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Rosamund | Deep dark is His Majesty's kingdom Empty Rosamund | Deep dark is His Majesty's kingdom

Ven 2 Mar - 20:09
Edward T. Seymour
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Deep dark is His Majesty's kingdom




Il fallu pas loin d'une heure à Edward et Rosamund pour traverser la ville et parvenir jusqu'à l'hôpital. Une heure entrecoupée de silences gênés, de regards fuyants et de malaises. Une heure que l'on n'aurait pu qualifier d'agréable mais plutôt d'étrange. Lorsqu'enfin ils furent garés sur le parking de l'hôpital, Edward poussa un léger soupir de soulagement et sortit de la voiture pour remettre son costume en place. Il attrapa le dossier qui les avait menés jusqu'ici et invita Rosamund à passer devant. À cette heure de la journée, Edward avait eu l'espoir que l'hôpital serait calme, que les visites seraient terminées et qu'ils pourraient discuter calmement avec le personnel, mais lorsqu'ils entrèrent, ils se retrouvèrent nez à nez avec une foule de patients, des familles et un personnel débordé.

Bon sang... qu'est-ce que c'est que ce bazar ?, grogna Edward.

Jouant des coudes, il s'approcha de l'accueil où deux standardistes ne pouvaient que hurler des instructions pour orienter les visiteurs et tenter de réguler le flux humain. Après de longues minutes à attendre, Edward parvint à interpeller une infirmière qui, sans relever le nez du formulaire qu'elle avait dans les mains, lui répondit en quelques mots.

Il y eu un carambolage sur une petite route mal déneigée, j'ai je ne sais combien de patients sur les bras alors faites la queue comme tout le monde, monsieur.

Vexé d'être si mal considéré, Edward la retint sans ménagement par le bras jusqu'à ce qu'elle lève les yeux vers lui.

Vous vous fichez de moi ? La moitié de ces gens a l'air en parfaite santé !

L'infirmière retira son bras et pointa Edward du doigt avec agacement.

Écoutez-moi bien, mon p'tit monsieur. Je ne sais pas qui vous êtes et à vrai dire, je m'en fiche. Je sais juste qu'avec votre costume de clown, vous ne travaillez pas dans un hôpital. Ça fait quinze heures que je suis ici, harcelée par des fous qui veulent absolument un vaccin ou un remède au cas où le tueur en série qui sévit en ce moment en ville s'en prendrait à eux, et j'ai maintenant des gens choqués par un accident, j'ai dû annoncer à une mère que son fils s'était tué dans l'accident et à une jeune femme qu'elle avait perdu une jambe, alors si vous voulez bien me laisser faire mon travail...

Edward resta bouche bée, incapable de trouver quoi que ce soit à redire à cette infirmière épuisée qui, à cet instant, aurait sûrement préféré rentrer chez elle. Il se tourna vers Rosamund, vexé, perplexe et nerveux, puis lui fit signe de le suivre. Il fallait qu'il trouve un endroit plus calme pour discuter.

C'est complètement fou, cette situation... et l'amabilité n'a vraiment pas l'air d'être le point fort du personnel de cet hôpital.

Bien trop habitué à ce qu'on lui déroule le tapis rouge, Edward acceptait difficilement qu'on lui réponde sèchement lorsqu'il le méritait pourtant.

On a au moins appris une chose : les gens paniquent et cette histoire de tueur en série commence à devenir ingérable. La presse extrapole les choses, ça va tourner à l'émeute très rapidement...

Il voyait déjà les visiteurs s'impatienter, certains demander des médicaments, n'importe lesquels, même des placebos pour se rassurer et avoir le sentiment d'être en sécurité. Si cette affaire n'était pas résolue rapidement et si les morts n'arrêtaient pas de joncher les rues de la ville, ce serait problématique.

Viens, il faut qu'on trouve la morgue.

S'il y avait bien un service que les visiteurs fuyaient, c'était celui-là. Située au sous-sol, la morgue était une vaste pièce aux tons gris froids et parfaitement inhospitaliers. Il y régnait une atmosphère lourde et sinistre, accentuée par l'odeur de formol et autres produits d'entretien qui embaumaient l'air. Edward poussa les portes battantes de la salle d'autopsie et se figea en découvrant les trois corps allongés sur des tables d'examen et couverts pudiquement d'un grand draps blanc. Visiblement, le médecin légiste n'était pas là et, à la vue des cadavres, Edward fut tenté de rebrousser chemin. Il n'avait pas spécialement peur mais étrangement, la proximité de la mort le mettait particulièrement mal à l'aise.

Viens, nous reviendrons pl...

Qu'est-ce vous faites là, vous deux ?

Sortant d'un bureau annexe et équipé pour procéder à une autopsie, le médecin légiste venait à leur rencontre. Edward s'éclaircit la voix et se lança.

Herm... Maîtres Edward Seymour et Rosamund Fraser, docteur. Nous représentons le principal suspect dans l'affaire des mystérieux décès qui ont eu lieu à Killingworth ces dernières semaines. Vous auriez une minutes pour répondre à quelques questions ?

Le légiste soupira, haussa les épaules et se dirigea vers l'une des tables d'autopsie.

Je suppose que c'est la juge Wilkins qui vous envoie ? Je vous dirais bien de revenir, mais elle me fera mettre dans un sac comme celui-ci si je fais ça. Allez-y, posez vos questions. Mais j'espère que vous avez les tripes accrochées parce que j'ai du boulot !

Alors, sans prendre la peine de prévenir, il souleva le premier draps, dévoilant le visage du jeune homme dont l'infirmière avait parlé un peu plus tôt. Il était tuméfié, ensanglanté et quelques morceaux du pare-brise étaient encore fichés dans ses pommettes. Par réflexe, Edward s'approcha de Rosamund et la pris par les épaules pour qu'elle détourne son regard. Le geste avait été instinctif, doux et protecteur, aux antipodes de ce à quoi il avait pu l'habituer.

Ça va aller ?, demanda-t-il en plongeant son regard dans le sien.

Lui non plus ne faisait pas le fier, loin de là. Ce serait l'interrogatoire le plus macabre de sa carrière.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Ven 16 Mar - 9:33
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Le trajet avait été étrange. Long, parfois silencieux et gênant, parfois bien plus animé que ce qu'elle aurait pu penser. Elle n'était pas mécontente de mettre un pied à l'hôpital et pourtant, pourtant elle aurait bien aimé rester encore un peu dans l'Aston Martin de son coéquipier.
Elle n'avait rien dit quand elle avait trouvé le livre de recettes. Elle s'était contenté d'y jeter un oeil appuyé et avait souri à l'aristocrate. Ce n'était pas difficile de comprendre qu'il entretenait une passion secrète pour la cuisine. Personne ne gardait dans sa voiture un carnet de recette manuscrit et enrichi au fil des années de notes et réflexions. Personne à part un aficionado convaincu des fourneaux. Elle ne s'y était pas attendu de sa part. C'était à la fois surprenant et terriblement attendrissant. Quand le moment s'y prêterai plus, elle lui demanderait peut-être quel gâteau il préférait... Cela leur permettrait toujours de meubler la conversation.

L'effervescence de l'endroit la saisit à la gorge. On avait l'impression que l'hôpital s'était transformé en champ de bataille. Rosamund suivit Edward de près. Elle n'aimait pas les espaces bruyants et agités et ne souhaitait pas avoir à se retrouver dans ce dédale de couloirs javellisés toute seule. Lorsqu'il s'adressa à l'infirmière, l'avocate se contenta de jeter un oeil autour pour estimer rapidement leur temps d'attente. Puis, elle entendit parler d'un accident et blêmit. Cela n'arrêta pas pour autant le Seymour, qui insista avec son amabilité habituelle. La blonde avança un bras, comme pour le retenir, mais l'employée le renvoya à sa place toute seule.
L'avocate resta bouche bée, partager entre la mine grave qu'elle se devait d'arborer et l'envie de partir dans un fou rire incontrôlé en regardant la mine déconfite du noble qui ne s'attendait vraiment pas à rencontrer une telle opposition. Elle adressa un regard profondément désolé à la pauvre femme qui n'avait visiblement pas encore fini sa journée et s'éloigna quelque peu du bruit. Ses talons claquèrent sur le sol brillant alors qu'il l'éloignait de l'entrée en grommelant. Rosamund haussa les yeux au ciel.

- Essaye de rester debout 15h d'affilées sans pause à répondre aux besoins de patients impatients et irascibles, on verra si tu es toujours aussi aimable... C'était bien entendu ironique. Edward Seymour n'était jamais aimable.

Elle hocha la tête et gratta machinalement l'aile de son nez.

- Cette psychose ambiante va ralentir les recherches... Tout ça à cause de quelques journaleux qui, sous couvert d'information, s'accaparent du premier fait divers venu pour faire grimper l'audience. Et les autres qui sont assez bêtas pour s'abreuver de ça... Nous voilà revenus à l'heure des penny dreadful !

Rosamund ne supportait pas la bêtise. Et elle supportait encore moins les personnes suffisamment intelligentes qui profitaient de la bêtise des autres pour se rendre intéressantes. C'était fou le nombre de consultants criminels totalement inconnus jusqu'alors, et qui sortaient subitement un essai sur les poisons ou les tueurs en série. Un business hypocrite nourri du sang de victimes d'un malade mental. Génial. Elle fut arrêtée dans son propre marmonnement par une phrase prononcée par le Seymour.

- La morgue ? Tu es sûr ? On devrait plutôt attendre quelqu'u.... Hé attends moi !

Alors qu'il accélérait le pas, elle essaya de le suivre, vaille que vaille. Elle ne réfléchissait même plus à l'endroit où ils se rendaient, attentive simplement à ne pas glisser avec ses talons sur le sol nettoyé. L'esprit focalisé sur ce battement régulier, elle ne retrouva sa pleine conscience que lorsqu'elle se retrouva nez à nez avec ces trois silhouettes sous un drap, dans une salle bien trop blanche, bien trop froide, bien trop formolée.
Demi tour. C'était encore la meilleure chose à faire. Mais alors qu'ils se reculaient, une voix de stentor les interrompit. Rosamund sursauta et blêmit encore, alors qu'Edward les présentait au légiste. Celui-ci arbora alors un visage presque résigné alors qu'il s'approchait d'un corps. Ils n'allaient quand même pas l'interroger alors qu'il...

En un mouvement de drap, la mort sauta au visage de Rosamund qui sentit son coeur faire une chute dans sa poitrine. Elle fut instamment écartée de cette vision par un Seymour qu'elle trouva soudainement prévenant. Non, ça n'irait pas. Elle ne le sentait pas. Mais ils n'avaient pas le choix, la suite de l'enquête en dépendait. Ses yeux noisettes aux reflets de prairie se perdirent dans le bleu du noble et elle serra doucement sa paume sur son bras avant de déglutir. Elle lui sourit faiblement et finit par hocher lentement la tête.

- Il faudra bien que ça aille... Merci Edward.

Elle se retourna alors et s'attacha à fixer son regard dans le vide, plus loin que les silhouettes des corps. Elle essaya d'ignorer le cliquetis des outils métalliques qu'il étalait sur sa table de travail et inspira longuement.

- Dans votre rapport, vous faites état d'une drogue mais vous dites n'avoir rien relevé sur les corps qui traduise l'ingestion, l'inhalation ou l'injection d'un quelconque produit. Pardonnez ma question mais... avez-vous pensé à une éventuelle infection ? Ou quoi que ce soit qui pourrait être bénin pour la plupart des gens mais mortel pour quelques fragilisés ?

Le légiste était en train d'inspecter l'abdomen du garçon, ou ce qu'il en restait. Il semblait fouiller entre les intestins pour chercher on ne savait trop quoi. Le bruit spongieux fit trembler l'avocate, dont les ongles s'enfoncèrent dans ses paumes. Il utilisa une seringue pour effectuer un prélèvement avant de répondre.

- Les tests sont négatifs. Nous n'avons trouvé aucun signe d'une quelconque manifestation du système immunitaire des victimes qui puisse faire penser à une infection. Ce n'est pas une bactérie, ou alors c'est quelque chose d'assez puissant pour prendre nos défenses naturelles en défaut. Mais dans ce cas, il y aurait eu plus de victimes.

Rosamund soupira et fixa les carreaux du plafond. La lumière l'aveuglait presque. Le légiste se concentra davantage sur les membres de son cadavre avant de reprendre.

- Aucun signe d'une quelconque ingestion de drogue. Soit ce n'est pas la cause de leur mort, soit la substance est tellement puissante qu'elle est capable de pénétrer via les pores de la peau sans laisser de traces... Mais je ne connais aucune drogue qui soit capable de produire un tel effet. Cependant, nous avons récemment reçu des analyses génétiques bien plus poussées. Quoi que "ça" puisse être, "ça" agit directement sur les noyaux des cellules tissulaires de l'encéphale. Les chercheurs ont remarqué qu'une apoptose spontanée de ces cellules avait été déclenchée on ne sait trop comment, provoquant une paralysie suivie de l'arrêt des fonctions respiratoires, vasculaires et cognitives.

Il reporta à nouveau son attention sur les restes du jeune garçon, enlevant soigneusement un bout de verre de son visage à l'aide d'une pince. La jeune femme l'aperçut du coin de l'oeil et se força à ne pas se détourner.

- Toutes les victimes sont passées dans cet hôpital pour des problèmes divers, la semaine précédant leur mort. Nous pensons qu'il y a de fortes chances pour qu'ils aient été confrontés à la "drogue" ici. Il faudrait que nous puissions accéder aux différents services dans lesquels les victimes se sont rendues, ainsi que la liste des membres du personnel qui s'y trouvait. Pensez-vous que nous puissions avoir accès à tout ceci ?

Le légiste fronça les sourcils en continuant son inspection minutieuse. Rosamund sentait ses jambes flageoller. Cet interrogatoire commençait à la bouleverser et le manque de sucre n'aidait vraiment pas.

- C'est tout à fait possible... Mais pour cela, vous devriez vous rendre au service de l'administration. Je vous ferai une lettre afin qu'ils ne vous causent pas trop de soucis. En ce moment, tout le monde est à cran et une enquête non officielle ne sera vraiment pas la bienvenue.

Il fit un dernier prélèvement avant de saisir un nécessaire à couture. Il était visiblement temps de redonner à ce pauvre garçon une forme convenable avant la visite de la famille. Le fil passa dans la grosse aiguille avec une précision inégalable et la pointe métallique pénétra les chairs sans vie avec une indifférence froide. Comme s'il avait fait ça toute sa vie, le légiste ne trembla pas. Il ne sembla pas ému mais il soupira.

- Dix-sept ans... Pauvre gosse.

Cette phrase, bien anodine comparé à tout ce qu'ils avaient pu entendre jusqu'à présent, fit l'effet d'une bombe dans la poitrine de l'avocate. Dix-sept ans. Dix-sept ans ce n'était pas un âge pour mourir. A cet âge là, elle était déjà à Oxford et elle tenait déjà tête à Edward. Elle était pleine de fierté, de volonté et d'espoir. Et soudain, elle se rendit compte que tout ce qu'elle avait tenu pour acquis aurait pu être balayé, pour un carambolage. Elle sentit une angoisse folle l'assaillir alors qu'elle réalisait de plein fouet à quel point l'homme était fragile. Elle eut peur en imaginant tous les rêves que ce garçon pouvait avoir et qui ne se réaliseraient jamais. Tous ces mots qui ne seraient plus jamais dit. C'était injuste, cruel. Dix-sept ans, ce n'était pas un âge pour quitter ce monde.
Sa voix bien trop tremblante perça le silence.

- Excusez-moi, je... J'ai besoin de prendre un peu l'air. Maître Seymour, je vous laisse terminer.

Elle quitta la salle bien trop précipitamment. Elle courut dans le couloir vide bien trop vite. Elle fit claquer la porte des toilettes bien trop fort. Elle agrippa la faïence du lavabo bien trop durement. Et là, face à son propre reflet, elle éclata en sanglots incontrôlables. Pas les pleurs contenus d'un adulte qui ne veut pas faire de bruit, non. De vrais sanglots, viscéraux et puissants. De ceux qui vous retournaient le diaphragme à chaque fois que votre corps était agité d'un nouveau spasme. Cela faisait longtemps que ses émotions ne l'avaient pas submergées à ce point. A cet instant, même les bras d'Edward auraient constitué un refuge dans lequel elle se serait volontiers perdue.

- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Dim 1 Avr - 17:37
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Plus d'un concept humain échappait à Edward. Il avait mis des années à comprendre pourquoi son frère avait à ce point peur du noir, il parvenait enfin à saisir pourquoi la perte d'un être cher pouvait être traumatisante, mais il était toujours incapable de ne pas être froidement direct avec les gens. À ses yeux, dire à quelqu'un « mais oui, cette tenue ta va à ravir et rehausse la couleur de tes yeux » quand le vêtement en question faisait passer ledit individu pour un gros sac était le comble de l'hypocrisie et du mauvais goût. C'était sûrement pour cela qu'il n'avait jamais trop saisi en quoi dire une vérité, même blessante, pouvait être déplacée. Rosamund avait maintes fois fait les frais de la franchise écœurante de l'aristocrate, tout comme elle avait eu affaire à sa mauvaise foi légendaire. En revanche, il n'avait pas trop l'habitude qu'on le rembarre comme venait de le faire l'infirmière. Lèvres pincées, il sembla se raidir dans son costume et jeta un regard glacial à Rosamund.

Sous entendrais-tu que je ne suis pas aimable ?

Ajoutons à cela le fait qu'Edward Seymour était aveugle et totalement inconscient de son caractère imbuvable. Il se contentait généralement de penser que si le commun des mortels se vexait de ses remarques, ce n'était pas sa faute ni son problème, mais cela expliquait sûrement pourquoi il avait si peu d'amis. Edward laissa échapper un léger soupir et acquiesça. Avec des journalistes dans les parages, le moindre mot, le moindre geste serait interprété, amplifié et déformé. Rosamund avait raison : la peur ambiante allait se transformer en psychose avant de virer à la folie meurtrier. Après tout, ça ne serait pas la première fois dans l'Histoire que les gens prendraient les armes par peur du voisin, seulement... s'ils pouvaient empêcher que cela arrive, tout le monde s'en porterait bien mieux. C'était pour cette raison qu'il comptait bien ne pas perdre de temps. Sans plus attendre, il se dirigea vers la morgue sans demander son avis à Rosamund. Voilà bien une chose à laquelle le Seymour n'était pas habitué : devoir travailler en équipe. Il était habitué à déléguer à ses subordonnées mais certainement pas à devoir se contenter d'un pied d'égalité avec une autre avocate. Il n'entendit même pas ce que demanda la jeune femme tant il avait hâte de quitter le brouhaha ambiant.

Par contraste, le silence qui régnait dans la morgue n'en fut que plus assourdissant. Une odeur de produits d'entretien flottait dans l'air et il y avait cette forme semi humaine sur les tables, masquées pudiquement par des draps blancs. Edward se fit la réflexion qu'il n'avait jamais craint la mort. À vrai dire, il avait mis du temps à comprendre le concept de « peur » et ne l'avait finalement saisi qu'en expérimentant la douleur causée par une pneumonie. Alors non, Edward ne craignait pas la mort. Si elle devait survenir, elle surviendrait, et ses croyances le poussaient à penser que sitôt le voile franchi, un autre monde lui ouvrirait ses portes. Il n'était même pas assez sentimental pour craindre l'éventuelle souffrance de ses proches pour une raison très simple : chez les Seymour, on ne pleurait pas, on ne montrait que peu ses sentiments. Son père regretterait l'héritier plus que l'homme, peut-être Alice et Elizabeth auraient-elles de la peine ? Quant à son frère, Edward était amèrement certain qu'il fêterait son décès sous des litres d'alcool. Finalement, ce qui faisait peur à Edward, c'était le fait de mourir et non la mort en elle-même. Il savait ce que l'on pouvait éprouver en sentant l'énergie quitter le corps. Il avait expérimenté cette impuissance et pour rien au monde il ne souhaitait y être à nouveau confronté.

Lorsque le légiste souleva le draps qui recouvrait le jeune homme, Edward baissa les yeux plus par respect que par dégoût. Ses lèvres murmurèrent une prière et Rosamund entama l'interrogatoire. Elle tenait le coup, bien plus qu'il ne l'aurait cru au premier abord et senti presque bête d'avoir craint qu'elle ne fasse un malaise. C'était toute son éducation vieillotte qui parlait : protège les femmes, Edward, sois galant, Edward, ne laisse pas une femme marcher dans la boue, Edward, sers-lui de paillasson tant qu'on y est, Edward ! Que ça pouvait l'ennuyer... Il n'avait compris comment son père ne pouvait pas voir la frontière entre la politesse et l'infantilisation. Edward écouta le légiste, griffonna quelques notes sur son calepin et mordilla le bout de son stylo.

Si je vous suis bien, vous avez la certitude que ces morts ne sont pas accidentelles, qu'un produit ou un organisme est à l'origine des décès mais vous êtes incapables de dire quoi ni comment ?

Le légiste hocha simplement la tête. Cette histoire était une véritable farce. S'il y avait une personne bien réelle, faite de chair et de sang, derrière toute cette histoire, elle utilisait une arme qui pouvait à tout moment échapper à son contrôle. Et s'il s'agissait d'un pathogène unique ? Un genre d'arme biologique qui ne toucherait que certaines tranches de la population ? Ou encore un virus sur mesure qui s'attaquerait uniquement à l'organisme porteur d'un ADN donné ? Mais dans ce cas, pourquoi ces gens ? Toutes les victimes n'avaient aucun lien entre elles et à l'exception du fils du procureur, aucun ne pouvait servir de cible pour atteindre quelqu'un d'autre. Se donner autant de mal sur le plan génétique pour toucher des personnes au hasard n'avait pas de sens. À moins qu'ils n'aient servis de cobaye...

Cette histoire n'a pas de sens..., marmonna Edward tandis que le légiste leur proposait de leur faire une lettre pour leur permettre d'accéder facilement à l'administration.

Edward aimait les puzzle et les casse-tête mais il détestait quand ces derniers impliquaient des vies humaines. Il agissait mathématiquement, froidement, les sentiments n'avaient que rarement l'occasion de se faire une place dans son esprit, mais il jugeait la vie humaine bien trop importante pour être jouée de cette façon. S'il y avait quelqu'un derrière tout ça, il entendait bien le faire enfermer pour le restant de ses jours. Dix-sept ans, venait de dire le légiste. C'était bien jeune, pour mourir, c'était un âge où l'on commençait tout juste à profiter de la vie mais Edward resta froidement en retrait, si bien qu'il ne compris pas tout de suite ce qui arrivait à Rosamund. Il resta interdit, la bouche entrouverte et se tourna vers le légiste pour chercher de l'aide. Celui-ci esquissa un sourire désolé.

Navré d'avoir mis votre amie mal à l'aise.

Ce n'est mon... Que s'est-il passé ?

Le légiste regarda Edward comme s'il découvrait un nouveau genre d'humain particulièrement simplet. Il retira ses gants, se dirigea vers son bureau, l'avocat sur ses talons, et commença à remplir à la va-vite la lettre qui leur servirait de laisser passer.

Tout le monde n'est pas prêt à voir la mort en face, Maître. Vous avez l'air de plutôt bien encaisser les choses mais ce n'est pas son cas. Tenez. Et prenez ça, elle en aura bien besoin.

Edward regarda la lettre que lui tendait le légiste ainsi que la barre chocolat et protéinée qu'il lui fourra dans les mains. Sitôt la friandise et le papier dans les mains de l'avocat, le légiste retourna à sa cruelle besogne.

Je... merci docteur !

Le médecin agita la main sans relever les yeux de son travail et Edward sortit en vitesse de la morgue. Il n'avait pas vu le visage de Rosamund blanchir, pas plus qu'il n'avait senti sa détresse et pourtant, il sentait bien à présent cette boule d'inquiétude qui lui enserrait la gorge. Il n'avait pas l'habitude d'éprouver ce genre de choses mais ce qui était certain, c'est qu'il n'aimait pas ça. Dans le couloir vide, il ne croisa qu'un agent d'entretien qui lui confirma avoir vu une jeune femme bouleversée sortir de la morgue pour se diriger vers les toilettes. Face à la porte de ladite pièce, Edward se sentit bête. Devait-il laisser Rosamund se calmer ? Devait-il lui apporter un appui ? Ou devait-il la secouer ? Il fini par opter pour une solution de repli : il toqua à la porte et, devant l'absence de réponse, entra pour trouver un spectacle qui le laissa sans voix. Accoudée au lavabo qui l'empêchait de se laisser tomber au sol, Rosamund était secouée de sanglots déchirant, que l'on n'aurait pu croire feints un seul instant et qui parvenaient même à émouvoir le cœur du Seymour. Gêné, il s'approcha d'elle, peu habitué à gérer ce genre de choses. Une part de lui avait envie de lui dire sèchement d'arrêter de pleurer, qu'elle n'était plus une enfant mais une autre, cette petite voix qui ne semblait s'éveiller qu'en présence de la jeune femme, l'incitait à faire preuve de douceur et de compassion. Douceur et compassion ? Comme s'il avait ces mots-là dans son vocabulaire !

Je... Roamund ? Ça va aller ?

Ça va aller ? Il se serait volontiers mis une claque pour n'avoir pas su trouver mieux. Qu'elle pouvait être agaçante, aussi, à toujours le mettre dans l'embarras ! Dans un élan de compassion, l'aristocrate posa une main sur l'épaule de sa consœur pour l'aider à se redresser et l'attira contre lui, dans une étreinte aussi maladroite qu'attendrissante. À quoi jouait-il ? Lui-même se posait la question. Il savait, pourtant, que c'était une mauvaise idée d'être trop proche d'elle, que cela ravivait des souvenirs qu'il n'était pas en mesure de qualifier de positifs ou négatifs et qu'il allait tôt ou tard s'en mordre les doigts. Pour le moment, la détresse de Rosamund était si palpable qu'il ne se sentait pas d'y être indifférent.

Je sais bien que je ne suis pas d'un grand secours mais... hum... si tu veux en parler ou simplement pleurer, je suis là.

Son père lui aurait sûrement mis une claque derrière la tête pour avoir dit cela mais fort heureusement, Goerge Seymour n'éttait là que dans ses pensées. Instinctivement, les doigts d'Edward se perdirent dans la chevelure de Rosamund dans un mouvement qui se voulait doux et apaisant. Quand enfin il se redressa pour s'écarter un peu, il ne su combien de temps s'était écoulé mais la jeune femme semblait s'être un peu calmée.

Tiens... le légiste m'a dit de te donner ça, j'imagine qu'un peu de sucre te reboostera.

Edward était un peu trop honnête pour se faire passer pour le preux chevalier de l'histoire qui aurait deviné qu'elle avait besoin d'un remontant. Tout comme il ignorait qu'en réalité, Rosamund aurait surtout eu besoin de son insuline.

J'ai la lettre, d'ailleurs. Tu te sens de continuer ou est-ce que tu veux qu'on en reste là pour aujourd'hui ?

Il lui aurait bien proposé d'aller boire un café, à cet instant, mais il n'était pas certain que cela soit bien interprété. D'autant qu'avec des journalistes un peu partout et la publicité que son frère faisait à leur famille ces derniers temps, il n'était pas certain que leur présence à la même table soit bien interprétée. De toute manière, il aimait bien jouer au détective et aurait bien continué leur petite enquête mais si possible loin de la morgue.
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Mar 17 Avr - 12:00
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Rosamund était écoeurée, choquée et mal à l'aise. Elle était pourtant déjà intervenue sur des histoires impliquant des décès, elle avait déjà perdu des membres de sa famille. Mais il y avait tout un monde entre le corps sereinement installé au fond de son carcan de sapin et les amas de chairs difformes qu'elle venait de voir. Ses nerfs avaient lâché en pleine enquête. Au chagrin du deuil s'ajoutait la frustration de s'être montrée faible et sensible. Elle avait dévoilé un visage qu'on aimait bien voir se coller à la gent féminine et se détestait pour ça. Elle était à ce point déchirée qu'elle n'entendit pas la porte s'ouvrir et qu'elle ne se rendit pas compte de la présence d'Edward avant qu'il ne pose sa main sur son épaule, la faisant sursauter. Elle plongea ses yeux bruns dans les siens, si bleus. Elle essaya de calmer sa respiration, d'essuyer ses larmes alors qu'il lui demandait si tout allait bien.

- Je... je croyais que ça irait...

Elle n'eut pas le temps d'être surprise quand il l'attira contre elle. Elle se retrouva à étouffer ses sanglots contre lui, respirant l'odeur boisée de sa veste de costume, les mains contre son torse droit et bien plus athlétique que ce que l'on se serait imaginé au vu de sa carrure relativement svelte. Les caresses de ses mains chaudes et douces sur ses cheveux l'aidèrent à se recentrer, alors que ses propres paumes se détendaient doucement contre sa chemise. Elle tremblait moins, rassurée par la chaleur qui émanait du corps de son collègue. Progressivement, sans pour autant savoir combien de temps cela lui prit, elle se calma. Elle n'aurait jamais pensé trouver un pareil refuge dans les bras de cet insupportable personnage, qui s'était soudainement transformé en rempart protecteur. Comme si elle avait retrouvé celui qui l'avait emmenée au bal, huit ans plus tôt. Il l'avait dit lui-même d'ailleurs. Il était là. Il était là pour l'écouter ou pour la laisser pleurer. Et l'affirmation de cette présence lui fit un bien considérable. Quand elle se sentit d'aplomb, elle s'écarta un peu en remettant de l'ordre sur son visage. Heureusement que son mascara ne coulait pas facilement et qu'elle n'usait pas de fond de teint, cela lui évitait d'avoir piètre allure.

- Merci Edward. Je... Je suis contente que tu sois là.

Elle saisit la barre de chocolat avec un sourire. Cela ferait remonter sa glycémie, le temps qu'il faudrait. Elle devrait néanmoins rapidement penser à s'injecter son insuline. En ce moment, ses prises étaient décalées et anarchiques, à l'image de son mode de vie, rythmé par les affaires qu'elle enchaînait sans s'arrêter.

- Ça va aller, nous pouvons continuer... Je pense qu'il nous faudra bien tout l'après midi pour éplucher les registres et recouper la présence des employés.

Dès qu'ils sortirent du couloir de la morgue, elle se décida enfin à mordre dans la barre de chocolat. C'était comme si rien ne s'était passé. Qui ne la connaissait pas suffisamment aurait pu penser qu'elle était tout à fait normale. Mais pour les plus familiers, il était facile de dénoter le trouble latent, par la pâleur de ses mains et la légère rougeur qui perlait encore dans ses yeux. Ils montèrent les escaliers -l'ascenseur était déjà bondé, à cause des urgences de la matinée- jusqu'à l'étage administratif. On aurait pu penser que l'ambiance serait plus apaisée mais il n'en était rien. Dans les bureaux blancs et mornes qui communiquaient entre eux, des sonneries de téléphones striaient l'air. On entendait les uns taper frénétiquement sur des claviers qui semblaient dater du siècle dernier, les autres scanner dossier sur dossier. Les secrétaires s'arrachaient les cheveux, les écrans clignotaient, sonnaient, bipaient de tous les côtés. On se croyait en pleine guerre. Rosamund attrapa au vol une femme replète d'une cinquantaine d'année, le nez surmonté d'une paire de lunettes aux couleurs outrancières, qui tenait une pile de dossiers à la main.

- Excusez-moi madame, je sais que vous êtes débordée mais auriez-vous quelques secondes pour nous dire où nous pourrions obtenir les relevés de présence des employés de la semaine dernière ? Nous avons une accréditation du médecin légiste pour procéder à...

Elle fut coupée en plein élan par la voix rauque de fumeuse invétérée de l'interlocutrice qui leur pointa un couloir d'un signe de tête.

- Porte du fond là bas.

Et elle repartit tout aussi vite, avant que Rosamund, encore interloquée, n'ait eu le temps de balbutier un quelconque remerciement. Elle haussa ensuite les épaules et suivit Edward dans la direction qu'on leur donnait. Elle pouvait comprendre qu'il était difficile d'être aimable dans de telles conditions de travail mais était-ce une raison pour être à ce point déstabilisant quand on se montrait poli ?!
Ils poussèrent enfin la porte d'un bureau assez vaste, possédant pourtant une unique et ridicule fenêtre. Toute la pièce était encombrée par de grands meubles classeurs, un ordinateur de la taille d'un mastodonte et un petit retour caméra relié au poste de surveillance de l'hôpital. Derrière le poste de travail, un homme d'une trentaine d'année semblait numériser une pile de documents plus épaisse que sa propre taille. Rosamund se racla la gorge, redressa la tête et s'avança en brandissant la lettre du légiste.

- Bonjour Monsieur... Nous sommes Maîtres Fraser et Seymour, nous venons vous voir dans le cadre de nos fonctions. Nous avons, dans un premier temps, besoin des parcours de soin des personnes suivantes.

Elle lui tendit la liste des victimes de l'affaire, qu'elle avait soigneusement recopiée avant de partir. Le trentenaire aux airs de geek haussa les sourcils et tapota dans son ordinateur avant d'avoir les différents documents. Les noms, qui ne lui disaient rien au premier abord, le firent tiquer quand il se rendit compte qu'elles avaient toutes terminé à la morgue.

- Mais....

L'avocate le gratifia d'un sourire et le fit taire d'une main laissée en suspens dans l'air.

- Nous sommes accrédités par le médecin légiste de l'hôpital, il nous a signé une lettre. Vous serait-il possible de nous céder ces documents, ainsi que la liste du personnel présent dans chaque service par lesquels sont passées ces personnes le jour de leur entrée à l'hôpital ?

L'homme marmonna quelque chose et tapota à nouveau sur son clavier, avant de relever la tête.

- Ça va en faire des trucs à imprimer... Vous ne préférez pas avoir les documents en numérique ? Si vous cherchez quelqu'un en particulier, j'pense qu'il y a moyen de bidouiller sur un ordinateur pour trouver les occurrences communes à chaque document. Ça nécessite quelques connaissances en algorythmique mais jpense que ça devrait aller pour vous. Z'avez pas l'air bêtes.

La trentenaire se tourna vers son collègue en haussant un sourcil.

- J'ai un disque dur avec moi, donc nous n'aurons pas de souci pour télécharger les fichiers... Mais je n'y connais rien en codage. Qu'en penses-tu ? Je crois que je ne connais personne qui puisse nous aider à lancer un programme comme celui-ci...

- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Mer 2 Mai - 22:28
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Edward était un homme cérébral, un tacticien et le genre d'individu à pouvoir analyser une situation d'un simple regard, tant il avait l'habitude de rester en retrait pour observer. Mais dès qu'il s'agissait de faire preuve d'une démonstration d'affection quelconque ou d'avoir l'air d'un humain et non plus d'une armure poussiéreuse posée dans un coin d'une pièce, et il n'y avait plus personne. Les larmes de Rosamund ne l'agacèrent pas comme il l'aurait cru, elles le peinèrent d'une façon qui le dérouta, tant et si bien que lorsqu'elle releva les yeux vers lui, il se senti rougir. Il l'avait laissée pleurer contre lui, avait accepté sa détresse et se sentait terriblement bête de n'avoir pu que proposer une épaule sur laquelle sangloter à défaut de savoir trouver les mots pour la réconforter. Il était si doué pour l'envoyer balader ou se moquer d'elle, pouvait la traiter de souillon avec une aisance déplorable mais il se sentait bien impuissant dans une telle situation. Peut-être qu'en lui disant qu'elle était totalement ridicule, les choses reviendraient à la normale ? Elle le devança pourtant en lui disant qu'elle était contente qu'il soit là et le jeune homme se senti soudain rougir plus encore.

Oh... heu... je... tu... as raison, oui, nous... allons-y.

Mais c'est qu'il se mettait en plus à bégayer ? Edward serra les poings, respira profondément et imposa à son cœur un rythme moins endiablé avant de suivre la jeune femme dans le couloir. Ça ne lui ressemblait pas de chercher ses mots, pas plus que ça ne lui ressemblait de se ridiculiser de la sorte. Seulement... il n'avait pas trouvé Rosamund ridicule. Il avait été réellement peiné de la voir dans cet état et c'était une chose bien trop anormale pour qu'il ne s'en inquiète pas. Un jour, Edward comprendrait qu'à cet instant-là, ses sentiments s'étaient déjà ancrés sur le visage de Rosamund, sur la douceur de son regard, sur ce sourire mutin et ces pommettes rondes, sur ce menton volontaire et sur tout son être, toute sa personne. Un jour, Edward comprendrait. Mais pour l'heure, il avait simplement l'air d'un idiot fini. Songeur et silencieux, il suivit sa jeune partenaire jusqu'à l'étage administratif. Les yeux écarquillés, il resta sans voix devant le brouhaha de la fourmilière qu'il avait sous les yeux. Des sonneries de téléphone retentissaient à tout va, une secrétaire répétait inlassablement à ses interlocuteurs qu'elle les mettait en attente, une autre tentait de ne pas faire tomber une pile de dossiers... Edward se fit la réflexion que jamais il n'aurait pu travailler dans de telles conditions, lui qui aimait tant le calme. Agacé par tout ce bruit, il laissa Rosamund prendre les devants en allant à la rencontre d'une secrétaire qui les orienta vers le bon bureau.

Eh bien... aimable, en plus de ça..., grogna-t-il alors que la quinquagénaire s'éloignait en maugréant.

Le bureau dans lequel il pénétrèrent était tout aussi bruyant mais d'une tout autre manière : c'était les ordinateurs dont le vrombissement et les craquements polluaient l'espace sonore qui en étaient les responsables. Charmant... Edward se fit la réflexion que s'il ne ressortait pas de là avec un mal de crâne, ce serait un miracle ! Cette fois encore, il laissa faire Rosamund, qui avait définitivement l'air suffisamment requinquée pour mettre tout l'hôpital à ses pieds. Edward haussa un sourcil devant le vocabulaire et la diction à moitié mâchée du jeune homme assit derrière l'ordinateur et se pencha vers l'écran pour parcourir les documents du regard. Il y avait là des fiches de service manuscrite et scannée, des fichiers dactylographiés et des tableaux à peine bien remplis. Le temps d'analyser tout cela, il faudrait compter quelques jours voire une semaine et en effet, un algorithme de détection de vocabulaire lui semblait dès lors indispensable. Edward se redressa vers Rosamund et tendis la main pour prendre son disque dur et le brancher à la tour de l'ordinateur sans prendre la peine de demander à l'informaticien s'il était d'accord ou non.

Je connais quelqu'un qui pourra nous dépanner, oui... Mais ça va lui prendre quelques jours et il faudra repasser les documents restant au peigne fin pour être certains que nous avons tout ce qu'il nous faut.

Ce travail d'investigation était un véritable travail de fourmi mais plus les heures passaient, plus Edward se prenait au jeu et voyait l'affaire avancer. Nul doute qu'elle serait compliquée à régler mais au moins, ils ne piétinaient pas. Et puis il y avait cet ancien hacker repentit qu'il avait défendu au début de sa carrière et qui, depuis, ne cessait de lui répéter qu'il lui en devait une. Ça serait donc l'occasion pour lui de régler sa dette. Lorsque les fichiers furent copiés sur le disque dur, Edward le récupéra, le tendit à Rosamund et remercia d'un signe de tête l'informaticien. Le pauvre semblait complètement perdu et balbutia un « y a pas de quoi » à peine compréhensible. Edward s'empressa de sortir de la pièce et se dirigea tout aussi vite vers l'ascenseur pour sortir de l'hôpital et inspirer avec un soulagement l'air frais de l'extérieur.

Je déteste la foule..., grogna-t-il en guise d'excuse. Je ne pense pas que nous trouverons quoi que ce soit de plus aujourd'hui... Tu as besoin de ton disque dur pour autre chose ou je peux te l'emprunter ? Je peux aller le déposer directement chez un... ami pour qu'il nous décode tout ça.

Et la journée pourrait sûrement s'arrêter là. Après tout, elle avait été plutôt bien remplie et riche en émotions. Pourtant, Edward resta planté là, bête, rigide comme une brindille sèche tout en imposant à Rosamund un silence plus que gênant.

Tu... je te raccompagne ?

Brillante déduction, Edward, elle n'allait pas rentrer à pieds à Killingworth, surtout avec des escarpins aux pieds. Alors il sorti les clés de sa poche, déverrouilla les portières de la voiture et s'installa derrière le volant. Pendant tout le trajet, il fut tenté de lui proposer de discuter de l'affaire à tête reposée autour d'un verre, puis il se dit qu'ils avaient suffisamment travaillé comme cela, mais que ce serait tout de même reposant, mais qu'elle refuserait sûrement et que ses problèmes d'orgueil le pousserait à se montrer désobligeant dans ce cas-là et... à force de penser, il en avait des acouphènes et se rendit compte en entrant dans Killingworth qu'il n'avait finalement pas prononcé un mot de tout le trajet. Décidément, l'inadaptation sociale restait un mal impossible à soigner chez Edward Seymour.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Jeu 17 Mai - 23:15
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Bon. C'était énervant, mais le plus dur était passé. Ils avaient récupéré les documents et pouvaient dès à présent s'échapper de l'hôpital. Elle eut un sourire en coin lorsqu'Edward évoqua quelqu'un capable de leur mâcher le travail. Il avait ce regard sombre et fuyant, comme à chaque fois qu'il était honteux... Il devait sans doute avoir rencontré cette personne dans un contexte judiciaire quelque peu houleux.
D'un geste doux, elle lui fit signe de garder le disque lorsqu'il lui demanda si elle voulait le récupérer.

- Je n'en aurais pas besoin dans l'immédiat, je te laisse le soin de l'apporter chez ton... ami.

Elle s'étira en arrivant à l'extérieur. Il faisait décidément toujours aussi triste, sous le ciel de Newcastle. Le parking désert lui fit un drôle d'effet après ces heures passées au milieu des gens qui criaient, soupiraient et s'activaient de toutes parts, au milieu des sonneries de téléphone et des cliquetis incessants des machines.

- Je te comprends... Je n'ai jamais été très friande des endroits surpeuplés non plus. Aujourd'hui c'était particulièrement chargé, mais le Royal Infirmary est toujours bondé j'ai l'impression. Chaque fois que j'y vais, c'est un chemin de croix pour atteindre le bon service.

Rosamund avait parlé comme ce qu'elle était : une habituée des lieux. Elle n'avait pas réellement réfléchi au fait qu'elle n'avait jamais dit à Edward qu'elle venait régulièrement ici, ni de quoi elle souffrait. Fatiguée et curieusement à l'aise, elle avait baissé sa vigilance concernant ses propres affaires.
Lorsqu'ils arrivèrent à l'Aston Martin, elle haussa un sourcil devant sa proposition.
Soudain, il y eut un moment de flottement. L'avocat s'était montré plutôt agréable et avait l'air de tenir un peu plus de l'humain que de la pierre en cet instant précis. Sans se rendre compte du rose qui colorait ses joues, elle accepta, peut-être sur un ton quelque peu précipité.

- Oh, je, euh... Oui avec plaisir !

Rosamund se trouvait ridicule. Pourtant elle aurait dû détester ce type. Il était effroyablement désobligeant et méprisant, il lui en avait fait baver pendant toutes ses études supérieures...Et pourtant, il suffisait qu'il la regarde avec cet air de renfrogné à côté de la plaque pour qu'elle décide de le suivre. Le signe d'une bonne entente entre collègues de travail, sûrement...
Même s'il ne voulu pas desserrer les dents pendant le trajet, elle aima se trouver à ses côtés. Elle était presque contente de se retrouver à nouveau dans cette voiture qui l'avait accueillie 8 ans auparavant.
Plusieurs fois, elle lui jeta de petits coups d'oeil. Est-ce qu'il ne disait rien parce qu'il regrettait de l'avoir ramenée ? Craignait-il qu'on puisse les voir ensemble ? Réfléchissait-il à l'enquête ?

Elle se dit, soudainement, qu'il était peut-être occupé par l'organisation prochaine de son futur mariage... Sans qu'elle puisse réellement savoir pourquoi, cette pensée lui pinça violemment le coeur et elle s'accrocha pendant un bref instant à l'accoudoir en cuir. Elle se souciait de lui, c'était certain. Elle avait de la peine de le voir aller droit vers un mariage qui le rendrait encore plus amer et impossible à vivre qu'il ne l'était déjà. C'était désolant. En soupirant doucement, elle regarda par la fenêtre du véhicule. Le paysage monotone et gris de la bordure d'autoroute se confondait dans le ciel d'hiver, gris. Gris, comme l'Aston-Martin, comme le complet veston d'Edward. Tout, dans cette journée, semblait placé sous le signe du médiocre et de l'insipide.
Rosamund ferma les yeux, espérant retrouver un peu de couleurs. Mais la seule qui vint la hanter fut le rouge des entrailles du jeune garçon. Elle n'en dormirait certainement pas cette nuit.
Alors que le lourd ciel de Killingworth se rapprochait, elle se redressa un peu et fixa l'avocat plus intensément, Accoudée contre la fenêtre, elle parcourut son profil net, elle s'arrêta sur son regard décidé,ses mains fermement agrippées au volant. Et ça lui échappa.

- Ça te dirait d'aller prendre un verre quelque part ?

Aussitôt après, Rosamund se mordit la lèvre. Avait-elle réellement dit ça ? Elle allait se faire jeter de la voiture sur le bas côté, c'était certain ! En passant nerveusement une main dans son carré blond, elle bafouilla, soudain bien moins d'aplomb.

- Ça nous permettrait de débriefer dans le calme... Ou juste de penser à autre chose, aussi. On a eu une journée vraiment éprouvante mine de rien.

Elle tapota de ses doigts sur son sac en cuir, les yeux soudainement fixés sur la route, comme si c'était elle qui conduisait la voiture.

- Enfin, je... Je comprendrais si jamais ça... Ça ne te met à l'aise. Je... Je connais un endroit sympathique et pas trop fréquenté où on devrait nous laisser en paix.

La jeune femme prit plusieurs secondes pour comprendre que sa proposition pouvait avoir un sens tout à fait inopportun, surtout pour un homme fiancé qui tenait davantage à sa réputation qu'à ses relations humaines. Aussi s'empressa-t-elle d'ajouter :

- Je, euh... Ceci en tout bien tout honneur évidemment ! Je ne voudrais pas te causer du souci et... Enfin bref.

Elle se serait frappée deux fois si elle avait pu. Elle avait l'impression que plus elle parlait, plus elle s'enfonçait. Et pourtant, elle ne parvenait plus à rester silencieuse.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Dim 27 Mai - 12:32
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Edward hocha la tête et rangea le disque dur dans sa pochette. Des heures d'analyse les attendait et étrangement, il n'avait pas spécialement envie de s'y mettre immédiatement. Il n'avait qu'une envie : sortir de l'hôpital au plus vite. On ne trouvait que rarement des gens adorant se rendre à l'hôpital, mais Edward les détestait tout particulièrement. Ils lui rappelaient trop de mauvais souvenirs d'enfance, lui rappelaient que son propre père passait la moitié de son temps dans un établissement de ce genre et l'odeur entêtante qui régnait dans ce genre d'endroit lui donnait plus envie de vomir qu'autre chose. Visiblement, Rosamund non plus n'aimait pas particulièrement la foule mais Edward fut surpris de la tournure de sa phrase. Chaque fois qu'elle y allait ?

Oh ? Tu te rends souvent à l'hôpital ? Enfin... ça ne me regarde pas, j'imagine.

C'était tout lui, ça. Faire machine arrière, s'excuser de sa curiosité et toujours, par-dessus tout, rester à sa place. S'il lui proposa de la raccompagner, ce fut pour le regretter aussitôt, tant il eut l'impression que la proposition pouvait les mettre tous les deux mal à l'aise. Raide comme jamais, il s'engouffra dans l'habitacle de sa voiture pour se murer dans un mutisme effroyablement gênant pendant tout le trajet. Les yeux rivés sur la route, il n'osait même pas tourner la tête vers Rosamund lorsqu'il en avait l'occasion, préférant se concentrer sur l'asphalte monotone qui les ramenait à Killingworth. Qu'aurait-il pu lui dire, de toute manière ? Qu'ils avaient bien travaillé ? Que la journée avait été productive et prometteuse ? Il y avait ce passif entre eux qui semblait sur le point d'écraser la voiture et eux avec, un passif dont Edward se serait bien passé mais dont il était en grande partie responsable. Parce qu'il s'en voulait, l'insupportable aristocrate. De part son éducation et ses habitudes, il ne s'en voulait aucunement de s'être comporté comme le dernier des imbéciles dès leur première année d'étude, flirtant dangereusement avec un harcèlement du plus mauvais goût, ne s'en voulait même pas d'avoir continuellement rabaissé la jeune femme.

Il s'en voulait de l'avoir repoussée huit ans plus tôt pour de mauvaises raisons mais semblait incapable de le lui dire alors qu'il en mourait d'envie. Il ne s'était pas servi d'elle, pas plus qu'il n'avait été gratuitement ingrat, simplement... il avait eu peur des sentiments naissant qu'il avait ressentit à ce moment-là. Peur de ne pas savoir les gérer et surtout conscient qu'ils ne pourraient jamais les mener où que ce soit. Et chaque fois que son regard croisait celui de Rosamund, s'égarant dans le blond de ses cheveux, la pâleur laiteuse de son visage ou la nuance noisette de ses yeux, Edward se rendait compte que la blessure qu'il avait ouverte ce jour-là ne s'était toujours pas refermée. Son cœur s'était enraciné à celui de Rosamund et il avait beau lutter de toutes ses forces contre cette attirance, il se sentait un peu plus impuissant chaque fois qu'il se trouvait en sa présence. Après tout, il ne pouvait ni ne devait lui faire part de ces sentiments qu'il n'était même pas certain de réellement éprouver. Derrière ce masque de politesse et de retenue, qui pouvait savoir à quel point elle le méprisait pour son comportement passé ? Alors il resta silencieux, ses mains crispées sur le volants, jusqu'à ce que la jeune femme ne se décide à parler, le faisant soudain sursauter. S'ils n'avaient pas été arrêtés à un feu rouge, ils auraient probablement frôlé l'accident et lorsque Edward se tourna vers elle, ce fut avec un regard étonné. Il se serait attendu à tout, sauf à cela. Il aurait pu décliner l'invitation et ce, plus ou moins poliment, mais il resta sans voix, pris au piège entre ce dont il avait envie et ce la bienséance l'aurait forcé à faire. Il avait envie d'accepter, il crevait d'envie de lui dire oui, de tenter de repartir sur des bases un peu plus saines, mais il entendait aussi la voix courroucée de son père. Il était fiancé, ils n'appartenaient pas au même monde, toute une succession de remarques toutes plus absurdes les unes que les autres... Calixte prenait-il la peine de se cacher, lui ? Non. Il s'exposait, se pavanait et c'était à lui, l'aîné, que l'on interdisait ne serait-ce qu'une heure passée en compagnie d'une jeune femme qu'il commençait à réellement apprécier. Il aurait dû décliner... il soupira, se tourna à nouveau vers la route et évita consciencieusement le regard de Rosamund.

Je... ça ne serait pas correct. Enfin je veux dire... tu dois sûrement trouver cela profondément moyenâgeux mais de nos jours, c'est tellement facile de mal interpréter les choses et...

Et il s'enfonçait. Il se sentait ridicule, était ridicule, Edward transpirait le ridicule.

Ce n'est pas pour moi que je me fais du souci, mon frère est un exhibitionniste notoire qui m'a depuis longtemps habitué à ruiner notre nom, c'est... c'est pour toi.

Si pour une fois Edward pensait avant tout à quelqu'un d'autre et non à lui-même ? C'était assez rare pour qu'on relève la chose.

Ce n'est pas que je n'ai pas envie d'accepter ta proposition, au contraire, simplement... c'est à toi de décider si des regards de travers ou des messes basses ne te dérangent pas.

Pour tout dire, Edward espérait que Rosamund soit aventureuse et téméraire, et surtout que le regard des autres ne la dérangeait en aucun cas car maintenant qu'elle avait formulé sa proposition à voix haute, Edward aurait été très déçue qu'elle fasse machine arrière. Se forçant à sourire, il se tourna brièvement vers elle.

Je te laisse choisir, tu peux me donner l'adresse de cet endroit sympathique, je meurs de soif.

Ce n'était plus un balai, qu'Edward se traînait, c'était, à son stade, un baobab centenaire. C'en était presque risible de le voir se battre avec sa propre nature pour paraître agréable.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Jeu 7 Juin - 14:18
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Rosamund aurait dû se mordre les lèvres et ne jamais proposer cette invitation mais elle avait parlé avant de réfléchir. Alors qu'elle s'attendait à un refus suivi d'une invitation à descendre de l'Aston Martin dès qu'ils seraient arrivés en ville, le noble réussit à la surprendre. Elle haussa les sourcils à sa réponse. Il avait cette façon étrange de dire que ce n'était pas correct, tout en lui jetant ce regard qui voulait dire le contraire, comme auparavant. Elle s'apprêta à se confondre en excuses et à lui dire qu'elle ne voulait pas lui causer de problèmes, mais elle fut coupée par la suite de son discours. Il ne s'inquiétait pas pour son image mais... Pour elle ?

Sans qu'elle puisse l'expliquer, cette marque d'affection typiquement Edwardienne la fit rougir et son coeur sembla rattraper de peu le battement précédent. Elle l'écouta, sans voix, l'incitant à expliciter d'un petit signe de tête. Il avait peur des ragots et des cancans qui pouvaient venir à son encontre. C'était incroyablement doux et prévenant, si bien qu'elle perdit un instant à simplement contempler son visage avant de reprendre son air affirmé pour lui répondre.

- Honnêtement... Je me contrefous bien de qui peut dire quoi à mon propos. Je ne connais que très peu de monde ici, je n'ai rien à perdre ni à gagner. Ce n'est pas une messe basse ou un mauvais regard qui m'enlèvera mes amis Quand à ceux qui prêtent attention à ce genre de ragots, j'estime qu'ils ne méritent pas mon attention. La vie est trop courte pour la passer à juger de celle des autres.

En tournant son regard vers la route, elle lâcha un petit rire avant de regarder à nouveau le noble rigide dans son costume.

- Tu es bien placé pour savoir que le qu'en dira-t-on ne m'arrête pas... Et que je me défend très bien toute seule.

Elle lui dédia un sourire et un clin d'oeil. Si elle faisait bien référence ici à ce qu'elle avait subi pendant son université, ce n'était pas pour le faire culpabiliser, loin de là. Mais elle savait que le noble était suffisamment intelligent intelligent pour assumer qu'il lui avait sans doute fait subir des humiliations pires que tout ce qui pouvait bien l'attendre si on la voyait en sa compagnie. Il était également suffisamment clairvoyant pour admettre qu'elle s'était toujours relevée plus forte et qu'elle ne se laissait pas faire.

- Allons boire alors ! Donc là tu vas prendre à gauche, au carrefour à droite, puis tout droit encore...

Elle le guida avec plaisir jusqu'à un édifice au style résolument rustique mais qui respirait la convivialité. Un vrai pub irlandais comme on en trouvait rarement, même à Newcastle. À l'intérieur, du rock lent se jouait en arrière plan alors que le début de soirée se profilait lentement. On les dirigea vers deux fauteuils en vieux cuirs capitonnés autour d'une table vernie, sur laquelle se tenait un cartel. Une fois installée, la jeune femme invita son associé à prendre possession du carton. Elle savait déjà ce qu'elle souhaitait.

- Ce n'est pas le grand luxe mais on y est toujours comme chez soi. Et ils ont un choix de bières que j'ai rarement vu... Je prend toujours celle au fruits rouges, ils la font artisanalement dans le comté du Cumberland.

Elle s'accouda et l'observa, dans son fauteuil, avec un mince sourire. Il devait être dépaysé. Elle imaginait sans problème qu'il soit habitué aux établissements de grand standing, ce qui était loin d'être le cas ici... Cependant, il y avait un esprit que l'on ne retrouvait pas ailleurs. Plus loin dans le bar, une bande de jeunes universitaires semblait s'amuser autour d'un jeu de fléchettes. Elle se revit soudain, au même âge. Oui, si elle venait si souvent ici, c'était peut-être bien pour se remémorer les folles soirées éstudiantines d'Oxford.
On revint rapidement prendre leur commande et, en deux temps trois mouvements, ils furent servis. La bière de Rosamund avait une délicate couleur rouge qui teintait légèrement la table chaque fois que la lumière heurtait les parois de verre de la chopine. Avant de boire, la jeune femme sortit délicatement une boîte métallique et préleva une des pilules qui se trouvait à l'intérieur avant de prendre une gorgée du liquide. Cela aurait dû faire 6 heures qu'elle aurait dû prendre son médicament... Le médecin allait encore râler.

- Ça fait du bien, tu ne trouves pas ? De changer un peu de décor...

Rosamund ne s'accordait que peu de temps libre avec son travail. Elle supposait qu'Edward devait en faire au moins autant, si ce n'était plus. Elle posa à nouveau ses yeux sur lui et lui sourit plus franchement. Elle pensait avoir du mal à lui faire la conversation, mais les mots lui venaient naturellement.

- Tu te rappelles de la première soirée de notre promotion à Oxford ? C'était ta fraternité qui organisait je crois... Un de nos camarades avait démonté le rembourrage d'un fauteuil pour se cacher dedans et faire une blague à la première personne qui viendrait s'asseoir sur lui... qu'est-ce que ça m'avait fait rire !

Avec le recul, elle se rendit compte que parler de ses études n'était peut-être pas une bonne idée. Il allait finir par penser qu'elle lui en voulait toujours ou qu'elle souhaitait le voir culpabiliser... En avalant une nouvelle gorgée, elle le regarda dans les yeux et laissa ses prunelles dévier sur ses mains, ses cheveux, le gris de son costume.

- Je ne voudrais pas te rendre mal à l'aise en évoquant tout ceci... En fin de compte aujourd'hui ça n'a plus vraiment d'importance. Je crois que d'une certaine façon, je te suis reconnaissante, tu m'as rendue plus forte, à ta façon.

Elle se rencogna dans son siège et avisa un groupe de personnes de leur tranche d'âge qui venait de rentrer, avant de recentrer son attention sur l'avocat. Elle prit soudain conscience du fossé immense qui s'était creusé dans sa vie. 8 ans, ça vous change une personne. Ça vous change et pourtant vous restez intrinsèquement le même.

- Après le diplôme, qu'est-ce que tu as fait ? Tu as eu l'occasion de voyager ? Il me semble que tu me parlais de ton ambition d'aller aux États-Unis pour un temps... ça a pu se concrétiser ?

Maladroitement mais avec toute la bonne volonté du monde, Rosamund essayait de recoller les morceaux d'une existence qui lui avait cruellement manqué, sans qu'elle réussisse vraiment à l'admettre.
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Ven 22 Juin - 23:24
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Edward attachait toujours un soin particulier à l'image qu'il renvoyait aux gens. Dès son plus jeune âge, on lui avait répété que tous ses gestes et paroles seraient constamment analysés et interprétés, qu'il n'avait pas droit à l'erreur. Depuis ce temps, Edward s'effaçait de plus en plus pour être certain de ne se retrouver dans la situation de son frère. Pourtant, ce n'était pas pour lui qu'il se faisait du souci mais bien pour Rosamund, qu'il ne voulait pas voir éclaboussée d'un scandale semblable à ceux dont Calixte faisait l'objet. Mais c'était sous estimer la force de caractère de la jeune femme et Edward glissa vers elle un regard étonné avant de se concentrer à nouveau sur la route. Au fond de lui, il était soulagé d'entendre que Rosamund se fichait bien de ce qu'on pouvait dire à son propos si elle était vue en sa compagnie, d'autant que ce n'était pas Diana qui risquait de faire un scandale, tant elle rêvait de pouvoir faire annuler leurs fiançailles. Seulement, Edward ne fut pas seulement surpris par le ton de la jeune femme, il nota également un mot en particulier : amis... le considérait-elle comme un ami ? Après ce qu'il lui avait fait ? Devait-il se sentir flatté ou au contraire se dira qu'avec ce terme, il devait s'asseoir sur tous ses espoirs la concernant ? Et puis de toute manière, quels espoirs ? Il n'y aurait jamais rien entre eux et Edward se renfrogna un peu plus en regardant la route.

Tes... amis ?

Et il n'en dit pas plus. Elle allait probablement tenter de se rattraper ou tourner les choses autrement, mais s'il avait une chance de saisir le fond de sa pensée, il n'allait pas s'en priver. Le sourire et le clin d'œil de la jeune femme ne parvinrent pas à dérider l'avocat qui se sentit au contraire attaqué. Si elle essayait de le faire culpabiliser, il était prêt à lui répondre avec toute la mauvaise foi du monde qu'il ne regrettait strictement rien. Seulement, il resta silencieux et se laisse guider dans les rues de la ville jusqu'à un pub où il n'aurait jamais songé une seule seconde à mettre les pieds. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il aurait demandé au barman s'il avait récemment fait un contrôle sanitaire, si les boiseries n'étaient pas dévorées par les insectes et s'il n'y avait pas d'amiante dans les murs mais... s'il voulait se montrer un minimum agréable avec Rosamund, il valait mieux qu'il fasse l'effort de se fondre dans le paysage. Mais qui allait y croire ? Avec son costume sur mesure à 5000 livres, il ne dupait personne. Intrigué, Edward parcouru la salle du regard, détaillant les multiples photos placardées autour du bar et où l'on pouvait voir quelques célébrités ayant traversé l'établissement, les prix décernés au brasseur pour une bière brune à droite, une ambrée à gauche... c'était visiblement un endroit chaleureux qu'appréciait la population de la ville mais c'était aussi un genre de curiosité locale. Edward se surprit à trouver l'endroit... sympathique, mais peut-être aurait-il révisé son jugement s'il avait su que trois jours plus tôt, c'était son frère qui était assit à sa place.

C'est... intéressant. J'aime bien la musique qui passe et je... vais te suivre car je n'y connais absolument rien en bière.

La reconnaissance et la consommation de thé était une tradition dans la famille mais la bière, c'était bien une chose à laquelle il ne doutait que rarement. Un cru classé du bordelais trouvait davantage sa place à la table de Seymour, la plupart du temps. C'était en cela que Rosamund le fascinait à ce point : elle était gracieuse, d'un raffinement simple qui ne s'embarrassait d'aucune fioriture tape à l'œil, modeste, honnête, elle avait à la fois le port de tête qui lui donnait un air noble mais connaissait bien mieux les cultures populaires que lui. En cela, elle était un caméléon bien plus adroit que lui. Lorsqu'ils servit, Edward but une gorgée du breuvage et dut admettre qu'il était particulièrement bon et loin de la soupe chimique à laquelle il aurait pu s'attendre.

Hum... tu as raison, cette bière est délicieuse ! Et... tu es malade ?

Edward fronça les sourcils en voyant Rosamund sortir un petit pilulier de son sac à main. Le comprimé était trop gros pour être une simple pilule contraceptive quotidienne mais il y avait tant de tailles, formes et couleurs de comprimés différentes qu'il était bien incapable de déterminer de quoi il pouvait s'agir en le voyant posé sur la table.

C'est vrai que l'ambiance de l'hôpital commençait à devenir pesante... et puis cette odeur de désinfectant, c'est entêtant au possible !

Et puis le silence retomba, un peu plus pesant à chaque seconde qui s'écoulait, du moins jusqu'à ce que Rosamund aborde un sujet qui crispa légèrement Edward. Leurs études... là aussi, c'était un vaste sujet. On cataloguait souvent Edward de sale con imbu de sa personne, mais il était à présent loin du petit con arrogant qu'il avait pu être à l'époque. Les années l'avait assagit, quelque part, mais il se souvenait parfaitement des mots qu'il avait pu prononcer à l'égard de Rosamund. Si elle se souvenait avoir rit à cette soirée, lui se souvenait très bien l'avoir toisée de haut en bas en lui disant de bien profiter du buffet car elle n'aurait sûrement que ça en manger pour tout le mois. Alors il ne répondit pas tout de suite, le poing serré sur son verre. Que pouvait-il lui dire sans être hypocrite, après tout ? Mais elle s'excusa et il se sentit obligé de répondre, cette fois. Comment pouvait-elle lui être reconnaissante après ce qu'il lui avait fait ?

Je... non non, ne t'en fais pas, ce n'est rien...

Il se contenta de ça, alors même qu'il mourait d'envie de dire bien plus sans pour autant savoir quel mot employer ou non. Edward était doué pour plaidoyer, accabler et négocier, mais certainement pas pour s'excuser. Il se contenta donc bêtement de laisser Rosamund faire la discussion, jusqu'à ce qu'elle dérive vers un sujet plus tranquille.

À vrai dire, j'ai eu une très bonne proposition à Londres à la fin de nos études et je suis vraiment resté dans la finance et les affaires, je dois bien avouer que me retrouver ici sur une affaire qui relève plus du pénal qu'autre chose est inattendu. Et puis il y a trois ans, j'ai eu l'occasion de venir travailler tout en traitant toujours pour le même cabinet. Je voyage en fonction de mes clients, le mois dernier, j'étais en Argentine. Et toi ? Vers quoi t'es-tu orientée ?

Il avait dit tout cela d'un ton détaché, en faisant la conversation car pour lui, voyager autant, voir le monde et se permettre d'imposer des honoraires scandaleux à ses clients était de l'ordre du normal, de l'évident. En ne traitant plus que des dossiers impliquant de gros acteurs économiques, Edward avait tendance à ne plus trop comprendre la valeur des choses. Alors non, Edward n'avait pas eu l'occasion d'aller travailler de l'autre côté de l'Atlantique, mais c'était une décision qu'il ne regrettait aucunement. Ce qu'il regrettait à cet instant, c'était de n'avoir pas été capable de parler franchement à Rosamund. D'être resté muet, de l'avoir laissée évoquer des souvenirs sûrement plus douloureux pour elle que pour lui. Alors, au milieu d'une conversation qui n'avait plus aucun rapport, il se lâcha.

Écoute, Rosamund, je... ne crois pas que tu m'as gêné, tout à l'heure. Et ne t'excuse pas car ce n'est pas à toi de le faire. Je... j'ai été un parfait idiot. Pendant des années. Et quelque part, je le suis toujours un peu. Dès ton arrivée, je t'ai jugée, je t'ai dénigrée, je me suis octroyé le droit de te faire du mal alors que toi, tu ne m'avais rien fait. Enfin... si, mais sans le vouloir. Tu es brillante, tu es sensible, volontaire et surtout, il y a des choses qui te tiennent à cœur et que tu veux défendre. Connaître le code civil par cœur ne fait pas un avocat et je... je crois que c'est en étant confronté pour la première fois de ma vie à quelqu'un de plus brillant que moi que j'ai perdu les pédales. Ça n'a peut-être aucun sens, ce que je suis en train de dire mais je suis désolé. Je suis sincèrement désolé pour tout ce que je t'ai fait.

Désolé d'avoir été odieux, désolé d'avoir sabordé certaines de ses relations à Oxford mais surtout, il était désolé d'avoir de l'avoir repoussée huit ans plus tôt... désolé de n'avoir su comment la retenir. Et à présent, alors que le silence s'installait à nouveau, il se rendit compte que la disposition des sièges du bar était faite de telle manière que les convives ne se faisaient pas vraiment face. Ils étaient presque côte à côte et en parlant, Edward s'était rapproché, presque autant que lorsqu'ils s'étaient retrouvés assit sur le banc, sous les étoiles, quelques semaines plus tôt.

Seulement cette fois, Edward n'eut pas ce détestable mouvement de recul qu'il avait eut. Il effaça au contraire les derniers centimètres maintenant entre eux une distance cordiale et polie pour entrer dans la sphère de l'intimité. Avec une grande douceur, comme s'il avait peur de la briser, Edward posa ses lèvres sur celles de Rosamund et l'instant d'après lui sembla être figé dans le temps. La musique s'estompa autour d'eux, le bar également et il n'entendit plus que leurs cœurs battant à l'unisson, jusqu'à ce qu'il se rende compte d'une chose : lui avait-il demandé son avis ? Pas vraiment. Se reprenant, Edward se redressa en se raclant la gorge.

Hum... Excuse-moi...

Des excuses, toujours des excuses.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Mar 26 Juin - 23:03
Rosamund A. Fraser
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Rencognée au fond de son siège, Rosamund trouvait Edward foncièrement drôle. Sorti de sa zone de confort, il perdait de la morgue dont il se drapait pour soudainement paraître plus vulnérable. Elle avait presque l'impression de toucher du doigt l'adolescent gauche d'il y avait huit ans.
Et elle se se demandait pourquoi, après autant de temps, ce souvenir était toujours aussi vivace. La nostalgie s'emparait d'elle quand elle n'aurait dû éprouver que de la froide indifférence après l'humiliation qu'il lui avait infligé.

Au lieu de cela, ils étaient tous les deux confortablement installés autour d'une bière, comme deux vieilles connaissances. La jeune femme sourit en avisant l'intérêt qu'il semblait porter à ses pilules et haussa les épaules, comme si ce n'était rien.

- Oh, ça. Eh bien je ne parlerais peut-être pas de maladie, enfin rien d'alarmant... En fait je suis diabétique type 1 depuis que j'ai 12 ans. Donc je prends ces sympathiques pilules tous les jours, pas de quoi s'inquiéter.

Elle se rendit soudain compte qu'en plus de quatre ans d'études communes, personne n'avait jamais rien su au sujet de son petit souci. C'était une chose qu'elle avait toujours préféré garder pour elle, estimant que cela ne regardait personne d'autre. Néanmoins, c'était une révélation qui expliquait bien mieux la tendance qu'elle avait, surtout par fortes chaleurs, à faire des malaises lors de leurs longues heures de cours magistraux. Peut-être qu'elle aurait eu davantage d'aide si elle n'avait pas choisi, par orgueil et réflexe défensif, de garder ce détail pour elle.
Petit à petit, pour chasser le malaise qui s'installait, elle parla de leurs jeunes années en tant qu'avocat. Elle eut un mince sourire lorsqu'Edward lui fit un rapide résumé de sa carrière. C'était prestigieux, tout tracé, rangé, efficace et ça transpirait la richesse. Tout ce à quoi il semblait aspirer. Pourtant... Pourtant il n'avait pas réalisé son rêve d'adolescent. La finance, les affaires... Elle se demandait dans quelle mesure c'était ce que sa famille désirait plutôt que ce qu'il voulait vraiment. Au moins avait-il eu l'occasion de voyager. Lorsqu'elle repensa elle-même à ses débuts, son regard se fit vague pendant un bref instant. Elle sourit et joua machinalement avec une mèche de mes cheveux blonds.

- J'ai commencé à Londres aussi. J'ai obtenu une bonne proposition dans un cabinet qui traitait avant tout des affaires qui relevaient du droit du travail. J'ai défendu beaucoup de personnes qui ont souffert de licenciements abusifs et de discrimination sur leur lieu d'exercice... J'ai fait ça pendant deux ans à peu près puis j'ai pris six mois pour voyager en Europe et retourner en Pologne pour voir de la famille avec ma mère, qui était en tournée. Olga Wesendonck, elle est pianiste au Royal Orchestra, tu en as peut-être entendu parler.

Rosamund parlait très peu de sa mère. Elle ne voulait pas donner l'air de se vanter d'avoir une artiste de sa trempe dans sa famille. Mais la conversation venant naturellement, et connaissant le caractère mélomane de l'avocat, elle s'était dit que cette anecdote aurait pu le dérider quelque peu.

- Enfin, après tout ça je suis revenue et je me suis mise à mon compte... Ça a bien marché, mais gérer toute seule l'équivalent d'un cabinet entier commençait à m'user et avec la crise, Londres commençait à vraiment devenir hors de prix... Alors quand Christian m'a appelée pour que je fasse partie de son équipe, j'ai sauté sur l'occasion.

Elle aurait pu continuer cette conversation pendant de longues heures mais fut soudainement interrompue par un Edward à l'air bien plus grave qu'à l'accoutumée. Avant que la blonde avocate ait pu lui demander ce qui lui arrivait, elle fut surprise par un flot ininterrompu d'aveux qui lui allèrent droit au coeur. Pour la première fois de sa vie, Edward reconnaissait réellement sa valeur et semblait éprouver du remords pour leurs différends passés.
"brillante, sensible, volontaire..." chacun de ces mots la fit rougir violemment. Venant de lui, c'était la chose la plus douce qu'elle aurait pu imaginer entendre. Soudainement, tous ses sens semblèrent se mette en stand by. N'existait plus que la voix du noble, dont les graves mélodieux s'étendaient comme une caresse dans l'espace qui les séparait. Ses yeux se figèrent dans les siens alors que sa bouche entrouverte n'était plus capable de produire le moindre son.
Il était surprenant, l'aîné des Seymour. Alors qu'elle ne pensait attendre plus rien venant de lui, il la prenait au dépourvu pour dévoiler celui qu'elle pensait parfois n'être qu'un mirage. Elle était émue. Émue au point que ses yeux semblèrent s'humidifier un peu plus. Ou bien était-ce l'éclairage de la pièce ?
Elle ne trouva rien à répondre et n'en eut tout simplement pas le loisir. Ses lèvres douces vinrent se poser avec délicatesse sur les siennes, comme ce soir d'été.
Suspendue à cet instant qui sembla s'éterniser, la jeune avocate sentit soudain tous les poils de son corps se hérisser et une sensation nouvelle se tordre au creux de sa poitrine. Ses sens soudain éveillés par le parfum boisé et les relents de tabac froid de son ancien ennemi, elle n'écoutait plus rien d'autre que leurs propres respirations.

Lorsqu'il rompit l'étreinte, elle était à la fois surprise et amusée. Il s'excusait à nouveau, sans doute soucieux de ce qu'elle penserait, ou de ce que les autres pourraient penser d'elle. Mais il n'y avait personne ici qui leur prêtait attention. Les uns buvaient, les autres jouaient aux fléchettes. Avec un sourire beaucoup plus franc, elle balança la tête de droite à gauche en un geste de négation. Puis ce fut elle qui se rapprocha, passant doucement une main sur la nuque du trentenaire, avant de lier à nouveau leurs bouches.

Bien que Rosamund ait eu plusieurs relations avant et après lui, il avait été le seul à l'électriser de cette manière. En même temps, sa main chercha la sienne. Tout semblait soudain s'être effacé. Il avait eu beau la traiter de façon détestable, elle ne voyait que celui qu'il était, en cet instant. Un homme maladroit, bien trop guindé dans un costume bien plus cher que le nécessaire. Un homme sensible et intelligent qui ne demandait qu'à pouvoir s'émanciper.

Après un baiser qu'elle oeuvra à prolonger assez, pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas, elle lui dédia un sourire, plus radieux que tous ceux qu'elle avait pu lui faire jusqu'à présent.

- Tu m'as manqué, Edward.

Pour Rosamund, Edward n'était pas le méprisant avocat qu'elle avait recroisé au gala, mais bien cet homme trop sensible et trop peu sûr de lui pour oser s'ouvrir aux autres. La blonde sentait que le mur de mépris qu'il s'était construit était en train de se fissurer et elle comptait bien faire apparaître le trésor qu'elle avait toujours pressenti, derrière les couches d'indifférence. Alors qu'une balade délicieusement languissante se jouait en fond, elle le couva de ses yeux noisettes en posant sa tête dans la paume de sa main.

- Tu n'as plus à t'en faire pour tout ça. Plus maintenant

Rosamund soupira. Comment mettre, elle aussi, des mots sur ce qu'elle ressentait, au fond ? Comment s'avouer qu'elle avait, inconsciemment, toujours cherché à retrouver la proximité qu'elle avait eu avec lui, ce soir là ? Qu'elle avait toujours cru qu'il était plus que son titre ? Après cette étreinte inespérée, elle avait peur de tout gâcher en le vexant. En un sens, elle redoutait de le voir à nouveau s'échapper en prétendant qu'un devoir plus important l'attendait ailleurs.
La jeune femme regarda un instant le vide, comme pour chercher la force de trouver les bons mots, avant de se lancer.

- Oui, c'est certain, tu as été idiot, mais je l'ai été aussi. J'ai préféré me persuader pendant longtemps que tu n'étais qu'un être imbu de lui-même qui se reposait sur ses privilèges et qui ne méritait aucune considération. C'était plus facile pour moi, cette vision binaire des choses.

L'avocate se mordit la lèvre et se perdit à nouveau dans le bleu hiémal du regard d'Edward.

- J'ai été idiote parce que je me refusais à voir ce que j'ai toujours ressenti chez toi. Cet esprit fin et sensible, bien plus attiré par les étoiles que par les cours de pénal, au fond. Je regrette d'avoir annulé mon inscription au club d'astronomie, par fierté, quand j'ai vu que tu y étais. Je regrette aussi d'avoir fait semblant de ne pas voir que tu aimais la musique, d'avoir fait exprès d'ignorer ces moments où tu jouais dans la salle d'étude en pensant qu'il n'y avait plus personne.

La blonde avocate hésita. Elle ne savait pas comment terminer sa phrase sans paraître ridicule. Mais elle se douta qu'Edward devait sans doute partager cette sensation d'inconfort. Avec un rire légèrement caustique, elle passa une nouvelle fois la main dans son carré, achevant de le déranger.

- On est beaucoup moins différents que ce qu'on en a l'air, si tu veux mon avis.

Alors qu'elle détaillait à nouveau ses traits, le bar commençait à s'emplir. La soirée s'installait fermement. Mais pour Rosamund, le monde entier pouvait s'effondrer ou se retourner, elle n'aurait pas bougé de cette banquette.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.


Dernière édition par Rosamund A. Fraser le Mar 14 Aoû - 19:37, édité 1 fois

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Dim 15 Juil - 11:48
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Pas de quoi s'inquiéter, lui avait-elle dit, mais c'était bien mal connaître Edward et sa peur pathologique des germes et autres organismes ou malformations responsables de maladies en tous genres. S'il avait réellement méprisé Rosamund comme il le prétendait, il n'en aurait rien eu à faire, mais son attirance pour la jeune femme ne faisait que se confirmer de minute en minute et il ne put s'empêcher de s'inquiéter pour elle. Avec ses manières vieux jeu, Edward aurait eu tendance à la voir comme une petite chose fragile, faite de cristal ou d'une quelconque autre matière facile à briser, aussi préféra-t-il ne rien ajouter, au risque de passer pour un parfait imbécile. Si Rosamund lui affirmait que tout était sous contrôle, c'est que c'était le cas. Croisant les bras en s'enfonçant légèrement dans son fauteuil, Edward poursuivit la conversation en gardant en mémoire le fait qu'il n'avait jamais fait suffisamment attention à Rosamund pour se rendre compte d'un tel problème de santé. En réalité, il s'était intéressé à l'élève, à la rivale et non à la personne. Du moins jusqu'à ce fameux soir où, après un bal bien arrosé, tout avait dérapé. C'était finalement ça, le point de départ de leur relation : une rancœur et une rivalité noyée dans la l'alcool.

Edward écouta donc le parcours de la jeune femme et se rendit compte qu'après leurs études, ils avaient emprunté des chemins bien différents. Rosamund défendait les employés abusés, Edward les grands patrons aux poches remplies de billets. Il savait pertinemment qu'il lui arrivait régulièrement de défendre des crevures qu'il savait coupable mais dès lors qu'il mettait les pieds dans un tribunal, une seule chose comptait : faire innocenter son client, qu'il s'agisse d'un ange ou du pire être humain sur Terre. Quelque part, s'il devait se faire bien plus d'argent que Rosamund, son parcours était bien moins blanc et couvert de zones d'ombre bien peu reluisantes.

Perdu dans ses pensées et bercé par le son de la voix de la jeune femme, Edward sursauta légèrement en entendant le nom de la mère de Rosamund.

Wesendonck ? Ta mère est Olga Wesendonck ? C'est fou, c'est elle qui me donnait des cours de piano quand j'étais plus jeune... une remarquable pédagogue en plus d'être une musicienne accomplie.

Bien sûr qu'il avait entendu parler d'elle... pendant des années, la talentueuse polonaise avait enseigné au rigide héritier Seymour l'art du piano. Elle avait toujours dit de lui que sa technique était impeccable et son doigté rigoureux mais qu'il lui manquait malheureusement l'émotion et le souffle pour pouvoir devenir un grand musicien. Qu'impote, s'était dit Edward : si son cadet ne pouvait intégrer un orchestre, il était proprement impensable que l'aîné le fasse. Edward n'était pas spécialement mauvais musicien, bien au contraire. Disons qu'il était bon en technique mais faisait un catastrophique interprète. À quoi bon massacrer Debussy en jouant ses partitions au kilomètre sans la moindre émotion ? Depuis qu'il avait arrêté, Edward ne jouait plus qu'occasionnellement dans la grande maison de ses parents, pour se dérouiller un peu les doigts. La technique venait par l'exercice, la virtuosité par l'entraînement mais l'émotion... l'émotion ne pouvait se travailler ni s'acheter, elle venait du cœur, de l'expression des sentiments du musicien. Fermé comme il l'était, Edward avait fait une croix sur ce « petit quelque chose » qui lui manquait : s'ouvrir et se mettre à nu face à un public connu ou inconnu lui semblait tout simplement insurmontable.

Ah et donc ça fait longtemps que tu es dans la région ? Je veux dire... il est possible que nous nous retrouvions face à face dans un tribunal un jour, j'imagine.

Et dans un tel cas, qui serait dans le camp des gentils ? Ou plutôt qui serait dans le camp des vainqueurs ? Edward doutait que mettre deux têtes de mules déterminées à gagner par tous les moyens dans la même pièce soit une bonne chose, surtout si cela se faisait au détriment de leur client respectif. Mais d'un autre côté, ne serait-ce pas l'occasion de prendre chacun leur revanche ?

Tu te plaîs dans ce cabinet ?

Simple curiosité de sa part, laquelle cachait forcément quelque chose d'autre. Une chose à laquelle il n'avait pas vraiment pensé jusqu'à présent mais... Rosamund était talentueuse, il ne pouvait le nier. Un tel élément au sein du cabinet où lui-même travaillait n'aurait pas été négligeable.

Seulement, il fut pris de court par une autre conversation, d'autres souvenirs, d'autres sentiments refoulés. Et lorsqu'il repris ses esprits, se fut pour rompre une étreinte et un baiser pourtant salvateurs. L'absence d'alcool rendait non valide l'excuse du « j'étais bourré, j'ai dérapé », cette fois c'était on ne peut plus sincère, doux et timide à la fois. Il en serait bien resté là, si Rosamund ne s'était pas penché vers lui pour l'embrasser à son tour. Il n'eut pas le moindre geste de recul, se contenta de répondre au baiser de la jeune femme et lorsqu'elle chercha sa main du bout des doigts, il les lia aux siens pour ne plus les lâcher. C'était ça, la chose qui lui manquait tant depuis huit ans : le contact et la présence de Rosamund... c'était ça, le vide béant dans sa poitrine qu'il ne parvenait qu'à creuser un peu plus chaque fois qu'il était loin d'elle. C'était véritablement ça qui lui donnait envie de tout plaquer pour s'enfuir avec elle sans un regard en arrière. Et lorsqu'elle rompit leur étreinte, il écarquilla les yeux d'étonnement. Il lui avait... manqué ? Il serra les poings en se rendant compte que s'il avait été à sa place, jamais il n'aurait pardonné les multiples insultes et remontrances... se pouvait-il que Rosamund ait vu clair dans son jeu ? Qu'elle ait été capable de voir sous la carapace de mépris et d'arrogance quand même Calixte ne parvenait plus à le percevoir ? Pendant un instant, Edward envisagea de fuir, comme huit ans plus tôt, pour ne pas avoir à affronter la suite des événements, mais il resta le derrière vissé dans son siège, incapable de détacher son regard de celui de la belle blonde.

Incapable au point qu'il ne remarqua pas l'homme accoudé au bar qui venait d'immortaliser leur baiser dans un cliché précieusement sauvegardé dans son téléphone et dont le carnet était criblé de notes qui n'avaient certainement rien à voir la recette secrète du cocktail qu'il sirotait, un sourire de requin aux lèvres. Enfermé dans une bulle à mi chemin entre l'extase et le sentiment de culpabilité, Edward n'avait de toute manière d'yeux que pour le ravissant sourire de Rosamund.

Alors qu'il restait muet, incapable de mettre des mots sur ce qu'il ressentait à cet instant, Rosamund repris la parole. Oui, il avait été idiot. Il l'était même toujours un peu avec elle, car c'était plus simple, beaucoup plus simple d'être odieux avec elle que de lui accorder l'attention qu'elle méritait, car en se persuadant qu'il n'éprouvait que du dédain pour elle, il était en sécurité... comme il pouvait se voiler la face ! Et quelque part, elle avait raison : Edward montrait au monde entier qu'il n'avait de respect que pour lui-même et que ses privilèges, il prenait un malin plaisir à les mentionner quotidiennement. C'était sa carapace, sa protection à lui, et il était plus que stupéfait de voir à quel point Rosamund pouvait voir clair dans son jeu. Elle avait vu son amour pour les étoiles, compris le poète un brin maudit sous l'arrogant avocat, cerné le musicien de l'ombre sous l'impertinent étudiant en droit... comment avait-il pu ne pas remarquer qu'elle était là, depuis tout ce temps ?

Rosamund, je...

Je quoi, se dit-il ? Lorsqu'elle se tourna vers lui pour lui avouer qu'ils n'étaient pas si différents l'un de l'autre, il ne put que hocher la tête. Au contraire, ils se ressemblaient énormément, dans leurs qualités comme dans leurs défauts.

Tu vas trouver ça ridicule, mais... j'ai l'impression que cette discussion arrive avec huit années de retard.

Discussion qu'ils auraient pu avoir s'il ne s'était pas comporté comme un parfait idiot ce jour-là. Tout cela était bien beau mais et maintenant ? Qu'allaient-ils faire ?

Si je n'avais pas été aussi bête, nous aurions eu cette discussion avant que je ne me retrouve pieds et poings liés...

Mais avait-il seulement l'intention d'être raisonnable, alors même qu'une foule entrait dans l'établissement sans même leur accorder un regard ? Avait-il vraiment envie de se priver alors que, manifestement, tout le monde se fichait bien de ce qu'ils faisaient ? Non. Parce qu'Edward n'avait toujours pas remarqué l'homme qui les observait et parce qu'il n'avait pas l'intention de chercher la petite bête.

Mais soyons honnêtes, je n'ai pas envie de penser à cela ce soir.

Et pour la troisième fois en l'espace d'une quinzaine de minutes, il embrassa Rosamund, comme un point d'orgue à cette éprouvante journée qui, finalement, ne se terminait pas si mal que ça.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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