A touch of bourbon never hurt anyone
Lun 20 Aoû - 21:25- Camden A. Baxterhumain
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Lun 3 Sep - 1:36- Louciane J. Howardnon tatoué
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Louciane ft. Camden
L’eau glissait sur son corps, saillant entre ses muscles, piquant sa chair meurtrit, brûlant les pans encore à vif. La douleur qui lui saisissait les chairs et le réveillait aussi sûrement que les cauchemars qui hantaient son esprit, ne suffisait pas à chasser les pensées qui tournaient sans cesse dans son esprit. Surtout que depuis les évènements du Cosmic Ballroom, d’autres étaient venus s’ajouter à la liste, déjà fort longue, alimenté par une culpabilité qui lui collait à la peau aussi sûrement que son sale caractère. Une culpabilité qui ne risquait pas de le quitter, après la stupidité dont il avait fait preuve à cette soirée.
Il se revoyait au milieu de cette foule sans visage, se muant telle des formes colorées, anonymes, sur le rythme d’un son que l’on pouvait difficilement qualifier de musique. Bien distinctes, se trouvaient Cassidy et Kaisa, leur aura les entourant à l’image d’un phare au milieu d’une tempête. Ses seuls points de repère dans sa vie chaotique. Les seules personnes qui avaient toujours comptées. Puis apparaissaient cette silhouette noire. Ecran de fumée insaisissable, ternissant les couleurs sur son passage, étendant sa pénombre, les touchant du doigt, puis les réduisant en cendre. Plongeant tout dans le noir. Un vide sans lumière et sans chaleur…
Bien sûr, les deux femmes s’en étaient sortit sans trop de dommage. Seulement les faits étaient là. Il les avait délibérément exposées. Jetées dans la gueule du loup. Un loup qui s’était évaporé après avoir semé le chaos. Un chaos qu’il aurait put éviter. C’est ce dont il voulait se persuader. Ce dont ses supérieurs voulaient également le persuader. Retournant le couteau dans la plaie, encore et encore, menaçant de lui retirer l’affaire. Confier tout au NCA.
Bien sûr qu’il était trop impliqué, bien sûr qu’il n’était pas objectif. Mais il était flic, il était Veilleur. Et son devoir était d’arrêter cette vermine. La tuer avant que d’autres personnes ne meurent. Avant de risquer une nouvelle fois ce qui lui était le plus cher…
Hélas, ce n’était pas ce mauvais rêve, qui l’avait éveillé en pleine nuit, le conduisant sous une douche glaciale. Bien qu’il aurait largement préféré rejouer cette angoisse, plutôt que des sentiments vieux de trente ans, qu’il pensait avoir enfouie depuis bien longtemps. Consumé par le désir d’une autre chair. Seulement son esprit semblait en avoir décidé autrement…
Il pouvait encore sentir ses mains glisser sur peau, son souffle au creux de son cou, le goût de ses lèvres contre les siennes, la chaleur de son corps, sa voix… Ca avait été si réel que s’en était perturbant. Un désir brûlant qui n’avait eut lieu qu’une fois et qu’il s’était toujours interdit depuis. Un rêve qui avait finit par devenir une torture, au-delà de ses pires craintes, le conduisant à la honte de l’assouvissement d’un plaisir impur.
Puis le sang se mêla de nouveau à l’eau claire. Arraché d’un stigmate ornant son échine, ralentissant une nouvelle fois sa guérison. Infligé comme une punition à toutes ses faiblesses, qui ne semblaient avoir de cesse de vouloir se répéter.
Il était à peine quatre heures du matin, seulement le sommeil ne retrouverait pas grâce à ses yeux pour cette nouvelle journée. Encore moins que ses draps, bien trop humides pour aller les retrouver.
Descendant dans le salon, il le traversa comme une ombre, sous le regard intrigué des deux chiens de la maison, auxquels Louciane ne prêta aucune attention. Celle-ci se porta toute entière sur la bouteille d’Old Pultney qui trônait au milieu du bar, succombant doucement à l’envie de se brûler la gorge ainsi que l’estomac et de se noyer l’esprit dans son marc prononcé. Seulement il ne ressentait tellement rien, en cet instant, que s’enivrer ne serait qu’un pur gâchis pour cette coûteuse boisson.
Non. A la place l’homme choisi de sortir courir. Dans une tenue qui n’était absolument pas adaptée. Et sans chaussures…
S’il la regrettait son début de matinée ? Assurément. Surtout maintenant que son corps était pleinement réveillé, que chaque muscle des jambes et de son dos le lançaient, que chacune de ses plaies semblaient vouloir se rappeler à son bon souvenir. Surtout celle qu’il avait de nouveau égratignée sur son échine. Qu’il luttait pour conserver une démarche normale, qui ne trahissait aucune faiblesse, surtout le fait qu’il ne supportait pas le port de ses baskets – qui étaient pourtant les chaussures les plus confortables qu’il possédait – à cause de ses pieds écorchés.
Si en s’éveillant Louciane se sentait aussi vide qu’une coquille de noix, après le passage d’un corbeau, en cet instant il s’estimait plutôt semblable à une pelote d’épingles.
Mais tandis que son être semblait vouloir se montrer particulièrement présent, son esprit, lui, était ailleurs. Le Sergent-détective avait à peine desserré la mâchoire en arrivant. Son regard balayant les bureaux, qui lui semblait un peu trop vide à son gout. Mais lorsqu’il se posa sur l’objet de sa gêne matinale, il se raidit totalement, son pas se pas se stoppant sur le seuil. Tournant les talons, l’homme prit la direction du bureau de son supérieur, réclamant où se trouvait l’agent Pattersons, ainsi que l’agent White. Mais surtout, ce que l’agent Baxter faisait ici. L’inspecteur-détective répondit d’un simple soupir, comme si ça pouvait lui suffire, puis surtout le faire déguerpir de son bureau. C’était bien mal connaître son subordonné.
- « L’agent White a été appelé à Newcastle. Pattersons est en arrêt, comme beaucoup d’autres. Et l’agent Baxter est là, parce que nous sommes drastiquement, en sous effectif. Son regard se planta dans le siens. Et surtout parce que depuis que tu as eu la brillante idée de l’envoyer se faire foutre, ainsi que ses supérieurs avec, la collaboration basée sur l’échange de bon grés est passée à la collaboration complète et obligatoire. L’homme reposa son dos dans le dossier de la chaise, retirant ses lunettes pour se masser les yeux. Mais je ne peux pas totalement t’en vouloir, à ta place j’aurais fait la même chose. Le NCA est une plaie. Mais si je peux me permettre une suggestion Louciane, tu devrais faire très attention, maintenant, à ce que tu fais. Avec ce qui c’est passé avec Thomasson, tu pourrais risquer une suspension. Là tu as de la chance d’avoir reçu un simple avertissement, parce que nos chers Surintendants savent très bien que c’est un con. Mais on ne pourrait pas te sauver les fesses indéfiniment. Alors fait moi plaisir et fait en sorte que ça se passe bien avec monsieur FBI. Lui cause pas si t’as pas envie. Mais vous fritez pas. »
Le Howard l’avait laissé parlé, sans rien ajouter de plus. Ce qui n’était pas banal, venant de sa part. Lui qui trouvait toujours quelque chose à redire. Là, il était parfaitement conscient de la gravité des choses. Il était également conscient qu’on le laissait là où il était parce que ses supérieurs n’avaient pas le choix. En d’autres circonstances, l’affaire lui aurait été retiré, parce qu’il était bien trop impliqué, depuis les évènements du Cosmic Ballroom.
Sans un mot, le Sergent avait quitté le bureau pour s’installer au siens, sans un mot ni un regard pour Camden, son rêve étant encore bien trop présent dans son esprit.
Son esprit qui était resté absent durant le reste de la journée, lisant et relisant les témoignages. S’abimant les yeux sur des lignes aussi futiles qu’inutiles, qui ne leur apportait rien de plus sur une piste potentielle, concernant le mutant le plus recherché d’Angleterre. Le plus pénible étant les téléphones, qui n’arrêtaient pas de sonner, à cause du numéro vert mis en place. Louciane rongeait doucement son frein, résistant à l’envie de tout envoyer voler contre les murs. La seule chose qui le retint, fut ce que lui avait dit Edwin dés le matin. Pourtant, ça ne l’avait pas empêché de le faire une bonne dizaine de fois dans sa tête. Si Camden savait le nombre de choses qu’il s’était prit mentalement sur le carafon, il en aurait de vraies raisons de soupirer… L’homme avait à peine daigné dire bonsoir à son supérieur, lorsqu’il quitta le poste et consenti encore moins à relever la tête vers son collègue imposé pour regarder ce qu’il faisait. Ou même s’intéresser à ce qu’il pouvait faire. Il ne s’était même pas inquiété de savoir s’il avait été contaminé – il avait dû l’être c’était certain – et de comment il allait. Lui ne l’avait pas fait non plus, d’ailleurs. Seulement ce n’était pas comme s’il n’en portait pas les traces, sur toutes les parties visibles de son corps, dépassant de ses vêtements.
Reposant bien plus brusquement que tout à l’heure, le combiné sur son socle, le Howard grimaça légèrement sous la douleur qui lança dans sa main, tirailler par les croutes disgracieuses qui s’y étendaient. Ses yeux daignèrent quitter l’écran de son ordinateur, en entendant la chaise grincer sur le sol. Le flic aurait put lui faire la remarque, qu’il aurait put soulever son siège, mais à la place, il se contenta de lui lancer un vague regard en coin, reportant toute l’espèce d’attention qu’il pouvait avoir sur son écran. Autrement dit, très peu. S’il avait envie de s’en aller et de rentrer chez lui, grand bien lui fasse. Lui travaillerait mieux tout seul. Ou dormirait carrément sur place. Pour ce que ça allait changer. Le brun avait déjà l’impression de dormir les yeux ouvert, depuis qu’il s’était installé face à son écran. En vérité, il n’avait qu’une envie, faire un tour au stand de tir, puis aller courir, malgré le fait que ses pieds ne soient pas vraiment en état. Se moquant bien du couvre feu instauré. Après tout, il était flic, il faisait bien ce qu’il voulait.
Cependant, alors que l’agent allait s’en aller, il lui fit une proposition à laquelle il ne se serait jamais attendu. Ses sourcils se haussèrent quelques secondes, détendant son front constamment plissé par la concentration, écarquillant les yeux par la même occasion. Puis sa tête se dressa dans sa direction, les sourcils se fronçant de nouveau et ses paupières se plissèrent, comme s’il flairait une embrouille.
- « Pardon ?
Dans le même mouvement, son petit doigt se porta à son oreille, faisant mine de la déboucher, comme s’il avait mal attendu. Puis à juger de la tête qu’il tirait, sa propre invitation l’avait autant surpris que son interlocuteur. Mais en le voyant déguerpir aussi sec, il n’y avait pas besoin d’être flic pour deviner que ses mots avaient dépassé sa pensée et qu’il serait même ravi qu’il n’accepte pas.
- C’est bien ce que je pensais. » Qu’il marmonna pour lui-même, en se laissant retomber sur le dossier de sa chaise.
De toute façon, le Howard n’en avait pas l’intention. Cependant, en considérant l’heure qu’indiquait l’horloge de son bureau, puis en tenant compte de son état général, rentrer maintenant serait bienvenu. Vider le fond de sa bouteille, commettre l’irresponsabilité de prendre quelques médicaments avec, puis voir s’il passerait une meilleure nuit. Ce qui ne semblait pas vraiment gagné.
La nouvelle sonnerie sur le poste voisin suffit à le décider à ficher le camp. Avant qu’il ne finisse par foutre le feu à la baraque.
Passant par les vestiaires pour récupérer ses affaires, Louciane enfila son manteau, jeta son écharpe sur ses épaules, puis passa devant Camden sur le parking, sans vraiment s’arrêter. Mais arrivé à deux pas de sa voiture, il se ravisa, fit demi-tour pour se planter devant lui.
- « Ok. Tu choisis le bar, tu paie la première tournée, et tu paies le taxi. Il haussa très légèrement une épaule, puis anticipa une éventuelle question. Je prends pas le volant quand j’ai l’intention de boire. Surtout au frais de la princesse. »
Attrapant la cigarette directement à ses lèvres, il la coinça entre les siennes, puis reprit la direction de sa vieille Rover P5, avant que le brun n’ait le temps de récupérer son dû. Grimpant à l’intérieur, il ouvrit sa fenêtre, puis fit démarrer le moteur, attendant patiemment qu’il enfourche sa bécane pour les conduire jusqu’au fameux bar.
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Mer 26 Sep - 22:42- Camden A. Baxterhumain
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Dim 6 Jan - 16:18- Louciane J. Howardnon tatoué
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S’il pouvait bouger son cul, monsieur FBI, ça l’arrangerait bien, parce qu’il n’avait pas toute la soirée… s’il l’invitait pour rester planter en plein milieu du parking, comme deux rond de flan, parce qu’il avait finalement accepté – sans vraiment savoir pourquoi – autant partir au bar tout seul. Il serait en bien meilleure compagnie…
Insérant la clef, le flic la fit tourner, appuyant en même temps sur l’accélérateur, faisant aussitôt ronronner le moteur. Evidemment, pas d’un bruit qu’il était toujours plaisant à entendre, mais compte tenue de l’âge de la bouzine, ainsi que la révision qu’il n’avait pas les moyens de faire, qu’elle démarre et roule encore, c’était déjà ça. Tournant la manette, les phares s’allumèrent sur un mur bien trop blanc pour ses yeux fatigués. Même si blanc, c’est bien la couleur qu’il devait avoir à l’époque où il avait été fraichement peint. Aujourd’hui, ça s’apparentait plus au gris dégueulasse d’un mur mal entretenu.
Tirant une longue bouffée sur la cigarette qui ne lui appartenait pas, le Howard ouvrit la fenêtre pour évacuer la fumée, détestant foncièrement l'odeur de clope de froide s'imprégnant dans le tissu des sièges. Jetant un énième coup d'œil dans son retro, pour voir ce que trafiquait Camden, le flic s'attendait à peu près à tout, sauf au fait qu'il s'installe à côté de lui, décrétant qu'il ferait le taxi pour deux. Son regard coula vers lui, s'ancrant dans sa rétine. S'il avait été poignard, il lui aurait crevé un œil. Un regard qui parlait pour lui même : "Sérieusement mec ?". Deux mots qu'il préféra garder pour lui, car il avait un bien meilleur sarcasme, qui lui brulait les lèvres.
- « Il fait si froid que ça a moto ? T'as peur de laisser ta veille paire collée sur la selle ? Qu’il cingla avant qu’il n’ait eut le temps de demander quoi ce soit d’autre, faisant fit de sa remarque sur la cigarette.
Pour la grande perte que ce serait… De toute manière, quoi qu'il dise ou fasse, il ne le fera pas dégager de sa voiture. Alors autant lui faire regretter d'y être monté, de sa propre initiative. Après tout, en tant que flic et motard, Baxter devait avoir le cœur bien accroché, non ?
A sa remarque sur le mode de transport, Louciane leva simplement les yeux au ciel. Camden se donnait la réponse tout seul, alors pourquoi se fatiguer à lui poser la question ?
- T’es au courant qu’en te répondant tout seul, ça sert à rien d’attendre une réponse ? »
Pourquoi est-ce qu’il s’infligeait ça ? Cette fin de soirée le fatiguait déjà. Alors autant lui dire de dégager de sa voiture et rentrer chacun de leur côté. Hélas, ce qui était dit, était dit…
Sans même prendre la peine de vérifier qu'il se soit bien attaché, Louciane desserra le frein à main, puis enclencha la marche arrière. Jetant tout de même un coup d'œil dans ses rétros, son pied écrasa la pédale. La voiture partie brusquement en arrière, puis tournant d'un coup le volant il se plaça face à la sortie du parking, freina tout aussi sèchement, puis actionna le frein à main. Tirant une latte, le Howard souffla la fumée par la fenêtre entre ouverte, puis lui coula un regard en coin.
- « Alors ? Ou est ce qu'on va ?» Qu'il demanda sans vraiment se méfier du bouge où il pourrait le conduire.
De toute manière, sauf s'il avait dégoté un bar plus que récent, qu’il ne connaissait pas encore, le flic le verrait venir à des kilomètres. Camden ne pourra pas lui faire à l'envers.
D'ailleurs, Louciane se fit la réflexion que son cher passager aurait put simplement lui donner l'adresse. Ce n'était pas comme s'il ne connaissait pas la ville comme sa poche… Seulement il prit sur lui, préférant attendre qu'il se rende compte tout seul de sa bêtise. Ce n'était pas pour autant qu'il ne se vengea pas sur le trajet.
Le brun avait abandonné sa conduite souple, mais rapide, pour une plus nerveuse et sportive. Frôlant l'excès de vitesse, roulant bien trop proche de ceux de devant, s'arrêtant quelque peu brutalement. S'il avait put faire tous ses virages au frein à main, il l'aurait fait. Seulement la vieille rover n'apprécierait pas du tout. A la place, il se contentait de tourner franchement, puis de relâcher le volant pour le laisser se replacer tout seul, ne le retenant qu'au dernier moment. S'il pouvait le voir s'accrocher à la portière, ça aurait le mérite de lui arracher un sourire en coin. Ce qu’il pouvait être mauvais, mais il ne s’en excuserait pas le moins du monde. Après tout, c’est lui tout seul qui s’était invité à la place du mort. Il allait parfaitement comprendre l’ironie de cette appellation.
Camden n’avait pas besoin de lui dire où ils se rendaient, le Howard avait très bien reconnu le chemin au bout du deuxième virage. Seulement ça faisait un bon bout de temps qu’il n’y avait pas remit les pieds. Ça se chiffrait en décennie maintenant… Et les souvenirs que ça ranimait en lui, lui donnèrent l’envie de faire demi-tour.
- « C'est là-bas, il faut que tu prennes….
Un frisson glacé parcouru son échine, tandis qu’il sortit de sa torpeur. Il n’aurait sut dire si c’était sa voix, sa proximité, ou bien son souffle si proche de son oreille, qui le firent réagir – peut être le tout à la foi – mais son pied écrasa le frein, maltraitant ses cervicales dans l’appui tête. Fort heureusement pour lui, le feu qui venait tout juste de passer au rouge, excusa cet arrêt si brutal. Bien que ses mains fortement crispées sur le volant, trahissaient une certaine gêne. Voir un agacement plus que certain. Etait-il aveugle, au point de ne pas de se rendre compte des plaies qui couraient sa peau, dont chaque effleurement était presque un supplice ? Pour toute remarque, le brun lui lança un regard sombre en coin, actionna son clignotant, puis prit la voie de gauche.
Se garant finalement, Louciane laissa le temps à son collègue imposé, de descendre de voiture, maltraitant sa portière au passage. Puis lui adressant un de ces regards indescriptibles dont il avait le secret – bien que celui-ci pouvait trahir une pointe de mépris – il se décida à desserrer la mâchoire, pour la première fois depuis qu’ils avaient prit le chemin du bar.
- « Je ne sais pas si t’es au courant, mais j’ai grandit et j’habite ici. Alors, même si je dois admettre que ta voix est bien plus agréable que celles des grognasses, ou des abrutis dans les GPS, j’ai pas besoin de toi pour savoir où je vais… »
Bien sûr que l’homme aurait put s’abstenir, continuer à prendre sur lui, en se disant que Camden voulait juste bien faire… Néanmoins, c’était bien mal connaitre l’animal. Bonne intention ou non, lorsqu’il avait une remarque cinglante à faire, il fallait toujours qu’il la fasse partager, que ça plaise ou non. Et en toute bonne personne qui détestait qu’on lui dise ce qu’il avait à faire, il fallait bien qu’il le fasse remarquer, à un moment ou à un autre.
Se perdant quelques instants dans la contemplation de l’enseigne du bar, le flic lui emboita le pas, sans un regard pour les fumeurs s’amassant déjà devant l’entrée.
S’il s’imaginait qu’il remettrait les pieds ici un jour. Ça faisait vingt ans… presque ou plus, le Howard ne tenait plus vraiment les comptes exacts. Tout ce qu’il espérait, c’était que le taulier soit bien trop vieux pour le reconnaître, ou que l’établissement ait changé de propriétaire. Malheureusement, en constatant que rien n’avait changé, ses espoirs s’envolèrent… Il y avait toujours les mêmes lustres, les mêmes tabourets, les mêmes tables de billards. Sans doute devait-il y avoir une table ou deux en plus, le bar semblait avoir été agrandit et remit à neuf. Pour le reste, c’était la même ambiance…
Ses yeux partirent vers le fond de la salle, pour tomber sur le vieux jukebox, qui crachait autrefois la musique qui animait le lieu.
Le sergent s’en souvenait comme si c’était hier, de la première fois où Elsie l’avait emmené ici, quittant ses petites habitudes des bars, où il ne faisait que s’enivrer. Il se souvenait de ces longues soirées à jouer au billard. De ces coups qu’il lui avait apprit. De l’argent qu’elle lui avait si habillement dépouillé, en lui faisant naïvement croire qu’elle n’était bonne qu’à brûler le tapis. Puis de la première fois où elle lui avait fait danser le rock, sur ce vieux jukebox. Cette danse dont il ne connaissait aucun pas, puis qu’il avait apprit pour leur mariage…
Tous ces souvenirs lui collèrent un nœud à l’estomac, qu’il avait l’impression de sentir remonter le long de sa gorge.
Se détachant de sa contemplation, puis balayant ces réminiscences d'un discret soupir, Louciane finit par prendre place à côté de Camden, à une distance respectable. Le regard perdu dans l'observation des bouteilles face à lui, il sursauta presque lorsque son voisin de tabouret lui tendit la carte, lui demandant s'il était déjà venu ici. L'homme attrapa le menu de sa future bonne nuit, puis le parcourant rapidement, il haussa un sourcil en constatant que ça aussi, ça n'avait pas bougé d'un pouce.
- « Non. Mentit-il avec un aplomb déconcertant, en reposant le livret sur le comptoir.
Pas besoin de regarder les lignes, le flic savait parfaitement ce qu'il voulait. Bien qu'il fit bien semblant de se perdre dans la lecture des alcools. Malheureusement pour son mensonge, le proprio semblait avoir une sacrée bonne mémoire. Un peu comme la plupart des tenanciers en réalité. Il fallait bien se l'avouer, qu'ils n'avaient rien d'autre à faire de leur soirée, que de jouer les commères…
- « Agent Howard ! Qu'il s'exclama en revenant vers eux pour voir s'ils avaient choisi.
Le gonze aurait put le gueuler, qu'il l'aurait fait. Ses mots étaient sortit comme si les hommes étaient des amis de très longue date, qui ne s'était pas revus depuis quelques décennies.
- Ca fait longtemps qu'on ne vous avait pas vu. Qu'il renchérit. Vous êtes venus sans votre femme ce soir ?
Louciane prit sur lui pour ne pas l'assassiner du regard, se contentant d'un léger sourire plus que forcer, ainsi qu'une œillade a peut prés avenante. Un autre que lui aurait finit sa soirée, la tête encastré dans le comptoir…
Instinctivement, sa main droite se porta à sa poche, puis se rendant compte de son geste, l'homme fit mine de se repositionner sur son siège.
- Non. Ma femme est restée à la maison. Qu'il lâcha simplement. Une demie vérité, mais il était inutile de s'étaler. Et c'est Sergent-détective maintenant… J'ai changé de poste entre temps. Et ce sera un Glenkinchie, grand et sec, pour moi. Merci. »
En espérant qu'il comprenne que le passage de sa commande coupe court à toute tentative de discussion. Lui et le tenancier n'avaient pas gardé les cochons ensemble. Alors il n'avait aucune envie de rattraper le temps perdu…
Maintenant le Howard était sûr de recevoir des interrogations de Camden. Très certainement au sujet de sa chère et tendre. Il est vrai qu'il n'avait pas encore eut l'occasion de lui avouer, que la charmante brune qui avait partagé un danse avec lui au Cosmic Ballroom, était en réalité sa sœur… Tout ce qu'il espérait, c'était aussi que le proprio ait jeté son stupide mur de photos. Dans ses souvenirs, il s'y trouvait épinglé, avec son ex femme. C'est fou ce qu'il avait un besoin impérieux d'une clope d'un coup. Il devait toujours en vendre ici…
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