Histoire de votre personnage

On aurait pu dire que du 2 septembre 1988 - date de naissance d’Helena Marjory Percy à Londres - jusqu’au 26 juillet 1992 - date de naissance de sa sœur Sixtine - la petite Helena gardait un tas de souvenirs de sa mère. Qu’elle se rappelait de son visage, des nombreuses fois où elles jouaient dans le parc et de son air absent lorsqu’elle peignait un nouveau chef d’œuvre dans son atelier où son bébé n’avait de cesse de la suivre. Mais Helena n’était qu’une enfant à cette époque là et de la courte période pendant laquelle elle avait eu le privilège d’être choyée par une mère avant que celle ci ne meurt en couche, l’aînée des Percy ne gardait que de vieux souvenirs incomplets, trop vagues, qu’elle soupçonnait parfois avoir emprunté au temps où son père exposait encore des photos de sa mère dans la maison familiale. Et si Helena ne se souvenait plus de l’enterrement, si à l’époque elle n’avait pas su comprendre tout ce qui se passait autour d’elle, si elle n’avait pas pu interpréter les larmes de son père effondré qui tenait entre ses mains le trop petit nourrisson qu’était sa sœur, elle avait pourtant ressentit la douleur. Ce manque viscéral, puissant, qui ne l’a plus jamais quitté depuis.

Enfant instable en manque cruel d’un parent, la jeune fille eut alors plusieurs stades critiques dans son enfance.
Dans sa sixième année d’abord, Helena se mit soudainement à adopter un comportement de garçon manqué pour tenter de correspondre au dessein auquel elle croyait être soumise. Peut être en réaction à la douleur, mais surtout parce que l’idée insidieuse s’est immiscée dans son jeune esprit, qu’elle aurait du naître du sexe opposé afin de pouvoir prendre les rennes de l’entreprise familiale. Elle portait les cheveux courts, très courts, qu'elle coupait souvent elle-même et se cantonnait à tout ce qu’elle pouvait affilier à un comportement typiquement masculin. Jusqu'à ce qu’au fil des années et après plusieurs discussions avec son père - de qui elle était relativement proche à l'époque (bien que l’attention paternelle était bien plus dédiée à sa cadette) – lui fassent comprendre qu'elle ne reprendrait jamais la direction de la famille Percy et qu'elle était donc libre d'être elle-même.
Sauf qu’Helena n’avait aucune idée de qui elle était. Elle qui s’était perdue des années durant dans un rôle masculin qu’elle pensait salvateur, elle sans mère et dont le père avait dédié la plus grande part de son attention à sa dernière fille dans une tentative évidente de combler le manque laissé par un être cher...  même la présence de Sixtine qu’elle adorait tant fini par ne plus suffire.

C’est à treize ans que la jeune femme commença sa réelle descente aux enfer. Adolescente difficile, les mauvaises fréquentations ne furent pas dures à trouver et avec elles, virent peu à peu l’alcool, la drogue, le vol... Helena n’avait de cesse de se frotter aux forces de l’ordre et de se mettre en danger. En ce temps là, tout ce qui pouvait lui porter préjudice était bon à prendre.
Entrant bientôt dans un cercle vicieux dont elle ne voulait pas se sortir, Helena passa toute son adolescence à se terrer dans ses problèmes, mettant une certaine distance entre sa famille et elle.

A dix-neuf ans, elle réussit cependant à entrer en école d’art grâce aux relations de son père. Helena aurait bien voulu dire qu'elle trouvait un certain calme, une forme d'expression de son malheur, de sa colère et de son vide intérieur dans l'art... Mais en réalité elle s'en foutait complètement. L'école était la seule qui avait accepté de lui ouvrir ses portes au vu de ses antécédents judiciaires ... Pour son paternel, Hel participait aux cours, tentait de s'investir, mais les addictions et les études faisant mauvais ménage, la jeune femme, qui passait plus de temps en retenue qu'en cours, manqua à plusieurs reprises de se faire expulser, encore une fois sauvée par les connaissances de papa Percy.

Ce fut âgée de vingt-et-un an, toujours en études et sans diplôme, qu’Helena rencontra Nikola (là, c’est le moment chamallow et ours en peluche, attention) . Il s’agissait d’un intervenant récurrent dans les cours sur le marketing dont Helena se fichait à la perfection. Elle participait à un de ses cours tous les deux mois et souvent avec des cernes et une odeur de fumée et d'alcool voguant autour d'elle et si elle ne le voyait pas, lui semblait clairement l’avoir repérée.  L’homme se mit soudain à lui parler et à la pousser à faire de même, il la soutenait, insistait, se prenait ses refus d’obtempérer en pleine tête et puis recommençait. Jusqu’à ce que sa persévérance finisse par payer.  Ce ne furent d’abord que de petites confidences, des aveux à demi mots, mais Helena se mit bientôt à faire pleinement confiance à Nikola, parce qu'elle en avait besoin, parce qu'elle manquait cruellement d'attention, alors elle alla jusqu’à lui confier ses rêves, ses espoirs, puis avec le temps, son cœur (on la sent la guimauve fondue et la suite qui pue le drama ?). Ses addictions furent plus difficiles à lâcher que ses confidences mais avec l'aide du jeune homme et quelque cures intensives, ses mauvaises habitudes furent bientôt reléguées au rang de mauvais souvenir.
Un lien puissant se créa alors entre les deux jeunes gens... Ou tout du moins d'Helena à lui. Elle était amoureuse, profondément, au point de vouloir abandonner les siens pour fuir avec lui et laisser enfin derrière elle cette vie et ce nom dont elle ne voulait pas, dont elle n’avait jamais voulu.

Il vécurent dix mois ensemble, isolés, loin de tout et de tout le monde et Helena lui aurait accordé le restant de sa vie ainsi. Mais un matin de grand soleil, la jeune Percy se réveilla dans son lit, totalement vidée de toute envie de s'adonner à ses terribles addictions, vidée aussi de tous ses souvenirs de Nikola. Lui qui s’avérait être un mutant aux capacités psychiques avait effacé tous les souvenirs le concernant.  Tous leurs moments passés ensemble se retrouvèrent remplacés par des blancs qu'elle ne pouvait pas combler mais qu'Hel justifia d’abord par des années de consommations de substances diverses et variée et qui ne faisait que la convaincre plus encore de ne plus jamais mettre un pas dans ces vilaines affaires.
À la place, l’idée soudaine de se jetter corps et âme dans ses études se fit un chemin dans l’esprit d’Helena.
La publicité, c’était ce qu’elle voulait faire, venue soudain comme une illumination d’on ne sait où - et Helena se fichait de savoir d’où ça venait. Elle y voyait là un souvenir de sa mère qui adorait peindre et parce que, cerise sur le gâteau, ça n’apporterait strictement rien à la cause des veilleurs, il n’en fallait donc pas plus pour la décider... Son coup de crayon ne s’avéra pas mauvais et son esprit clarifié de la drogue et de l'alcool arrivait à pondre des idées qui plaisaient.

Âgée de vingt six ans, les études de la jeune femme se passaient mieux que jamais, ayant enchaîné les études supérieures, elle se retrouva bientôt dans sa spécialisation souhaitée. Mais des ombres venaient (comme toujours - sinon ça n’aurait pas été marrant) amocher le tableau. En premier lieu des pertes de mémoire. Sur le court terme seulement, mais il arrivait à Helena de se retrouver dans à un endroit sans se souvenir du chemin pour y arriver ou d’être en pleine conversation et de se retrouver soudain à ne plus du tout se rappeler du contenu de ladite discussion. Pour régler ce soucis, l’aînée de la famille se mit à faire des aller-retour réguliers à l’hôpital pour des tests toujours plus étranges et invariablement infructueux...
L’autre ombre, plus importante, fut le mariage de son père à Eleanor. Une femme à peine plus vieille qu'elle, qui avait immédiatement déplut à Hel sans qu’elle ne sache dire pourquoi. Elle lui inspirait méfiance, dégoût, allant même jusqu’à ne pas savoir se tenir en sa présence. À cette nouvelle déception familiale, la jeune Percy décida d'éviter au maximum les contacts avec cette belle-mère qu'elle détestait et s’éloigna de son père plus que jamais.

Il fallut encore attendre un an pour que la jeune femme obtienne son master en publicité et quatre mois pour qu’elle décroche un travail dans une agence publicitaire du centre ville. Des collègues sympathiques, un bureau au rez-de-chaussée (acrophobie oblige), un supérieur qui lui laissait de grandes libertés et son poste stressant et lui demandant beaucoup d'attention, c'est tout ce qu'il lui fallait.

A vingt huit ans, Helena s’était donc faite une place à l’agence qui lui permettait de communiquer sa façon de penser et d’agir à sa manière, pour faire tourner son petit monde loin des différentiations mutants-humains. Ses relations avec son père étaient toujours tendues, avec sa belle mère venimeuses au possible et celles avec sa sœur parfaites comme elles auraient toujours du l’être... C’est ce moment presque idyllique que choisit Nikola pour débarquer à nouveau dans sa vie, dans le rôle de son nouveau patron cette fois. Évidemment, Helena n’avait pas retrouvé sa mémoire mais cet homme, qui dès le premier regard sembla la voir comme un obstacle sur son chemin, un bâton dans sa roue, un cheveu dans sa soupe, ne pu la laisser indifférente...

Aujourd’hui, ses problèmes de mémoire courte ne se sont pas améliorés et l’ainée des Percy continue inlassablement à en chercher la cause depuis que l’hypothèse de la drogue a définitivement été évincée par la science. Le mariage d’Eleanor et de son père tient, quant à lui, toujours le coup, mais Helena est bien décidée à mettre tout en oeuvre pour que ça ne soit plus le cas bien longtemps.
Et enfin, son nouveau supérieur hiérarchique s’est révélé, avec le temps, détestable, purement détestable, plus détestable encore que ce qu’elle avait pu croire au premier instant !
Mais Hel adore son métier, c'est sûrement la seule chose qui tient debout dans sa vie et si l'un d'entre eux doit partir pour le bien-être de l'autre, la jeune femme compte bien ne pas laisser sa place !