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Remind me to make you forget all that (hedwige&nikola) Empty Remind me to make you forget all that (hedwige&nikola)

Sam 31 Mar - 19:24
Nikola D. Stepanovic
psychologiste
Nikola D. Stepanovic
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Messages : 759
Date d'inscription : 10/02/2018
Crédits : marelle
Métier : Directeur artistique - docteur en psychologie - pompier volontaire
 
   

Remind me to make you forget all that

   hedwige & nikola
 
 
 
Je devais faire un bien piètre ami, à ne donner ainsi des nouvelles que de manière très irrégulière. Certes, ce n’était pas uniquement de mon fait - cette dernière année à cheval entre Durham et Newcastle ne m’avait laissé que peu de temps pour ma vie privée, alors nous ne pouvions rien présumer de ma vie sociale, mais je me sentais malgré tout coupable : mon silence n’avait que trop durer. Et en comptant l’ensemble de mes connaissances datant de l’époque où j’étais encore scolarisé dans le coin, ainsi que Divna, je ne possédais même pas plus d’une demi-douzaine d’amis, et donc aucunement l’excuse de la quantité pour justifier mon silence. Dans les faits, cela ne faisait certes que deux mois que je n’avais pas croisé Hedwige, mais c’étaient très certainement deux mois de trop. Deux mois de silence, deux mois de distance, deux mois à ne pas l’aider avec son association, à ne pas me tenir au courant de ses nouveaux adhérents, deux mois également à ne pas simplement être disponible pour elle : oui, effectivement, cela faisait deux mois de trop. Deux mois auxquels je comptais mettre un terme dès aujourd’hui. Dix-huit heures trente, je sortis du travail à l’heure pour une fois, une fois dont il fallait tenir compte tant cela était remarquable. Tout en dénouant la cravate qui m’enserrait le cou, tout en ouvrant la veste de costume, imposée lorsqu’on tenait compte de mon statut, tout en rangeant mon badge, tout en consultant l’heure de crainte d’être en retard, tout en montant dans le bus qui devait me ramener à Killingworth, navette nécessaire entre la petite ville et Newcastle, j’envoyai un message à Polina lui rappelant que je n’allais pas rentrer de bonne heure ce soir, et descendis sans plus tarder du côté de Palmersville en même temps que ce flot de personnes qui naviguaient matin et soir dans la région.

Aussitôt, je rangeai ma cravate dans mon sac, aussitôt également, je sentis mes épaules se délier d’une pression accumulée pendant la journée. A Killingworth, même si je savais de source sûre qu’Helena y habitait encore, je savais également avoir moins de chances – de risques ? – de la croiser. Et quelque part, cela me soulageait de ce poids constant qui m’angoissait, m’asphyxiait tout le jour. A tous ces instants où l’on pouvait se croiser dans les couloirs de l’entreprise, à tous ces instants de réunion où j’étais contraint d’avoir sur elle un regard neutre, objectif, dénué de tout ce qui ne relevait pas du professionnalisme. Un regard que je doutais pouvoir longtemps poser sur elle. Prenant le temps, le temps de l’avance de vingt minutes qu’un trafic étonnamment fluide m’avait offert, j’achetai le journal du jour au kiosque le plus proche, m’installai sur un banc, renvoyant un message à Hedwige pour lui confirmer, déjà, ma présence et lui indiquer, ensuite, où je me trouvais et me plongeai dans une lecture attentive des dernières nouvelles de la journée, de la veille, de la ville. Je me plongeai dans une lecture attentive pour contraindre mon esprit à ne pas se disperser, merci bien.

Et pourtant, il ne cessa, à un seul instant, de revenir sur Helena. Sur Polina également, mais à moindre fréquence. Là, une publicité de parfum, là, l’évocation des Percy, là, simplement, on parlait des transports en commun, et d’un arrêt en particulier où l’on s’était tenu la main, souvenir vif que je conservai pour une raison quelconque. Bientôt un mois d’écoulé en 2018, bientôt un mois et tout resurgissait. Le vent et la pluie érodaient les trop nombreuses années passées dans les Balkans, mettaient à jour, irrémédiablement, indubitablement, mes sentiments pour la blonde, pour la Percy inaccessible, ce qui m’amena à me questionner sur la raison qui avait motivé mon SMS envoyé à Hedwige pour que l’on prenne un café ensemble en fin de journée. Avais-je envie de me sortir Helena de l’esprit, ou bien au contraire l’égoïsme m’avait-il poussé à renouer avec Hedwige juste pour avoir une oreille attentive et pouvoir me lamenter sur mon sort ? Je me mordis la lèvre, me rendant compte que je n’avais strictement rien retenu de la page que je venais de lire, et qu’il allait très certainement en être de même pour celle que je venais de tourner. Dans un soupir, je fermai le journal, étendis mes jambes, consultai à nouveau mon téléphone, cherchai autour de moi la silhouette de l’une des premières personnes à m’avoir aidé à mon retour en Angleterre. A bien y repenser, je lui devais beaucoup : on m’avait tout d’abord désigné Hedwige pour que je puisse trouver le strict minimum pour Polina, puis lorsqu’avait émergé son association, c’était tout naturellement vers elle que mes doutes concernant Polina m’avaient entraîné. Prudence distante quant aux mutants, elle savait que j’en étais un, mais pas dans quelle mesure j’en étais un dangereux. A cette idée, mes pensées dérivèrent une nouvelle fois sur ce que j’avais infligé à Helena, souvenirs arrachés avec brutalité. Et je me rendis compte que je n’avais strictement aucune idée de ce qu’Hedwige pourrait bien penser de tout cela : mes mains glissèrent avec nervosité dans la paire de gants que j’avais ôtés un peu plus tôt pour isoler ma peau – trop conductrice à mon goût – et ma mutation des autres. Juste à temps : je me levai en l’apercevant qui arrivait. D’un petit geste de la main, je lui fis signe pour attirer son attention, laissai un sourire s’étirer sur mes lèvres.

Hedwige, pile à l’heure ! Mes yeux jetèrent un regard vers ma montre avec un temps de retard. Comment vas-tu ? Ma mutation, elle, répondait à ma nervosité avec ce qui me semblait être un crépitement d’électricité, manifestation illusoire de ce que je pouvais ressentir lorsqu’elle ne demandait qu’à s’exprimer. Comme à cet instant. Me poussant à rajouter : Je ne te fais pas la bise, j’ai attrapé un petit rhume…, regard fuyant sous ce mensonge égoïste. Je te propose qu’on s’installe quelque part avant d’attraper froid ?

 
 by marelle  
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