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Veins of stone [Jo & Lou] Empty Veins of stone [Jo & Lou]

Jeu 8 Fév - 0:55
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«VEINS OF STONE
feat Josée & Louciane
By the law, I call you to shut the fuck up ?


Ça n’était pas censé se solder de la sorte. Jo avait pris ce contrat, un peu à contre-cœur, pour cette pauvre femme l’ayant bruyamment imploré de l’aider à retrouver son fils. Pendu à son gilet (dieu qu’elle déteste qu’on touche ses vêtements) de la main gauche, et dessinant de grands moulinets désespérés de la droite, sa cliente lui avait écoulé du « por favor, por favor ! » à n’en plus savoir quoi en faire, avec d’horribles reniflements sonores et humides comme ponctuation. « Yé né veux pas faire affaire avec la police, tu comprendes ? Cé oun gentil garçon, au fond, oun très gentil petit garçon. »

Jo avait jeté un coup d’œil vers sa mère qui avait, comme toujours, joué de cette classique intervention qui était sa marque de fabrique : un haussement lâche des épaules, un visage qui semble dire qu’il faut accepter, n'est-ce pas, il faut accepter d’aider ? Quelle expression de sale none catholique insensible, tout de même.

Le très gentil petit garçon s’appelait Javier, 24 ans, et avait comme inoffensive habitude, selon sa mère, de sortir s’amuser avec des amis ; clairement pas pour jouer au Twister ou pour manger des bonbons ne contenant que du sucre et du colorant alimentaire. En tâtonnant maladroitement dans sa chambre, Jo était parvenu à saisir quelques bribes de ses derniers faits et gestes – un exploit plutôt éreintant qui l’avait mené, à force de flair et, disons-le franchement, d’un gros coup de chance, à cette planque du centre-ville où Javier avait tragiquement écoulé ses dernières heures, et en charmante compagnie (compagnie qui avait jugé bon de le balancer dans la benne à ordures de la ruelle adjacente pour ne pas s’attirer des ennuis. Quelque peu raté, ma foi). C’est là que Jo trouva Javier, oui, avant les rats, vautré comme un saoul dans l’amas de sacs à vidanges. Overdosé, mais ça, Jo ne le saurait pas tout de suite.

Comme un saoul, parce que sur le coup, ça avait été franchement plus facile de se dire qu’il était inconscient, et pas autre chose. Mais un cadavre, ça n’a pas la même odeur que des restants de restauration – l’épouvantable âcreté du macchabé ainsi libéré dans l’air froid de janvier confirma à la mutante qu’il avait passé le cap d’un quelconque coma éthylique.

Après avoir fait du Picasso sur la neige avec le contenu de son petit-déjeuner, Jo appela la mamita, à demie appuyée sur le mur de briques – la ferme intention de se débarrasser au plus vite de ce dossier pris le pas sur l’envie de faire cela avec une quelconque douceur. L’empathie passa au second plan, un peu comme le désir de remanger du gruau pour les quatre prochaines semaines.

« Mamita ?
- Josée, Josée tou as trouvé mi niño ?
- Appelez les flics et dites-leur de se rendre à l’angle de Bailey et de Cypress Gardens. J’suis désolé.
- Jos- »

Elle coupa la ligne. Puis elle rentra chez elle, évoluant dans un brouillard étrange de pensées sans morphologie. Avant ça, Jo s’arrêta pour acheter une pinte de jus d’orange et un sac de bagels, comme de rien. Volonté de perpétuer une normalité dangereusement ébranlée pour le reste de la journée, sans doute, et voilà : Il est 15h15 et elle assise dans son canapé à grignoter du pop-corn salé devant The Truman Show, agitée sans l’être, forçant une concentration inexistante pour chasser un malaise omniprésent.

Son portable vibre contre sa cuisse. Un coup. Puis deux. Elle fixe avec insistance Truman qui pète un câble. Troisième coup. Son doigt glisse sur la touche verte et elle colle avec agacement l’appareil à son oreille, la voix légèrement rouillée : « Bonjour ? »

Ça pleure ça marmonne en espagnol ça geint tellement vite, tellement en saccade, qu’elle capte un mot sur dix. Gagnée par la panique, Jo somme la mère de se calmer avec une voix encore plus aigue que la sienne. Elle réussit miraculeusement à comprendre ce qu’elle ne voulait surtout pas entendre : la mère éplorée a donné son nom aux flics, pour les aider dans leur enquête, pour Javier, pas le choix, elle a donné son nom, mais ce n’est pas grand-chose, c’est pour aider. Jo renverse le bol de pop-corn en poussant un juron coloré aussitôt engloutit dans des supplications empressés : oui, à son tour maintenant de faire entendre raison. Mais c’est culturel, les mamans espagnols ont vraiment de graves problèmes de surdités, bordel. Mamita, non, s’il-vous-plaît, non, pourquoi, bordel, bor-del ! Ça coupe. Jo fige. À la télévision, Truman en est à révéler à Marlon cette idée de complot conspirationniste :


  There's no point in trying to explain it,
              but a lot of strange things have been
              happening - elevators that don't go
              anywhere, people talking about me on
              the radio, you know what I mean?


« FUCK ! »

Elle s’est levé d’un bon, a balancé le portable sur le canapé : avec arrogance, il rebondit mollement et s’écrase par terre comme pour ricaner de son excès soudain de crachat émotionnel. Et comme Jo ouvre la bouche en grand pour gueuler ce qui lui ronge brusquement la gorge (à l’intention du canapé, du téléphone et de la mamita), on toque à la porte. Trois petits coups, parfaitement anonymes, parfaitement dérangeants – ça déclenche Jo comme ça l’amorce, en même temps. Elle suspend son élan et, le cœur débattant comme un troupeau de gnous lancés au grand galop, elle s’approche de la porte. Du calme Jo, probablement l’homme à tout faire des propriétaires qui est venu vérifier si le robinet fuit toujours.

Inspiration, poignée qui tourne : Rien ne bouge sur son visage impassible lorsqu’elle aperçoit l’officier de police dans l’embrasure de la porte à l’ouverture à peine entamée. Ce sont ses yeux, les coupables – ils s’élargissent, traitres, apeurés, saisis. Jo a alors la réaction la plus intelligente du monde (donnez-lui une médaille, pitié) : en reconnaissant l’homme qui les a maintes reprises arrêté son frère et elle lorsqu’ils étaient jeunes, elle referme brusquement la porte. Déni total.

Elle referme. Brusquement. La porte. Sur un putain. De flic.

C’est qu’après-coup qu’elle manque de s’étouffer dans sa propre salive. Parce qu’elle réalise que, de un, elle vient d’avoir la réaction la plus paumée de la planète et que, de deux, le pied de l’agent de la paix s’est glissé dans l’entrebâillement de la porte – Jo n’a donc même pas la satisfaction de l’entendre claquer, de savourer la fraction de seconde où tout semble encore en contrôle. Sa main moite lâche la poignée, première défaite. Et quand cette porte de merde s’ouvre lentement, pour une deuxième fois, sur le visage du flic, elle le fixe en prenant bien soin de fermer sa gueule qui saurait un peu trop bien faire justice à ses gestes. Pas d’excuses ; juste un silence lourd et pesant, juste elle qui, droite comme une barre de fer, se tient devant lui avec le désagréable sentiment d’être déjà coupable de tous les méfaits dont il pourrait bien l’accuser.

Jo est lucide : elle a beau traîner une vieille haine envers les policiers (cadeau de Samuel et de ses grands discours de types ACAB), ce n’est pas pour autant qu’elle se méfie de tous les uniformes, mais lui… – déjà que ce grand con n’était pas un enfant de cœur quand elle avait quatorze ans et que son genre de larcin était de faire un graffiti d’un pouce carré dans le bas d’un mur, là… Cette mamita mériterait qu’on lui verse sa salsa verde dans les yeux.

©️ Kanae de Never-Utopia

Veins of stone [Jo & Lou] Empty Re: Veins of stone [Jo & Lou]

Ven 9 Fév - 17:10
Louciane J. Howard
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Louciane J. Howard
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Métier : Det Sgt au sein du CID, il travail énormément sous couverture.


Veins of stone
Josée ft. Louciane



Le nez plongé dans les rapports du légiste, le sergent tentait d'y voir clair. Cherchant un lien entre toutes ces personnes. Un lien qui n'avait pas l'air d'exister. On ne pouvait pas vraiment parler de mode opératoire dans ce cas. Peut être plus un chasseur en eau trouble. Et plus il y plongeait, moins il ne voyait arriver le fond.
Poussant un soupir, ses doigts firent tourner nerveusement son crayon, avant de le porter à ses lèvres, trahissant des habitudes d'ancien fumeur. Le dossier claqua sous son impatience, et l'homme étira sa vieille carcasse sur sa chaise de bureau, les vertèbres craquant au passage. Tandis que ses dents maltraitaient le bois, comme s'il s'agissait d'un filtre, son regard croisa celui de son collègue, qui devait camper derrière l'ordi depuis de longues secondes.
- « Tu te prend pour un porte manteau ? Qu'il lui demanda sans plus de politesse.
- Nan… On reçu un appel qui devrait t'intéresser. Répondit l'agent, sans vraiment noter sa pique.
- Où ?
- A l’angle de Bailey et de Cypress Gardens. La scientifique doit déjà être sur place. »
Le brun jura en ramassant ses affaires, puis tapota l'épaule du gamin en guise de merci.

Il y avait foule devant le ruban jaune, les badauds curieux s'y massant comme autant de mouche sur une merde. Louciane avait dû jouer des coudes pour se frayer un passage, évitant soigneusement un blogueur qu'il ne connaissait que trop bien.
- « Alors ? Demanda-t-il à la légiste en combinaison de papier, perché dans la poubelle au dessus du cadavre.
Occupée à prendre des photos, elle laissa retomber l'appareil sur ses genoux, et lui jeta un regard noir.
- Tu vas pas t'y mettre, toi aussi ? Cracha-t-elle sur la défensive.
Louciane renifla sous l'odeur prenante des ordures, et pencha légèrement la tête sous l'attaque.
- J'te demande pas si t'as trouvé le coupable, entre le pastrami et le… il observa les alentours du corps avec un léger air de dégoût …reste de hot dog. Mais au moins, quand est-il mort.
- C'est un rat mort. Rectifia la jeune femme, avant de poursuivre, en ignorant royalement son "peu importe". Notre client est mort il y a deux jours, au moins. Et comme je doute que les gens cuvent dans les poubelles, on l'a balancé ici post mortem.
- Et de quoi est-il mort ?
- J'pense que tu t'en doute… overdose. Je ne sais pas trop ce qu'il a prit, mais il a commencé par se faire bouffer par les rats, et celui-ci est mort. Ça a fait fuir ses petits copains. Elle prit un autre cliché en soulevant la main du cadavre. Au moins j'aurais pas à courir après ces petits salauds, pour retrouver les preuves qu'ils auront boulotés.
- Merci Gretch. Lâcha le flic fortement contrarié. Il avait des papiers sur lui ?
- Nope ! Qu’elle s'exclama en mettant son rat sous scellé. Nada, pas un téléphone. On a dû lui faire les poches. Mais on l'a identifié.
Les sourcils du Howard se froncèrent fortement, dubitatif.
- Soit vous êtes des putains de magiciens, soit il était fiché.
- C'est pas si rapide, Loulou. Elle le regarda droit dans les yeux. Sa mama l'a identifié et, tiens toi bien à ton slip, trouvé ! C'est elle qui a appelé. Elle tendit le pouce derrière elle. Perez est en train de l'interroger.
- C'est quoi ces conneries ?
Elle haussa les épaules, leva son objectif et le prit en photo. Une "attaque" à laquelle elle reçu, comme toujours, un regard noir, ainsi qu’un léger mouvement de recul.
- Qu’est ce que j’en sais moi ? Je ne suis que la légiste.
- T’as pas bientôt finit avec ça ? Qu’il râla en virant l’appareil de devant son visage.
- Mais c’est parce que j’attends l’instant magique Lou. Celui ou j’arriverais à capter ton sourire. Si radieux qu’il éclipsera le soleil.
L’homme lui lança un regard qui en dit long sur sa pensée, et ses mots furent plus polis que tout ce qu’il aurait put lui sortir.
- … Va te faire foutre Gretchen.
La jeune femme leva les bras au ciel, et s’exclama tandis qu’il s’éloignait en direction de la fameuse mama.
- Mais je n’attends que toi, sergent ! »
Malheureusement pour elle, Gretchen ne le vit pas, mais son exclamation lui arracha un sourire.

Louciane détestait se retrouver face aux familles des victimes. Que ce soit pour leur annoncer la mort de leur proche, ou même les interroger. Et là il devait aller à la pêche chez une mère en pleure, mais aussi un témoin, et un suspect. L’homme se présenta à elle, puis laissa son collègue l’interroger. Il préférait encore économiser sa salive, et traquer les incohérences. Même s’il y en avait une qui sautait fortement aux yeux. Bras croisés et sourcils froncés, il attendit patiemment que le gamin ait finit avant d’attaquer.
- « Madame Casal… Croyez bien que je ne suis navré pour votre fils, mais il y a une chose qui me chiffonne : comment l’avez-vous trouvé ?
- Par hasard… Yé lé trouvé là. C’est mon fils. Mon petit garçon. Recommença à sangloter la mère, visiblement prit de court.
Pas le moins du monde émue par ses larmes de crocodile, le sergent-détective renifla, et se pinça le nez entre le pouce et l’index, dubitatif. Elle lui cachait quelque chose et était simplement en train de les prendre pour des cons, en faisant mine de ne pas comprendre.
- J’entends bien madame Casal. Mais je voudrais savoir. Parce que j’ai du mal à croire que vous l’ayez trouvé par hasard. A moins que vous ayez passé ces deux derniers jours, à faire les poubelles de tous les squattes sordides des environs, j’ai un peu de mal à croire au hasard. Vous marchiez dans la rue, et un rat vous a chuchoté qu’il faisait la sieste dans les ordures ? A côté de lui, l’agent commença à se balancer d’un pied sur l’autre, gêné. Mais Le Howard ignora largement ses regards. Vous lui avez collé une puce GPS et c’est comme ça que vous l’avez trouvé ? Ou peut être un radar, façon maman qui retrouve toujours ses petits ? Un sonar ? Il marqua un temps de pause, pour lui laisser le temps de digérer ses questions. Vous êtes mutantes madame Casal ? Attaqua-t-il un peu plus, en se penchant vers elle.
- Sergent… S’indigna Perez, tandis qu’il voyait la mère se décomposer, en marmonnant qu’elle ne comprenait pas.
- Montrez-moi votre tatouage madame Casal. Vous savez ? Celui que vous avez reçu, après votre dépistage. Ses yeux se remplirent de larme, tenta de se défiler, mais le flic ne la lâcha pas. A moins que vous ne soyez pas dépisté ? Ce qui est un délit madame Casal. Dites moi qui je dois appeler ? Un avocat, le DCRM, ou peut être l’immigration ? Histoire d’être sûr que vous soyez en situation régulière. Je vous lis vos droits ?
Son ton était peut être effroyablement calme, pour ne pas attirer l’attention, cependant l’intimidation de ses questions était des plus équivoque.
- Non ! Non ! Non ! Gémit-elle, sans remarquer que ce renoncement couvrait le débordement du flic.
L’agent en uniforme tenta de s’insurger, mais il tendit un doigt dans sa direction pour l’intimer de se taire. La mère finit par capituler et dévoila le lambda tatoué sur son poignet. Seulement Louciane n’était pas satisfait, elle ne lui avait pas répondu. Amorçant un pas vers elle, l’homme augmenta sa menace.
- Je renouvèle ma question madame Casal : comment avez-vous trouvé votre fils ? Quelqu’un vous l’a dit ? Parce qu’à moins que vous sachiez depuis le départ où il était, c’est impossible que vous l’ayez trouvé par hasard. Et là, j’ai de quoi vous passer les pinces pour dissimulation de preuve, et entrave à une enquête. Peut être même complicité de meurtre. Et ça c’est cinq ans de taule, au moins.
- Cé oun médium ! Qu’elle s’exclama, craquant complètement. Josée Télesphore. Cé sa mère qui nous a mit en contact. Por favor, cé pour aider mon fils ! Gentil garçon. Josée cé oun belle personne, lui faite pas soucis ! Qu’elle couina en s’accrochant à son bras.
- Fallait y penser avant… En signalant sa disparition. Merci madame Casal. Lâcha-t-il sèchement en planta là la mère en pleure. Ainsi que son collègue médusé.
Celui-ci se lança à sa suite, le rattrapant avant qu’il n’atteigne le cordon de police.
- Ca va pas non ?! Tu cuisine un témoin au beau milieu de la rue. Une mère, qui vient de perdre son fils !
Agacé, Louciane le plaqua contre le mur de la ruelle, à deux doigts de lui en coller une.
- Fait pas chier Perez. J’étais flic que tu gazouillais encore le cul plein de merde dans tes couches, en bavant sur les mamelons de ta mère. Elle a refusé son droit à un avocat. C’était donc une simple discussion, entre flic et témoin. Elle cachait des preuves, sans doute un suspect. Si ça te débecte ce boulot… change en !
L’homme le repoussa brusquement et lui jeta un regard noir.
- Ouais, bah t’es pas obligé de te comporter comme un véritable trou du cul ! Pas étonnant que personne ne t’encaisse !
Le Howard afficha un sourire nerveux et se pinça la lèvre entre le pouce et l’index.
- Non, non. Mon job c’est pas de me faire apprécier. C’est d’être un connard. Monsieur sergent connard ! Et si t’as un problème avec ça, j’en ai rien à foutre ! »

Le brun avait presque arraché le ruban en quittant la scène de crime. A cran ils l’étaient tous depuis le début de cette affaire, et ça ne risquait pas de s’arranger. Perez ferait surement un rapport là-dessus, pour ce qu’il en avait à foutre. L’homme commençait à en avoir marre de tous ces gens qui voulaient s’improviser flic sans rien savoir. Comme s’ils vivaient encore à l’époque du far west, où l’on colle l’étoile du shérif au premier connard venu, qui montrerait un peu plus de tripes que les autres. Non. Fallait comprendre que le putain de shérif en ville, c’était lui. Ça pouvait paraitre présomptueux, seulement il s’en fichait tout autant. Depuis l’apparition au grand jour des mutants, tout partait à volo, et les gens avaient besoin d’être rééduqués.

Louciane était en colère. Et c’est cette même colère qui l’avait conduit jusqu’au centre ville de Killingworth. Josée Télesphore… Médium… Connerie. Comme quoi, ce hasard là pouvait bien faire les choses. Elle était loin cette gamine, qu’il avait mainte fois foutu à l’arrière de sa voiture il y a quinze ans. Mutante donc, qui se faisait passé pour un charlatan. L’homme avait ses sources, et en quelques coups de fil, il avait put se faire une idée de ce à quoi il pouvait avoir affaire, en venant frapper à sa porte. Pas de grand danger en tout cas, à moins qu’elle ne l’accueil avec un flingue. Louciane ne les comptait plus, les cas de coup de fusil à travers porte qu’il avait rencontré. Mais d’elle, il n’avait pas grand-chose à craindre.
C’est ce don il se persuadait, tendit que sa phalange frappa contre la porte. Trois coups secs, sans un mot de plus, la main dans la poche interne de sa veste, prête à sortir sa plaque. L’autre retomba contre sa hanche, effleurant la crosse de son arme à travers sa veste. L’expérience parlant de lui-même, dans ce geste quasi inconscient. Le howard n’avait eut besoin que d’entendre son nom, pour se souvenir d’elle. Comment oublier une identité si atypique ? Mais elle… Le sergent-détective n’était pas un tendre, il ne l’avait jamais été. Mais peut être l’avait-elle oublié…
La porte s’ouvrit, dévoilant une jeune femme de trente ans, qui avait bien changé. Son corps avait grandit, mais son regard restait le même. Elle l’avait reconnu, et visiblement, il lui avait laissé un sacré souvenir, car la porte lui fut instantanément refermée sur le nez. Tout du moins, il ne lui avait même pas laissé cette satisfaction, son pied se glissant dans l’interstice, aussi rapide qu’un serpent. Erreur… Il détestait se faire claquer la porte au visage. Déjà c’était mal poli, mais en plus ça ne donnait qu’un air coupable.
Le panneau rebondit sur la semelle, le rouvrant automatiquement. Le flic avait la tête légèrement penché de côté et tenait sa plaque d’agent du CID bien visible. Comme un épouvantail parfaitement immobile, l’homme lui laissant bien le temps d’imprimer son grade de Sergent-Détective, son numéro de plaque si elle voulait, jusqu’à la marque de ses chaussures. Puis le cuir claqua, d’un mouvement souple du poignet, renvoyant la plaque se glisser dans la poche interne de son vêtement.
- « Police. Dit-il enfin, brisant ce silence pensant, comme si elle ne se doutait pas de qui il s’agissait. Sergent-Détective Howard, département des enquêtes criminelles. Solennel, ça c’était pour rester dans les clous. Après tout, il n’avait pas de mandat. J’aurais quelques questions à te poser, à propos de la mort de Javier Casal. Ça c’était l’intitulé. Je peux entrer, ou tu me prépare encore quelques outrages à agent ? Bon, je peux passer pour la porte au nez, en mettant ça sur le compte du manque de discernement. Ma faute, je ne me suis pas annoncé. Pour le reste, je pense que tu te souviens que c’est toujours six mois ferme ? »
Ça, c’était plus fort que lui. L’intimidation toujours, ça avait le don de délier un peu les langues. Parce qu’il y avait bien une chose qu’il détestait, en plus des gens mal poli, c’était de perdre son temps sur une affaire.

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Sam 10 Fév - 2:56
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«VEINS OF STONE
feat Josée & Louciane
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Toujours un aussi bon sens de la mise en scène ; Josée note le tempo de l’agent, timbre de vieux métronome bien huilé au ballant impeccable, la plaque qui se lève, la plaque qui s’arrête, la plaque qui descend – elle voudrait lever un sourcil, peut-être, accompagner cette valse procédurale de son grain de sel, mais l’engrenage risque de geindre de cette intrusion. Aussi reste-t-elle impassible, spectatrice ; ah, c’est ce qu’elle aimerait être, pour que ses pieds n’aient jamais foulé la scène. En réponse aux pompeuses présentations qu’Howard sait si bien assécher de son bon coup de langue, la mutante croise lentement les bras sur sa poitrine. Au tour de sa tête de partir vers la gauche, penchée, pensée, pour laisser errer de biais ses billes scrutatrices – pas qu’elle puisse une seule seconde s’imaginer intimidatrice, mais seulement honnête, physiquement parlant, de ce que la visite surprise du Sergent-Détective lui évoque.

Cette montée en grades lui arracherait un sourire pointu, en d’autres circonstances. Ça ne l’étonne pas – il y a des gens qui sont incapables de se recycler : c’est comme ça qu’on pollue la planète. Samuel attribuait d’ailleurs aux flics l’affectueux surnom de garbage, un petit nom qu’il doit encore garder dans le coin de sa tête mais qui ne doit plus trop oser s’aventurer à la barrière de ses lèvres maintenant qu’il est en taule.

Howard a quelques questions à lui poser à propos de la mort de Javier. Josée ne va pas mimer la surprise. Une fois, c’était bon, deux fois, ce serait vraiment pathétique. Ses mandibules crispent sa mâchoire fine, la lui creusant légèrement sous les pommettes. Mais comme elle et Monsieur le Sergent-Détective sont aussi ravi l’un que l’autre de se voir, la jeune femme ne voit pas pourquoi elle s’empêcherait de se laisser aller à ces quelques marques visibles d’affection.

« Je peux entrer, ou tu me prépare encore quelques outrages à agent ? Bon, je peux passer pour la porte au nez, en mettant ça sur le compte du manque de discernement. Ma faute, je ne me suis pas annoncé. Pour le reste, je pense que tu te souviens que c’est toujours six mois ferme ? »

Le menton bascule à peine, comme pour libérer entre eux l'espace nécessaire aux mots afin qu'ils puissent enfler comme il se doit.

« J’ai plutôt bonne mémoire, oui. » Pour ça, Jo sait qu’elle ne lui sortira pas la carte du je ne sais plus trop, du je ne me souviens pas très bien – elle connaît mal la parade, n’a que faire de l’art de l’esquive : elle mord. Et si Louciane conserve d’aussi bons souvenirs qu’elle, il ne l’aura pas oublié. Le bouclier de la brune tombe, sa main va chercher la poignée et elle recule d’un pas en dévoilant le passage d’un geste leste du bras. Il retombe aussitôt, ses yeux se dérobent. En refermant la porte derrière l’agent, Josée ne s’attarde pas sur le couloir, ni même sur la carrure du policier, mais sur son salon.

Dans des instants comme ceux-là, Josée se dit qu’il aurait été pratique d’avoir un chien (heureusement, il n’y a pas assez de moments comme ceux-là pour qu’elle fasse un achat impulsif) : voilà, un gros molosse, pour qu’Howard ne se permette pas de paraître aussi à son aise, et pour que le pop-corn renversé à la grandeur du planché ait été engloutit. Car pour l’instant, c’est dans son appartement que semble prendre place la scène du crime. Parmi la nourriture renversée gît le bol vidé, le cellulaire abandonné, la télécommande propulsée. Encore quelques minutes et Truman pète réellement un câble.

Clairement, la mutante n’attendait pas de visite. Ou alors, elle ne souhaitait pas devoir attendre de visite. Empruntant le même ton solennel que Louciane, elle lâche un « vous m’avez surpris » qui n’attend pas de réponse, puis se dirige vers les armoires de la cuisine – c’est petit, ici. Tout donne sur tout. Josée prend pour acquis que le Sergent-Détective prendra place à la petite table ronde qui fait office de table à manger, flanquée là, à cheval entre la cuisinette et le petit salon aux délimitations floues. En fait, il a intérêt à poser son derrière et à ne plus bouger, à ne rien toucher. Pour s’assurer que ce sera chose faite, Josée attrape la carafe et fait couler l’eau. Mais bon, y'aurait bien qu'un flic qui pourrait préférer boire son noir corsé debout, ou penché sur ses dossiers, comme dans CSI. La mutante espère qu'Howard n'est pas caricaturé à ce point.

« Je vous fait un café ? »

Ce n’est pas une question. Ce n’est même pas particulièrement poli, ou avenant. C’est plutôt dans le registre de la menace, et son doigt s’écrase sur le petit bouton poussoir de la machine afin de faire chauffer l’élément. Josée n’a pas attendu d’accord, de mouvement – en fait, elle ne se tourne vers Howard qu’après avoir sorti deux tasses blanches. Mettre devant le fait accompli, ça aussi, c’est dans son registre. Contraindre, tièdement : et pour faire bonne mesure, un sourire sans chaleur fige ses lèvres pleines.


©️ Kanae de Never-Utopia

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Mer 14 Fév - 22:53
Louciane J. Howard
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Veins of stone
Josée ft. Louciane



En la voyant s'écarter de la porte, capituler pour le laisser entrer, le flic réprima un sourire satisfait. Il avait déjà l'étiquette de connard, autant ne pas rajouter celle du sadique. Bien que ses mots parlaient d'eux même.
Parfois, comme son infortuné collègue de ce matin, on lui demandait s'il avait toujours été ce même connard… A bien y repenser, il n'y avait bien eut que ses collègues du Vice Squad, qui l'avait connu sous de meilleurs augures. Jusqu'à ce que son boulot d'infiltré lui apprenne qu'il fallait s'endurcir. Qu'à être trop gentil, on ne se fait pas que bouffer, mais on perd aussi les pédales. Il ne le reconnaissait pas, mais seize ans de ce régime l'avait rendu paranoïaque. Il y avait donc son boulot, tout naturellement, mais son cher père aussi, qui était à blâmer. Lui qui lui avait apprit à répondre à sa hauteur. Devenant ce qu'il avait toujours voulu éviter : son père. Même si celui-ci n'avait jamais fait preuve de la violence, dont Louciane était capable. Ce cher père a qui il a toujours voulu donner tort, ne jamais aller dans son sens. Voilà qu'il s'y était foutu dedans la tête la première… Ce cher père qui avait toujours eut raison sur tout, de façon particulièrement insupportable. Surtout le jour où il lui avait balancé que s'il tenait vraiment au mariage, il ferait mieux d'accepter une femme que lui et sa mère lui choisirait, sinon il finirait seul. Le Howard lui avait donné tort, en restant deux années de plus avec Elsie. Rester seulement… Au final il avait raison. Son problème c'est qu'au lieu de se contenter de l'ignorer totalement, il l'avait toujours entendu, puis ruminait tout, en se persuadant qu'il ne l'avait pas écouté. Ce vieux salaud… Même dans la tombe, son ombre continuait à planer au dessus de son épaule.
Alors non il n'avait pas toujours été un connard, on lui avait simplement apprit à l'être.
Fallait pas s'étonner qu'après, la police avait une mauvaise réputation. Mais le Sergent s'en fichait pas mal. Il n'y avait pas vraiment besoin de badge pour jouer l'intimidation, n'importe qui le faisait. Seulement la plaque aidait un peu mieux à faire passer cette pilule. Peut être une solution de facilité, mais c'était son défaut de choisir cette facilité, parce qu'il détestait perdre son temps. Encore un héritage de son cher paternel.

Le flic pénétra dans l'appartement, lui adressant un signe de tête, en guise de vague remerciement. Ses mains secouèrent le col de son manteau, pour lui redonner une forme, tandis que son regard s'attarda dans chaque recoin, enregistrant tout ce qui lui était permis de voir. L'endroit était petit, et vraiment modeste. Alors soit elle plaçait intelligemment son argent, soit sa mère ramassait une grosse comm', soit ses clients ne la payaient pas des sommes astronomiques. L'idée qu'il ait put mal la juger, ne lui effleura pas un seul instant l'esprit. Des mutants qui se faisaient passer pour des médiums, ne pouvaient être que des escrocs…
Son pas était souple, et largement posé, comme s'il était le seul le maitre des lieux, alors qu'il ne se trouvait pas chez lui. L'expérience lui avait appris qu'on pouvait déceler beaucoup de chose chez une personne rien qu'à sa façon de marcher : la gène, la détermination, l'assurance… Louciane savait adapter son pas en fonction de ce qu'il voulait montrer, ou de la situation. Limitant ses gestes, restant assez en retrait pour ne pas s'immiscer, et assez proche pour afficher un minimum de compassion, chez les familles des victimes. Assurant, ou quelque peu intimidant, pour les témoins. Avec les suspects, il montrait toujours que c'était lui le roi du quartier, même s'il ne se trouvait pas sur son terrain. Question de survit. Jo… elle ne dérogeait pas à cette règle. Parce qu'elle était plus suspecte que témoin. Et parce qu'ils avaient un passif.
Non, il ne se gêna pour déambuler comme s'il était chez lui, avançant jusqu'au canapé. Jetant un coup d'œil rapide par dessus le dossier, l'homme constata la scène de crime du pop corn reversé, le téléphone gisant pas très loin, sur le sol… Tiens dont. S'il jugeait de ça, plus le film qui tournait, plus la porte claqué au nez, il ne pouvait conclure qu'une chose : coupable.

Haussant les sourcils, il se retourna pour mieux observer son manège, s'appuyant sur les coussins du canapé. Si elle est comptait l'endormir avec l'excuse minable qu'elle venait de lui lâcher, ça ne prenait pas. Ses lèvres restèrent closes, hermétiques à tout commentaire, lui faisant faussement croire qu'il n'en tiendrait pas rigueur. C'est ce qu'il avait dit non ? La menace des six mois planait déjà au dessus de sa tête, et tout salaud qu'il était, elle l'en savait capable. Mais l'homme se réservait simplement pour plus tard. Comme une jeune vierge attendant son mariage.
Le flic s'étonna qu'elle lui propose un café. Si on pouvait vraiment appeler ca une proposition. Quand on veut le faire passer pour tel, il vaut mieux poser la question avant, en faisant mine de sortir la deuxième tasses. Ainsi, le oui est peut être toujours autant orienté, seulement, ça fait moins culpabiliser celui pour qui la question était destiné, s'il refuse. Mais c'était de bonne guerre entre Jo et lui, et ni l'un ni l'autre ne donnaient dans les bonnes convenances. A se demander s’il avait vraiment été élevé par des aristocrates. Le Sergent pencha quelque peu la tête de côté, comme un chien curieux. Pour elle qui rêvait qu'il ne déguerpisse au plus vite, pourquoi s'infliger sa présence plus longtemps, en faisant en sorte de le retenir ? Oh sa réponse avait été affreusement tentante. Le simple "non" lui brûlait les lèvres, comme d'être terriblement contrariant en répondant "juste de l'eau". Au final, un fin sourire esquissa ses lèvres, tandis qu'il gratta pensivement sa légère barbe.
- « Volontiers. Qu'il finit par lâcher, rompant son propre silence. Bien noir, sans sucre, et avec des petits gâteaux. C'est pour tremper. »
Tremper son nez là où il ne fallait pas surtout oui. Et il venait à peine de le sous entendre. Quitte à rester longtemps, autant le faire bien. Si elle n'avait pas encore saisit, depuis le temps, qu'il ne fallait pas jouer avec lui… Ou peut être l'avait-elle oublié, seulement elle allait finir par s'en rappeler. Il avait fait exprès de ne pas lui dire comment il appréciait réellement son café. Des fois qu'elle ait envie de lui jouer un tour de cochon, en rajoutant un sucre par exemple. Il avait de la marge…
- « Mais tu veux peut être regarder la fin du film ? » Demanda-t-il en tendant un pouce vers la télé, qui hurlait déjà.
Le Howard poussa le vice jusqu'à retirer son écharpe, puis son manteau, qu'il posa à côté de lui sur le canapé. Quitte à répondre a une si charmante invitation, autant se mettre à l'aise !
Le temps qu'elle prépare son bordel, il fit le tour du canapé, puis se pencha pour ramasser le bol, y balayant le plus gros du pop corn, d'un geste souple du poignet. Enfin, il prit la liberté de ramasser le téléphone, appuyant sur le bouton de déverrouillage, il ne fut pas surpris de tomber sur un code de d’ouverture. Seulement, pour lui il n'était pas nécessaire de regarder, illégalement dans son journal d'appel pour savoir qu'elle avait été prévenus, et qui avait eut la gentillesse de le faire. A la place, il verrouilla de nouveau l'écran, et se redressa.
- « Mais tu ne dois pas recevoir beaucoup de visite, pour que quelqu'un frappant à ta porte, provoque une si vive réaction. A moins que ce ne soit le téléphone, qui te provoque tant d’émois ? » Demanda-t-il plus sur le ton de la conversation que de l'interrogatoire, posant le bol sur la table basse, d'une main et jetant le mobile dans le canapé de l’autre, sans y prêter plus d'attention que ça.

Et ce coup-ci, il y resta.

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Mar 20 Fév - 17:26
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«VEINS OF STONE
feat Josée & Louciane
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Assuré, le bonhomme. Josée devine assez tôt qu’ils sont dans une danse d’apparence plutôt que de persuasion – ça se joue dans le détail, du bout d’un frémissement de muscle à la tombée d’une tonalité de phrase coupée. Et si le flic sait faire dans la dentelle, là, c’est le gros tricot qu’il lui sort, avec ses pas marqués avec emphase sur son parquet et son corps de vieux matou qui rôde dans l’open-space. Manquerait plus qu’il pisse pour marquer son territoire. Du coin de l’œil, la mutante observe. Chaque déplacement fait dans son petit appartement multiplie les chances de contact avec les objets qui le colore. Inutile de préciser que de toutes les personnes que Josée aimerait voir contaminer l’énergie de son mobilier, Louciane se situe tout en bas de la liste, et avec une mention honorable.

Il s’appuie sur le canapé et Josée à la dérangeante impression de rajeunir, traînant avec elle les sentiments parasites d’une époque révolue. Ça remet en perspective ce qu'on laisse réellement derrière nous : peu de chose, il faut croire. Les yeux dardés avec aplomb dans ceux du flic, elle se dit qu’il va refuser ce café pour bien lui renvoyer la balle : pour chaque « monte dans la voiture » qu’il lui a balancé en essuyant un commentaire du genre « demande à ma mère si j’y suis » ou bien un air bravache qui semble toujours beaucoup trop joué sur n’importe quel visage juvénile. Mais Josée n’a plus rien de cette petite fille, si ce n’est encore quelques relents d’attitude qui se devinent dans le coin de son œil. Elle est une femme, et elle est ici chez elle – ça, elle compte bien le faire comprendre à Howard.

Il accepte le café, puis il pousse : avec des petits gâteaux… Josée le fixe encore un moment, plus durement, statique. Il va l’attendre longtemps, la réaction explosive, la répartie un peu maladroite qui se déclenche sous la piqûre, le froncement méchant des sourcils. Elle se retourne en posant ses mains à plat sur le comptoir, plaçant là ses pupilles sur les rigoles foncés qui s’écoulent dans la carafe en verre.

« Je connais déjà la fin » qu’elle dit, simplement, pour le film. Des billes de plombs flottent dans le ton léger de cette conversation. Pendant que Louciane décide non seulement de remplir sa fonction de justicier, d’emmerdeur et d’homme de ménage, Josée verse les cafés : un noir, sans sucre. Elles sont rares les occasions d’être déplaisante en se pliant exactement à la demande. Ce doit être l’acting. Elle dépose la tasse sur la table, et en soi, le son ressemble à une provocation. On ne fait pas taire les bonnes vieilles habitudes aussi facilement. L'homme parle.

« Mais tu ne dois pas recevoir beaucoup de visite, pour que quelqu'un frappant à ta porte, provoque une si vive réaction. A moins que ce ne soit le téléphone, qui te provoque tant d’émois ? »

Josée lui offre un sourire sans chaleur : elle se réfugie dans la mécanique de gestes quotidiens, de quoi lui donner la contenance qu’elle recherche, de quoi calmer toutes les considérations qui se décuplent dans sa tête, vitesse grand V. Elle plonge une cuillère dans le pot de miel, en fait fondre dans sa tasse – elle ne donne pas réellement l’impression de réfléchir à sa réponse, mais peut-être juste de se la faire désirer.

« Ne me dites pas qu’après toutes ces années, vous en êtes encore à sous-estimez l’effet que vous avez sur les gens, monsieur Howard… » Fausse flatterie, crocs dans la bouche. Josée s’assied à table en se réchauffant les mains contre la tasse. « C’est que vous êtes très convaincant – elle balaie l’air autour de son visage pour mimer sa gueule de shérif à deux balles -, n’en doutez pas. »

Et quoi encore. Ses yeux tombent sur le café noir du flic, et Josée hausse négligemment une épaule en se lissant une mèche derrière l’oreille : « Désolé, je n’ai pas de petits gâteaux… mais même si j’en avais, rien ne m’obligerait à vous en donner. »

C’est on ne peut plus clair, et ici, on ne parle pas de pâtisseries. Tu peux t'étouffer avec tes préambules d'interrogatoire à l'américaine, ou avec ton café, au choix. Josée se cale contre le dossier de sa chaise en relevant les pupilles – bravade. Quelqu’un n’a jamais aussi peu été le bienvenue à prendre un café. Et quelque part, Josée a tout de même, dans tout ce sel, quelque chose qui s'apparente à une envie qu'il reste un peu : pour voir, pour affronter, pour ce que ça lui rappelle et ce que ça ne lui rappelle pas d'avant. C'est ce que son penchant offensif de nature lui dicte, et elle s'y plie.  On ne s'élève pas sans s'appuyer sur les autres, c'est primaire, primale, et trop vrai.


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Mer 7 Mar - 13:36
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Veins of stone
Josée ft. Louciane



Provoquer, c'est ce que le sergent appréciait le plus. Surtout quand la personne à qui il avait affaire était capable de lui rendre la pareille. Jo semblait être devenue un adversaire à la hauteur. Du moins, c'est ce qu'il espérait. Tous deux jouaient le même jeu, à l'issue des plus incertaines. Le brun savait qu'il pouvait gagner, mais ce n'était absolument pas loyal.
La jeune femme n'avait absolument pas réagit au fait qu'il touche à ses affaires. Tel un gamin, il fut quelques instants hypnotisé par la télé. En réalité c'est le son qui le dérangeait. Mais il ne poussa pas jusqu'à prendre la liberté de l'éteindre. Il ferait avec... Ce fut ses mots, qui le sortir de sa torpeur, tandis qu’elle se tourna, pour se concentrer sur l'écoulement du café dans son récipient de verre. Le flic décrocha de l’écran, clignant longuement des yeux en haussant les sourcils. La fatigue semblait le prendre par surprise, à un moment où il ne s’y attendait pas vraiment.
Il fallait dire que les journées, puis les semaines, devenaient affreusement longues, compte tenu de la conjoncture actuelle. Cette affaire devenait de plus en plus compliquée et avec l’envolé de moineau que subissaient grands nombres des postes de police, le poids que subissait ceux qui restaient devenait de plus en plus lourd.

Son regard suivit le mouvement de la jeune femme, ne relevant absolument pas le son de la tasse, posée de façon si provocante. Si elle tenait à casser sa vaisselle, grand bien lui fasse, c’est pas lui qui nettoierait le café qui se répandrait partout.
Se rendant compte qu’il n’avait plus rien à faire de ce côté ci du canapé, le flic en refit le tour, pour reprendre sa place, appuyé contre le dossier. Il aurait put s'installer sur la chaise, à la table, comme elle. Mais il était bien debout, face à l'entrée, avec une vue imprenable sur tout l'appartement, ou presque. C'était un reflexe conditionné de flic, toujours se placer là il pourrait voir arriver le danger, et s'en protéger. Ou bien était-ce également pour opposer une position de force, les bras croisés sur le torse, en position défensive. A force, l’homme ne réfléchissait plus à ses gestes, l’expérience finissait par parler pour lui.
Silencieux, le brun observa son manège. Jo eut le mérite de lui arracher un sourire et même un très léger rire. Il fallait dire que son imitation était plutôt convaincante et assez drôle à voir.
- « C’est mon plus grand défaut. Finit-il par lâcher. Je crois que je manque encore un peu de confiance en moi. »
Il eut un léger haussement d’épaule, puis fronça le nez comme un gamin timide, gêné sous le moindre compliment, presque rougissant. Bien sûr, il ne poussa pas jusque là. Avait-il déjà rougit un moment dans sa vie, à part de colère ? Jamais… Le Sergent se moquait simplement d’elle, comme elle venait juste de le faire. C’était de bonne guerre, chacun le savait. Cependant leur enfantillage ne les mènerait pas très loin.

Tirant le siège du bout du pied, Louciane consentit à s’assoir face à elle, s’enfonçant dans le dossier de sa chaise. La formule "innocent jusqu’à preuve du contraire", le Howard avait du mal à l’appliquer lorsqu’il s’agissait de mutant. Déjà rien que l’appellation "mutant" les rendait coupable.
S’agissant de celui qu’il avait devant lui, l’homme se montrait des plus méfiants. Ne sachant pas comment fonctionnait sa mutation. Il savait que ce qu’il avait bien put apprendre, en passant quelques coups de fil : que sa mutation se manifestait par le touché. Pour quelqu’un qui avait horreur de se trouver en position de faiblesse, d’un coup il se mit à craindre de ce qu’elle pourrait bien apprendre avec le moindre contact.

Leur regard tombe de concert sur ce café noir, encore fumant. Ce même café qu’il avait été tenté de refuser, et qu’à présent rien ne l’obligeait à boire. Sa pique étira quelque peu le coin droit de ses lèvres. De toute façon, il n’avait jamais été du genre à tremper quoi que ce soit dans ce qu’il buvait. Ce fut à son tour d’hausser les épaules, relevant le nez de la tasse pour plonger ses yeux dans les siens.
- « Du toute manière, les gâteaux, c’est pas fiable. Ça se délite et ça tombe au fond de la tasse. Faut ramasser les morceaux et ça laisse un gout amer dans la bouche. Un peu comme les gens… Dit-il posément, en prenant soin de détacher chaque phrase.
Dans un autre contexte, ça ne voulait pas dire grand-chose. Cependant, sa métaphore voulait souligner, qu’il ne fallait pas trop se fier en ce à quoi on souhaitait avoir confiance. Autrement dit, que ça lui serve de leçon : on l’avait balancé. Sans doute que ça lui passerait l’envie, de rendre de nouveau des petits services.
Farfouillant dans ses poches, le flic en sortit un carnet qui avait déjà bien vécu, puis décoinça le stylo des spirales et jeta le tout sur la table, dans un "ploc" sonore. Finit les enfantillages… C’est bien ce que ce geste voulu signifier.
- Mais pour en revenir à nos moutons, connaissais-tu la victime, Javier Casal ? Parce que, pour savoir où le trouver, il faut le connaître un minimum. Peut être aviez vous les… mêmes fréquentations ? »
Son ton resta le même, extrêmement calme et posé. Pour l’heure, il n’avait pas de raison apparente de s’énerver, ou de la pousser encore complètement dans ses retranchements. Louciane aurait bien joué un peu plus longtemps, cependant il avait un travail à faire et il ne pouvait décemment pas passer sa journée ici.
Le regard perçant, son avant bras se leva à hauteur de son visage, puis son pouce actionna le bouton poussoir du stylo, d’un geste inquisiteur. Sa main s’abaissa de nouveau, stoppant la mine à quelques millimètres de la feuille.

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Mer 25 Avr - 15:48
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Ce flic a de l’humour, mais c’est bien tout ce qu’il a pour lui, alors ça ne le rend pas charmant, loin de là, mais plutôt minable, que pense Josée. Mais bon, après tout, ce n’est qu’un avis - et dans ce cas-ci, il est on ne peut plus personnel. Sauf qu’elle se fiche pas mal de la basse morale qui agite ses intentions et du mépris qui lui suinte des pores comme des sueurs froides. Louciane lui donne cette sainte autorisation de le penser mauvais et, avouons-le, toujours un peu plus désaxée qu’elle, avec sa brillante comparaison entre les gâteaux trempés dans le café et les gens. Josée n’a pas étudié en psychologie (si elle l’avait fait, elle aurait du se regarder en pleine face, et ça, c’est pas dit que ça aurait donné un très bon résultat) et c’est peut-être pour ça qu’elle est prompte à se dire que l’homme devant elle est non seulement un putain de connard, mais aussi un putain de sociopathe, ce qui lui semble être un combo à la juste valeur de monsieur Howard. Il est aussi acteur, et assez caricatural pour réussir à faire flancher la jeune femme qui, lorsqu’elle le voit sortir son calepin et un stylo, roule des yeux vers les hauteurs. Sainte Marie mère de Dieu…

« Mais pour en revenir à nos moutons, connaissais-tu la victime, Javier Casal ? Parce que, pour savoir où le trouver, il faut le connaître un minimum. Peut être aviez vous les… mêmes fréquentations ? »

Cette fois, elle rit - oh, ça ne fait pas de bruit. En fait, ce n’est qu’un soubresaut qui part de sa poitrine et qui, une fois rendu aux lèvres, se doit de les déformer en un rictus pédant pour pouvoir sortir l’air vicié. Josée s’attend presque à ce que le Sergent-Détective griffonne un commentaire sur sa petite feuille quant à cette réaction, et ça, ça ne manquerait pas de lui brûler les yeux encore une fois pour qu’ils balaient le ciel à nouveau. Mais elle n’est plus une adolescente, non ? Elle se tient bien. Deux de ses ongles pianotent sur la céramique de la tasse. Tic-tic…

« Vous voulez une déclaration ? Parfait, je vais vous en faire une. »

D’une impulsion des mains sur la table, la brune se lève. Quatre pas, puis elle éteint la télévision. En revenant s’asseoir, Josée se dit qu’elle va tout expliquer ; calmement, sans rien ajouter ou retirer, parce qu’après tout, elle ne voit rien dans tout ça qui serait susceptible de l’incriminer. Elle a trouvé un cadavre et a refilé à la mama la tâche ingrate d’appeler la police. Elle est donc un témoin, rien de plus, un témoin un peu rat, c’est vrai, mais il n’existe pas de condamnation pour ça, à ce qu’elle sache. Mais quand son dos touche à nouveau le dossier et que ses yeux plongent dans ceux de Louciane, le concept ‘’Responsabilité Civile’’ éclate à l’avant de son front comme une tâche d’encre qui s’étend. En ce sens, Howard fait très bien son travail - intimidateur né. Ou alors c’est cette saloperie de calepin ; quelques bouts de papier, un silence avant la parole, et tout de suite, chaque mot à dire semble beaucoup plus lourd.

Alors oui, Josée était prête à collaborer. Mais c’est une autre salive qui lui coule sur les dents, bien bilieuse, et douce, quand sous ses cils qui s’agitent comme des ailes de papillon sa bouche commence à construire tout le contraire de ce qu’elle avait la bonne intention de bâtir.

« Vous voyez j’avais un peu bu, c’est vrai, mais notre société banalise tellement l’alcool, et comme j’étais avec des amis à moi, vraiment, je me suis cru en sécurité - pensez-vous, faut se laisser aller parfois, laisser sortir la pression, le stress du travail, c’est très dur d’être constamment à son 120 %... bah tenez, l’autre jour, il y a ce client qui est rentré - je travaille à la boutique de disques, vous savez, celle au coin de la 3ème -, et là il s’est mis à faire une scène en disant qu’on lui avait vendu un disque rayé, mais ce connard on le connait bien, ça fait deux fois qu’il vient pour se faire rembourser ce putain de disque en parfait état… la loi du consommateur mon cul. Mais vous êtes probablement d’accord avec moi pour dire qu’il y aurait quelques améliorations à apporter à notre cher système de justice… »

Elle le baratine à fond, sans gêne, les yeux grands ouverts, et le sourire naissant, un peu haineux, se cachant derrière le rebord d’une tasse de café de laquelle elle prend une grande gorgée. Mais avant de laisser l’opportunité à l’officier de répliquer d’une brillante façon - parce que Josée est toujours un peu curieuse de savoir quel genre de pique il lui sortira, ce con, il parle très bien, mais elle aussi -, elle lève brusquement sa main libre en lui faisant signe de se taire, qu’elle n’a pas fini, puis elle dépose la tasse en dodelinant un peu de la tête, du genre bon, d’accord, attendez, désolé, j’y viens…

« Peu importe, j’avais bu, et il y a ce mec, il a commencé à me faire chier avec ses dix milles questions à la con, et il me parlait de son chat qui s’était enfuis de chez lui, et comme quoi je pourrais l’aider à coller des affiches partout, mais merde, il était 3 heures du matin, alors c’était soit un malade, soit un homme complètement détruit par la disparition de son putain de chat de merde, et donc dans tous les cas, ouais, c’était un malade. Et quand je lui ai dit ‘’ bah putain, toi, t’es vraiment un grand malade ‘’, il a mis sa main sur ma cuisse et… l’a glissé sous ma jupe e-et… »

Josée cherche l’inspiration dans le regard blasé d’Howard, la bouche de plus en plus étirée en l’ombre d’un sourire requin qui ne veut pas se résorber.

« … bon mais ça c’était il y a 3 ans. J’imagine que même si je voulais porter plainte maintenant, il serait trop tard… ces enflures, ils s’en sortent tout le temps, n’est-ce pas Louciane ? »

Cette familiarité mal venue conclut d’un coup sur l’enclume leur entretien. Pour Josée, tout du moins. Son visage innocent se durcit brusquement et elle se lève à nouveau en attrapant les deux tasses pour les vider dans l’évier. Haute, elle se tourne vers le Sergent et crache, animée et de plus en plus animal, c’est vrai : « Foutez le camp de chez moi et revenez avec un mandat si vous voulez taper la discut’. Même que je préférerais une convocation au poste de police pour témoigner, ce serait plus civilisé, mais je doute que ce soit votre intention, vous qui semblez tellement convaincu de ma culpabilité. »

Dans sa main vide résonne encore l’écho d’une émotion prise dans la matériau de la tasse touchée par le Détective. C’est fort, et présent, et absolument désagréable. Josée lutte pour ne pas se masser la paume - elle veut juste qu’il débarrasse le plancher, sans rien toucher d’autre, par pitié. Un petit truc lui dit qu'elle a royalement merdé ; mais l'orgueil coriace lui maintient la tête hors de l'eau, et s'assure de laisser placarder sur son visage ce masque froid et résolu.

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Jeu 3 Mai - 15:50
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Veins of stone
Josée ft. Louciane



Ça a le don de l’emmerder, souverainement et profondément.
Le travail de terrain, c’est ce qui l’a toujours le plus attiré dans ce métier. Etre au cœur du problème, les deux pieds dans la merde jusqu’au cou, quitte à s’y noyer. De toute manière, il avait toujours su trouver la sortie. Suicidaire peut être ? Non. L’homme avait toujours su faire face aux balles, se relever après avoir été envoyé à terre, tromper la mort par maintes fois. Tant et si bien qu’il ne comptait plus. Parfois, il en venait à regretter le Vice Squad. Cette époque où il devait tout quitter, pour des mois, être quelqu’un d’autre. Endossé une autre peau, se glisser au milieu de la lie, pour la faire exploser de l’intérieure. Vingt ans… Il avait donné vingt ans de son existence en tant qu’infiltré. Ça avait su laisser ses marques, sur son corps, sur son mental, dans sa vie. Il y avait perdu sa femme, il y avait perdu ses collègues et amis. Des échecs qui lui collaient à la peau comme une poisse. Mais ça ne l’empêchait pas d’y revenir, encore et encore. A l’image d’un gosse jouant à mettre un tournevis dans une prise de courant. Se prendre des châtaignes ça ne suffisait pas. Sans doute s’arrêterait-il le jour où il ferait flamber la baraque et lui avec.
Il était différent à l’époque, le Howard. Seulement il avait su apprendre, à ses dépends, que se montrer sympas ne menait à rien. En ça, il pouvait peut être remercié son père de l’avoir endurci à ce point. D’être devenu ce connard, qu’il lisait dans les yeux de son interlocutrice. Car il avait bien une question à lui poser : est ce que ça aurait vraiment changé quelque chose qu’il se montre plus avenant, plus gentil, plus en courbette ? "Bien madame, pardon madame"… Non, les gens marchaient à la peur et à l’intimidation. Il avait bien comprit ça, en trente ans de carrière. Aurait-il été autrement, qu’aujourd’hui il serait bien bon qu’à gratter du papier, dans la poussière d’un bureau trop sombre. Les yeux soulagés par des carreaux et incapable de tirer droit pour toucher une cible, si ce n’était pas à bout portant. Et encore. S’il avait été cet homme là plutôt, sans doute que ses collègues ne seraient pas morts. Et Kaisa et Lyn aurait toujours Hayden dans leur vie…

Alors devait-il s’excuser d’être brusque ? De heurter sa sensibilité de fine fleur ? Absolument pas. Si elle ne voulait pas attirer l’attention des autorités, elle devrait songer à faire autre chose, que d’escroquer les honnêtes gens.
Louciane voyait bien, que la demoiselle ne le prenait pas au sérieux avec son calepin. Mais elle devait voir aussi que ça l’emmerdait d’être là. Le Sergent-Détective pouvait apprécier le travail de terrain, cependant il préférait encore ramasser des cadavres, en supportant les avances de Gretchen, que de faire du porte à porte.
Ses doigts se glissèrent dans l’anse de la tasse, tandis que la mine de son crayon restait parfaitement immobile. Il n’en avait absolument pas besoin de ce fichu carnet. La plupart du temps, il ne lui servait que d’arme de dissuasion, ou pour que son supérieur lui lâche la grappe. Comme s’il craignait qu’à cinquante balais, Alzheimer ne le frappe déjà. L’homme n’avait pas besoin d’inscrire quoi que ce soit, concernant cette gamine qu’il ne connaissait déjà que trop bien. Car la presque adulte qu’il avait en face de lui, n’en était qu’une pâle copie. La seule différence entre les deux Josée, c’est que la version actuelle semblait avoir acquis un peu plus de vocabulaire.

La tête légèrement penché sur le côté, ses yeux se plissèrent légèrement, tandis que son pouce caressait distraitement la céramique de sa tasse, dont il n’avait pas encore gouté à la boisson qu’elle contenait. Boisson qu’il sentait refroidir doucement sous ses doigts, tandis qu’elle essayait de l’endormir. Pensait-elle que ça prenait ? Ce serait l’insulter. Il avait entendu pire comme baratin. Cependant, la plupart du temps ça avait du sens. Là, tout ce qu’il pouvait constater, c’est qu’elle s’enfonçait un peu plus à chaque phrase. Bien qu’il saisisse également chaque pique qu’elle pouvait lui lancer, faisant flotter un léger sourire sur ses lèvres.  
Sentant quelque fatigue lui tomber sur les paupières, Louciane ouvrit la bouche, mais fut arrêter dans son élan. Pour toute réponse, il haussa les épaules puis étouffa son bâillement dans une gorgée de café. Et il fallait avouer qu’il était meilleur que ce jus de chaussette qu’ils avaient au poste. Reposant la tasse, ce fut au tour de ses doigts de pianoter sur la table. Le flic n’avait rien l’intention de dire, Josée parlait très bien pour deux. Il en vint même à se demander si elle était réellement toute seule dans sa tête, parce qu’il n’entravait pas un broque de ce qu’elle pouvait baver. A un moment, il faillit même lui demander, un peu agacé, où elle voulait bien en venir, cependant elle eut l’extrême amabilité de répondre pour lui.

- « […] J’imagine que même si je voulais porter plainte maintenant, il serait trop tard… ces enflures, ils s’en sortent tout le temps, n’est-ce pas Louciane ? »

Un sourire étira un peu plus ses lippes, échappant un très léger rire, ses dents accrochant sa lèvre supérieure, tandis qu’il inclina quelque peu le chef. Touché…
Là le message se trouvait on ne peu plus clair. Seulement la jeune femme se trouvait au bord de ses limites. Se pinçant la bouche, l’homme prit sur lui pour ne pas lui répondre sur le même registre. Il aurait put obéir. Ramasser son manteau, puis franchir la porte sans un mot. Parfois un lourd silence était bien plus marquant qu’une remarque particulièrement acerbe, il en savait quelque chose. Seulement, il n’était pas de ceux jetant l’éponge si facilement.
Sans relever la tête vers elle, il se leva de la chaise puis plongea sa main dans sa poche interne, sortit sa plaque pour la jeter sur la table. Il fit de même avec ses menottes, puis son arme, dont il retira le chargeur, puis fit sauter la balle de la chambre. Il disposa le tout face à lui, attrapa le carnet vierge pour le ranger, puis reporta son attention sur elle.
- « Voilà. Lâcha-t-il en écartant les mains. Je suis plus flic, si ça peut te détendre un peu.
Son ton était calme, mais dépourvu de la moindre chaleur. Il n’avait pas envie de jouer. Il n’avait pas envie de rester, mais il n’avait pas envie de partir non plus. Le Howard voulait simplement des réponses, et il allait les obtenir.
- Tu veux que je revienne avec un mandat ? C’est vraiment ce que tu veux ? Insista-t-il. Parce que je t’avoue que j’ai que dalle. Il fronça le nez, affichant un air faussement déçu. Mais, il me suffit de déranger le bon juge. Un de ceux qui détestent les mutants. Peut être un peu plus que de raison. Evidemment que c’était une allusion à peine voilée aux Traqueurs. Puis de lui agiter sous le nez ton dossier. J’ai aucune raison pour en demander un, mais il me le signera.
Et il en connaissait le Howard, des juges qui lui signera ce fichu bout de papier simplement parce qu’elle était mutante. Puis compte tenu de la conjoncture actuelle, il n’aurait même pas besoin de se forcer. Quittant la table, il passa devant une étagère, observa le lieu quelque peu dubitatif, puis se tourna de nouveau vers Jo.
- Surtout que, lorsqu’on revient avec un mandat, c’est pas seul. Deux ou trois agents… Peut être même une équipe technique, selon sur quoi on a baratiné le juge pour l’obtenir. Louciane fit semblant de compter sur ses doigts. Ce qui ferait presque quinze lascars dans un si petit endroit.
Ses doigts se posèrent sur un bibelot, comme toute son attention. Un peu à l’image d’un chat s’apprêtant à mettre sans raison la télécommande par terre. Et comme ce même chat, il fit tomber l’objet, le regardant se fracasser au sol. Tendant son index vers les débris, il tourna de nouveau la tête vers Josée.
- Ça, c’est ce qui arrive quand on revient avec un mandat. Sa main se leva à hauteur de son visage, puis fit un grand geste circulaire. Maintenant reporte cet incident à l’échelle de tout ton appartement. Sans compter qu’il n’y aura, ni indemnité, ni excuse. Ton petit bordel feng shui sera tellement chamboulé, que tu voudras déménager. Et tu ne veux pas déménager, n’est ce pas Jo ?
Sa froideur, son ton, sa posture. Tout en lui se retrouvait à mimer son propre père. Jusque dans son regard qui, collait des sueurs froides au gamin qu’il était autrefois. Cet homme qu’il détestait, il en devenait bien plus qu’une pâle copie.
Marchant sur les fragments, sans aucune considération, le Veilleurs se replanta derrière la table, il planta ses poings sur le plateau.
- Maintenant, crois moi ou pas, en vrai, j’en rien à foutre si tu te drogue, si tu te cure le nez au feu rouge, ou paie pas tes amendes. La seule ici qui te crois coupable, c’est toi ! Si je pense que t’aurais put tuer ce type et le balancer dans une poubelle ? L’homme émit un rire jaune, en se redressant. Ton frère en serait capable. Toi ? Il haussa un sourcil. Tu ferais pas de mal à une mouche. Et faudrait être sacrément stupide pour refroidir un mec, revenir sur les lieux en laissant de magnifique trace, puis prévenir les flics. A moins que t’es pas la lumière à tous les étages.
Se dressant de toute sa hauteur, le brun croisa ses bras sur sa poitrine, puis sembla retrouver un ton étrangement plus chaleureux.
- Je sais ce que tu es, et je sais aussi que ça va sacrément dégénérer pour vous là dehors, si les meurtres continuent. Les mutants sont juste les nouveaux noirs, ou les nouveaux juifs, comme tu préfère. Il haussa les épaules. Je veux juste savoir ce que tu as put apprendre sur ce type. Tout ce que tu as put… voir. Louciane marqua un temps de pause, le temps de la laisser un peu digérer. Me force pas à revenir autrement, Jo. Parce qu’il se pourrait que ça réveil d’autres services, qui iront mettre leur nez dans les comptes de ta mère. Et ce serait dommage qu’elle en pâtisse, alors qu’elle veut juste aider son prochain… »
Son regard se planta dans le siens, presque sur un air de défis. La défiant de le foutre encore dehors, ou de faire une autre bêtise. Concernant sa mère, ce n’était pas vraiment une menace, enfin pas totalement. Juste un avertissement. Les services des fraudes n’étaient jamais coulants, avec des escrocs présumés… Le Howard n’ira jamais la dénoncer, il ne tomberait pas si bas, cette pauvre femme ne le méritait pas. Malheureusement, l’obtention d’un mandat pourrait lancer la machine à sa place…

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Ven 29 Juin - 1:13
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«VEINS OF STONE
feat Josée & Louciane
By the law, I call you to shut the fuck up ?



Elle a peut-être cru tenir l’avance . Cru s’en sortir aussi bêtement, cru avoir parlé suffisamment juste pour qu’on ne trouve rien à lui répliquer, rien avoir quoi la menacer ; Josée n’apprend pas très vite, c’est comme avec son frère, ou alors c’est une utopiste qui s’ignore. Il y a dans son tenir tête plus qu’un geste anodin, plus qu’une bravade enfantine. Il semble qu’elle ne résiste pas seulement face au sergent, mais qu’elle résiste pour tout le reste, pour ce que ça signifie au sens plus large et plus complet. Sauf que qui ici verra, sauf si ce n’est elle et Louciane, qu’elle a trouvé une pique bien pensée ou qu’elle a réussi à se défiler durant deux minutes de plus face aux questions du policier ? Force lui est de constater qu’un vieux réflexe de rébellion coléreuse - qui ne lui rend pas service, soyons franc - lui tient encore la tête en étau et la bouche en grippe.

« Tu veux que je revienne avec un mandat ? C’est vraiment ce que tu veux ? (Évidemment que non, pauvre bourrique.) Parce que je t’avoue que j’ai que dalle. Mais, il me suffit de déranger le bon juge. Un de ceux qui détestent les mutants. Peut être un peu plus que de raison. Puis de lui agiter sous le nez ton dossier. J’ai aucune raison pour en demander un, mais il me le signera. »

Cette allusion lui fait lentement monter la moutarde au nez - les iris brodés d’acier de la jeune femme s'assombrissent, et elle ne bouge pas, observant fixement Louciane, comme prise d’une soudaine patiente sagesse que l'imminence du danger impose. À retardement, elle comprend, voit le chemin tout tracé qui les attend mais qui lui était resté dissimulé sous l’épais feuillage de sa rancoeur. Elle le méprise, profondément, mais devine aussi en elle-même que ce mépris n’est pas spécifiquement dirigé vers le flic ; seulement il en fait les frais, comme elle fait aussi les frais de la mauvaise humeur du bonhomme. Deux rancis à la bile acide, qui tape sur tout le monde, parce que tout le Monde tape sur eux.

Louciane fait mention d’une équipe technique, cadeau venant avec un potentiel mandat, faisant gentiment pour elle le décompte du nombre de joyeux lurons qui pourraient envahir son espace personnel. Il se doute, que pense Jo avec effarement. Il ne sait pas ce que je fais, mais il se doute. Après tout, c’est assez flagrant… La jeune femme se crispe lorsque la main du sergent se pose sur un de ses précieux bibelots, et lorsqu’il éclate au sol, quelque chose qu’elle pensait être de la colère lui jaillit des tempes et du ventre ; mais ce n’est rien d’aussi amer, non. Un étrange sentiment de trahison lui prend l’estomac, couplé d’une grisaille prenante qui s’abat sur sa tête lourde. Elle fixe l’objet morcelé, le souvenir dissout à jamais, les molaires si serrées qu’elles lui rendent les gencives douloureuses.

Ça, c’est ce qui arrive quand on revient avec un mandat. Maintenant reporte cet incident à l’échelle de tout ton appartement.

Sa main s’est refermé sur le dossier de la chaise devant elle et serre férocement, autant pour la soutenir que pour se défouler l’envie de se transformer en boa constrictor. Un être détestable, détestable - puis Josée se retrouve déjà à haïr des gens qu’elle ne connaît pas encore, mais qui pourraient, potentiellement, saccager ce qui la maintient à flot. Sauf qu’elle n’est pas née victime, mais agresseuse, qu’elle pense, qu’elle aime penser, pour se donner le pouvoir qu’elle n’a pas, alors elle ne va pas s'apitoyer, même pas en pensée ; le regard sec et dur, la mutante dévisage le flic qui revient se planter de l’autre côté de la table avec l'aplomb que tous les connards ont quand ils pensent qu’ils ont raison de faire ce qu’ils font. Elle le sait bien : son frère est comme ça.

Et justement, parlant de son frère - bien qu’elle l’ai à peu près physiquement sorti de sa vie, il reste son point faible le plus laid. Buter un type et le balancer dans une poubelle, donc : « .. Ton frère en serait capable. Toi ? »

Toi ?

Avec doute, avec mépris, avec moquerie.

Josée voit rouge. Elle, oui, elle, ELLE ! Bien sûr, elle n’est pas aussi horrible que Samuel et ne le sera jamais. Ce n’est pas comme si elle n’avait pas suffisamment essayé ; mais cette défaite lui reste encore en travers de la gorge. Le flic le sent, le flic l’utilise. Il appuie sans remord sur ses vieilles faiblesses de petite fille (serait-elle encore une petite fille ? Un moment, elle doute d’elle-même). Après tout, cette comparaison entre son frère et elle manque de lui faire tourner de l’oeil tellement elle l’enrage. Josée ne voudrait pas être capable de tuer un homme, Josée voudrait seulement égaler son frère dans son ignominie, pour ne pas le laisser seul dans son horreur ou pour ne pas être laissé pour compte, derrière la violence de son aîné qui a toujours pris trop de place. Prosté quelque part à cheval entre d’anciennes chimères et un enjeu encore très présent, le brune prend à peine conscience de Louciane qui bouge, croise ses bras sur son torse, s’assouplit très légèrement…

Mais il a raison.

Tout le monde a toujours raison, de toute façon, et c’est pour ça que Josée doit absolument s’empresser de tous leur donner tort. Le sergent évoque sa position, la sienne et celle de tous les autres mutants, et il a raison une fois de plus. Il évoque sa mère, aussi, et il a raison, encore. Josée est livide. Ses yeux fixent un point sous le menton du flic. Elle a l’impression d’entendre à nouveau, dans le silence qui retombe, l’éclatement du bibelot de verre sur son parquet. Quand elle ouvre la bouche - sans relever les yeux, vaincue mais tout de même obstinément solide sur ses pieds et dans le ton de sa voix qui se contrôle -, sa langue est pâteuse, mais son discours limpide. Ce ne sera pas la première fois qu’elle se livre à Louciane.

Quand elle avait 13 ans, ils y ont déjà passé plus de 25 minutes jusqu’à ce qu’elle arrête de faire le bouclier de son frère et qu’elle avoue partiellement la faute qui n’était pas la sienne, mais celle de Samuel. Elle se demande si le flic s’en souvient; du poids qu’il lui avait retiré des épaules, même avec sa mine sévère, avant de la laisser seule avec son honteux sentiment de déloyauté. Ou peut-être est-elle trop clémente de prêter à Louciane une telle sensibilité des autres. Non, probablement n’a-t-il pas réalisé, et encore une fois Josée a raison d’être en colère et de sentir qu’elle a toujours été seule avec ses misères depuis que son père est mort. C’est plus simple ainsi.

« Il s’appelle Javier, il a 24 ans. » Josée ne se sent pas de laisser partir la mémoire d’autres macabés aujourd’hui. « C’est sa mère qui m’a demandé de le retrouver, ça faisait quelques jours qu’il n’avait pas donné de nouvelles… elle avait raison de s’inquiéter, les mères ont vraiment le flair pour ce genre de choses. »

Ça la désole et la débecte profondément, elle ne cherche pas à le cacher. Doucement, elle lâche le dossier de la chaise et repose le bas de son dos contre le rebord du comptoir de cuisine en croisant ses bras sur sa poitrine.

« La mère du type, c’est une connaissance de ma mère à moi, c’est tout, du travail je crois, c’est comme ça qu’on est entré en contact. Je suis allé chez elle et j’ai commencé mes recherches de là, j’ai essayé de… remonter le fil des dernières heures, pour savoir où il était allé. »

Évasive, elle l’est. Mais ses yeux sont remontés dans ceux du flic et laisse entrevoir qu’elle n’épargne aucune information importante à l’enquête. Ce qu’elle tente de préserver, c’est la pudeur de son esprit, les mécanismes de sa mutation. Ça, ce n’est en rien une chose qui concerne Louciane. Un peu plus sèchement, elle avance : « Je ne sais même pas comment il est mort ! Tout ce que j’ai fait, c’est de réussir à trouver par où il s’était tiré, puis où il avait échoué pour la dernière fois ; j’ai même pas réussi à savoir qui l’avait jeté dans cette benne, et je suis bien contente de n’avoir rien vu, pour être tout à fait honnête. »

Mais il manque juste un tout petit bout à la courte histoire, assez peu incroyable et très décevante il faut l’avouer, après tout le mystère l’ayant entouré. Le visage de Josée bifurque vers la fenêtre, et sa main monte sur son biceps pour se tenir plus fermement. D’un coup, elle s’en fiche bien de raconter ça à Louciane ou à quelqu’un d’autre ; faut qu’elle le dise, c’est tout. Sinon ça va lui rester dans la matière grise, et ce n’est pas quelque chose qu’il est plaisant de revisiter en rêve parce qu’on a omis de s’en débarrasser durant le jour.

« Je crois avoir ressenti comment il est… avoir ressenti ce que lui a ressenti, en mourant. Ne le dites pas à sa mère, mais ça n’a pas été sans douleur. Il n’était pas encore mort quand on l’a mis dans cette benne, d’accord… ? C’était comme être très malade, gangrené de partout à l’intérieur par quelque chose de très violent, une maladie, ou un poison, pas de la drogue ou de l’alcool, je n’arrive pas vraiment à l’expliquer… Ça se corrodait dans les veines comme s’il avait soudain été fait de métal. »

Elle s’arrête là, ravalant dans une lente déglutition des descriptions de plus en plus floues lui venant à l’esprit ; pour fuir le souvenir des sensations, il est vrai, mais aussi parce que Josée ne voit pas l’intérêt de se lancer en figures de style pour parler de ressentis quand ce sont les faits qui compte. De plus, elle sent que la mort n’a pas besoin d’autant de fioritures - elle est seulement laide et définitive, elle ne veut plus en parler. D’une impulsion qui mange d’énergie, la jeune femme décolle ses reins du comptoir et va s’accroupir au pied de la bibliothèque pour ramasser les fragments du bibelot. Elle n’a pas su cacher sa perte, aussi ne sent-elle pas qu’elle doive faire semblant de se foutre du sort de ses babioles. Louciane a plus de flair qu’un cleb, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé de lui tenir tête. En posant ses doigts sur un morceau de porcelaine, Josée s’attend à entendre s’élever la voix grave de l’agent qui lui demande plus amples explications, ou qui la pousse, dans un sens ou dans l’autre, à corriger son tir. Mais c’est une image qui l’agresse, brutale, explosant sur ses rétines comme une encre opaque. La mutante sent toujours le fragment du bibelot dans sa main, son seul lien tangible avec sa réalité, mais ses yeux ont été remplacés par ceux d’un homme qui vient de s’arrête sur le pas de la porte de sa maison. Elle est debout, voit une femme et une fillette tournant brusquement leur tête vers elle, puis elle la sent ; l’émotion rugueuse aux contours troubles, une colère et une peur atroce qui se râpe sur les confins d’une raison qui s’émousse, d’un amour, d’un devoir familial, d’un secret si lourd qu’il menace, durant une seconde, de les emmener tous les trois plus bas qu’eux-même.

Josée bouge le bras. Dans l’instant présent et dans le souvenir. Mais dans le rêve, la sensation tiède de la porcelaine est remplacée par l’effleurement d’une crosse froide en métal. Ça hésite, ça se déchire, et tout semble ralentir, comme une masse lancée à toute allure qui percute l’eau et qui s’enfonce, d’abord rapidement, puis qui décélère jusqu’à donner l’impression de ne plus du tout bouger. Josée émerge avec autant de violence qu’elle est rentrée dans le souvenir, bien que ça ne fasse ni bruit ni geste. Elle laisse simplement tomber le fragment sur le sol avec un frisson d’effroi, muette, si bien qu’on est en droit de se demander si la porcelaine ne vient pas de devenir aussi chaude qu’une braise sortie du feu comme par enchantement.

La mutante n’a pas besoin qu’on lui explique quoi que ce soit - pas besoin de précision des noms, de la date, de l’heure ; elle a vu le souvenir autant qu’elle l’a vécu. Elle était Louciane, elle a surpris son enfant et sa mère user de pouvoirs insoupçonnés, elle savait ce que c'était, elle savait ce qu'elle devait faire, ce qu'elle n'a pas fait, c’était avant l’annonce des mutants.

C’était avant l’annonce des mutants.

Josée se sent désincarnée - la présence du policier dans son appartement semble plus réelle et souffrante que la sienne. Très prudemment, la jeune femme étire à nouveau la main et ramasse un deuxième morceau, puis un troisième, et un quatrième, en silence, les plaçant dans sa paume ouverte, incapable de regarder en face la réaction de Louciane. A-t-il compris ? Coupable, troublée, la mutante se sent aussi transparente que l’agent a pu l’être pour elle, et contre sa volonté. La bouche sèche, elle finit par dire à mi-voix : « Tu as la meilleure place. »

Elle s’est arrêtée de ramasser, mais continue de fixer l’étendue des dégâts. Ce n’est rien comparé à ce qui s’en vient.

« Quand tout ça va commencer - et on ne sait pas exactement de quoi elle parle, mais on devine qu’il s’agit de leur société fragilisé, des nouveaux juifs, voilà -, toi, tu pourras choisir. Choisir qui sont les gentils, qui sont les méchants… Tu seras du côté que tu le monde voudra être, le côté qui désigne, pas le côté qui subit.  »

C’est assez simple, et on pourrait aussi croire qu’elle fait allusion à son rang dans les forces de l’ordre. Mais ce n’est évidemment pas à cela qu’elle fait allusion. Josée relève la tête et le dévisage, toute animosité envolée - les mots restent pourtant tranchants dans sa bouche, ses paroles semblent empreintes d’une grande fatigue.

« J’espère que tu feras le bon choix. »

Tu l’as fait, une fois.

Je le sais, je l’ai vu.

Puis ses doigts retournent grappiller ici et là les derniers morceaux de porcelaine qui jonchent le sol, et bientôt, il ne reste plus aucune trace du drame, mais ce n’est pas pour autant qu’ils vont l’oublier.

©️ Kanae de Never-Utopia

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Mer 22 Aoû - 23:13
Louciane J. Howard
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Veins of stone
Josée ft. Louciane



Est ce qu'il se sentait particulièrement fier d'user de ce genre de ce stratagème ? De se muer corps et âme dans le rôle du connard arrogant que tout le monde voyait en lui ? Ce n'était pas toujours le cas. Il aurait eut affaire à une petite frappe notoire, que ça ferait longtemps qu'il aurait retourné tout son fourbit et qu'il lui donnerait les réponses qu'il attendait, le tarin collé contre la table. Il aurait put tenter d'aller se plaindre. Seulement ça aurait été sa parole contre la sienne, puis ça aurait fortement joué contre lui.
Ici il ne s'agissait pas du pécore lambdas, ayant l'habitude de cracher sur les pompes des forces de l'ordre. Il était question d'une gamine avec laquelle il avait un sacré passif. Une gamine qu'il avait tenté de ramener sur le droit chemin, avec des méthodes bien à lui. Des méthodes violentes, brusques et souvent controversées, mais qui souvent s'avéraient efficace. De toute manière, le Howard n'était pas capable d'en user d'autres, c'était comme ça qu'il avait été élevé. On lui avait appris la rigueur et la dureté, pas la tendresse. Même avec sa propre fille, il se montrait souvent sévère. Mais au moins, il avait la satisfaction de ne pas la voir faire autant de bêtise, et commettre autant de stupidité, au nom d'une rébellion futile, que tous ces gamins qu'il avait ramassé et envoyé en centre pour les plus chanceux. En prison pour les plus irrécupérables. Josée, elle pouvait bien le détester, le flic avait toujours su qu'elle s'en sortirait, à la différence de son frère.

Pousser les gens dans leur dernier retranchement, effleurer les limites que lui imposaient son badge, c'était sa façon de faire, et il lui était difficile de s'en écarter. Après tout, pourquoi changer de méthode, alors qu'elle fonctionnait très bien ? Louciane voyait bien dans le regard de la gamine que ça prenait. Son manège, ses arguments… Il était en position de force de toute manière, il le savait très bien. Il ne lui appartenait que de choisir d'en abuser ou non. Bien qu'il espérait ne pas en venir à ces extrémités. Il lui avait dit, qu'il n'avait rien contre elle. A Josée de le croire de bonne foi ou non. De toute manière, le sergent repartirait avec des réponses, d'une façon ou d'une autre.
Lorsqu'elle prit enfin la parole, ravalant la colère qu'il lisait au fond de ses yeux, l'homme en fut presque surprit. Mais il avait aussi presque l'impression que ca lui enlevait un poids des épaules. Aussi, il ne la coupa pas une seconde, se contentant de l'écouter en silence, prenant des notes mentales de tout ce qu'elle pouvait lui révéler. D'important ou non, chaque piste était bonne à prendre. Et à mesure qu'il l'écoutait, le Howard tentait également de comprendre, comment peut bien fonctionner sa mutation. De toute manière, il n'y avait bien que par les enquêtes, qu'il pouvait se constituer un dossier personnel des mutants de la ville. Car quand bien même les Veilleurs avaient fondés le DCRM, ils n'avaient aucun droit de regard sur les dossiers. Un sacré retour de bâton. Car même sa plaque, n'en légitimait aucunement l'accès.

Au final, elle ne lui dit pas grand chose de plus qu'il ne savait pas déjà. A par confirmer le fait qu'elle ne connaissait réellement pas la victime, et encore moins sa mère. Pourtant Louciane avait espéré qu'elle ait vu quelque chose. N'importe quel indice qui pourrait lui donner une idée sur l'identité du suspect. Car pour l'instant, à part une vague idée de son profil psychologique, leur dossier restait désespérément vide. Les victimes n'avaient aucun lien entre elle. Il y avait aussi bien des humains que des mutants. Tout ce qu'il pouvait définir, c'est que c'était une personne qui n'avait aucun scrupule, et paraissait bien connaitre la ville. Ce qui englobait une bonne partie des truands des environs.
Baissant la tête, l'homme se massa l'arrête du nez entre le pouce et l'index, prêt à abandonner. Il valait mieux en rester là. Cependant, ce qu'elle ajouta à la fin attira tout son intérêt. Jusqu'à maintenant il avait pensé à une nouvelle drogue, qu'ils testaient sur le marché, se servant dans leurs clients comme de cobaye plus ou moins consentant. Seulement il y avait bien trop de mort ailleurs, pour conserver cette hypothèse. Parce que depuis le temps les dosages auraient du être ajusté. A moins qu'il ne s'agisse d'une substance ressemblant au krokodil.
- « Dans ce cas là, il s'agirait d'autre chose que d'une drogue. Et là les choses vont se corser. » Dit-il, plus pour lui même, qu'en s'adressant directement à Josée.
Ça le démangeait, au passage, de lui lancer que c'était pas si compliqué de dire les choses. Et si elle lui avait dit depuis le début, il serait déjà partit. Seulement il s'abstint de cette réflexion.
Fronçant les sourcils, il l’observa se déplacer, pour la voir venir ramasser l’objet qu’il avait brisé. C’est qu’il l’avait déjà oublié celui-là. Louciane aurait put lui proposer de l’aide, mais ça aurait été quelque peu sournois. A la place, il se perdit dans la contemplation silencieuse des débris qui quittaient le sol, pour se poser au ceux de sa main. Puis d’un seul coup, ses mouvements devinrent étranges, comme si elle était perdue dans une sorte de léthargie. Puis le morceau qu’elle tenait lui échappa. Comme si elle venait de se couper. Seulement elle n’eut aucune réaction, face à une éventuelle coupure. Venait-elle de voir quelque chose ? Certainement au sujet de la personne à qui appartenait ce bibelot, s’il ne lui appartenait pas au départ. Un cadeau sûrement ? Le Sergent-détective était à mille lieux de se douter, que la jeune femme ait put voir quelque chose à son sujet, alors qu’il l’avait à peine touché.
Quand elle ouvrit de nouveau la bouche, le Howard en fut si troublé qu’il ne sut pas quoi répondre. Un sourire étira ses lèvres, tendit qu’un léger rire s’en échappa. Elle avait craqué ou quoi ?
- « Tu sais pas de quoi tu parle… Commença-t-il, avant d’être coupé par son regard.
- J’espère que tu feras le bon choix.
Ses paupières se plissèrent faiblement, sa tête penchant légèrement de côté. Qu’est ce qu’il devait comprendre par là ? Bon sang mais qu’est ce qu’il s’était passé avec cet objet ? D’un coup c’était lui qui se sentait gêné, et s’en était très déstabilisant. Le Howard semblait comprendre quelque chose, sans vraiment saisir quoi. Elle avait vu quelque chose le concernant, s’en était certain et ça concernait les mutants.
Le plus sage était encore de ne pas rester plus longtemps en sa présence. Alors autant filer à l’anglaise, sans perdre la face.
[color=#006666]- Je crois que tu as besoin de te reposer.[/colr] Finit-il par dire, attrapant son manteau, échoué sur le dossier du canapé. Si jamais il y a quelque chose qui te reviens, au sujet de ce que tu as vu. Ou bien sur une personne qu’on t’enverrais chercher, tu sais où me trouver. »
Remettant son manteau, il se dirigea vers la sortie de l’appartement, hésita quelques instants avant de toucher à main nue à la poignée de la porte, puis se décidé finalement à l’ouvrir tout de même. Se retournant à demi sur le pas de la porte, le front bas Louciane lança par-dessus son épaule sans vraiment articuler plus que ça.
- « Merci… Jo. »
A ses mots, il referma la porte sur la jeune femme, et sur ce qu’elle avait bien put découvrir à son sujet.

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[Terminé]

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