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Sam 28 Juil - 17:17
Edward T. Seymour
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And as you look all around at the world in dismay, what do you see ?
Edward & Calixte






Il fixa sans la voir la cendre de la cigarette qui alla s'écraser sur le tapis. À son oreille, une main tremblante tenait un téléphone mais il n'entendait rien de plus qu'un bourdonnement de plus en plus entêtant. À l'autre bout du fil, une secouriste hurlait des « Allô ? Monsieur Seymour, vous êtes là ? Allô ? » pour couvrir le vacarme qui l'entourait. Des cris, des pleurs, des sirènes, des aboiements de flics dépassés par les événements, et puis une annonce, la seule qui importait pour le moment : Calixte était tombé dans le coma. La mâchoire crispée d'angoisse, Edward avait l'impression de voir le monde sombrer autour de lui tandis qu'une chape de plomb marquée du sceau de la culpabilité s'écrasait sur sa poitrine. Il avait juré depuis toujours de défendre son frère, promis à son père de toujours veiller sur lui, certifié que jamais il ne l'abandonnerait... et il avait échoué. L'hystérie de l'aîné s'exprima en un silence assourdissant puis il raccrocha sans même un mot pour la secouriste.
Quels étaient les derniers mots qu'il avait dit à son frère ? Probablement des horreurs, très certainement des reproches, inévitablement des remarques méprisantes. Et si Calixte devait mourir sans avoir plus entendu le moindre encouragement ou le plus petit compliment de son frère ? Edward se savait idiot de penser à cela à cet instant, mais l'idée que leur relation puisse s'éteindre de la sorte lui était insupportable. Alors il se leva, attrapa veste et clés et quitta son appartement comme un diable.

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Trois jours après les événements tragiques du Cosmic Ballroom, l'hôpital de Newcastle était toujours en effervescence. Les blessés léger commençaient à rentrer chez eux, d'autres s'éveillaient et cherchaient à comprendre la raison de leur présence à l'hôpital, et les derniers, s'ils étaient parfaitement silencieux du fait de leur état comateux, avaient hérité d'une famille suffisamment bruyante et exigeante pour faire tourner en bourrique toute l'équipe soignante.
Ce jour-là, médecins, infirmières et aide-soignantes durent profondément haïr Edward, tant il fut imbuvable. Arpentant le couloir entre la chambre de Rosamund, dans laquelle il n'avait pas le droit d'entrer et celle d'un Calixte toujours aussi endormit, l'aîné Seymour était dans un état de stress proche de l'hystérie totale. C'était à se demander comment son frère faisait pour ne pas se réveiller.

« Comment ça, vous ne savez toujours pas ce qu'il a ? Bon sang mais qui vous paye à ne rien foutre, espèce d'empoté ? »

Piqué au vif, le médecin resta pourtant calme.

« Je vous prierais de rester calme, monsieur Seymour. Nous ne connaissons pas la cause de l'état de votre frère, nous savons simplement que pour une raison obscure, il ne se réveille pas. Si vous consentiez à accepter l'aide de monsieur Cav... »

« N'y songez même pas. C'est une pourriture dégénérée qui a bien failli tuer mon frère et il est hors de question qu'un autre de ces individus pose la main sur Henry, c'est clair ? Il préférerait mourir que d'accepter ça... »

Edward connaissait son frère et s'il était loin, habituellement, de partager ses points de vue quelque peu radicaux sur les mutants, il avait magistralement revu sa copie depuis trois jours. Le médecin, lassé, soupira et s'éloigna pour surveiller les constantes de son patient.

« Écoutez... hurler de la sorte ne l'aidera pas. Tout ce que nous pouvons faire, c'est attendre et espérer un réveil rapide. Il va falloir prendre votre mal en patience. »

« Votre incompétence a largement dépassé les limites de ma patience, « docteur »... s'il n'y a pas de changement dans les jours à venir, je peux vous assurer que cet empoisonneur sera le cadet de vos soucis. »

Injuste, il l'était, odieux, plus encore, mais Edward se sentait blessé, meurtrit, impuissant. Dans ce genre de situation, la patience lui faisait rapidement défaut et, conscient qu'il n'obtiendrait rien du médecin à cet instant, il préféra quitter la chambre pour aller s'isoler dans le parc et s'adonner à son activité favorite : l’inoculation en grande quantité de nicotine.

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Le septième jour, Edward ne se reposa pas. Le septième jour, Edward était au chevet de son frère, attendant patiemment qu'il se réveille ou qu'on le laisse rendre visite à Rosamund. Il se sentait idiot, injuste, cruel d'avoir été si dur avec eux ces derniers temps, si inhumain d'avoir fait croire à la jeune femme que rien n'était possible entre eux pour préserver l'équilibre fragile de sa famille, profondément ingrat de laisser continuellement penser à Calixte qu'il n'était qu'un idiot sans cervelle. Edward aurait absolument tout donné pour prendre la place de l'un ou de l'autre, prêt qu'il était à embrasser la condition de martyr pour tenter de racheter ses fautes.
Mais c'était ça, sa pénitence, quelque part : contraint à la patience, à l'attente et à l'angoisse, ruminant ce qu'il allait pouvoir leur dire à leur réveil...

Assit dans un fauteuil, Edward regardait le sang filer du cathéter planté dans son bras vers une poche qui se remplissait petit à petit. C'était bien là la seule chose qu'il était capable de faire pour son frère : lui donner des plaquettes, du sang, quelque chose qui puisse l'aider à se rétablir plus rapidement et fort heureusement, les deux caractères de cochon Seymour partageait également le même groupe sanguin.

À côté de lui, posés sur une petite table, s'empilaient des dossiers qu'il peinait à traiter, tant son esprit était ailleurs. Il n'avait pas remis les pieds dans son bureau depuis l'incident et chaque jour, c'était son assistante qui venait lui porter de nouveaux éléments ou lui faire un rapport détaillé de l'avancée des dossiers. Lorsque l'infirmière vint récupérer la poche de sang, elle intima à Edward de rester tranquille pendant quelques heures et de manger quelque chose de sucré. Il hocha la tête et se laissa aller en soupira contre le dossier du fauteuil. Il n'avait pas faim... il était simplement fatigué, les traits tirés et le teint pâle. Il lui fallait se battre avec les médecins, s'inquiéter pour Calixte, poursuivre son travail, servir de relais et de médiateur auprès d'une sœur terrifiée, d'une mère effondrée et d'un père toujours plus exigeant : « tu dois le sauver, tu dois le venger, tu dois, tu dois, tu dois... ».

« Réveille-toi, par pitié, réveille-toi, Cal... », grogna-t-il, des sanglots étouffés dans la gorge.

Au bout d'une vingtaine de minutes, Edward se leva pour faire les cent pas. La fatigue laissait peu à peu place à la colère et soudain, il attrapa son frère par le col de sa chemise d'hôpital et hurla.

« Mais réveille-toi, bon sang ! Bougre d'imbécile, abruti fini, petit con ! Tu ne cesseras donc jamais de me tourmenter ? Réveille-toi, au lieu de rester là comme un... comme... »

Mais il lâcha son frère, trop faible pour continuer et se laissa tomber dans le fauteuil sans plus retenir les larmes d'impuissance qui coulaient sur ses joues.

« Réveille-toi... j'ai besoin de toi, Cal... »

Malgré leurs disputes, Edward ne se voyait pas poursuivre la lutte des Veilleurs sans son frère. C'était trop dur, trop contraire aux principes de leur père... et même si Edward savait qu'il y avait plus de bas que de haut entre lui et Calixte, il préférait cent fois cela au silence d'un mort.

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Au quatorzième jour, Edward était méconnaissable. Les soucis l'avaient amaigri, la pâleur de son teint le rendait grisâtre et les cernes sous ses yeux n'avaient rien à envier à celles de son frère. Fort heureusement, Rosamund s'était réveillée et avait pu rentrer chez elle. Si leur relation restait tendue, la savoir en bonne santé ôtait un poids énorme sur les épaules d'Edward. Restait Calixte, dont l'état était stable, les constantes correctes, mais pour qui les médecins s'inquiétaient : s'il s'enfonçait plus encore dans le coma, il risquait de ne jamais se réveiller.

Pratiquement allongé dans un fauteuil d'examen et les yeux rivés au plafond, Edward semblait catatonique tandis qu'une infirmière effectuait un prélèvement de sa moelle osseuse en vue d'une greffe pour son frère. Pour plaisanter, Edward lui avait demandé si la prochaine étape consistait à donner un poumon à Calixte et l'infirmière, aimable et souriante, l'avait rassuré en lui disant qu'il ne faudrait a priori rien de plus. Edward grimaça lorsque l'aiguille pénétra dans sa poitrine pour perforer l'os de son sternum. Malgré l'anesthésie, il ne pouvait nier que cela faisait un mal de chien.
Seulement, alors que l'infirmière lui promettait que c'était pratiquement terminé, un mouvement à côté d'eux attira leur attention. Dans le lit, l'immobile Calixte Seymour commençait à se mouvoir en grognant. L'infirmière s'empressa de terminer son prélèvement, donnant à Edward une compresse pour stopper le saignement et fila chercher un médecin. Edward s'approcha du lit, tenta un sourire qui ressemblait plutôt à une grimace et entrepris de remettre les boutons de sa chemise.

« Dis donc, l'endormi... c'est à cette heure-ci qu'on se réveille ? »

Voyant son frère s'agiter, Edward lui tendit la petite télécommande servant à incliner le lit et l'aida à se redresser un peu.

« Ils t'ont retiré l'assistance respiratoire hier, tu risques d'avoir mal à la gorge pendant un moment... comment tu te sens ? »

Si Calixte pensait rêver, il ne serait pas déçu : rarement son frère lui avait demandé comment il allait. Mais Edward était fatigué de s'inquiéter et n'avait qu'une envie, serrer son imbécile de petit frère dans ses bras.

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Dim 29 Juil - 11:53
H. Calixte Seymour
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   edward & calixte
 
 
 
Il suffoquait. Calixte suffoquait, vraiment. Lui qui avait toujours eu peur du noir, lui qui avait toujours été terrifié par l’obscurité, par le silence et les ténèbres, il s’y noyait désormais, dans une obscurité aveuglante, dans un silence assourdissant, dans des ténèbres lumineuses qui l’appelaient, le happaient, alors que tout en lui ne parvenait à hurler qu’une seule chose : il fallait qu’il parte, il fallait qu’il fuie, il fallait qu’il trouve un moyen de se réveiller. Sauf qu’il suffoquait. Calixte suffoquait, vraiment. Autour de lui, il n’y avait que le néant, ce néant angoissant qui lui tordait les tripes. Et au bout, une lumière imperceptible, qu’il cherchait à attraper, qu’il voulait agripper du bout des doigts alors que résonnaient les échos de cris, les échos de sirène, les échos de voix qui soulevaient son cœur dans une nausée défaillant. Il n’avait plus de mains, il n’avait plus de corps, il n’avait plus que l’air qui manquait à ses poumons, et l’envie de s’arracher les yeux pour que la nuit cesse, que le jour puisse poindre et à nouveau l’aider à retrouver un sens dans ce vide infini qui l’entourait. Sauf qu’il suffoquait, encore. Toujours. Il suffoquait de ne pas comprendre ; il suffoquait de n’être plus qu’une âme réduite au silence, coupée du reste de son être, au lien tranché. Il avait l’impression qu’on avait amputé une partie de lui, et qu’il tentait, en vain, de retrouver le membre manquant, ce membre qui était grand, brun, barbu ; qui avait un regard tantôt dur, tantôt malicieux, tantôt grivois ; qui avait cette barbe soigneusement taillée, entretenue ; qui cherchait constamment à se mettre en valeur, à se faire remarquer pour qu’on ne l’oublie pas ; et c’était l’oubli, l’oubli qui le menaçait, alors qu’il suffoquait et que les échos devenaient dissonants, que les voix s’aggloméraient en connaissances, en souvenirs. En émotions de plus en plus violentes, en ombres et mouvements immatériels qui s’amassaient trop loin de lui.

L’oubli : pendant une éternité faite d’absences, Calixte se sentit happé par l’oubli ; la disparition pure et simple, définitive. Pendant une éternité faite de vide et d’irréalité, Calixte se sentit aspiré par un lâcher-prise, par cette voix muette qui lui soufflait de se laisser aller, de décrocher, qu’on ne l’attendait pas, qu’on ne l’attendait plus, qu’on n’avait ni besoin de lui, ni envie de le voir revenir. Pendant une éternité mêlée d’aigreur et d’incertitudes, Calixte envisagea d’expirer, une dernière fois, et de cesser de se débattre dans cette immensité sans forme ni limite qui l’entourait, de cesser de chercher un support tangible sur lequel s’appuyer pour se relever. Et pendant une fraction de seconde, Calixte fit tout cela. Il se laissa emporter dans un tourbillon, esquissa quelques pas vers une lumière plus aveuglante que les ténèbres qui l’environnaient, il se laissa guider par ses terreurs et l’apaisement qu’il cherchait, il… « Réveille-toi, par pitié, réveille-toi, Cal... » Il connaissait cette voix. Il l’avait déjà entendu, un jour, avant, loin dans le temps. Il connaissait cette voix, elle s’enveloppait de colère, d’amertume, et de confiance, d’une confiance enfantine teintée d’admiration. Il connaissait cette voix, elle lui en évoquait d’autres, une plus sévère, plus dure, plus agressive et impériale, une plus tendre, brisée d’angoisse, entrecoupée de sanglots, une plus terrifiée, perdue et incertaine. Il la connaissait, cette voix, et tendit l’oreille. Et tout se mit à basculer, comme une tempête pouvait brasser le fond de l’océan et fait valser un vaisseau posé sur sa surface, tel une petite coquille de noix égarée. Tout se mit à chavirer, le faisant hurler dans son royaume obscur, ce vide spatial que ne perçait aucune étoile. « Mais réveille-toi, bon sang ! Bougre d'imbécile, abruti fini, petit con ! »

Calixte se remit à suffoquer. Il voulut répondre qu’il voulait se réveiller. Il voulut répondre qu’il ne savait juste plus comment faire. Il voulut répondre qu’il n’arrivait pas à respirer, que son corps dans son intégralité ne cherchait qu’une chose : le protéger, lui laisser le temps d’éliminer les toxines, de fonctionner au ralenti pour préserver son cœur et ses organes vitaux. Il voulut hurler qu’il avait peur, qu’il était terrifié, qu’il avait besoin qu’on l’aide, qu’on vienne le chercher, qu’il était perdu et qu’il ne sentait ni ne ressentait plus rien d’autre que cette solitude. Il voulut hurler, Calixte, mais l’écho des syllabes se perdit sans s’arrêter, sans qu’il ne puisse s’y raccrocher pour en remonter le fil, et remonter à la surface. « Réveille-toi... j'ai besoin de toi, Cal... » Traits de lumière qu’il chercha à attraper du bout des doigts, que ses doigts traversèrent sans rencontrer de résistance, qui s’évaporèrent pour que la nuit reprenne ses droits. Et l’éternité reprit, comme si elle ne s’était jamais interrompue, laissant Calixte suffoquer, encore, attiré, encore, par le bout d’un tunnel, par une limite à franchir, à ne pas franchir, un point de non-retour.

Et d’un coup, autour de lui, tout se transforma. Ce fut aussi progressif que brutal, dans un monde où le temps n’avait pas d’emprise, pas de réalité, pas de royauté. Un battement de cœur d’une infinité de secondes, et le noir devint couloir, l’immensité devint murs clairs et vieux tableaux, le silence se fit lumière et l’absence se fit éclats de rire. Un enfant aux cheveux clairs, de la blondeur de l’innocence, trop longs pour ne pas voltiger au gré de sa course, passa devant lui comme un mirage, poursuivit par un autre, un peu plus grand, beaucoup plus brun, beaucoup plus posé quand le premier était volatil même dans sa manière de respirer. Henry, attends-moi ! Le couloir oscilla, comme de la brume, la petite silhouette blonde revint, un sourire mutin aux lèvres. Il trottina vers Calixte, lui lança un regard amusé. Qu’est-ce que tu fais ? Il faut jouer à chat ! Il fallait oui, il fallait. La tornade blonde s’envola, Calixte la suivit sans tarder. Glissa dans les couloirs. Tu ne m’attraperas pas !, hurla le petit garçon. Henry, attends-moi ! Sombre écho d’un passé enfermé depuis longtemps dans des souvenirs. Les éclats de rire le précédaient, ils descendirent un étage, remontèrent à un autre, sortirent dans un grand parc et se perdirent dans une forêt, réveillant ses terreurs et ses angoisses. Attrape-moi ! hurlait le petit en riant, dès que Calixte faisait mine de s’arrêter, apparaissant derrière un arbre pour l’inviter à reprendre sa course. Pendant des heures, des mois, des jours, pendant des battements de cœur et des foulées, des souvenirs qui défilaient à mesure qu’ils troquèrent la forêt contre les rues de Paris, les pentes enneigées des Alpes, les vallées irlandaises et le grand canyon, les couloirs d’Oxford, ceux des laboratoires et des bureaux d’Asclepios, les bras d’une femme et le rire d’une autre, les bras d’Abigaël et le rire d’Abigaël, les… Calixte s’immobilisa quand autour d’eux, tout bascula dans un bâtiment en flammes. Et une arme qui se lova dans sa main, claqua trop de fois sans qu’il ne fasse le moindre geste, alors que devant lui, le corps d’Abigaël s’effondra. Et que ce diable de lutin blond jaillit avec sur le visage les prémices d’une colère. Viens ! On n’a pas le temps pour ça ! Attrape-moi ! Et la colère répondit en écho, dans un hurlement qui déchira sa gorge : Je ne veux pas jouer à chat avec toi !

Les flammes s’évaporèrent, le corps s’évapora, Calixte se retrouva seul, à nouveau seul dans le noir. Presque seul. Le petit était là, le regardait dans les yeux. Il faut que tu te réveilles, maintenant. Calixte s’accroupit pour le regarder dans les yeux. Je ne sais pas comment faire. qu’il murmura, l’air aussi perdu qu’inquiet. Une inquiétude qui n’existait pas dans les yeux d’Henry. Un haussement insolent des épaules, un éclat de rire léger. Il suffit de le vouloir. Prends ma main : deviens l’chat.. Il lui tendit sa petite menotte, paume ouverte, vers le haut. Une menotte qui n’avait encore tué personne, qui n’avait encore caressé personne, qui n’avait fait que pincer les cordes d’un alto, construit des châteaux de sable et des cabanes dans les arbres, copié, encore et encore, des pages de dictionnaires. Il lui tendit sa mimine, offerte, comme une invitation. Et Calixte finit par la saisir.

Et il s’étouffa, vraiment. Haleta. Aveuglé par la lumière du jour, assourdi par les sons et les bruits, par le soufflement rauque de sa respiration brutalement accélérée, par les différents moniteurs qui s’encerclaient, le surveillaient, par les pas, les gestes, les mouvements, les déplacements, par cette main posée sur son front alors qu’il n’arrivait plus à se souvenir de comment respirer. Calixte ouvrit les yeux pour les fermer aussitôt, prit une inspiration pour s’étouffer aussitôt, pour paniquer, sentir dans sa poitrine une main écraser sa cage thoracique. La panique satura ses sens, satura tout ce qu’il pouvait voir, ressentir, extirpé violemment des ténèbres anesthésiées pour être balancé brutalement dans un monde de sensations et d’émotions, par un monde bruyant, rugueux, concret et râpeux, un air trop frais, trop vif, des muscles endoloris, des tissus qui lui écorchaient la peau, et les bruits, grand Dieu, les bruits qui lui vrillaient les tempes et l’asphyxiaient par leur omniprésence. Ed ! Où… qu’est-ce que… Edward, Papa ! La panique satura ses sens, le projetant vers toutes les personnes qui ne pouvaient qu’avoir les réponses, Calixte rouvrit les yeux parce qu’il ne supportait plus l’obscurité, plissa les paupières et, s’agrippa comme il put aux premiers supports rencontrés, que ce fusse les draps sur le côté ou la voix qui résonna presque aussitôt. « Dis donc, l'endormi... c'est à cette heure-ci qu'on se réveille ? » Le monde bascula avant qu’il ne parvienne à rassembler ses pensées, alors que l’ombre de l’enfant, d’Henry, s’étiolait pour ne laisser que l’écho d’un rêve à la saveur déjà affadie par le temps. Et là, seulement là, les mots s’agencèrent pour avoir du sens, les souvenirs se rassemblèrent et Calixte regarda son grand-frère. « Ils t'ont retiré l'assistance respiratoire hier, tu risques d'avoir mal à la gorge pendant un moment... comment tu te sens ? » Sa voix ne fut qu’un coassement : Ed… avant qu’il ne tente de lever la main pour agripper le poignet de son frère. Ed…. Comment se sent-il ? Mal. Je… j’ai envie de vomir, je… Réveil brutal. Me laisse pas Qu’il souffla, encore, alors que dans la pièce arrivaient des médecins qui menacèrent de l’écarter d’Edward pour mieux s’assurer que tout allait bien.

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Deux heures. Cela faisait deux heures que Calixte était sorti des limbes. Deux heures et il se retrouvait à nouveau seul face à son frère, ayant été incapable de le lâcher depuis son réveil, comme un enfant agrippé à son protecteur. Calixte était terrifié. Terrifié par son impuissance, terrifié par l’absence de sensation dans la plupart de ses membres, terrifié par la maladresse de ses gestes, par l’épuisement que le seul fait de respirer pouvait provoquer. Terrifié par tout ce qu’il n’avait pas réussi à comprendre de ce qu’on lui avait dit. Terrifié, aussi, de ne pas savoir. Les médecins lui avaient tourné autour, pour vérifier que tout allait bien. Ils avaient voulu le faire parler, tester ses réflexes, ses souvenirs, Calixte, lui, n’avait voulu qu’être seul. Avec Edward. Bien sûr. La porte se referma sur l’infirmière qui avait veillé à ce qu’il soit correctement installé, Calixte ferma un instant les yeux. Qu’est-ce qu’il s’est passé, Ed ? Combien de temps… qu’est-ce qu’ils… Qui ? Qui, qui avait fait ça ? Calixte voulut tendre la main vers un verre d’eau déposé à son attention, son geste tremblant et affaibli ne fit que percuter le verre sans pour autant réussir à l’agripper, juste à glisser le long de la paroi pour créer de petites vagues à la surface. Calixte retint des jurons en se mordant la lèvre, trop fier pour demander de l’aide.

 
 by marelle  

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Ven 24 Aoû - 12:34
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Edward & Calixte






Beaucoup d'émotions animaient Edward lorsqu'il se retrouvait en présence de son frère. Agacement, mépris, colère, rage... la plupart du temps, tout n'était que négativité dès qu'ils se retrouvaient dans la même pièce. Mais c'est fois, lorsque Calixte ouvrit les yeux et articula quelques mots, Edward fut pris d'un immense soulagement. Peu importaient les disputes, mésententes et brimades, Calixte était en vie et réveillé. Lorsqu'il tâtonna et lui agrippa le poignet, Edward pris la main de son frère pour lui montrer qu'il était là.

« Reste calme, ça va aller... je ne vais pas te laisser, je te le promets. Le médecin devrait bientôt être là. »

Et il s'écoula deux heures avant que Calixte n'émerge véritablement. Malgré ses protestations, Edward fut prié de reculer pour que le médecin puisse s'assurer du bon état de santé de son frère. Il semblait cohérent dans ses propos, un peu vaseux mais bien là et Edward en fut soulagé. On lui assura que Calixte retrouverait rapidement une grande partie de ses capacités mais Edward ne pouvait s'empêcher d'être pessimiste. Et s'il gardait des séquelles ? Tant de temps sans bouger, peut-être n'arriverait-il plus à marcher ou à se mouvoir comme avant ? Peut-être aurait-il des séquelles neurologiques ? On lui assura que des examens seraient pratiqués et qu'un scanner du crâne de son frère serait réalisé dans les plus brefs délais pour s'assurer qu'aucun dégât irréversible ne viendrait entacher son réveil si prometteur. Refusant catégoriquement de laisser son frère seul, Edward insista pour rester et, tandis qu'une infirmière finissait d'aider Calixte à caler son dos contre les oreillers dans une position assise plus confortable, l'aîné remplit un verre d'eau qu'il lui tendit. Sans la moindre moquerie, il l'aida à refermer ses doigts tremblant autour du gobelet en prenant garde à ne pas le noyer tout de suite. S'hydrater était une bonne chose, l'achever une moins bonne. Après le long silence qui avait suivi le départ des infirmières et du médecin, Calixte se décida à poser les questions, les fameuses questions auxquelles Edward n'était pas certain d'avoir envie de répondre. Il reposa le gobelet sur la table de chevet et se passa une main sur le visage en soupirant.

« Il y a quelques semaines, j'ai été mandaté par la procureure du district pour enquêter sur une affaire d'overdoses et de morts mystérieuses... tu sais, la fameuse affaire du Poison Prince. Il s'avère que ce type est parvenu à s'introduire à ta fête d'anniversaire malgré les contrôles. Personne ne sait qui il ou elle est, ni à quoi il peut bien ressembler, c'est... tous les portraits robots que nous avons sont différents. »

Ses poings se crispèrent. C'était bien ça le plus frustrant : le type était inconnu au bataillon, invisible... il devait bien rire, depuis sa cachette de lâche !

« Quand la police est arrivée sur les lieux, elle n'a trouvé que des gens malades et quelques rares invités qui s'en sont sortis indemnes... d'ailleurs, Alice en fait partie, Dieu soit loué. Elle s'en est sortie avec une bonne frayeur, mais... cinq invités n'ont pas eu cette chance, je suis désolé, Cal... »

Edward savait que son frère avait invité la moitié de Newcastle et que par conséquent, certains invités étaient de parfaits inconnus, mais il savait aussi que Calixte lui parlait peu de ses amis. Par conséquent, il était possible que parmi les morts, il y ait des amis proches.

« Quand tu iras mieux, je te donnerai la liste des victimes dressée par la police, je... nous leur avons déjà adressé des gerbes de fleurs et nos condoléances avant les funérailles. Si... si tu as les noms de personnes dont tu souhaites connaître l'état de santé, j'en ai quelques uns en tête. »

Ça aussi, c'était un choc auquel Calixte allait devoir faire face... les jours, les semaines passées dans le coma.

« J'imagine que tu aurais préféré le faire toi-même mais... tu es resté dans le coma pendant 14 jours, Cal et je... les Cavendish ont proposé leur aide mais je n'ai pas pu m'y résoudre. Je suis désolé... les enquêteurs ont la preuve que ce Poison Prince est un mutant, je n'ai pas voulu prendre de risque. »

D'autres lui en auraient sûrement voulu mais pas Calixte, Edward en était certain. Il lui en aurait en réalité voulu d'avoir fait appel à d'autres mutants.

« Ça ne restera pas impuni, tu peux me croire... »

De l'incapable qui avait fait entrer le meurtrier au moindre de ses complices, tous tomberaient, Edward en faisait la promesse. L'ennui, c'était que sa façon à lui de voir les choses impliquait un procès et une condamnation pour meurtre... à savoir, des années derrière les barreaux. La justice de Calixte, elle, serait sûrement bien plus expéditive.

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Jeu 6 Sep - 0:06
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   edward & calixte
 
 
 
Calixte se noyait, se noyait dans la douleur anesthésiée de ses muscles, dans la respiration pénible qui irritait sa gorge, dans l’affluence de sons, d’odeurs, de lumière qui saturaient ses sens, dans sa terreur qui pressait sa cage thoracique comme une main de plomb. Calixte se noyait, suffoquait, et dans la tempête, tous ses réflexes ne le menèrent qu’à un seul port, comme un ancrage imprimé dans son esprit, un conditionnement martelé, répété, qui lui chuchotait qu’à tout problème, Edward aurait la solution. Edward dont il tenait la main, avec toute la force - maigre - qu’il parvenait à rassembler, pour ne pas le laisser s’éloigner, pour ne pas risquer de dériver à nouveau. « Reste calme, ça va aller... je ne vais pas te laisser, je te le promets. Le médecin devrait bientôt être là. » Calixte s’accrocha à la certitude qu’Edward disait la vérité avec l’énergie du désespoir. Il s’accrocha, physiquement à son frère, il s’accrocha à cette conviction, il s’accrocha à cette promesse, il s’y accrocha durant tous les examens qu’on lui imposa, ces injonctions qu’on lui fit, avec un regard angoissé en direction de son grand frère quand les médecins les séparèrent le temps de quelques minutes. Le temps d’une éternité.

Le temps de deux heures, de deux trop longues heures, le temps que Calixte puisse se reconnecter avec la réalité, recommencer à respirer, contempler l’étendu des dégâts causés à son organisme en l’espace de quelques secondes, en l’espace de trop de jours passés dans le coma. Lorsque les médecins sortirent de la pièce, arrachant à Edward la promesse de laisser le cadet Seymour se reposer et de les appeler au moindre problème, Calixte ferma les yeux. Se surprit à écouter le bruit de sa respiration, aussi laborieuse que libératrice. Se surprit à écouter le bruit de la respiration de son frère, également. Se surprit, enfin, à être terrifié. Véritablement terrifié. Nulles ténèbres en étaient la cause, aucun mutant tournant autour de lui ne pouvait en être jugé responsable : les seules causes de la terreur qui tétanisait Calixte à cet instant, c’était le contre-coup, le contre-coup d’un coma dont les rares souvenirs qu’il en avait s’étiolaient de plus en plus pour se dissoudre dans le néant de son effroi. Calixte rouvrit les yeux, inspira, organisa ses pensées alors que ses doigts, et sa main, incapables de mobiliser la moindre force, peinaient à se refermer autour du verre d’eau qu’on avait posé à son intention. Les doigts d’Edward enveloppèrent les siens, guidèrent le verre jusqu’à ses lèvres, Calixte lutta pour étouffer la fierté qui lui hurlait de ne pas céder de la sorte au ridicule. Il lutta, le temps d’une gorgée, pénible. D’une deuxième gorgée, plus laborieuse encore. D’une troisième, qui le poussa à tousser, à s’étouffer, relâchant le verre, épuisé. Calixte se laissa retomber sur les oreillers. Ferma à nouveau les yeux, pour ne pas avoir à regarder son frère dans les yeux. Que s’était-il passé, au juste ? Il ne se souvenait que de bribes, il ne se souvenait que… d’échos. « Il y a quelques semaines, j'ai été mandaté par le procureur du district pour enquêter sur une affaire d'overdoses et de morts mystérieuses... tu sais, la fameuse affaire du Poison Prince. Sans ouvrir les paupières, Calixte acquiesça ; oui, il savait. Il savait même très bien, désormais, de quoi cette affaire pouvait relever. Il s'avère que ce type est parvenu à s'introduire à ta fête d'anniversaire malgré les contrôles. Personne ne sait qui il ou elle est, ni à quoi il peut bien ressembler, c'est... tous les portraits robots que nous avons sont différents. » Lentement, les informations s’organisèrent, s’assemblèrent en quelque chose de cohérent. Lentement, trop lentement. Vous ne savez… on ne sait… toujours rien ? Il avait du mal à articuler, et se demanda même si ses propos avaient ne serait-ce qu’été audibles alors qu’Edward poursuivait, avec ce côté lapidaire, succinct et précis que Papa leur avait inculqué à tous les deux lorsqu’il s’agissait de faire des rapports, d’être rigoureux jusque dans le résumé d’événements. « Quand la police est arrivée sur les lieux, elle n'a trouvé que des gens malades et quelques rares invités qui s'en sont sortis indemnes... d'ailleurs, Alice en fait partie, Dieu soit loué. En écho, les lèvres du cadet articulèrent un Deo gratias des grandes occasions. Elle s'en est sortie avec une bonne frayeur, mais... cinq invités n'ont pas eu cette chance, je suis désolé, Cal... » Ses prunelles brunes s’ouvrirent brusquement. Le calme de Calixte s’envola. Il voulut se redresser, son corps le rappela à l’ordre et le cloua aux oreillers, allongé. Par… pardon ? Il y a eu des… il… Son surnom, le surnom que ses amis les plus proches lui donnait, était tâché de gravité entre les lèvres du futur duc, du fils aîné, de celui qui, d’ordinaire, se bornait à l’appeler Henry comme pour mieux l’irriter. Son surnom plus que tout le reste confirma à Calixte que non, Edward ne mentait ni ne plaisantait. Et que oui, s’il avait visiblement été sévèrement touché, s’il y avait encore des doutes sur le bon fonctionnement de ses muscles, sur le bon fonctionnement de ses jambes, de ses bras, de ses quatre membres, Calixte ne faisait pas partie des malchanceux. Le poids de la culpabilité n’était pas étranger à son immobilité, à son incapacité à s’asseoir.

Je suis désolé. Sa main trembla quand il en serra le poing, prenant une grande inspiration – ou ce qui s’en approchait – pour refouler jurons et larmes. Qui ? voulut-il articuler : Edward avait devancé sa question. « Quand tu iras mieux, je te donnerai la liste des victimes dressée par la police, je... nous leurs avons déjà adressé des gerbes de fleurs et nos condoléances avant les funérailles. Si... si tu as les noms de personnes dont tu souhaites connaître l'état de santé, j'en ai quelques-uns en tête. » Les funérailles. Liste des victimes. Etat de santé. Calixte resta silencieux, incapable de réfléchir aussi loin, alors que foule de noms et de prénoms s’agglutinaient dans son esprit et réclamaient des réponses. Avant les funérailles Plutôt que de se prêter au jeu du qui est-ce des différentes victimes de son anniversaire, Calixte s’accrocha à cette temporalité aussi floue qu’inquiétante. Combien de… Et encore une fois, Edward le devança. « J'imagine que tu aurais préféré le faire toi-même mais... tu es resté dans le coma pendant 14 jours, Cal et je... les Cavendish ont proposé leur aide mais je n'ai pas pu m'y résoudre. Je suis désolé... les enquêteurs ont la preuve que ce Poison Prince est un mutant, je n'ai pas voulu prendre de risque. Ça ne restera pas impuni, tu peux me croire... » Quatorze jours. Quatorze jours… deux semaines… Il répéta le nombre pour s’en imprégner. Lentement. Laissant les conclusions remonter à la surface de son esprit aussi logique qu’empêtrer dans la poix de sa léthargie. … les funérailles ont déjà eu lieu. Quatorze jours, bonté divine, quatorze j… Attends…

Il avait l’impression que son esprit était réellement plongé dans un liquide dense qui l’empêchait de réfléchir comme il le fallait. Les Cavendish ? Ils… ne t’excuse pas, je t’aurais haï si tu les avais laissé poser leurs sales pattes dégénérées sur moi… Et encore, Calixte se trouvait poli.  Ses yeux frôlèrent le plafond, dérapèrent sur les fleurs et les cartes posées en ordre sur une table, plus loin, avant de s’arrêter sur une photographie de toute la famille Seymour. Quatorze jours de sa vie avaient disparu. Et avec eux… Papa ? Comment va Papa ? Il chercha des réponses dans les yeux d’Edward, des réponses à ses questions chancelantes. A ses propos à la cohérence discutable. Il faut payer les hospitalisations de ceux qui n’ont pas accepté, et il faut… Cyrus, Helena… Edward lui avait demandé une liste, non ? Les prénoms les plus évidents étaient là. Et la certitude que s’il leur était arrivé quoique ce soit, Edward ne le lui aurait pas caché. Calixte plissa les yeux. S’éloigna de l’attendu. Pour se concentrer plutôt sur ceux qu’Edward ne pouvait pas connaître, sur celle à qui il ne devait pas s’être intéressée. Pandora… Pandora O’Sullivan. C’est… c’était une invitée. Une invitée qui… Renseigne-toi sur Pandora. Il déglutit. Je veux la liste. Complète. Et… et les noms de ceux qui ont accepté l’offre, et de ceux qui… Il va payer. Ses doigts voulurent attraper le poignet d’Edward, voulurent le serrer avec force pour mieux attirer son attention, pour mieux appuyer la volonté franche et brutale de Calixte. Il faut qu’on se mobilise. Qu’on mobilise tout. Il faut le retrouver. Et le tuer. C’est… c’est pour ça que Papa est un Lord, c’est pour ça que tu seras duc, c’est notre devoir, Ed. Promets-moi de tout mettre en branle pour le retrouver. Parce que moi, quelle que puisse être la position des Veilleurs après ça, je mettrai tout en œuvre pour lui faire payer : les yeux de Calixte achevèrent sa phrase.  

 
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Edward & Calixte






Edward regrettait profondément de n'avoir aucune réponse satisfaisante à donner à son frère et lui-même était terriblement contrarié de ne pas savoir à quoi pouvait ressembler le monstre qui s'était introduit au Cosmic Ballroom. Las, Edward secoua la tête.

« On ne sait rien, non. On soupçonne très fortement un mutant et je doute qu'il ait pu entrer, agir et sortir sans un minimum d'aide. À mon avoir un complice parmi les employés de la sécurité. Tu les connais bien ? »

Mais le plus grave, c'était ces noms désormais gravés sur des pierres tombales, ces personnes qui n'avaient pas eu autant de chance qu'Alice ou Calixte, ceux qui n'étaient pas sortis vivants de la boîte de nuit. La plupart n'avaient d'ailleurs qu'une trentaine d'années ou moins, certainement pas un âge correct pour mourir. Edward aurait aimé dire à son frère que tous étaient sains et saufs, qu'il n'y avait qu'un peu de casse à déplorer mais il ne pouvait se permettre de mentir à son frère sur ce point. Plus vite Calixte saurait, plus il aurait de temps pour encaisser les choses. Son frère n'était pas un amateur du « annonçons les mauvaises nouvelles au fur et à mesure », il était plutôt amateur du « crachons le morceau le plus vite possible ». Tout ce qui pouvait rassurer Calixte, c'était qu'Alice allait bien, Helena également, Kaisa aussi, Cyrus n'avait pas été blessé... toutes les personnes de leur monde et dont Edward connaissait l'existence allaient bien, fort heureusement.

« Je... nous sommes le 14 mars, Cal, les médecins ont jugé bon de ne pas tenté de te sortir trop vite du coma, au risque d'aggraver ton cas. En réalité, ils ne savent pas réellement à quoi il était dû, c'est simplement comme si tout son corps s'était brutalement mis en veille. »

Et s'il y avait bel et bien un mutant dans l'histoire, ce n'était pas si étonnant que les médecins soient démunis : qui pouvait savoir à quel point l'organisme de Calixte avait été atteint ? Si Edward était heureux de le voir à nouveau éveillé, il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter : et si un mal plus sournois et invisible lui avait été transmis et dormait encore en attendant son heure ? Une chose était certaine, Calixte aurait plus que jamais son frère sur le dos pendant six mois au moins. Après tout, il venait littéralement de perdre 14 jours de sa vie. 14 double tours de cadran durant lesquels il avait dormi, 14 révolution terrienne qui s'étaient évaporées en un claquement de doigts. Edward savait qu'à la place de son frère, il aurait été fou, tant le contrôle constant de son existence était important pour lui. Et puis il fut question des Cavendish et Edward sentit un frisson de dégoût lui parcourir l'échine.

« Tu me rassures, en disant ça... ils sont venus avec toute la mièvrerie du monde sur le visage, peut-être nous ont-ils cru désespérés à ce point, je ne sais pas. Toujours est-il que je trouve leur comportement très suspect. »

Et puis, Edward sentit son frère s'agiter, les appareils s'emballèrent et il dû poser une main sur son épaule pour le contraindre au calme.

« Calme-toi ! Tout va bien, père va bien... il est fatigué et se fait du souci pour toi mais il est soulagé de te savoir réveillé, je l'ai eu au téléphone tout à l'heure. Quant à Helena, Cyrus, Alice, Kaisa... ils vont tous bien, je t'assure, ils ont tous quitté l'hôpital depuis bien longtemps. »

Edward se força à sourire alors que le sérieux le contraignait depuis le début à une mine d'enterrement et il cru sincèrement avoir rassuré son frère, mais lorsque celui-ci prononça un nom qui lui était totalement étranger, Edward écarquilla les yeux. O'Sullivan ? Jamais il n'avait entendu parler de cette fille et se demandait bien pourquoi son frère semblait si paniqué à l'idée qu'il lui soit arrivé quelque chose. À tous les coups, ce devait être la nunuche qui partageait son lit et comme d'habitude, Calixte s'attachait et se détachait aussi vite, à tel point que son frère avait toujours eu du mal à suivre ses affaires de cœur. De bonnes grâce, Edward réfléchit mais ne parvint pas à relier le nom à quoi que ce soit.

« Hum... à vrai dire, non. Je ne me souviens pas d'avoir vu son nom parmi ceux qui ont été admis ici mais peut-être a-t-elle été transférée dans un autre hôpital ? Je vérifierai. »

Pour le bien de son frère, Edward espérait que l'inconnue soit encore en vie car il n'avait absolument pas envie de gérer la culpabilité qui devait de toute manière déjà peser sur les épaules de Calixte. Il s'en souviendrait, de son trentième anniversaire... Alors qu'il réfléchissait, Edward sursauta en sentant les doigts glacés et tremblant de son frère enserrer son poignet. Il avait déjà vu cet éclat dans les yeux de Calixte et il n'aimait pas ça. Calixte était impulsif, sanguin, avait été entraîné par les Howard là où Edward avait appris la diplomatie et la patience auprès de leur père. C'était deux points de vue et deux caractères différents qui allaient s'opposer et s'entrechoquer quoi qu'il arrive.

« Du calme, Cal ! Si tu ne te calmes pas tout de suite, j'appelle l'infirmière. Le médecin t'a dit de te reposer, je m'en vais, sinon ! »

Et il savait que la menace ferait son effet, pour une fois.

« Tu ne vois pas qu'en brandissant les armes et en montant au créneau on joue probablement son jeu ? Depuis des années, des gens comme les Cavendish rêvent de voir notre existence révélée au grand jour et nous ne sommes pas des chasseurs sans cervelle. Notre rôle est de veiller à l'équilibre et cet équilibre ne sera pérenne que si l'on agit prudemment. Crois-moi, j'ai vraiment voulu le voir mort, j'ai voulu l'étrangler de mes propres mains mais... ça ne servirait à rien. »

Et il savait que Calixte ne tarderait pas à répliquer et à le traiter de lâche ou d'idiot, c'est pourquoi Edward pris les devants en poursuivant.

« Si ce type n'est qu'un pion parmi tant d'autres, le tuer nous ôtera une occasion de démanteler un réseau plus grand. Ce qu'il faut, c'est découvrir qui il est, l'arrêter, lui présenter les preuves accablantes que l'on a contre lui et lui proposer un marché en échange de sa coopération. De toute manière, il finira ses jours en prison quoi qu'il arrive. »

Edward croyait dur comme fer à la justice de son pays, il avait été forgé dedans, œuvrait en son sein et s'il avait conscience de souvent défendre d'immondes ordures, il savait aussi que tout monstre devait pouvoir prétendre à un procès équitable et non à une exécution sommaire.

« Pour l'amour du Ciel, Calixte, jure-moi que tu n'iras pas faire justice toi-même... la situation est déjà très délicate, personne n'arrive à se mettre d'accord chez les Veilleurs et notre famille risque de finir déchirée entre les plus radicaux et ceux qui croient à l'équilibre. Je veux que ce type paye mais je refuse que nous entrions dans son jeu. »

Et en disant cela, Edward était on ne peut plus sérieux. Il refusait de voir des siècles d'équilibre voler en éclats à cause d'un seul fou. Restait à savoir si Calixte était capable de tempérer sa colère.

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Sans grande surprise, Calixte avait bien du mal à réfléchir. Le fil de ses pensées s’emmêlait entre ses doigts, se nouait, se dénouait, lui échappait des mains dès qu’il laissait son attention osciller un seul instant, et diantre que c’était fréquent. Sans grande surprise, Calixte était dépassé. Par la fatigue, par la douleur tenue à distance, par les propos d’Edward, par la présence et l’inquiétude d’Edward, par la panique qui lui enserrait la poitrine. « On ne sait rien, non. On soupçonne très fortement un mutant et je doute qu'il ait pu entrer, agir et sortir sans un minimum d'aide. À mon avoir un complice parmi les employés de la sécurité. Tu les connais bien ? » Calixte secoua la tête, épuisé de devoir réfléchir, mobiliser sa concentration, ses souvenirs, alors que l’enfant hurlait encore dans sa tête qu’il était temps de se réveiller. Encore. Etait-il réveillé ? Le monde était trop brillant, trop assourdissant, trop fatigant pour que ce ne soit pas le cas. Il avait la gorge sèche, les mains tremblantes, les yeux humides, et sur le visage cette hébétude qui n’arrivait pas à disparaître. Est-ce qu’il connaissait bien les employés de la sécurité ? IL plissa les yeux, chercha à se remémorer les jours qui avaient précédé l’agonie de février pour se replonger dans l’organisation de la soirée. Non, c’est… c’était… le Cosmic Ballroom avait… ça… c’était proposé… ; impossible pour lui d’aller plus loin dans ses phrases, il n’y avait plus qu’à espérer qu’Edward était suffisamment attentif pour comprendre où son petit frère voulait en venir. Tout le dispositif de sécurité avait été vu conjointement entre le Cosmic Ballroom et la municipalité, Calixte avait délégué cette partie de l’organisation pour se contenter de parapher les bas de page en guise d’assentiment. Il ne les connaissait pas, il avait juste fait confiance à la boite de nuit, à ses employés et son expertise dans le domaine. Tout le reste… se mélangeait. Toutes les informations fournies par Edward commençaient à se mélanger. Comme ces quatorze jours partis en fumée, envolés, irrémédiablement perdus, perdus dans les limbes qui déjà lui échappaient, bon sang, comme autant de souvenirs égarés et dilués dans la fatigue. Calixte paniquait. Calixte perdait pied. Et plus Edward parlait, moins tout cela n’avait de sens. La police piétinait. Il y avait eu des morts. Le Poison Prince avait bel et bien agi cette nuit-là. Les funérailles avaient déjà eu lieu. Edward avait été mandaté par le procureur pour enquêter sur cette affaire des mois plus tôt. Alice s’en est sortie indemne. Et Helena ? Et Pandora ? Et Kaisa ? Et tous ceux que Calixte avait personnellement invité, tous ceux qui étaient venus pour lui, et qui était ressorti sur des civières, sous des suaires ? Calixte commença à hyperventiler, dans des propos à l’élocution et à l’articulation qui se faisaient hésitante. Des questions qui n’avaient de sens que dans le contexte précis où elles étaient posées, mais qui n’arrivaient qu’avec du retard. Il avait du mal à réfléchir, il avait du mal achever ses phrases, à achever ses mots. Et quand il parvenait à enchaîner les syllabes, c’était pour s’effondrer devant leur signification. Deux semaines. Des morts. Des funérailles. Des blessés. Des blessés encore. Et tout le reste. Quand tu iras mieux. L’orgueil de Calixte voulut le pousser à protester qu’à partir du moment où il était réveillé, c’était qu’il allait mieux mais… « Je... nous sommes le 14 mars, Cal, les médecins ont jugé bon de ne pas tenter de te sortir trop vite du coma, au risque d'aggraver ton cas. En réalité, ils ne savent pas réellement à quoi il était dû, c'est simplement comme si tout son corps s'était brutalement mis en veille. » Il laissa retomber sa tête contre l’oreiller.  Connard… Voilà au moins un mot qu’il lui était facile de prononcer. Connard, juste deux syllabes et recouvrant tant de choses. Il visait le Poison Prince, bien évidemment, il visait celui qui avait endommagé son organisme, qui avait foutu en l’air des mois de préparation, qui avait coupé court à la soirée. Il visait également les Cavendish qui, d’après les dires d’Edward, en avaient profité pour avancer leurs pions sur l’échiquier, avec brio il fallait le reconnaître. Au moins, Edward et Papa avaient-ils eu la présence d’esprit de refuser qu’ils ne le touchent. Calixte préférait, et de loin, avoir sacrifié deux semaines de sa vie, de ses trente ans tout juste fêtés, plutôt que d’avoir une dette envers des mutants et, plus encore, envers ces mutants-là, qui se pavanaient sous les yeux des Veilleurs depuis bien trop d’années et en les narguant de leurs sourires affichés, de leurs tatouages revendiqués. « Tu me rassures, en disant ça... ils sont venus avec toute la mièvrerie du monde sur le visage, peut-être nous ont-ils cru désespérés à ce point, je ne sais pas. Toujours est-il que je trouve leur comportement très suspect. » Suspect ? Ce ne serait pas ainsi que Calixte l’aurait qualifié, mais il n’avait entre les mains qu’une seule pièce d’un puzzle beaucoup plus grand. Et la capacité d’analyse d’un enfant de cinq ans. Il déglutit, péniblement, pour humidifier des voies respiratoires légèrement endommagées par l’assistance. Méprisables, j’aurai même dit. Ou même… dé… dé… oh fuck Les mots lui échappaient, encore. Il se passa une main lasse sur le visage et choisit de se réjouir de s’être réveillé avec Edward à son chevet et non Papa ou…

Les moniteurs s’emballèrent au même moment que son rythme cardiaque. Dans la léthargie de sa conscience, l’inquiétude se réveilla avec brutalité, le poussa à s’agiter tout aussi brusquement. Papa, Papa était malade, très malade, trop malade, et si… et si… Et il y avait eu des morts, et… Il agrippa la main d’Edward posée sur son épaule, pour se redresser et le regarder dans les yeux. Comment… « Calme-toi ! Tout va bien, père va bien... il est fatigué et se fait du souci pour toi mais il est soulagé de te savoir réveillé, je l'ai eu au téléphone tout à l'heure. Quant à Helena, Cyrus, Alice, Kaisa... ils vont tous bien, je t'assure, ils ont tous quitté l'hôpital depuis bien longtemps. » La panique de Calixte reflua, légèrement, si légèrement. Dans son esprit, la ronde des noms, des prénoms, recommença à s’agiter, à se moquer de lui, avec toujours le même qui revenait, inlassablement, comme une tentation grandissante de l’adjoindre à la liste de tous ceux déjà prononcés. Seulement… autant Edward connaissait les autres, autant normalement, Pandora n’était toujours qu’une illustre inconnue à ses yeux. Et si Calixte avait été un peu plus lucide, un peu plus reposé, un peu plus alerte, jamais il n’aurait couru le risque de la mettre entre les pattes de son frère. Sauf que Calixte venait de sortir du coma. Sauf que Calixte avait peur. Sauf que Calixte ne pouvait détacher son esprit de la possibilité que parmi les cinq décès, l’un d’eux concerne une violoncelliste. Son cœur s’emballa à nouveau, ses doigts se crispèrent autour du poignet d’Edward, par crainte qu’il ne disparaisse, qu’il ne s’échappe sans lui donner de réponse.

Helena, Cyrus, Alice, Anthony… tous les veilleurs, toutes les plus proches connaissances de Calixte Seymour avaient été passés en revue, et allaient bien. Oui. Et Pandora ? Le temps que passa Edward à réfléchir se fit interminable. « Hum... à vrai dire, non. Je ne me souviens pas d'avoir vu son nom parmi ceux qui ont été admis ici mais peut-être a-t-elle été transférée dans un autre hôpital ? Je vérifierai. » Sa poigne se raffermit. Ça ne lui suffisait pas, de simples souvenirs ne lui suffisaient pas. De simples hypothèses ne lui suffisaient pas. Il voulait des réponses, il voulait que le coupable paye, il voulait que les veilleurs se rassemblent et sortent enfin de leur retranchement fortifié pour attaquer, pour contre-attaquer, pour prendre les devants et commencer enfin à agir concrètement. Il voulait des réponses franches, des réponses fermes, des… « Du calme, Cal ! Si tu ne te calmes pas tout de suite, j'appelle l'infirmière. Le médecin t'a dit de te reposer, je m'en vais, sinon ! » Le regard de Calixte se durcit.

Au moins, les menaces n’avaient pas trop tardé à arriver, pour mieux replacer les deux frères dans le contexte de leur complicité inexistante. Elles firent toutefois leur effet, et la main de Calixte retomba sur le matelas, tout comme ses épaules et sa nuque privées de toute force. Je me calme, je me calme… Et il se calma, avec mauvais volonté. « Tu ne vois pas qu'en brandissant les armes et en montant au créneau on joue probablement son jeu ? Depuis des années, des gens comme les Cavendish rêvent de voir notre existence révélée au grand jour et nous ne sommes pas des chasseurs sans cervelle. Notre rôle est de veiller à l'équilibre et cet équilibre ne sera pérenne que si l'on agit prudemment. Crois-moi, j'ai vraiment voulu le voir mort, j'ai voulu l'étrangler de mes propres mains mais... ça ne servirait à rien. » Calixte cessa de tenter de protester avec une vitalité qu’il n’avait pas, et se contenta de mobiliser ses forces dans son regard, un regard chargé de colère, de mécontentement et de désaccord. Couille-molle… Ils avaient joué au chat et à la souris suffisamment longtemps. Edward ne voyait-il pas que les Cavendish avaient fait quelque chose comme… comme dévoiler leur jeu, en commençant par se placer sur le devant de la scène avec leurs mutations, puis en mettant en valeur les aspects positifs d’une telle chose ? Il allait rajouter quelque chose, mais Edward prit les devants en rajoutant sans plus tarder : « Si ce type n'est qu'un pion parmi tant d'autres, le tuer nous ôtera une occasion de démanteler un réseau plus grand. Ce qu'il faut, c'est découvrir qui il est, l'arrêter, lui présenter les preuves accablantes que l'on a contre lui et lui proposer un marché en échange de sa coopération. De toute manière, il finira ses jours en prison quoi qu'il arrive. »

En prison ? Il cracha le mot avec colère et écœurement. Si Edward avait longtemps fait ses classes au sein des Veilleurs avec les Percy et le reste de la famille Seymour, avec les mous et les indécis, les neutres et les modérateurs, c’était avec les Howard que Calixte avait canalisé sa colère d’une passion et d’une vocation abandonnées, c’était dans les bras d’une Howard qu’il avait retrouvé son équilibre et justifié l’abandon de l’alto pour des études plus conventionnelles. Refuser le LSO pour, en définitive, refuser d’accomplir ce qui devait d’être accompli en se réfugiant derrière des soucis de lois et d’éthique, très peu pour lui. Piétiner le meurtre d’Abi pour sauver la vie d’un connard qui l’avait mis dans le coma ? Très peu pour lui également. Non. Le Poison Prince, ou qui que pouvait être le responsable de l’attaque du Cosmic Ballroom n’avait rien à faire en prison. Et… « Pour l'amour du Ciel, Calixte, jure-moi que tu n'iras pas faire justice toi-même... la situation est déjà très délicate, personne n'arrive à se mettre d'accord chez les Veilleurs et notre famille risque de finir déchirée entre les plus radicaux et ceux qui croient à l'équilibre. Je veux que ce type paye mais je refuse que nous entrions dans son jeu. »

Calixte considéra son frère avec un mélange de colère brute, de déception et de mépris. Autant d’émotions qui s’effritèrent bien vite sous la fatigue. Quand il s’exprimait de cette manière, quand Edward sortait de sa réserve habituelle, de cette réserve qu’il affichait d’ailleurs devant Papa, quand il cessait de raser le sol pour coller à tout ce qu’exigeait le statut de fils parfait, dans ces moments-là, oui, Calixte pouvait presque admettre qu’Edward pourrait faire changer les choses et imprimer sa marque en tant que duc le moment venu. Mais ça ne changeait rien au fond du problème : Bon sang, tu te caches derrière un pseudo discours pacifique, mais quand est-ce que tu vas ouvrir les yeux ? La situation n’est délicate que parce qu’on l’a laissé s’installer. Pas plus tard que le… qu’il… La temporalité des événements filait entre ses doigts comme l’eau d’un ruisseau : Calixte rendit les armes. Quand… Jeremy a refusé de prêter main fort à la police pour retrouver ce connard sous prétexte que la situation était trop délicate pour qu’on risque d’y tremper un orteil. Et maintenant c’est… et mainte… Sa poitrine se paralysa, le coupant dans sa colère et sa tirade qui avait pourtant bien démarré. Calixte partit dans une quinte de toux qui, une fois passée, le laissa complètement désarçonné. Et perdu. Qu’était-il en train de dire ? Ah oui, c’était lui qui maintenant faisait les frais de la politique de l’autruche qu’ils avaient adopté, en se concentrant sur ce qui semblait, à l’époque, être plus important : poser des pions sur le long terme, et jalonner la route de toutes ces petites avancées qui permettront à l’avenir une législation sévère pour contraindre les mutants.

Faire justice nous-mêmes, c’est justement ce pour quoi nous sommes là, Ed’. Pour ces dégénérés, la justice humaine ne fonctionne pas, ils ne sont plus humains comme nous. Va donc foutre en taule un intangible, je veux bien t’y voir ! Et essaye de raisonner un mec qui contrôle tes pensées ? Tant qu’on aura pas mis au point de quoi les… les… Le mot lui échappait, encore une fois. Calixte soupira. La Veille est là pour ça, justement. Intervenir, faire les choix difficiles, pour protéger une population qui n’est pas prête à gérer ce genre de tarés.. Même si, en l’occurrence, abattre de ses mains le responsable de tout ça… à cette idée, Calixte ne voyait pas la moindre difficulté. C’est toi qui vas tous nous déchirer, avec tes idéaux à la con. Est-ce que si je ne m’étais pas réveillé, tu aurais supporté l’idée de le laisser s’échapper ? Ou plus simple : est-ce que tu crois que si Alice avait été à ma place, tu aurais tenu le même discours ?

 
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Ven 9 Nov - 22:16
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Edward & Calixte






George Seymour avait toujours eu une notion bien à lui de l'éducation. Père sur le tard, il avait confié à son aîné la responsabilité de prendre soin de son frère et de sa sœur, faisant d'Edward un enfant prématurément responsable. S'il pouvait se vanter d'avoir fait de son héritier un homme droit et mature pour son âge, George avait aussi brisé ce qui aurait dû être une fraternité normale et équilibrée entre Edward et son frère. Parce que c'était ça, l'ennui, le caillou dans leur chaussure, l'épine fichée dans la paume de leur main... Edward ressemblait plus à un gardien de prison pour Calixte qu'à un frère et lui-même en souffrait sans pour autant parvenir à se soustraire aux commandements de son père. George lui avait demandé d'être conciliant avec son frère, Edward avait parfois du mal à l'être, il lui avait demandé d'être ferme, Edward se demandait bien pourquoi c'était à lui de l'être et surtout, George avait creusé et entretenu entre eux un fossé qui se comblerait jamais. Les deux frères avaient même fini par prendre le relais du père, grignotant petit à petit les abords du fossé pour le transformer en ravin infranchissable. Alors oui, souvent, Edward aurait aimé avoir une relation normale avec son frère. Il aurait aimé pouvoir l'appeler, discuter de tout et rien, pouvoir lui confier ses ennuis, ou simplement pouvoir rire avec son frère. Seulement, ces petites choses banales et ordinaires étaient impossibles et inenvisageables. Edward jalousait son frère à s'en rendre malade, jalousait sa désinvolture, sa place de second, jalousait son aisance et voyait les restes d'un amour fraternel piétinés par cette jalousie malsaine et le mépris qu'il s'évertuait à lui servir à chacune de leur conversation. Si encore ils avaient pu se soutenir, se dresser face à leur père... mais face à la haine que son frère éprouvait à son égard et contraint par sa propre arrogance, Edward était pieds et poings liés.

Il n'y avait bien que l'angoisse et l'inquiétude qui le rendaient soudain plus conciliant envers son frère, plus... normal, également. Soulagé de voir son frère réveillé, loquace et aussi grognon qu'il aurait pu l'être lui-même à sa place, Edward prenait néanmoins des pincettes à chaque syllabe articulée. Tandis qu'il cherchait à expliquer les choses calmement à son frère, celui-ci s'agitait, s'énervait, faisait s'emballer les machines encore rattachées à son corps amaigri par les semaines d'immobilité. Edward resta calme et stoïque, du moins jusqu'à ce que Calixte ne le traite de couille-molle. Edward serra les poings, se redressa, et jeta à son frère son habituel regard hautain et méprisant.

« Surveille ton langage, Henry... »

La froideur et la distance de son ton eurent rapidement raison de l'ambiance qui se détériora à une vitesse vertigineuse. Ils ne s'entendraient pas sur ce sujet, c'était certain : Edward ne reviendrait pas sur sa position. S'il devait y laisser son nom, son titre voire sa vie, et bien soit, mais il ne ferait pas partie de ceux qui s'engageraient dans une guerre contre les mutants. Lentement, mais sûrement, Edward croisa les bras et s'écarta de son frère, dans une volonté symbolique de mettre une certaine distance entre lui et les idées extrêmes de Calixte. Et ce qu'il entendit lui fit peur. Peut-être Edward était-il trop pacifique, trop naïf, mais il tenait à la justice et à l'équilibre plus qu'à n'importe quoi. C'était ce pour quoi l'avait élevé son père : pour être le porte parole d'une nouvelle génération de Veilleurs qui ne pencheraient ni en faveur d'une éradication des mutants, ni pour leur complète acceptation. Mais Calixte pouvait-il seulement le comprendre, alors même qu'il avait été touché personnellement par un mutant complètement fou ? Edward laissa parler son frère mais à aucun moment il ne douta, à aucun moment ce discours guerrier ne parvint à le convaincre. Calixte était aveuglé par sa haine et, s'il poursuivait sur cette pente glissante, il risquait bien de faire partie de ces renégats appelés traqueurs et qui sévissaient dans tous les pays depuis plusieurs années. Une chose était certaine : si Calixte s'évertuait à poursuivre dans cette direction, son frère lui ferait barrage. Il n'y avait de toute manière plus grand chose à sauver entre eux et Edward se fit la réflexion que cette constatation était d'une tristesse navrante. Tourné vers la baie vitrée de la chambre qui donnait sur le couloir, Edward regarda un instant les visiteurs et infirmières qui se pressaient dans les allées. Cette histoire au Cosmic Ballroom avait fait de nombreuses victimes, de trop nombreux morts et avait laissé dans l'esprit des gens une terreur qui peinait à se calmer. Mais surtout, le discours de Calixte réveillait en Edward une colère et une rancœur à l'égard de son frère qu'il avait pourtant tout fait pour étouffer : il lui en voulait. Il en voulait terriblement à son frère d'avoir mis Rosamund en danger, il aurait voulu lui mettre son poing dans la figure pour lui faire jurer de ne plus jamais la mettre en danger mais en faisant cela, il aurait admis malgré lui les sentiments qu'il éprouvait à l'égard de la jeune femme. Calixte aurait-il été en mesure de comprendre son frère ? Edward en doutait au point de garder les yeux rivés sur le couloir pour ne pas craquer et ne pas risquer d'amocher son frère plus qu'il ne l'était déjà. Aussi, lorsque Calixte acheva sa diatribe en mentionnant Alice, Edward se tourna-t-il vers lui avec un regard glacial et se félicita d'avoir mis suffisamment de distance entre eux pour ne plus l'avoir à portée de main.

« Ton discours est répugnant, Henry. Puant d'orgueil et d'intolérance... Non mais tu t'écoutes parler, des fois ? Tu es prêt à condamner plus d'innocents qu'il n'y a de coupables simplement parce que tu as peur ! Tu es terrorisé et ne prétends pas le contraire. Tu ne comprends pas que tout le monde a peur, ici ? Les gens craignent ce type, ce monstre qui s'est cru en droit de tuer en toute impunité et toi... toi, Henry Seymour, tu serais prêt à le copier simplement pour assouvir tes besoins de vengeance. Tu es, au choix, pathétique ou tout aussi monstrueux. »

Et tout ce qu'il disait, Edward le pensait. Il avait peur, bien sûr qu'il avait peur. Et cette peur était d'autant plus grande qu'il craignait de voir son frère sombrer dans l'extrême.

« Tu penses vraiment qu'on juge le courage et l'amour qu'une personne porte à ses proches à sa capacité à tuer ? Si c'est le cas, ton séjour en psychiatrie ne t'a visiblement pas suffit. Je ne tuerai pas pour te venger ni pour venger Alice si vous veniez à mourir car ça reviendrait à jouer le jeu de vos assassins. Et si toi tu te sens prêt à tuer pour un membre de ta famille... je te plains, Henry. Vraiment, je te plains. Car tu ne vaux pas mieux qu'eux, finalement. »

Edward était déçu et blessé. Il aurait espéré que son frère aurait appris de ses erreurs et de ses mésaventures mais non. Plus que jamais, il était déterminé à en finir avec les mutants.

« Pour un cinglé, combien y a-t-il de mutants qui n'ont rien demandé à personne et qui veulent simplement vivre leur vie tranquillement ? Qui es-tu pour juger qu'ils sont tous pareils, hein ? Je n'approuve pas plus l'inaction de Jeremy mais à ton avis, pourquoi a-t-il agit ainsi ? Parce qu'il craignait justement que des gens dans ton genre décident de faire justice eux-même. »

Dans les yeux d'Edward ne brillait plus cette sempiternelle lueur méprisante mais bien une certaine forme de détresse. Voir Calixte sombrer dans l'intolérance la plus totale lui faisait bien plus peur qu'il ne l'aurait cru.

« On croirait presque que tu milites pour une certaine forme de totalitarisme par la terreur, Henry, c'est grave... tu peux me traiter de tous les noms si tu veux mais l'aîné, c'est moi. Et moi vivant, nous n'entrerons pas en guerre contre les mutants. Si tu veux faire justice toi-même, alors tu le feras en ton nom et non en celui des Seymour ou des Veilleurs. »

Le message était clair. Si Calixte poursuivait sa vendetta, son frère était prêt à aller jusqu'à rayer son nom de leur arbre généalogique pour ne surtout pas l'entacher de sang ni de violence. Qu'importe s'il devait attendre le décès de leur père pour cela ou se mettre à dos leur mère mais s'il fallait ça pour réveiller Calixte, et bien... Edward s'y résoudrait.

« Il faut que nous trouvions ce type, il faut que nous aidions les autorités à l'attraper et il faut que nous fassions cela discrètement. C'est ça, notre mission. Il est révolu, le temps où les Veilleurs pouvaient aller à l'encontre des lois et tu le sais très bien. Alors la discussion est close. Nous arrêterons ce type, il sera livré à la police, jugé, enfermé et, si Jeremy et son équipe y parviennent d'ici là, privé de sa mutation. C'est ça, la justice. Le meurtre et la tyrannie, c'est bon pour le totalitarisme. Bon sang, mais tu as été élevé où, pour avoir de telles idées ? »

La gorge sèche d'avoir à ce point parlé – presque hurlé – Edward se tut. Reconnaissait-il son frère ? Oui et non. Dans un sens, il n'était pas surpris, dans l'autre, il aurait aimé que son frère se rallie à son avis. Désormais c'était certain : le soit disant lien des Seymour venait d'être brisé. George avait bien fait son travail, quelque part. Il avait réussi à les séparer suffisamment pour qu'ils ne soient même plus capable de prendre à deux les rênes de la famille. Et Edward se sentait triste, terriblement triste de ne pas être capable de ramener son frère à la raison.

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Dim 18 Nov - 17:09
H. Calixte Seymour
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   edward & calixte
 
 
 
Il était naturellement hors de question qu’il l’admette à haute voix, mais Calixte était reconnaissant à Edward d’être là. La panique qui s’était logée dans son cœur lorsqu’il s’était effondré, quatorze jours plus tôt, dans la grande salle du Cosmic Ballroom, cette panique qui s’était réveillée en même temps que lui, cette panique le tétanisait, hantait les quelques ombres de la pièce, menaçait de se jeter sur lui et de le dévorer à la première seconde où il baisserait sa garde. Et Edward était là pour l’aider à l’enfermer, à la tenir à distance. Papa avait eu une vision bien à lui de l’avenir de ses fils, et si Calixte ne l’avait jamais réellement partagée, il était le fruit de cette vision, le fruit d’une éducation visant à faire des deux frères des alliés plutôt que des amis. Des alliés stratégiques. Si tu as un problème, Edward aura toujours la solution lui avait répété Papa, encore et encore, le força à comprendre que ça n’était pas à lui de régler seuls ses problèmes, mais qu’au contraire, Edward devait toujours être son unique soutien et repère. S’il arrive malheur à Edward, il faut que tu sois là pour prendre la relève lui avait-il encore répété, liant sans cesse, dans des nœuds de plus en plus serrés, l’avenir de Calixte à celui d’Edward. Si un Seymour doit tomber, fais en sorte que ce soit toi plutôt que ton frère, lui avait-il, enfin, soufflé, de plus en plus souvent ces derniers mois. Comme si Calixte, non content d’être une roue de secours pour pallier l’absence d’Edward, devait également être un bouclier. Eduqué plus militairement, plus durement, qu’Edward, c’était clair désormais que le choix de Papa de l’envoyer faire ses classes auprès des Howard tandis qu’Edward était davantage formé par les Percy, n’était en rien anodin. Avec Papa, rien n’avait jamais été anodin, de toute manière, bien au contraire. Le résultat de tout cela était une fraternité mise en pièce, dont il ne restait que des ruines, mais une dévotion de Calixte envers sa famille prête à aller au-delà de sa jalousie, au-delà de sa rancœur, au-delà de tous les ressentiments qu’il pouvait avoir.

Et une confiance qui le poussait à se sentir protéger par Edward. Puisqu’Edward était là, il n’y avait plus de problèmes. Et puisqu’Edward était là, la panique avait le droit de se taire et de se terrer. Calixte n’avait plus qu’à fermer les yeux et reprendre pied avec la réalité, retrouver son équilibre dans un monde qui avait continué à avancer sans lui, dans un temps qui avait refusé de l’attendre, des événements qui s’étaient enchaînés en le laissant spectateur plutôt qu’acteur, et encore spectateur en retard. Alors qu’Edward lui faisait un résumé de tout ce qui avait suivi son inconscience, Calixte avait l’impression de regarder les informations en rediffusion. Sans rien pouvoir changer à ce qu’il s’était passé. Avec une marge de manœuvre minime pour l’avenir, le tremblement de sa main alors qu’il tentait de boire l’affligeant d’une impuissance désarmante. Comme si tout ton corps s’était brutalement mis en veille. Calixte laissa ta tête retomber sur l’oreiller, fermant brièvement les yeux. Se laissant bercer dans un échange écœurant d’hégémonie mutante, affligeant de constats et d’absence de réponses.

Il ne lui servait à rien de vouloir intervenir, il peinait, tout simplement, à trouver ses mots. Et la panique, toujours présente, toujours brûlante, toujours mordante, l’attaquait, encore et encore, alors que de Pandora, il n’avait aucune nouvelle. Au moins… au moins était-elle en vie, puisque si son nom ne disait rien à Edward, ça ne pouvait que dire une chose : elle ne devait pas faire partie des victimes. De ses victimes, indirectes. La culpabilité se joignit à la panique, Calixte tenta de l’ignorer, la laissa s’additionner à celle qu’il portait depuis la mort d’Abigaël pour qu’à elles deux, elles achèvent en silence et discrètement de le ronger et de le détruire de l’intérieur. Il avait envie de vomir, de vomir les déchets de son estime personnelle, les épines de la terreur qui le consumaient, de vomir sa haine contre les mutants, née d’une peur enfantine, ancrée dans ce coma réel dont il avait été l’esclave, exacerbée par le silence. Le silence des autorités, le silence distant d’Edward, le silence des cadavres qui avaient été enterrés, de tous les morts que les mutations avaient pu causer ces dernières années. L’homme était déjà suffisamment dangereux pour que l’on ne fournisse pas à des psychopathes des armes ultimes contre lesquelles nous n’avions aucune parade. Et la peur, la haine, la panique et la terreur prirent le pas dans les yeux de Calixte quand il inspira, incapable d’achever une phrase mais avec des convictions si solides et si assurées qu’il n’avait en aucun cas besoin de toutes ses capacités intellectuelles pour les défendre.

Edward lui dit de se calmer ? Calixte haussa les épaules. Il ne comptait pas se calmer, il comptait simplement faire bouger les choses. Les Veilleurs avaient laissé ces opportunistes de Cavendish prendre les devants plutôt que de saisir ce drame pour faire bouger les choses, accélérer le fichage des mutants et la surveillance des individus réellement dangereux ? Et bien soit, Calixte serait celui qui ferait bouger les choses. Et qu’Edward n’essaye même pas d’exiger de lui que la justice prenne le pas, Papa n’avait jamais demandé à Calixte de laisser son grand frère se comporter comme une couille-molle : les Seymour avaient une réputation à tenir, certes, mais également un devoir à remplir. « Surveille ton langage, Henry... » Calixte laissa glisser le mépris et le regard hautain d’Edward, ne fit que se crisper à l’usage de ce prénom de naissance qu’il avait renié des années plus tôt, préféra – et de loin – poursuivre sur sa lancée. Et tenter d’expliquer à Edward à quel point son raisonnement de petit juriste de bas étage n’était ni celui d’un Veilleur, ni celui d’un futur duc et encore moins celui d’un Seymour.

Les mutants ne pouvaient pas être traités comme des êtres humains normaux, comme des criminels normaux. Et la justice édifiée en des siècles d’humanité ne pouvait désormais plus s’appliquer à des individus aussi dangereux qu’un homme capable de faire tomber dans le coma et de tuer des dizaines de personnes sans conséquence. Calixte s’interrompit, dans une quinte de toux aussi brutale que douloureuse, crispation paralytique de sa poitrine, avant de reprendre. Edward ne pouvait-il pas, pour une fois, ouvrir les yeux et sortir de sa petite zone de confort aux murs constitués de code civil et de livres de droit ? Ne pouvait-il pas plutôt regarder droit dans les yeux les racines des Veilleurs et leur mission initiale, le devoir qui leur avait été donné en même temps que leur droit ?

Les citoyens lambdas ne devaient pas faire justice eux-mêmes. En revanche, les Veilleurs, si. C’était leur droit, c’était leur devoir, c’était leur légitimité : cela ne souffrait d’aucun doute aux yeux de Calixte. Et si Edward, encore une fois, était incapable de l’admettre, et bien soit. Calixte se sentait tout à fait capable de prendre la suite : si l’aîné venait à trébucher, c’était au cadet de prendre la relève, non ? Calixte tenta de se redresser, une nouvelle douleur à la poitrine l’en empêcha, lui coupa la respiration au moment où Edward répondait, à distance tant physiquement que dans ses propos, l’empêchant de l’interrompre immédiatement. « Ton discours est répugnant, Henry. Calixte plissa les yeux, accusa le coup. Accusant, aussi, les mots qui suivirent, sans les comprendre. Tu es prêt à condamner plus d'innocents qu'il n'y a de coupables simplement parce que tu as peur ! Non, il ne tuait pas d’innocents, il n’avait jamais parlé de tuer des innocents. Bien au contraire, Edward ne l’avait-il en rien écouter ? Il voulait les protéger, ces innocents. Tu es terrorisé et ne prétends pas le contraire. Calixte tenta, une seconde fois, de se redresser pour rétorquer que tout le monde l’était, que seuls les fous ne l’étaient pas, mais, une seconde fois également, la douleur l’en empêcha. Mais une douleur orale, cette fois. Psychologique. Parce qu’Edward avait ce don, avait toujours eu ce don pour frapper où ça faisait mal. Tu es, au choix, pathétique ou tout aussi monstrueux. » Incapable de lutter, Calixte se résigna à écouter, puisqu’Edward n’en avait pas fini avec lui. Tout ce que son frère disait, il le pensait : Calixte pouvait le lire dans son regard, dans sa voix, dans son attitude. Il n’y avait que lorsqu’il était fermement convaincu de ce qu’il disait qu’Edward avait cet engagement dans ces propos. Il n’y avait que dans ce situation qu’une part de Calixte lui soufflait que son frère avait, peut-être, effectivement, le panache d’un duc et la trempe d’un avocat. Et d’un beau salaud : si Calixte était incapable de l’interrompre, c’était parce qu’il devait maintenant lutter pour ne pas se laisser atteindre par les propos d’Edward. « … Si c'est le cas, ton séjour en psychiatrie ne t'a visiblement pas suffi. Un soupir, un simple soupir inaudible se noya dans la logorrhée d’Edward, un simple « Je n’ai jamais été en psychiatrie… » aussi misérable que faut, si on en croyait les années difficiles qui avaient directement suivi le meurtre d’Abi.

« Pour un cinglé, combien y a-t-il de mutants qui n'ont rien demandé à personne et qui veulent simplement vivre leur vie tranquillement ? Qui es-tu pour juger qu'ils sont tous pareils, hein ? Je n'approuve pas plus l'inaction de Jeremy mais à ton avis, pourquoi a-t-il agit ainsi ? Parce qu'il craignait justement que des gens dans ton genre décident de faire justice eux-mêmes. » Il se recroquevilla dans le lit d’hôpital, détourna le regard, se forçant, réellement, à écouter ce que disait Edward. Parce qu’il commençait, enfin, à comprendre ce qu’il avait cru entendre. Et ce que cela révélait de la vision qu’Edward pouvait avoir de son petit frère. Au final, il le croyait donc capable d’être fou au point d’exiger le meurtre de tous les mutants pour être certain d’éliminer toutes les menaces ? Le croyait-il à ce point insensible, à ce point taré, à ce point radical dans ses positions ? Et tout ça pour quoi, hein ? La question ne se posait juste pas : la réponse se trouvait devant les yeux de Calixte, sous la forme d’un fantôme qui le hantait depuis près de neuf ans. Il avait tué Abigaël. Et cela faisait de lui un meurtrier, aux yeux d’Edward. Et cela faisait de lui un meurtrier à la gâchette facile, aussi. Et cela faisait de lui un cas psychiatrique à interner, aux pulsions mégalomanes et dignes des plus grands dictateurs ou quoi encore ? Calixte se retrouva muet. S’il avait compris depuis longtemps que face à la mort d’Abi, il s’était retrouvé seul, complètement seul, avec uniquement l’ombre de Papa pour le tenir loin du précipice, il n’avait jamais imaginé que son frère le méprisait à ce point depuis, et pour ça.

Et ça faisait bien plus mal qu’il n’y paraissait. « On croirait presque que tu milites pour une certaine forme de totalitarisme par la terreur, Henry, c'est grave... tu peux me traiter de tous les noms si tu veux mais l'aîné, c'est moi. Et moi vivant, nous n'entrerons pas en guerre contre les mutants. Si tu veux faire justice toi-même, alors tu le feras en ton nom et non en celui des Seymour ou des Veilleurs. » Incapable de protester, pour le moment, Calixte se contenta de secouer la tête, les yeux toujours tournés partout sauf en direction d’Edward. Il voulait qu’il cesse de parler, il le voulait si fort, mais il ne semblait clairement pas prêt à s’arrêter en si bon chemin : Edward avait toujours mis un point d’honneur à aller au bout de la destruction de Calixte, semblait-il. Et qu’il sorte tout juste du coma n’y changeait rien. Si Calixte avait eu vingt ans de moins, il se serait recroquevillé sous les draps pour disparaître. Mais à trente ans, les muscles encore raides et faibles de fatigue, il ne pouvait qu’écouter. Endurer. Encaisser. Et ne surtout pas pleurer. « Il faut que nous trouvions ce type, il faut que nous aidions les autorités à l'attraper et il faut que nous fassions cela discrètement. C'est ça, notre mission. Il est révolu, le temps où les Veilleurs pouvaient aller à l'encontre des lois et tu le sais très bien. Alors la discussion est close. Nous arrêterons ce type, il sera livré à la police, jugé, enfermé et, si Jeremy et son équipe y parviennent d'ici là, privé de sa mutation. C'est ça, la justice. Le meurtre et la tyrannie, c'est bon pour le totalitarisme. Bon sang, mais tu as été élevé où, pour avoir de telles idées ? »

A la question d’Edward, Calixte resta muet. Attentif. Il attendait la suite, il attendait la réponse, puisqu’Edward semblait avoir bien potassé son sujet, puisqu’Edward semblait à ce point tout savoir et tout connaître de ce que son petit frère pouvait penser, espérer, avoir en tête. Il attendait la suite, puisque ça ne ressemblait clairement pas à l’aîné de s’arrêter en si bon chemin. Qu’elle allait être la prochaine étape ? Parler ouvertement d’Abi, puisque son nom planait dans la conversation – ou plutôt le monologue – d’Edward depuis le premier mot ? Ou continuer à l’accuser, encore et encore, des pires travers quand Calixte s’était contenté, à ses yeux, d’exprimer une évidence ?

Mais la suite ne vint pas. Et lentement, Calixte, se tenant la poitrine qui s’obstinait à être douloureuse, dans cette paralysie qui l’avait – la première – fait tomber dans le coma deux semaines plus tôt, parvint à se redresser. A croire que sans Edward pour lui asséner des coups, encore et encore, ce simple mouvement lui était plus accessible. Les yeux du cadet se plantèrent dans ceux du grand frère. Chargé de détresse et de déception, là où il n’y aurait dû avoir que de la colère. Calixte était colérique, capricieux, impulsif, manichéen par bien des aspects et effroyablement arrogant et égocentrique. Bien sûr qu’après avoir tué Abigaël et parce qu’il voulait la mort du salaud qui était responsable de… combien déjà ? Cinq, six, huit familles ?, endeuillés, bien sûr qu’après ça, il était logique, normal, prévisible, que ce soit l’éradication complète d’une espèce qu’il demande. Calixte se redressa, tenta de se mettre debout. Puisque son frère le prenait déjà de haut, il n’allait pas non plus lui rendre la tache plus facile. Au moins allait-il avoir le plaisir de ne plus trop avoir à lever le menton pour regarder son frère. « C’est toi qui me dégoûtes, et c’est ton discours qui est écœurant, Edward. » Et si Edward n’entendait pas la détresse et la douleur dans la voix de son frère, et bien… « Tu n’écoutes rien de ce que je dis. Si bien des choses me donnent l’impression d’avoir irrémédiablement changées en quatorze jours, au moins devrais-je rassuré de voir que toi, tu n’as en rien muté d’un iota. Tu te contentes d’écouter vaguement mes propos, puis de les reformuler à ta sauce, parce que, puis que tu es le si génial Edward, tu sais déjà mieux que moi ce que je pense, ce que je vais faire, ce que je crois et ce que j’espère, c’est bien ça ? » La colère affleurait, matée par la fatigue, mais bel et bien présente. « Tu transformes tout ce que je dis. Et pourquoi ? Parce qu’à vingt-et-un ans j’ai été forcé de faire un choix entre la vie de ma copine et celle de dizaines d’inconnus, ça fait de moi un psychopathe en puissance qui ne peut pas juste chercher la protection des plus faibles mais qui ira forcément vers une radicalisation le poussant à éliminer toute une population ? Je te savais con, mais pas à ce point… » Un nouveau mot qui lui échappait. Tout comme ses forces. Calixte chancela. « Tu me crois fou, c’est ça ? Parce que j’ai tué Abi, tu pense que le meurtre ne me fait plus ni chaud ni froid ? Tu es en train de me dire que j’aurais dû rester les bras croisés, à attendre que la justice la condamne pour le meurtre et la mutilation d’enfants, plutôt que de rendre justice moi-même, c’est ça ? » Une larme dégoulina de ses yeux pour se perdre dans sa barbe taillée trop court à son goût par un personnel soigneux trop soucieux. Il prit le parti de l’ignorer. S’il l’ignorait suffisamment, peut-être qu’Edward l’ignorerait aussi. « Essaye donc d’enfermer en prison ce Poison Prince, qui a blessé et tué dans une salle entière sans même avoir forcément besoin de nous toucher, qui nous a empoisonnés. Essaye donc de le mettre dans un tribunal, et quand il aura blessé et tué tous les membres du jury, j’imaigne que là, encore, tu iras regarder droit dans les yeux les familles des nouvelles victimes pour leur dire que sauver la vie pourrie d’un criminel sans scrupule est plus important que d’anticiper la mort de dizaines de personnes. » Il chancela à nouveau, le souffle court. « Le Poison Prince a déjà des dizaines de cadavres sur le dos, combien de plus te faudra-t-il pour que tu acceptes l’idée que tant que nous n’aurons trouvé aucun moyen autre que le meurtre pour le réduire à l’impuissance, il faudra nous résigner à tuer les criminels de son espèce ? Je ne te parle pas d’une élimination systématique des… » Il chancela, s’effondra, ne se rattrapa qu’in extremis au bord du lit alors que ses jambes refusaient de le porter plus longtemps. « … juste de protéger les plus faibles. On est des chevaliers, Ed. On peut enfermer un humain, on peut le tenir éloigner des couteaux, des flingues, des bombes, des poisons. Mais on ne peut pas enfermer un mutant qui porte du poison dans ses veines. » Et sa voix, de colère et de rancœur, se chargea de supplique et de détresse, encore une fois. « Je connais mieux la valeur d’une vie que toi, Ed. Et crois-moi, je préférerai foutre une balle dans la tête du Poison Prince moi-même, même s’il s’avère être un gosse de huit ans, que d’envoyer des gerbes de fleurs à des familles en deuil. » Calixte se laissa glisser au sol. Le dos contre le mutant du lit. « J’ai été élevé au même endroit que toi. Mais visiblement, je suis le seul à avoir compris les véritables enjeux de ce qu’on m’a demandé de faire. »

 
 by marelle  

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Dim 27 Jan - 19:39
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Lorsque son frère se leva de son lit, Edward fit un geste dans sa direction, prêt à le soutenir s'il décelait chez lui la moindre trace de fatigue. Seulement, au dernier moment, il se ravisa et se contenta de croiser les bras en le regardant se débattre avec la faiblesse d'un corps resté inerte trop longtemps. Une part d'Edward voulait soutenir son frère mais tout le reste de son être tremblait de colère et de dégoût face à un discours qu'il ne cautionnerait jamais. En cela, Edward penchait davantage en faveur des Percy que des Howard et même s'il comptait tout faire pour suivre les directives de son père en matière de veille, il savait qu'accepter le meurtre était au-dessus de ses forces. Il ne voyait pas les veilleurs comme des mercenaires mais comme les gardiens d'un secret préservé pendant plus de 500 ans, soucieux du respect d'un certain équilibre. Mais comment faire comprendre ça à un Calixte si remonté que s'il n'avait pas été si faible, il serait sorti pour partir à la poursuite de ce mutant meurtrier ? Edward était ainsi : sûrement trop gentil par bien des aspects mais aussi intraitable. Pourtant, il avait conscience d'être lâche, au fond. Il avait tellement peur de ne pas pouvoir supporter d'avoir du sang sur les mains ou une vie sur la conscience qu'il ne pouvait tolérer le meurtre, même « justifié », d'un mutant. Que se passerait-il, le jour où il se retrouverait à devoir choisir entre sauver la vie d'un être cher en tuant un mutant et ne rien faire au risque de le regretter jusqu'à la fin de ses jours ? C'était bien là tout le problème : la justice n'avait pas encore eu le temps de s'adapter aux particularités des mutants et malheureusement, Calixte et Edward étaient incapables de se comprendre sur ce point.

Glacial, l'aîné regarda son cadet se débattre dans un discours qui rentrait par une oreille pour ensuite ressortir par l'autre. Bien sûr que non, Edward n'avait pas changé. Il haïssait ce Poison Prince au plus haut point mais ne pouvait toujours pas cautionner sa mise à mort. Il ne pouvait qu'espérer qu'Asclepios trouverait rapidement un moyen pour l'enfermer et le contenir en attendant son jugement. Mais Calixte pouvait-il comprendre que tout mutant fou qu'il était, il était aussi humain ? Avec des droits ? Edward ne pensait pas son frère fou. Il avait une logique bien à lui, justifiable sur le plan théorique mais qui contrevenait bien trop à tout ce qui pouvait être moral et acceptable. Parce qu'il souffrait de la mort d'Abi neuf ans après, Calixte justifiait son acte par la violence et une légèreté dans les propos qui dérangeait profondément son frère. Edward détestait voir son frère s'enfoncer dans ce discours de haine, de peur et d'incompréhension car il avait chaque fois l'impression que Calixte allait sombrer définitivement dans une folie meurtrière d'où il serait impossible de le tirer. Alors, lorsque Calixte se laissa tomber contre le montant du lit, Edward resta un moment silencieux avant d'aller s'accroupir face à lui, le visage fermé.

« Je ne te crois pas fou de vouloir aider ton prochain, Henry. Je te crois fou de penser qu'un meurtre est une chose acceptable. »

Edward profitait honteusement d'une situation dans laquelle son frère était trop affaiblit pour lui en mettre une. Car s'il détestait l'admettre et s'il était un excellent bretteur, Edward n'aurait jamais fait le poids à mains nues face à son frère.

« Laisse-moi te rappeler une chose, Henry. Si moi et Anthony ne t'avions pas couvert il y a 9 ans, tu croupirais toujours en prison. Que les circonstances soient atténuantes ou non, tu aurais pris au moins 15 ans car la justice ne fait pas la différence entre les ordures et les héros. Tu as sauvé des enfants, ce jour-là, mais tu as pris une vie et je sais que cette vie pèse énormément sur ta conscience. Je ne te demande pas de tendre la main à cette ordure de Poison Prince. Je te demande simplement de réfléchir à tes mots, à tes actes... tu serais prêt à tuer un enfant de huit ans ? Mais imagine un instant que cet enfant soit ton fils... Aucun discours, aucun acte ne justifie un meurtre, Henry. La justice et la science n'ont pas encore eu le temps de s'adapter aux mutants et je déplore tout comme toi les meurtres commis par ce monstre. Cependant... »

Il se releva, tendis bien malgré lui la main à son frère en le défiant de refuser son aide. Lorsque Calixte fut debout, Edward serra fermement son bras et ne quitta pas son regard.

« Nous ne sommes pas des chevaliers. Nos ancêtres ont peut-être eu ce rôle à jouer, ils ont sûrement tué plus de mutants que ces cinglés qui se font appeler traqueurs mais c'est révolu, cette époque. Nous sommes en 2018, on ne tue plus en toute impunité, surtout dans un pays où la peine de mort a été abolie. Tu veux voir les mutants punis ? Va donc en Italie ou dans ces pays où ils sont martyrisés pour un gène différent des autres ! Je n'aime pas plus les mutants que toi, Henry. Ils sont imprévisibles, dangereux et certains se croient tous puissants. Mais tu ne me feras pas changer d'avis. Je ne m'imagine pas tuer qui que ce soit et il est hors de question que j'utilise ta colère auprès des autres veilleurs pour faire de toi mon bras armé. Je ne t'instrumentaliserai pas, Henry. Si tu tiens à mener une vendetta contre les mutants ou ce Poison Prince, tu le feras tout seul. »

Et sur ces mots, qui vinrent fracturer un peu plus une relation déjà fragile, Edward lâcha le bras de son frère avant de baisser les yeux en soupirant. Il était déçu... ô combien déçu de voir que son frère refusait de changer de point de vue ne serait-ce qu'un peu. Il récupéra ses affaires et, sans demander son reste, se dirigea vers la sortie.

« Tu sais, Henry... tu dois penser que je fais ça uniquement pour te mettre des bâtons dans les roues, mais... si tu y réfléchis, tu comprendras que c'est aussi pour toi que je fais tout ça. Repose-toi... »

Plus que déçu, Edward était finalement triste. En ne voyant pas son frère se réveiller, il avait juré le ciel de faire des efforts, d'être plus sympathique, de moins envoyer balader son cadet mais il avait fallu qu'ils abordent un sujet trop grave et délicat pour qu'Edward puisse accepter de faire des concessions. Même sur les bords du Styx, Edward et Calixte trouvaient encore le moyen de jouer au plus malin et à celui qui s'y noierait le premier.

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Mar 5 Mar - 23:00
H. Calixte Seymour
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And as you look all around at the world in dismay, what do you see ?

   edward & calixte
 
 
 
Deux heures, peut-être trois maintenant ?, Calixte n’avait qu’une notion confuse du temps, s’étaient écoulées depuis qu’il était sorti des limbes du coma. Il aurait dû être en train de dormir, en train de se reposer ou en train de faire des examens avec les différents médecins en charge de sa santé, de son suivi et de sa rémission. Pas en train de hausser le ton face à sa son frère. Pas en train de se mettre en colère. Il n’aurait pas dû être en train de découvrir qu’après toutes ces années, Edward le considérait comme un fou, comme un meurtrier, comme un psychopathe sans la moindre moralité, sans le moindre scrupule. Peut-être Calixte aurait-il dû y être habitué, depuis tout ce temps. Peut-être. Edward, après tout, avait toujours eu aux yeux de son petit frère une position particulièrement tranchée. Aîné protecteur, aîné parfait, aîné moralisateur, rival, ennemi et maintenant obstacle et agresseur, il n’était plus depuis des années juste un frère, était même pire que ça. Mais à ce point ? Peut-être était-ce simplement que des lambeaux d’inconscience s’accrochaient encore à l’esprit de Calixte pour qu’il se sente à ce point touché, blessé face aux propos de son frère, mais le fait était qu’il n’aurait jamais dû être en train de se perdre dans des souvenirs, dans une remise en question qu’il évitait soigneusement depuis neuf ans ; le fait était que Calixte ne pouvait tout simplement pas laisser Edward dire ça. Le traiter comme un criminel. S’opposer à la capture, à l’immobilisation potentiellement définitive du Poison Prince, de ce monstre qui avait tenté de le tuer, de ce monstre qui avait voulu le tuer, de ce monstre qui avait ruiné la soirée, qui avait ruiné des vies, qui avait ruiné tant de choses. Comment Edward osait-il le défendre et condamner son petit frère, comment pouvait-il ne serait-ce que lui reprochait ses convictions, lui reprocher sa colère, lui reprocher cette haine féroce et vorace qui avait trouvé dans le cœur de Calixte un nid parfait où se lover, où croître et se repaître de chaque seconde de conscience, de chaque seconde supplémentaire à comprendre à quel point le monde avait continué à tourner sans lui, à quel point rien ne s’était arrêté pour l’attendre mais, bien au contraire, à quel point tout s’était précipité sans lui pour le laisser essoufflé, sur le bord de la route, à tenter de rattraper son retard, retenir par un moralisateur et lâche de frère aîné ?

Calixte aurait dû être en train de dormir. En train de se reposer. En train de considérer l’étendue des dégâts causés par quinze jours de coma sévère. Et au lieu de ça, il pleurait. Au lieu de ça, il haïssait. Au lieu de ça, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, il voulait se lever, il voulait s’opposer à Edward, le regarder dans les yeux, pas cloué sur un lit d’hôpital. Au lieu de ça, il ne pouvait se laisser juger de la sorte, par un incapable, un lâche de la pire espèce. Avaient-ils été élevés dans des lieux différents pour que leurs points de vue divergent à ce point ? Etait-ce réellement à ça que Papa entendait léguer non seulement son titre, son influence, sa place à la chambre des Lords, mais également le poids de l’héritage des veilleurs et le devoir qui leur incombait, à tous en tant que Seymour, de pacifier de gré ou de force le pays pour protéger ses habitants des monstruosités que le temps avait disséminées autour d’eux.  Calixte était en colère. Plus que jamais. Pire que blessé, pire que méprisé, pire qu’humilié, il se sentait trahi. C’est ça la justice. Non, ce n’était pas la justice. C’était la peur qui parlait, la peur et la couardise. La peur et la poltronnerie. La peur et l’épouvante d’un enfant face au devoir que devait accomplir un adulte lucide et fort. Calixte n’avait pas tué Abigaël par sadisme, par plaisir ou par amusement, contrairement à ce qu’Edward lui semblait croire. Non. C’est grave. Oui, l’affaire était grave. On parlait de morts, d’innocents tués alors qu’ils ne souhaitaient que s’amuser. On parlait de lui, de lui blessé, presque tué. Oui, l’affaire était grave. Mais Edward avait tort de croire que c’était le comportement de son petit frère qui était inquiétant. Parce qu’en guerre contre les mutants, ils l’étaient déjà. Et refuser de le voir ne changerait rien à cet état de fait.

Calixte était en colère. Et quand Edward fit un mouvement dans sa direction, prêt à le soutenir, le regard noir du petit frère se posa sur son aîné, le mettant au défi d’aller au bout de son geste. Quand Edward se ravisa, Calixte le fusilla du regard, encore. Il tremblait, et pas uniquement d’épuisement. Il tremblait, Calixte, de se sentir à ce point méprisé et incompris d’un membre de sa famille. On pouvait s’habituer à tout, mais un Calixte ne pouvait s’habituer à ça. Surtout pas maintenant. « Je ne te crois pas fou de vouloir aider ton prochain, Henry. Je te crois fou de penser qu'un meurtre est une chose acceptable. » Grimaçant sous ce prénom aux sous-entendus trop insistant, Calixte serra les dents, cracha, le souffle court, que « Et pourtant, on peut accepter un meurtre, s’il est la seule solution pour éviter l’intolérable. » Dans d’autres circonstances, Calixte aurait ponctué son propos d’une frappe, au lieu de quoi, il ne put que trouver un appui, se laissa glisser le long du lit alors qu’Edward reprenait l’avantage.

« Laisse-moi te rappeler une chose, Henry. Si moi et Anthony ne t'avions pas couvert il y a 9 ans, tu croupirais toujours en prison. Que les circonstances soient atténuantes ou non, tu aurais pris au moins 15 ans car la justice ne fait pas la différence entre les ordures et les héros. » Calixte ne put retenir des larmes coulant en cascade le long de ses joues, mais ne détacha pas un seul instant ses yeux de ceux de son frère. S’il pouvait réellement appeler ça un frère. « Tu as sauvé des enfants, ce jour-là, mais tu as pris une vie et je sais que cette vie pèse énormément sur ta conscience. Je ne te demande pas de tendre la main à cette ordure de Poison Prince. Je te demande simplement de réfléchir à tes mots, à tes actes... tu serais prêt à tuer un enfant de huit ans ? Mais imagine un instant que cet enfant soit ton fils... Aucun discours, aucun acte ne justifie un meurtre, Henry. La justice et la science n'ont pas encore eu le temps de s'adapter aux mutants et je déplore tout comme toi les meurtres commis par ce monstre. Cependant... » Son cœur se serra dans sa poitrine. « Va te faire foutre, Edward. » Il n’avait pas la force d’argumenter davantage, quand bien même il en aurait eu, des choses à dire. En d’autres circonstances. N’était-ce pas là le vrai courage, et le vrai héroïsme, que de savoir s’oublier pour faire ce qui devait être fait, en dépit de tout ce qu’on allait devoir sacrifier, en dépit de tout ce qu’on allait devoir faire, pour faire ce qui devait être fait.

Lorsqu’Edward se releva, lui tendit une main secourable pour l’aider à faire de même, Calixte saisit le défi au vol et refusa obstinément l’aide de son frère, préféra de loin peiner à en avoir des vertiges pour se redresser et s’asseoir sur le bord du lit à accepter une aide qui le débectait réellement à cet instant. Mais l’effort exigeant son dû, quand Edward lui serra le bras, Calixte fut incapable de se dégager et fut, bien au contraire, condamné à écouter son frère asséner le coup de grâce. « Nous ne sommes pas des chevaliers. Nos ancêtres ont peut-être eu ce rôle à jouer, ils ont sûrement tué plus de mutants que ces cinglés qui se font appeler traqueurs mais c'est révolu, cette époque. » Il secoua la tête, dans un profond désaccord. Ils étaient justement supposés être des protecteurs. Des chevaliers des temps modernes. « Nous sommes en 2018, on ne tue plus en toute impunité, surtout dans un pays où la peine de mort a été abolie. Tu veux voir les mutants punis ? Va donc en Italie ou dans ces pays où ils sont martyrisés pour un gène différent des autres ! Je n'aime pas plus les mutants que toi, Henry. » Un nouveau murmure, il n’était plus capable d’hausser davantage le ton, et Calixte le coupa d’une voix amère. « Et pourtant, tu en préfères un à ton frère » Après tout, Edward semblait se soucier davantage de la vie du Poison Prince que de celle de son petit frère, n’était-ce pas là une bien étrange façon de ne pas aimer les abominations ? « Ils sont imprévisibles, dangereux et certains se croient tous puissants. Mais tu ne me feras pas changer d'avis. Je ne m'imagine pas tuer qui que ce soit et il est hors de question que j'utilise ta colère auprès des autres veilleurs pour faire de toi mon bras armé. Je ne t'instrumentaliserai pas, Henry. Si tu tiens à mener une vendetta contre les mutants ou ce Poison Prince, tu le feras tout seul. » Calixte se redressa. Au prix de toute sa volonté, au prix de sa respiration, au prix d’une douleur croissante dans sa colonne vertébrale, dans tous ses muscles, dans sa poitrine, au prix d’une goutte de sueur dégoulinant le long de ses tempes. « Et bien je le ferai tout seul » Répéta-t-il, sans la moindre hésitation.

Edward lâcha son bras, s’écarta, rassembla ses affaires pour se diriger vers le couloir, et Calixte, incapable de le suivre, tenta de ne serait-ce que rester assis. « Tu sais, Henry... tu dois penser que je fais ça uniquement pour te mettre des bâtons dans les roues, mais... si tu y réfléchis, tu comprendras que c'est aussi pour toi que je fais tout ça. Repose-toi... » Il secoua la tête, à nouveau. Désaccord. « Dis-toi tout ce que tu veux, tu ne me feras pas non plus changer d’avis. Quand je te vois, je ne vois qu’un lâche, prêt à laisser des innocents crever parce qu’il n’a pas le courage de sacrifier un peu de son âme. Si le Poison Prince s’avère être mon fils… » Respiration coupée, Calixte dut s’interrompre, ne reprit qu’après avoir haleté avec difficulté. « mon fils… et bien j’espère avoir la force de le tuer avant de me tuer moi-même, et de faire passer la survie d’innocents avant mon propre bonheur. Je n’ai pas la prétention de croire ma vie plus importante que celle d’une personne prise au hasard dans la rue. Si un jour tu es en mesure d’abattre ce mutant, quel qu’il soit, et que tu le laisses en vie… dis-toi bien, mon cher frère, que tous les meurtres qu’il commettra par la suite… tu en seras responsable. »

Et Calixte pensa chacun des mots qu’il prononça. Chacun d’eux. Tout comme il s’était senti responsable de chaque vie présente dans le dojo, ce jour où il avait pressé la détente, sans hésiter. « Nous avons tous les deux intérêt à ce que Jeremy trouve un remède le plus vite possible. Mais d'ici là, nos points de vue ne sauront coïncider, Edward. Habitue-toi à ça. Et prépare-toi à ne rien ressentir face aux victimes. Parce que tu as tort, tu sais... la guerre a commencé. Et ce n'est pas nous qui l'avons déclarée. »

 
 by marelle  

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