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Rosamund | This is how our story begin Empty Rosamund | This is how our story begin

Jeu 1 Fév - 21:29
Edward T. Seymour
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Edward T. Seymour
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This is how our story begin




C'était un histoire étrange, inquiétante. Au début, il n'y avait eu qu'un cas banal de junkie retrouvé mort après une overdose. Et puis les cas s'étaient multipliés, touchant des individus particulièrement clean et éloignés du milieu de la drogue. La rumeur s'était répandue comme une traînée de poudre pour finalement exploser en plein Killingworth : un mystérieux mal touchait des gens au hasard et causait leur mort. Dans les villages, on chuchotait que le Diable ou toute autre créature maléfique était à l'origine de ce fléau, et nul n'osait plus sortir après la tombée de la nuit, de peur de figurer dès le lendemain parmi les victimes. Edward ne croyait pas à cette histoire ridicule de fantôme, de monstre ou de démon. Pour lui, c'était une affaire humaine, bien trop humaine. C'était un fou qui se prenait pour un saint et se permettait de choisir qui pouvait vivre ou mourir. Un cinglé qu'il fallait arrêter au plus vite. Repliant le journal qui étalait en première page des suppositions toutes plus rocambolesques les unes que les autres au sujet de ce mystérieux tueur, Edward soupira. Si les gens étaient bêtes, les journalistes l'étaient encore plus. Leur boulot ? Attiser la peur, la couleur ou l'euphorie pour venir graisser les presses de leurs maudits torchons. S'il s'agissait bien d'un tueur, il devait être en train de jubiler de la publicité qui lui était faite et, à n'en pas douter, il devait prendre un malin plaisir à voir les foules le craindre. Qui pouvait bien être ce type ?

Assit dans l'un des couloirs du palais de justice, Edward dévisageait chaque individu qui avait le malheur de croiser son regard. Et si c'était cette secrétaire un peu sèche qui lui avait dit d'attendre ? Ou ce jeune assistant du procureur tellement nerveux qu'il en avait renversé son latte sur sa chemise bon marché ? Tous ces gens avaient en eux le potentiel pour être des héros ou des meurtriers. Le talon de sa chaussure tapant avec impatience au sol, Edward jeta un coup d'œil à la montre hors de prix qu'il portait au poignet. Dire qu'il aurait pu terminer de préparer une ou deux plaidoiries si on ne l'avait pas sommé de se présenter devant le bureau de cette juge... Maniaque et pointilleux à l'extrême, Edward ne supportait pas d'être en retard et avait en horreur les retardataires, et ce pour quelle que raison que ce soit. Une panne de réveil ? Irrecevable. Un macchabée sur la chaussée ? Idem, après tout, ça ne le ramènerait pas à la vie de lui tenir la main. Quand enfin la porte du bureau de la juge s'ouvrit, son assistante à l'allure guindée et au tailleur bien trop strict pour une trentenaire leva les yeux de ses notes pour lui adresser quelques mots d'une voix haut perchée qui irrita profondément l'aristocrate.

Maître Seymour ? Veuillez me suivre, je vous prie, la juge Wilkins va vous recevoir.

Hochant la tête, Edward se leva et suivit la jeune femme jusqu'à un bureau chaleureux aux murs couverts de bois couleur acajou. Sur les murs, des peintures plus ou moins abstraites des paysages que la juge avait l'occasion de voir lors de ses nombreuses randonnées. Âgée d'une cinquantaine d'années, Georgiana Wilkins était une femme élancée aux visage carré dont les traits semblaient avoir été taillés au couteau. Elle portait une coupe courte d'un rouge si vif qu'il en jurait avec le chemisier vert émeraude qu'elle arborait. Edward se surprit à imaginer un lutin du Père Noël, en la voyant ainsi vêtue. Lorsqu'elle vit l'avocat entrer, elle releva les yeux du dossier qu'elle était en train de parcourir et posa les petites lunettes rondes qui étaient perchées au bout de son nez en trompette. Se levant de son siège, elle tendit une main à Edward.

Ah ! Seymour ! Pardonnez mon retard, j'étais au téléphone avec le procureur du district. Un homme charmant, mais il a tendance à se perdre en détails inutiles. Un café, un thé ?

Edward dissimula bien mal sa grimace : non seulement il n'aimait pas le retard, mais il avait en plus horreur qu'on l'appelle simplement par son nom de famille. Il aurait presque préféré qu'elle l'appelle par son prénom mais rien à faire ! Depuis qu'ils se connaissaient – assez pour qu'il connaisse les dates d'anniversaire de ses enfants et elle son affection pour le thé aux agrumes – elle n'avait jamais réussi à se débarrasser de cette habitude de l'appeler par son nom.

Un thé ce sera parfait, merci, se contenta-t-il de dire en s'approchant des peintures accrochées aux murs pour les observer.

C'est une sale affaire, croyez-moi... qu'un junkie se foute en l'air après un fixe de trop, c'est une chose, mais que sa mort entraîne celle de gens qui n'ont rien à voir, c'en est une autre !

Edward esquissa un sourire. C'était toujours amusant de voir à quel point cette femme pouvait être faite de contraste : de brillantes études, une connaissance pointue et irréprochable des lois... mais un langage qui laissait parfois à désirer.

J'ai cru comprendre d'après le journal que toutes les rumeurs possibles et imaginables tournaient à ce sujet ? Vous avez une idée de l'individu auquel on a affaire ?

Aucune ! C'est le néant total ! On a ni preuve, ni indice ni quoi que ce soit. Seulement des cadavres et les habitants qui paniquent. Il va falloir faire quelque chose, Seymour. Je ne vous demande pas si vous voulez du sucre dans votre thé.

Elle avait l'habitude. Elle savait que son ses airs de type froid prêt à boire un café noir, serré, sans sucre et presque sans tasse, Edward prenait en réalité son thé avec une quantité de sucre à faire pâlir un diabétique. Remerciant la juge, l'avocat pris sa tasse et en sirota une gorgée, appuyé contre la petite cheminée décorative qui trônait dans un coin de la pièce.

Faire quelque chose ? Madame la jure...

La prochaine fois que vous m'appelez comme ça, je vous fais mettre en cellule, Seymour.

Goergiana... Expliquez-moi pourquoi je suis ici. Je suis avocat, mon boulot c'est de défendre ceux qui me payent pour le faire, pas d'enquêter ni de chercher des indices.

On se calme, Seymour. Avec votre costard à 1500£, je me doute bien que vous n'allez pas aller vous crotter au milieu des scènes de crime. Mais je n'aime pas le répéter alors je vous propose qu'on attende celle qui sera votre équipière sur cette affaire.

Edward se redressa, les sourcils froncés. Son équipière ? Allons bon... elle n'allait tout de même pas lui coller un flic dans les pattes ! Seulement, avant qu'il n'ait pu demander à qui la juge pensait, trois coups furent frappés à la porte et l'assistante de la juge entra, accompagnant une jeune femme visiblement essoufflée qu'Edward reconnu aussitôt. Son sang ne fit qu'un tour et il la fixa un moment comme s'il venait de voir un fantôme. À cet instant, deux émotions bataillaient en lui : la joie timide de la savoir ici et l'agacement de savoir qu'elle n'avait même pas pris la peine de lui écrire depuis qu'ils s'étaient revus. Comme s'il avait le droit de s'attendre à quoi que ce soit ! Les voyant se dévisager l'un et l'autre, la juge esquissa un sourire.

Bien, on dirait que vous vous connaissez ?

En effet, marmonna Edward en plongeant le nez dans sa tasse de thé.

Parfait ! Puisque vous m'épargnez les présentations, commençons ! Fraser, venez vous asseoir. Seymour faites-moi plaisir et asseyez vous aussi, j'en ai assez de me tordre le cou pour vous regarder dans les yeux.

Obtempérant, Edward vint s'asseoir et posa sa tasse à moitié vite dans la soucoupe que la juge avait pris soin de placer sur le bureau. Elle les regarda un instant avec une lueur malicieuse dans le regard puis ouvrit un nouveau dossier.

Bien ! Comme vous le savez sûrement, c'est une affaire un peu particulière qui nous réunit aujourd'hui. Nous avons un meurtrier dans la nature qui s'amuse à faire passer ses meurtres pour des suicides ou des overdoses. Notre homme, ou notre femme, est invisible et inconnu. Nous avons besoin de tous les renseignements possibles car la police patauge complètement.

Au risque de me répéter, mad... Georgiana, miss Fraser et moi-même sommes avocats, pas enquêteurs. Je ne doute pas du travail de nos policiers mais je doute qu'ils apprécient que nous marchions sur leur territoire.

Oh, je vous en prie, Seymour ! Ce sont des grattes papiers tout juste bon à faire la circulation ! Ils ne sont pas formés à ce genre de situation, ils sont dépassés ! La moitié se sont mis en arrêt maladie de peur de se faire avoir par le tueur... On a vu mieux... et il n'y a pas que ça.

Edward tourna brièvement les yeux vers Rosamund, croisa son regard et compris qu'il n'était pas le seul à ne rien comprendre.

Il s'avère que James, le fils du procureur que j'avais en ligne tout à l'heure, est une victime de ce tueur. Le pauvre est bouleversé et tient à ce que tout soit mis en œuvre pour que l'on retrouve le monstre qui a fait ça. J'ai besoin de personnes de confiance sur cette affaire et... vous êtes les deux avocats en qui j'ai le plus confiance à cent bornes à la ronde.

C'était bien beau mais... Edward se retint de justesse de répéter une fois de plus qu'il n'était pas flic.

J'vous vois venir, Seymour. Je ne vous demande pas d'aller relever des empreintes ou de ramasser des cadavres, simplement d'aller interroger nos premiers suspects, les familles des victimes et tous ceux que vous jugerez bon d'interroger. C'est plus clair ?

Edward hocha la tête, pourtant peu convaincu. La juge se laissa aller contre le dossier de son fauteuil en cuir et regarda tour à tour les deux avocats.

Je ne vous ai pas choisis par hasard. Vous, Seymour, vous avez un carnet d'adresse long comme le bras. Vous, Fraser, une compréhension de l'humain et une bienveillance que n'a pas Seymour. Ne me fusillez pas du regard, c'est vrai. Vous seriez incapable d'annoncer à une mère le décès de son enfant sans être insultant au passage. Est-ce que je peux compter sur vous ?

Et voilà. Une pique bien sentie et pleine de vérité, et c'était tout comme préambule. Toujours aussi perplexe, Edward resta sans voix, espérant secrètement que Rosamund viendra à sa rescousse.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Jeu 1 Fév - 21:41
Rosamund A. Fraser
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Rosamund fulminait au volant de sa Prius. Elle avait oublié à quel point les bouchons encombraient Newcastle le matin. Nerveusement, elle tapota le revêtement du volant de ses doigts fins, vernis d’un rose pâle discret et jeta un œil dans le rétroviseur, croisant son propre regard à mi chemin entre le vert foncé et le noisette. Elle avait les traits quelque peu tirés, s’étant levée de très bonne heure sur la demande de Christian, pour une « affaire de la plus haute importance » selon ses mots.

Elle était arrivée à sept heures tapante dans le cabinet d’avocats du White Swan Centre, vêtue d’une veste de costume noire et d’un pantalon à pinces assorti. En dessous, elle arborait une blouse en mousseline rose poudré. L’ensemble, parfaitement taillé, provenait d’un jeune couturier italien qui commençait à se faire une place dans le milieu de la mode. Elle en avait eu pour facilement 500 livres mais ne regrettait absolument pas cet achat, qui flattait sa silhouette de trentenaire.
Alors qu’elle déposait ses affaires sur son bureau et se préparait à enlever son long manteau gris, Christian l’arrêta d’un signe de main.

- Rosamund, vous ne restez pas ici. On vous attend dans le bureau de la juge Wilkins à Newcastle à 9 heures précises. Vous avez été demandée sur une affaire de la plus haute importance.

Rosamund leva un sourcil en marquant un temps d’arrêt. Elle avait eu affaire à la juge Georgiana WIlikns plusieurs fois depuis son entrée en fonction à Killingworth. Le courant était relativement bien passé entre les deux femmes, aidées par la bonne volonté de Christian qui avait décidé de se charger personnellement du résautage de son associée. L’avocate respectait profondément la juge, qui avait su s’imposer et se faire respecter par tous les hommes qui peuplaient le Palais de Justice. C’était elle, également, qui avait présidé le premier procès de Rosamund à Newcastle et elle avait pu apprécier toute l’étendue de ses capacités, qu’elle n’avait pas manqué de complimenter par la suite.
Cela étant, la trentenaire se demandait bien pourquoi la juge avait fait appel à elle. Après tout, elles ne se connaissaient que depuis quelques mois et il devait y avoir autour d’elle des dizaines d’avocats compétents qu’elle avait pu côtoyer depuis bien plus longtemps !

- Mais je ne sais même pas quelle affaire la juge veut me confier, comment pourrais-je me préparer ? Et les affaires en cours ?

Christian balaya les préoccupations de l’avocate d’un gentil revers de main, avant de poursuivre.

- Malheureusement je n’en sais pas beaucoup plus que vous, si ce n’est que cela semble traiter des morts mystérieuses qui frappent la région depuis quelques semaines. Ceci étant dit, je pense que vous ne devriez pas rester bloquée sur ce problème très longtemps, vous aurez un coéquipier à ce que j’ai cru comprendre… Et ne vous occupez pas des affaires en cours, nous nous les répartirons jusqu’à votre retour. Allez Rosamund, foncez, vous allez être en retard !

En soupirant, la jeune femme rattrapa sa serviette en cuir et quitta le cabinet à toute vitesse. Dans l’ascenseur, elle échangea sa paire de talons hauts, assortis à la couleur de sa blouse, par une paire de tennis en tissus qu’elle gardait toujours dans son sac pour conduire et s’engouffra dans sa voiture avant de s’éloigner de Killingworth à toute vitesse.

Bloquée comme elle l’était dans les bouchons, elle eut tout le loisir de repenser aux diverses morts étranges qui avaient marqué le Northumberland récemment. Honnêtement, Rosamund n’y avait pas vraiment fait attention. Elle n’écoutait que rarement les infos, allergique comme elle l’était au journalisme racoleur qui se vendait aux heures de grande écoute. Quant aux journaux, elle les lisait de manière distraite, en attendant que son repas ne cuise, ou qu’on lui renvoie un mail important. Elle n’avait donc que des bribes d’informations et avait d’abord pensé que cette vague d’overdoses et de suicides n’était que le contrecoup de la déprime de fin d’année, mêlée aux conditions économiques difficiles de la période et au climat plus que morne de la région. Mais si la juge Wilkins l’appelait, il devait y avoir autre chose…

La file avança un peu et Rosamund pesta. Elle saisit vivement son téléphone pour vérifier l’heure. Elle allait être en retard si l’attente à l’entrée du périphérique se poursuivait trop.
Elle jeta un bref coup d’œil à ses messages et son regard fut attiré par la petite puce orange, qui signalait le brouillon d’un mot qu’elle n’avait jamais envoyé. Un petit message de rien du tout, adressé à un numéro qu’elle avait gardé pendant plus de huit ans dans son répertoire. Elle avait voulu lui proposer un verre puis s’était ravisée. À quoi bon envoyer un message au futur Duc Seymour ? Elle avait bien compris qu’ils n’avaient rien à faire l’un avec l’autre. Et puis, il se serait moqué d’elle et l’aurait refusée sèchement, une fois de plus. Alors elle n’avait rien envoyé, en se disant que c’était mieux ainsi, bien qu’elle ait eu à lutter contre un amer sentiment de regret. La présence seule du brouillon dans sa messagerie témoignait de cette hésitation constante sur laquelle elle ne parvenait pas à mettre un nom.

Enfin, elle réussit à diriger sa voiture vers Newcastle. Un monde fou, pour changer. Elle batailla pour trouver une place de parking pour sa voiture du côté du Palais de Justice, mais tout était déjà occupé. En désespoir de cause, la blonde décida de faire demi tour et ne parvint à trouver une place que vers la gare. Ça y était, elle était en retard. Elle sortit comme une furie de son véhicule et commença à courir, toujours en baskets, pour attraper un bus in extremis. Sa coupe au carré était maintenant agrémentée d’une frange en bataille et de mèches qui ondulaient à cause de la légère bruine qui lui était tombée dessus. Elle ne pouvait même pas s’asseoir, tout était pris. Heureusement, elle n’en eut pas pour bien longtemps. Elle sortit en trombe dès que les portes s’ouvrirent, avant même que la voix aux accents métalliques n’ait pu annoncer de sa voix morne qu’ils étaient à l’arrêt du Palais de Justice. En faisant de grandes enjambées, elle pénétra dans le bâtiment et se dirigea vers le bureau de Wilkins, montant les marches quatre à quatre. Ce fut d’ailleurs devant la facilité qu’elle eut à monter l’escalier qu’elle se rendit compte qu’elle portait toujours ses vieilles tennis.

- Et merde !

Elle s’assit sur un des bancs qui longeaient les murs et retira sans gêne ses chaussures pour remonter sur ses escarpins, sous le regard interloqués de quelques jeunes hommes qui passaient dans le couloir à ce moment là. Enfin redressée, à peu près arrangée, elle passa une main dans ses cheveux en essayant de leur redonner un peu de discipline avant de se diriger vers la porte du bureau de la juge, à laquelle elle frappa trois coups secs. A peine remise de sa course, elle n’eut même pas le loisir de détailler la pièce que ses yeux tombèrent nez à nez sur l’héritier Seymour.

Non. Sur tous les avocats présents dans ce satané établissement, il fallait que ce soit lui ?

Si elle n’avait pas blêmi, si son cœur n’avait pas fait un bond de plusieurs mètres dans sa poitrine, si elle n’avait pas été à la fois irritée et heureuse de le voir ici, elle aurait sans doute éclaté de rire. Heureusement, la voix de la juge Wilkins ne lui laissa pas le loisir de s’étendre sur la question. Elle s’assit donc sur l’invitation de cette dernière alors que l’assistante lui préparait un thé, dans une tasse similaire à celle qu’Edward tenait actuellement.

L’air soudain fermé et concentré, malgré le fait que son esprit était sans dessus dessous, la jeune femme écouta la juge et le Seymour débattre, sans mot dire. Elle avait besoin de se remettre de ses émotions et ne brisa son silence que pour arrêter, dans un chuchotement, l’assistante qui s’apprêtait à verser du sucre dans sa tasse.

- Oh non, surtout pas ! Je le prendrai nature, merci.

Elle saisit ensuite sa tasse, tendant le bras et révélant, pendant un bref instant, le lambda qui marquait son poignet. Le tatouage était simple, fonctionnel, strict et pourtant délicat dans la courbe discrète de ses pleins et déliés. Elle porta ensuite la boisson chaude à ses lèvres et attendit que ses deux interlocuteurs aient fini de parler, réfrénant un rire nerveux lorsque la juge égratigna Edward sur son incapacité à communiquer de façon humaine avec qui que ce soit.
L’air pensif, elle croisa le regard bleu, désorienté, de ce dernier, puis reporta son attention sur le dossier. Elle avait beau y faire, elle ne comprenait pas vraiment ce qu’elle allait bien pouvoir faire pour aider la police. Délicatement, elle tendit le bras vers le dossier que la juge avait étalé devant eux.

- Vous pourrez compter sur nous. Puis-je ?

Ayant eu l’approbation de la juge, elle commença à parcourir les lignes, les sourcils légèrement froncés.

- Néanmoins, je doute que nous ayons des résultats rapidement… Nous n’avons pas été formés comme des inspecteurs de police… Mais je suis sûre que Maître Seymour sera d’accord avec moi sur le fait que nous ferons de notre mieux pour vous être utiles.

Son regard s’arrêta sur un document. Un scan d’un compte rendu d’arrestation émis deux jours plus tôt par la police du District. La jeune femme fronça les sourcils et son esprit commença à fonctionner à vive allure. La juge n’avait quand même pas osé…
Délicatement, Rosamund reposa le dossier et sortit le document qui avait attiré son regard.

- J’imagine que ce dealer qui a été arrêté n’a rien à voir avec cette affaire et qu’il n’est qu’une victime collatérale de la police qui tente de rassurer les foules en donnant l’impression qu’elle a arrêté un suspect, n’est-ce pas ?

Elle écouta à nouveau les instructions de la juge, sirotant son thé en hochant la tête. Visiblement, cet homme allait leur servir d’alibi. Chargés de le défendre, ils sembleraient bien plus légitimes pour poser des questions à droite et à gauche en passant simplement pour des avocats montant la défense de leur client plutôt que pour des apprentis enquêteurs sous le manteau.

Une fois que la juge leur donna congé, elle se trouva bien bête, face à la silhouette élancée de cet homme qui l’impressionnait autant qu’il l’agaçait. Nerveusement, elle passa une main dans ses cheveux alors qu’ils déambulaient dans les couloirs du Palais de Justice, en direction de la sortie.

- Eh bien, quelle affaire… Nous devrions commencer par visiter le dealer mentionné dans le rapport, peut-être aura-t-il des choses à nous apprendre.

Elle le regarda sans savoir vraiment quoi dire. Elle aurait aimé lui confier qu’elle était contente de le revoir, elle aurait voulu lui demander comment s’était passée sa vie depuis qu’ils s’étaient revus, quelques semaines plus tôt. Elle voulait dire tant de choses et pourtant, ses cordes vocales semblaient s’être refusées à émettre la moindre vibration.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Dim 11 Fév - 10:40
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Lorsque la juge tendit aux deux avocats le dossier, bien mince, relatif à l'enquête en cours, Edward se pencha dessus de mauvaise grâce. Il n'aimait pas ce genre d'affaire. C'était souvent synonyme de portes fermées, de familles endeuillées et de témoins contradictoires. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il aurait trouvé une pirouette pour refuser l'affaire, mais avant qu'il n'ait pu ouvrir la bouche, Rosamund s'était déjà précipitée sur le dossier en preux chevalier, promettant par la même occasion à la juge qu'elle pourrait compter sur eux. Il coula vers la jeune femme un regard noir, reposa sa tasse et s'empara d'un compte-rendu d'interrogatoire. Visiblement, l'homme qui avait été arrêté était perdu, sans la moindre attache familiale et défoncé au quotidien à l'aide de drogues et de médicaments qui devaient certainement lui faire fondre la cervelle par les narines. Qu'importe qui l'interrogerait, nul n'en tirerait quoi que ce soit. Edward soupira discrètement. Si Maître Seymour était d'accord avec Maître Fraser ? À cet instant, pas vraiment.

De notre mieux, certes, mais j'ai du mal à voir ce que nous allons pouvoir faire. Avez-vous des preuves, des indices, quelque chose de tangible à analyser ?

La juge secoua la tête. C'était bien ça, le problème : il n'y avait rien, aucune trace d'injection ou d'inoculation d'une quelconque manière chez les victimes. Le médecin légiste chargé de l'affaire avait dû conclure à une overdose pour chacun des cadavres qu'il avait étudié et pourtant, il ne parvenait toujours pas à comprendre par quelle voie le sérum mortel était entré dans le corps. En Veilleur qu'il était, Edward avait appris à se méfier de tout le monde, des inconnus comme des membres de sa propre famille. Il avait appris à reconnaître les signes et les attitudes propres aux mutants et pourtant, il refusait de croire qu'un individu puisse faire ça. Quelque part, Edward avait toujours été un peu trop rationnel pour ces histoires de mutations génétiques. S'il savait, par de multiples lectures et témoignages, que les mutants étaient un peu partout sur la planète, il avait tendance à ne s'orienter sur leur piste qu'en dernier recours. À aucun moment il ne songea à un mutant en écoutant le récit de la juge. C'était un tueur en série complètement fou qui jouait avec les habitants, rien de plus... et c'était bien suffisant.

Lorsque Rosamund se pencha à son tour sur le compte-rendu de l'arrestation du dealer, Edward hocha la tête. Ils en étaient arrivés à la même conclusion : le type avait une bonne tête de coupable et faisait un parfait bouc émissaire pour la police. Le pauvre croupissait en cellule simplement pour que la foule ait un portrait à blâmer. Il était de notoriété publique qu'Edward ne défendait que des individus capables de s'offrir ses services, mais il avait tout de même une morale et un certain sens de l'éthique. Qu'un type se fasse enfermer sous prétexte qu'il servait de pantin et de morceau de viande à exposer à la foule en n'ayant droit qu'à une parodie de justice le révoltait. L'individu aurait droit à un procès car ça, on ne pourrait pas le lui refuser, mais parce que la police avait tout rendu public, il resterait pour longtemps le coupable idéal. Silencieux, il écouta les dernières recommandations de la juge en hochant simplement la tête. Un dossier pratiquement vide, pas de preuves, des témoignages contradictoires... ils partaient mal dans cette affaire mais par-dessus tout, c'était la collaboration avec Rosamund qui inquiétait Edward. Il n'avait pas oublié de moment de réelle insouciance qu'ils avaient partagé au bal et se savait capable de se rendre ridicule comme de tout gâcher une fois de plus par son manque d'humanité. Il savait aussi que le comportement de Saint-Bernard de la jeune femme l'irriterait plus d'une fois, mais la juge Wilkins avait été claire : ils enquêteraient ensemble.

Lorsqu'ils furent rendus dehors, Edward termina de rapidement parcourir les photos des scènes de crime. Il releva les yeux vers Rosamund, avisa le palais de justice et tenta de réfléchir à une autre approche.

J'ai mon bureau ici... on devrait peut-être commencer par s'imprégner du dossier, tu ne crois pas ? Suis-moi, c'est dans une autre aile du bâtiment.

Sans attendre sa réponse, Edward s'éloigna rapidement vers la partie ouest du bâtiment, jusqu'à trouver un ascenseur d'un style ancien qui donnait un certain cachet à l'endroit. Le lieu était si grand qu'en plus des salles réservées aux procès, certains cabinets d'avocats prestigieux louaient une fortune une partie des bureaux. L'ascenseur les mena jusqu'au troisième étage où ils pénétrèrent dans un long couloir aux murs boisés et au sol recouvert d'une moquette bordeaux. À cette heure de la journée, il n'y avait pas encore grand monde dans les locaux, si bien que les deux avocats ne croisèrent personne jusqu'à arriver au bureau qu'occupait Edward.

Nous devrions faire une liste des informations que nous avons pour le moment, trouver un angle de défense et le proposer à ce dealer. S'il sait que nous sommes de son côté, il parlera plus facilement... enfin j'imagine... j'espère...

Edward savait surtout qu'il n'aurait ni la patience ni le tact nécessaire pour faire parler l'individu, et qu'il laisserait sûrement Rosamund poser les questions à sa place. La clé du bureau tourna dans la serrure puis il laissa entrer la jeune avant de refermer la porte derrière eux. La pièce était vaste, un beau parquet régulièrement ciré grinçait légèrement sous leurs pas, les murs étaient peu décorés et un bureau impeccablement rangé trônait au milieu de la pièce. L'espace avait quelque chose de froid et d'impersonnel, comme tout ce qui touchait à Edward, mais avait au moins le mérite d'être propre et tout à fait fonctionnel. Seule une grande plante jadis fleurie venait offrir un peu de chaleur et de couleur à son bureau, mais elle était malheureusement fanée. Edward avait toujours pris soin de cet arbuste, l'arrosant et le taillant en fin de semaine pour se détendre du stress inhérent à sa fonction et pourtant, pour une raison qui lui échappait, la plante s'était fanée à une vitesse vertigineuse. C'était si comme si elle était soudain morte, ses fleurs s'étaient recroquevillées sur elles-mêmes et les feuilles étaient tombées. Contrarié, Edward s'était demandé s'il n'avait pas oublié de l'arroser, et si, après sa dernière rencontre avec son frère, il n'avait pas au contraire eu la main lourde. Autant dire qu'il était loin de soupçonner les premiers symptômes d'une mutation en éveil.

L'avocat contourna le bureau, attrapa deux beaux stylos plume – car Edward était de cette vieille école qui ne sait pas écrire au stylo à bille – et en tendit un à Rosamund avant de l'inviter à s'asseoir dans le petit canapé qui occupait un coin de la pièce. Il s'installa à son tour dans un fauteuil et ouvrit le dossier en soupirant.

Bien... Une idée ? Il y a si peu de choses que je ne sais même pas par quoi commencer. À vrai dire, si tu n'avais pas jouer les saintes, j'aurais refusé l'affaire car on ne peut que s'y casser les dents. Enfin maintenant qu'on est là...

Il avait dit tout cela sans agressivité, sur un ton si naturel que ses mots n'en paraissaient que plus blessants encore.

D'après le médecin légiste, toutes les victimes ont succombé au même mal. Ils sont d'origines et d'âges différents... ah, une jeune femme était diabétique, d'après ce que je lis, et le fils du procureur était épileptique. Rien qui n'explique une overdose, en tout cas...

Curieux de nature, Edward commençait à se prendre au jeu de l'enquête et des indices, farfouillant dans les photos et compte-rendus qu'il avait sous les yeux pour tenter de dresser un portrait du tueur et d'y voir plus clair au passage.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Mar 13 Fév - 22:14
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Plantée au milieu du couloir, Rosamund ne savait pas vraiment comment se positionner. Elle faisait tout pour éviter le regard du jeune Seymour, pour masquer son trouble. Qu'elle ait l'air le plus détaché et froid possible, il le fallait. Elle ne voulait pas lui ouvrir de nouvelles portes pour qu'il se moque d'elle ou ne la repousse. Elle avait bien compris, depuis cette soirée, que toute proximité serait à jamais proscrite entre eux. Elle haussa un sourcil quand il lui annonça qu'il avait son bureau dans l'enceinte du bâtiment. Comment pouvait-il avoir son office dans un endroit aussi prestigieux ?! C'était délirant.
Puis, la seconde d'après, elle se rappela. La noblesse, les privilèges. Bien sûr. Comment avait-elle pu oublier une caractéristique aussi essentielle de la vie d'Edward ? Nerveusement, elle passa une main sur la manche de son costume, comme pour chasser une poussière imaginaire et hocha la tête.

- D'accord, faisons comme ça. Je te suis.

Elle se précipita sur ses talons dès qu'il s'éloigna, à grandes enjambées, vers l'ascenceur. Intérieurement, Rosamund pesta. Elle avait l'impression qu'il faisait exprès de faire des enjambées encore plus grandes rien que parce qu'elle portait des talons aiguilles. Néanmoins, elle resta droite et s'appliqua à maintenir une distance d'un pas entre elle et lui, au rythme bruyant du claquement de ses chaussures. L'endroit était particulièrement vide ce matin là, c'était presque inquiétant... À croire que le monde entier s'était arrêté de tourner depuis cette affaire de meurtres. Elle le laissa parler, hochant calmement la tête à ce qu'il disait. La jeune femme avait déjà eu affaire à des dealers dans le passé, soit parce qu'elle les défendait, soit parce qu'elle cherchait à les faire coffrer. Bien souvent, ils avaient un profil assez simple. Des gars paumés, déscolarisés jeunes, en rébellion contre le système, à la recherche d'un moyen rapide et efficace pour gagner de l'argent. Des gens parfois feignants, souvent rebelles mais rarement foncièrement mauvais.

- J'ai déjà dû défendre des types comme ça... Quand on sait leur parler, ce n'est pas trop difficile de les avoir dans la poche. On devrait y arriver sans beaucoup de problèmes.

Lorsque Rosamund entra dans le bureau de Seymour, elle se sentit immédiatement étrangère. Tout y était froid, sans vie. Elle avait l'impression de se trouver dans un showroom de magasin de meubles. Elle avait l'impression que si elle tournait la tête, elle tomberait nez à nez avec un cadre garni de photos stock. Et on s'étonnait qu'Edward passait pour un sale type incapable de s'amuser... C'était vraiment à croire qu'il n'y avait rien d'autre qu'une coquille sans personnalité sous le costume !
Un instant, la jeune femme se demanda où était passé le jeune adulte qui rêvait d'espace et d'aventures. L'aristocratie impliquait donc également de se lisser, jusqu'à ne plus être que le fantôme de soi-même ?

Sans rien dire, Rosamund s'assit dans le canapé, croisa les chevilles et saisit le stylo plume qu'il lui tendit avant de tirer un bloc note de ses affaires. Lorsqu'il lui reprocha d'avoir joué les saintes, elle lui sourit en levant les yeux au ciel.

- Je ne dirais pas qu'il s'agisse de jouer les saintes mais plutôt d'avoir le sens du devoir... C'est un concept qui t'es familier pourtant non ? Quoi qu'il en soit, nous agissons de manière quasiment confidentielle, si nous nous cassons les dents comme tu le crains, la juge Wilkins et son supérieur s'arrangeront pour que personne n'en sache rien, il en va de leur intérêt aussi.

Elle avait elle-même répondu sur un ton très tranquille, sans même le regarder. Elle notait quelques idées en vrac sur son calepin. Des bribes de pistes qui traversaient son esprit. Doucement, elle replaça une mèche de cheveux blonds derrière son oreille, dévoilant à nouveau son poignet tatoué à chaque plissement du tissus de sa veste. Elle se pencha en avant vers la table et saisit quelques éléments du dossier.

- Tiens, oui c'est étrange... Plusieurs des victimes avaient une maladie chronique, étaient relativement âgées ou de santé fragile... Mh... Admettons que ces victimes aient succombé à une substance tierce, peut-être que leur état de santé explique qu'ils soient décédés, mais il est possible que d'autres personnes auraient pu être exposées à la substance mais auraient pu survivre ? Il faudrait consulter les entrées aux urgences et les appels passés aux pompiers les nuits où les meurtres ont été commis, peut-être que nous pourrions retrouver une victime de la drogue qui serait restée en vie.

La jeune femme nota ses idées sur son calepin avec une graphie rapide et efficace. Elle écrivait de façon bien moins soignée que son acolyte. Ses lettres, loin d'être inélégantes, étaient plus proches des lettres bâtons que du scripte, et légèrement obliques. La petitesse des ouvertures induisait sa rapidité d'écriture et son efficacité.

- Je ne dirais pas qu'il s'agisse de jouer les saintes mais plutôt d'avoir le sens du devoir... C'est un concept qui t'es familier pourtant non ? Quoi qu'il en soit, nous agissons de manière quasiment confidentielle, si nous nous cassons les dents comme tu le crains, la juge Wilkins et son supérieur s'arrangeront pour que personne n'en sache rien, il en va de leur intérêt aussi.

Elle avait elle-même répondu sur un ton très tranquille, sans même le regarder. Elle notait quelques idées en vrac sur son calepin. Des bribes de pistes qui traversaient son esprit. Doucement, elle replaça une mèche de cheveux blonds derrière son oreille, dévoilant à nouveau son poignet tatoué à chaque plissement du tissus de sa veste. Elle se pencha en avant vers la table et saisit quelques éléments du dossier.

- Autre hypothèse. Admettons qu'il n'y ait pas d'autre victime que celles listées ici. Le dénominateur commun qui relie toutes ces personnes reste la santé. Il est fort probable qu'on leur ait injecté la substance en milieu hospitalier, où qu'elles aient attrapé une infection d'un nouveau genre ? Après tout, il y a 150 ans, nous étions désemparés quand nous avons découvert le staphylocoque... Peut-être s'agit-il d'une bactérie ? Quoi qu'il en soit, nous avons sans doute intérêt à orienter nos recherches vers l'hôpital.

Rosamund ne put s'empêcher de frissonner. Elle se renait elle même régulièrement dans ces lieux. Elle ne savait pas si un tueur fou se baladait là bas ou si il s'agissait d'un banal incident médical... Mais au fond, elle aurait très bien pu se retrouver sur la liste des victimes. Nerveusement, elle passa ses paumes de main sur son pantalon pour évacuer leur moiteur et replongea ses yeux noisette dans le dossier en titillant nerveusement le bout de son stylo.

- En ce qui concerne notre dealer... Rien ne sert de l'intimider, mieux vaut lui montrer dès le départ que nous le croyons innocent et que nous voulons le sortir de là. En installant une relation de confiance, nous obtiendrons des informations beaucoup plus rapidement si jamais il a quelque chose à nous apprendre... la violence psychique n'a jamais avancé à quoi que ce soit avec ces types.

Rosamund était lancée, tout son cerveau focalisé sur les maigres pièces du dossier. Elle était prête à aller au bout de cette affaire, par sens du devoir, certes, mais également pour satisfaire un étrange élan de curiosité qui la titillait. Elle releva les yeux et détailla un instant la silhouette élancée de l'avocat. Au fond, elle n'était pas mécontente de travailler avec lui. Quand bien même tout cela restait strictement professionnel, l'idée de passer ses journées en sa compagnie ne lui déplaisait pas autant que ce qu'elle aurait imaginé.

- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Sam 17 Fév - 22:54
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Edward hocha la tête. À force de défendre des salopards s'abreuvant de fric et du malheur d'autrui, il avait l'habitude d'avoir des clients très bavards, toujours prompt à parler d'eux-même sans qu'on ne les y invite. Les traumatisés, les timides et ceux qui préféraient se cacher étaient généralement de l'autre côté de la barre. Quand on sait leur parler, disait Rosamund ? Certes, mais il aurait aimé savoir ce que c'était, savoir leur parler.

Quand on sait leur parler ? Est-ce que tu as l'habitude de les materner ou est-ce que leur offrir un fixe suffit à délier les langues ?

Toujours aussi subtil, Edward. Tapotant son calepin avec son stylo plume, l'avocat réfléchissait. Rosamund semblait bien plus assurée que lui, confiante, même. D'où lui venait cette certitude qu'ils allaient trouver quelque chose ? Était-ce qui souffrait d'un excès de pessimisme ou la jeune femme était-elle folle ? Edward avait l'habitude de dossier imposants, solidement ficelés, avec des témoignages, des vidéos, des enregistrements, des dépositions, des preuves... il avait le sentiment que ce cas leur était présenté ainsi : ce cas existe, résolvez-le.

C'est bien ça qui m'inquiète, figure-toi. Si nous ne trouvons rien, non seulement nous allons jeter le discrédit sur nos carrières, mais en plus le tueur sera toujours dans la nature.

Le tueur... Edward avait étudié la criminologie pendant ses études et en avait retenu plusieurs choses, dont une qui lui paraissait essentielles : la plupart des tueurs en série agissaient selon un mode opératoire bien précis. Une arme fétiche, un lieu, un type de victimes... malgré un QI généralement plus élevé que la moyenne, ils étaient soumis à des tic qui les rendaient identifiables au moindre signalement. Aussi, lorsque Rosamund releva à son tour les similitudes qui existaient entre la plupart des victimes, Edward posa le registre sur la table et se pencha vers la jeune femme.

Et si notre tueur s'en prenait volontairement à des personnes souffrantes ? On pourrait légitimement penser qu'un individu ayant accès à des produits toxiques et des dossiers médicaux travaille dans une pharmacie ou un hôpital, non ? Un peu comme ces praticiens qu'on appelle des anges de la mort...

Il en frissonna de dégoût. Edward désapprouvait le meurtre presque autant que les multiples apparitions de son frère à la télé. User de la confiance des malades pour leur ôter la vie l'écœurait au plus haut point, si bien que s'il s'avérait que le tueur était bel et bien médecin ou proche du corps médical, il se jurait d'avance de le faire enfermer pour le restant de ses jours. Perdu dans ses réflexions, Edward remarqua alors une petite forme sombre dessinée dans le creux du poignet de Rosamund, alors qu'elle remettait une mèche de cheveux derrière son oreille. Il se souvint avoir remarquer le tatouage, le soir du bal, sans pour autant être parvenu à voir de quel caractère il s'agissait. Sans bracelet à son poignet, il reconnu aisément un lambda et son cœur s'emballa, un léger soupir de soulagement lui échappa et il sembla se détendre. C'était comme si la savoir humaine et dépourvu de mutation résolvait... tout. Ça ne changeait pourtant rien et il se trouva bien ridicule d'avoir, l'espace d'une seconde, envisagé que ce simple petit tatouage changerait quoi que ce soit. Reléguant ses réflexions d'adolescent dans un coin de son esprit, Edward se mit en quête d'une liste d'admission à l'hôpital du comté tandis que Rosamund émettait l'hypothèse d'une nouvelle maladie mortelle. L'aristocrate se figea, un long frisson lui parcouru l'échine et il reposa doucement les papiers sur la table. S'il y avait bien deux choses sur Terre qu'Edward fuyait comme la peste, c'était bien tout ce qui contenait plus de cinq centimètres d'eau et tout ce qui semblait de prêt ou de loin contaminé par un virus. Il exécrait plus que tout ces microscopiques créatures capables de mettre à terre le plus costaud des individus et, si une nouvelle maladie pointait le bout de son nez en Angleterre, il était prêt à passer pour un lâche et à prendre le premier avion pour l'autre bout du monde. Il répondit après un long temps de silence, d'une voix nerveuse.

Hum... c'est bien ça qui est étrange : le médecin légiste n'a trouvé aucune trace d'un virus inconnu mais il n'a pas non plus été capable de déterminer comment le meurtrier avait pu injecter la drogue dans l'organisme de ses victimes. On est donc face à une inoculation semblable à celle d'une maladie, mais avec les effets d'une overdose. Ça n'a aucun sens.

Il cherchait surtout à se convaincre que ça ne pouvait pas être une maladie et son inquiétude devait se sentir.

C'est ce que je pense aussi... il faudrait interroger tous ceux qui ont été en contact avec nos macchabées. Nous devrions aussi interroger le médecin légiste pour qu'il nous donne des détails. Il pourra peut-être écarter l'une de tes deux pistes... et j'espère sincèrement que nous n'allons pas au devant d'une crise sanitaire à cause d'une nouvelle maladie.

Oh que oui, il l'espérait. Avec sa santé digne de celle d'un vieillard, Edward se fit la réflexion ironique que si maladie il y avait, il pouvait d'ors et déjà offrir son futur titre sur un plateau d'argent à son frère. Pourtant, Edward était tout aussi lancé que l'était Rosamund, reliant les éléments les uns aux autres, émettant les hypothèses et appréciant la vivacité d'esprit de la jeune femme.

Allons à l'hôpital maintenant, nous arriverons sûrement à y croiser quelqu'un qui sait quelque chose. Voire notre tueur, mais ça serait trop beau.

S'il avait réellement conscience de l'étrangeté de ses mots ? Pas vraiment. Edward se leva, jeta un œil à son portable qui lui indiquait qu'il était presque midi et invita Rosamund à le suivre, les clés de sa voiture en main. Il réalisa d'ailleurs que la situation serait étrange : après tout, cela ferait huit ans depuis la dernière fois où ils s'étaient retrouvés assit dans la même voiture... le contexte était bien différent, à cette époque-là.

Est-ce que je peux te poser une question ?, demanda-t-il avant d'enchaîner sans même attendre qu'elle lui réponde oui ou non, Ce tatouage, à ton poignet... tu l'as fait par conviction ou parce qu'il est devenu obligatoire pour travailler dans ce genre d'endroit?

Quelque part, il espérait qu'elle lui répondrait l'avoir fait par conviction. Elle pourrait aussi lui répondre en quelques mots comme elle pourrait se lancer dans une défense grandiloquente des mutants et là, ce serait autre chose. Edward attendit que Rosamund fut sortie du bureau pour le verrouiller derrière eux, s'assura qu'elle avait le dossier de l'enquête avec elle et repris la direction de l'ascenseur. Après le bureau de la juge et le sien, ils allaient affronter l'hôpital et potentiellement la morgue. Tout ce qu'il aimait.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Ven 23 Fév - 23:11
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Edward était un sale con. Rosamund haussa les yeux à sa remarque à peine caricaturale sur les dealers qu'elle avait pu aborder au cours de ses affaires, pour mieux se concentrer sur le dossier. Elle ne répondit pas, considérant le silence comme une bien meilleure offense, pour cette fois-ci. Elle l'écouta cependant, et elle eut l'impression étrange qu'il avait l'air de tenir à l'arrestation du tueur, bien plus que ce qu'il laissait paraître. Au fond, elle se doutait que l'avocat avait une morale et un sens de la justice, bien enfouis sous une carapace de mépris et de condescendance. Toute la difficulté était de faire remonter cette bonne part de lui à la surface...
La blonde tiqua. Et pourquoi donc se préoccupait-elle de cela ? Après tout, ce nobliau effronté pouvait bien penser ou agir comme il le voulait, ce n'était pas ses affaires. Elle n'était ni un membre de sa famille, ni sa psychologue.

Elle hocha la tête alors qu'il réfléchissait avec elle. Oui, après tout, le tueur pouvait être membre du personnel, voire un docteur... Elle en frissonna d'avance et ne put s'empêcher de marmonner.

- Un médecin qui tuerait ses patients... Quelle horreur. J'ai du mal à croire que des gens sont dépourvus de coeur à ce point... Et pourtant, ils sont nombreux.

Elle n'avait pas du tout dit cela en pensant à Edward. Pourtant, après coup, elle se rendit compte qu'il aurait pu prendre la réflexion pour lui. En rougissant, elle essaya d'embrayer sur d'autres pistes de réflexions, avant de lui laisser le temps de penser à sa propre phrase. Ce n'était pas le moment d'installer stupidement de la mésentente, ils avaient déjà suffisamment de sujets conflictuels, pas la peine d'en rajouter.
Ses yeux noisettes détaillèrent en profondeur la silhouette et les traits du bel avocat. Elle avait l'impression de déceler une légère inquiétude à la mention d'une éventuelle crise sanitaire... Après tout c'était compréhensible. Qui n'étais pas effrayé à l'idée qu'un virus inconnu ne s'en prenne à l'espèce humaine sans moyen de lutter contre ? Même pour elle, qui ne craignait pas spécialement les miasmes, l'idée de se retrouver dans une version live de The Walking Dead n'avait rien de réjouissant.

Finalement, ils décidèrent de se diriger vers le lieu où convergeaient leurs pensées. L'hôpital deviendrait vite leur zone de jeu... Et la jeune femme le craignait, quelque part. Si jamais Edward découvrait qu'elle était malade et potentiellement victime du tueur, ne ferait-il pas tout pour l'écarter de l'enquête ? Ou pire, se servir d'elle comme appât ? Qui savait de quoi était capable cette crapule...
Nerveusement, ses mains se serrèrent sur son sac à main, où dormait sa trousse de secours et ses injections d'insuline. Elle se leva et s'apprêta à s'avancer dans le couloir, quand la question du noble la coupa net dans son élan. Comment répondre sincèrement à cette question ? Elle n'avait pas de réponse binaire à apporter, contrairement à ce que semblait attendre son collègue, au vu de la manière dont il avait tourné sa phrase. Alors qu'il fermait la porte, elle inspira doucement et dirigea ses yeux vers le plafond, sans doute pour fuir son regard.

- C'est compliqué... disons que d'une part, je pense que le tatouage peut avoir ses avantages. On est plus à même d'identifier un mutant et de le gérer avec des solutions adaptées à sa mutation s'il éprouve des difficultés à la dompter... Notamment chez les adolescents et les tout jeunes adultes. Répertorier permet de mieux contrôler et de sécuriser tout le monde.

Elle s'arrêta un instant. Elle essaya de lui adresser un sourire, comme pour se donner la force de poursuivre sa réflexion et lui passer l'envie d'une réflexion cassante.

- D'un autre côté, j'ai peur. Affreusement peur. Ces tatouages deviennent des marqueurs d'exclusion et de discrimination... Un mutant ne peut plus se cacher des autres, il peut à tout moment être victime de la colère des autres sur un simple motif de tatouage. Mutants ou non, nous faisons tous partie de l'espèce humaine et nous nous divisons sans cesse... Alors oui, j'ai peur. J'ai peur également parce que même si ces tatouages partent d'une bonne intention et que je sais que le gouvernement fait le maximum pour contenter tout le monde, je ne peux pas m'empêcher de penser que dans les années 40 en Europe, nous avions également tendance à marquer la différence avec un symbole spécifique...

Rosamund se tut. Elle ne savait pas trop comment finir. Elle s'en voulait de ne pas pouvoir exposer une opinion claire à ce sujet. Elle y réfléchissait, chaque jour. Elle se remettait en question, écoutait autour d'elle, mais elle ne parvenait pas à avoir une opinion tranchée. La seule chose qui était certaine, c'était sa peur profonde du futur.
Son regard perdu chercha le bleu des yeux d'Edward. Elle ne savait pas ce qu'elle y trouverait. Approbation ? Compassion ? Indifférence ? Plutôt dégoût et moquerie, pensa-t-elle, l'espace d'un instant. Elle ne remarqua pas le tremblement imperceptible de ses mains, annonciateur d'un taux de sucre qui commençait à chuter doucement.

Elle le suivit jusqu'au parking et étouffa un hoquet devant l'Aston Martin grise. Comment ne pas repenser à cette fameuse nuit, huit ans en arrière ? C'était exactement la même, pas un pli, pas une rayure sur la carrosserie. L'avocate rosit imperceptiblement alors qu'elle prenait place sur le siège passager en cuir, le même où il avait effleuré sa main et ses cheveux. Elle ne savait plus où poser les yeux. Elle ne voulait pas le regarder, il aurait tout de suite noté son trouble et se serait moqué d'elle.
Feindre l'indifférence. Elle était là, la solution.

Du coin de l'oeil, elle avisa la contreporte, dans laquelle il rangeait ses CD. Elle ne put s'empêcher de sourire. Il n'avait pas changé ce détail, depuis le temps. Elle n'osa pas toucher la petite collection mais se hasarda cependant à poser une question.

- Dis moi, tu as toujours ce disque d'Abdelazer ? L'enregistrement était plutôt sympa... Et vu l'heure qu'il est, nous allons avoir du temps à tuer dans les embouteillages avant d'arriver à l'hôpital.

Géographiquement, ils étaient en effet aux antipodes de leur destination. Et Newcastle était toujours bouché le matin, encombré par les fonctionnaires et les travailleurs qui allaient s'entasser derrière leurs bureaux et open spaces. Dehors, la pluie s'était intensifié et Rosamund regarda de grosses gouttes de pluies glisser le long de sa fenêtre, en fredonnant l'air que l'autoradio diffusait.
Elle se rappelait de cette nuit. Avant de monter chez lui, ils avaient passé un long moment en silence dans sa voiture, en écoutant de la musique et en échangeant sur leurs goûts respectifs. Tous deux grands mélomanes, il jurait en premier lieu par les compositeurs anglais alors qu'elle avait tendance à préférer les romantiques venus d'Europe de l'Est. Mais cette fois là, ils avaient réussi à trouver la note pour accorder leurs violons, d'ordinaire si dissonants.

- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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Ven 2 Mar - 20:10
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Enfermé dans son bureau avec Rosamund, Edward prenait tout juste conscience de ses difficultés sociales plus qu'handicapantes. À force, il allait finir par reconsidérer l'idée d'aller vivre seul, dans une grotte et loin de la civilisation humaine, histoire qu'on lui foute définitivement la paix et qu'il n'ait plus à se poser tout un tas de questions. Il s'agaça, pinça les lèvres et renfrogna plus encore : Rosamund devait probablement se dire que ce n'était qu'un con parmi d'autres et, quelque part, elle avait raison. C'était simplement... disons, plus compliqué que ça n'en avait l'air. Contrairement à ce qui sembla faire rougir la demoiselle, Edward ne pris pas la réflexion sur les médecins pour lui. Dans un déni total et constant, il n'avait pas l'impression d'être dépourvu de cœur, simplement d'être incapable de faire part de ses émotions à qui que ce soit. S'il aimait, il ne savait pas le dire, s'il détestait, en revanche, il savait le montrer. Mais on lui avait maintes fois répété que trop de sentimentalisme nuisait à l'image qu'il renvoyait, si bien qu'il avait privilégié l'antipathie à la sympathie. Il hocha la tête en soupirant.

Je ne dirais pas qu'ils sont dépourvus de cœur... certains ont même l'impression de rendre service, d'aider des malades en les conduisant de l'autre côté, mais... ce n'est pas en étouffant un autre être humain avec un oreiller qu'on devient une meilleure personne. Ils s'octroient un droit qui n'est pas le leur.

Edward était un homme discret quant à ses croyances, mais il avait été élevé en bon chrétien et en tant que tel, il était d'autant plus certain qu'aucun être humain ne devait s'octroyer le droit de vie ou de mort sur l'un de ses semblables. Si un médecin ou n'importe quel membre du personnel hospitalier était derrière tout ça, il entendait bien mener l'individu en question au tribunal pour le juger selon des règles bien humaines : un petit séjour derrière les barreaux d'où on ne le verrait pas ressortir de si tôt.

Ils prirent donc la décision de se rendre à l'hôpital pour mener l'enquête et, lorsqu'il fut levé, Edward posa la question qui lui brûlait les lèvres. Contrairement à son frère, qui était persuadé du bien fondé des tatouages et de la catégorisation de la population, Edward émettait quelques réserves. Qu'en pensaient les citoyens ? Ne se dirigeait-on pas faire un marquage de l'humanité façon bétail tatoué à la chaîne ? À l'époque où l'idée des tatouages avait été émise, c'était le père d'Edward qui était encore à la tête de la famille et malgré les protestations de son fils, il avait voté pour. Edward s'était plié à la règle, s'était fait tatouer et oubliait régulièrement qu'il était ainsi marqué. Il ne pouvait nier qu'il était mitigé et pourtant, n'était-il pas véritablement soulagé maintenant qu'il savait que Rosamund était bien humaine ? Il y avait tout de même en lui une part d'approbation, une petite voix qui lui disait qu'il n'y avait pas mieux que les tatouages pour savoir à qui on avait affaire. L'avis de Rosamund le rassura, du moins au début. Car ensuite, elle parla de ses craintes, certes justifiées, mais elle alla trop loin. En comparant les marqueurs imposés par les Veilleurs aux citoyens aux heures les plus sombres de l'histoire, elle le vexa personnellement sans le savoir. Il se redressa, la toisa de haut et tourna les talons.

Tss... tu es beaucoup trop idéaliste. Un monde où tout le monde s'accepterait n'existe pas. Un monde où personne ne mentirait non plus. Les tatouages sont là pour rassurer les gens et permettre aux autorités de gagner du temps. On sait plus facilement si un crime est commis par un mutant ou un non-mutant... le jour où l'humanité saura gérer le phénomène mutant, on pourra peut-être s'en passer. Pour l'heure... enfin ne sois pas stupide, Rosamund. C'est grossier de ta part de comparer un simple symbole qui sert à mieux gérer un phénomène à une étoile jaune placarder sur un vêtement pour exclure volontairement une partie de la population.

Si c'était lui qui se montrait grossier ? Oui. S'il se voilait la face ? Parfaitement. Edward refusait d'admettre l'idée que sa famille ait pu participer au cloisonnement d'une population façon état totalitaire. Il préférait n'en voir que les bons côtés et traiter Rosamund d'idiote et de paranoïaque plutôt que d'admettre que c'était elle qui avait raison. Quelque part, c'était une bonne chose qu'ils sortent de ce bureau et mettent fin à cette discussion, sans quoi ils se seraient certainement pris le bec tous les deux. Lorsqu'ils furent dans le parking et qu'Edward eut ouvert la voiture d'une pression sur la clé, il sentit soudain le passé le rattraper et le frapper en plein visage. Cette voiture faisait partie des éléments qui le liaient irrémédiablement à Rosamund. Une auto hors de prix, tape à l'œil tout en restant élégante, qui faisait état des goûts de luxe d'Edward et de l'allure grassouillette de son compte en banque. C'était dans cet habitacle tout de cuir et de belles boiseries qu'ils s'étaient rendus ensemble à ce bal, sur un coup de tête, pour gagner un pari, sur ces sièges qu'il l'avait embrassée et avait délibérément choisi de passer la nuit avec elle, en dépit des qu'en dira-t-on. C'était dans cette voiture qu'ils étaient en train de prendre place dans un silence gêné et gênant. Edward inséra la clé, fit ronronner le moteur et redressa la tête vers Rosamund lorsqu'elle lui demanda s'il avait toujours l'enregistrement qu'ils avaient écouté, ce soir-là. À vrai dire, Edward était un conservateur par bien des aspects. Il aimait la régularité et s'il avait des dizaines d'enregistrements pour une même pièce, il ne gardait que ses préférés dans sa voiture. Celui dont parlait Rosamund était rangé dans la boîte à gants et semblait avoir bien vécu. Le boîtier ne se fermait plus très bien, les couleurs du livret s'était ternies mais le disque fonctionnait toujours très bien.

Regarde dans la boîte à gants, il devrait y être.

Était-il nécessaire de préciser qu'il avait, à cet instant, totalement oublié son vieux livre de recettes criblé de notes et autres annotations de sa main avec ledit CD dans ladite boîte ? C'était là son petit secret : Edward calmait ses nerfs en se mettant aux fourneaux, en expérimentant tout et n'importe quoi pour peu que ça soit comestible et pas trop mauvais. Diana aurait fait un parfait cobaye, si elle n'avait pas eu la nourriture en horreur. Véritable cordon bleu, Edward avait pourtant l'impression d'être un bien piètre cuisinier, lorsqu'il voyait sa fiancée bouder son assiette. Tandis que Rosamund insérait le disque et lançait la musique, Edward sortait du parking, déjà blasé à l'idée des embouteillages qui les attendait. À peine étaient-ils sortit que déjà, ils se dirent happés par un flot de circulation au niveau du périphérique de la ville. Que du bonheur ! Tapotant sur son volant au rythme de la musique, Edward tourna la tête vers Rosamund et remarqua trop tard qu'en effet, il avait laissé son livre de recettes dans sa voiture, la dernière fois qu'il était allé rendre visite à ses parents. Sur des pages jaunies par les années étaient griffonnées des remarques, des rectifications et autres petits commentaires, tracés avec l'écriture impeccable qui caractérisait tant Edward. Quelques mois auparavant, quand Diana avait découvert son étrange passion pour la cuisine et le recueil, elle s'était amusé à lui dire qu'il ressemblait par bien des aspects au prince de sang-mêlé de la saga Harry Potter. N'ayant jamais lu les histoires du jeune sorcier, Edward n'avait pas trop saisi la référence. S'il avait su...

Merde... j'ai oublié de ranger ça. Remets-le à sa place, s'il-te-plaît.

Sec, raide et à la limite de l'insulte, Edward avait parfois un peu honte de ce petit passe-temps qui n'aurait certainement pas plu à son exigeant paternel. Il s'y attendait, de toute manière. Aux questions. De toute manière, étant donné la circulation, ils auraient largement le temps.

La suite ici
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.

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