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Deirdre dans le métro {D&Calixte Empty Deirdre dans le métro {D&Calixte

Mer 9 Mai - 21:39
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Holà stranger, don't want candy thanks
Alors tire-toi dans ta camionnette





19 février 2018

"PALMERVILLE"
La voix automatique éraillée retentit à l'instant même où les portes du métro s'ouvrent. Une petite foule de badauds s'élance vers la sortie de la station. Tous sont différents; des hommes, des femmes, des gros, des laides, des barbus, et des barbues aussi d'ailleurs... des petites et des géants, des salauds et des anges. Parmi eux, une petite silhouette marche d'un pas plus hésitant; c'est une jeune femme discrète, et vous ne l'auriez pas remarquée si je ne vous en avais pas parlé. Elle est petite, le teint pâlot, porte ses cheveux courts, semblant avoir été coupés par elle-même - ce qui est le cas. Ses yeux sombres semblent tout voir, tout enregistré; elle crispe les doigts, et seul moi sais pourquoi: elle empêche ses mains de voler dans les vestons, attraper les portefeuilles, dérober les pièces, et elle serre les doigts sur un papier d'une importance, croit-elle, capitale.

Elle jette des regards autour d'elle, semblant chercher quelque chose; vêtue de vêtements simples mais neufs - ce qui était une première pour elle -, tenant à la main un petit sac de toile, qui, lui parait plus vieux qu'elle-même. La couleur, beige, est passée depuis longtemps, et parfois le tissu semble si usé qu'il semble au bord de craquer pour en déverser son contenu: quelques pièces de monnaie, un fabuleux billet qu'elle a réussi à conserver depuis maintenant quatre jours, un t-shirt neuf noir, une paire de sous vêtements de rechange, un pull pas si neuf, mais pas si élimé.

La foule s'éloigne; soit hors de la station, soit dans le métro qui s'ébranle. Presque seule sur le quai, Deirdre finit par trouver ce qu'elle cherche, et s'approche d'une carte. Son poing se déplie pour en libérer le papier qu'elle y tenait, en jettant des regards sur les noms des quartiers et des boutiques affichés sur la carte.
Elle cherche un horloger. Un de ses amis de la rue lui avait conseillé d'aller voir cet homme, qui tient une boutique ici, à Killingworth. Selon le brigand, le vieil horloger est malade et cherche à transmettre son art à quelqu'un; Deirdre, elle, veut une nouvelle vie, et de préférence une où elle n'a pas besoin de voler pour survivre. Elle se doute bien que la passion de la montre aurait dû s'éveiller en elle bien longtemps auparavant, mais c'est un bon début - et un début facile - pour gagner de l'argent afin de décider quoi faire d'autre.

Son petit nez se fronce alors qu'elle cherche le nom de la rue sur la carte, et elle jette un rapide coup d'oeil autour d'elle, le poil légèrement hérissé. Il n'y a plus assez de monde pour qu'elle soit discrète, désormais, et si ses allures de petite fille lui plaisent lorsqu'il s'agit de chaparder aux quatre vents, elle est plus malvenue dans une station sombre avec Dieu seul quel tordu se retrouve là...

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Dim 13 Mai - 23:36
Nikola D. Stepanovic
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Nikola D. Stepanovic
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Métier : Directeur artistique - docteur en psychologie - pompier volontaire

 
Deirdre
Nikola
« deirdre dans le métro »


Dans un grognement, je me laissai tomber sur le sujet du bus, qui devait me ramener à Killingworth. Certes, j’avais cessé de prendre constamment le train, ou la voiture, dans des allers-retours incessants entre Durham, Newcastle et Killingworth, certes, j’avais bien moins de trajets à faire depuis qu’on m’avait placé à temps plein avec l’équipe de Newcastle, certes, j’appréciais, sans mentir, de pouvoir consacrer davantage de temps à Polina, certes, c’était un soulagement sans nom de savoir que pendant les trois quart d’heures de trajet, je n’avais strictement aucun risque de croiser inopinément Helena, mais… il y avait la fatigue, il y avait la lassitude, et il y avait cette migraine qui ne me quittait pas depuis une réunion client particulièrement ardue ce matin. J’étais quelqu’un de calme, c’était une certitude, j’étais même trop discret en règle générale, à ne prendre la parole que lorsqu’il n’y avait pas d’autre possibilité, à ne me faire remarquer que lorsque c’était absolument nécessaire. J’étais quelqu’un de calme, mais il s’en était fallu de peu, de très peu, pour que j’aie envie de céder à la tentation de dire ses quatre vérités à celui qui avait démonté point par point un dossier pourtant solide, bien ficelé, argumenté et achevé dans les temps. Et à y repenser, j’avais à nouveau envie d’envoyer le mail acide et brutal que j’avais rédigé après coup, et que ma prudence coutumière m’avait poussé à mettre de côté.

Lorsque le bus démarra, je gardai les yeux fermés. Adossé au siège. Presque avachi, alors que mes doigts venaient desserrer une cravate conventionnelle et exigée, après avoir ouvert mon manteau pour respirer dans l’atmosphère irrespirable d’un transport en commun toujours surchauffé d’un hiver qui tardait dans une humidité ambiante, constante et glacée. Je soufflai sur mes mains, envisageai de sortir mon téléphone pour continuer à relire le compte-rendu de la réunion et chercher comme en présenter les conclusions – un certain nombre d’heures supplémentaires à réclamer à mon équipe – à tous ceux qui avaient travaillé dur sur le projet. Pour se faire renvoyer sur les bancs de l’école par des banquiers qui n’avaient aucune formation, aucune intuition, aucune connaissance dans le domaine, mais qui avaient le malheur de signer le chèque au final. Le client est toujours roi. J’étendis mes jambes comme je le pus, gardai les yeux fermés, encore.

Pour ne les rouvrir qu’au terminus : Palmerville Station, tous les voyageurs sont invités à descendre. Je laissai passer la foule d’écoliers, de mères avec leurs enfants, d’employés et employées las et fatigués, avant de prendre la suite, veillant à ne rien oublier derrière moi, surtout pas la pochette qui contenait les quelques dossiers que j’avais tenus à ramener chez moi pour les relire ce soir. Je saluai le conducteur, posai pied à terre, mis quelques instants à me rendre compte que l’arrêt n’était pas le même que d’ordinaire. Je me passai une main sur le visage, encore un peu endormi, descendis dans la station de métro chercher mon journal et les tickets que j’avais promis de ramener à Polina pour ses propres besoins en la matière, échangeai deux trois mots et remarquai au passage une jeune fille en train de consulter un plan. Et de chercher quelque chose, aussi, à en croire les regards qu’elle jetait par-dessus son épaule avant de les reporter, toujours sur le même plan. Récupérant la monnaie, je glissai le journal dans ma pochette, les tickets dans ma poche. M’approchai.

Je n’étais pas un homme particulièrement sociable, ni même extraverti. Mais s’il y avait bien une chose que mes parents m’avaient appris et que je n’avais, pour le moment, jamais trahi, c’était ce souci des autres. J’avais grandi avec une mère qui ramenait tous les soirs à l’appartement des personnes sans domicile, juste pour proposer au moins un repas chaud, une nuit à l’abri, et les vêtements en trop dont nous n’avions pas besoin. J’avais grandi avec des chemises élimées, rapiécées, mais la certitude que si j’avais une chemise en moins, c’était parce que quelqu’un en avait au moins une. Quoi de plus surprenant, partant de là, que je me sente poussé à aller l’aborder ? Excusez-moi ? Ma voix douce eut de la peine à couvrir le bruit d’un métro qui passait à côté. Je me forçai à reprendre. Excusez-moi, vous cherchez quelque chose, je peux peut-être vous aider ? Je me sentis obligé de me justifier, dans une maladresse que les années n’avaient pas su gommer. J’habite le quartier.

by marelle

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Ven 18 Mai - 16:54
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Excusez-moi ?

Deirdre feint un sursaut et se retourne pour planter son regard sombre dans celui de l'homme qui venait de l'interpeller. Elle le détaille d'un regard, et peint sur son visage un léger sourire innocent. Seuls ses poils, hérissés, trahissent son inquiétude de se faire aborder à peine quelques minutes après être arrivée dans sa nouvelle ville.
Excusez-moi, vous cherchez quelque chose, je peux peut-être vous aider ? J'habite le quartier.

La jeune irlandaise hoche la tête avec un sourire. Après tout pourquoi pas; le but de sa nouvelle vie n'est-il pas de nouer de vrais liens, avec de vraies personnes, de réussir à se fondre dans une société qui, jusque là, n'a pas cessé de la rejeter? Cela n'allait pas être facile; les mauvaises habitudes ont la vie dure, particulièrement chez elle. Deirdre fronce légèrement les sourcils dans un appel à la sociabilité qui ne lui est pas naturelle.
Oui, bonjour.

De vieilles règles de politesse, qu'elle avait oublié depuis bien longtemps. Doit-elle offrir son nom? Elle hésite, puis finalement ne le fait pas. Elle attendra qu'il décline sa propre identité avant de donner la sienne; un souci de prudence, sûrement obsolète, mais tenace. Elle tend à l'inconnu le petit bout de papier, légèrement moite d'avoir été serré dans son poing si longtemps, lui désignant l'adresse.
J'essaie de me rendre là. Je cherche un horloger, le seul de la ville apparemment. C'est un ami d'un ami.

Dépourvue de montre, et même de téléphone portable, Deirdre n'a plus la notion de l'heure depuis des années. Cela ne lui avait jamais été réellement utile: le soleil était levé, c'était l'heure de chaparder; le soleil était couché, malheur aux portefeuilles des égarés! Alors elle se sent obligée de se justifier:
C'est pour du boulot. Apparemment il recherche un assistant. Ce serait mon premier job.

Le regard de Deirdre accroche les vêtements de l'inconnu, repérant sans même réellement le vouloir toutes les failles qu'elle pouvait exploiter pour lui tirer le plus d'argent possible. Un réflexe de jeune fille de la rue, imperceptible; mais non nécessaire dans ce cas présent. Elle pouvait passer la nuit dans un hôtel avec son billet miracle, et si le vieil horloger ne la prenait pas, elle saurait se faire discrète le lendemain pour subvenir à ses besoins. Pas la peine de détrousser un type sympathique qui lui apportait son aide de façon spontanée.
Pour ne rien t... vous cacher, c'est le premier pied que je pose dans cette ville. N'hésitez pas à m'expliquer avec moult détails comme si vous parliez à une idiote, car je ne connais rien à rien à Killingworth!

Deirdre offre un large sourire à son interlocuteur, se morigénant intérieurement pour avoir manqué de le tutoyer. Le tutoiement était chez elle monnaie courante; à part le directeur de l'orphelinat, elle n'a jamais vouvoyé personne. Mais elle sait bien que pour les gens "normaux", on vouvoie quelqu'un que l'on ne connait pas.
Se plier aux règles de bienséances n'est pas facile pour la fille des rues, et la route est encore longue, mais elle y arrivera, elle le sait.

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Mar 29 Mai - 23:16
Nikola D. Stepanovic
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Deirdre
Nikola
« deirdre dans le métro »


Je devais bien le reconnaître, j’étais continuellement dans un équilibre précaire entre ce besoin d’aider et cette crainte de m’imposer alors que je ne le devrais pas, entre cette envie de tendre une main secourable, et l’inquiétude d’effrayer ou de braquer des personnes qui n’en voulaient pas, tout simplement. J’oscillai, je vacillai, mais la plupart du temps, c’était mon éducation et mon instinct qui prenaient le pas sur mon anxiété et me poussaient à faire le premier pas, de cette voix douce, soufflée et presque inaudible qui était la mienne. Elle sursauta, je lui offris un sourire d’excuse, encore, toujours, avant de reprendre tandis qu’elle me détaillait d’un regard inquiet mais d’un sourire confiant. Elle hocha la tête sous ma proposition, fronça même les sourcils : j’attendis qu’elle aille au bout de son hésitation, dans une patience tranquille. Et une légère anxiété à l’idée de l’avoir dérangée, naturellement. Peut-être me faisais-je des idées, peut-être se repérait-elle juste pour s’assurer de son chemin, sans avoir pour autant besoin de… Oui, bonjour. J’eus l’impression qu’elle allait rajouter quelque chose, dans une respiration coupée, elle me tendit plutôt un bout de papier froissé. Je l’attrapai pour le défroisser. J'essaie de me rendre là. Je cherche un horloger, le seul de la ville apparemment. C'est un ami d'un ami. Oh, coup d’oeil sur l’adresse, coup d’oeil sur le plan pour m’assurer de ne pas me tromper, je mis quelques secondes à repérer la bonne rue, bien, bien plus loin que je ne m’y attendais. C'est pour du boulot. Apparemment il recherche un assistant. Ce serait mon premier job. Un nouveau coup d’oeil dans sa direction, je lui rendis l’adresse, avant de désigner un secteur de la ville. Votre ami est par ici, sur cette rue là. Mais… c’est assez loin d’ici. Et assez loin, cela signifiait que je ne savais pas s’il fallait que je m’inquiète de la savoir déambuler dans la ville alors que la nuit tombait, ou si ce n’était en rien mes affaires. Et assez loin, également, ça signifiait qu’elle allait devoir noter quelque part les rues à prendre, pour ne pas se perdre. Et assez loin… ça sous-entendait également que… Pour ne rien t... vous cacher, c'est le premier pied que je pose dans cette ville. N'hésitez pas à m'expliquer avec moult détails comme si vous parliez à une idiote, car je ne connais rien à rien à Killingworth! Oh. Mes lèvres s’arrondirent d’étonnement, je restai un instant incertain, encore une fois, cherchant ce que je devais en conclure, ce que je devais en déduire. Elle ne connaissait rien à Killingworth, mais était-elle au moins au courant des rumeurs qui couraient, sur les mises en garde des forces de police, sur… Oh, je vois Mon murmure fit reculer un instant le silence qui me menaçait. Mais, votre ami, il sait que vous arrivez ? Parce que c’est assez loin d’ici, tout de même et… vous avez de quoi prendre des notes, peut-être ?

Tout en parlant, posant des questions que je craignais à chaque seconde trop indiscrètes, j’entrouvris ma pochette, en extirpai un bloc-note, y trouvai un stylo donc je calai le capuchon entre mes lèvres le temps de raturer quelques boucles sur le coin d’une feuille pour être sûr de son fonctionnement. Attendez, je vais vous noter ça Et c’était le moins que je pouvais faire, avant de m’embrouiller. Tout en me repérant sur le plan, j’hésitai entre reproduire les grands axes et me contenter de lister les rues à emprunter, celles sur lesquelles tourner, voire des points de repère… En proie à la plus grande des hésitations, je choisis de laisser trancher la plus concernée de nous deux. Vous préférez un dessin ou juste une liste d’instructions ? Je désignai le plan et mon stylo Pour… en fait, nous sommes là, et vous souhaitez aller… Mes doigts glissèrent, trouvèrent la rue : Quelque part par ici. Mais vous pouvez appeler un taxi, à la surface, ce sera peut-être plus pratique. Nettement plus pratique, et je me faisais la remarque que j’en serais également rassuré. C’était idiot, mais je me sentais responsable d’elle : à partir du moment où je l’avais interpellée, j’avais admis que je voulais l’aider, et donc m’assurer qu’elle allait arriver à bon port. En bonne santé. Sans se perdre. Sans avoir de souci. Si possible.

by marelle

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