Beauties & beasts || Ft Sygin

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Accoudé de manière non-chalante sur le bar, le reste d'un cuba libre en main, Arham hochait régulièrement la tête pour manifester un intérêt factice à son interlocuteur. C'était bien sa veine. Après une longue après-midi à tailler des haies selon les critères étranges d'un mec plutôt richard, le métisse s'était dirigé direct vers le CoCo. Et qui lui avait tappoté l'épaule avec un grand sourire ? Le richard. Bon, il était pas méchant, et il était simple de discuter avec lui. Seulement, les deux hommes étaient loin de partager les mêmes problématiques et centres d'intérêts. Ça faisait quoi ? Trois cocktails qu'il lui parlait de ses problèmes de déclaration fiscale ? Arham était plutôt le bon gars, mais franchement... Saturation là. Même si son attitude indiquait clairement qu'il en avait rien à tapper, le type continuait son monologue, probablement déjà bien pompette, ou trop heureux d'avoir une oreille à qui déverser ses petits soucis.

Se retournant pour s'adosser au bar et jauger le pourcentage de viande saoule dans la salle, Arham commençait à se dire qu'il allait tout bonnement rentrer chez lui. C'est alors que son regard s'arrêta sur une silhouette qui lui semblait familière. Quasiment de dos, la blonde était seule à sa table. Il fallu quelques instants de réflexion au jamaïcain pour que la fonction mémoire donne enfin résultat. Pourtant, s'était putain d'évident. Une carrure pareille, même en étant assise, c'était plutôt rare chez une femme. Bien qu'il ne la connaissait ni d'Eve ni d'Adam, Arham l'avait déjà croisée plusieurs fois à la salle de sport. Une femme discrète, autonome dans ses exercices, et putain d'efficace. Ça faisait marrant de la retrouver ici. Gratouillant pensivement sa barbe, il réalisa qu'inconsciemment, elle lui offrait la possibilité de sauver sa soirée. Sifflant le reste de son cocktail avant de poser la main sur l'épaule de son client du moment, il lui lança un large sourire avant de s'excuser « Un plaisir cette discussion Alfred, mais le devoir m'appelle, on se voit demain. »

Rejettant sa crinière vers l'arrière d'un geste de la main, Arham se dirigea donc sans pression vers la mystérieuse blonde. Arrivé à sa hauteur, il s'annonça « Salut. Moi c'est Arham. Il me semble qu'on s'est déjà vu à la salle de sport non ? » en tendant l'une de ses mains à l'inconnue. Sur un ton plus bas, il ajouta « Le bobo riche au bar me tient la jambe depuis plus d'une heure... Si vous acceptez de me sauver, je vous paye verre ou shot au choix. » joignant les mains en signe de prière avec une petite mine censée inspirer un genre de pitié, il s'inclina finalement à la manière des japonais quand la demoiselle accepta de lui sauver les miches. Le métisse s'installa en face de la blonde, avisant les verres vides qui trônaient sur la table. Haussant un sourcil, il réalisa que finalement, c'était peut être lui qui allait ruiner sa soirée. Si ça se trouve, elle était accompagnée et il s'incrustait dans un charmant moment de couple. « Hmm... Ils sont à vous les cadavres de verres là...? Non parce que je m'en voudrais de prendre la place de quelqu'un ou de m'incruster ! Par contre, si je dérange pas, je propose qu'on double l'effectif des soldats tombés au combat ! » Sous-entendre une forte alcoolémie en fin de soirée, c'était probablement pas la chose à faire, surtout après 2 minutes de rencontre, mais bon, le tact, c'était pas son fort.
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Ouaip, c’était bien une de ces soirées-la. Celles ou alors qu’elle va innocemment chercher sa petite tequila sunrise pour conclure une dure journée et discuter un peu avec son prochain, finalement les verres finissent par s’empiler. Parce qu’elle vient de se souvenir que mise à part deux vieux chats, il n’y a finalement personne qui l’attend chez elle, et ça, à son âge, c’était un sacré coup dur. Toutes les autres greluches de quasi 40 ans avaient au moins un gosse, si ce n’est un mariage qui avait battu de l’aise, et Syg ? Elle cumulait les échecs, parce que pas assez jolie, trop grande (surtout), et aussi parce qu’essayez de cumuler assassinat et ménage, et il est fort probable que votre moitié finisse par regarder vos escapades nocturnes d’un mauvais œil.

Elle aurait bien discuté avec Anakin le gérant a la place mais c’était aussi une de ses soirées ou elle ne s’estimait finalement pas assez intéressante pour adresser la parole a quiconque. Syg est bien morose, et elle sait que ça ne lui ressemble pas. Laissez-lui la soirée et elle promet qu’elle sera à nouveau en train de rire comme une idiote à préparer vos desserts préférés. Mais pour le moment, la seule chose qui semble la passionnée, c’est de récupérer les sucres déposée sur le rebord de son verre avec son index.

Quoique. Elle a un bref sursaut quand on s’assoit a sa table, retirant son index tout fraichement vernis de ce matin de la bouche, regardant avec surprise le type qui s’assoit devant elle. Oui évidemment qu’elle l’avait déjà remarqué à la salle de sport. Ils ne sont pas autant à s’entrainer autant, et tous les deux dans leur genre étaient difficilement loupables. Elle reste donc un peu interloquée, regardant même derrière son épaule pour voir si c’était bien à elle qu’il s’adressait, ce qui était un peu bête vu qu’elle était seule à table. Mais même si elle avait une bien bonne descente, ses sens étaient tout de même un peu ralenti par l’autel de verre éventrés qui siegeaient à côté d’elle.

« Oui, oui ! » Se rattrape-t-elle en saisissant une de ses mains. « Un type comme toi ? Pour rien au monde je l’oublie ! Moi c’est Sygin. » Fit elle avec un regard appréciateur sous le coup du flirt volontairement mal joué et burlesque. Vieille habitude de la vieille fille qui fait peur à tout le monde : si vous ne faites pas le premier pas, personne ne le fera. Plus jeune, elle avait fini par rentrer dans le lard de tous les hommes qui lui plaisaient, et finalement avec l’âge ce n’était plus que des petites plaisanteries. Ok, ce serait mentir de dire qu’elle n’espérait jamais rien en retour, mais c’était aussi l’alcool qui parlait. Là, tout de suite, elle veut juste espérer faire rire un minimum, histoire de débuter la conversation.

Parlons-en d’ailleurs, aussi bien sa technique d’esquiver un vieux type bavard, elle pouvait tout a fait la comprendre, aussi bien, un détour vers ses verres ne la rendit pas très fière. Ok elle avait une bonne descente, une adolescence un peu trop arrosée avait laissé des traces, et potentiellement les gênes vikings, mais pour quoi elle était en train de passer la, tout de suite ? Quand un type qui vient, pour une fois, lui parler de son propre chef, lorgne sur une montagne de verre vidés par ce qui ne pouvait être qu’une ivrogne, ou une femme au milieu d’une soirée de déprime?

Elle retient sa respiration un moment, les yeux un peu exorbités et un sourire crispé, montrant que son sang-froid pour exécuter quelqu’un ne s’applique visiblement pas a tout, mais sa gêne s’expulse dans un rire franc quand il lui propose de le rejoindre dans le trou béant de l’alcool facile. Elle hoche la tête et fit signe à la barmaid de s’approcher pour prendre le reste de la commande.

« Parfait, Arham-De-La-Salle-De-Sport. » Fit-elle en lui montrant son verre d’un air triomphant. « C’est quoi ton poison ? Quitte à tuer de braves soldats, autant qu'on envoie les meilleurs au front ! » Elle finit son verre cul sec, faut dire qu’il ne restait plus grand-chose, avant de passer à la vitesse supérieur en commandant un bon whisky des familles.

La commande prise et la serveuse reparti derrière son bar, et Syg, son enthousiasme revenait en fléche, laisse tomber la morosité pour reprendre la conversation le plus naturellement du monde « Alors ? Qu’est ce qui t’amene ici ? Les Cocktails je suppose ? » Elle montra le reste de ses verres. « Clairement moi… c’était pour la déco. » Bref éclat de rire, qu’est-ce qu’elle se trouve marrante parfois.
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Fraîchement installé à la table de la mystérieuse blonde qu'il avait croisé plusieurs fois en train de exp ses muscles, Arham s'était finalement incrusté sans gêne aucune, ou presque. M'enfin, à la manière dont Sygin -étrange prénom !- l'avait accueilli, fallait croire qu'il dérangeait pas tant que ça. La phrase de salutation qu'elle lui avait lançé l'avait tout de même surpris, aussi il avait esquissé un sourire. Bon, après tout, au vu des carrures qu'ils se tapaient tout les deux, c'est clair qu'ils passaient rarement inaperçus. Mais... C'était plutôt ouvert, comme remarque non ? Soit il lui avait tapé dans l'oeil, soit il s'était ridiculisé comme il fallait à la salle, soit les verres que la demoiselle avait vidés lui donnaient l'impression de faire face à un george clooney en puissance. En abordant les contenants vides trônant sur la table, un court temps de flottement c'était installé, avant que Sygin ne le fasse fuir par un éclat de rire soudain. Bon ! Il était pas totalement passé pour un rustre, et la blonde avait le sens de l'humour ! Autant dire que le restant de la soirée s'annonçait sympatique !

Affichant un sourire au surnom qu'elle lui attribua, il s'accentua quand elle repris la métaphore militaire qu'il avait employé. « Je vois que je suis tombé une stratège... » Haussant un sourcil en se grattant la barbe, il ajouta pensivement « Au final je suis pas sûr de gagner cette bataille, m'enfin pas question d'abdiquer ! » La serveuse prit la commande de Sygin, puis avisant Arham, il compléta par son poison «J'vais rester sur un Cuba Libre moi, merci. » Retournant aux yeux bleus de la grande dame, elle ne lui laissa pas le temps d'en placer une, s'intéressant à ce qui l'avait amené au CoCo. S'adossant plus confortablement à son siège, il accompagna le rire de son interlocutrice, puis haussa une épaule avant de répondre. « Beh la déco est pas mal au final ! Mais ouais j'viens carrément pour la tise, j'essaie même pas de m'en cacher ahah. En fait ça fait pas longtemps que j'connais ce bar, faut dire que j'ai débarqué en ville y'a pas si longtemps que ça. »

En réalité, Arham allait fêter sa première année d'installation dans quelques mois, mais si le temps passait vite, il avait le don de jouer sur les deux camps et paraître s'écouler lentement. Reniflant nonchalamment en remerciant la serveuse qui venait de leur donner des munitions supplémentaires, il ne pu s'empêcher de chercher à satisfaire sa curiosité « Puisqu'on est parti pour le jeu du faire-connaissance-par-question-tour-à-tour, t'es originaire d'ici ? Sygin, j'avais jamais entendu comme prénom ! Original, comme sa... euh... Détentrice ? Même si ça fait un peu prise d'otage. » Fronçant les sourcils, il saisit son cocktail pour le lever en direction de la blonde pour trinquer cordialement, en ajoutant « Rassures moi... Je vais sortir d'ici vivant pas vrai ? »
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En tout cas Arham-De-La-Salle-de-Sport ne manque pas de bagou. Et clairement, c’est exactement ce dont avait besoin la grande blonde en cette morne soirée. La métaphore filée de la bataille avait fait son bonhomme de chemin, et elle salua son choix de Cuba Libre, tout en restant sur son whisky.

« Allons ! Il ne faut pas partir perdant, c’est pas comme ça que Napoléon a conquit l'Europe ! Même si il s'est cassé la gueule a Waterloo, mais ça c'est du détail. »

Fit-elle en lui donnant un petit coup de poing amical sur l’épaule. Note pour souligner que non, l’alcool n’avait pas non plus eu aucun effet sur elle. Assez pour être –peut-être- un chouïa trop joyeuse. Mais c’était un net changement bienvenu avec l’alcool triste. Même si il avait été aussi soudain que d’appuyer sur un interrupteur.

Elle hausse les deux sourcils quand il annonça qu’il venait d’arriver en ville. Elle non plus elle n’avait pas vraiment fait de vieux os à Killingworth. Mais assez pour ouvrir sa propre boutique. Et ça, c’est quand même pas trop mal sur le papier. Elle accepta avec un large sourire son nouveau verre, et alors qu’elle avançait le sien vers le cuba libre pour trinquer en bonne et dûe forme, quand il continua sur sa lancée.

Si Sygin c’est pas courant ? Nope mon cher monsieur ! On lui avait fait la remarque plus d’une fois, mais ce n’était pas non plus la première fois qu’on soulignait son physique atypique. Plus jeune, elle avait toujours été particulièrement sur ses gardes dès qu’on lui faisait la reflex ion de son originalité. Parce qu’après une adolescence difficile, elle pensait toujours y voir un semblant de malignité, comme si les gens étaient naturellement méchants dès que quelque chose de pas commun pointait le bout de son nez. Mais maintenant, dès que j’étais le cas, elle le prenait à la rigolade, et en avait fait une force. Après tout, elle savait très bien que dès qu’elle tapait du moins sur la table, même le premier bulldog agressif baissait les yeux. Personne n’aime avoir une machine de guerre de quasi deux mètres et toute en muscle sur le dos.

Elle lui offrit donc un sourire en coin et répondit. « Finement observé ! Ma mère adoptive est allée me chercher en Norvège. Mais je ne suis pas la seule, c’est un peu United Colors of Benetton chez ma mère ! Mon grand frère est coréen, une de mes petites sœurs est congolaise… j’te le dis : les photos de familles, elles ressemblent à rien ! » Elle eut un bref éclat de rire, qui ne s’effaça pas à sa dernière question. Elle trinqua tout d’abord, sans lui répondre, histoire de laisser planer cette vraie fausse aura de mystère, et annonça dans un large sourire : « Roh desuite ! » C’est vrai ça ! Genre elle était grande et ça y est, elle mangeait des gens! Bon, si on oublie son second travail, évidemment, c’est largement moins ironique.

Mais toujours pas la dernière pour la gaudriole, elle posa une main sur son cœur à peine couvert par son décolleté et annonça d’un air solennel. « Je vous jure, Sir Arham, que vous retrouverez votre chez-vous ce soir ! Et en un seul morceau s’il vous plait! Tout le bar est témoin. »

Elle souligna sa promesse en buvant une petite gorgée de son poison, et reprit tout de suite la discussion. « Par ailleurs, Arham, ça sonne pas très très du coin. J’ai l’impression qu’entre originaux on s’est bien trouvé! Tu viens d’où et ça fait combien de temps que tu es venu te perdre à Killingworth ! » Puis brève idée alors que ses yeux doublent de volumes sous son éclair de génie soudain. « Je suis pas là depuis super longtemps non plus, mais si tu veux j’peux te faire visiter. À commencer par ma boutique évidemment! Meilleure pâtisserie de la ville, d’après le jugement tout à fait objectif du jury composé uniquement de mon frère et moi ! »

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