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Edward Thomas Seymour | Fear is a choice you embrace Empty Edward Thomas Seymour | Fear is a choice you embrace

Dim 7 Jan - 15:14
Edward T. Seymour
humain*
Edward T. Seymour
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Age : 31
Messages : 1062
Date d'inscription : 11/11/2017
Crédits : Summers
Métier : Avocat
Edward Thomas Seymour
Tom Hiddleston
Skweecky

état civil

Nom : Seymour
Prénoms : Edward Thomas
Âge : 32 ans (né le 25 août 1985 à Bristol)
Classe sociale : Aristocrate aisé
Origines : Anglaises
Emploi : Avocat
Situation amoureuse : Fiancé à Diana Howard sans qu'on ne leur ait demandé leur avis
Groupe : Veilleur, par le sang et l'honneur (Mutant endormi)
Mutation : Nécrose cellulaire (gène dormant)
Tatouage : Officiellement dépisté et négatif, bien que le test ait été trafiqué. Il est tatoué d'un symbole lambda sur le poignet gauche.
Érudit Ξ Arrogant Ξ Polyglotte Ξ Méprisant Ξ Courageux Ξ Asocial Ξ Loyal Ξ Introverti Ξ Calme Ξ Personnalité étouffée par le devoir Ξ Dissimule ce qu'il y a de bon en lui par le mépris Ξ Cupide Ξ Gros fumeur Ξ Aquaphobe Ξ

Votre personnage en détails


Edward a grandi dans le luxe et ne conçoit pas sa vie dans la modestie ou la privation. Ξ Gros fumeur depuis le début de ses études, Edward n'a rien trouvé de mieux pour soigner son stress ou ses colères. Ξ Sous ses grands airs arrogants et ténébreux, Edward est mal dans sa peau et incapable d'être lui-même sans avoir l'impression de trahir son nom. Ξ Comme la plupart des jeunes de bonne famille, Edward a appris la musique. Le solfège, le contrepoint, l'écriture et la pratique, tout y est passé. S'il est capable d'écriture une fugue sans la moindre erreur, son jeu mécanique et dépourvu d'âme fait de lui un bien piètre pianiste et musicien. Ξ Edward garde un très mauvais souvenir d'une grosse pneumonie qu'il a contracté étant enfant. Il en a gardé une peur panique de la noyade et, par extension, de l'eau. Ξ Edward a deux chats : Artésius, un magnifique angora turc aussi méprisant que son maître, et Arsène, un vieux chat de gouttière qu'ils avaient adopté avec son frère alors qu'il n'était encore qu'un chaton. Ξ Edward a pris le parti très discutable de ne défendre que ceux qui peuvent s'offrir ses services. Très convaincant et bon avocat, il part du principe que ce ne sont pas les innocents ni la vérité qui lui permettent d'avoir le train de vie qu'il mène et n'hésite pas à défendre les pires ordures qui soit. Ξ S'il a l'air d'un odieux salopard, Edward cache pourtant ses faiblesses et sa timidité sous un monceau de mépris et d'insultes. Ξ Il lui arrive régulièrement de souhaiter être né en deuxième ou dans une famille moins stricte sur l'étiquette : Edward ne supporte plus le moule dans lequel son père l'a contraint à entrer .Ξ Il ne méprise personne plus que son propre frère et Rosamund Fraser : s'il s'emploie tant à les rabaisser, ce n'est pour pas montrer à quel point il tient à eux. Il n'a rien trouvé de mieux que de mettre la distance d'un gouffre entre eux pour pallier à cela. Ξ

Allégeance de votre personnage

Engagé
Depuis sa plus tendre enfance, Edward est élevé non seulement pour reprendre le titre et le domaine de sa famille, mais aussi et surtout pour perpétuer les traditions des Veilleurs. L'une des premières qu'on lui a appris : savoir reconnaître un mutant quand il en croise un, veiller à ce qu'il ne soit pas dangereux et le répertorier. Véritable rat de bibliothèque, Edward s'est intéressé à tous les écrits possibles et imaginables traitant du phénomène mutant en Angleterre, tant et si bien qu'il connaît sur le bout des doigts les grandes familles mutantes de son pays. En revanche, s'il est très à cheval sur la surveillance des mutants, tuer les plus dangereux le laisse réticent. Sous ses airs de salaud imbu de sa personne, Edward considère la vie humaine comme étant bien trop importante pour être sacrifiée au nom d'une peur infondée. S'il vient un jour à tuer un mutant, ce sera par sens du devoir et non conviction.

Description de la mutation

Nécrose cellulaire
Edward s'est toujours cru humain, pur, dénué de mutation. D'ailleurs, il est toujours persuadé de l'être, portant fièrement ce lambda tatoué sur son poignet gauche. Pourtant, la réalité pourrait venir entacher ses chances de succéder un jour à son père : les résultats de son dépistage ont été falsifiés, faisant de lui un humain ordinaire alors qu'il porte dans son génome la marque d'une mutation qui, si elle se réveille et n'est pas maîtriser, pourrait provoquer de sacrés dégâts. La nécrose cellulaire, voilà ce dont Edward est capable. D'un contact physique, il peut faire pourrir les chairs de tout être vivant (plantes, humains, animaux...). Il n'y a bien que les objets qui sont immunisés. Sans contrôle, Edward ne pourra plus toucher personne sous peine de voir sa mutation se déclencher malgré lui. Pire... et si cette mutation allait au-delà du simple toucher ?

Implication chez les veilleurs

Représentant de la famille Seymour
Dès le début de son adolescence, Edward a été formé pour devenir un Veilleur digne de la famille Seymour. Histoire, génétique, étude des mutants, entraînement sportif et arts martiaux... il a reçu une formation dense, identique à celle de son frère, Calixte. Edward n'a jamais remis en question son avis sur les mutants, qu'il calque en tout point sur celui dicté par les Veilleurs et son père. Quelque part, Edward ne s'est jamais fait sa propre opinion des mutants. Depuis que son père est malade, il a pris son relai et est désormais le principal référent des Seymour en matière de veille. Il a une voix au CA des laboratoires Asclepios, siège aux réunions des Veilleurs et prend son rôle très au sérieux. En revanche, Edward est farouchement opposé au meurtre et au massacre des mutants.


Dernière édition par Edward T. Seymour le Dim 14 Jan - 17:08, édité 3 fois

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Dim 7 Jan - 15:37
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From A Dusty Bookshelf
(25 août 1985, Bristol, Comté de Somerset)


Lorsqu'on lui tendit son premier né, Elizabeth Seymour, Duchesse de Somerset, ne put retenir un sanglot de soulagement. Le travail avait été long et elle se sentait douloureuse à la moindre respiration mais cette fois était la bonne. À quarante-deux ans passés, elle était mère d'un petit garçon qu'elle chérissait déjà plus que tout au monde. Penché à ses côtés, son époux regardait le bambin endormit avec la même fierté, le même soulagement. Vingt années qu'ils partageaient le même lit, vivaient sous le même toit et portaient le même nom. À mesure que les années s'étaient écoulées, lourdes de sens et marquant peu à peu leurs traits, ils avaient perdu l'espoir de voir un jour grandir des enfants dans l'immense demeure de Seymour. Monsieur le Duc avait commencé à craindre que son titre ne soit remis à la couronne à sa mort ou pire ! Qu'il soit octroyé à des arrivistes, des gens dont la noblesse aurait été offerte contre quelques poignées de billets. Des gens qu'ils ne souhaitaient pas voir mettre le nez dans les affaires de sa famille. Très à cheval sur les traditions, George Seymour considérait la noblesse comme un art de vivre et une ligne de conduite quotidienne. Il avait sacrifié ses rêves d'enfant et mis de côté ses amourettes de jeunesse lorsqu'il avait été l'heure pour lui d'embrasser sa destinée : le brillant pilote de l'armée qu'il était s'était rangé dans la recherche pharmaceutique, tandis qu'il avait épousé la fille d'un riche marquis sans l'avoir vue plus d'une ou deux fois auparavant. À présent, il voyait son existence sublimée par l'arrivée d'un héritier mâle, avec lequel il se voyait déjà parcourir l'arbre généalogique familial pour lui conter l'histoire de ses ancêtres, lui apprendre les rudiments de l'aristocratie anglaise, le latin, le français et la politique...

Mais à aucun moment, alors qu'il couvait son fils du regard, il ne s'imagina en train de jouer à cache-cache avec lui dans le manoir familial.

L'enfant fut baptisé Edward en l'honneur de son grand-père et commença dès lors une existence de devoirs, de respect et de responsabilités. Une existence qui finirait tôt ou tard par l'étouffer.


All That Great Heart Lying Still
(14 décembre 1995, Bristol, Comté de Somerset)


"Monsieur le Duc ! Que quelqu'un fasse venir Monsieur le Duc !"

Au domaine de la famille Seymour, les domestiques couraient dans les couloirs, les femmes de chambre s'affairaient et le majordome tentait tant bien que mal de donner des consignes à ses subalternes dépassés. Un mariage ? Un dîner ? Une réception ? Rien de tout cela, malheureusement.
C'était un mois de décembre particulièrement glacial, et le vieux manoir restait difficile à chauffer. Trop polit pour dire qu'il avait froid, déjà trop arrogant pour admettre une faiblesse, le fils aîné du Duc avait vu sa santé décliner en seulement quelques jours. De ce que l'on avait pris pour un début d'angine, il ne restait que des ruines. Alité, le jeune Edward, âgé de seulement dix ans, s'agitait dans des draps trempés, en proie à d'effroyables hallucinations dues à la fièvre. Sa voix était rauque, ses gémissements courts, et tout son corps tremblaient de froid alors qu'il était brûlant. Perdu, le regard embrumé de fatigue, l'enfant aurait souhaité ne plus être capable de ressentir quoi que ce soit. Ne plus subir le martèlement incessant qu'il lui vrillait les tympans, ne plus sentir cette enclume enfoncée dans sa poitrine, chasser le brasier qui lui déchirait les bronches à chaque inspiration... Il avait mal, l'enfant, l'innocent, il avait mal et ne pouvait contenir les larmes de terreur qui coulaient sur ses joues. Tandis que les femmes de chambre se relayaient pour apporter des linges propres, un médecin à la mine grave s'entretenait avec une mère dépassée et terrorisée. Une grippe ? Une pneumonie ? Ou un savant mélange accompagnée de complications diverses et variées ? Malgré tout son savoir, le médecin ignorait quel était le véritable mal qui rongeait son jeune patient.

Soudain, profitant d'un moment d'inattention de sa nourrice, d'un bambin aux cheveux blonds se précipita au chevet d'Edward. Henry... Le petit frère si différent, si joyeux, si enthousiaste, quand son aîné semblait la plupart du temps effacé et en retrait.

"Non... Henry, non... Tu... Vas t'en, je suis... Malade... Tu dois..."

Voyant son jeune fils s'accrocher à son frère, la Duchesse se précipita pour le saisir et l'éloigner du nuage de miasmes et de microbes qui entouraient son aîné. Malgré les protestations du petit la nourrice l'entraîna à l'écart et la Duchesse chassa les domestiques avant de refermer la porte. Lorsqu'il n'y eut plus qu'elle, le médecin et Edward, elle vint s'accroupir à son chevet, l'air soucieux. Toussant et pleurant, Edward sentait l'air lui manquait et ses poumons s'encombrer. Serrant la main que sa mère lui tendait, il tourna vers elle un regard embué.

"Mère... Je vous en prie, aidez-moi... Je me noie, je... Je me..."

Les poumons chargés de mucus du petit ne parvenant plus à stocker l'oxygène, l'enfant semblait se noyer, cherchant tant bien que mal à happer un peu d'air à chaque inspiration. Suppliante, la mère implora le médecin de faire quelque chose. Tandis que celui-ci injectait un puissant anti-douleur dans les veines du petit, celui-ci se sentit sombrer dans un sommeil de plomb, alors même que le père qu'il redoutait de décevoir entrait dans la pièce.


We used to swim the same moonlight waters
(6 août 2005, Killingworth, Comté de Northumberland)


"Driiiiing !"»

6 heures du matin, un réveil résonnait au premier étage d'un bel hôtel particulier niché sur les hauteurs de Killingworth. Petite bourgade tranquille du nord de l'Angleterre on pouvait facilement affirmer qu'il ne s'y passait jamais rien. Quelques scandales, incidents, et rumeurs venaient marbrer une existence sans tâche, mais rien de véritablement remarquable. À peine le réveil avait-il commencé à sonner qu'une main s'écrasa dessus pour le faire taire. C'était pourtant un dimanche ordinaire, l'un de ceux qui rimait avec grasse matinée et journée pyjama, mais Edward Seymour ne faisait pas partie de ces individus frivoles et inconscients qui gâchaient leurs journées en les passant à dormir. Il faisait même plutôt partie de cette catégorie d'individus persuadés que l'avenir appartenait à ceux qui se lèvent tôt. Exécrant les quelques heures de sommeil qu'il était contraint d'octroyer à son organisme pour survivre, le jeune anglais avait développé une sévère tendance à l'insomnie, que les cernes sous ses yeux bleus lui rappelaient constamment.

Aussi, à 6 heures tapantes un dimanche matin, Edward était-il déjà debout, l'air parfaitement réveillé et pas le moins du monde gêné par l'horrible pyjama à motifs écossais qu'il portait et qui lui donnait l'allure d'un vieil aristocrate sur le déclin. Lui, le déclin, il le voyait loin, très loin de lui. À tout juste 20 ans, il était l'espoir d'une famille, le fils aîné d'une noble dynastie qu'il entendait bien honorer jusqu'à la fin de sa vie. Il était né au sein d'une aristocratie rutilante de codes, d'or et d'honneur, avait grandi entouré de précepteurs et de parents qui l'enjoignaient à toujours se tenir droit, fier mais aussi humble pour être digne de son rang. On ne pouvait totalement lui reprocher son attitude car après tout, tout reposait sur ses épaules : à la mort de son père, il deviendrait Duc de Sommerset et aurait le devoir de maintenir sa famille à un rang d'excellence. Il finissait pas en être inconsciemment angoissé et paranoïaque, à force de regarder par-dessus son épaule pour s'assurer qu'on ne surveillait pas tous ses faits et gestes. Edward, c'était le parfait petit aîné de la famille, celui qui s'était gentiment coulé dans le moule qu'on avait façonné pour lui sans même chercher à protester. Celui qui faisait payer avec mépris et aigreur l'absence quasi totale de liberté qu'il avait. Parfois, même souvent, il avait l'impression d'étouffer, de ne pas pouvoir faire entendre sa voix et devoir parler au nom de sa famille toute entière dans une pitoyable démonstration d'impersonnalité, et il ne se passait pas une journée sans qu'il envie son frère cadet, Henry. Lui était libre, indifférent aux conséquences de ses actes pour sa famille car il n'était « que » le frère cadet, « que » la roue de secours, « que » celui qui pouvait profiter des avantages de la vie d'aristocrate sans avoir à souffrir de ses inconvénients. Avec les années, les deux frères s'étaient éloignés jusqu'à ce qu'un fossé les sépare : d'un côté il y avait Edward, le taciturne, le cérébral, celui qui fuyait les mondanités comme la peste et de l'autre, Henry, le sociable, le charmeur, celui qui savait briller sous les feux des projecteurs. Deux tempérament que tout opposait.

Penché au-dessus d'un lavabo rutilent de propreté, Edward se passa de l'eau glacée pour se réveiller et croisa dans le miroir son propre reflet. Il était indéniable que bien des mots pouvaient le qualifier. Il était séduisant, heureux porteurs d'un patrimoine génétique qui faisait de lui un parti pas trop désagréable à regarder, arborait de magnifique yeux bleus... Il connaissait Shakespeare, Purcell et Byron, pratiquait l'escrime et l'équitation et, il fallait bien le reconnaître, excellait sur le plan intellectuel. Tout aurait pu paraître parfait s'il n'avait pas été détestablement orgueilleux, sournois, méprisant, taciturne, vieux jeu au possible et surtout incapable de dire les choses gentiment. Ce qu'il pensait franchissait systématiquement la barrière de ses lèvres avec un mépris écoeurant. Finalement, sur le papier, Edward avait l'air charmant. En réalité, il tenait plus du monstre que du prince.

Depuis son plus jeune âge, Edward avait l'habitude que tout lui soit offert sur un plateau dès qu'il claquait des doigts. Élève brillant, il avait intégré quelques années auparavant la prestigieuse université d'Oxford pour y apprendre le droit et se destinait à un brillant avenir d'avocat. Pourquoi brillant ? Parce qu'il était persuadé d'exceller dans son domaine et que de toute manière, sa naissance et son rang lui octroyaient d'office la réussite. On lui reprochait d'ailleurs souvent d'être un peu trop élitiste, mais il n'arrivait pas à se défaire de l'idée que seule l'éducation et la noblesse auraient dû permettre aux Hommes d'accéder à la réussite et aux professions de haut rang. Inutile de dire qu'il détestait tous ces petits arrivistes endettés ou arrivés là grâce à des bourses « pour les pauvres », comme il aimait le dire. Il n'y avait qu'à voir l'insupportable Rosamund Fraser. Fière de son jeune âge par rapport à ses camarades, indécrottable madame je sais tout qui passait tant de temps le bras en l'air pour se la raconter que parfois, Edward souhaitait qu'elle reste coincée ainsi pour le restant de ses jours, et surtout... surtout... grande défenseure des opprimés et des petites gens. Un petit ange d'altruisme au sourire dégoulinant de guimauve et de sucre. Tout bonnement écoeurant. La seule chose qui rassurait Edward était de se dire qu'une telle gamine pleine d'espoir vains ne parviendrait jamais à survivre à l'univers impitoyable des tribunaux.

6 heures 20. Sa toilette faite, Edward continua son petit rituel quotidien par quelques exercices pour entretenir son corps. Il aurait pu avoir l'air d'avoir une hygiène de vie irréprochable, s'il n'avait pas enchaîné tout cela par sa première cigarette de la journée. Grand stressé qui préférait nier ses problèmes que de les accepter, Edward était véritablement accro à ces petits bâtons de nicotine qu'il fumait sans même s'en rendre compte tant c'était devenu un réflexe pour lui. Une, cinq, dix cigarettes, plus s'il le fallait. Pourtant maniaque du contrôle, cette consommation de tabac dépassait l'entendement et finirait par le tuer prématurément, comme sa mère le lui rappelait régulièrement. La plupart du temps, Edward répondait par un haussement d'épaules et éludait la conversation. Il écrasa le mégot de sa cigarette dans un cendrier et, vêtu de sa tenue de cavalier, dévala le grand escalier de marbre qui menait à l'entrée de la propriété. Là, il fut accueillit par un feu follet surexcité d'une quinzaine d'années : Alice, la benjamine de la fratrie. Un écrin de liberté et de spontanéité au milieu de toute l'hypocrisie que pouvait représenter l'aristocratie anglaise. Les poings sur les hanches, ses longs cheveux tressés dans son dos et équipée de la même manière que son frère, elle lui adressa un sourire espiègle.

"Quand même ! J'ai failli t'attendre, frangin ! Aller hop hop hop ! En selle !"

Ne laissant pas à son frère le loisir de dire quoi que ce soit, Alice pris la tête des opérations et sortie dans le froid hivernal de cette matinée de décembre. Dehors, James, le jeune palefrenier, avait fait seller les chevaux des enfants Seymour et les attendait patiemment en sautillant d'un pied sur l'autre pour lutter contre le froid. Le rose aux joues, il aida la belle Alice à monter sur son cheval sous le regard sévère et désapprobateur d'Edward. Elle en ferait tourner, des têtes, la rouquine ! Et ça contrariait fortement son surprotecteur de frère. Pourtant, bien vite, la contrariété s'envola au profit du bonheur qu'ils éprouvaient tous les deux à galoper dans le parc entourant la propriété. Rien qu'eux deux, les chevaux et leur liberté. Bien loin des responsabilités, des révérences et des sourires malhonnêtes. Si Edward avait pleinement embrassé son avenir, ce n'était pas le cas de sa soeur. Éprise de liberté, elle ne se voyait pas passer sa vie au bras d'un époux qu'on lui aurait choisi, détestait porter des robes et haïssait plus encore qu'on la contraigne à faire tout ce qui était contraire à ses principes. Quelque part, Edward l'enviait, mais il était loin de la jalouser comme il jalousait leur frère. Cette jalousie passait par un mépris constant et des piques lancées à tout va sans se soucier de ce que ses mots pouvaient faire à Henry. C'était bien simple : il était son punching-ball préféré.

Aux alentours de 10 heures, il fut temps de rentrer, de laisser les chevaux se reposer et de se débarrasser de la forte odeur d'écurie qu'ils traînaient derrière eux. La fin d'une promenade avait toujours un goût amer, celui du retour à la réalité. Celui de la frustration, aussi, du masque qu'il fallait remettre en place pour correspondre à l'image que son paternel attendait de lui. Une fois lavé et débarrassé de ses nippes nauséabondes, Edward avait enfilé avec un soin religieux son uniforme d'étudiant d'Oxford. Costume sombre taillé sur mesure, chemise et cravate, écusson brodé sur la veste... tout était parfait. Il ne manquait plus qu'une chose, finalement... jetant un regard à sa montre, Edward jugea que 11 heures 30 était une heure plus que convenable pour aller réveiller son bon à rien de frère.

Il traversa le couloir, ne pris pas la peine de frapper et entra dans une pièce qui sentait le fauve et l'alcool à plein nez. Grimaçant, Edward se dirigea vers la fenêtre, ouvrit en grand les rideaux et la vitre pour laisser rentrer de la lumière et de l'air frais. Se retournant, il jugea absolument tout ce qu'il y avait dans la chambre. Des nombreuses photos de vacances aux vêtements jetés à terre, en passant par ce lit sans dessus-dessous au milieu duquel il voyait deux asticots gesticuler en protestant qu'il faisait trop froid pour ouvrir les fenêtres. D'un regard noir, Edward détailla la jolie blonde qui s'était nichée dans les bras de son frère. Encore une inconnue, une fille rencontrée la veille, ramenée chez les Seymour au mépris des conventions... Une demoiselle dont Edward ne voulait rien savoir, pas même le nom. Il attrapa le peignoir de son frère et le lui lança au visage sans la moindre délicatesse.

"Quand tu auras fini de sauter tout ce qui bouge, Henry, peut-être pourras-tu nous faire l'honneur de ta présence ? Père nous attend pour le déjeuner."

Mépris, acidité et méchanceté gratuite, voilà ce qui caractérisait les plus mauvais côté d'Edward. Faisant fi des insultes de son frère, il se dirigea vers la sortie. Se tournant une dernière fois vers le lit, ses yeux glissèrent d'Henry à sa compagne dévêtue.

"Au passage... Pense à descendre ton linge sale. Tu sais bien que Grace a horreur de trouver ce genre de chose dans ton lit."»

Outrée, la demoiselle voulu se lever pour apprendre à ce mufle à lui parler correctement, mais Henry la retint, se contentant de fixer son frère avec une haine tout à fait partagée. Satisfait de son effet, Edward tourna les talons pour rejoindre la salle à manger familiale. Pourquoi prendre la peine de répondre à son frère, lequel vociférait en exigeant des réponses ? Un mois que leur père était absent, c'était l'occasion rêvée pour lui rappeler à quel point son aîné était parfait et son cadet grossier. Droit et fier, Edward dévala les marches, sous le regard sévère des précédents ducs accrochés au mur. À mesure qu'il avançait, il sentait le poids de son destin l'avachir et lui peser sur les épaules. Depuis quelques mois, il se demandait si c'était réellement l'avenir qu'il souhaitait : porter le poids d'un titre, accepter les concessions drastiques qu'un aristocrate devait faire, accepter de n'être qu'un pantin au service du dessein de la noblesse anglais... il était fier de son rang, le Seymour, fier également de son nom, de ses origines, de la pureté de son sang... mais il se sentait toujours si vide et si seul, comme un enfant trop vite arraché à son cocon de sérénité pour le projeter sans ménagement dans l'effrayant monde des adultes.

Edward aimait et admirait profondément son père, mais il lui arrivait de lui en vouloir. Il lui en demandait trop, exigeait la perfection en tout point et masquait mal sa déception dès que son fils peinait à s'imposer en société, asocial qu'il était. Et puis des fois, Edward se surprenait à se dire que le fils parfait aux yeux de son père aurait été un savant mélange entre lui et Henry. Cette pensée l'agaçait, le crispait et ne faisait qu'accentuer plus encore l'animosité qu'il éprouvait à l'égard de son frère. Insouciant, dépravé, profiteur, irrespectueux, goujat... Tout autant de défauts qu'Edward ne pouvait s'empêcher d'envier, tant ils étaient la face cachée de cette liberté qu'il jalousait. Il suffirait que l'aîné hérite du titre et donne à son duché un héritier mâle pour que Henry soit définitivement libre de mener la vie qu'il voulait. Quelle injustice... Amer, Edward se glissa dans la salle à manger familiale et salua sobrement son père.

« Navré pour ce retard, père... Alice et moi n'avons pas vu l'heure, nous étions partis nous promener dans le bois. Quant à Henry, il semble avoir eu l'outrecuidance de partager sa couche avec une roturière alcoolisée... Je ne supporte plus ses frasques sous notre toit. »

Le dégoût était lisible et palpable sur les traits du jeune homme, tandis que le venin suintait de ses lèvres. Bienveillante, la duchesse, élégamment vêtue d'une toilette d'un grand couturier français, posa une main sur l'épaule de son fils pour temporiser sa hargne. Le duc, en revanche, soupira en se pinçant l'arrête du nez.

« Pour l'amour du ciel, quand Henry se décidera-t-il à grandir ? Viendra un jour où je ne serai plus là, Edward. J'aimerais que vous puissiez vous occuper du domaine ensemble... »

Outré, Edward ouvrit la bouche pour répondre et la referma immédiatement en croisant le regard de son père. Si Edward redoutait le jour où il lui faudrait endosser le costume d'aristocrate de son père, il était aussi prêt à le garder jalousement et à ne surtout pas le partager avec son frère. L'évincer et lui couper les vivres, voilà qui lui paraissait autrement plus alléchant ! Il n'y avait pas que la jalousie qui l'animait. Malgré les années qui étaient passées, Edward ne parvenait pas à chasser de ses souvenirs les mots de son frère, jetés sous l'effet de la colère lors d'une dispute avec leur père. « Et bien vous savez quoi, Papa ? Je vais finir par souhaiter qu'il lui arrive quelque chose. », avait-il lancé à son père, ignorant que son aîné écoutait la conversation derrière la porte. Voilà ce qu'Edward avait compris ce jour-là : quelque part, son frère aurait été satisfait qu'il lui arrive quelque chose. Peut-être même aurait-il voulu qu'il y reste, dix ans plus tôt, lorsque la maladie l'avait laissé au plus mal ? Aujourd'hui encore, il en gardait des séquelles, à commencer par une peur panique de l'eau et de la noyade, et de cette exaspérante manie qu'il avait de se laver compulsivement les mains ou de refuser de toucher quelque chose sans pouvoir se désinfecter les mains après.

Il s'en souvenait, de ces mots, gravés au fer rouge dans sa poitrine. C'était sûrement pour cela qu'il ne regrettait pas un seul instant de dénoncer son frère chaque fois qu'il faisait une incartades, ce qui arrivait suffisamment souvent pour qu'Edward ne s'ennuie jamais. Lorsqu'il vit Henry descendre et leur père le consigner dans son bureau, Edward ne put s'empêcher d'afficher cet insupportable sourire satisfait qu'il savait si bien faire lorsqu'il nuisait à quelqu'un. Un repas mouvementé se profilait à l'horizon, se disait-il alors qu'Alice dévalait l'escalier en chantonnant.


Bring me home or leave me be
(18 juin 2009, Oxford, Comté d'Oxfordshire)


Tandis qu'un rayon de soleil estival perçait à travers les épais rideaux de la chambre, un grognement s'élevait de sous un amas informe et disparate de draps, vêtements et autres parures, vestiges en piteux état du bal de la veille. Pendant un instant, Edward fut tenté de plonger la tête sous la couette, d'ignorer le soleil déjà haut dans le ciel pour s'accorder quelques heures de sommeil supplémentaires. Le sang pulsaient à ses tympans au rythme des hauts le coeur qui lui soulevaient l'estomac. « Plus jamais... » se dit-il, sachant pertinemment qu'il n'était pas le genre d'homme à céder si facilement à l'alcool. Mais la veille avait été une soirée un peu particulière, un peu... étrange. Il l'avait pourtant longuement imaginée : face à ce pari idiot et ridicule lancé par ses amis, il n'avait eu d'autre choix que d'inviter Rosamund Fraser, l'insupportable petite intello qu'il exécrait autant en public qu'il admirait son esprit brillant en secret. Alors il s'était présenté à elle, tout enveloppé de fierté et de galanterie anglaise dépassée, et l'avait invitée à l'accompagner au bal. Il avait été partagé entre l'envie qu'elle refuse l'invitation pour qu'il n'ait pas à jouer la comédie et le besoin maladif qu'elle lui dise oui pour que son orgueil démesuré n'en soit pas mis à mal. Et elle avait accepté, le laissant sans voix, sans réaction autre qu'un hochement de tête.

Elle avait dit oui et il s'était retrouvé comme un idiot devant sa penderie, hésitant entre le smoking et le smoking, le noeud papillon et le noeud papillon, comme s'il y avait une quelconque hésitation à avoir dans une situation pareille. Il s'était à nouveau retrouvé comme un idiot quand, sur le pas de la porte d'entrée de l'appartement de la jeune femme, il s'était demandé s'il n'aurait pas mieux fait de prendre une rose blanche au lieu d'une orangée pour qu'elle la porte à son poignet. Il s'était retrouvé comme le dernier des idiots quand il avait tout bonnement oublié de lui ouvrir la portière de sa bien trop voyante Aston Martin anthracite, savamment lustrée pour l'occasion. Il s'était senti idiot. Du début à la fin. Il ne s'était détendu qu'une fois les portes de la salle de bal franchies, lorsqu'ils s'étaient retrouvés comme deux étudiants ordinaires au milieu d'une foule de leurs semblables occupés à danser ou partis dans des discussions enflammées. Il s'était détendu et pourtant, il lui avait fallu un ou deux verres pour se sentir capable d'inviter sa cavalière à danser sans être tenté de critiquer ou sa tenue ou sa coiffure au passage. C'était au rythme d'une valse enjouée qu'ils avaient posé ensemble le pied sur la piste de danse pour la première fois. Pas un faux pas ni un seul orteil écrasé, tant et si bien qu'Edward s'était surpris à apprécier la compagnie de Rosamund, à détailler avec bien plus d'objectivité et de simplicité la superbe robe qui la mettait en valeur sans pour autant faire d'elle une insupportable poupée de porcelaine. Une révérence courtoise pour clore la danse et, d'un geste doux et timide, il avait replacé une mèche de cheveux échappé de son chignon derrière l'oreille de sa cavalière.

Tout aurait pu être parfait, tout aurait pu les réconcilier ou, à défaut, atténuer les tensions entre eux, mais à peine Edward avait-il eu ce geste presque affectueux envers Rosamund qu'il s'était refermé sur lui-même et avait cherché à la fuir pour mieux se réfugier dans les bras de l'alcool. Entre deux gorgées de ce qu'il n'était même plus capable d'identifier, il s'était demandé ce qui ne tournait pas rond chez lui. Il savait sourire et couvrir des compliments les plus hypocrites qui soient ces idiotes qui venaient ramper à ses pieds en lorgnant ouvertement sur son titre futur. La seule qu'il sache si bien brimer, moquer, insulter était la seule qui trouve grâce à ses yeux, au fond. La seule qui se fichait de l'héritage de l'aristocrate pour s'intéresser à l'imbuvable caractère de l'homme qui se cachait derrière. La seule qu'il ne se serait pas vu complimenter sans le pensée, la seule qui arrivait à attirer son attention même lorsqu'il tentait de l'ignorer. Si c'était cela, détester quelqu'un, il s'en serait bien passé. À moins que...

Il n'avait pu pousser plus loin sa réflexion car, entre deux gorgées de ce qu'il n'était toujours pas capable d'identifier, une Rosamund fortement remontée était venue le trouver, jouant des coudes pour le déloger de la cachette qu'il s'était trouvé. Il s'était alors rendu compte qu'elle était aussi éméchée, sinon plus, que lui... et il avait été prié de revenir sur la piste de danse pour au moins faire semblant de savoir pourquoi il l'avait invitée. Entre deux pieds écrasés, gestes incertains et jurons, il l'avait traitée d'à peu près tous les noms. Lui qui avait l'habitude qu'on ne lui réponde pas, il aurait dû s'attendre à ce qu'elle réplique à chacune de ses attaques avec la précision d'une lame affûtée. Le ton était monté, la musique avait cessé et les autres invités s'étaient tournés vers les deux fauteurs de trouble qui tentaient de gâcher leur si belle soirée de fin d'études.

Et puis le silence s'était fait. Pendant un court instant. Était-ce elle ou lui qui avait éclaté de rire le premier ? Difficile à dire, mais le rire les avait entraînés à l'écart de la piste de danse sous les regards tantôt amusés, tantôt courroucés de leurs camarades de promotion. Ils avaient rit, de bon coeur, nerveusement, l'alcool ayant rompu les barrières qu'ils s'imposaient en temps normal. Plus de faux semblants, d'apparence, de fierté, ils s'étaient découverts, d'abord comme deux gamins dans un bac à sable, avant d'adopter petit à petit l'attitude de deux adolescents flirtant maladroitement l'un avec l'autre. Et Edward s'était senti libre, pour la première fois depuis longtemps. Libre de faire de qu'il voulait, libre de parler avec qui il voulait, d'évoquer les sujets qui lui passaient par la tête, de sourire se soucier de ce qu'on en dirait, libre d'être une toute autre personne. Libre d'être libre, tout simplement. Il avait senti l'oxygène lui emplir les poumons, l'énergie lui électriser les membres, l'alcool lui monter à la tête... mais à aucun moment elle ne l'avait jugé ni n'avait eu l'air d'être déçue de le voir ainsi. Elle ne s'était pas permise de lui dire « ce n'est pas toi, Edward », comme il l'avait maintes fois entendu à chaque fois qu'il tentait de tomber le masque de l'aristocrate imbu de sa personne. Alors oui, il avait apprécié ce moment, cette soirée, il avait aimé ces interminables discussions sur un balcon à l'écart de la fête, il avait savouré leurs avis communs et divergents, tout simplement.

Lorsque la salle avait commencé à se vider et qu'on les avait invité à se diriger vers la sortie, Edward avait senti la déception assombrir son visage, comme si les douze coups de minuit étaient sur le point de sonner pour eux. Les choses seraient-elle identiques le lendemain ? Il avait raccompagné Rosamund, délaissant sa voiture sur le parking en prétendant qu'alcoolisés comme ils l'étaient, c'était plus prudent. En réalité, c'était surtout pour être sûr de passer un peu plus de temps avec elle. Et puis, à mi-chemin entre la salle de réception et le centre-ville, il s'était entendu lui proposer de monter jusqu'à son appartement avant même d'avoir pu mesurer tout ce que cela pouvait représenter. Il s'était tourné vers elle, un sourire timide aux lèvres et le rose aux joues. Qu'importe le lendemain ou ce qui se passerait une fois chez lui. Il avait décidé d'envoyer la bonne fée se faire voir, piétinant la citrouille pour mieux faire ce qu'il avait envie de faire et non ce qui était correct.

Alors il lui avait pris la main, l'avait entraînée à l'intérieur de l'immeuble, avait appelé l'ascenseur et étouffé leurs rires dans un baiser. Il l'avait franchit, ce dernier pas, ce dernier gouffre qui les séparait et il avait trouvé cela si simple qu'il n'avait pu se contenter d'un seul baiser. D'un seul contact. La clé de l'appartement avait tourné dans la serrure avant d'être jetée avec sa veste de costume sur la table la plus proche. La porte avait claquée et il avait cessé de réfléchir.

Il avait cessé d'être Edward le méprisant, Edward l'insupportable, Edward l'introverti. Ses doigts s'étaient perdus dans la chevelure de Rosamund, ses lèvres avaient parcouru les siennes, dans une danse autrement plus sensuelle et endiablée que la valse un peu guindée qu'ils avaient dansé plus tôt dans la soirée. Ce soir-là, les masques étaient tombés avec une facilité déconcertante, des soupirs et des baisers avaient été échangés, des paroles d'une douceur dont on ne les aurait pas cru capables avaient été murmurées et c'était dans une douce étreinte qu'ils s'étaient endormis, innocents et bien trop avinés pour se poser des questions sur le lendemain.

Pourtant, maintenant, il fallait bien qu'Edward se rende à l'évidence : cette soirée ne les mènerait nul part, qu'il le veuille ou non. Maintenant qu'il subissait de plein fouet la gueule de bois, il n'était de toute manière plus tout à faire certain de savoir ce qu'il voulait. Ni de ce qu'il pouvait faire. Pourtant, la veille, il avait sérieusement envisagé de dire à son père qu'il renonçait à son titre et souhaitait s'enfuir avec Rosamund, comme le héros romantique de la quasi totalité des films qu'Hollywood était capable de produire. Seulement voilà. Edward n'avait rien d'un héros. Il était cupide, opportuniste, bien trop loyal et tenait au regard et à la fierté de son père plus qu'à toute autre chose. Il ne lui tiendrait pas tête. Pas pour quelques vagues sentiments exacerbés par l'alcool, se disait-il. Et puis après tout... il ne ressentait rien, ce n'était que de la chimie, provoquée par une attirance purement sexuelle, à quoi bon se poser davantage de questions ? Mais si c'était si simple, pourquoi avait-il besoin de s'en convaincre ? Pourquoi avait-il besoin d'arguments pour avoir la certitude que tout ceci n'était qu'une histoire sans lendemain ? Le souci, c'était qu'Edward n'était pas son frère. Il n'avait jamais pu prendre et jeter une femme sans le moindre remord, n'avait jamais pu enchaîner les conquêtes sans se soucier des regards qu'on lui jetterait. Cette nuit lui apparaissait désormais comme une erreur. Une erreur qu'il se devait de corriger au plus vite.

Avec un soupir de plus, il se redressa dans le lit, se pris la tête entre les mains et chercha le moyen le plus simple et le plus efficace de dire à Rosamund que tout ça, cette soirée, rien n'était vrai. Tout n'était que chimère. Une chimère flambée à l'alcool, à l'allégresse et nimbée d'une innocence qui n'était de toute manière plus de leur âge. Pourtant, le mal était fait et une partie de lui, de son âme, lui hurlait de ne pas briser ce qu'ils étaient en train de construire. Il se leva, sans un regard pour son amante éphémère et se dirigea en titubant vers la salle de bain pour se passer de l'eau sur le visage. Il fallait qu'il lui dise que rien de tout ceci ne les mènerait nulle part. Croisant son regard dans le miroir, l'évidence lui apparu comme un poing dans la figure. Il fallait qu'il soit lui-même. Ou plutôt qu'il soit celui qu'il prétendait être avec elle le reste du temps. Qu'il soit acide, odieux, irrespectueux... qu'il lui fasse oublier cette soirée, cette nuit, pour qu'elle ne garde de lui que le souvenir d'un effroyable salaud sans cœur ni honneur. Ses poings se serrèrent sur le rebord du lavabo puis il fit volte-face, le visage fermé. Lorsqu'il revint dans sa chambre, ce fut pour trouver une Rosamund encore toute endormie, un sourire qui faillit bien le faire craquer aux lèvres et sa propre chemise sur le dos.

"Qu'est-ce que tu fais avec ma chemise ?" demanda-t-il d'un ton bien plus agressif qu'il ne l'aurait cru.

Alors, toute la frustration qu'il éprouvait à l'idée de ne pas pouvoir être libre, alliée à la fatigue et au mal de crâne qui l'empêchait de réfléchir eurent raison du peu de gentillesse dont il aurait pu être capable s'il avait fait un effort. L'acidité revint au galop, comme si elle n'était jamais partie. Lorsqu'elle lui répondit, surprise, il claqua d'un ton sec :

"Non. Tu ne peux pas rester, tu dois t'en aller. C'était une erreur, cette nuit. Sans l'alcool et sans ce pari stupide, ça ne serait pas arrivé. Non mais... qu'est-ce que tu croyais, Rosamund ?"

Un ricanement nerveux lui secoua les épaules, symbole de sa détresse et de sa totale perte de moyens.

"Tu croyais vraiment que je te servirais le café ou t'apporterais ton petit dej' au lit ? Réveille-toi... c'était un pari, un jeu stupide... j'ai gagné, il n'y a que ça à retenir. Navré que tu en aies été la victime, mais il va bien falloir t'y faire. Toi et moi, ça ne mène à rien et ça n'existe pas. Ça n'existera jamais. Nous ne venons pas du même monde... Tu... tu n'es qu'une roturière, je suis un aristocrate, tu aurais dû te douter que même avec les meilleurs intentions du monde, ça ne marcherait pas. Et comme tu peux le voir, je n'ai aucune bonne intention. Je n'en ai jamais eu. C'était sympa cinq minutes mais tu peux récupérer tes affaires et t'en aller, maint..."

Il n'eut pas l'occasion de finir sa phraser car déjà, la main de la jeune femme venait de le gifler avec une force qu'il n'avait pu anticiper. Avant qu'il n'ait pu réagir, elle était partie, emportant avec elle son honneur, ses vêtements et la chemise d'Edward. Alors il se retrouva là, seul, les poings serrés et un trou béant dans la poitrine qu'il ne s'expliquait pas. Dans un élan de colère et de désespoir, une table de chevet en bois précieux vola et alla se fracasser contre un mur, rapidement suivie par un vase. Ce n'est qu'en attrapa un affreux petit cheval en terre cuite réalisée par Alice alors qu'elle n'avait que six ans qu'Edward se figea dans son mouvement et cessa de briser tout ce qu'il avait à porter de main.

C'était chaque fois la même chose. Le devoir, l'honneur de la famille, l'héritage... tant de choses qu'il comprenait de moins en moins et rejetait de plus en plus. Peut-être venait-il de briser ses derniers espoirs d'être une personne à part entière et non le pantin obéissant d'un père qui en attendait bien trop de lui. Nerveux, il attrapa sa veste, son paquet de cigarette et en alluma une comme si ce geste pouvait calmer la colère qui bouillonnait toujours autant dans sa poitrine. Il se laissa tomber sur le lit, fixa un long moment le plafond en laissant la fumée de sa cigarette obscurcir son champ de vision. Il lui était impossible de ne pas se remémorer la fête de la veille. Quoi qu'il en dise, quoi qu'il en pense, il avait passé la meilleure soirée de son existence.


The last ride of the day
(15 décembre 2017, Killingworth, Comté de Northumberland)


Le cancer avait commencé à ronger l'organisme du Duc de Somerset bien avant qu'il ne soit diagnostiqué. Après une randonnée en forêt, il s'était plaint de douleurs dans les articulations et avait demandé un contrôle à son médecin. Le verdict était tombé, sans appel : une tumeur osseuse s'était nichée dans sa hanche droite et avait déjà commencé à s'étendre. Quelques mois plus tard, il avait commencé à éprouver des difficultés pour marcher et, à l'heure où Edward se hâtait dans les rues de Killingworth pour rejoindre le domaine familial où son père l'attendait, le Duc était alité et souffrait quotidiennement. Il en était certain, sa vie n'était plus qu'une question de mois et aucun traitement ne parvenait à enrayer l'action des cellules cancéreuses.

Lorsqu'il fut arrivé, Edward salua rapidement le valet de son père, déposa son manteau et se hâta de grimper jusqu'au premier étage, où se trouvait la chambre du malade. Son père l'avait fait venir en urgence, arguant qu'il n'aurait peut-être bientôt plus la force de lui dire ce qu'il avait à lui dire. Malgré toute la rancoeur qu'il éprouvait à l'égard d'un père qu'il jugeait trop strict, trop exigeant et trop peu aimant, Edward ne supportait plus de voir son père dans cet état. L'homme fort et fier qu'il avait connu était à présent recroquevillé dans un lit trop grand, son corps décharné et amaigrit par la maladie, et son crâne blanchâtre où ne subsistaient plus que quelques cheveux blancs. Avec un air grave, la Duchesse de Somerset se leva de son fauteuil, posa le livre qu'elle était en train de lire pour son époux et alla embrasser son fils. Lorsqu'elle quitta la pièce, Edward resta un long moment silencieux et raide, incapable de savoir ce qu'il devait faire. Se redressant entre les oreillers, le Duc sourit à son fils et lui désigna d'une main tremblante le fauteuil.

" Viens t'asseoir, Edward... Je dois te parler..."

Sans un mot, le jeune homme s'exécuta et s'installa dans le fauteuil, fébrile.

"Mon fils... Tu sais comme ta mère et moi avons prié pour que le ciel t'envoie... tu sais à quel point notre famille avait besoin d'un héritier mâle..."

Le devoir, toujours le devoir... l'amertume d'Edward n'en était que plus exacerbée.

"Écoute-moi, Edward... je veux que tu me promettes que quoi qu'il arrive, quoi que tu saches ou apprennes, tu accepteras le titre de Duc. C'est ton fardeau, mon fils. Le tien."

Edward fronça les sourcils, incapable de se contenter d'acquiescer.

"Quoi que je sache ? Mais de quoi parlez-vous, père ?"
"Henry n'est pas fait pour être Duc. Il est bien trop impulsif et insouciant pour ça. Promets-moi que jamais tu ne cèderas."
"Mais je..."
"Promet !"

Dans un râle, le Duc se laissa un peu plus retomber entre les oreillers.

"Je vous le promets, père. Je serai Duc et je vous jure de faire honneur à notre famille."
"Je n'ai pas voulu tout ça, Edward... Je n'ai pas voulu que ça arrive. J'espère que tu me pardonneras un jour..."
"Mais... vous pardonner quoi, père ? Enfin, expliquez-vous !"

Mais le Duc s'était endormi, assommé par la quantité industriel de morphine qu'il prenait et qui l'empêchait de hurler de douleur en permanence. Cette conversation laissa Edward dans un profond désarroi, tant il avait désormais l'impression que son père lui cachait quelque chose de gros, de grave et d'important. Mais il ne l'entendrait jamais de sa bouche. Il n'apprendrait que bien plus tard que son père avait fait falsifier son dépistage mutant. Il n'apprendrait que de la bouche d'Alice que son père savait qu'il était un mutant.

Derrière l'écran

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Prénom : Mathilde
Pseudo : Skweecky (machin ça marche aussi mais c'est moins gentil... :hippo:)
Âge : 25 ans  :mémé:
Pays/fuseau horaire : France (Bretonie, même :marius:)
Tu viens d'où : On m'a kidnappée, séquestrée et forcée à participer à cette mascaraaaade ! :bouh: (et j'aime ça :smile:)
Un avis ? : J'le trouve beau et sexy comme tout ! :creep:
Un dernier mot ? : Compote.
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