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Mar 23 Jan - 0:36
H. Calixte Seymour
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H. Calixte Seymour
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So they dug your grave

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Calixte hocha la tête, l’air le plus sérieux du monde. Oui, bien sûr qu’il comprenait. Et oui, bien sûr qu’ils étaient sur la même longueur d’onde : ce n’était pas parce que Papa était actuellement incapable de prendre des décisions que les Seymour l’avaient plus de gouvernail, loin de là. Certes, tant que la succession n’était ni officielle, ni faite, Calixte comptait bien disputer à Edward le droit de tenir la barre, mais en attendant, ils n’en restaient pas moins deux interlocuteurs ouverts aux revendications de leurs cousins, de leurs associés. Les Seymour n’avaient peut-être plus de patriarche pour prendre les décisions, mais ils avaient deux héritiers largement en âge, aux yeux de Calixte du moins, de parler pour l’ensemble de la maison. Alors oui, bien sûr que Calixte comprenait ce que John Stevenson lui disait. Alors oui, bien sûr qu’ils étaient sur la même longueur d’onde. Alors oui, bien sûr que Calixte était un homme particulièrement susceptible, surtout lorsqu’on abordait sa légitimité de représentant de la branche aînée des Seymour. John était un lointain cousin, l’un des fils cadets de la fille de son cousin de son père, quelque chose approchant cette approximation déjà brouillonne. Lointain cousin, mais lointain cousin seymour et cela suffisait pour en faire également un lointain cousin veilleur. Et particulièrement concerné par la Veille, de surcroît, une chance. Calixte posa une main sur l’épaule de son cousin, de bien dix ans son aîné, pourtant. Ne t’en fais donc pas, John, je sais très bien ce que je fais et vers où nous allons. Le savait-il vraiment ? Son visage, sa voix, son attitude respiraient la tranquillité, la certitude et l’honnêteté quand ses deux yeux, reflet de son âme, se ternissaient d’un soupçon d’hésitation. Jeremy sait quelles sont les limites à ne pas franchir d’un point de vue souplesse : il a bien en tête que faire profil bas en posant nos pions n’est pas synonyme de ranger au placard tout ce pour quoi nous oeuvrons depuis tout ce temps. Qu’en sais-tu ? La question sonna comme un défi, John se dégagea de la main de Calixte dans un mouvement d’épaule. Ah. Visiblement, contrairement à ce que Calixte pensait acquis, non, les dix ans qui les séparaient n’étaient pas chose oubliée et il lut dans le regard de l’autre Seymour un soupçon de condescendance.   Vous êtes trop jeunes, tous les deux, à vous prendre pour de petits ducs. Vous n’avez ni la présence, ni la prestance de George. Je doute même que vous ayez les épaules pour encaisser les... Calixte fit un pas en avant, menaçant. Deux, même, puisque John ne recula pas au premier. Trois, il carra les épaules. Désavantagé par une taille loin de lui permettre de dépasser les autres, Calixte savait compenser par sa carrure et, quoique puisse en dire le lointain cousin, son charisme. Il s’imposa. Dérangé par le vous qui le liait à Edward, dérangé par le fait d’être mis non seulement dans le même sac que son grand-frère mais également dans un sac tamponné de la sentence inapte à diriger. George Seymour est le duc de Somerset et le patriarche des Seymour. En son absence, Edward le représente. En l’absence d’Edward, je le représente. Donc si je te dis, t’affirme et te soutiens que nous savons parfaitement ce que nous faisons et que ton rôle est de continuer à sensibiliser la population pour que le tatouage soit accepté, alors tu continues à sensibiliser la population. C’est compris ? Ils étaient éloignés, les deux cousins, mais on retrouvait chez l’un la forme du nez, chez l’autre l’éclat du regard, on retrouvait chez eux le même sang.

Pendant trop de secondes à son goût, Calixte soutint le regard de John qui finit, non pas par acquiescer, mais par soupirer un mouvement de recul. Si tu veux voir Edward et bien va voir Edward, il te dira la même chose que moi. En attendant je ne peux pas traîner davantage dans le coin, on m'attend ailleurs. Et c'était vrai : on avait un rire exquis, de longues jambes et souhaitait connaître davantage Calixte. Sans plus de patience ou de cérémonie, Calixte laissa là John et la crypte des Veilleurs, point de rendez-vous aussi glauque que commode et s’extirpa par une porte dérobée qui menait elle-même à un escalier menant, enfin, directement dans la sacristie de St John. Calixte se signa machinalement, ne jetant qu'un rapide coup d'oeil en direction de l'autel. Il n'était pas athée ou il ne savait plus trop, il avait cessé de regarder dans les yeux les textes saints et le Dieu de la foi de ses parents le jour où il avait tué Abi, le jour où il s’était demandé comment un Dieu pourrait lui pardonner ce que lui était incapable de se pardonner. D’un pas rapide, pour fuir le lieu, pour fuir l’atmosphère, Calixte remonta l’allée, se glissa dans les portes entrouvertes et sortit, enfin, à l’air libre. Ses mains lissèrent sa veste de costume, teintèrent sa vue de lunettes de soleil. S'apprêtèrent à extirper son téléphone quand une voix l’interpella. Ah ! Calixte ! Son volteface fut aussi brusque que sa voix sèche. John ! Je t’ai dit que… Soeur Claire ? Ce n’était pas son lointain cousin qui se trouvait face à lui, non. C’était une lointaine cousine - décidément ! - des Percy, celle qui leur ouvrait les portes et les dossiers de l’orphelinat. Peu nombreux étaient les enfants mutants, mais fréquents étaient ceux attentivement surveillés par les veilleurs. Et exceptionnels, ceux qui fuguaient ou dont la police perdait définitivement la trace, sans comprendre pourquoi. J’ai tenté de vous contacter, nous avons… Elle baissa la voix d’un ton avant de poursuivre, poussant Calixte à la suivre en direction de l’orphelinat. Nous avons un cas. Il risque de devoir… est-ce que vous pouvez passer l’examiner ? Un cas. Calixte s’immobilisa au milieu de la rue, une fraction de seconde. Attentif comme jamais.

Un cas. Un mutant.

Quel âge a-t-il ? Qu’est-ce que.. Calixte se racla la gorge, réticent à achever sa phrase. Soeur Claire acquiesça, le guidant dans l’orphelinat. Il n’y avait jamais réellement mis les pieds, excepté à quelques occasions pour des fêtes de Noël ou de nouvelle année, dans des actes de charité qu’appréciaient Maman, Papa et la réputation aristocrates des Seymour. En quelques mots, soeur Claire lui résuma la situation. Tout d’abord des cauchemars de plus en plus fréquents avaient tourmenté l’orphelinat, des plus jeunes aux plus grands. Puis les tourments avaient atteint les soeurs, le voisinage, et l’horreur vécue était constamment la même : une noyade cruelle, qui laissait tout le monde à l’asphyxie, avec la sensation d’eau infiltrée leurs poumons pendant leur sommeil. Ce n’était qu’en se replongeant dans les dossiers que les soeurs avaient récemment réussi à isoler l’enfant qui avait vécu ça, dans l’accident qui l’avait rendu orphelin de père, de mère, de frères et de soeurs. Seul survivant, miraculé. Mutant. conclut Calixte d’une voix étranglée. Pourquoi, pourquoi fallait-il donc que ça tombe sur lui ? Il devait aller l’évaluer, il devait aller le voir et ça allait être à lui de prendre une décision, il le savait. C’était son devoir. Devoir de veilleur. Devoir de protecteur. Il faut que je le voie. Soeur Claire acquiesça. On peut toujours faire ça dans les voies légales, contacter le DCRM, laisser faire… Elle serra son poignet, l’empêcha d’atteindre son téléphone. Maintenant. Vous êtes sûre ? Malheureusement certaine. Je… vous pouvez être un parent cherchant à adopter ? Cela justifierait votre présence, et du temps passé avec l’enfant… ?

Calixte s’immobilisa, une seconde fois. Vraiment. Vraiment pourquoi avait-il fallu qu’aujourd’hui, tout spécialement, le cas de cet enfant devienne une urgence, pourquoi avait-il fallu qu’aujourd’hui, tout spécialement, John exige de le voir pour faire le point ? Et pourquoi… pourquoi donc fallait-il qu’elle parle d’adoption ? Juste quelques minutes, ça me rassurerait de savoir que vous allez… C’était son devoir de veilleur. Il le savait Calixte. Défenseur, justicier, chevalier, protecteur, c’était son devoir. Comme lorsqu’il avait abattu Abi. Ca avait été son devoir à l’époque, c’était son devoir à présent. Soeur Claire le guida vers des papiers, des formalités à remplir, Calixte y apposa une signature nerveuse en se demandant réellement dans quoi il s’embarquait. Vous détruirez tout ça après, n’est-ce pas ? Il avait confiance en elle, parce que son nom de famille était source de confiance, mais, vraiment… Il se releva, le papier dans la main. Le relut rapidement, ainsi que la fiche de présentation du petit. James. Onze ans, bien trop d’années devant lui avant le dépistage, avant le tatouage.

Calixte était un beau parleur, qui savait non seulement improviser mais également mentir à volonté, jouer un rôle, faire volte-face quand il le fallait. Et qui avait l’habitude des rumeurs et des faux propos publiés dans une presse affamée. Il pouvait tout à fait jouer le jeu quelques minutes puis revenir faire son rapport à Jeremy, Anthony et - malédiction - Edward, n’est-ce pas ? Une inspiration, Calixte se décida à rejoindre le petit et fit signe à la soeur qu’elle pouvait aller le chercher. Et à cet instant, la porte s’ouvrit sur une toute autre silhouette que celle attendue. Ahem… bonjour ? Il lança un regard à Soeur Claire : elle était déjà partie chercher James. Vous êtes en avance pour le prochain rendez-vous ou vous habitez ici ? Vous n’avez pas l’air d’une novice, pourtant. Non, elle n’en avait pas l’air le moins du monde. Sur le bureau, exposé, se trouvait le visage jovial du petit garçon. Trop tard pour le cacher, trop tard également pour masquer le formulaire de demande d’adoption exposé juste à côté. J’espère que vous n’êtes pas journaliste.

 
 by marelle  

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Dim 4 Fév - 13:18
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Colomba était arrivée en avance à son rendez-vous, et cela ne l'enthousiasmait pas vraiment : si elle était là si tôt, c'était que l'on avait déprogrammé sa première intervention de la journée, un tête à tête avec une gamine qu'elle aimait bien, humaine, de surcroit : Anelor avait beau avoir une orthographe malheureuse s'agissant de son prénom, c'était une chouette petite, qui se débattait comme un beau diable pour s'en sortir dans la vie, bien que les cartes que lui avait attribué cette dernière à la naissance n'étaient pas les meilleures du paquet : père absent, mère irresponsable et droguée à ses heures perdues, elle avait sur les bras l'éducation de son plus jeune frère depuis qu'elle avait appris ce qu'éducation voulait dire. Elle avait seize ans, avait été attrapée plus d'une fois à voler dans les magasins de la ville, souvent de la nourriture ou des produits d'hygiène, toujours en fin de mois, quand son job à mi temps de plongeuse dans un restaurant ne suffisait plus à nourrir les deux autres bouches avides qui l'attendaient dans son appartement mi salubre. Bref, Anelor était une de ces âmes en souffrance qui valaient le coup que l'on se batte pour elles, de toutes ses forces, le temps qu'elles récupèrent les leurs. Savoir qu'elle ne pourrait pas la voir aujourd'hui la contrariait au plus haut point. Déjà que la météo maussade et humide n'aidait pas...

Elle avait présenté son badge de manière parfaitement inutile à l'entrée de l'orphelinat au responsable de la sécurité qui essuyait sa bouche à la hâte du reste de sucre glace qui y était collé. Colomba lui sourit aimablement, enfin autant que pouvait avoir l'air aimable une jeune femme à l'humeur de dogue, avant de pénétrer dans l'enceinte de l'orphelinat : elle s'était portée volontaire pour être l'une des assistantes référentes de l'endroit, une charge de travail supplémentaire qui se justifiait par de nombreuses raisons plus ou moins avouables. Coté pile, son ancienneté en ville et dans son boulot lui permettaient de connaître certains enfants depuis leur naissance, ou presque. Elle était un visage connu, rassurant et, même si c'était politiquement incorrect de l'avouer, sa couleur de peau était familière pour ceux, nombreux, qui la partageaient parmi les pensionnaires. Une grande sœur de peau, parfois une figure maternelle à qui on se confiait bien plus facilement. Coté face, elle avait la main mise sur les dossiers des mineurs les plus fragiles du comté, et, à terme,sur leur test de dépistage ou sur les comptes rendus d'incident suspect concernant chacun d'entre eux. Elle savait qui était malade, déséquilibré, mutant, ou pire, les deux en même temps. Quand cela arrivait, et bien … Elle faisait le nécessaire. La mort d'un orphelin ne chagrinait l'administration qu'en façade. En réalité, cela faisait simplement une bouche de moins à nourrir pour l'assistance publique. L'important, Colomba le savait, c'était que tout cela ressemble à un accident. Personne ne perdait son temps pour un môme qui tombe d'un toit, un soir de fugue. Dommage pour lui. Bien fait pour lui.

La petite brune avait récupéré le dossier du jour dans le bureau de l'administratif avant de s'installer dans une des salles « d'entretien » en attendant que la rencontre commence : elle était là pour la première rencontre entre James, adorable blondinet auquel il manquait quelques dents suite aux passages successifs de la petite souris, qui zozottait un peu et souriait souvent, bien que timidement. C'était un enfant charmant, plutot bien élevé, doux, calme, un véritable cauchemar pour Colomba depuis qu'elle le soupçonnait d'être un mutant aux capacités particulièrement offensives et agressives. James était un des petits qu'elle avait le plus à l'oeil, et cela lui brisait le cœur de le sentir s'attacher à elle alors qu'elle avait le plus grand mal à le voir autrement que sous la forme d'une petite bombe à retardement, une grenade dégoupillée prête à imploser à tout moment. Colomba soupira, compulsant le dossier de l'enfant en silence, songeuse : Elle allait rencontrer un adulte probablement déjà sous le charme de cette petite gueule d'amour, et elle allait devoir lui coller un doute suffisamment important pour qu'il retarde l'adoption, ou mieux, la remette en cause. Cela chagrinerait probablement l'enfant, mais tout le monde était plus en sécurité tant qu'il n'avait pas accès à l'extérieur. L'orphelinat était un sas d'isolement presque efficace, aussi triste que cela pouvait être.

Alors qu'elle vérifiait l'heure sur son téléphone, une sœur passa la tête dans l'encadrement de la porte pour lui annoncer que, finalement, on l'attendait dans une autre pièce. Elle soupira puis se leva à la suite de la femme de foi qui trottinait avec empressement pour la guider jusqu'à une autre porte de bois sombre. Derrière la porte, Colomba ne trouva pas l'enfant -tant mieux!- mais un homme qui la dévisageait avec étonnement. Elle haussa un sourcil : il n'avait donc jamais vu d'assistante sociale de sa vie ? Ne lui avait on pas indiqué la procédure ? Elle ne se sentait pas aujourd'hui la patience de faire le travail des agents de l'endroit …

Bonjour Monsieur.... Monsieur je ne sais pas, votre nom n'est pas marqué sur mon dossier. Qu'importe.

Elle tira la chaise qui faisait face à celle de l'homme, qui semblait chercher quelqu'un des yeux en vain avant de les reposer sur elle. Elle avait l'air de sérieusement l'indisposer, ça commençait bien. Si il s'imaginait capable de l'intimider, il se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. La remarque lui tira un ricanement et un rictus peu aimable.

Je ne suis pas journaliste et, de toute évidence, vous n'êtes pas humoriste. Je suis Colomba Porter, l'assistante sociale référente de l'orphelinat, je fais partie du personnel évaluant les familles postulant pour adopter l'un de nos pensionnaires. Les enfants ne sont pas des chiots ou des chatons mignons que l'on adopte sur un coup de tête pour les abandonner dans la forêt au premier lé de papier peint déchiré, voyez vous.

Elle se tut un moment, permettant à l'homme en face d'elle de réfléchir cinq bonnes secondes au ton à employer face à celle qui peut empêcher le rêve d'une vie entière de se réaliser, avant de reprendre d'un ton plus calme.
Je n'ai toujours pas votre nom, Monsieur. Ni les raisons de votre venue ici, je n'ai que le nom de l'enfant en cause, j'aurais besoin de … détails, sur votre démarche.

Et si il pouvait être concis, clair et exhaustif, ce serait merveilleux. Mais elle en demandait probablement trop.


 
 by marelle  

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Mer 7 Fév - 19:12
H. Calixte Seymour
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Ce n’était pas seulement que Soeur Claire soit partie aussi rapidement qui embêtait Calixte, à cet instant, c’était également la situation dans laquelle il se trouvait : il n’en voulait tout simplement pas, de ce gosse. Non pas qu’il n’aimait pas les gosses - ces petites choses étaient bruyantes, débiles mais il avait suffisamment souvent leur âge mental pour les comprendre - mais c’était que ce n’était vraiment pas dans ses plans pour le moment. Et encore moins un môme mutant, cela allait sans dire. Ce n’était pas seulement que Soeur Claire soit partie aussi rapidement qui embêtait Calixte, à cet instant, c’était également la situation dans laquelle il se trouvait : il aurait aimé classer l’affaire rapidement, sans intervention extérieure, sans avoir à se retrouver si rapidement à devoir se faire passer pour un futur papa heureux et aux yeux pétillants de bonheur à l’idée de rencontrer… comment s’appelait-il déjà ? James. Il s’appelait James, il avait un âge indéfini - douze, treize, huit ans ?, il avait déjà oublié - et il était mutant. Et Calixte n’était là que pour évaluer son potentiel de destruction et prendre par la suite les mesures qui allaient s’imposer, donner éventuellement des ordres aux Veilleurs moins exposés qu’il ne l’était ou s’en charger lui-même s’il n’y avait pas d’autre solution. Rappelez-lui pourquoi ou plutôt comment il s’était retrouvé une nouvelle fois dans cette situation, quelques jours à peine après avoir dû survivre au trentième anniversaire d’Abi ? Et il ne pouvait même pas soupirer de lassitude parce que le karma ne lui permettait même pas d’être seul avec ses pensées : on lui faisait face. Alors oui, vraiment, Calixte était embêté, et son humour des plus douteux en était l’une des preuves les plus affligeantes. Humour douteux, sourire complice et voulu sympathique, il était bien obligé, le Seymour, d’étaler devant lui la panoplie publique du parfait cadet, du parfait noble, du parfait lui, quand bien même en son for intérieur, il ne demandait qu’à rentrer chez lui et envoyer quelqu’un d’autre à sa place. M’enfin. La main serrée sur le dossier, Calixte souriait et c’était l’important. Calixte badinait, Calixte faisait son devoir, et c’était l’important. Tant que tout ça n’atteignait pas les oreilles de la presse, il… Bonjour Monsieur.... Monsieur je ne sais pas, votre nom n'est pas marqué sur mon dossier. Qu'importe. Surpris, il ouvrit la bouche, comme si sa mâchoire avait brutalement décidé de baisser les bras - ou plutôt la mandibule - devant une telle entrée. Plaît-il ? Oui, ça lui plaisait. Et dans un même temps, ça lui déplaisait grandement. Elle tira la chaise, s’installa sans plus tarder, alors qu’il restait les bras ballants à la suivre du regard. Elle n’était pas journaliste. Je ne suis pas journaliste et, de toute évidence, vous n'êtes pas humoriste. Ouh, touché Le français, singé, trouva maladroitement sa place comme toutes ces expressions qu’il avait retenues des punitions infligées par son paternel. Je suis Colomba Porter, l'assistante sociale référente de l'orphelinat, je fais partie du personnel évaluant les familles postulant pour adopter l'un de nos pensionnaires. Les enfants ne sont pas des chiots ou des chatons mignons que l'on adopte sur un coup de tête pour les abandonner dans la forêt au premier lé de papier peint déchiré, voyez vous. Il voyait, il voyait, et cette présentation aussi abrupte que lapidaire et efficace avait au moins le mérite de le replacer dans un contexte de cause, conséquence et effet.

Il ne lui en fallut guère plus pour retrouver ses esprit, retrouver ses marques, et reprendre pied en clignant des yeux et en s’installant à son tour. Calixte s’appliqua à afficher un air grave et sérieux malgré tout, puisque c’était visiblement l’air approprié lorsqu’on s’apprêtait à adopter un enfant que l’on ne pourrait abandonner qu’au deuxième lé de papier peint abîmé. Je n'ai toujours pas votre nom, Monsieur. Ni les raisons de votre venue ici, je n'ai que le nom de l'enfant en cause, j'aurais besoin de… détails, sur votre démarche. Besoin de détails. Calixte dût faire appel à toute son éducation pour ne pas exploser de rire devant la situation. Lui aussi, à dire vrai, avait bien besoin de détails sur cette démarche et sur les raisons qui le motivaient à les mener. Que pouvait-il bien lui répondre ? Qu’il allait essayer de voir si le petit James représentait une réelle menace pour une société encore trop peu encline à sacrifier un enfant pour en préserver des dizaines d’autres et qu’il allait avoir toute autorité par la suite pour décider si le petit James allait, ou non, décéder dans des circonstances des plus tragiques ? Il pouvait dire ça oui. Et éviter de mentionner son nom, accessoirement.

Une inspiration, il croisa les jambes, posa ses mains jointes sur son genoux. Comme en interview, en somme. Parce qu’il était en interview, parce qu’il était face à une presse - originale, certes, mais obéissant aux mêmes règles que toutes les autres. Brave Seymour, charmant Calixte. Henry. Je vois Et il voyait bien. Il décroisa sa ses mains pour lui en tendre une chaleureuse : Henry Calixte Seymour, mais vous pouvez m’appeler monsieur ou Calixte. Il faudra attendre encore un peu pour me donner du votre Grâce en revanche, vous m’en voyez désolé. Il jugea amplement suffisant son clin d’oeil amusé pour décrédibiliser chacun de ses propos et tourner en dérision un titre qu’il convoitait tout en sachant qu’il lui échapperait, et entreprit de saisir le dossier nouvellement créé. Ma foi, ce n’est guère étonnant que vous ne sachiez rien de moi, je viens tout juste d’entamer les démarches après avoir réfléchi longuement à tout ce que cela impliquait. J’ai bien conscience qu’adopter un enfant, ce n’est pas vraiment comme adopter une plante verte ou un petit chien. J’espère du moins, parce que Bellérophon, mon dernier cactus en date, risquerait de me porter grandement préjudice si c’était le cas… Il offrit aussitôt un air des plus affligés. Bellérophon a rendu l’âme le mois dernier, après de long mois à refuser de me dire s’il te plaît puis-je avoir de l’eau, comme s’il suffisait de paraître légèrement boudeur pour obtenir ce que l’on souhaite. Là encore, si les choses marchaient comme ça, je le saurais depuis le temps, croyez-moi. Il secoua la tête, plus affligé que jamais. Avant de prendre son inspiration, comme résigné. Enfin, j’ai plus de succès avec mon chien, donc je suis certain d’être prêt à augmenter encore d’un niveau avec un enfant. Si avec ça, Calixte n’était pas certain d’avoir totalement saboté ses chances, ce seraient les compétences de Porter qu’il faudrait remettre en cause. Quoique… Un large sourire illumina le visage du cadet Seymour. Plus sérieusement, mon cheminement est extrêmement compliqué à expliquer. Un besoin de transmettre et d’aider des enfants qui ont subi des événements traumatisants avant même de savoir lire. Et il avait l’air sérieux, Calixte en disant ça. Parce qu’il l’était. Une part de lui était consciente d’avoir eu une enfance des plus privilégiées, parce qu’une part de lui avait conscience de potentiellement être amené à créer des orphelins. Parce que s’il n’avait pas tué Abigaëlle, il y avait bientôt neuf ans, peut-être aurait-il été marié et père à présent. Peut-être. Un vertige le prit à cette pensée. Je suis le fruit d’un environnement particulièrement privilégié, mais les donations que je fais à cet orphelinat ne me suffisent plus, j’aimerai m’engager dans du concret, sans compter que l'adoption est une envie qui me taraude depuis bien longtemps. Le voulait-il vraiment ?

Bien évidemment que non. Magnifique cinéma qu’il jouait là, Calixte, peut-être n’était-ce pas à l’alto qu’il aurait du vendre son âme mais aux planches d’une scène de théâtre ou aux caméras d’un film à grand budget. Tout ce qu’il désirait, c’était donner à cette Porter ce qu’elle attendait, et plier rapidement cette affaire de plus en plus dérangeante. D’autant plus qu’il pouvait, effectivement, très facilement passer pour un petit aristocrate capricieux, ayant ce mois-ci envie d’un enfant, et le mois prochain d’une nouvelle ferrari. D’ailleurs, Calixte en avait vu une magnifique la semaine dernière et...

 
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Mer 14 Fév - 10:42
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Colomba dévisagea l'énergumène qui lui faisait face, et l'espace d'un instant, elle s'imagina que les sœurs allaient sortir de derrière la porte en pouffant de rire en se moquant gentiment de sa crédulité. Seulement voilà, point de nonne taquine, pas le moindre ricanement : le type était sérieux comme un pape. Une pape fantoche, ridicule, mais tout de même. Elle n'était pas certaine de ce qu'il cherchait à faire, avec sa mine de circonstances, ces expressions grandiloquentes et son discours très « white privilege ». Etait il au courant que James était un petit anglais à la peau plus laiteuse que le lait lui même, et pas un petit môme à la peau caramel et exotique ? Clairement, s'il voulait se la jouer Madonna, il avait choisi le mauvais gamin, enfin … La jeune femme s'humecta les lèvres, tâchant de garder calme et sang froid devant celui qui semblait réunir dans un seul corps fin tous les défauts que l'on pouvait imputer à un homme. Sans interrompre ce Monsieur Seymour – parce que non, clairement, Votre Grace, il pouvait se le mettre là où il pensait-, elle griffonna plusieurs de ses propos entre guillemets d'une écriture si pointue qu'elle en devenait illisible pour le commun des mortels. Sans le quitter des yeux, elle remplissait quelques cases de son formulaire pré rempli, les narines pincées de l'institutrice qui écoute une récitation médiocre. Pis encore, sa blague sur le cactus lui resta en travers de la gorge, comme une arrête. Ou une épine de cactus, justement. Elle darda Calixte de ses prunelles sombres, reposant son stylo sur la table, près de son poignet.

Venez en au fait, monsieur Seymour, je ne suis pas un public à conquérir, mais une professionnelle à convaincre que vous ferez un bon parent, alors vos petites blagues, au mieux me laisseront de marbre, au pire entameront un peu plus ma patience déjà mise à mal. Continuez. Les faits, monsieur, les faits seulement.

Seymour continua ses babillages grandiloquents, passant du cactus au chien, du chien à l'enfant... Colomba était prête à prendre ses affaires et à le laisser planté là où il était avec ses blagues ridicules quand, enfin, l'homme devant elle sembla prêt à passer aux choses sérieuses. Le ton de sa voix avait baissé d'une octave, le rythme de ses paroles était revenu à un débit raisonnable et ses propos en tant que tels s'éloignaient lentement de la farce. Colomba reprit son stylo et se remit à écrire, ne quittant l'homme des yeux que pour tourner les pages de son formulaire. Elle nota l'enfance heureuse -tant mieux pour lui-, la volonté de s'engager dans quelque chose de plus concret, de changer la vie d'un enfant. C'était honorable de sa part, bien sur, mais la bonne volonté n'était pas le seul critère à remplir quand on souhaitait adopter un enfant, entrer dans sa vie pour bouleverser l'entièreté de son environnement connu. Encore moins, songea Colomba, quand l'enfant en question était soupçonné d'être une petite bombe à retardement qui mangeait encore ses crottes de nez. Elle laissa Calixte terminer, tout du moins elle estima qu'il avait terminé, puisque le regard de ce dernier s'était perdu dans le vague, happé dans une réflexion qu'il ne semblait pas avoir envie de partagé avec elle, puis revint à la charge, comme elle se devait de le faire.

Une intention louable s'il en est, monsieur Seymour, mais ça ne m'éclaire pas sur grand chose. Depuis quand souhaitez vous adopter ? Qui vous a indiqué cet institut ? Pourquoi le jeune James, l'avez vous déjà rencontré ? Peut être connaissez vous ses parents biologiques ?

Cela faisait beaucoup de questions d'un coup, mais c'était le rôle de l'assistante sociale de ne pas lâcher l'homme d'une semelle, aussi symbolique soit elle. A nouveau, ils se trouvaient dans un orphelinat, et non dans un chenil. On ne prenait pas un enfant en charge juste parce que l'on subissait la crise de la quarantaine ou que l'on réalisait que sa vie était totalement vide de sens. Quoi que, cela arrivait plus souvent qu'elle ne voulait bien l'admettre.

Vous êtes marié, monsieur Seymour ?

Devant l'air héberlué de l'homme, elle se sentit obligée de se justifier. Un sourire poli contrastant avec son regard implacable.

J'ai besoin de le savoir pour le dossier. Les couples, hétéro comme homo, passent en priorité sur les solos, c'est comme ça. De plus, l'administration est plutôt frileuse devant les cas d'hommes célibataires....

On se demandait bien pourquoi, tiens. Maintenant, elle attendait de voir s'il allait jouer la franchise ou tenter de se sortir de là par une pirouette. Parce qu'en 10 ans de carrière, elle n'avait jamais vu un seul premier entretien où la future mère n'était pas présente. Que le papa soit au travail, indisponible, ça arrivait une fois sur deux. Mais que la future maman se débine... Non, jamais. Une truc viscéral, surement.

 
 by marelle  

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Mar 20 Fév - 23:08
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C’était une chose que de venir voir un jeune mutant sous couvert d’un prétexte d’adoption, c’en était une autre – et une autre bien différente – que de devoir soutenir au pied levé une intention que Calixte n’avait jamais eu, qui ne l’avait, même, jamais effleuré. Pas à un seul instant, Calixte ne s’était posé la question de l’adoption. Oh, il avait bien évidemment eu tout un sermon de la part de Papa sur son éventuelle progéniture, sermon qui avait fait suite à ses premières sorties et soirées en compagnie de filles, mais c’en était resté là des hypothétiques prétentions de Calixte à la paternité. Dans les faits, d’ailleurs, les choses étaient remarquablement claires et limpides : sa vie était en pause, en suspens, tant qu’Edward n’en aurait pas franchi de son côté les premières étapes. Pas de mariage pour Calixte tant que son frère n’en aura contracté pas, pas d’enfants pour Calixte tant que la succession ne sera pas assurée par son aîné. Pas de litige, pas plus de litige du moins n’était souhaitable. Et si Calixte s’offusquait de bien des choses, parmi ces contraintes vieilles d’un autre siècle qu’on faisait peser sur ses épaules, l’absence d’enfants ne l’avait jamais attristé, l’avait même bien arrangé. Jusqu’à aujourd’hui. C’était une chose de tisser un mensonge et un voile de faux-semblant, c’en était une autre que de se faire le porte-drapeau d’une ineptie. Et, pourtant, c’était précisément ce que la femme – assistante sociale donc – lui réclamait à cet instant. Pi-tié, le cadet Seymour réclamait à corps et à cris en esprit que Sœur Claire daigne revenir avec l’enfant pour l’arracher à cette situation gênante. Son humour - douteux, sa conscience aiguë du ridicule de la situation, même sa nervosité fort heureusement gérée par son éducation, tout ne faisait que mener ses propos sur les vastes prairies de la langue de bois, de la digression et de l’exécution, méthodique, de toutes les chances inattendues qu’on puisse le croire ; il les sabotait, ces chances, quand il parlait de son cactus. Il les piétinait, ces chances, quand il évoquait son chien, dans une comparaison des plus risibles. Mais Calixte n’avait jamais été très enclin à se battre pour quelque chose en quoi il ne croyait pas.

Et il ne se croyait pas un seul instant capable d’être père. La seule chose qui le maintenait dans la pièce, c’était la conviction que, bien malheureusement, sa place était ici. Son devoir était ici. Et la foi, la croyance qui lui martelait les côtes et qui me poussait à respirer, ce en quoi il croyait de toute son âme l’attachait à ce dossier plus que tout le reste. Venez en au fait, monsieur Seymour, je ne suis pas un public à conquérir, mais une professionnelle à convaincre que vous ferez un bon parent, alors vos petites blagues, au mieux me laisseront de marbre, au pire entameront un peu plus ma patience déjà mise à mal. Continuez. Les faits, monsieur, les faits seulement. Convaincre. Calixte respira. Elle voulait un peu plus de conviction, elle voulait davantage d’arguments, elle voulait un discours grandiloquent en bonne et due forme ? Et bien soit. Il cessa, le Veilleur, de se soustraire à son devoir et quand, après une inspiration, il reprit la parole, ce fut pour délaisser sa désinvolture et revêtir ce qui pouvait le rendre si redoutable. Une résignation mêlée de sincérité, puisant dans des émotions artificielles trop semblables à celles dont il pouvait inonder les journalistes quand il refusait de leur concéder ce que son âme ressentait vraiment. Il avait l’air sérieux, Calixte. Pire encore : sérieux, il l’était réellement. Il n’avait jamais réellement songé à avoir des enfants, mais il n’ignorait ni son enfance préservée, privilégiée, ni l’écœurement qu’on pouvait ressentir en le voyant obtenir ce qu’il voulait d’un simple claquement de doigt.

Colomba prit des notes, Calixte exposa les uns après les autres, les arguments qui lui venaient à l’esprit, dans une organisation toute relative et un chaos touchant. Son cheminement était compliqué, pour ainsi dire inexistant. Son besoin de transmettre relevait davantage d’un besoin de revanche. Son envie d’aider des enfants se transcrivait davantage dans l’élimination ou la mise à l’écart des éléments perturbateurs, comme ce petit John. Jake. Joel ? Mickey. Calixte jeta un coup d’œil au dossier qu’il avait rempli si peu de temps auparavant, en achevant son petit laïus si bien rodé sur la nécessité d’offrir à d’autres ce qu’on lui avait donné dès la naissance : des privilèges. Et pas besoin de cactus ou de chien, ni même de cheval, pour s’en rendre compte. L’adoption, finalement, plus il y songeait en tentant de se convaincre autant que de convaincre l’assistante sociale, était une solution. Et une bonne solution. Et une bonne décision, aussi. Comme celle de s’enquérir du prix de la nouvelle ferrari que Calixte avait pu voir passer dans un de ces magazines qu’il recevait tous les mois et qui… Une intention louable s'il en est, monsieur Seymour, mais ça ne m'éclaire pas sur grand-chose. Depuis quand souhaitez-vous adopter ? Qui vous a indiqué cet institut ? Pourquoi le jeune James, l'avez-vous déjà rencontré ? Peut-être connaissez-vous ses parents biologiques ? Trop de questions, bien trop de questions arrachèrent Calixte à la contemplation mentale d’une voiture qui, elle, ne nécessitait pas autant de soin qu’un môme. Depuis quand, qui, pourquoi, elle avait oublié le , Calixte se retint de lui faire remarquer ce détail, certain qu’il serait mal perçu. Il n’était plus dans la phase amicale et légère, il était dans la phase correspondant au gain de temps. Faire en sorte d’attendre que Sœur Claire revienne et le sorte de ce mauvais pas, faire en sorte de ne pas tout gâcher mais de ne pas, non plus, être trop convainquant. Faire durer le suspense, en somme. Sans compter que les réponses à toutes ces questions, s’il en avait certaines – les plus simples – il n’avait pas réellement les… Vous êtes marié, monsieur Seymour ? Calixte ouvrit la bouche, prêt à gober les mouches, entendit la voix cinglante de Maman le sommer de reprendre contenance, mais bien trop tard. Etait-il marié ? J'ai besoin de le savoir pour le dossier. Les couples, hétéro comme homo, passent en priorité sur les solos, c'est comme ça. De plus, l'administration est plutôt frileuse devant les cas d'hommes célibataires...

Ahem. Les… couples… Calixte s’éclaircit la voix. Etait-il marié ? A cette seule question, il avait brutalement eu envie de rire. Non, bien sûr que non, il n’était pas marié. Déjà parce que ce n’était pas dans ses plans sur le court terme – pas plus que cette histoire de gosse – et ensuite parce que même ce droit-là, on le lui avait retiré dès sa naissance, même sur ce droit-là, on avait détruit son peu d’illusion. Alors non, il n’était pas marié. Quant à cette notion de couples, quels qu’ils soient, et de célibataire, et… D’une pirouette mentale, Calixte chercha à retomber sur ses pieds pour ne pas laisser un silence s’installer trop longuement. Je… vous allez me trouver idiot… Oh, pour ça oui, il lui faisait confiance sur ce point-là même sans la connaître davantage. Je n’avais pas pensé en ces termes. Non, je n’ai pas rencontré le petit, à dire vrai, comme je vous le disais précédemment, ma famille fait partie des principaux donateurs pour cet orphelinat, et je connais tout particulièrement certaines des responsables. J’étais venu pour voir Sœur Claire, et me connaissant depuis l’enfance, elle m’a présenté le dossier correspondant au petit James… Un coup d’œil lui confirma qu’il avait au moins évité ce faux-pas. … et me voilà donc. Célibataire. Pris d’une inspiration, il se corrigea, un air songeur, gêné et – magnifique exécution – avec une pointe de regret. On aurait pu dire veuf, d’ailleurs, si on m’avait laissé un peu plus de temps avec Abigaël. C’était un pari risqué, sur lequel il n’aurait même pas misé la virginité d’Edward, et c’était dire vu le désintérêt total qu’il avait sur le sujet. Mais au moins avait-il tenté de jouer la carte du malheureux endeuillé, sans compter qu’endeuillé, il l’était toujours, surtout à cette période de l’année. Donc la sincérité, palpable, n’avait même pas à être feinte. Calixte inspira. Joua carte sur table, ou presque.

Non, je ne suis pas marié, pas encore. Je ne le serai pas avant, potentiellement, une dizaine d’années. En revanche, j’ai vingt-neuf ans, bientôt trente, j’ai des projets, des espoirs, je n’ai pas envie d’adopter pour gagner des points pour le paradis ou cocher une liste des choses à faire pour briller en société, j’ai juste envie de me forger un héritage, et de le forger en offrant des possibilités à un enfant. James, James pourrait être cet enfant. Perdre ses parents, aussi jeune, avoir frôlé la noyade, tout ce que Sœur Claire a pu me dire sur… Il toussa, respiration délicate, oppression sur la poitrine. Le temps de reprendre sa respiration, Calixte montra le dossier qu’il tenait toujours en main, le tendit, même, à Porter, prétexte pour y jeter un coup d’œil rapide et compléter ses souvenirs. L’oppression allait croissante. … le petit fait écho à ma propre expérience, aux terreurs de mon frère que je ne parviens pas à aider. Et blablabla, et blablabla, Calixte et Edward paraissaient souvent complices, en public, pour montrer l’image d’une famille soudée et solide, il connaissait ce laïus presque aussi bien que celui qu’il servait à tous ceux qui doutaient de l’utilité des tatouages. Il aurait pu continuer encore longtemps sur cette lancée, solidement et suffisamment ancrée sur un tapis de vérité pour qu’on ne puisse douter de ton honnêteté mais l’oppression qui se faisait sur sa cage thoracique gagna en ampleur. Et il commença à comprendre, lorsqu’il se sentit suffoquer, ce qu’il se passait.

Le petit mutant faisait des siennes. Et il était immanquablement puissant. Et dangereux. Calixte toussa, se leva à moitié, sans parvenir à trouver une seule excuse potable pouvant expliquer qu’il souhaitât si ce n’était davantage voir le petit. Sans compter qu’il y avait une civile en face de lui. Et une civile qui ne devait pas comprendre – pas plus que lui n’aurait dû comprendre – ce qu’il se passait. D’un regard inquiet, qu’il ne put contrôler, Calixte jeta un coup d’œil à Porter, alors que d’un coup, la sensation de noyade refluait. Brutalement. Et Calixte se rassit lentement, avec une prudence marquée. Qu’est-ce que…

 
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Mer 4 Avr - 10:42
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Colomba fixait l'homme en face d'elle avec à peine plus d'intérêt qu'un végan devant un steack haché, avarié de surcroît. Elle avait l'impression qu'il lui faisait perdre royalement son temps, avec ses sursauts de fierté ou elle ne savait quoi d'autres, ses phrases à rallonge et pourtant totalement dénuées du moindre argument concret, c'était tout à fait décourageant. Tout en lui transpirait le mépris social intériorisé, son accent bourgeois creusant un peu plus le fossé social qui les séparait visiblement, ses vêtements qui devaient couter plusieurs mois du loyer de la jeune femme, cette façon de se tenir comme si elle lui devait... Et bien, probablement tout. Un suzerain et son serf. Peut être Colomba le fantasmait elle, mais quelque chose chez cet homme lui faisait dresser les poils sur les bras et serrer les dents. Or, l'instinct de la jeune femme ne la trahissait que rarement. Pourtant, elle le laissait parler, encore et encore, elle le relançait, donnait le change, en professionnelle qu'elle était bien qu'elle n'avait qu'une seule envie, lui faire remballer ses caprices et l'inviter à adopter végétaux et petits animaux résistants – des mites de placards par exemple, ou des puces - pour palier à sa solitude. Colomba était sensible, d'ordinaire, au besoin d'appartenance, d'acceptation des gens, adultes et enfants confondus, mais avec ce Seymour... Elle avait du mal à y croire, tout simplement, et la foi était ce qui faisait avancer les choses, dans ce métier. On avait besoin de croire qu'un enfant pouvait être sauvé, qu'un adulte pouvait devenir un bon parent sans lien du sang. La foi était bien 80 % du travail, et l'homme avait un mal fou à se vendre. Elle en aurait presque eu mal au cœur pour lui, si elle n'était pas si insensible à son charme. Cette absence d'empathie, dont elle débordait d'ordinaire, aurait du lui mettre la puce à l'oreille, mais elle était trop occupée à l'ensevelir sous un déluge de questions toutes plus pointues les unes que les autres. Son objectif ? Qu'il craque, lève les mains en reddition et lui dise qu'il n'était pas prêt, finalement, qu'il reviendrait une prochaine fois, peut être. Ou pas. A la place, il avait repris sa respiration, un peu de contenance aussi, sa posture avait évolué un peu comme s'il consentait, enfin, à lui offrir un peu d'autre chose que les conneries qu'il débitait depuis le début de l'entretien. Colomba nota le nom d'Abigael ainsi que quelques mots liés à son histoire, puis reposa son regard aux iris de térébenthine dans celui d'un Calixte qui semblait abattre sa dernière carte, celle de l'héritage. L'héritage, tient, on ne le lui avait pas sorti depuis bien longtemps, cet argument aussi égoiste que toxique. Elle était prête à lui couper le sifflet déjà, lui dire qu'un enfant n'avait en aucun cas besoin d'un héritage, qu'un enfant n'était pas qu'une descendance, l'extension juvénile du père, quelle horreur. Elle aurait voulu lui dire qu'un enfant n'a pas besoin d'être un héritier, mais juste une fille ou un fils aimé. Un enfant n'a pas besoin d'un héritage venu du passé, il a besoin qu'on lui offre un futur.

La langue affutée de Colomba ne put cependant faire son office, bien malgré elle. Calixte avait enchainé avec de sombres histoires d'expériences personnelles, sa relation avec son propre frère et – Seigneur, ce type avait besoin d'un psy, pas d'un môme ! -, mais elle était plus dérangée par une gêne au niveau de la poitrine. Elle n'était pas sujette à l'angoisse, ni à la claustrophobie, aussi la sensation lui était totalement étrangère et, il fallait en convenir, très, très désagréable. Elle détourna le regard d'un Calixte qui lui s'était mis à tousser, sa propre gorge se serrant lentement mais surement. Colomba regarda la fenêtre, la porte, à la recherche d'une fumée, d'une odeur suspecte qui pourrait justifiée de leur détresse simultanée, mais rien ne semblait justifier celle-ci. Il se passait quelque chose mais Colomba était incapable de comprendre quoi et quand c'était le cas, elle n'en tirait qu'une unique conclusion : il y avait une histoire de mutant là dedans. Elle inspira bruyamment bien malgré elle, l'oxygène se dérobant de ses poumons, renâclant à venir irriguer son cerveau et son sang. Les mains à plat sur la table comme si le morceau de bois usé était doté du moindre pouvoir de régénération, elle fixait à nouveau Calixte qui tanguait comme un bateau ivre à quelques mètres d'elle, sans arriver à déterminer s'il jouait la comédie ou non. Il était pâle, très pâle – en même temps, il était blanc, alors cela ne le changeait pas tant que ça- , et évitait soigneusement son regard. Jouait il la comédie ? Etait il … en train de perdre le contrôle ? Elle ne savait rien de Calixte Seymour, mais la sensation d'écrasement sur sa poitrine la décida à aller creuser dans la vie et le passé de l'homme avec bien plus d'application que ce qu'elle l'avait envisagé en premier lieu. Elle ne le quitta pas des yeux quand il reprenait place sur sa chaise avec précaution, alors que l'étau autour de son cœur se desserrait progressivement, jusqu'à la libérer tout à fait. Elle chassa la moindre expression de surprise de sa face. Avec un peu de chance, Calixte avait été trop perturbé pour remarqué qu'elle n'en avait pas mené large, elle non plus. Elle l'espérait, en tout cas, lançant d'un air faussement candide :

-Est ce que tout va bien monsieur Seymour ? Si vous êtes mal à l'aise, nous pouvons reporter cet entretien, je peux comprendre que si vous êtes venu voir sœur Claire, la situation peut vous paraître … Inconfortable.

C'était le moins que l'on puisse dire, et Colomba le gratifia d'un sourire qui se voulait compréhensif. Derrière les dents blanches et alignées, son esprit cavalait à tout allure, fouillant les quelques pièces du puzzle qui se présentait devant elle sans s'annoncer : qui était Calixte Seymour ? Que voulait-il au petit John ? Quel était son lien avec l'orphelinat ? Beaucoup de questions, si peu de réponses, cela promettait quelques nuits d'insomnie. Si Calixte devenait la nouvelle obsession de Colomba, il n'en sortirait probablement pas gagnant...

-Vous semblez vraiment désorienté, monsieur Seymour, auriez vous besoin d'un peu d'air frais ? Un verre d'eau ?

De l'eau... Rien que l'idée révulsa la jeune femme, sans qu'elle puisse déterminer pourquoi.

 
 by marelle  

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Mer 25 Avr - 21:37
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Calixte ne savait pas trop ce qui était le pire : qu’il commence à se prendre au jeu ou qu’il soit en train de perdre de vue la frontière entre le faux-semblant et une conviction naissante. Vraiment, l’hypothèse de l’adoption n’était pas envisageable, il fallait impérativement qu’il conserve à l’esprit que ce n’était qu’un prétexte, uniquement un prétexte, que rien, strictement rien ne l’engageait sur du long terme. Soeur Claire allait faire disparaître ces documents, une fois la porte de l’orphelinat fermée il n’y remettrait plus les pieds… tout n’était qu’une vaste mascarade. Et Calixte ne devait pas se laisser avoir, ne devait pas l’oublier un seul instant. Juste une mascarade, une pièce de théâtre improvisée et jouée pour ne lui permettre que d’atteindre et de côtoyer un peu le petit, de se charger de ce dont l’orphelinat et surtout Claire n’avait pu se résoudre à faire. C’était son devoir, tout comme son devoir était de se plier aux exigences surannées de Papa. C’était son devoir, il devait jouer la comédie, sans pour autant se déconnecter de la réalité, et peu importait la mention d’Abigaël, ce faux-pas inévitable dans des circonstances aussi précipitées que celles-là.. il devait rester stable. Crédible. S’il était marié ? Il n’était même pas en couple. Il ne s’était plus engagé sur la durée depuis… et bien, depuis Abigaël, sans surprise. Ce n’était plus un projet, ce n’était même pas une possibilité, c’était tout simplement… Calixte inspira. Il devait reprendre contenance. Il devait absolument reprendre contenance, même. La voix de Maman s’imposa, ferme, celle de Papa se fit plus cinglante. Calixte rompit un silence qui n’avait que trop duré, plongeant dans une mer houleuse de mensonges, de faux-semblants, de sincérité et de demi-vérités. Une mer houleuse qui se transforma bien vite en océan de platitude, le terrain bien connu du bullshit le plus pur. Au moins connaissait-il son laïus, lorsqu’il devait en venir à parler de son frère, de cette relation en apparence complice qu’il pouvait avoir Edward, cette cohésion entre tous les Seymour, une inquiétude - aussi sincère que possible - pour les terreurs de son frère, faisant écho à ses propres phobies, ce besoin d’aider Edward et de le soutenir, cet échec aussi - ne lui avait-on pas dit un jour que tout bon communiquant devait éveiller de l’empathie et de la compassion chez son interlocuteur ? - qu’il voulait surmonter en apportant une aide bien réelle à un petit orphelin. S’il avait été violoniste, sans nul doute que Calixte aurait voulu, à cet instant, ajouter quelques notes larmoyantes pour envelopper ce monceau de connerie qu’il pouvait dire et avoir encore à dire - il pouvait parler des heures sur le sujet lorsque les journalistes et autres curieux s’accrochaient - mais, et quel dommage, c’était vers l’alto qu’il s’était tourné et non le violon. Calixte, dont, pouvait continuer longtemps sur cette lancée quand on ne l’interrompait pas, il était sorti du domaine de la complète improvisation au pied levé pour retrouver le chemin pavé du bien connu. Il aurait pu continuer longtemps, du moins, sans cette gêne dans la poitrine. Qui empirait, qui lui donnait envie de tousser. Une sensation d’asphyxie. Etait-ce l’émotion feinte qu’il jouait si bien qu’on aurait pu lui décerner un Oscar - la question de l’existence de l’humilité de Calixte s’apparentait à celle de l’existence des martiens : souvent fantasmée, jamais prouvée - ou était-ce autre chose qui, à cet instant, le coupa dans son monologue ?

Calixte toussa, hésitant à desserrer légèrement sa cravate, voire ôter le premier bouton de sa chemise, et comprit avec un temps de retard ce qui était en train de se produire. A ses oreilles, une pression aquatique surréaliste. Et la sensation croissante d’avoir de l’eau dans les poumons, des poumons prêts à exploser sous le manque d’oxygène, asphyxie appuyée, fictive. Calixte se rendit compte avec un temps de retard qu’il s’était levé, qu’il oscillait aussi, oreille interne malmenée. Evidence imposée : le petit James justement, faisait des siennes et ça ne pouvait pas durer. Ca ne pouvait pas durer : Soeur Claire avait-elle eu réellement besoin d’un avis extérieur pour jauger la dangerosité d’une telle mutation ou s’était-elle réfugiée derrière les premiers membres d’une branche aînée venue, pour ne pas avoir à prendre la décision qu’il s’imposait ? Le regard de Calixte s’affola, chercha celui de la civile visiblement touchée elle aussi, et brutalement, la sensation de noyade s’effilocha, ne laissant qu’un léger tremblement dans les membres du Seymour. Qu’est-ce que, oui, c’était un bon début de question, inachevée. Qu’est-ce qu’il se passe, c’était la question du civil. Qu’est-ce que vous pensez de ce qui vient de se produire, c’était la question du veilleur curieux. Qu’est-ce qui pourrait me retenir encore de faire un rapport statuant la dangerosité du gosse, c’était la question de Calixte. -Est ce que tout va bien monsieur Seymour ? Si vous êtes mal à l'aise, nous pouvons reporter cet entretien, je peux comprendre que si vous êtes venu voir sœur Claire, la situation peut vous paraître… Inconfortable. Inconfortable, oui, elle l’était assurément. Et la proposition de Porter était de surcroît particulièrement attirante, attirante du genre Oh oui, merci de me donner un prétexte de partir d’ici le plus vite possible en toute légitimité. Mais c’était également la solution du lâche, ce que Calixte était très souvent, mais qu’il se refusait d’être lorsque son devoir était en jeu. Et son devoir était ici. Porter dût sentir son hésitation, ou juste entendre son silence et l’interpréter comme il se devait, parce qu’elle ajouta sans tarder dans une sollicitude qui sonnait vrai, et désagréablement faux dans un même temps : Vous semblez vraiment désorienté, monsieur Seymour, auriez vous besoin d'un peu d'air frais ? Un verre d'eau ? Un verre d’eau ? A cette seule pensée, Calixte eut presque un haut-le-coeur, cligna des yeux et se fendit plutôt d’un sourire. Oh, mille excuses, ne vous inquiétez pas, juste un peu… Un peu de quoi ? J’imagine que cela ne vous dérange pas si j’ouvre la fenêtre ? Ce n’était pas vraiment une question, il avait déjà saisi ce prétexte pour non seulement marcher un peu, mais également lui tourner le dos un instant. Ses doigts déverrouillèrent, tournèrent la poignée, un afflux d’air frais chassa ce qui restait de son malaise pour ne laisser que le doute et la mauvaise conscience. Il tourna le dos au parc de l’orphelinat, à la fenêtre, pour observer à nouveau l’assistante sociale. Avait-elle réellement été touchée elle aussi ? Il avait un doute, soudain, elle était un peu pâle, mais sans plus, rien de comparable avec lui. Ce qui était assez vexant, bien évidemment, à moins que la perspective d’une noyade et l’angoisse liée à cette idée ait simplement été plus marquée dans l’esprit du Seymour que dans celui de Porter. Juste une petite baisse de tension, je pense, rien de grave. Son sourire se voulut rassurant. Dans sa poitrine, son coeur battait à toute vitesse, tandis que le veilleur tentait d’appréhender tous les choix qui s’offraient à lui, bien trop nombreux, et qui l’amenaient tous à une seule et même conclusion. Sans savoir au passage comment il allait se défaire de cette femme, et des ennuis qu’elle pouvait lui causer. Partir maintenant, c’était sceller sur une sensation le sort du petit. Rester, c’était lui offrir une chance de faire changer Calixte d’avis. Mais rester, c’était aussi devoir convaincre Porter, qui semblait davantage jouer avec lui en voyant clair dans son jeu que complètement charmée par l’un des célibataires aristocrates les plus prisés du Royaume Uni (non, toujours aucune trace de son humilité). Et rester… c’était poursuivre une comédie qui n’avait que trop duré. Donc… et donc… pourquoi ne pas couper la poire en deux ? Vous avez raison, peut-être devrions-nous reporter cet entretien. De toute manière, Soeur Claire ne devrait pas tarder à revenir avec le petit James, pour que je fasse sa connaissance. S’il cherchait à lui forcer la main, malgré sa voix douce, poli et son sourire avenant ? Absolument. Calixte n’est peut-être pas le futur duc, Papa a tenu à lui apprendre à être obéir. A s’imposer. A obtenir ce qu’il veut et à se comporter avec l’assurance d’être obéi, premier pas et pas conséquent vers la crédibilité. Que lui disait-il systématiquement ? Si tu commences à douter de ta légitimité, ils n’y croiront plus. Mais si tu te comportes comme si tu avais le droit, alors ils ne douteront pas, quelque chose s’en approchant. Papa avait toujours bon nombre de préceptes de ce genre à dispenser, avec justement ce charisme naturel qui émanait de son regard et de sa posture, charisme écrasant, asphyxiant. Qu’Edward n’avait pas, aux yeux de Calixte, et dont Calixte lui-même doutait par moment d’avoir hérité. Quoiqu’il en soit… adoption ou non, il devait voir ce môme. Il devait statuer, voir s’il agissait de manière totalement volontaire, totalement involontaire ou si tout cela n’était qu’un mélange instable entre le conscient et l’inconscient. Sans compter que la sensation diffuse de noyade n’avait pas disparu totalement, Calixte s’en rendait compte à présent. Ses yeux glissèrent sur les dossiers du petit James. J’ai lu que sa famille était décédée dans un accident de voiture sur les quais, ou plutôt dans la noyade qui avait suivi. James y était, n’est-ce pas ? Et la question, autant que son inquiétude, vibrait d’une note de sincérité indéniable.

Il le savait oui. Il savait que c’était de là que James tirait un traumatisme. Mais ce qu’il ne savait pas, c’était l’étendue de ce dont James était capable. Et Calixte se rendit compte qu’inconsciemment, il avait finalement pris sa décision : rester encore un peu. Analyser son ressenti. Comprendre le petit. C’était le principal. Je me doute bien que je ne vous ai pas convaincue une seule seconde de la sincérité et de la maturité de ma démarche. Puis-je néanmoins me permettre, avant qu’on n’y aille, de vous demander depuis quand vous connaissez James ?

 
 by marelle  

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