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Dim 14 Jan - 18:04
Rosamund A. Fraser
humaine
Rosamund A. Fraser
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Crédits : marley smith
Métier : Avocate au barreau

 
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  Le rythme joyeux de Take On Me emplissait la salle de bains, alors que Rosamund finissait de régler sa coiffure devant son miroir. Ce soir, elle devait se rendre à un gala organisé dans un prestigieux hôtel de Newcastle. Une tradition, destinée à resserrer les liens entre les acteurs de la vie judiciaire du Northumberland. Cela faisait peu de temps qu’elle était installée ici mais son patron, Christian, avait insisté qu’elle soit présente afin d’être introduite auprès de contacts utiles. Ne jamais sous-estimer l’importance du réseautage, disait-il.
La soirée était plutôt chic. Elle avait, pour l’occasion, ressorti une robe de soirée qu’elle avait acheté trois ans plus tôt. Manches courtes, col carré, coupe simple, elle épousait les formes de son corps avant de s’évaser en pans généreux au niveau de ses mollets, lui donnant une allure de sirène. La couleur bordeaux du tissus lui seyait plutôt bien au teint et faisait ressortir ses yeux verts bouteille. Elle avait opté pour un maquillage léger, un rien d’eyeliner, une touche de mascara, un peu de rose aux joues et un rose tendre sur les lèvres. Elle n’avait jamais vraiment aimé passer des heures à peinturlurer chaque millimètre carré de ses paupières avec des pinceaux qui semblaient sortir d’un autre monde. Alors que le dernier couplet de la chanson se terminait, elle termina d’attacher ses cheveux, maintenant coupés au carré et balayés en blond, dans un chignon simple et moderne. Elle se saisit de son parfum et libéra sur elle quelques gouttes de jasmin et de fleur d’oranger, qui marqueraient son sillage pendant la fête.

Un dernier coup d’œil à la glace puis elle éteignit les lumières, saisit une paire de talons noirs suffisamment grands pour la hisser de son mètre soixante-huit à presque un mètre soixante-quinze, attrapa son sac, un manteau en laine grise et sortit de son petit cottage. Quelques minutes plus tard, elle s’installait au volant de sa Prius, troquait ses talons pour une paire de baskets et partait sur les routes pour aller chercher la personne qui l’accompagnerait ce soir.

Joan, un des autres avocats de l’entreprise devait être à son bras ce soir. Joan vivait en bordure de Killingworth, dans une ancienne dépendance de ferme réaménagée. Joan aimait le calme, la nature et la sérénité. Et Joan était une des premières amies que Rosamund s’était fait en arrivant à Killingworth.
Relativement grande, maigre et plate, elle arborait fièrement des cheveux roux bouclés coupés courts et jouait volontiers sur son caractère androgyne. Joan aimait les femmes et, bien qu’elle savait que Rosamund n’était pas intéressée, elle n’avait pas pu résister à l’idée de se prêter au jeu du cavalier quand elle avait appris que personne ne l’accompagnerait. Elle était sur le parvis, toute fière dans un costume féminin noir agrémenté d’une cravate très élégante, quand Rosy déboula. Ni une, ni deux, elle s’engouffra dans la voiture en la saluant chaleureusement !

- Eh bien mademoiselle Fraser, vous comptez faire tourner des têtes ce soir ?

Rosamund rit et balaya la remarque en rougissant légèrement alors qu’elle repartait, prenant la direction de Newcastle. Pendant ce temps, son "cavalier" du soir prenait un malin plaisir à regarder dans sa boîte à CD.

- Eh bien, c’est une vraie discothèque ta caisse ! On a de quoi chanter jusqu’au bout du monde !  

- Vas y, choisis et fais toi plaisir surtout, c’est ma collection personnelle !

L’avocate sourit et tenta de se concentrer sur la route alors que Joan réglait le volume à fond. Rapidement, le phrasé impertinent des Spices Girls se fit entendre et les deux femmes se surprirent à chanter comme deux adolescentes.

- If you want my future, forget my past, If you want to get with me, better make it fast… Now don’t go wasting my precious time, get your act together we could be just fine !

S’il y avait une chose que la jeune femme adorait, c’était chanter. Elle se moquait bien que le monde entier la juge ou la trouve trop âgée pour agir de la sorte. Ce soir elle se sentait en vie et elle comptait bien en profiter.

Les rues de Newcastle brillaient de toutes leurs lumières. Ce soir encore, les bars étaient emplis et les clubs accueillaient une foule d’étudiants prêts à danser toute la nuit sous les néons colorés, au rythme des basses poussées à fond. Elle roula au milieu des enseignes clignotantes, le long des files d’attentes qui s’étendaient sur les trottoirs, jusqu’à débouler sur une esplanade au bout de laquelle un splendide complexe hôtelier se dressait. Le Hilton Resort, rien que ça. Les juristes de Newcastle ne se refusaient vraiment rien ! A la fois excitée et inquiétée par le luxe et l’atmosphère guindée qui transparaissaient du lieu, elle stoppa sa voiture et se débarrassa précipitamment de ses baskets, qu’elle jeta sur la plage arrière, avant de repasser ses talons, sous le regard amusé de Joan.
Lorsqu’elles sortirent, la jeune femme fut surprise par l’arrivée d’un voiturier, à qui elle confia d’une main hésitante ses clés avant d’être guidée à l’intérieur. Les deux femmes présentèrent leur invitation et furent jaugées un bref instant par le portier, avant d’être débarrassée de leurs manteaux par un personnel zélé et attentif.

- Eh bien, on se croirait presque dans un film… chuchota Rosamund, peu habituée à tant de décorum.
Joan, qui s’était déjà rendue à plusieurs réceptions du même style, esquissa un sourire et se pencha un peu vers elle.

- Attends de voir la suite ! Pour éviter les accidents de la route, on nous réserve chaque année des chambres dans l’hôtel… Tu vas avoir l’impression d’être une vraie princesse !

Elle sourit et saisit nonchalamment le bras d’une Rosamund de plus en plus intimidée pour la mener dans la grande salle de réception.
Il y avait déjà du monde, beaucoup de monde, notamment autour d’un buffet qui avait l’air on ne pouvait plus appétissant. Mais la trentenaire n’avait pas faim, trop impressionnée par le luxe résolument moderne de l’endroit, tout dans les tons de noir, blanc et jaune. Là bas, un orchestre jouait un morceau de jazz qui permettait aux invités de s’entendre discuter. Des tables avaient été dressées pour pouvoir s’y asseoir et, là bas, on avait dégagé un espace suffisamment grand pour accueillir une piste de danse.
Elle aurait pu rester un long moment avec le regard perdu, si une silhouette familière n’était pas venue à leur rencontre.
Rosamund sourit en reconnaissant Christian Baldwin, son employeur et ancien directeur de thèse.

- Rosamund, Joan ! Ravi de vous voir ! Vous êtes magnifiques toutes les deux ! Vous avez fait bonne route jusqu’ici ? Oh ! D’ailleurs, j’y pense, il faut que vous veniez avec moi, je dois vous présenter à certains de mes collègues ! D’ailleurs, je crois que vous étiez dans la même promotion à que l’un d’entre eux, cela devrait vous raviver des souvenirs !

Lorsque Christian était heureux, il était impossible de l’arrêter. Rosamund et Joan le suivirent donc en échangeant un regard interloqué. La jeune femme avait beau faire le tour de ses anciens camarades de classe, elle ne se souvenait de personne qui puisse avoir des attaches dans le Northumberland. Enfin, elle aurait la réponse bien assez tôt, semblait-il.
Ils traversèrent une bonne partie de la salle avant d’arriver auprès d’un groupe d’hommes et de femmes qui semblaient en pleine discussion. Avec son charme et sa bagoue habituelle, il s’imposa au milieu d’eux avec une facilité déconcertante.

- Me revoilà ! J’espère que je n’ai rien manqué de trop important ? Permettez-moi de vous présenter ma nouvelle associée, Rosamund Fraser. Elle était mon élève lorsque j’enseignais à Oxford, j’ai rarement vu un esprit aussi brillant ! Mais approchez Rosamund, n’ayez pas peur !

En essayant de contenir le rouge qui lui montait au joues, la jeune femme s’avança, gracieuse dans sa robe et se présenta, donnant sourires et poignées de mains à ces inconnus qu’elle était sensée connaître le plus vite possible. Alors qu’elle échangeait quelques mots avec une femme, apparemment juge au tribunal de Newcastle, elle entendit Christian maugréer.

- Tiens, mais où est-il passé… Pourtant je… Ah, le voilà ! Venez mon cher, voilà la personne que je voulais absolument vous présenter !

Entendant les pas revenir vers elle, la jeune femme se retourna avec son sourire aimable et pâlit soudainement lorsque son regard se posa sur l’homme qui lui faisait face. Son sourire se fana, ses mains tremblèrent, elle crut que ses jambes allaient s’effondrer et que son cœur était aspiré par un siphon. Tout à son enthousiasme, Christian continuait, n’ayant visiblement rien senti du malaise qui s’était installé.

- Edward, Rosamund, vous devez certainement vous rappeler l’un de l’autre n’est-ce pas ?

La jeune femme déglutit. Elle qui pensait être passée au dessus de tout cela, elle avait l’impression qu’on venait de rouvrir avec les dents une très ancienne plaie. Avec toute la maîtrise dont elle était capable, elle fit le vide dans sa tête et arbora à nouveau son sourire de société.

- Oh, oui, Edward bien sûr. Cela fait si longtemps. Je suis ravie de te revoir, bien sûr.

Ravie. Un bien faible mot pour exprimer combien elle avait envie en cet instant de lui faire regretter les mots qu’il avait eu pour elle, ce jour là.

 
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.
 

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Dim 14 Jan - 18:12
Edward T. Seymour
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  Il régnait un silence religieux dans ce grand appartement d'un des quartiers les plus huppés de Killingworth. Dans la chambre, un élégant costume anthracite était posé sur le lit, taillé avec soin et sur mesure dans une étoffe de qualité. À première vue, il devait valoir une petite fortune, tout comme cette paire de chaussures de ville soigneusement cirées ou cette cravate en soie bleue qui viendrait apporter une touche de couleur à l'ensemble. Tout dans cet ensemble, dans cette pièce et dans cet appartement respirait le luxe et le raffinement et pourtant... tout était terne. La décoration était sobre, sans relief ni couleurs, à l'image du propriétaire des lieux. À vrai dire, il n'avait jamais trop su comment agencer son intérieur, tant ce qu'on lui avait appris à apprécier en matière de décoration le révulsait, au fond. Aucune photo de vacances ou de famille n'ornait les murs et la propreté qui régnait était proche de la maniaquerie. Quelque part, la froideur de cet appartement avait quelque chose d'inquiétant.

Dans la salle de bain, l'eau fut coupée et il attrapa une serviette pour s'en ceindre la taille. Edward Seymour avait tout pour être satisfait. Héritier d'une noble famille, futur Duc de Somerset et fiancé à l'une des plus célèbres jeunes filles d'Angleterre, de quoi aurait-il pu se plaindre ? Avocat de son état, il défendait des porcs engraissés à l'argent et aux magouilles qui le payaient grassement pour être bien défendus. Alors pourquoi faisait-il à ce point la tête tendis qu'il prenait soin de coiffer ses cheveux ondulés ? Parce qu'Edward était tout sauf heureux. Il n'était que la création mal habile et imparfaite d'un père trop exigeant, la frustration incarnée et l'asociabilité à son paroxysme.
Edward n'aimait plus cette vie, n'aimait plus avoir à faire semblant d'être heureux avec Diana Howard quand celle-ci ne lui accordait même pas un regard, n'en pouvait plus de devoir être le fils parfait alors qu'il aurait voulu pour une fois dans sa vie tout envoyer balader.

Par-dessus tout, Edward détestait les réceptions mondaines. Pour lui, ces soirées n'étaient que des occasions déguisées pour que des m'as-tu-vu se mettent en scène et se montrent. C'était le genre de choses qui plaisaient à son frère, pas à lui. Il aurait préféré rester chez lui avec un bon livre, mais il lui avait été chaudement recommandé de venir, aussi ne pouvait-il pas se défiler. Sa tenue enfilée, il termina d'ajuster sa cravate, poussa un profond soupir et s'accorda une dernière cigarette avant d'attraper ses clés pour quitter son appartement. Le moteur de son Astin Martin ronronna dans le garage de l'immeuble tandis qu'il sortait pour rejoindre sa cavalière pour la soirée. Si on lui avait demandé son avis, il serait venu seul, mais il semblait que c'était mal vu pour un homme bientôt marié. Le protocole, toujours le protocole...

Lorsqu'il fut devant le manoir Howard, Edward pris quelques minutes pour discuter avec Anthony, son ami, qui lui tapota l'épaule en lui souhaitant bon courage. En voyant Diana descendre les marches du grand escalier, Edward dû bien reconnaître que malgré son sale caractère, elle était vraiment très belle. Une robe fluide et étincelante, dont les tons dorés rehaussaient son teint, venait parfaitement épouser les courbes de son corps, tandis qu'une paire de sandales à talons hauts venaient allonger plus encore ses jambes de mannequin. À coté d'elle, il faisait bien terne. Edward la salua, se força à sourire et lui avec galanterie son bras. En guise de bonjour, Diana lui lança un sourire faussement ravi tout en claquant quelques mots :

"Vous empestez le tabac, mon cher. Tu peux m'attendre, Anthony, je pense que nous ne rentrerons pas trop tard."

Sous le regard désolé d'Anthony, Edward leva les yeux au ciel et accompagna Diana jusqu'à la voiture. Cette dernière à peine installée, le disque de Chopin inséré dans le lecteur fut retiré et elle commença à passer de station de radio en station de radio pour trouver une chanson convenable, dont elle monta le volume à fond. Les yeux rivés sur la route, Edward se fit la réflexion que s'il n'avait pas aimé sa voiture à ce point, il l'aurait envoyée dans le décor.

Lorsqu'ils furent arrivés, il lança ses clés au voiturier sans lui accorder un regard et pénétra dans l'hôtel avec un dédain très aristocratique. Ce genre de chose, il y était habitué, après tout. Ce ne fut finalement que lorsqu'il se retrouva en présence d'autres avocats qu'il connaissait bien qu'Edward se détendit. Il discuta un long moment avec un procureur, ignorant volontairement les soupirs explicites de Diana, puis consentit enfin à s'approcher du buffet avec elle. Fronçant le nez à la vie de cette nourriture bien trop grasse, elle s'empara d'une flûte de champagne et en tendit une à son cavalier pour trinquer. C'est à ce moment précis que Christian Baldwin, un ancien professeur de fac d'Edward, surgi d'un groupe et le héla. Edward jeta un regard à Diana qui haussa les épaules puis s'approcha du groupe, curieux de rencontrer la personne dont l'avocat et professeur lui avait parlé. C'était apparemment une jeune personne avec qui il avait étudié, mais Edward avait beau faire le tour de toutes ses connaissances, il n'en voyait pas une seule dans la grande salle de réception. « Tant que ce n'est pas Rosamund », se dit-il en résistant à la tentation de rire tant la coïncidence aurait été grossière.

Pourtant, son sourire et son envie de rire s'évaporèrent en un instant lorsqu'il la reconnue. Elle avait changé. Un peu, du moins. Les années avaient définitivement effacé les dernières trace d'adolescence sur son visage, dont les joues étaient moins rondes. Ses cheveux étaient plus courts et le blond lui allait vraiment bien. Quant à sa robe... non. Ce n'était pas la robe qui était belle, c'était Rosamund dans cette robe, qui était sublime. Les yeux rivés sur elle, Edward en oublia ceux qui les entouraient. Il en oublia Diana, ne voyait plus que Rosamund. Finalement, il était toujours là, ce petit pincement qu'il ressentait au creux de sa poitrine à chaque fois qu'il la voyait, renforcé par des années de séparation. Le poing d'Edward se serra, son regard se fit méprisant puis il tourna la tête vers Baldwin.

"Navré monsieur, je ne suis pas très physionomiste... Miss Fraser semble se souvenir de moi mais j'ai bien peur que ça ne soit pas réciproque."

Rares étaient les personnes avec qui Edward était aussi acide. La plupart du temps, il se contentait d'ignorer les gens. Mais Rosamund avait droit à un traitement tout particulier. Celui de la femme qui avait réussi à faire frémir son cœur avant que le devoir ne le rattrape. Trop occupé à observer Rosamund, Edward n'avait pas remarqué que Diana et la cavalière de la première se dévoraient littéralement du regard. Il ne remarqua finalement les choses que lorsque sa fiancée lâcha son bras en lui glissant à l'oreille :

Invitez-la donc à danser, je suis certaine qu'elle en meurt d'envie."

Sans un mot de plus, Diana s'approcha de Joan et s'éloigna du groupe. Humilié. Chaque fois c'était la même chose, et Edward se sentait profondément humilié. L'air bête, il inclina légèrement la tête et lâcha avec un débit bien trop rapide pour quiconque :

"Si vous voulez bien m'excuser..."

Puis il fila vers le buffet pour s'emparer d'une seconde flûte de champagne. Entre Rosamund qui reparaissait devant lui et Diana qui le laissait en plan, Edward avait du mal à imaginer que la soirée puisse être pire encore.

 
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.
 

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Dim 14 Jan - 21:13
Rosamund A. Fraser
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 C'était une blague. Une énorme blague. De toutes les personnes qu'elle aurait pu recroiser, il fallait que cela tombe sur lui. Rosamund se figea, pâle, flottant soudain entre deux mondes. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, Edward avait conservé l'air légèrement déguinguandé qu'elle avait toujours secrètement apprécié chez lui. Il n'avait presque pas changé. Quelques petites ridules, tout au plus, venaient s'inscrire sur son visage au profil des plus aristocratiques. Son costume sobre lui allait à merveille. Fait sur mesure, à n'en pas douter. Soudain, face à lui, elle se vit propulsée huit ans en arrière et sentit son coeur se serrer, alors que ses poings se refermaient subtilement et que sa mâchoire se crispait. Elle se perdit un instant dans le bleu de ses yeux, détailla la courbe généreuse de ses boucles châtains.
Son regard passa ensuite sur sa cavalière. Elle la reconnut subitement et n'en blêmit que davantage. Elle avait déjà vu Diana Howard, la nouvelle égérie d'Alexender MacQueen. Ses jambes fines, sa taille de guêpes étaient exposées partout, dans les magazines, à la télévision, sur des panneaux publicitaires. Que faisait-elle à son bras ?
Aussitôt se posa-t-elle la question que l'éclat du diamant de sa bague de fiançailles lui apporta la réponse. La jeune femme se sentit blêmir davantage et se surprit à ressentir une tristesse sourde. Était-elle jalouse ? Après tout ce temps ?
Elle ne remarqua même pas que la mannequin, bien loin de s'attacher à son cavalier, semblait dévorer Joan des yeux. Lorsque les deux s'éloignèrent, elle n'y prêta même pas attention.
Soudainement mal à l'aise, elle saisit la remarque d'Edward de plein fouet et n'eut pas le temps de répliquer, que ce dernier était déjà parti. Dans son regard, la tristesse le disputa à la colère. Finalement, ce fut cette dernière qui l'emporta, lui donnant la force de reprendre un sourire de façade en faisant comme si de rien n'était. Devant l'air interloqué de ses collègues, elle arbora un air détaché et balaya le sujet d'un revers de main.

- Cela ne m'étonne pas que Mr Seymour ne se souvienne pas de moi. Il ne s'est jamais réellement préoccupé des camarades qui pouvaient l'entourer, trop concentré sur sa réussite. Ce fut tout à son honneur que de privilégier l'excellence de ses résultats à sa vie sociale. Enfin. Madame Baxter, que me disiez-vous à propos de cette affaire en cours ? Le sujet avait l'air passionnant !

Redirigeant la conversation à son avantage, elle continua pendant un bon quart d'heure à entretenir une discussion animée avec ses inconnus, essayant d'oublier les retrouvailles désagréables dont elle avait fait les frais. Pourtant, rien n'y faisait, elle ne pouvait que penser à lui, à sa silhouette qu'elle aurait pu reconnaître entre mille. Elle tentait de se retenir de le chercher des yeux. Au bout d'un moment, n'en pouvant plus, elle s'excusa auprès de ses nouvelles connaissances pour se diriger vers le buffet et se chercher quelque chose à boire, afin de se changer les idées.
Elle faillit jeter son dévolu sur une coupe de champagne et se réfréna. L'alcool et sa maladie n'étaient pas très compatibles, mieux valait ne pas exagérer. Ce fut finalement armée d'un grand verre de citronnade qu'elle s'éloigna, désirant s'approcher d'un balcon pour prendre l'air, lorsqu'elle le retrouva. Elle l'avait entraperçu, dans un coin, près d'une table, en train de boire avec cet air morne qu'elle lui connaissait si bien. Rosamund aurait pu continuer sa route, l'air de rien. Mais l'occasion était trop tentante.

Alors, elle bifurqua dans sa direction, le regard fier et décidé, et posa délibérément son verre en s'asseyant en face de lui, sans même lui demander la permission.


- Bien, puisque nous avons été présenté, je suppose que tu ne m'en voudras pas de venir m'installer ici ?

Son ton était sec. Peut-être un peu trop. Mais Edward avait à nouveau laissé passer une chance de refermer leurs blessures et l'avocate ne comptait pas se laisser faire. Délicatement, elle avala une gorgée de sa boisson, en avisant les coupes vides présentes sur la table, avant de reprendre.

- Tu comptes boire jusqu'à t'en rendre malade pour oublier que je suis dans la même pièce que toi ? Sérieusement Edward... C'est ridicule.

Elle regarda la salle et avisa au loin Joan et Diana, qui semblaient engagée dans une discussion complice. La jeune femme haussa un sourcil, ne réalisant pas encore que les inclinations de la mannequin ne coincidaient pas vraiment avec les attentes d'un mariage entre deux familles nobles.

- Toutes mes félicitations pour tes fiançailles. Tu as de la chance, elle est vraiment très belle.

Malgré tous ses efforts pour garder un air détaché, elle avait entendu sa voix se ramollir, signe d'une certaine mélancolie. Rosamund se serait mis des claques. Enfin mais à quoi pensait-elle ? Pourquoi était-elle triste ? Elle devait plutôt se sentir désolée pour cette pauvre fille qui allait devoir se coltiner l'insupportable avocat !
Et pourtant, elle était mûe par le sentiment que cette femme qu'elle avait tout juste entraperçue, ne correspondait pas au Seymour. Elle avait envie de le secouer, de lui demander pourquoi il avait accepté une telle alliance. Pourtant, à quoi s'attendait-elle ? Comme il le lui avait dit, c'était un aristocrate... Qu'il se lie à quelqu'un comme Diana Howard n'avait rien de surprenant.
Terriblement amère, Rosamund se redressa un peu dans son siège et se racla la gorge, cherchant désespérément un autre sujet de conversation.

- Je ne savais pas que tu officiais dans le Northumberland. Je suis arrivée il y a trois mois... Si elle avait su, serait-elle venue ? Mystère.

Rosamund se sentait bête, très bête. Elle avait envie de dire tant et tant de choses, de se mettre en colère, de demander des comptes, mais plus rien ne voulait sortir. Elle serra les poings et but à nouveau, cherchant désespérément une porte de sortie à leur malaise commun. Soudain, les accents d'une mélodie jouée à l'accordéon la firent se redresser. La mélodie d'un célèbre tango de Carlos Gardel résonnèrent et l'avocate, qui adorait danser, eut soudain une idée complètement folle. Elle aurait dû se taire, mais sa bouche sembla agir d'elle-même.

- Tu comptes boire l'ensemble des coupes de champagne du buffet avant de m'inviter à danser ?

Mais pourquoi avait-elle dit ça ? Rosamund se maudit intérieurement, tout en gardant le sourire subtilement impertinent qu'elle affichait. Mais à quoi s'attendait-elle, nom de nom ?
 
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Dim 14 Jan - 22:01
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  Plus les minutes passaient, plus Edward se demandait pourquoi il était venu et pourquoi il n'avait pas trouvé une idée subtile pour refuser l'invitation. Il fallait bien admettre que dire « je ne peux pas, j'ai piscine » pour un aquaphobe aurait été ridicule et certainement pas pris au sérieux un seul instant. Il se sentait comme un étranger au milieu d'une foule agressive, cherchant du regard un visage amical vers lequel se tourner. Il y avait bien quelques avocats qu'il connaissait, ou encore ce procureur avec lequel il avait discuté un peu plus tôt... le carnet d'adresse d'Edward était relativement impressionnant, compte tenu de son jeune âge, et il savait qu'il n'aurait eu aucun mal à se mêler à un groupe pour discuter politique, droit et justice, mais elle l'obsédait. Chaque fois qu'une dame tournait la tête vers lui, c'était le visage de Rosamund qui s'y superposait, fugace et pourtant tenace. Cette nuit passée ensemble le hantait toujours, comme le fantôme d'un défunt regretté. Mais il savait. Il savait que même s'il avait eu des sentiments pour elle, il n'aurait pu se défaire de ses obligations ou de son union avec Diana. Il s'éloigna, sa flûte de champagne dans la main, et se dirigea vers un couple de juristes qu'il connaissait bien. Quelques minutes de conversation et il prétexta le besoin de prendre l'air. En réalité, il avait surtout besoin d'être seul.

Dehors, l'air était frais mais il n'y avait pas de vent, ce qui rendait la soirée particulièrement agréable. Songeur, Edward regardait les étoiles, cherchant à distinguer des constellations qu'il énumérait dans sa tête. C'était un incroyable cerveau, une tête bien faite et une intelligence fine, mais il était incapable de parler des choses qu'il savait avec qui que ce soit. C'était comme si une barrière le séparait des autres êtres humains, le mettant irrémédiablement à l'écart. Alors il restait seul, dissertant en silence sur l'immensité de l'univers. Un véritable poète maudit. À chaque passage des serveurs, il s'emparait d'un verre sans se soucier de ce qu'il contenait. Il but du champagne, du vin blanc, de la citronnade, un affreux cocktail à base de gingembre et était en train de siroter un jus de tomate beaucoup trop sucré lorsque l'irrespectueuse roturière qui faisait battre son cœur vint rompre sa bulle de sérénité. Il repoussa légèrement son verre et releva les yeux vers elle, tout de dédain et de mépris qu'il était.

Ce n'est pas parce que nous avons été présentés que tu dois te sentir obligée de venir m'emmerder, Rosamund...

Son ton à lui aussi était sec. Il avait espéré qu'elle lui en voudrait suffisamment pour ne plus jamais éprouver l'envie de lui adresser la parole mais visiblement, elle lui en voulait suffisamment pour avoir justement envie de l'emmerder.

Mais tu vas me foutre la paix, oui ? Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je n'ai pas vu que de l'alcool et quand bien même ce serait le cas, je suis adulte. Si je suis si ridicule que ça, retourne donc te pavaner ailleurs.

Il s'empara à nouveau de son verre et en but une gorgée. Il grimaça et le repoussa, regrettant définitivement ce choix de breuvage peu avisé. Ses yeux s'égarèrent alors au niveau du visage de Rosamund, et il faillit bien lui dire qu'il aimait sa nouvelle coupe de cheveux. Qu'elle lui donnait enfin l'air d'une adulte et non d'une gamine de six ans. Quelque part, à sa manière, il aurait été gentil en lui disant cela. Seulement, il n'eut pas le loisir de lui dire quoi que ce soit, puisque Rosamund avait déjà renchéri, appuyant là où ça faisait mal. Un ricanement peu convaincant secoua les épaules d'Edward, qui jeta un regard agacé à sa fiancée.

C'est drôle... tout le monde éprouve le besoin de me rappeler combien Diana est jolie, et regarde comme les yeux de Diana sont beaux, et comme elle prend soin d'elle, et comme elle aime les beaux vêtements... tout le monde a l'air d'oublier que Diana préfère les bonnets D aux pomme d'Adam. Tu devrais tenter ta chance, je suis certain que tu lui plairais davantage que moi.

Si Edward était souvent dans l'amertume et l'agressivité, ce n'était rien comparé à ce qu'il éprouvait dès qu'il s'agissait de Diana. Il savait pertinemment qu'ils ne se rendraient jamais heureux, que leur mariage se solderait par un échec retentissant et qu'ils finiraient malheureux, chacun enfermé dans une aile du manoir familial. Il appréciait Diana et savait qu'au fond, elle n'avait rien contre lui, mais il savait aussi que par son mariage, ils apprendraient à se haïr et se rendre mutuellement responsables de leur malheur. C'était ainsi, et même si Diana avait aimé les hommes, leurs caractères étaient bien trop différents et explosifs pour que quoi que ce soit de bon puisse résulter de leur union. Mais comment se sortir de cette impasse, de toute manière ? Lorsque ce n'était pas Diana qui le faisait, Edward trouvait le moyen de repousser leur mariage à une autre date.

Il se tourna à nouveau vers Rosamund lorsqu'elle lui appris qu'elle officiait elle aussi dans le Northumberland. Quelque part, une petite partie de lui-même était heureuse de savoir qu'ils allaient sûrement se croiser plus souvent et peut-être même travailler sur les mêmes affaires. Cette partie de lui, c'était celle qu'il cherchait à tout prix à étouffer pour l'empêcher de prendre le dessus. Aussi, lorsqu'il ouvrit la bouche, un sourire mesquin aux lèvres, ce fut pour lâcher d'un ton désagréable :

Ne te sens pas obligée de me faire la conversation, je n'ai vraiment pas besoin de ça.

Et lui n'aurait pas dû se sentir obligé de lui dire ça mais c'était plus fort que lui. Les mots sortaient sans qu'il y pense, acides et violents. Trop occupé à réfléchir à tenter d'oublier le malaise qui s'installait entre eux, Edward ne remarqua pas tout de suite que la musique changeait et qu'un accordéon entrait en piste. À la question de Rosamund, il se figea, projeté 8 ans en arrière. C'était une danse et de l'alcool qui avait provoqué leur dérapage, dérapage qui cette fois ne serait pas toléré. Il se tourna à nouveau vers elle et la détailla sans la moindre gêne.

Dois-je te rappeler que la dernière fois que nous avons dansé, les choses ont... comment dire... pris une tournure inattendue ? À moins que ça ne soit ce que tu cherches ?

Provocateur, Edward cherchait à comprendre jusqu'où Rosamund était prête à aller sur ce terrain. D'un regard teinté de malice, il lui désigna la piste de danse. Fort heureusement pour tous les deux, elle n'avait pas bu et lui pas assez pour qu'ils puissent craindre de se retrouver dans la même situation que huit ans auparavant. Et pourtant, il y avait toujours cette petite, cette infime part de lui qui n'aurait pas été mécontente que ça se reproduise. Repoussant les verres sur la table, Edward se leva, s'inclina légèrement et tendit la main à celle qui serait bientôt sa cavalière. Il l'entraîna sur la piste de danse, se mis en place et se souvint qu'elle dansait à peu près aussi bien que lui, sans le moindre faux pas. Malgré tout, il ne put s'empêcher de la provoquer une fois de plus.

Tache de ne pas te ridiculiser en me marchant sur les pieds...

Sur un rythme de tango endiablé, il l'attrapa par la taille, plongea son regard dans celui de Rosamund et laissa leurs deux corps évoluer sur une piste de danse où quelques couples dansaient déjà. C'était trop tôt... trop proche... trop tout. Bon sang, pourquoi un tango ? Et pourquoi était-il accro aux paris au point de ne pas être capable de refuser une inviter à danser aussi dangereuse ?

 
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.
 

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Lun 15 Jan - 0:46
Rosamund A. Fraser
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Insupportable. Comme au premier jour. Il était vraiment à baffer. Bon, Rosamund était loin d'être tendre avec lui mais elle se sentait bien plus légitime que lui en matière de leçon à donner. Alors qu'il manifestait son mécontentement, elle s'assit, montrant délibérément qu'elle ne comptait pas bouger. Sa remarque suivante, cinglante, la fit rougir jusqu'aux oreilles. Elle détestait s'entendre dire qu'elle se pavanait, d'autant plus qu'elle avait horreur de donner l'impression d'être une femme imbue d'elle-même et en recherche d'attention. Ses lèvres se pincèrent puis elle rétorqua.

- Je n'irais me pavaner nulle part, je me trouve très bien ici.

La réflexion d'Edward sur sa fiancée la prit de court. Elle rougit à nouveau cette fois-ci, mais moins de colère que de honte et de surprise. Ainsi donc Diana Howard n'aimait pas les hommes ! Voilà une information qui avait été bien gardée. Soudain, elle saisit bien mieux l'importance des oeillades échangées avec Joan et le peu de cas qu'avait fait la mannequin de son irruption face à son fiancé. Un bref instant, elle éprouva presque de la sympathie pour le Seymour, coincé avec une femme qu'il ne pouvait combler et qui ne le comblerait jamais. Forcé à sourire et à agir pour le mieux. Assurément, cela n'avait pu qu'empirer son caractère de cochon. Essayant d'écarquiller un peu moins les yeux, elle le regarda avec un air plus doux, qui prenait presque l'allure d'une excuse.
Et quelque part, au fond d'elle-même, elle sentit quelque chose d'étrange. Comme... Comme si le fait d'apprendre qu'Edward n'était enchaîné que par un lien diplomatique à cette femme la rassurait. Cette sensation était encore trop ténue pour que Rosamund puisse l'intellectualiser tout à fait, mais ce simulacre de joie lui arracha presque un demi sourire.

Plus assurée, elle tenta de faire la conversation poliment mais se heurta une nouvelle fois au mur de glace qu'était le Seymour. Sa remarque la piqua profondément. Il put la voir mordre sa lèvre inférieure et serrer le poing pour ne pas répliquer du tac au tac. Elle inspira longuement et lâcha d'un ton qu'elle aurait aimé moins tremblant.

- C'est bon de voir que certaines choses ne changent pas.

La musique vint la sauver. Avant qu'elle ait pu réfléchir à ce qu'elle faisait, elle proposait une danse à Edward, comme un défi. Cette situation n'était pas sans rappeler les expériences déjà vécues par les deux avocats et le Seymour ne put s'empêcher de le lui faire remarquer, plus provocant que jamais. La jeune femme ne se laissa pas démonter et déploya son plus beau sourire en se tournant vers lui.

- Est-ce que tu aimerais que je sois en train de chercher cela ?

Et pan. Un juste retour de manivelle, parfaitement orchestré. Heureusement que Rosamund égalait Edward en matière de joute verbale. Elle accepta avec un sourire la main qu'il lui tendit et se dirigea avec lui sur la piste de danse, tête haute et dos droit. On sentait qu'elle était loin de débuter dans le domaine. Elle plaça une main sur l'épaule du noble et glissa sa paume contre la sienne. Évidemment, elle ne manqua pas d'essuyer une nouvelle remarque. Elle s'y attendait. Alors elle riva ses yeux verts dans le bleu des siens, pour ne plus les détourner.

- Et toi, tâche de ne pas être trop mou. Un tango ça ne se conduit pas comme une valse.

Rosamund avait décidé de rendre coup pour coup. Il verrait bien, le "Baron Seymour" que les années l'avaient endurcie. Elle n'était plus l'adolescente à fleur de peau qu'il avait connue autrefois. Maintenant, Rosamund avait des griffes autrement plus acérées et elle n'hésiterait plus à s'en servir.
La sensation de sa main contre sa taille la fit frémir plus que de raison. Mais elle préféra ne pas y penser et s'adonna à la danse, sans plus quitter l'océan des pupilles du noble. Elle était droite et tenait une parfaite courbe de cou. Son corps, à la fois souple et en tension, s'accordait parfaitement à celui d'Edward. Elle regretta ce choix, ce défi. La danse, discipline conçue pour rapprocher les êtres, et plus particulièrement le tango, avaient une dimension éminemment sensuelle qu'elle ne pouvait plus ignorer. Là, dans les bras du noble, elle se sentait à la fois étrangère et profondément à sa place. Elle voulait le provoquer mais également lui plaire. Peut-être lui faire regretter son geste, huit ans plus tôt. Ou peut-être le faire revenir à elle. Qui pouvait savoir ?

Sa robe se déploya gracieusement quand il la fit tourner une première fois, avant de la reprendre entre ses bras. Le regard de Rosamund brillait maintenant d'une lueur plus vivante. Cette fois ils étaient maîtres de leurs esprits. Ils n'avaient pas bu. Et pourtant ils étaient là, comme si un obscur génie à l'humour cynique avait tout fait pour les amener à cet instant précis. Alors que les pas s'enchaînaient, bien plus rapides et tendus que ceux des autres danseurs, elle se surprit à détailler ses traits. Sa bouche, son nez aquilin, l'arcade de ses sourcils.

Nouveau tour. Cette fois, elle courba le dos, penchée légèrement en arrière. Sa prise se resserra sur la main de son cavalier. Elle avait oublié à quel point ses paumes pouvaient être douces. Bien à l'opposé de son caractère, c'était certain.

Plus le temps passait et plus leurs pas tenaient moins de la danse de bonne société que de la vraie danse de salon, dans son amplitude et sa grâce particulière. Elle se surprit à trouver que son air renfrogné le rendait beau. Dans sa poitrine, son coeur battait bien plus vite, sans doute à cause du rythme endiablé de leur danse. Oui, sans doute.

Un tour de plus. Elle revint contre lui. Il était magnifique.
Elle sentit son souffle près d'elle, elle respira son parfum. Il n'en avait pas changé. Elle se rappelait encore de cette odeur, qui avait pendant longtemps imprégné la chemise qu'elle avait emporté, ce matin là. Ses pas étaient assurés mais son esprit perdait le fil. Rosamund avait la sensation de faire une énorme bêtise mais tout son corps semblait s'en réjouir.

Au fond, ils n'avaient pas changé.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Mar 16 Jan - 21:47
Edward T. Seymour
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 C'était facile, si facile de l'envoyer balader, si plaisant de voir l'agacement déformer son beau visage de poupée, tellement plus simple que de la saluer, de lui demander comme elle allait... tellement plus simple d'agir en monstre que de tenter d'être un individu normal. C'était tout Edward, ça ! Un parfait connard qui se complaisait dans le mépris de son prochain plus que dans l'amour. L'ennui, c'est qu'il avait gardé de Rosamund le souvenir d'une jeune fille plus prompt à rougir de ses remarques qu'à répliquer. Or, ce n'était visiblement plus le cas, puisqu'elle lui renvoya l'ascenseur avec une aisance qui fit hausser un sourcil au Seymour. S'il n'avait pas été certain qu'elle lui rirait au nez, il l'aurait toisé de haut et l'aurait prié de le vouvoyer et de l'appeler monsieur le Baron. Pourtant, il se retint, se renfrogna un peu plus et baissa à nouveau le regard vers son verre de jus de fruit. Pourquoi fallait-il qu'elle se sente obligée de venir l'emmerder alors qu'il était tranquillement installé à une table, seul, à l'écart ? Hin ? À quoi bon ? Les yeux rivés sur son verre, il ne vit pas le regard peiné de Rosamund, qu'il aurait de toute manière pris pour de la pitié mal placée. Oui, Diana et lui allaient être malheureux, oui ce mariage ne donnerait rien de bon… mais qu'y pouvait-il ? Rompre les fiançailles mettrait en péril le fragile équilibre qui régnait entre les familles de Veilleur et surtout, cela donnerait à Alice une excuse de plus pour convaincre son frère qu'elle et Anthony non plus ne feraient pas un couple heureux. Edward avait toujours fait passer son devoir et ses principes avant son bonheur, tant et si bien que, quelque part, il ne savait pas ce que c'était que d'être comblé. La richesse et le nom étaient une chose, la joie de vivre au quotidien en était une autre, autrement plus difficile à atteindre. Et il fallait bien l'admettre : sous ses grands airs et sa réputation d'homme inaccessible, Edward Seymour était une coquille vide. Il aurait pu faire de la peine, s'il n'avait pas été aussi odieux. L'ennui, c'est qu'il avait trouvé aussi bon que lui dans l'art de la répartie cinglante en la personne de Rosamund. Les choses ne changeaient pas, comme elle le disait si bien. Mais lorsqu'elle se tourna vers lui avec ce sourire qui mettait si bien en valeur les fossettes de ses joues légèrement rosies pas le froid, il resta sans voix. Ouvrit la bouche, se sentir rougir d'agacement et de honte et ne pris même pas la peine de répondre. S'il aurait voulu qu'elle soit en train de chercher ça ? Au fond… tout au fond de lui, il en mourait d'envie, c'était certain, mais il refusait de l'admettre et de l'accepter. Rosamund n'était pas idiote, loin de là, elle devait savoir que l'alcool n'avait fait qu'exacerber ce qu'ils ressentaient tous les deux, huit ans plus tôt : une attirance physique, intellectuelle, toxique, dangereuse. Une attirance qui les avait fait céder mais qui ne les mènerait à rien, se disait Edward. Il avait l'habitude d'avoir le dessus, d'être supérieur, de dicter et d'être obéit. Diana était la première de ses compagnes à n'avoir pas été choisie et, clairement, la première aussi à l'envoyer balader dès qu'elle en avait l'occasion.

Seulement, Diana, il n'éprouvait rien d'autre à son égard qu'un respect incertain, plutôt dirigé vers son nom et sa famille que vers sa personne, dont il trouvait les choix plus que discutables. Alors que Rosamund... ç'aurait été mentir que de dire qu'Edward n'éprouvait pas un réel respect tant professionnel qu'humain à l'égard de cette femme. Respect qu'il n'avouerait jamais, pas même sous la contrainte. Alors, sans un mot, il tendit la main à Rosamund, l'invitant par ce simple geste à le suivre sur la piste de danse. C'était risqué, dangereux, osé... quelle idée, franchement ? Pourtant, lorsqu'il furent sur la piste, les yeux rivés dans ceux de l'autre, Esward esquissa un sourire qui le rendait soudainement bien plus séduisant que lorsqu'il faisait la tête.

Oh ne t'en fais pas... je ne voudrais pas que tu t'endormes au milieu de tout ces gens...

Puis, sans un mot de plus, il l'attira à lui, enserrant sa taille de son bras tandis que leurs souffles se mêlaient l'un à l'autre. Le parfum fruité de la jeune femme lui fit tourner un instant la tête, ses pieds glissèrent sur le parquet et c'est avec une aisance déconcertante qu'ils s'imposèrent au milieu des autres couples. Il avait appris à danser, Edward. Au milieu des leçons de politique, d'équitation et d'escrime, il y avait eu la danse. La valse, le rock, le tango... même le menuet d'antan y était passé. Et s'il ne l'avouait pas, Edward aimait beaucoup danser. C'était une façon pour lui de s'exprimer sans avoir besoin de chercher et choisir ses mots. Tandis que la superbe robe de Rosamund s'épanouissait sur un sillage écarlate, l'anthracite du costume d'Edward apportait un équilibre strict. Ils n'avaient besoin ni d'être guidés, ni de parler car d'un regard, ils se comprenaient, se guidaient mutuellement. Chaque geste était volontaire, affirmé, parfaitement maîtrisé. À mesure que l'accordéon déployait autour d'eux des myriades de notes et de trais endiablés, Edward sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Son corps collé à celui de Rosamund se nourrissait de cette proximité, s'enivrait de son parfum et semblait réclamer le goût de ses lèvres, qu'il s'était interdit trop longtemps. Mais chaque fois qu'il se sentait prêt à vaciller, comme lorsqu'elle penchait gracieusement son corps en arrière, la raison le rattrapait et il se faisait soudainement plus raide, plus distant.

Autour d'eux, les danseurs s'étaient écartés et certains les regardaient avec étonnement, d'autres avec une certaine admiration dans le regard. Toute la colère, la fougue et l'orgueil qui les opposaient se mêlaient à la passion et, lorsque retentirent les dernières notes, dans un merveilleux climax musical, les applaudissements brisèrent le silence. Le souffle court, Edward tenait la taille de Rosamund d'une main, tandis que l'autre, glissée sous sa cuisse, maintenait la jambe de la jeune femme contre lui. Leurs visages collés l'un à l'autre, il ne pouvait détacher son regard de sa cavalière. C'était bien trop sensuel, bien trop personnel, comme danse. À l'adrénaline se succéda la gêne et, lorsqu'il réalisé que tout le monde les regardait, Edward s'écarta, avec une douceur qui ne lui ressemblait pas mais un regard suffisamment ferme.

C'était inconvenant, voilà ce que lui aurait dit sa mère. Inconvenant de s'adonner à une telle chorégraphie avec une jeune femme célibataire, inconvenant pour un homme de son rang d'être aussi proche d'une femme, inconvenant de ceci, de cela... devant témoin, elle lui aurait dit qu'une telle danse était un affront pour sa fiancée et, conditionné dans cette optique, Edward se sentit profondément honteux. Il avait le sentiment d'avoir trompé Diana, laquelle s'était pourtant depuis longtemps éclipsée avec Joan, sans le moindre remord ni la moindre pudeur. Il se senti si mal qu'il se contenta de saluer sa cavalière avec une raideur à des années lumière de la sensualité dont il avait pu faire preuve quelques instant plus et s'éclipsa à grands pas vers le grand escalier de marbre.

Il dévala les marches, tenta d'ignorer le claquement des talons qu'il entendait à sa suite et sorti s'isoler dans les jardins. Là, à la lumière de la lune, il huma avec satisfaction l'air glacial de cette fraîche nuit de janvier. C'était tout lui, ça... tiraillé entre ce qu'il voulait et ce qu'il devait faire. Nerveux, il se passa une main dans les cheveux en faisant les cent pas. Et il savait qu'elle l'avait suivi.

Pourquoi est-ce que tu me tortures comme ça ? Ça t'amuse, c'est ça ? Tu t'es dis que tu allais te venger de moi en me tentant de la sorte ?

Il s'arrêta soudain et tourna les yeux vers l'obscurité, là où il devinait une forme encore plus sombre, là où elle devait se tenir, à quelques mètres de lui.

On ne peut pas. On ne pourra jamais. Je ne vois même pas ce que tu cherchais en me provoquant.

Sous l'effet de la honte et de la panique, il s'ouvrait maladroitement, mais l'arrogant et l'insupportable Edward n'allait pas tarder à refaire surface.

Rentre avant d'attraper froid, tu auras l'air idiote avec le nez rouge.

 
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Mer 17 Jan - 19:19
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Rosaund virevoltait, le regard accroché à celui du noble. Ils avaient une façon d'exprimer dans cette danse, de façon inconsciente, tout ce qu'ils n'osaient ni ne pouvaient se dire. Là, soutenue par ses bras, elle se sentait presque basculer dans une réalité parallèle où leurs rivalités d'antan n'avaient plus court. Un seul mot de lui, un seul sourire, une seule invitation et elle se serait jetée à corps perdu contre lui. Puis elle se rappelait. Elle se rappelait le mépris, l'insolence, la violence et elle s'éloignait, presque en même temps que lui. Ils étaient comme deux aimants dont on inversait constamment la polarité. Pourquoi faisait-elle cela ? Pourquoi l'avait-elle provoqué de la sorte ?
Edward avait raison. Quelque part, elle l'avait cherché. Elle l'avait cherché car, malgré les affronts, malgré la rancoeur, elle n'était pas parvenue à oublier Edward. C'était un être odieux, mais chaque fois qu'il se montrait imbuvable, elle se rappelait leur bal. Elle se rappelait leurs longues discussions. Elle se rappelait que derrière la façade de glace et de sel, il y avait parfois un être sensible et cultivé, qui s'autodétruisait dans sa censure.
Alors, malgré les blessures cuisantes, elle avait continuer à chercher, dans l'espoir de faire un jour rejaillir cet Edward là. Il ne pouvait pas avoir joué la comédie, pas après tant d'alcool, pas alors que personne n'était là pour les voir.

Recréer leur première vraie rencontre, étape par étape. Danser pour faire sauter les barrières, renouer les corps. Elle pensait y être arrivée, lorsqu'ils se figèrent sous les applaudissements et qu'elle réalisa, non sans une certaine gêne, qu'il tenait sa cuisse contre lui. Timidement, elle lui sourit, alors que leurs fronts étaient encore presque collés. Mais il ne répondit pas. Une fois de plus, il préféra fuir, la laissant sur la piste après une révérence raide. Rosamund serra les poings. Cette fois il ne la laisserait pas en plan, pas sans une explication honnête. Aussitôt, elle se lança à sa poursuite, faisant vivement claquer ses talons hauts sur le sol, ne faisant que peu de cas de ceux qui les entouraient.

- Edward attends !

Rosamund soupira et repris son souffle. Il était grand, il était à plat et il marchait vite, autant d'éléments qui la forçaient à un constant numéro d'équilibriste pour le suivre rapidement sans risquer de se casser la figure. Elle le maudit une nouvelle fois et se pencha en avant pour défaire rageusement la bride de ses chaussures, qu'elle garda dans une main avant de se lancer à sa poursuite, de façon beaucoup plus leste.
Enfin, elle arriva dans le jardin intérieur. Elle rangea ses talons dans son sac alors que le froid mordait ses bras et ses pieds nus. Pour se tenir chaud autant que pour manifester sa colère, elle croisa les bras en soupirant. Elle haussa un sourcil devant l'interpellation du noble. La jeune trentenaire ne s'attendait certes pas à ce qu'il montre autant de détresse dans sa voix.

- Attends, quoi ? Te torturer ? Sérieusement ? Nous y voilà, je suis Rosamund Fraser, la vile tentatrice qui détourne le pur et grand Edward Seymour du chemin qu'on lui a tout tracé !

Rosamund commençait à être en colère. Elle répondait par le sarcasme parce qu'en vérité, elle avait du mal à le voir dans cet état. D'une part, parce qu'elle n'y était clairement pas habituée, et d'autre part parce qu'il avait une façon de se poser en victime qui la gênait beaucoup. Elle avait subi les pires affronts de sa part et, pour une danse où elle l'avait quelque peu troublé et remis en face de ses propres contradictions, il l'accusait de torture à son égard ? C'était fort.
Sa phrase suivante lui fit mal, bien plus mal que ce qu'elle aurait cru. Comme un retour à la réalité. Ni lui ni elle n'était dupe et bien qu'ils n'aient rien montré clairement, ils se cherchaient, comme 8 ans en arrière. Ils se cherchaient et, à nouveau, si prêts de se trouver, il la repoussait sur des motifs obscurs. Dans le passé, Rosamund serait partie rageusement mais en cet instant, elle préféra faire front.

- Et toi ? Que cherchais-tu en acceptant mon défi ? Après tout, ça ne t'aurais rien coûté de plus de m'envoyer aux plottes, comme tu sais si bien le faire ! Mais de toute façon, ça t'es égal, n'est-ce pas ? "On ne pourra jamais". Oh et pourquoi ne pourrait-on pas ? Ah, mais oui j'oubliais ! Parce que je suis une roturière, voilà pourquoi !

Rosamund aurait dû se taire. Elle aurait dû ravaler sa fierté et partir pour de bon. Mais elle avait retenu ce flot de vérités trop longtemps. Il lui laissa une chance de fuite, lui donnant même une excuse valable. L'avocate préféra ne rien entendre.

- Ça m'est égal d'attraper froid ! Ça m'est égal, parce que tu es ici, et que ça fait plus de huit ans que j'attends des explications !

La blonde avocate ne savait plus si elle tremblait de rage ou de froid. Elle avança, faisant crisser le gravier sous ses pieds nus. Sans ses talons, elle se sentait bien petite face à lui, alors même qu'elle était relativement grande pour une femme. Elle avança mais au lieu de rester en ligne droite, elle commença à lui tourner autour. Ses poings étaient si serrés que ses phalanges en étaient devenues blanches. Alors, comme s'il n'était pas là, sur une voix beaucoup trop tranquille, elle commença à énumérer.

- "Il faudrait interdire les bourses, ça donne l'impression aux paysans qu'ils peuvent faire plus de choses dans leur vie que ce dont ils sont réellement capables", "Fraser, redescends. Même si tu sortais diplômée d'ici, je ne t'embaucherais même pas pour me servir le café", "Si tu perdais quelques kilos, peut-être que tu parviendrais à percer grâce aux promotions canapé", "Réveille toi Fraser. A moins que tu aies un sac sur la tête et la bouche cousue, personne ne voudra jamais de toi", "Retourne dans ton monde", "Laisse le vrai travail aux gens compétents", "Regardez la, quelle souillon avec ces vieilles fringues.", "Elle dévoie les valeurs de l'école.", "Tu n'es qu'une roturière, je suis un aristocrate"... Ça te rappelle des souvenirs tout ça, Edward ?

La jeune femme arrêta de lui tourner autour. Tout son être tremblait de rage alors qu'elle réalisait à nouveau tout ce que cet homme lui avait fait endurer. Elle était hors d'elle, piquée d'une telle injustice, piquée de sentir le trou qui s'agrandissait dans sa poitrine à chaque fois qu'elle posait les yeux sur lui. Tiraillée entre la rancoeur profonde et l'envie de tout pardonner, pour une obscure raison. Elle était moins en colère contre lui qu'envers elle-même.


- Pendant tout ce temps, tu n'as eu de cesse de me rabaisser, de me provoquer, de me piquer, de me considérer comme le point noir de ton tableau. Même huit ans plus tard, tu trouves le moyen de m'humilier devant tout le monde en prétendant ne pas me connaître ! Comme si nous n'avions jamais été plus que deux vagues connaissances !

Rageusement, elle fit encore un pas vers lui. Ses yeux brillaient autant de colère que de tristesse et dans sa voix, des trémolos menaçaient l'imminence des larmes, à la façon du tonnerre qui gronde au loin sur la lande.

- Je n'ai jamais cherché à te causer de problèmes. J'étais là pour réaliser mes rêves, pas pour écraser ceux des autres. Je n'ai jamais voulu te nuire mais il semblait que même ma présence t'était insupportable. Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Hein ? Qu'est-ce que j'ai pu te faire à part naître dans une famille sans titre ni propriétés qui s'étendent sur des dizaines d'hectares ? Non, je ne suis pas née avec une cuillère en argent dans la bouche ! Et qu'est-ce que ça changeait hein ? JE SUIS UN ÊTRE HUMAIN MOI AUSSI EDWARD !

La respiration de Rosamund sifflait. Elle mordit sa lèvre alors qu'elle sentait une perle chaude rouler sur sa joue, suivie par une autre. Ses ongles rentrèrent dans la paume de ses mains afin de l'aider à garder le contrôle. Sa voix était plus tremblante à présent.

- Est-ce que... Est-ce que les choses auraient été différentes entre nous si j'étais née marquise ? Est-ce que tu me détestes pour ce que je suis ou pour ce que je ne suis pas... ?

Rosamund passa rageusement une main sur sa joue pour tenter d'endiguer ses larmes. Elle tremblait de froid maintenant que la pression était retombée. Elle était tendue, comme un piquet. Elle avait peur d'être encore blessée, malmenée. Elle ne comprenait pas comment on avait autant pu s'acharner sur elle. Comment un titre de propriété et une place à la chambre des Lords pouvaient avoir plus d'importance que la valeur intrinsèque d'un être humain.
 
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Jeu 18 Jan - 22:56
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Il l'entendit l'appeler mais il ne s'arrêta pas pour autant. Eward étouffait dans cette atmosphère moite, brûlante, où une tension d'une sensualité exaspérée l'oppressait plus qu'elle ne le grisait. Il avait besoin d'air frais, de solitude, d'espace... tout ce à quoi il ne pouvait aspirer en cette soirée de gala et de faux semblants. Ç'aurait été facile de danser avec Diana, ennuyeux mais tout aussi simple d'accorder une danse à une sombre inconnue, mais c'était finalement un défi autrement plus complexe à relever lorsqu'il s'agissait de Rosamund. Force était de constater qu'il n'était pas guéri de la jeune femme, comme si son cœur de glace menaçait de fondre à son contact et de révéler celui qu'il refusait d'être en public. La proximité de son ancienne rivale était dangereuse et il le savait, dangereuse pour les apparences qu'il tentait en vain de maintenir en place. Si Edward acceptait de s'ouvrir à elle, de lui montrer un peu plus de l'homme timide et renfermé qu'il était au fond de lui, bien loin de l'imbuvable arrogant qu'il était au quotidien, il craignait de plus être en mesure de remettre son masque ensuite. C'était ainsi et elle ne pourrait le comprendre : pour être à la hauteur de ce que son père attendait de lui, Edward se devait de rester celui qu'il était. Celui que certains craignaient et que d'autres détestaient purement et simplement. Lorsque Rosamund le rattrapa et lui renvoya en pleine figure ses accusations, il soupira et leva les yeux au ciel.

Pour l'amour du ciel, Rosamund, arrête ton cinéma ! Tu sais très bien ce que je veux dire...

Et c'était lui qui disait cela, alors même qu'il se comportait comme une mauvaise tragédienne. Il voyait le visage de Rosamund se fermer, ses jolies lèvres rosées déformées par la colère. Dans un sens, on ne pouvait que la comprendre, tant le comportement de l'aristocrate pouvait être exaspérant. Ce qu'il cherchait en acceptant le défi ? Allez savoir... pas une victoire, c'était certain, pas plus qu'une certaine forme de satisfaction. Il n'avait cherché que l'attraction, sans même en avoir véritablement conscience. Dans un monde où il n'aurait pas été un aristocrate et un con, un monde où personne n'aurait attendu quoi que ce soit de lui, les choses auraient été bien plus simples. Relevant la tête, Edward fusilla Rosamund du regard. Elle était comme les autres, finalement. Elle ne pouvait pas le comprendre. Non ils ne pouvaient pas et oui, c'était en parti parce qu'elle était d'origine roturière qu'une relation entre eux était tout bonnement inenvisageable. Il y aurait toujours ce fossé social entre eux mais pas que. Elle serait toujours Rosamund Fraser, l'inaccessible princesse sans titre et surtout sans la moindre connaissance de la mission secrète de la famille Seymour. Il aurait suffit qu'Edward découvre qu'elle était mutante pour définitivement mettre un terme à leur jeu de chat et de la souris. Alors, il se surprit à observer la jeune femme, tandis qu'elle lui tournait autour, cherchant la trace d'un tatouage qui pourrait le renseigner sur son appartenance ou non aux mutants. Dans un sens, si elle avait été mutante, le problème aurait été bien plus vite réglé et il serait parti sans plus jamais lui adresser la parole. Il remarqua sous les bracelets dorés de la demoiselle un léger tracé noir, dont il ne put cependant distinguer le motif. Edward releva les yeux, agacé par cet incessant tournis qu'elle lui provoquait en lui tournant autour. Surtout pour lui énumérer toutes les horreurs qu'il avait pu dire. Le pire ? Il se souvenait de chacune d'elle et n'en regrettait pas une seule puisque après tout... pour regretter, il aurait fallu qu'il se sente coupable ou estime avoir été trop loin. Lui rappeler où était sa place de jeune fille plus que privilégiée grâce à une bourse lui avait semblé évident, des années auparavant. Et c'était en quelque sorte toujours le cas. Soupirant une fois de plus, il eut même le culot de la reprendre.

Oh je t'en prie, Rosamund ! Je n'ai jamais dit que tu avais de vieilles fringues ! J'ai dit qu'avec tes guenilles de prolétaires, tu ne parviendrais jamais à entrer dans un tribunal. Tu peux dire ce que tu veux, c'est vrai.

Il allait se la prendre, la baffe. Tôt ou tard, la gifle bien méritée viendrait mettre un peu de couleurs sur ses joues pâles. Pourtant, Rosamund poursuivit, inarrêtable, déversant sur lui un flot de reproches mérités et trop longtemps contenus. Bien trop aveuglé par sa propre suffisance, Edward n'en comprenait pas la moitié. Il avait le sentiment de l'avoir traitée comme tous les autres alors qu'il en avait fait son bouc émissaire, l'impression de n'avoir jamais été injuste... dans la bouche de Rosamund, tout semblait dramatique et il levait les yeux au ciel toutes les deux phrases.

MAIS BOUCLE LA, BON SANG !, hurla-t-il à son tour alors qu'elle haussait le ton.

Pour une obscure raison, tous les reproches qu'elle lui faisait commençaient à l'oppresser, à le mettre mal à l'aise... était cela, ressentir de la culpabilité ou était-ce autre chose ? Aussi, lorsqu'enfin elle se tut, Edward s'accorda-t-il un moment pour goûter le silence. Qu'il était salvateur et mélodieux, ce silence ! Il releva les yeux vers Rosamund, mal à l'aise de la voir pleurer.

Arrête de pleurer, tu es ridicule..., souffla-t-il avec lassitude.

Las, Edward s'approcha d'un petit banc en pierre sur lequel il se laissa tomber avant de se prendre la tête entre les mains. Puisqu'elle en était à lui faire des aveux, pourtant ne pas briser la glace à son tour ? Il releva la tête, posant son menton sur ses doigts croisés.

Je ne te déteste pas.

Une chose que l'on pouvait souvent reprocher à Edward, c'était sa franchise. Pourtant, pour une fois, elle était plus que bienvenue.

Je ne t'ai jamais détestée, d'ailleurs. Alors oui, je l'avoue, je me suis longtemps demandé ce que tu faisais à Oxford, entourée de gens qui ne viennent clairement pas du même milieu que toi. Et puis il y a eu ce concours d'éloquence, que tu aurais gagné si je n'avais pas joué au con. Tu sais... j'ai toujours cru que le poids de la naissance était si lourd à porter que c'était pour ça qu'on nous donnait des privilèges. Que parce que j'allais devoir faire des sacrifices toute ma vie, j'avais droit à l'argent, au titre et à la brillante carrière. Et puis tu es arrivée. Je ne sais pas vraiment pourquoi je me suis acharné comme ça, je... je crois qu'au fond, je te jalouse.

Edward grimaça légèrement, s'attendant déjà à ce que Rosamund se mette à rire et jette une pierre dans la figure pour lui faire comprendre à quel point il était bête.

Tu es libre, toi. Libre de faire ce que tu veux, de fréquenter qui tu veux, d'aimer qui tu veux... moi je dois faire attention à chaque personne que je côtoie, épouser qui on m'impose, aimer les mêmes choses que les huit générations qui m'ont précédé... je suis fatigué de faire semblant.

Edward se rendit soudain compte que ces aveux lui faisaient un bien fou, comme si le simple fait de les formuler à voix lui haute lui permettait de se rendre compte qu'il n'était pas fou mais simplement fatigué de toutes les responsabilités que l'on faisait peser sur ses épaules depuis sa naissance. Pour l'heure, il était loin de se rendre compte qu'il ne fais ait pas que jalouser Rosamund. Il l'appréciait bien plus qu'il ne la méprisait mais ça, il n'en prendrait sûrement conscience que plus tard.

C'est complètement ridicule. Ils m'ont toujours tous ciré les pompes, j'aurais pu claquer des doigts qu'on m'aurait apporté un café et le journal dans la minute. Toi, tu m'aurais dit d'aller me faire voir. Je crois que c'est cette volonté de ne pas céder aux caprices d'un petit con d'aristocrate qui m'a toujours poussé à te provoquer. Tu m'as rendu différent et ça me fait peur.

Considérant qu'il avait avoué suffisamment de choses pour la soirée, Edward se tut et se mit à farfouiller dans les poches de sa veste à la recherche d'un briquet et d'un paquet de cigarettes. Il aurait dû le savoir, pourtant. Savoir que passer plus de deux minutes seul avec une autre femme que Diana ferait jaser. Pour peu qu'un journaliste soit présent, on lui prêterait une liaison avec une inconnue dès le lendemain, et Henry prendrait un malin plaisir à lui poser mille et une questions déplacées. Lorsqu'il eut trouvé sa drogue quotidienne, Edward alluma une cigarette, inspirant avec félicité une goulée de nicotine qui allait venir un peu plus lui encrasser les poumons. Quel dommage qu'ils se soient mutuellement gâché leur soirée avec autant de cris. Après tout, la nuit était belle et particulièrement dégagée, pour une fois.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Ven 19 Jan - 21:20
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Tout était sorti bien trop vite, bien trop fort. Rosamund s’était déchargée d’années de colère et de ressentiment. Comme auparavant, elle hurlait sur Edward, qui rétorquait, fort de sa superbe, au lieu de ressentir un minimum d’empathie. Si elle avait eu plus de force, si elle avait été plus impulsive, elle se serait certainement ruée sur lui pour le rouer de coups quand il la corrigea froidement sur les propres insultes qu’il lui avait faites. Elle hurla aussi fort que lui puis se replia dans le silence de ses larmes, ne trouvant même plus la force de l’envoyer paître lorsqu’il lui lâcha qu’elle était ridicule. Rosamund exorcisait sa rage et son mal être. Elle avait 30 ans et pourtant, au fond d’elle-même, elle ne parvenait pas à se sentir légitime.
Marquée à vie par des années de brimades, elle ne parvenait jamais à officier sans être hantée par les remarques du Seymour. Il ne se passait pas un jour, pas une semaine sans qu’elle ne se questionne sur la qualité de son travail, sur son talent. Elle oscillait entre intense confiance en elle et doute profond. Même alors qu’elle avait voulu l’oublier, Edward revenait le hanter. Et pourtant, et pourtant, même si elle avait constamment envie de lui mettre sa main dans la figure, elle ne pouvait pas dire qu’elle le détestait.
Il la fascinait et il l’inquiétait, parce qu’elle pressentait que sous le masque cruel, il y avait autre chose. Et elle craignait, Rosamund, que ce petit éclat de lumière qu’elle avait aperçu et touché, ce fameux soir de bal, ne soit définitivement englouti dans la noirceur dont faisait preuve le noble.

Aussi, quand il lui parla franchement, pour lui confier ses propres sentiments, elle resta interdite. De la part d’Edward, un simple « je ne te déteste pas » résonnait presque comme une démonstration de sympathie accrue.
Elle se figea et les larmes arrêtèrent d’elles-mêmes de couler, tant elle était surprise. Elle resta là, interdite, alors qu’il lui avouait qu’elle aurait dû gagner ce concours d’éloquence qui les avait opposé. Le visage de l’avocate pâlit et elle l’écouta silencieusement, ne sentant plus le froid qui lui mordait les bras. Elle détaillait la silhouette obscure de l’avocat, complètement interloquée. Elle sentit ses membres se déconnecter d’elle, les uns après les autres alors qu’elle s’accrochait à chaque mot, comme pour être certaine de les avoir bien entendus.

Soudainement, Edward lui offrait une autre perspective. Quand il lui avoua qu’il la jalousait, l’étonnement se disputait à la tristesse sur son visage. Elle n’avait en effet jamais réfléchi aux conséquences que pouvaient entraîner la vie dans une famille noble et pourtant, cela paraissait si évident. Le poids des traditions, le poids du devoir… Edward était l’héritier d’une famille si influente, il avait dû grandir sans avoir eu le droit à l’erreur. Au fond, oui. Elle jouait dans une cour qui n’était pas la sienne, mais elle ne risquait pas le désamour de ses parents ou les reproches si elle échouait. Non, on n’attendait rien d’elle qui puisse la dépasser. Soudain, Rosamund réalisa que le fardeau qu’Edward portait était bien réel. Et elle comprenait un peu pourquoi il était si amer. Peut-être qu’au fond, le fait de n’avoir jamais pu être maître de ses choix le rendait haineux. Oui, cela devait être cela. Et si seulement elle avait pu savoir quoi dire ou quoi faire…

Elle resta à le regarder, immobile dans le froid, alors qu’il lui avait confié qu’il était fatigué. Qu’il avait peur. Elle rougit dans le noir, n’imaginant pas qu’elle avait pu, à ce point, avoir de l’influence sur sa vie. A vrai dire, Rosamund ne réalisait pas qu’Edward était sans doute celui qui l’avait soutenue, à sa manière, jusqu’à la fin de ses études. Plusieurs fois, alors qu’elle avait songé à abandonner Oxford pour retourner dans une université tranquille de province, elle était restée pour être sûre de lui rabattre le caquet une fois de plus. Elle ne réalisait pas, ne s’avouait pas encore, l’importance qu’il avait dans sa vie.

Toujours interdite, elle le regarda allumer sa cigarette, regrettant un peu qu’il s’abîme la santé avec de telles saloperies. Elle resta là, à l’observer, détailler les contours de son visage, qu’elle connaissait et redécouvrait pourtant à chaque fois. Puis, doucement, elle s’approcha et vint s’asseoir sur le banc, le plus loin possible de lui, pour éviter que l’on ne jase si quelqu’un venait à les surprendre. Tranquillement, elle ressortit ses talons de son sac et les repassa, se rendant soudain compte que ses pieds avaient presque gelé sous sa robe. Elle chercha ensuite une grande étole en laine dont elle s’entoura pour tenter de moins trembler, puis elle soupira.

-Je… Je n’avais jamais réfléchi à tout ce que cela pouvait impliquer, pour toi. Je suis sans doute incapable de tout comprendre mais… Je ne pense pas que tu aies à sacrifier ta vie entière pour ton pays, au nom d’une famille. Tu n’as pas à t’interdire qui tu es, tu n’as pas à te forcer à être quelqu’un d’autre parce que ça arrange les membres de ta famille.

Elle soupira à nouveau, n’osant pas le regarder. Elle frissonnait toujours un peu et passa nerveusement sa main dans ses cheveux blonds, comme pour se donner le courage d’exprimer un avis qu’elle savait risqué.

-Même un roi d’Angleterre a réussi à renoncer à son devoir pour son propre bonheur. Bien sûr, le contexte et les raisons peuvent êtres discutés et je suppose que tout le monde l’a pointé du doigt par la suite mais… il a choisi de réfléchir pour et par lui-même et ça a fait de lui quelqu’un d’heureux. Enfin… Ne prends pas ce que je dis pour un ordre ou quoi que ce soit mais… Bon, bref.

Rosamund était maladroite. Elle ne savait pas comment lui dire qu’il avait la possibilité de prendre sa vie en main. Elle aurait aimé pouvoir l’aider, lui tendre la main, le hisser vers le haut pour s’échapper du carcan familial qui l’oppressait, mais elle avait peur qu’il ne le prenne comme de la pitié mal placée ou une agression. Edward était méfiant et agressif, à la façon d’un animal blessé et elle ne savait pas comment parvenir à l’apprivoiser.

-Je suis désolée.

Désolée pour quoi, au fond ? D’avoir crié ? De l’avoir provoqué ? De ne pas avoir compris plus tôt tout ce qui pouvait peser sur les épaules du noble ?
Comme pour fuir la pression, elle leva les yeux vers le ciel dégagé et son regard se perdit dans le ciel hivernal. Les étoiles brillaient bien, mais la pollution lumineuse l’empêchait de voir toutes les constellations qui auraient dû parer la voûte céleste cette nuit là. Un nouveau courant d’air la fit se recroqueviller légèrement dans son étole alors qu’elle la refermait plus fermement autour de son buste.

- C’est dommage qu’il y ait autant de lumières... On ne peut voir qu’Orion ce soir.

Elle ne s’était pas rendu compte que, machinalement, sa main s’était posée sur le marbre du banc et pianotait. C’était quelque chose qui arrivait régulièrement à Rosamund lorsqu’elle ne savait plus vraiment comment se comporter. Sa main droite évoluait, délicate, au rythme d’une nocturne de Chopin qu’elle avait appris, il y avait des années. Quelle étrange soirée…
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Dim 21 Jan - 16:47
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Dans un monde parfait, Edward aurait su d'où venait ce besoin compulsif qu'il avait d'attirer l'attention de Rosamund, dans un monde parfait, il l'aurait accueillie à bras ouverts, dans un monde parfait, il aurait su lui avouer ses sentiments et surtout, dans un monde parfait... ils auraient passé les huit dernières années ensemble, avec des hauts et des bas, certes, mais ensemble. Seulement, le monde dans lequel ils vivaient était loin d'être parfait. Edward était un salaud, Rosamund une forte tête, et ils se retrouvaient au même point comme à chaque fois. Bien trop perturbé, le jeune aristocrate était loin de se douter que la myriade d'émotions qui l'animait lorsqu'il voyait ou pensait à Rosamund était en réalité la naissance de sentiments plus forts que tout ce qu'il avait pu éprouver jusqu'à présent. Pour le moment, il était persuadé que la jeune femme était une rivale qu'il cherchait à faire tomber, rien de plus. Seulement, plus il cherchait à s'en persuader, plus il doutait de lui-même.

Il déballa son sac, d'abord timidement, avec réserve, puis il ouvrit les vannes. Tout sorti, de sa peur de l'inconnu à la frustration de devoir sans cesse correspondre à un idéal. Sa mère lui avait répété qu'avec les années, lui et Diana finiraient par s'estimer suffisamment pour faire un beau mariage. Elle avait oublié que dans l'équation, les préférences sexuelles de la jeune Howard rendait l'entente impossible. Il craignait plus que tout de mener une malheureuse à l'autel, de l'enfermer dans une union dont elle ne voudrait jamais et de la contraindre à un rôle qui la ferait sûrement dépérir. Edward était peut-être un salaud en apparence, mais ce n'était pas un monstre. S'il était capable de mettre son propre bonheur entre parenthèses, il n'était pas certain de pouvoir se faire à l'idée d'être le responsable du malheur d'une jeune fille qui n'avait rien demandé. Après tout, Edward n'était pas son frère. Il ne lorgnait pas sur le titre avec l'avidité d'une hyène, pour la simple et bonne raison qu'il savait qu'il l'aurait. Qu'il épouse Diana ou non.

Lorsque Rosamund vint s'asseoir et lui avoua ne pas avoir réfléchi la question sous l'angle qu'il venait de lui exposer, Edward se contenta de hausser les épaules avec un léger sourire. Ce n'était pas pour rien que lui et Anthony Howard s'entendaient si bien : ils se comprenaient. Ils savaient ce que porter l'avenir et la renommée d'une famille signifiait, ils savaient à quel point ce poids pouvait être injuste à porter seul et surtout, ils savaient qu'ils ne pouvaient en parler de crainte de passer pour des lâches ou des individus inconscients de leur propre chance. Cette sensation d'étouffement qu'Edward ressentait, il ne l'avait confiée qu'en partie à Alice et n'en avait rien dit à Henry. Il était persuadé que jamais son frère ne le comprendrait, à tort ou à raison. Que Rosamund ne soit pas en mesure de comprendre ne choquait pas vraiment Edward. Après tout, comment aurait-elle pu ? Tout comme lui ne pouvait se mettre à sa place, elle n'était pas en mesure de lui dire « je comprends », et il l'en remercia sans prononcer un mot. Nul doute qu'il l'aurait envoyée balader si elle avait osé.

Pourtant, lorsqu'elle tenta de lui faire comprendre qu'il pouvait se battre, imposer ses décisions et tourner le dos à ses obligations, l'aristocrate grimaça en secouant la tête. Non. Il n'avait pas ce droit, ce privilège. Il était hors de question qu'il soit disgracié de la sorte, pour tout un tas de raison dont la première était Henry. Ç'aurait été comme lui livrer sur un plateau d'argent une couronne qu'il ne mérite pas, aux yeux de son aîné.

Non, je ne peux pas.

Il avait lâché ces quelques mots d'un ton bien plus sec qu'il ne l'aurait voulu et baissa les yeux en soupirant, se forçant par la même occasion à parler plus calmement.

Je ne peux pas faire ça. Ce serait faire passer mes intérêts avant ceux de ma famille, ce serait interprété comme un caprice d'enfant, je... je n'aurai jamais ce courage, tu comprends ? Je sais que bon nombre de britanniques trouvent que la monarchie et l'aristocratie sont dépassés, appartiennent à un autre temps... moi je connais ça de l'intérieur. Si je décide de n'en faire qu'à ma tête, je contribue à décrédibiliser une hiérarchie déjà bancale.

Ils étaient durs, ses mots. Autant pour lui que pour ce qu'il avait sous-entendu à Rosamund quelques minutes plus tôt. Mais c'était ainsi, Edward était un homme de devoirs, de loyauté et de droiture. S'il fallait qu'un jour il renonce à tout cela, ce serait pour une raison autrement plus valable qu'un bête sentiment de malaise. Il jeta le mégot de sa cigarette au sol, l'écrasa sous la semelle de sa chaussure et leva à nouveau les yeux vers le ciel. Dans ce genre de situation, il avait toujours envie de s'évader, d'être loin du reste du monde, d'avoir l'opportunité d'observer le ciel seul, en silence. Mais pas ce soir. Ce soir, il se surprenait à apprécier le spectacle en compagnie de Rosamund, qu'il avait pourtant insultée et humiliée à peine une heure plus tôt. Elle s'excusa et il tourna la tête vers elle, surpris.

De quoi tu t'excuses ? Ce n'est de la faute de personne, c'est... comme ça.

Et c'était drôlement plus difficile lorsqu'il n'y avait aucun coupable à blâmer. Ça rendait la chose encore plus frustrante. Lorsque le vent commença à se lever, il le senti s'engouffrer sous sa chemise et frissonna légèrement. À ses côté, Rosamund tremblait sous sa fine étole et, s'il n'avait pas craint que l'on jase à leur sujet, Edward lui aurait proposé sa veste. Il avait appris à être serviable, débordant d'une attitude de gentleman héritée du siècle passée, si bien qu'il pouvait se montrer aussi prévenant qu'insultant, voire les deux à la fois. Après tout, il aurait été capable de lui dire que si elle n'avait pas joué les idiotes un peu trop coquettes, elle aurait mis quelque chose de plus chaud.

Ah tu ne vois qu'Orion ? Il te faudrait peut-être des lunettes...

La remarque se voulait neutre pour lui mais sonnait plus mal venue qu'autre chose. Inconscient de son geste, Edward se pencha vers Rosamund et pointa du doigt une étoile qui brillait faiblement dans le ciel. Avec les éclairages publics aveuglants, on la devinait à peine.

Regarde, on aperçoit Aldébaran, là-bas. Si tu as quelques notions de géographie du ciel, tu devrais pouvoir deviner où se trouve le reste de la constellation du Taureau. Et normalement... par ici, on devrait voir Sirius, mais il y a trop de lumière pour ça. C'est vraiment dommage...

Si Rosamund cherchait l'individu posé et agréable qui se cachait en Edward, elle venait de le trouver. Le curieux de nature, l'intellectuel, celui qui se nourrissait de savoir avec une fascination attendrissante mais qui gardait malheureusement tout pour lui, la plupart du temps. Pourtant, les étoiles avaient toujours su éveiller en lui un intérêt certain. Il avait appris à les reconnaître, à les compter et à les nommer, si bien qu'il était certain d'être capable de se repérer grâce à elles s'ils se perdaient. Un GPS ? Pour quoi faire ? Soudain, il fronça les sourcils. Aldébaran, le taureau, Sirius, le chien... mais comment diable s'appelait l'étoile la plus brillant d'Orion ?

Et merde, jura-t-il, Tu te souviens comment s'appelle la principale étoile d'Orion ?

Demandant cela, il se tourna vers Rosamund et réalisa qu'ils étaient proches. Bien trop proches. Trop proches pour que ça ne soit pas suspect. Edward senti ses joues rosir et se recula immédiatement en se raclant la gorge. Il y avait des moments, comme celui-là, où il aurait souhaité pouvoir troquer son esprit d'huître terrorisée par les gens contre celui d'illuminé à grande gueule de son frère. Henry aurait su réagir dans une telle situation. Lui non. Lui resta là, sur son banc, comme un idiot fini.

Hum... tu dois avoir froid, non ?

Bravo, Edward. Belle déduction.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Lun 29 Jan - 21:03
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Si on avait dit à Rosamund qu'elle se serait retrouvée sur un banc, à contempler les étoiles avec Edward, elle ne l'aurait jamais cru. Pas après tout ce qu'ils avaient vécu et tout ce qu'ils s'étaient dit. Pourtant, l'avocate en était bien là, soufflée par les révélations qu'il lui avait faites, à demi mot. Elle décida de ne pas dire davantage sur le sujet, regrettant simplement que son interlocuteur se laisse à ce point écraser et dicter sa conduite par des traditions qui n’avaient plus lieu d’être aujourd’hui. Elle regretta ce poids qui pesait sur ses épaules et se surprit à se demander si Edward n’aurait pas pu être un autre homme si on l’avait déchargé de cette pression sociale.

Comme pour se changer les idées, elle regarda les étoiles et fut surprise de retrouver soudainement le jeune homme du bal, 8 ans plus tôt. Soudain doux et absorbé par la contemplation du ciel, elle en oublia presque la phrase quasiment insultante qu’il venait de lui adresser. Rosamund était susceptible mais pas idiote et elle avait saisi la nuance de ton entre les affronts qu’il lui adressait sciemment et une réflexion qui relevait plus d’une incapacité chronique à communiquer avec un autre être humain. Elle fut surprise quand il s’approcha d’elle, si près que son odeur vint à nouveau envahir ses narines. L’avocate frémit et suivit son long doigt de pianiste alors qu’il pointait un léger point lumineux dans la brume. Effectivement, Aldébaran était bien là ! Et elle réussit de mémoire à replacer les autres étoiles de la constellation avec une facilité déconcertante.

- Oui tu as raison, je ne l’avais pas vue… Donc ici ce devrait être les Hyades… Là-bas, les Pléiades… Et Elnath devrait se trouver approximativement par là !

Elle hocha la tête lorsqu’il lui pointa la direction de Sirius. Effectivement, la pollution lumineuse les empêchait de l’apercevoir. A sa remarque, elle afficha un air surpris puis rit doucement, d’un air presque attendri. Cela faisait longtemps qu’Edward n’avait pas fait démonstration d’une faille dans sa mémoire éléphantesque ! Avec un sourire tranquille, elle pointa son doigt vers deux points brillants, successivement.

- Orion a deux étoiles qui sont extrêmement brillantes… Là haut, c’est Bételgeuse et là Rigel. Tiens et les deux taches ici, ce sont M43 et M78, puis en face de Bételgeuse on a Bellatrix… Oh, mais tu dois déjà savoir tout cela.

Elle le regarda se reculer en haussant un sourcil et se tourna à nouveau vers le ciel en soupirant. Elle ne comprendrait sans doute jamais cet étrange avocat.
Sa question la fit presque sursauter et elle se sentit soudain honteuse. Il était vrai qu’elle aurait dû avoir plus de présence d’esprit et prévoir un chandail, mais elle ne pensait pas réellement aller dans le jardin en pleine nuit. Un peu gênée, elle se redressa et bafouilla, passant nerveusement une main dans ses cheveux.

- Je... Oui, j’ai un peu froid, en effet. Peut-être que je vais rentrer, je pense que je ne vais pas te déranger plus longtemps.

Rosamund alla pour se relever, un peu précipitamment. Elle ne savait pas pourquoi elle réagissait soudainement comme ça. Elle se sentait troublée, étrangement. Cette soirée ne s’était pas du tout passée comme prévu. Alors qu’elle ramassait son sac, voulant aller trop vite, elle se tordit une cheville et tomba en avant, se rattrapant à ce qui était le plus proche, en l’occurrence l’épaule du Seymour. L’avocate devint écarlate, pendant un quart de secondes, et ses yeux se perdirent dans les siens. Pendant un instant qui dura peut-être une éternité, elle cessa de penser. Comme si tout son corps s’était mis en stand by. Ce furent des pas précipités qui la sortirent de son état et elle se redressa pour maintenir à nouveau entre eux une distance propre à la bienséance. Un homme qu’elle ne connaissait pas vint avertir le noble que sa fiancée lui semblait très alcoolisée et qu’il serait sans doute de bon ton qu’il la ramène chez elle. L’interlocuteur, visiblement inquiet et embêté, repartit aussi vite qu’il était venu.

Rosamund laissa s’échapper un rire nerveux et haussa les épaules.

- Bon, eh bien... Passe une bonne fin de soirée je suppose ? Je vais sans doute rester un peu ici… On pourrait jaser si on nous voyait revenir ensemble des jardins.

Si Edward ne lui avait pas confié à demi mot la lourde charge que représentait son statut, elle ne se serait sans doute pas gênée pour rentrer en se moquant du qu’en dira-t-on. Mais étrangement, ce soir, elle ne voulait plus le troubler ou lui causer d’ennuis. Elle se rassit sur le banc et le regarda s’éloigner, jusqu’à-ce que même son ombre élancée ne s’évanouisse. Puis elle reporta son attention sur le ciel en essayant de ranger, dans un coin de sa tête, tout ce qu’elle gardait sur le cœur depuis la fin de ses études et dont elle ne prenait pas encore conscience.

Une bonne demi heure passa avant qu’elle ne revienne à l’intérieur. Soudain, la soirée lui parut dépourvue d’un quelconque intérêt. Elle discuta aimablement avec Christian mais n’avait désormais plus qu’une envie : celle de regagner son lit. Découvrant Joan dans un état plus que pitoyable, elle l’utilisa comme excuse pour se soustraire à son tour à la fête et regagner Killingworth.
Il était près de 4 heures du matin quand elle regagna enfin son lit. La blonde soupira et tourna dans tous les sens en espérant trouver le sommeil, mais l’image du sombre Seymour revenait l’assaillir dès qu’elle fermait les yeux. Soupirant de colère, elle se releva, alluma la lumière et saisit son livre de chevet, « une brève histoire du temps » de Stephen Hawking. Elle se dirigea dans sa cuisine, se fit chauffer une infusion et se blottit dans son canapé, au creux de ses couvertures, avant de s’évader dans la lecture.

Elle ne s’éveilla que vers une heure le lendemain, le visage froissé, les muscles endoloris et le livre étendu sur son ventre. Elle n’avait pas bu et pourtant, elle avait l’impression d’avoir une sévère gueule de bois.

HRP:
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Jeu 1 Fév - 21:26
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I Did Not Expect You Here




Les yeux tournés vers le ciel, Edward avait oublié la réception, Diana, les conventions sociales et son propre statut. Ne comptaient plus que Rosamund, les étoiles et lui. C'était quelque part si simple qu'il n'éprouvait plus le besoin de réfléchir à chaque mot qu'il prononçait. Il admis avoir oublié le nom de Bételgeuse sans que cela ne le dérange, hocha la tête lorsque la jeune femme lui répondit, le tout avec un intérêt poli et honnête. Il aimait les astres, l'immensité de l'univers, la peur et l'excitation qu'il pouvait ressentir en se souvenant que la Terre n'était qu'une minuscule et infime pièce d'un gigantesque échiquier et aimait par-dessus tout les motifs que dessinaient ces petits points lumineux perchés dans le ciel. Se contentant simplement de hocher la tête, il chercha à distinguer d'autres constellations, malheureusement effacées par l'intense pollution lumineuse de la ville. C'était une des raisons pour lesquelles il détestait les grandes villes et à plus forte raison Londres : il s'y sentait étouffé, minuscule, et chaque fois qu'il levait les yeux pour voir autre chose que des phares de voitures, il ne voyait qu'un rideau noir, sombre, vierge et inintéressant.

Pourtant, ce moment de partage insouciant fut rompu par la bêtise d'Edward et la gêne soudaine de Rosamund. Brusquement arrachés à leur contemplation des astres, ils furent violemment rapatriés sur Terre sans la moindre délicatesse. Edward savait que la proximité qu'il avait lui-même instauré pouvait être mal interprétée et, égoïstement, il ne pensait qu'à son propre statut et sa propre nécessité d'avoir l'air du parfait fiancé et futur duc. Seulement, Rosamund elle aussi risquait sa réputation. En étant surprise aussi proche d'un des partis les plus convoités d'Angleterre, elle courait le risque d'être jugée et d'accuser plus que des regards en coin du matin au soir. Nerveux, Edward se leva et joua avec un caillou du bout du pied. Qu'il aurait aimé être monsieur tout le monde, parfois... Il releva les yeux vers Rosamund et hocha la tête. Cette petite part de lui qui lui hurlait de se défaire de l'influence toxique de son père et de sa famille tentait de le pousser vers elle, de la retenir et de l'inviter à poursuivre cette observation des étoiles loin de la foule qui piaillait dans la salle au-dessus de leurs têtes. Seulement, elle était encore et toujours étouffée par le poids du devoir, lequel pesait de plus en plus loin sur la poitrine de l'aristocrate, menaçant par la même occasion de l'étouffer.

Oui tu... ce serait idiot d'attraper froid. Tu devrais ren...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, juste celui de retenir la jeune femme qui manqua de tomber en se tordant la cheville sur les graviers. Posant ses mains de pianiste sur les bras fins de Rosamund, il l'aida à se redresser, totalement pris au dépourvu. Cette proximité soudaine fit battre son cœur un peu plus vite et il ne put que soutenir l'intense regard noisette de la demoiselle. S'il avait été un peu plus impulsif, il l'aurait embrassée. S'il avait été un peu moins coincé, il l'aurait embrassée. S'il avait été un peu plus comme son frère et un peu moins lui-même, il l'aurait embrassée. Lorsque des bruits de pas précipités se firent entendre derrière eux, Edward la lâcha comme s'il s'était brûlé et s'éloigna de quelques pas pour marquer à nouveau la distance.

Monsieur le baron ! Enfin je vous trouve ! Il faut que vous veniez, miss Howard ne se sent pas très bien... elle a, semble-t-il, un peu abusé du punch...

Les poings d'Edward se serrèrent et sa mâchoire se crispa. Le talent pour l'auto destruction de Diana était tel qu'il ne pouvait s'empêcher de se dire avec beaucoup de cynisme qu'un jour, elle finirait par se tuer à force d'excès. Alcool, dégoût morbide pour la nourriture, nuits écourtées par les fêtes et drogues pour lui permettre de tenir... Était-il donc destiné à épouser une jeune femme qui se haïssait tant qu'elle ne pouvait s'empêcher de se faire du mal ? Edward hocha la tête et indiqua à l'individu venu l'avertir qu'il arrivait. Lorsqu'il se tourna vers Rosamund, il se surprit à la trouver plus belle encore qu'auparavant. Belle dans cette robe faite pour son corps élancé, belle dans sa façon d'être naturelle, belle dans sa façon d'assumer la personne qu'elle était... bien loin de la laideur que Diana masquait sous des couches de fond de teint et de parfum haut de gamme. Qu'importe ce que l'on pouvait dire sur la jeune Howard, Edward ne pouvait l'envier tant il connaissait son profond dégoût pour sa propre personne. Edward aurait préféré rester, mais il lui fallait de nouveau obéir à ces fichus devoirs d'aristocrate bien élevé. Alors, quelques mots lui échappèrent, des mots qu'il n'avait jamais prononcé en présence de Rosamund.

Je suis désolé...

Pas un au revoir ni un adieu car pour lui, cette discussion n'était pas terminée. Au fond, inconsciemment, il n'espérait qu'une chose : que leurs retrouvailles ne s'arrêtent pas là.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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