passez une bonne journée » avant de lui tourner le dos et d’inspirer à fond, indifférent au fait qu’elle pouvait me voir. De toute manière, il était stupide de se faire la moindre illusion : elle ne devait même plus me regarder. Elle devait bien trop être occupée à déchirer en dizaines de morceaux la photographie. Je me pris la tête entre les mains. « Putain… mais quel con. »

Ah, ça, pour l’être… bon sang que je l’étais.

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Dim 9 Déc - 19:30
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Il refusait de reprendre ses cadeaux, Helena s'en était doutée mais elle avait tenté tout de même. Avec de la volonté dans le regard, pas un signe de doute. Et pourtant dans un mouvement négatif de tête, il fit mourir tout espoir chez la jeune femme de voir les présents disparaître.

« Offrez-les à qui vous voulez, à votre fiancé, votre voisin, votre chat… qui vous voulez si vous ne les acceptez pas, mais je n’ai pas pour habitude de reprendre les présents que j’offre. Ils sont à vous désormais. »

Son fiancé. Helena tiqua mais ne dit rien. Il était vrai qu'elle n'avait toujours pas démenti pour son mariage avec Calixte. Mais elle n'en voyait pas l'intérêt. Toujours pas. Les objets dans les mains, la jeune femme ne savait pas quoi en faire. Incapable de les jeter, réticente à les garder et lui qui refusait de les reprendre. Que pouvait-elle bien faire ? Doucement, elle posa le pot de fleur et le paquet sur un siège près d'elle. Pas totalement dans la poubelle et pas totalement sur le bureau non plus. Maintenant, il allait partir en laissant Helena dans un état désagréable, un état de malaise dont elle mettrait sûrement des heures à se sortir.

« Est-ce que vous me détestez, Helena ? »

Les yeux clairs de l'ainée des Percy se relevèrent vivement sur le blond. Elle venait d'avoir un coup au cœur. C'était le son de sa voix qui l'avait blessé, et cet éclat dans ses yeux. Les lèvres d'Helena s'entrouvrirent.

« Non, ne répondez pas, je crois que je préfère ne pas savoir la réponse à cette question. »

Il avait reculé, il s'échappait déjà. Et la belle blonde n'avait rien dit, rien fait pour l'en empêcher. Pourtant il avait eu l'air blessé. Réellement peiné.

« Passez une bonne journée »

Lui parvint à peine, alors que le jeune homme disparaissait déjà dans le couloir.
Le cœur de la jolie blonde était trop lourd. Pesant, violant. Et il prit soudain le contrôle de ses pas. De tout son être. En quelques pas rapides elle s'était rapproché de son ancien patron.

‹‹  Nikola... ››

C'était incontrôlable, Helena n'était plus vraiment maitresse de son corps, seulement d'un drôle d'instinct dont elle ne connaissait pas l'origine.
Ses pas se stoppèrent à quelques mètres de lui.

‹‹  Je ne vous déteste pas. ››

Et cette simple phrase suffit à alléger son cœur. Elle avait eu besoin de le dire. Et c'était chose faite. Aussi incroyable que ça pouvait paraître avec cette relation qui la rendait folle, qui la dépassait parfaitement, Helena ne pouvait pas détester le beau blond. Quelque chose dans ses yeux l'en empêchait encore.
Un regard appuyé, sincère et puis la jeune femme s'en retourna à son bureau. Il s'était déjà passé beaucoup trop de choses avant même que la matinée ne débute.
Une fois retournée à son bureau, Helena referma la porte et s'y appuya pendant un moment, les yeux fermés.
Enfin, après un instant, elle rouvrit les paupières pour fixer immédiatement les cadeaux sur la chaise. La plante trouva sa place sur une étagère, près de dossiers. Quant au cadeau, elle le jeta dans son sac a main. Incapable de l'ouvrir pour le moment. Et enfin la photo. Hel y perdit son regard jusqu'à ce qu'elle juge qu'elle y avait trop passé de temps. Et elle la glissa elle aussi dans son sac à mains.
A présent, elle devait travailler et oublier. Tout oublier. Ne savait-elle pas bien faire cela d'habitude ?


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