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Dim 9 Déc - 21:32
Helena M. Percy
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Une suite de catastrophes, de désillusions, de déceptions, voilà ce qu’avait été sa journée. Et Helena qui parfois se sentait si bien entourée, finissait toujours par se retrouver aussi seule que dans son adolescence. Toujours aussi seule que pendant toute son enfance. Qui étaient donc vraiment ses amis ? Edward qui ne donnait plus aucun signe de vie ? Qui ne lui faisait même pas confiance... Calixte qui n'était plus depuis longtemps l'homme qu'elle avait connu ? Ou bien ne l'avait-elle jamais connu ? Marcus sûrement. Mais lui avait d'autres choses auxquelles penser en ce moment. Les mêmes choses qui avaient conduit Helena ici, maintenant, dans un bar sombre de Killingworth où elle ne trouverait assurément aucune tête connue. C’était le but en tout cas.
Peut-être aurait-elle du aller voir Sixtine. Mais Hel n'était pas certaine de pouvoir encore affronter quoi que ce soit de plus. Ca lui avait déjà prit tout son courage d'aller voir Calixte pour lui parler, de faire face à son ami pour confirmer ce que Pandora lui avait dit.  Pour confirmer qu’ils avaient eu une liaison et qu’il l’avait mise enceinte. Mais surtout pour confirmer qu’il l’avait abandonné. Qu’il lui avait tourné le dos dans un moment où elle en avait le plus besoin. Refusant d’assumer les conséquences de ses actes. Refusant de suivre son cœur, encore une fois, à cause de son devoir. De son foutu devoir d’héritier ! Car Helena le savait au fond d’elle : Calixte n’était pas une mauvaise personne. Il ne l’avait jamais été. C’était juste un enfant perdu. Un gamin qui avait été apeuré, mal guidé, par un père autoritaire et trop exigeant. Vivant dans l’ombre du Duc de Somerset, sans pouvoir jamais pleinement profiter du soleil. Et depuis des années cette situation mettait la jeune Percy hors d’elle. Elle haïssait de voir un de ses meilleurs amis ainsi enchaîné. Et cette fois ci elle n’avait pas pu s’empêcher de faire quelque chose. Cette fois ci elle n’avait pas juste pu rester loin de ce qui ne la regardait pas. Parce que peut être que ça la regardait finalement. Peut être qu’elle pouvait y faire quelque chose. 
Même si cette chose n’était qu’une bonne claque entre ses deux oreilles. 
Alors elle s’était rendue chez les Seymour, elle avait parlé à Calixte, lui avait dit ce qu’elle avait sur le cœur. Tout ce qu’elle avait sur le cœur. Allant de son comportement inacceptable, indigne, à l’état de peine intense dans laquelle il avait mit Pandora. Il n’avait plus d’excuses à présent. Il était un adulte, il ne pouvait pas toujours tenir pour responsable son passé ou ses parents. Venait un moment où il devait prendre son courage ou autre chose commençait par c à deux mains et suivre enfin son propre chemin. Bien entendu, elle s’était attendue à se heurter à un mur. Un Calixte fier, un enfant à qui la vérité bien que libératrice allait faire terriblement mal. Helena savait pertinemment que cette libération allait lui faire autant de bien que de mal a elle aussi. Mais elle aussi devait prendre son courage à deux mains. Elle aussi devait être une personne fiable, une personne responsable. Une amie digne de ce nom. 

Alors comme prévu ça avait été douloureux. Très douloureux et ça s’était fini en un Calixte qui semblait imperméable et une Helena claquant la porte dans une cascade de cheveux blonds. Comme c’était déjà arrivé avant. 
L’ainée des Percy avait fait son devoir, elle avait agit comme elle avait cru bon de le faire. Mais la jeune femme ne s’en sentait pas mieux. Son cœur lui faisait mal, toute sa tête lui faisait mal. Et dans son esprit se rejouait encore et encore la conversation, à laquelle il manquait déjà des parties à cause de sa mémoire flanchante. Elle avait du faire mal à Calixte. Elle avait du le blesser, le secouer totalement. Mais il devait réagir. Elle devait au moins essayer de le faire réagir. Ça ne pouvait pas continuer comme ça. 

Et ainsi, encore et encore se battait la conscience d’Helena. Avait elle eu raison ? Avait elle eu tort ? En tout cas elle avait mal. Et elle ne voulait pas rentrer chez elle. Elle ne voulait plus non plus voir qui que ce soit.
Alors Hel était venue dans un petit bar de Killingworth, s’était installée près de la fenêtre pour voir les gens passer et avait commandé un grand verre d’eau avec beaucoup de glace dedans. 
« Rien d’autre ? » on lui avait demandé en voyant son teint blafard. Elle avait secoué négativement la tête, avant de se reprendre. 

‹‹  Si. Un earl grey.  ››

De l’eau et un thé. De l’eau et encore de l’eau parfumée. Une vodka aurait été plus utile. Mais ça n’aurait rien réglé en réalité. Helena l’avait apprit. Alors elle se contenterait d’eau avec de l’eau. Attendant patiemment son thé, penchée au dessus du verre rempli de glaçons, Helena se prit la tête entre les mains. 
Elle avait envie de pleurer. 


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Lun 10 Déc - 0:26
Nikola D. Stepanovic
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Helena
Nikola
« back to the start »


Nikola, je ne vous déteste pas. Je me raccrochai à cette idée. Depuis qu’Helena avait demandé à changer de service, depuis qu’elle m’avait fait comprendre, brutalement, qu’en me préservant, je l’avais mise en péril, je me raccrochai à cette idée. Elle ne me détestait pas. Et je me demandais par quel miracle elle avait pu être sincère en me disant ça. Je ne vous déteste pas.  C’était déjà ça. Incapable d’en parler avec Polina, j’avais repris contact avec ma petite sœur le lendemain, pour avoir quelqu’un à qui parler. Ou juste commencer à véritablement reprendre pied. Depuis deux ans, maintenant, je brisais tout ce que je touchais dans la vie d’Helena, je m’enfonçais sans cesse en la malmenant à chaque fois que je tentais de m’éloigner, maladroitement, d’elle… il fallait que ça cesse. J’étais allé trop loin, bien trop loin. Alors j’avais appelé Divna, juste pour boire un café, juste pour retrouver chez ma petite sœur ces valeurs que mes parents nous avaient transmis, mes parents que je n’avais toujours pas osé aller revoir.

Nikola, je ne vous déteste pas. « Tu devrais peut-être lui parler, tu sais ? » Je regardai Divna. Elle serrait entre ses mains le chocolat chaud que je venais de lui acheter. Je tenais dans les miennes le café brûlant pris en même temps. Nous marchions dans un parc de Newcastle, d’un pas lent, sans destination, juste en silence. Un silence entrecoupé, par moment, de réponses à des questions que je ne posais pas. De questions auxquelles elle ne répondait pas. Parler, parler à Helena ? Sans le savoir, Helena elle-même m’avait donné ce conseil, il y a ce qu’il me semblait être une éternité désormais. J’haussai les épaules. Lui parler ? « Et qu’est-ce que je pourrais bien lui dire ? » Divna n’avait pas en main toutes les clés pour comprendre. Elle faisait partie des quelques personnes à savoir qu’Helena et moi avions été ensembles, quelques mois de bonheur, mais elle ignorait tout des raisons de mon départ, de la présence d’Irina en Angleterre, de ma mutation… Je me mordis la lèvre. « La vérité ? Ou même sans lui dire… être juste toi-même ? » Elle avait une voix douce, et dans le regard une telle bienveillance et une telle charité que j’en vins à me demander quand, exactement, j’avais perdu cette confiance qui était supposée caractériser les Stepanovic. Quand, exactement, j’avais commencé à ressembler à ma sœur jumelle, et à m’éloigner de tout ce qui m’était cher. J’inspirai l’air encore frais d’un mois de mai naissant, aux douces odeurs printanières. « Je ne sais pas trop… est-ce que ça vaudrait le coup ? » Ce fut à son tour d’hausser les épaules, tout en cachant un sourire dans la vapeur de son chocolat. « Quoi ? » Elle releva les yeux dans ma direction, accéléra pour se placer devant moi et me contraindre à m’arrêter. « Niko… tu es parti sans crier gare, tu n’as pas donné signe de vie pendant plus de sept ans, et quand tu reprends vraiment contact, tu ne réponds pas à mes questions sur toi, mais tu me parles d’elle. Tu n’arriveras pas à tourner la page… pas tant que tu te sentiras coupable. » Je me mordis la lèvre, rentrai la tête dans mes épaules. Coupable… coupable de tant de choses… mais en même temps… Divna n’avait pas tort. « Si vous ne bossez plus ensemble, les plaies que tu lui as faites sans le vouloir vont finir par se refermer. Il ne te reste plus qu’à t’autoriser à lui montrer qui tu es vraiment. Et là, si jamais quelque chose peut à nouveau se construire entre vous… elle aura toutes les cartes en main. »

Si quelque chose peut à nouveau se construire entre vous.
Si quelque chose peut à nouveau se construire entre vous.

Divna m’avait laissé plus songeur et anxieux que je ne l’étais avant de la voir. Mais si elle m’avait arraché la promesse de ne plus la laisser sans nouvelle pendant des années, si elle m’avait arraché la promesse de cesser de me refermer et de lui parler, de l’écouter, elle avait eu la douceur et la délicatesse de ne surtout pas me poser trop de questions. Ma sœur était la gentillesse et la candeur pure, elle était le blanc là où Irina n’était que le noir le plus obscur. Et moi, dans tout ça, dans cette fratrie bancale que j’avais brisée et morcelée, est-ce que j’avais le rôle du gris ? Voguant du gris pâle à l’anthracite sans parvenir à trouver un équilibre ?

Si quelque chose peut à nouveau se construire entre vous. Il s’agissait de nous donner une chance. De me donner une chance. De ne plus tenter d’agir, de laisser le temps suivre son cours. Et d’être moi, juste moi.

Je n’avais pas envie de rentrer directement chez moi. Je n’en avais vraiment pas envie, les mots de Divna tournaient encore et encore dans ma tête, et rentrer directement, cela ne pourrait signifier qu’une seule chose : me retrouver confronté à Polina. Et à ses questions. Plus intrusives que celles de Divna, plus inquiètes. Posées par une mutante empathique bien plus sensible. Je n’avais pas envie de rentrer directement, juste de me poser, dans un bar, de m’aérer l’esprit, de laisser tout reposer, s’apaiser, et…

Je ralentis le pas, le souffle court. Le cœur brutalement emballé dans ma poitrine. La gorge sèche, aussi. Non, il fallait que je la laisse tranquille. Je secouai la tête, arrachai mon regard loin de la vitrine de ce bar où Helena venait de passer commande ; je me fis violence pour reprendre ma route, inspirai profondément et… j’immobilisai à nouveau, lorsqu’elle se prit la tête entre les mains. J’hésitai, à nouveau. Ce ne sont pas tes affaires. Mais… Elle va bien mieux lorsque tu n’es pas là. Mais… Son fiancé va venir la consoler. Mais…

Je poussai la porte du bar, tout en sachant très bien que je n’avais pas à faire ça. Que je n’avais rien à faire là. Divna m’avait dit de me contenter d’être moi-même, de laisser le temps suivre son cours, de laisser les choses se faire d’elles-mêmes. Sauf que venir voir ce qu’il se passait, c’était ce que j’étais. Il m’était tout simplement impensable de poursuivre ma route. Surtout lorsqu’Helena était concernée. Je commandais un nouveau café, dans un soupir, récupérai le thé prévu pour elle des mains du serveur, m’assis juste à côté pour le faire glisser dans sa direction.

« Je ne suis peut-être pas le mieux placé pour… mais, ça va Helena ? »

Nous ne nous étions pas parlés depuis ce fameux jour de déménagement. Combien de temps avait passé ? Deux, trois semaines ? Certainement moins. Et il fallait qu’aujourd’hui, juste après avoir vu Divna, nous nous recroisions ? Il n’y a pas de hasard, juste des coups de pouce du destin, ma mère me répétait souvent cette maxime, apparemment un adage cher à ma grand-mère maternelle. Je n’y croyais pas le moins du monde. Jusqu’à aujourd’hui. « Je peux te laisser si tu veux. Tu veux que j’appelle quelqu’un ? » Je ne voulais pas m’imposer. Mais juste ne pas la laisser seule, à dire vrai.

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Dernière édition par Nikola D. Stepanovic le Dim 16 Déc - 14:32, édité 1 fois

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Lun 10 Déc - 12:43
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Les ténèbres n’étaient jamais loin. C’était comme s’ils attendaient constamment au bord de son crâne, parfois éloignés, contenus par la lumière d’un lampion, mais jamais parfaitement chassés. Les ombres ne partaient pas, c’était juste que depuis huit années, Helena refusait de se laisser aller à nager dedans, au risque de se voir couler. Elle combattait la facilité et des envies primaires qui avaient animés les moments où elle aurait du se construire. Ne laissant d’elle qu’une jeune femme en manque de logique, passant d’une profonde compassion à une immense rancune, de mémoire et d’un chemin animé à suivre. Car la voie qu’elle suivait ne consistait qu’en des aspirations solitaires, un bon métier, de belles courses. Seule. Toujours seule. Comme si dans ses besoins les plus profonds, quelqu’un mettait toujours une barrière à l’Helena altruiste, celle qui préférait donner plutôt que recevoir, sans remplacer cette personnalité là, juste en la faisant taire.
Mais aujourd’hui elle avait agit. Aujourd’hui elle avait combattu cette peur, cette crainte idiote mais violente de l’abandon alors que c’était elle même qui s’exilait le plus souvent. Mais n’était il pas plus facile de se dire qu’on était seul par choix ? Quoi qu’il en soit elle était allée affronter son ami, ce qui était bien plus difficile que de faire affront à Eleanor dont elle savait le desamour réciproque. Et voilà où ça l’avait menée. Une dizaine d’année en arrière, nostalgique des temps où elle avait des substances efficaces pour choisir de tout oublier et pas juste une mémoire bancale qui supprimait aléatoirement ses souvenirs... Peut être l’aînée des Percy aurait elle du aller courir pour se vider de ses sombres pensées... Mais l’énergie qui l’habitait n’était pas suffisante. Elle était épuisée.

« Je ne suis peut-être pas le mieux placé pour… mais, ça va Helena ? »

La voix tout à coup trop proche d’elle manqua de faire s’effrayer Helena. La tête dans les mains, elle n’avait vu personne s’approcher et les pensées dans la tête, elle n’avait rien entendu non plus.
Ses yeux qui se tournèrent vers Nikola furent plus un réflexe qu’une réelle nécessité. Car la belle blonde connaissait cette voix et n’aurait eu aucunement besoin d’un contact visuel pour en reconnaître le propriétaire. Elle rabaissa cependant vite les yeux pour fixer ses glaçons. Il ne devait pas la voir dans cet état.
En voyant apparaître ce visage, ce visage là, celui de son ancien patron qui était venu détruire son dernier havre de paix, Helena s’était attendue à ressentir de la lassitude, de l’énervement ou un autre sentiment de la même sombre catégorie. Pourtant aucune de ces émotions ne la traversa. La seule chose à laquelle elle songea fut qu’elle n’était plus seule.
Elle qui avait espérer ne croiser personne de sa connaissance et qui s’était pourtant mise à la vue de tous derrière la vitre en verre d’un bar du centre de Killingworth. Peut être avait elle tout de même attendu quelqu’un après tout...
Voyant du coin de l’œil la tasse de thé que Nikola lui avait rapporté et sans poser de question, Hel écarta le verre d’eau pour ancrer ses mains autour de la tasse brûlante comme elle aimait a le faire. Son petit rappel quotidien que les meilleurs choses étaient les plus douloureuses.

‹‹ Oui...  ››

Ça allait, elle répondit mais ne sut pas s’en convaincre elle même.C’était ridicule. Même pour un mot elle ne savait pas mentir. L’idée lui traversa l’esprit que son état ne regardait pas son ex patron, qu’avec tout ce qu’il lui avait fait et son caractère instable elle aurait mieux fait de ne rien lui dire, de s’éloigner, de le fuir encore une fois. Mais il y avait cette partie de lui, cette infime partie qui savait parfois apaiser Helena, qui lui donnait envie de lui faire confiance, de tout lui raconter.

‹‹ Non.  ››

Elle souffla, abdiquant, sans quitter des yeux le liquide sombre entre ses mains.

« Je peux te laisser si tu veux. Tu veux que j’appelle quelqu’un ? »

La dernière fois qu’Helena avait vu son supérieur, elle avait quitté son service pour un autre dont la hauteur, bien qu’handicapante était toujours préférable à ce que Nikola lui faisait endurer. Ce jour là il lui avait offrit des cadeaux qu’Helena ne comprenait toujours pas. Comme un pressant mystère non résolu auquel elle avait l’impression qu’elle n’aurait jamais de réponse. N’avait elle pas déjà essayé ? Maintenant, dans l’entrée de son appartement trainaient la photo d’un oiseau et un porte clef dont elle ne comprenait pas le sens. Peut être que si elle le lui demandait, il lui expliquerait.

‹‹ Non...   ››

Non, elle ne voulait pas qu’il appelle quelqu’un. Non, elle ne voulait pas qu’il la laisse non plus.
La jeune femme porta la tasse à ses lèvres et brûla ses lèvres avec le thé trop chaud. Elle ne broncha pas.

‹‹ Qu’est ce que vous faites ici ?   ››

Pile dans le même bar qu’elle. Pile au même moment. Toujours sans un regard, les yeux alternant entre sa boisson et les passants qui erraient dans la rue.
Et puis de but en blanc, sans qu’elle ne puisse empêcher ses mots de s’échapper, s’emportant presque verbalement mais sans quitter son attitude morne :

‹‹ Vous avez fait des études en psychologie non ?   ››

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Dim 16 Déc - 12:23
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Helena
Nikola
« back to the start »


Si elle ne veut pas de moi, je n’insiste pas. Je m’assis à côté d’elle, avec cette certitude dans la tête. En tentant, du moins, de faire cette résolution une certitude. Je m’assis à côté d’elle après avoir intercepté le thé qu’un serveur lui apportait, dans un sourire, le faisant glisser dans sa direction, maladroit. Trop maladroit. Qu’étais-je en train de faire ? J’étais en train de cesser de réfléchir et je commençais, enfin, à écouter davantage ma sœur et ses bons conseils que mes tentatives d’anticipation. Ce ne sont pas mes affaires, non, techniquement non, mais le fait est que… ce sont pourtant mes affaires. Et même si elle ne voulait pas de moi, il fallait au moins que j’essaye. Que m’avait dit Divna un peu plus tôt ? Si quelque chose peut à nouveau se construire entre vous, il faut que je laisse cette possibilité avoir le droit d’exister. Sinon, je n’arriverai jamais à avancer. Et je n’arriverai pas non plus à laisser Helena avancer elle aussi.

La tasse glissa sur la table, ma voix se fit douceur : elle sursauta malgré tout. Et ses yeux heurtèrent aussitôt les miens, dans un contact trop bref, trop long. J’avais la gorge sèche. Tendu. Dans l’attente d’un rejet, trop prévisible, trop compréhensible. Dans l’attente d’une remarque. Ce fut son silence qui m’accueillit, un regard à nouveau détourné en direction des glaçons qui se noyaient dans son verre. Le froid qu’elle écarta pour lui préférer le contact brûlant de l’eau chaude aromatisée. Je lui offris un sourire rassurant. Ne pas s’imposer. J’étais prêt, vraiment prêt, à partir. J’attendais le moindre geste, le moindre mot. Je commençai, même, à compter les secondes, me promettant qu’à la dixième je partirai. La douzième. La trentième. J’en étais finalement à trente-huit lorsqu’elle m’offrit une bonne raison de rester. ‹‹ Oui...  ›› Oui… Je pinçai les lèvres. Naïf, candide, trop prompt à croire tous ce qu’on pouvait me dire, mais pas à ce point-là. Je ne commentai pas immédiatement, lui laissant la possibilité de revenir sur sa réponse, sur son mensonge de convenance, de politesse. Quelque part, j’avais envie de lui dire qu’elle n’avait pas besoin de mentir avec moi. Qu’elle n’avait pas besoin d’aller toujours bien. J’étais le premier à lui avoir causé du tort : j’avais bien à être le dernier à être protégé de tout cela. Je me réinstallai sur mon siège, coudes posés sur la table. Retenant ma respiration, jusqu’à ce qu’elle abdique. ‹‹ Non.  ›› J’acquiesçai, en silence. La laissant respirer. La laissant fixer la tasse. J’inspirai. Voulait-elle que je la laisse, que j’appelle quelqu’un ? Quelques battements de cœur, précipités. Et une nouvelle négation qui m’offrit à nouveau le droit de respirer. ‹‹ Non... ›› C’était déjà ça. Quelque part, j’avais l’impression que nous avions à nouveau huit ans de moins, que j’étais à nouveau en train de l’apprivoiser, doucement. Sans savoir pourquoi je m’obstinais, mais en m’obstinant à chaque fois davantage.

Je n’aimais ni les conflits, ni les tensions et encore moins les problèmes. Mais je l’aimais elle, même si par bien des aspects elle représentait justement des conflits, des tensions, des problèmes, même si elle me forçait, me contraignait à sortir de ma zone de confort. Ça n’avait pas de sens. Mais si j’étais bien conscient d’une chose, c’était qu’il n’y avait aucune rationalité dans l’amour et dans les sentiments les plus profonds.

J’attendis quelques secondes. Réceptionnai la tasse de café que l’on m’apporta, pour y tremper mes lèvres, m’y brûler, inspirer l’arôme en fermant les yeux. ‹‹ Qu’est-ce que vous faites ici ?   ›› Mes prunelles la cherchèrent aussitôt : elle ne regardait pas dans ma direction, oscillant entre sa tasse et l’extérieur du bar. Je n’avais pas encore songé à répondre qu’elle embraya sur une autre question, qui m’agita d’un petit rire nerveux. ‹‹ Vous avez fait des études en psychologie non ?   ›› Je reposai la tasse avant d’en renverser. Mes doigts, nerveux, se resserrèrent autour de l’anse, tapotèrent les côtés. Ne purent maintenir quelques secondes, qui m’échappèrent en trois battements de cœur silencieux. « C’est ironique, n’est-ce pas ? » Je ne répondis pas à sa question : l’affirmative se fit présente dans le sous-entendu. Ironique d’avoir fait des études de psychologie lorsqu’on voyait à quel point je pouvais me montrer maladroit dès lors que je n’étais plus dans un contexte de patients et de docteur. « Penser que j’ai étudié huit ans la psychologie humaine pour m’avérer être un bien mauvais psychologue. » Je lui souris, pour qu’elle comprenne que je n’étais pas en train de chercher à être rassuré, que j’étais simplement en train d’énoncer des faits avérés, qu’elle avait pu observer, placée aux premières loges.

Je n’étais pas un bavard, d’ordinaire. Mais… Laisse lui une chance. J’inspirai, encore. Il ne te reste plus qu’à t’autoriser à lui montrer qui tu es vraiment. « Mais oui, j’étais fait des études de psychologie. Pour tenter de me comprendre, de comprendre les autres, les premières années. Puis… j’ai compris que c’était presque impossible, parce que toutes les personnes sont d’une complexité fascinante. Et petit à petit, je me suis intéressé à tout ce qui impacte des formes, des couleurs, des images sur les personnes : les couleurs qui apaisent naturellement, les formes qui angoissent… ce qui m’a mené à… » Toi. « La publicité. » Mais surtout elle. Je croisai à nouveau les bras, appuyé sur la table, avancé un peu, les yeux glissant de la vitre à Helena, de Helena à la vitre, à tous ces passants dont je faisais partie quelques minutes plus tôt. « J’étais de passage, je revenais du parc et… je t’ai vue. Tu n’avais pas l’air bien, je… je n’aime pas laisser seules les personnes qui ne vont pas bien. » Faible explication, et pourtant… je ne mentais pas. C’était plus fort que moi. Polina avait hérité de l’empathie familiale au plus haut point, dans une mutation qui l’ouvrait aux autres : elle ne sortait pas de nulle part. « Est-ce que tu veux en parler ? » Voulait-elle m’en parler, surtout ?

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Dim 16 Déc - 19:02
Helena M. Percy
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Qu'y avait-il de si confortable dans la présence de cet homme là ? Pourquoi Helena n'était pas dérangée qu'il soit là ? Plus encore, elle était rassurée. De ne plus être seule, d'être avec lui. Après tout ce qui s'était passé, après la colère et le dégoût qu'il lui avait inspiré. Pourquoi est-ce qu'il lui évoquait autant de sentiments opposés ? Etait-il vraiment malade comme Hel l'avait envisagé plusieurs fois ? Est-ce qu'il était bipolaire ? Est-ce qu'elle détestait une partie de lui alors qu'elle savait être attirée par l'autre ? Car attirée elle l'avait été. La belle blonde se souvenait encore de la fois où il l'avait prise dans ses bras après le Cosmic... Il l'avait tenue si fort contre lui, comme s'il avait eu peur de la perdre, tellement peur de la perdre...
L'ainée des Percy effaça ces pensées de son esprit mais autorisa Nikola à rester. Elle l'interrogea aussi. Ils pouvaient parler. Elle voulait parler. Savoir ce qu'il faisait là, comme par hasard et puis parler de lui. Il était psychologue, pas vrai ?

« C’est ironique, n’est-ce pas ? »

Du coin de l'oeil, la belle blonde vit son ancien patron manquer de renverser du café sur la table haute. Il était maladroit ou nerveux. Helena ne savait pas encore si c'était charmant ou perturbant.
Et elle ne répondit pas à sa question, c'était réthorique.

« Penser que j’ai étudié huit ans la psychologie humaine pour m’avérer être un bien mauvais psychologue. »

La belle blonde sentait son regard sur elle mais ne pouvait encore se convaincre de le regarder elle aussi. Elle n'en avait pas envie. Elle était tellement peinée. Pas de taille à soutenir un regard. Pas encore.
A la place Helena enregistrait les informations en espérant que cette fois-ci elles resteraient dans sa mémoire. Il n'y avait pas grand chose de moins sûr. Huit ans d'études... La jeune femme n'en avait effectivement pas vraiment ressenti les effets. N'aurait-il pas dû être un genre de bouddha apaisant et pas aléatoirement un ouragan et un refuge. Incertain. Perturbant. Ca n'aidait pas une femme au bord du gouffre.

« Mais oui, j’étais fait des études de psychologie. Pour tenter de me comprendre, de comprendre les autres, les premières années. Puis… j’ai compris que c’était presque impossible, parce que toutes les personnes sont d’une complexité fascinante. Et petit à petit, je me suis intéressé à tout ce qui impacte des formes, des couleurs, des images sur les personnes : les couleurs qui apaisent naturellement, les formes qui angoissent… ce qui m’a mené à…  La publicité. »

Doucement, le regard de l'ainée des Percy glissa sur les mains de Nikola. Il avait de belles mains. Jusqu'à ses bras. Et enfin son visage. Sans vraiment y penser, trop occupée à écouter ses paroles, à entendre ses mots résonner en elle comme ses propres pensées. Helena comprenait ce qu'elle disait. Elle comprenait tout ce qu'il disait. Elle aussi tentait de faire passer des messages par les images. Elle faisait ça tous les jours. Communiquer mais pas par la parole. C'étaient les émotions qu'on ressentait qui parlaient le mieux. Helena voulait transmettre des émotions par son travail. Dans son regard, un certain intérêt c'était allumé.
Un petit sourire apparut sur les lèvres de la belle blonde. Mais il n'y avait pas grand chose de joyeux dans son rictus.

‹‹ C'est juste que...  ››

L'ainée des Percy sonda son regard, chercha à y trouver une constante. Quelque chose qui rapprocherait son patron de cet homme là.

‹‹ ...Vous êtes certainement le cas psychologique le plus perturbant que je connaisse. ››

La tristesse, peut-être le désespoir de cause, l'absence de crainte de tomber plus bas avaient de nouveau délier la langue de la fille du Duc de Northumberland. Après tout, n'était-ce pas le thème du jour ? Balancer au visage des gens les plus profondes pensées qu'Helena entretenait. Qu'est-ce qu'elle n'avait donc pas prit qui avait pu la saouler à ce point ?

« J’étais de passage, je revenais du parc et… je t’ai vue. Tu n’avais pas l’air bien, je… je n’aime pas laisser seules les personnes qui ne vont pas bien. »

Un rire ironique s'échappa rapidement des lèvres de la blonde. Son ancien patron charitable était venu sauver la pauvre Helena à l'air désespéré. Dans qu'elle situation est-ce qu'elle s'était encore mise ? L'ainée Percy aurait pu se foutre des baffes. Ca ne serait sûrement pas une bonne idée de commencer ça...

« Est-ce que tu veux en parler ? »

Les yeux de la jeune femme retombèrent dans son breuvage. Allèrent se noyer dans le thé. Dans ses souvenirs. Ce qu'il en restait. Elle ne se souvenait déjà plus du chemin pour arriver dans ce bar. Elle avait été en colère, c'était tout ce dont Helena se rappelait. Très en colère contre elle même surtout. Au milieu de ce soulagement, de cette certitude d'avoir bien fait.

‹‹ Ce n'est rien. ››

Mensonge. Ou formule usuelle. Juste pour diminuer l'effet des paroles qui allaient suivre.

‹‹ Je me suis juste mêlée de la vie de quelqu'un à qui je tient beaucoup. ››

Déplaçant ses mains sur la tasse, la belle blonde s'assura que ses doigts brûlent de nouveau. Résistant à l'envie d'enlever sa peau de la surface trop chaude.

‹‹ Et évidemment il n'en a pas été très heureux... ››

Elle écarta ses doigts de quelques centimètres. Ils étaient rougis. Et puis elle les reposa. La jeune femme continua avant que le blond ne reprenne.

‹‹ Mais je vais m'en remettre, lui aussi. J'espère... On peut parler d'autre chose ? ››

Relevant ses yeux clairs vers lui. Sûrement avait elle besoin de penser à quelque chose d'autre. Ce n'était pas utile de ressasser. Plus utile. C'était passé maintenant. Et Nikola ne pourrait rien y faire. Hel n'avait pas non plus envie qu'il la juge. Elle ne voulait pas entendre de sa part que ce qu'elle avait fait était bien ou non. Elle ne le croirait pas. Ce serait des paroles en l'air. Il ne pouvait pas savoir si c'était bien ou non. Personne le pourrait, pas tout de suite.

‹‹ Je voudrais parler d'autre chose.  ››


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Ven 28 Déc - 18:08
Nikola D. Stepanovic
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Helena
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« back to the start »


Ironique, ça l’était. Réellement. Je le sentais, et je me sentais même presque capable d’en rire, d’un rire triste et désabusé, déçu et chargé d’excuses. Ironique, ça l’était, que de se rendre compte que malgré les années d’étude, malgré une thèse travaillée avec application, éprouvée trois ans durant, malgré des cours donnés, des cours reçus, des papiers publiés et des conférences tenus et organisées, malgré quelques dizaines de stages, tout autant de tutorat, malgré des discussions avec bon nombre de spécialistes et de professionnels ; ironique, ça l’était assurément que de se rendre compte que malgré tout cela… je n’étais tout simplement toujours pas capable d’anticiper correctement l’impact de mes mots, de mes gestes, que ça ne m’avait en rien aidé à trouver un moyen de contrôler ou mieux encore, de faire disparaître les tourments que m’infligeait ma mutation, et que j’infligeais moi-même par son biais, que je n’étais pas plus près que quinze ans plus tôt de trouver un moyen de réparer ce que j’avais cassé dans l’esprit de chacun des membres de ma famille, que j’étais encore moins proche de trouver une solution pour soulager, ne serait-ce qu’un peu, le poids que la culpabilité faisait peser sur ma poitrine à chaque fois que je regardais Helena. Mettre de la distance m’était impossible, il fallait que je me fasse une raison. Réparer, voilà également quelque chose hors de ma portée. Alors cesser de me prendre la tête et offrir à Helena ce que je pouvais lui donner de moi sans tenter d’anticiper, de prévenir ou de masquer ce qui me déplaisait ? C’était une solution comme une autre, que je n’avais pas encore tentée. Et qu’il me fallait bien déployer devant moi, puisqu’il ne me restait somme toute plus guère d’options à essayer. L’honnêteté. Le naturel. Oui, j’avais étudié la psychologie. Mais non, ça ne signifiait rien de plus, rien de moins que ce que l’on pouvait penser. Ironique. Je me brûlais les lèvres avec quelques gouttes de café. Huit ans d’étude, ironique. Qui s’étaient achevées sur la publicité, me guidant jusqu’à elle, et par deux fois si on y réfléchissait bien. Elle conserva son regard loin de moi, je conservai comme je le pouvais le mien loin d’elle, y revenant encore et encore sans m’en rendre compte – ou en ne m’en apercevant qu’un peu tard – pour me reprendre, fixer la vitre qu’elle fixait. ‹‹ C'est juste que...  ›› Avant de pouvoir me retenir, je me heurtai à ses prunelles. ‹‹ ...Vous êtes certainement le cas psychologique le plus perturbant que je connaisse. ›› Un petit rire, partagé, aussi déstabilisé des deux côtés que l’on pouvait se l’imaginer. « Ah… ça… j’aimerais vous détromper mais il me faudrait pour cela des réserves de mauvaise fois que je ne suis pas certain de pouvoir posséder. » Mon amour-propre inexistant ne put m’empêcher de concéder cela, sur un ton qui se fit complice sans le vouloir. Du moins amical.

J’inspirai doucement, avant de reprendre le fil de notre conversation et achever de répondre à la première question posée, la plus légitime si on y pensait bien. Pourquoi, pourquoi étais-je encore ici, à côté d’elle, alors qu’elle ne semblait demander rien de plus de ma part qu’un peu de tranquillité ? D’espace ? D’air et de distance ? De silence et d’absence, en somme, tout ce que je lui refusais par mon obstination ? De passage. Son rire me saisit à la gorge, comme les serres d’un rapace refusant de se laisser apprivoiser ; comme les crocs d’un renard craintif, les pétales froissés d’une rose prématurée. Je refusai de faire marche arrière, complétai d’une voix douce avec une question que je voulus ouverte à toutes les réponses. ‹‹ Ce n'est rien. ›› Je restai silencieux. Patient. Je n’avais guère – à mes yeux tout du moins – de qualités notables, mais je reconnais sans mal celle-ci : je me savais patient. Doux et patient. Il y avait des questions qui ne devaient être posées qu’une seule fois, et des réponses qui prenaient leur temps pour se construire, se former, se créer et s’agencer. Des réponses qui ne pouvaient commencer que par un mensonge, poli, de convenance, usuel et réflexe, des réponses qui ne s’arrogeaient le droit d’être complètes qu’au terme d’une longue réflexion, d’un travail progressif et résolu. ‹‹ Je me suis juste mêlée de la vie de quelqu'un à qui je tiens beaucoup. ›› Pincement au cœur, de savoir que cette personne à laquelle elle tenait beaucoup, ce n’était pas moi. Je réprimai un sursaut de jalousie, ravalai une curiosité mal placée pour me contenter de boire une nouvelle gorgée de café pour mieux me garder silencieux. ‹‹ Et évidemment il n'en a pas été très heureux... ›› Il. Je tiquai, m’en voulus aussitôt. ‹‹ Mais je vais m'en remettre, lui aussi. J'espère... On peut parler d'autre chose ? ›› J’ouvris la bouche, la refermai aussitôt. Oui, bien évidemment que nous pouvions parler d’autre chose, mais… ‹‹ Je voudrais parler d'autre chose. ›› Toutes mes protestations s’envolèrent, disparurent sous cette demande si joliment formulée. Si péremptoire, également, par bien trop d’aspects pour être ignorée. « Bien sûr… » Je lui souris à nouveau, doucement. Loin d’être un adepte des actions et des épanchements marqués, appuyés, exagérés, un simple sourire avait à mes yeux bien plus de valeurs que des éclats de rire sonores et surjoués que l’on entendait si souvent.

Bien sûr, le souffle me manqua, l’intuition et l’imagination aussi. Je pataugeai quelque peu : « De quoi préfères-tu que l’on parle ? » Pour ma part, si on pouvait éviter le sujet du travail, des mutations, de la famille, de mon passé, du sien, et de tant de choses encore, cela m’arrangerait. Mais ça ne me laissait qu’une petite marge de manœuvre. En désespoir de cause, je me raccrochai à une affiche, à l’angle de la rue, dont on ne voyait que l’extrémité gauche et que je me souvenais avoir attentivement regardée en remontant l’avenue, un peu plus tôt. « Je ne me souviens plus si tu es du genre à faire des expositions, mais tu as vu, ou tu as eu des échos sur celle concernant les différentes Unes de presse émises au terme de la première guerre mondiale ? J’imagine que le centenaire de l’armistice a inspiré bon nombre de conservateurs lorsqu’ils ont commencé à planifier les expositions temporaires de l’année. » Je ne mentais ni en affirmant que je ne me souvenais plus de l’intérêt porté par Helena aux différentes expositions, ni en m’avançant sur mon intérêt pour une telle proposition. En revanche, je n’étais pas vraiment satisfait ou convaincu par mon intervention, ça non : ne pas pouvoir comprendre réellement ce qui troublait à ce point Helena me laissait un goût amer en arrière de la gorge. « Parfois, il est compliqué de s’entendre dire que l’on fait des mauvais choix, mais si cette personne est intelligente, elle reviendra vers vous pour s’excuser, je pense, et vous remercier, à sa façon. Je sais, tu ne voulais pas en parler davantage mais… » Mais rien du tout. « Pardonne-moi. » Je n’avais pas vraiment d’excuses. Je me reconcentrai sur ma tasse.

Répétai. « Excuse-moi, je ne suis pas très… doué pour faire la conversation. Sans compter que je me rends compte qu’on se connait somme tout que très peu, finalement. Et nous sommes vraiment partis d’un mauvais pied. » Ah ça… c’était le moins qu’on pouvait dire.

Pris d’une inspiration soudaine, je repoussai ma tasse, me tournai dans sa direction, lui tendis la main. « Reprenons au début. Bonjour, je m’appelle Nikola, trente-quatre ans fraichement fêtés, pas très doué pour les relations sociales malgré des études de psychologie. Passionné de photographie et… amateur de café ? » Je ne savais que rajouter de plus. Je voulais juste, cela était une certitude, faire en sorte que… les choses s’améliorent. Au moins un peu.  

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Mar 1 Jan - 16:01
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Aucune réserve. Helena en avait-elle jamais eu ? Dès lors qu'elle s'autorisait à entrouvrir les lèvres elle ne pouvait retenir sa franchise naturelle. Heureusement qu'elle avait encore la capacité de se la fermer parfois...
Mais cette fois-ci elle lui avait dit, à Nikola, qu'il n'était pas normal. Qu'il ne tournait pas rond. Peut-être pas avec autant de passion qu'elle aurait du le faire si elle avait été plus en forme encore... Mais ça avait été explicité.

« Ah… ça… j’aimerais vous détromper mais il me faudrait pour cela des réserves de mauvaise fois que je ne suis pas certain de pouvoir posséder. »

Alors il savait ? Il se rendait compte qu'il n'était pas tout à faire normal ? C'était sûrement déjà un bon point... Cela eu le don de laisser un rictus quelque peu amusé sur les lèvres d'Helena. Est-ce qu'elle trouvait réellement rassurant  le fait qu’il en soit conscient ? La jeune femme le déciderait plus tard. Ou bien elle oublierait. 
Au profit de discussions plus lourdes. Au profit de souvenirs qui a force d’être répétés allaient sûrement réussir à rester gravés dans sa mémoire à défaut de tant d’autres... 
Mais ce moment ne devait pas durer. L’ainée des Percy n’en avait pas envie. Elle voulait parler d’autre chose. Cesser de ressasser ce qui ne pouvait plus être changé. Oublier Calixte pour le moment et ce qu'elle avait pu lui faire. A la même hauteur que les mots, vrais ou non, prononcés par son ami dans sa colère qui l'avaient blessée.

« Bien sûr… »

Nikola acceptait de changer de sujet. Hel lui en était reconnaissante bien qu'elle n'en dit rien. Mais quelque part, elle trouvait vraiment agréable cet homme qui semblait doté de compassion et de gentillesse.

« De quoi préfères-tu que l’on parle ? »

La belle blonde ne savait pas, elle n'en savait rien. Son esprit émotionnellement épuisé ne savait trop que proposer. Elle n'avait pas envie de réfléchir. Helena se contenta de faire tourner la tasse entre ses mains en haussant doucement les épaules.

« Je ne me souviens plus si tu es du genre à faire des expositions, mais tu as vu, ou tu as eu des échos sur celle concernant les différentes Unes de presse émises au terme de la première guerre mondiale ? J’imagine que le centenaire de l’armistice a inspiré bon nombre de conservateurs lorsqu’ils ont commencé à planifier les expositions temporaires de l’année. »

Le sachet fut doucement retiré de la tasse et posé dans un petit récipient prévu à cet effet. Quelque chose dans l'esprit de la jeune femme n'était pas satisfait. Pas détendu. Contenu au contraire, encore. Elle n'avait commencé à sentir une résolution qu'en se laissant librement avouer un peu de ce qu'elle pensait de Nikola. Mais ne l'avait-elle pas déjà assez fait aujourd'hui ? Dire ce qu'elle pensait. Si. Elle savait où ça la menait à chaque fois.

‹‹ Je l'ai vue oui... Mais j'ai du mal à trouver beaucoup d'intérêt dans les horreurs perpétrées par les êtres humains. ››

Les guerres, encore et toujours, inévitablement. La fille Percy trouvait horrible le fait que l'Homme à travers toutes les époques n'ait jamais pu vivre sans se détester, se détruire, se mettre à mort. Elle aussi portant en elle de la haine. Evidemment. Pour elle en premier lieu. Mais de là à tuer des innocents, à tuer en masse...
Helena s'était pourtant efforcée de dire cela sur le ton doux de la conversation. Car elle appréciait l'effort de Nikola de relancer une discussion sur un sujet qui aurait pu l'intéresser. Mais il ne pouvait pas connaître tous ses centres d'intérêts.

« Parfois, il est compliqué de s’entendre dire que l’on fait des mauvais choix, mais si cette personne est intelligente, elle reviendra vers vous pour s’excuser, je pense, et vous remercier, à sa façon. Je sais, tu ne voulais pas en parler davantage mais… Pardonne-moi.»

Le sujet avait soudain tourné et les yeux clairs de la jeune femme se relevèrent automatiquement vers le beau blond. Son corps même se tourna un peu vers lui, se décentrait un peu de sa vue panoramique pour se concentrer sur lui.
Cela ressemblait à une vraie conversation, à quelque chose de sincère, c'était dans ces moments là seulement que Nikola réussissait réellement à la toucher.

« Excuse-moi, je ne suis pas très… doué pour faire la conversation. Sans compter que je me rends compte qu’on se connait somme tout que très peu, finalement. Et nous sommes vraiment partis d’un mauvais pied. »

La jeune femme secoua doucement et brièvement la tête. Même s'il avait raison dans le mauvais départ de leur relation.

‹‹ Non, non, c'est... Ca m'a fait plaisir de l'entendre. Merci. ››

Soudain, son ancien patron tendit la main vers elle. Helena laissa ses yeux glisser de son visage à cette main tendue.

« Reprenons au début. Bonjour, je m’appelle Nikola, trente-quatre ans fraichement fêtés, pas très doué pour les relations sociales malgré des études de psychologie. Passionné de photographie et… amateur de café ? »

Un sourire tendrement peint sur les lèvres et après un petit moment, Hel fini par glisser sa main dans la sienne dans une petite pression.
Cet homme là lui plaisait, cette direction de conversation lui plaisait et elle sentit que son esprit s’allégeait quelque peu.

‹‹ Bonjour Nikola. Je m'appelle Helena, j'ai 29 ans et je suis passionnée par l'art en général, les courses en pleine nature et par les discussions franches. ››

Avec un petit rictus constant, comme si de rien était alors que la jeune femme venait clairement de passer un message. Mais ce n'était pas un message provoquant ou désagréable. C'était plus complice. Le genre de relation qu'Helena entretenait avec ses amis.

‹‹ Dites moi ce que... ››

Une petite expression de contrariété passa sur les traits de la fille Percy. Elle n'était dirigée que vers elle même et disparu bientôt.

‹‹ Qu'est-ce que tu aimes photographier ? ››


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Jeu 17 Jan - 23:02
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Nous étions au point de non-retour. Un point de non-retour inespéré, une dernière chance arrachée à la fatalité dans un sursaut désespéré de ma part. Un point de non-retour que je devais au hasard, à Divna, à mes hésitations. Notre précédente rencontre s’était achevée sur une prise de conscience, sur la conviction qu’en voulant faire bien, j’avais fait pire. Il ne me restait désormais qu’une seule chose à faire : mieux. Et mieux… ça passait avant tout par l’honnêteté, la simplicité, par l’abandon de mes tentatives lamentables de tout contrôler et de tout anticiper pour me contenter juste d’être. Que m’avait Divna ? De me laisser une dernière chance, de nous laisser une dernière chance et, plus encore, de l’autoriser à me voir et de lui laisser le choix, le choix de me connaître, le risque de m’apprécier. Ce devait être son choix, pas le mien. J’inspirai. Faire mieux. Être honnête. Je n’étais pas parfait, loin, si loin de là… le cas psychologique le plus perturbant, le superlatif était peut-être de trop, ce qu’il sous-entendait, en revanche, ne pouvait être nié. Surtout par moi. Un petit rire nerveux s’échappa de mes lèvres, un rictus amusé pointa sur les lèvres d’Helena, que je me concentrais pour ne pas trop regarder. Souvenirs non-partagés, désirs non-partagés, il y avait un tel déséquilibre entre nous que le simple fait d’essayer d’appréhender ce qu’elle pouvait penser de moi, d’essayer de comparer également l’écart infini entre nous ne pouvait que me mener à l’épuisement. Et à une frustration désespérée aussi.

J’inspirai, à nouveau. Pour me calmer, pour ne surtout pas retomber dans ce détestable cercle vicieux qui ne menait à rien de bon. Me concentrer sur elle, finalement, plutôt que sur moi et sur mes espoirs, mes doutes, mes envies. Me concentrer sur elle, ce qui pouvait l’avoir menée jusqu’ici, ce qui pouvait obscurcir ses pensées, faire poindre à ses paupières des larmes salées… Je voudrais parler d’autre chose, mes protestations s’envolèrent, je retins mes questions et mes remarques dans un bien sûr peut-être un peu trop vite avancé : je n’étais pas de ceux qui avaient la discussion facile et naturelle et ma tentative qui suivit de relancer la conversation sur un sujet autre… se fit aussi maladroite que pitoyable. Je me consolai en me disant qu’elle avait au moins le mérite d’exister.

Mes yeux suivirent, fascinés, les mouvements de ses doigts quand elle finalisa la préparation de son thé. Et celle de sa réponse. ‹‹ Je l'ai vue oui... Mais j'ai du mal à trouver beaucoup d'intérêt dans les horreurs perpétrées par les êtres humains. ›› Une crispation gênée me traversa sans que je n’y prenne gare, mes excuses m’échappèrent à leur tour, me laissant esclave et victime de ma sensibilité et de mes réflexes trop polis. « Oh, oui, bien sûr, désolé » alors que dans mon esprit, j’entendis presque Irina se moquer de moi : et tu t’excuses pour quoi cette fois ? « C’est vrai que… j’ai vu passer un article dans le journal, et c’est le directeur artistique qui a pris le dessus, pas l’humain… » Je me débattis sans vraiment savoir où je voulais aller, rendis les armes en me concentrant quelques secondes de plus sur le café. Sur ce goût amer qu’avait laissé dans ma gorge les propos précédents d’Helena, qu’elle n’avait pas voulu creuser davantage. Je me reconnaissais peut-être bien trop dans le rôle de celui qui se mêlait de la vie d’une personne qui n’en voulait. Ou dans le rôle de celui dont la sœur s’était mêlée de la vie, sans se soucier des conséquences. Ou dans celui de… non.

En fin de compte, non. Je ne pouvais en rien me reconnaître dans ce qu’elle pouvait me dire, parce que j’étais incapable d’avoir ce courage de s’opposer aux choix de mes amis, à leurs décisions, pour leur faire comprendre lorsqu’ils se trompaient. Je n’avais que la lâcheté du faux moralisateur, du faux bon samaritain. Je n’avais que la stature de celui qui voulait faire le bien, mais qui n’y arrivait qu’exceptionnellement. Mais… en me rendant compte de cela, et en commençant à parler, je m’aperçus également que ça ne m’empêchait pas d’avoir quelque chose à dire. Parce qu’au final, les faits étaient les mêmes : lui comme moi, nous l’avions blessé, et nous avions de toute évidence fait des mauvais choix à un moment donné. Et Helena en payait le prix. Et elle méritait mes excuses, encore et encore. Et… encore une fois, sans réfléchir, j’avais fait exactement ce qu’elle m’avait demandé de ne pas faire : poursuivre sur un sujet qui ne lui était pas agréable. ‹‹ Non, non, c'est... Ça m'a fait plaisir de l'entendre. Merci. ›› Merci. Je dus retenir un sourire.

Un point de non-retour. Cette discussion avait, comme la précédente, la saveur d’un point de non-retour. Mais… et si je transformais tout cela en autre chose, en point de départ ? Laisse lui une chance de te connaître. Recommencer à zéro, comme je l’avais contrainte à le faire, en m’arrachant à son existence. J’inspirai. Encore. Prendre une décision. Reprendre au tout début. Retendre la main dans sa direction, et espérer qu’elle la saisisse. Nikola, trente-quatre ans, photographe ; qu’on oublie notre métier commun, qu’on oublie notre passif. Recommencer au début.

Jamais une poignée de main me parut aussi douce que celle qu’elle échangea avec moi, d’une main glissée dans la mienne, additionnée d’une petite pression, d’une chance donnée, acceptée, plantée en terre en espérant qu’elle germe, grandisse et porte du fruit. Ne force pas les choses. Recommencer au début. ‹‹ Bonjour Nikola. Je m'appelle Helena, j'ai 29 ans et je suis passionnée par l'art en général, les courses en pleine nature et par les discussions franches. ›› Une nouvelle crispation, que je transformai en compréhension, en petit sourire et signe de tête, en regard sérieux : le message était passé. ‹‹ Dites-moi ce que... qu'est-ce que tu aimes photographier ? ›› Et jamais un tutoiement me parut aussi doux que celui qu’elle m’offrit alors que je ne l’attendais plus. J’avais l’impression de redécouvrir, réellement, la saveur des petites choses ; des détails simples, si simples, mais si précieux. Que l’on oubliait si facilement, également, habitués comme on pouvait finir par l’être.

Je finis mon café, sentant mes épaules se détendre : la photographie était notre terrain. Celui qui nous avait rapproché, un de ceux qui nous avait rapproché. Celui qui m’avait permis d’immortaliser ses éclats de rire, l’éclosion d’une rose sortie de la camisole de sa culpabilité, révélée encore plus belle que l’écrin ne le promettait – et ce n’était pas rien. Qu’est-ce que j’aimais photographier ? « Le mouvement, je crois. Les émotions, les sentiments… on pourrait croire que photographier quelque chose, c’est le figer, l’inscrire sur un bout de papier et le rendre aussi raide et rigide qu’une nature morte, mais… j’aime essayer de capturer des instants de vie et leur permettre de continuer à vivre après ça… » Mes lèvres grimacèrent devant le flou artistique qui enrobait – je ne le sentais que trop – mes propos. « … comme dans Harry Potter, tu vois ? Les photos qui bougent, sauf que bien évidemment, je ne fais pas de magie. » Petit rire nerveux : ce que je faisais n’avait rien de magique : la magie était féérique, ma mutation était cauchemardesque. D’un mouvement hâtif, je sortis mon téléphone, autant pour chasser mes pensées loin de ma mutation que pour ouvrir une galerie de photos et illustrer mes propos : toutes mes photos d’Helena étaient préservées, en secret, en cachette, dans un disque dur. Il n’y avait que des instants de vie, sur mon portable, des instants de ma nouvelle vie. Irina et Polina, la Croatie, la Roumanie, la Grèce et la Bulgarie avaient également la part belle, l’Angleterre retrouvée aussi. Des animaux, des forêts d’automne secouées par le vent, Polina dansant sous la neige, glissant sur la glace de la patinoire, Irina, carnassière, prédatrice, me mettant au défi de retrouver la moindre complicité avec elle. Je tendis à Helena mon téléphone, frissonnant quand mes doigts frôlèrent les siens, électriques. « Tiens, tu peux regarder si tu veux, ce sont les dernières que j’ai prises, j’ai… ça me détend pas mal, en fait, généralement, je sature mes cartes mémoire le week-end. »

Mes doigts, orphelins, tapotèrent la table et le bord de ma tasse un peu trop vide, perclus de nervosité. « Et du coup, les courses en pleine nature ? Tu vas courir régulièrement ? Tu as bien du courage, lorsque le temps est glacial ou pluvieux, il doit falloir une forte volonté pour sortir de chez soi ! » Discussion franche, nous y étions : je n’étais clairement pas sportif, et mon admiration, elle, était bien là. De toute manière, Helena risquait de s’en rendre vite compte, cela faisait des années qu’elle avait volé mon cœur et que je l’admirais, pour tout ce qu’elle était et les combats qu’elle menait de front, sans les avouer, sans les afficher. « Et pourquoi cette passion pour l’art, si ce n’est pas indiscret ? »

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Jeu 17 Jan - 23:25
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Le sujet entamé par son ancien patron n’était pas vraiment celui qu’Helena aurait choisi pour une conversation des plus neutres et joyeuses... Mais il avait au moins fait l’effort d’essayer. Il lui avait tendu un fil de distraction loin de ses noirs inquiétudes et Hel lui en était reconnaissante. A cet instant, tout valait certainement le fait de ressasser encore et encore la discussion survenue un peu plus tôt. Revoir le visage agressif de Calixte derrière lequel elle devinait de la douleur et ses mots tranchants masquant la peine.

« Oh, oui, bien sûr, désolé. C’est vrai que… j’ai vu passer un article dans le journal, et c’est le directeur artistique qui a pris le dessus, pas l’humain… »

D’un geste de la main, Hel signifia que ça n’avait pas d’importance, que ce n’était pas grave. Ajouta même un petit sourire pour tenter de le rassurer.
La belle blonde n’avait pas envie de blesser une personne de plus aujourd’hui. Elle n’avait pas envie d’être la cause de la tristesse ou de la vexation d’une âme supplémentaire. C’était déjà trop pour elle comme ça.

Helena se perdait de nouveau dans sa boisson, tentant un instant de laisser son esprit divaguer calmement dans le néant, dans un instant de répit, quand Nikola la plongea de façon totalement inattendue dans ses pensées envers le fils Seymour. La jeune femme aurait pu lui en vouloir, elle lui avait pourtant précisé qu’elle ne voulait plus aborder ce sujet et elle était, un instant plus tôt, presque en passe d’y arriver. Mais les mots du beau blonds semblaient tellement sincères, semblaient ne pas pouvoir être contenus plus longtemps. Comme si Nikola avaient vraiment eu besoin de les exprimer et de la rassurer. Et elle l’était, un peu, rassurée par de simples paroles d’un homme quelle connaissait à peine. Pas parce qu’elle y croyait vraiment : Hel connaissait le caractère de Calixte et savait que la réconciliation ne serait pas des plus faciles. Mais la fille du Duc de Northumberland croyait à l’importance des mots, de leur impact, et la seule impression que Nikola souhaitait la voir rassurée lui donnait envie de l’être.

Et puis un nouveau revirement, qui se fit assez naturel, assez agréable pour qu’Helena ne se sente pas chavirer dans tous ses changements soudains, malgré sa fatigue entêtante. Son ancien supérieur lui proposait de recommencer à zéro, de se présenter comme si c’était la première fois qu’ils se rencontraient vraiment. La belle blonde accepta, parce qu’elle avait envie de connaître cet homme la. Celui qui était stable, et doux, celui qui lui donnait envie de se remettre aux dessins de portraits plus que de paysages.

« Le mouvement, je crois. Les émotions, les sentiments… on pourrait croire que photographier quelque chose, c’est le figer, l’inscrire sur un bout de papier et le rendre aussi raide et rigide qu’une nature morte, mais… j’aime essayer de capturer des instants de vie et leur permettre de continuer à vivre après ça… comme dans Harry Potter, tu vois ? Les photos qui bougent, sauf que bien évidemment, je ne fais pas de magie.»

La jeune femme buvait ses paroles, jamais lassée par un sujet qui la passionnait, plus encore quand elle même se retrouvait face à un passionné.
Puis l’homme sorti son portable pour le lui tendre et au moment de s’en saisir, Helena ne chercha même pas à éviter le contact charnel. Il aurait été mentir de dire qu’elle n’avait rien ressenti, tout comme il l’aurait été de dire qu’elle n’avait pas fait exprès. Juste pour voir, pour vérifier que cette tension qu’elle avait remarqué dès leur première entrevue était toujours là. C’était le cas.

« Tiens, tu peux regarder si tu veux, ce sont les dernières que j’ai prises, j’ai… ça me détend pas mal, en fait, généralement, je sature mes cartes mémoire le week-end. »

Et Helena oublia de nouveau tout ça pour ne se concentrer plus que sur les photos qu’elle faisait défiler entre ses mains. Beaucoup de visage, de silhouettes en mouvement qui, comme il l’avait dit, semblaient malgré tout ne pas avoir réussit à être arrêtées par l’objectif et qu’on s’attendait voir reprendre leur mouvement à tout instant.

‹‹ Elles sont magnifiques. Tu as beaucoup de talent. ››

La jeune femme murmura presque, peu désireuse de se réveiller de son moment de contemplation. Jusqu’à ce que Nikola change le sujet de lui même et qu’Hel se décide enfin à lui rendre son portable.

« Et du coup, les courses en pleine nature ? Tu vas courir régulièrement ? Tu as bien du courage, lorsque le temps est glacial ou pluvieux, il doit falloir une forte volonté pour sortir de chez soi ! »

La belle blonde sourit doucement, poliment. Elle n’était pas forcément très loquace sur sa propre vie, mais c’était donnant donnant.

‹‹ C’est une question de motivation. ››

C’était ça ou la drogue. C’était ça ou l’alcool. Et dire que c’était elle qui lui avait parlé de franchise... Quel bel exemple elle faisait ! Mais Helena se voyait mal lui raconter son enfance et son adolescence. Pas comme ça, pas déjà. Il aurait sûrement une autre vision d’elle. Et de toute manière, comme dit, sa petite personne n’était vraiment pas son sujet de prédilection. La fille du Duc n’avait aucune envie d’attirer pitié ou compassion. Pas plus qu’elle n’en avait déjà reçu en tout cas.

« Et pourquoi cette passion pour l’art, si ce n’est pas indiscret ? »

Sa mère. Bien sûr que ça venait de sa mère. Et bien sûr que cela représentait un des pire sujets sensibles qu’on pouvait aborder avec Helena ! Décidément... Mais elle ne voulait pas le montrer, ça non plus, elle ne voulait pas instaurer une atmosphère de gène, une fois encore. Alors elle rendit sa réponse plus évasive, mine de rien.

‹‹ Je pense que c’est de famille. Et toi ? ››

Lui et les sujets sans impact sur elle. Voilà de quoi Helena avait envie de parler. Voilà sur quoi elle tenta d’orienter le sujet, la conversation, le moment. Et le moment s’étira, agréablement. Laissant même à Hel le temps de commander une deuxième boisson. Et éventuellement une troisième dans un temps qu’elle ne vit pas glisser. Agréable, enfin. Un bout de ciel bleu dans sa journée de pluie.
Et au fur et à mesure la discussion se fit plus détendue, plus naturelle. Ils abordaient des sujets légers, avaient évidemment approfondi le sujet de l'art, de la photographie, du dessin... La belle blonde avait d'ailleurs insisté pour voir d'autres photos, pour qu'il lui parle un peu de ses voyages. Quand elle avait fini par relevé la tête et l'esprit de sa discussion avec Nikola, le ciel se tirait dans les ombres.
A contre cœur, la jeune femme se redressa soudain, avant de descendre de sa chaise pour initier son départ.

‹‹ Il va falloir que j'y ailles, il se fait tard.››

Elle était allée vite, pour ne pas changer d'avis, pour ne pas être tentée de rester encore un moment. Car il était vrai qu'il allait se faire tard et pour les journées de travail à venir, Hel allait avoir besoin de beaucoup d'heures de sommeil pour savoir se concentrer totalement.

‹‹ C'était un très agréablement moment, merci Nikola.››

Dans un sourire.

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Sam 26 Jan - 18:53
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Nikola
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Lui tendre la main. N’était-ce pas là la meilleure décision parmi toutes celles que j’avais pu prendre depuis bien des mois ? Lui tendre la main, me présenter et ne pas chercher à être quelqu’un d’autre que Nikola, n’était-ce pas là ce qu’il y avait de mieux à faire ? Je m’en rendis compte en l’entendant me répondre, en l’entendant saisir cette main tendue, m’offrir la chance de me rattraper, avec douceur et bienveillance. Recommencer au début, comme au premier jour, j’aurais pu tout donner pour l’oublier, pour nous offrir des chances égales, ou juste lui redonner la mémoire, effacer ce que j’avais pu briser des années plus tôt. Mais les regrets ne servaient à rien, avancer en revanche… lui tendre la main, et la voir la saisir. Mon sourire fut sincère, mes épaules se détendirent, comme mes mots, comme mon regard. Libres, ou presque, de mes doutes. Libres de parler, de répondre, de la laisser connaître cette partie de moi qu’elle avait aimée. Le café – désormais froid – me laissa quelques secondes de répit, le silence se froissa, je choisis de ne plus réfléchir et de juste être honnête. Simple. Moi-même. Douce expérience que j’expérimentai là. Qu’aimais-je photographier ? En dehors d’elle, de ses sourires, du bonheur qu’elle ressentait et qu’elle me donnait ? La vie, c’était précisément ce que je cherchais à capturer. Le mouvement capturé, un instant de vie immortalisé, comme pouvaient les sorciers dans la littérature jeunesse par la magie, comme je parvenais, parfois, à le faire dans une respiration prise, un ensemble de flou et de netteté au sein d’un même éclat. Le regard d’Helena posé sur moi, plus qu’attentif, me fit pousser des ailes, j’allai jusqu’à sortir mon téléphone pour lui faire partager ce que je tentais de lui expliquer, dans une proximité à laquelle je ne réfléchis pas, par laquelle je refusai de me laisser troubler.

Je lui tendis mon portable, occupai mes doigts laissés vides en les faisant pianoter sur le bord de la tasse. Résistant à l’envie de jeter un coup d’œil sur les photos sur lesquelles elle s’attardait, ou celles qu’elle faisait défiler sans s’arrêter. Je saisis cet instant pour l’observer, bien au contraire. L’admirer. Graver ses traits dans ma mémoire, m’émouvoir de cette fossette, de ces ridules que le temps avait commencé à creuser, avec délicatesse, que je redécouvrai, à la voir ainsi concentrée sur… ‹‹ Elles sont magnifiques. Tu as beaucoup de talent. ›› Je détournai aussitôt le regard, un sourire flatté et heureux aux lèvres, et du rouge aux joues. « Merci… » Un petit rire voulut rompre tout cela, revenir sur le compliment. « Comme tu t’en doutes, je supprime tous les échecs pour ne conserver que les photos qui me semblent correctes » Qu’elle n’aille pas se faire d’illusions : pour une photo réussie, une demi-douzaine d’autres polluaient ma carte mémoire. Elle devait s’en douter, mais… je n’aimais pas parler de moi, et…

J’orientai sans plus tarder la discussion dans sa direction. Après tout, je ne l’avais pas connue réellement sportive, juste en rémission des dégâts infligés à son organisme pendant des années. Je récupérai mon portable, la complimentant en retour, dans une admiration non feinte – elle ne l’était jamais lorsqu’elle avait pour cible Helena, je ne me sentais capable d’aucune partialité la concernant. ‹‹ C’est une question de motivation. ›› Je levai les yeux au ciel, complétant tout de même : « Et de volonté, je sais que tu en as en réserve. » Il en fallait pour être une Percy, tracer son propre chemin, tracer sa propre voie et sa route, se relever, encore et encore. Une volonté qu’elle avait en elle, comme un brasier ardent, une volonté qui me faisait cruellement défaut : elle ne voulait pas s’appesantir sur le sujet, je ne sus résister à cette volonté, rebondis sur un tout autre sujet. Parle moi de toi, Helena, laisse-moi réapprendre à te connaître.

Laisse-moi le droit de réapprendre ce que je sais déjà, comme les raisons de ton attirance pour l’art, le beau, le vrai. ‹‹ Je pense que c’est de famille. Et toi ? ›› Un soupir, un petit rire – je n’étais pas dupe de ses manœuvres pour ne pas s’attarder encore plus sur elle et je répondis. Commençais à expliquer. A me faire loquace, à devenir loquace, juste pour elle, juste pour reconstruire ce que j’avais détruit, quelque chose de nouveau. Lui expliquait ce qu’elle avait su, mais compléter avec ce qu’elle n’avait jamais su. Pourquoi l’art, par fascination, par affection, par impulsion. Et pourquoi si, et pourquoi ça… au fil des sujets, que j’évitais trop directement ciblé sur elle, avec un tact et une délicatesse que je ne me connaissais plus depuis mes études, nous vîmes le soleil infléchir sa route, dessiner les ombres d’abord au crayon, puis au fusain, marqué les reflets et les effacer, assombrir les rues, les éclairer de lumières artificielles.

Au café succéda un deuxième café, quelques petites bêtises à grignoter, juste pour occuper les mains, les doigts, les lèvres et calmer les estomacs agacés. Au deuxième café en succéda un troisième. Peut-être même un quatrième, le compte ne se fit pas dans mon esprit, perdu au milieu du temps lui aussi oublié. Le monde ne reprit son cours que lorsqu’après un coup d’œil en direction de sa montre, Helena se redressa soudain. ‹‹ Il va falloir que j'y ailles, il se fait tard.›› , et me prit au dépourvu. « Oh ? Oh, diable, oui, c’est vrai… » Le temps avait filé entre leurs doigts. Pour me laisser plus apaisé que jamais. ‹‹ C'était un très agréablement moment, merci Nikola.›› Et heureux aussi. Elle sourit, je me levai en même temps qu’elle. « Le plaisir est réciproque, tout comme les remerciements… » commençai-je, me retenant, à grand-peine, de tout ruiner en cédant à l’envie de la prendre dans mes bras, de l’embrasser, de la retrouver totalement. Je me mordis les lèvres.

Tout s’envola. Tout l’apaisement s’envola. Tout le bonheur s’envola. Noyant mes pupilles de larmes retenues. Je me sentais à deux doigts de la retrouver et jamais, jamais elle ne m’avait paru aussi loin qu’à cet instant. Décalage entre nous deux. Je forçai un sourire à mes lèvres. « Rentre bien. C’est… c’est à refaire à l’avenir, non ? » Comme une supplique. Suivie de près par une profonde inspiration : il fallait que je me reprenne. Reprendre au début, oui, mais... allez plus loin, ne pas répéter les mêmes erreurs. Je jetai un regard à l'extérieur. « Il est tard... Je peux te raccompagner si tu veux, avec tout ce qu'il se passe, et le couvre-feu... ce sera peut-être plus prudent. »

Il était temps d'arrêter d'avoir peur.

by marelle

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Sam 2 Fév - 17:06
Helena M. Percy
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Peut-être Helena aurait elle du refuser la proposition de repartir à zéro. Peut-être aurait elle du se tenir éloignée de cet homme trop changeant. Une prudence dont elle avait souvent ressenti l'intuition, mais qu'elle avait choisit d'ignorer, encore une fois. Poussée par une envie qu'elle ne cherchait plus à s'expliquer. Une curiosité qu'elle entretenait envers cet homme troublant. Parce que définitivement, quelque chose en Nikola troublait la jeune Percy. Sa présence lui était agréable, leur conversation aussi, à présent qu'elle se retrouvait plus tranquille, plus débridée. Hel avait l'impression de parler à une vieille connaissance tout en profitant des plaisirs de la nouveauté. Laissant à la jeune femme le délice de découvrir leur passion commune au travers des photos qu'il avait prises et qu'elle faisait défiler sous ses yeux. Les captures étaient superbes et la jeune femme ne tarda pas à le faire remarquer à son compagnon.

« Merci… »

Il avait presque l'air mal à l'aise, mais Hel le sentit touché et le trouva vraiment charmant.

« Comme tu t’en doutes, je supprime tous les échecs pour ne conserver que les photos qui me semblent correctes »

La belle blonde hocha la tête. Evidemment elle n'avait pas imaginé qu'il ne s'agissait que de clichés uniques et magnifiques. Ils faisaient assurément partie d'une tonnes d'autres prises floues, mal cadrées, ou jugées pas assez satisfaisantes. Le résultat d'heures passées dans la nature et de plus d'heures encore passées à supprimer, sélectionner, retravailler...

‹‹ J'imagine que ça doit facilement correspondre à la quantité de dessins que j'ai déjà jeté.››

Facilement. Parce qu'Helena était exigeante avec elle. Très exigeante. Pas assez à son avis, évidemment. Et ses mains bien qu'expertes sur le papier ne la satisfaisaient pas souvent du premier coup. Elle devait s'y reprendre à plusieurs fois. Retracer. Effacer. Corriger.
Et puis la direction reparti sur la course, sur Helena. C'était quelque chose qu'elle aimait, courir, quelque chose dont elle avait besoin. Mais parler d'elle... Pas pour le moment. La belle blonde éluda la question.

« Et de volonté, je sais que tu en as en réserve. »

Les yeux de la jeune femme quittèrent Nikola pour se plonger dans la contemplation des passants dans la rue. Elle ne prit pas le compliment. Elle laissa glisser sur sa peau. Hel ne prenait pas ce à quoi elle ne voulait pas croire.
La deuxième manœuvre pour parler d'elle ne fut pas moins vite évincée.
Mais cette fois-ci ce fut la dernière. Et la conversation continua à se débrider, toujours plus plaisante, toujours plus légère bien qu'un peu superficielle du côté de la jeune femme. Mais elle apprenait avec plaisir à connaître son ancien patron. Il la faisait sourire, il enlevait de ses épaules un poids qu'elle remarquait, maintenant que pendant un moment, elle ne le portait plus.

Mais le temps filait, l'obscurité s'étirait a l'extérieur, tira bientôt son ombre sur toute la vitre et quand elle décida de s'en aller, Hel du se lever rapidement pour ne pas risquer de vouloir retarder ce moment. Il était déjà tard.

« Oh ? Oh, diable, oui, c’est vrai… »

Lui non plus ne semblait pas avoir vu le temps passer. Cela fit chaud au cœur de la fille Percy qui se permit de le remercier pour cet instant hors du temps.

« Le plaisir est réciproque, tout comme les remerciements… »

La fille du Duc acquiesça dans un sourire, puis s'assura d'avoir bien toutes ses affaires dans son sac à main après avoir passé sa veste sur ses épaules.

« Rentre bien. C’est… c’est à refaire à l’avenir, non ? »

La belle blonde leva le regard pour accrocher ses yeux. Un moment, s'y perdre. Elle se surprit à être bien, perdue comme ça.
Et au bout d'un moment.

‹‹ Oui, avec joie. ››

Décidé.
En réalité, elle avait une soudaine envie de rester avec lui. Continuer la soirée. Aller manger ensemble, et...

« Il est tard... Je peux te raccompagner si tu veux, avec tout ce qu'il se passe, et le couvre-feu... ce sera peut-être plus prudent. »

Lui non plus ne voulait pas la laisser. Helena était sûrement tombée sur un fou. Elle était sûrement entrain de s'attacher à un pervers narcissique ou à un harceleur... Mais... Cet homme lui plaisait. Il lui avait plu à la seconde où elle l'avait vu dans les locaux de son travail. Malgré tout ce qu'il avait fait, malgré l'impression qu'il représentait une menace... Elle n'avait pas envie de se tenir à distance. Elle n'en avait plus envie. Ce moment avait été trop doux.

‹‹ Oui. Ce sera plus prudent... ››

Elle sourit en reprenaient le même argumentaire.

Cote à cote ils sortirent du café.
La dernière fois qu'ils étaient sortis ensemble d'un établissement comme ça, Helena avait fuit, marché très vite pour rompre le contact aussi rapidement que possible... Cette fois-ci elle prenait son temps.
Profitant de l'air frais, de l'impression d'aller bien pour un mouvement, seulement concentrée sur cette douce envie de glisser sa main dans la sienne. Mais elle se contenta de marcher tout près de lui, sans que la conversation ne soit nécessaire non plus, alors qu'Hel avait l'impression d'entendre battre son coeur.


Bientôt, trop rapidement, ils atteignirent l'entrée de son appartement.

‹‹ C'est ici... ››

Elle indiqua en désignant la porte close, juste avant de se retourner vers Nikola.

‹‹ Merci de m'avoir raccompagné. ››

Et elle tendit la main vers lui, les yeux peut-être un peu trop brillants. Pas pour instaurer ce salut là, ni pour garder leur distance. Juste pour s'assurer d'avoir encore une fois le contact de ses doigts contre les seins avant qu'il ne s'éloigne.

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Sam 2 Fév - 18:13
Nikola D. Stepanovic
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Helena
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Je bégayai assez lamentablement. Triste à l’idée de voir cette discussion, ces retrouvailles prendre fin si tôt, triste à l’idée de me dire qu’il y avait de forts risques pour qu’il n’y ait rien après cela, que ça ne soit qu’un coup dans l’eau, qu’un essai, sans suite. Je bégayai assez lamentablement lorsqu’Helena avisa l’heure, se leva précipitamment, me prenant au dépourvu et me laissant aussi apaisé que triste. Elle s’assura d’avoir pris toutes ses affaires, je la suivis du regard, l’observai avec bonheur et angoisse, dans ce mélange d’émotions contraires qui me poursuivait, encore et encore, qui me nouait le cœur et torturait l’âme. J’avais envie de la retenir, bien sûr. De créer quelques heures de plus, pour que la nuit ne tombe jamais, qu’elle ne fige au crépuscule, qu’elle m’offre davantage de temps hors du monde, hors de tout. Je me levai, naturellement, je bégayai. Vraiment. A deux fois de l’embrasser, à deux doigts de la prendre dans mes bras. A deux doigts de la retenir, verbalement, physiquement, d’une main saisissant son bras, d’une supplique au bord des lèvres…

Je secouai la tête, dans un sourire forcé, crispé. Alors que mon regard se perdit dans le sien, et le sien dans le mien. ‹‹ Oui, avec joie. ›› Ma poitrine se gonfla de joie, prise au dépourvue – encore une fois – décontenancée par cette tournure que prenait les choses et… A l’avenir, pourquoi repousser, encore ? Pourquoi… pourquoi me perdre dans mes défauts, savoir ce qui me bloquait et me laisser bloquer malgré tout ? Je me mordis la lèvre, inspirai, jetai un coup d’œil à l’extérieur. Arrêter de me tare, arrêter d’être passif. J’ignorai complètement ce que je voulais, mais quelque part, je savais – très égoïstement – ce dont j’avais besoin.

D’elle. Je ne voulais pas la laisser, pas maintenant. Je ne voulais pas libérer, lâcher, laisser s’en aller cette complicité timide qu’on pouvait avoir, immatérielle, presque spectrale et intangible. J’avais besoin d’elle. Pour être heureux. Et… la raccompagner. J’étais terrifié à l’idée qu’elle refuse, qu’elle le prenne mal, qu’elle angoisse, j’étais terrifié à l’idée de tout ruiner par cette phrase, mais j’étais encore plus effrayé à l’idée que mon immobilité ne me la fasse perdre définitivement. Je la regardai, anxieux d’entendre sa réponse. ‹‹ Oui. Ce sera plus prudent... ›› Et encore une fois, mes épaules se détendirent, j’attrapai ma veste avec l’enthousiasme d’un jeune amoureux, fou amoureux, libre de suivre son crush, de la raccompagnai.

Je lui ouvris la porte, la lui tins alors qu’elle sortait, sortis à mon tour dans la nuit tombante, la main orpheline de la sienne se serrant dans le vide, se perdant dans la poche de mon manteau alors que j’enroulai autour de ma nuque mon écharpe pour mieux m’y cacher, cacher une partie de mon visage, de mon sourire. La dernière fois que nous nous étions trouvés dans une telle situation, Helena m’avait fui. Avec raison, peut-être, mais commençant à me faire comprendre que je ne pouvais pas jouer avec elle et sa confiance en elle en toute liberté, sans m’inquiéter des conséquences. Des pas lents, un certain silence, je la regardai à la dérobade, la contemplai à la dérobade, comme un voleur, comme un coupable, à rougir à la seule pensée de mon regard croisant le sien. Un vrai adolescent.

Et trop vite, malgré le temps pris, le pas lent, le silence, on me prouva que toutes les bonnes choses avaient une fin. ‹‹ C'est ici... ›› Je levai la tête, regardai l’immeuble, le bâtiment, les fenêtres, les balcons, cherchant presque à deviner la localisation de son appartement : elle avait déménagé depuis huit ans ou il y avait eu suffisamment de changements pour que je ne reconnaisse pas les lieux. J’avais le regard encore perdu dans les airs lorsqu’elle reprit, se tournant vers moi, me poussant à baisser les yeux dans sa direction. ‹‹ Merci de m'avoir raccompagné. ››

Je tressaillis. « De rien, c’était un plaisir » mes lèvres murmurèrent avec automatisme, sans que je ne réfléchisse à mes mots. Mes prunelles étaient perdues dans les siennes, dérivant sur son visage, se perdant sur ses lèvres. Je déglutis, desserrai mon écharpe, la rabattant un peu. Incapable de bouger. Incapable de trouver les mots, ou même juste… les bons gestes. Incapable de réfléchir. La situation n’était pas… était trop… « J’espère que ça ira, avec ton ami, qu’il arrivera à se rendre compte que… » Non, ça n’avait rien à faire là. Il n’avait rien à faire là, son ami. Il n’avait pas à s’intercaler, je n’avais pas à l’intercaler entre elle et moi. Mon cœur s’emballa, ma gorge s’assécha. Dégage, ça devient étrange. Il y avait ce que la logique me hurlait de faire, et… tout le reste.

Tout le reste.
J’inspirai.
L’embrassai.
Mes mains encadrant son visage, tombant sur ses épaules, légères, timides, hésitantes.
Oubliant toute prudence, toute prudence effacée, supprimée, toute retenue, toute hésitation arrachée de mon esprit. Il était temps d’arrêter d’avoir peur : sur le dos de mes mains, des oiseaux noirs apparurent, dans une volée de feuilles, comme une envolée effrayée, des formes indistinctes mais reconnaissables. Il était temps d’arrêter d’avoir peur et d’avancer.

Je reculai précipitamment, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine, les tâches s’éclaircirent aussitôt, sans disparaître totalement. « Je suis désolé, je ne sais pas ce qu’il m’a pris, je… »

by marelle

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Dim 3 Fév - 23:05
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Trop heureuse qu'il lui ait encore offert un moment. Trop heureuse de ressentir cette émotion qui la transportait. Effrayée aussi. Mais ce n'était pas grave, pas encore. Helena s'offrait une parenthèse sans peur. Juste un moment sans souffrances. Sans trop de souffrances.
Jusqu'à ce qu'ils arrivent chez elle. Trop vite.
Hel aurait voulu étirer ce moment. Elle aurait voulu faire le tour de la ville avec lui pour éviter d'en être déjà là. Parce qu'il avait sur elle un tel pouvoir d'apaisement. Une capacité à la transporter à mille lieux de ses problèmes, de ses troubles, pour lui en créer d'autres, tellement plus agréables... Réchauffant son cœur, animant son âme.
Et elle aurait voulu plus encore. Plus de proximité avec ce Nikola là souvent entrevu mais jamais aussi bien découvert que ce soir là. Elle voulait un contact physique, touché sa main encore une fois, juste après l'avoir remercié. Juste ça, en bonne anglaise qu'elle était.

« De rien, c’était un plaisir »

Son regard clair, il était encore accroché au sien. Helena se sentit tressaillir.

« J’espère que ça ira, avec ton ami, qu’il arrivera à se rendre compte que… »

Un déception troubla la jeune femme. Passa dans son regard. Il allait partir à présent. Leur doux moment était terminé et Helena le regrettait déjà douloureusement. Elle baissa les yeux un moment sous le coup de la peine que cela lui infligeait.

Et puis Nikola avança.
Le temps qu'Hel relève les yeux il était face à elle. Très près. Trop près. Et pas assez en même temps. Ensuite ses mains encadrèrent le visage de la femme dans une caresse si douce qu'elle lui aurait fait fermer les yeux si elle n'avait pas été, encore une fois, emprisonnée par ses iris si bleus et dans lequel se reflétait une flamme dont la délicieuse lumière éloignait les ombres.
Et enfin, les lèvres du beau blond se posèrent tout contre les siennes. Rien qu'un souffle, rien qu'un frôlement auquel Helena s'accrocha comme si sa vie en dépendait, laissant automatiquement ses mains accrocher ses bras. Mais pas assez vivement sûrement, car un instant plus tard, il s'était reculé. Vivement, trop vivement. Et trop loin. Laissant la belle blonde à bout de souffle, sans oxygène. Il venait de reprendre l'air qu'il lui avait insufflé.

« Je suis désolé, je ne sais pas ce qu’il m’a pris, je… »

Cette douleur dans sa poitrine. Cette lourdeur. Elle était revenue si rapidement à sa place. Comme une écharde douloureusement enfoncée qu'elle n'arrivait pas à arracher...
Ca ne pouvait pas être déjà fini. Ca ne devait pas.
Peut-être que ce fut la nuit qui fini par la convaincre. Il semblait que les personnes étaient plus faibles à mesure que l'obscurité se faisait sur leur conscience.

Alors Helena avança à son tour, saisit à nouveau ses bras qui venaient de la quitter. Et lui rendit son baiser. Doucement, tendrement. Sentant immédiatement à nouveau les nuages s'en aller. Protégée par ses bras, protégée par le sentiment qu'il lui procurait, même si elle ne comprenait pas. Même si elle ne savait pas encore pourquoi lui, pourquoi lui particulièrement la faisait se sentir aussi bien... Mais c'était lui, maintenant et personne d'autre.
Après une éternité, après trop peu de temps, la tête dans les nuages, la belle blonde se recula.

‹‹ Moi non plus je ne sais pas ce qu'il m'a pris... ››

Elle dit dans un sourire, les joues rosies par l'émotion. Bien sûr qu'elle savait. Elle en avait eu envie, tellement envie...

‹‹ A très bientôt, Nikola. ››

Hel brisa définitivement tout contact, sauf ses yeux, qu'elle tint à vue un moment encore, avant de tourner les talons. A regret, mais légère. Heureuse.
Au moment de franchir la porte, elle se retourna, lui lança un sourire. Franc. Sincère. Troublé en même temps. Depuis combien d'années n'avait-elle pas sourit comme ça ?
Et puis elle disparu à l'intérieur du bâtiment, portée plus que par son cœur qui battait de nouveau.

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